Apparence générale :
Son physique incarne la beauté froide et intimidante d’une immortelle. Elle est grande et élancée, avec une posture rigide qui accentue son aura de supériorité et de contrôle. Son allure est souvent silencieuse, discrète, lui permettant de se fondre dans les ombres.

Teint pâle :
En tant que vampire, son teint est d’une pâleur presque surnaturelle, comme si la vie elle-même avait quitté son corps. Cette peau blanche contraste fortement avec son environnement ensoleillé du Reike, et contribue à son allure surnaturelle et distante.

Yeux perçants :
Ses yeux sont d’un noir profond ou rouge sombre selon ses émotions ou son besoin de sang, et expriment à la fois une intelligence perverse et une malveillance contenue. Ils semblent scruter l’âme de ceux qu’elle croise, révélant sa nature prédatrice.

Cheveux noirs :
Ses cheveux sont longs, noirs comme la nuit et méticuleusement coiffés en un chignon parfaitement arrangé, symbolisant à la fois son besoin de contrôle et son attitude de noble dame de la cour.

Traits faciaux délicats mais sévères :
Son visage présente des traits délicats, presque sculpturaux, mais marqués par une sévérité implacable. Ses pommettes hautes et son nez fin renforcent cette impression de beauté mortelle, à la fois fascinante et terrifiante.

Bouche fine et crocs visibles :
Ses lèvres fines sont souvent étirées en un sourire narquois ou cruel, révélant de temps en temps des crocs acérés qui témoignent de sa nature vampirique. Son sourire est toujours calculé, jamais authentique, conçu pour déstabiliser ou intimider.

Silhouette élégante :
Elle se déplace avec la grâce d'une ombre. Chaque pas est mesuré, précis et silencieux, lui permettant de passer inaperçue quand elle le désire. Son attitude distingue toujours celle d'une noble dame, aimable et raffinée, comme l'exige la cour du Reike. Elle est toujours accompagnée d'une ombrelle noire et bleue, ornée de détails subtils, destinée à la protéger du soleil ardent. Malgré sa nature cruelle et prédatrice, elle affiche toujours une attitude aimable et polie, en parfaite adéquation avec les exigences de la cour. Sa distinction apparente et ses manières impeccables la rendent insaisissable, dissimulant sa véritable nature sous un vernis de noblesse.

Hautaine et pédante :
Elle se croit supérieure à tout autre être, humain ou immortel, du fait de sa longue existence et de ses talents d'assassin immortelle. Cette arrogance la pousse à mépriser ceux qu'elle juge inférieurs, c'est-à-dire la majorité des gens qu’elle croise.

Froide et calculatrice :
Elle est incapable d'empathie, et ne laisse pas ses émotions interférer dans ses décisions. Ses actions sont méticuleusement planifiées, et elle ne laisse jamais place à l’improvisation, sauf si cela sert un but précis. Elle est adepte des stratégies complexes et sait parfaitement manipuler son environnement pour atteindre ses objectifs.

Manipulatrice et sans pitié :
Elle n’hésite pas à se servir des autres pour arriver à ses fins. Les mensonges, la séduction ou les trahisons sont ses outils de prédilection. Elle ne ressent aucune culpabilité et ne recule devant rien pour éliminer ceux qui lui font obstacle.

Amorale :
Elle ne reconnaît ni bien ni mal. Pour elle, seuls ses objectifs et la survie du couple impérial comptent. La morale humaine n’a aucun sens dans son esprit ; elle agit uniquement en fonction de ce qui lui semble être la voie la plus efficace pour accomplir sa mission.

Rancunière et cupide :
Elle ne pardonne jamais une offense et garde un souvenir cuisant de chaque humiliation ou trahison subie. Sa cupidité la pousse à toujours chercher plus de pouvoir et de reconnaissance, bien qu'elle soit capable de masquer ces ambitions sous un vernis de servitude loyale.

Paranoïaque :
En raison de sa nature manipulatrice et cruelle, elle s'attend constamment à être trahie. Elle reste sur ses gardes en permanence, analysant les intentions des autres, anticipant leurs coups fourrés, et accumulant des plans pour se protéger de tout danger. Pourtant, elle refuse de reconnaître cette faiblesse et se cache derrière un sentiment de supériorité inébranlable.

Sado-intellectualisme :
Elle ne se contente pas de manipuler ou de tuer par nécessité : elle en tire un plaisir intellectuel. Elle aime voir les autres se débattre dans des pièges mentaux qu'elle a elle-même élaborés. Sa cruauté n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique : elle joue avec les peurs et les faiblesses de ses victimes, prenant plaisir à les voir se décomposer émotionnellement avant de porter le coup final.

Extrême persévérance :
L’une de ses qualités pourrait être son refus d’abandonner. Même lorsque la situation semble désespérée, elle ne baisse jamais les bras et trouve toujours un moyen de transformer une défaite en opportunité. Son ambition est telle qu’elle n'accepte jamais la fin d'un combat, s’assurant qu’elle conserve le dernier mot, même après avoir subi des revers. Cette persévérance, bien qu’effrayante pour ses ennemis, est une qualité qui pourrait la rendre respectable à certains égards.

Intelligence analytique :
Elle excelle à décrypter les faiblesses et les désirs des gens, et même si elle utilise souvent cette compétence pour manipuler, il pourrait y avoir des moments où cette capacité lui permet de résoudre des problèmes d'une manière qui impressionne même ses alliés. Elle pourrait devenir un atout précieux dans les situations où des décisions critiques doivent être prises rapidement et avec précision.

Perception esthétique :
Malgré sa froideur, elle a une passion pour l'art et la beauté. Ne vous y trompé pas, elle pourrait prendre soin de créer des poisons mortels aussi esthétiquement complexes que leurs effets sont destructeurs, ou apprécier des objets d’art rares, voyant en eux une perfection à laquelle elle aspire. Cela ne fait que souligner son obsession du contrôle et de la maîtrise.

Loyauté absolue envers Ayshara et Tensai :
Sa vie a été bouleversée par la bonté d’Ayshara et la force de Tensai. Bien qu'elle ait d'abord méprisé la pitié de l’impératrice, elle en est venue à vénérer cette bonté qui lui était incompréhensible. En même temps, Tensai, avec son autorité implacable, a gagné son respect profond. Elle considère désormais leur duo comme une force insurpassable, un équilibre parfait qu’elle se consacre à protéger.

Vénération presque religieuse :
Elle vénère Ayshara et Tensai comme des figures divines. Ayshara représente la lumière et la compassion, tandis que Tensai incarne les ténèbres et la puissance. Ce binôme forme le centre de son existence, et elle est prête à tout sacrifier pour accomplir leur volonté.

Conflit interne :
Bien que son dévouement envers Ayshara et Tensai soit désormais indéfectible, elle reste tiraillée par sa nature cruelle et destructrice. Ce conflit entre son instinct de domination et la vénération qu’elle éprouve pour le couple impérial crée une tension interne qui, à chaque instant, la pousse à canaliser sa violence vers une cause plus grande qu’elle-même.

Incapacité à affronter ses faiblesses :
Même si elle est consciente de ses failles et de son besoin de reconnaissance, elle se refuse à les admettre. Elle préfère écraser les autres et dominer plutôt que de reconnaître ses propres limites. C’est en se vouant corps et âme à la cause impériale qu’elle trouve une échappatoire à cette introspection douloureuse.

Au cœur de la première guerre contre les Titans, elle naquit sous l’influence d'une sombre malédiction, la vouant indéfectiblement aux ténèbres.

Le monde était alors en proie au chaos, un champ de bataille pour les forces divines et terrestres. Pourtant, son sort n’avait pas été façonné par les dieux ni par les grandes armées, mais par des forces occultes anciennes, mystérieuses, indépendantes, dont les rites sont aujourd'hui oubliés. Ces êtres qui l'ont créée l'ont fait en dehors des lois du temps, de la nature et même de la morale. Sa transformation en vampire n'était pas une bénédiction, mais une malédiction secrète, un don empoisonné que même elle ne comprenait pleinement.

Contrairement à d'autres immortels qui s'élevaient au gré des conflits pour s’imposer ou s’éteindre dans la lumière des hauts faits d'armes, elle sut dès le départ qu’elle ne jouerait pas ce jeu. Il ne s’agissait pas de peur, mais d'une lucidité froide et calculée. La guerre, cette violence, ce sang, ne l’attirait que comme un spectateur distant, comme un prédateur observant une proie prise dans une autre lutte.

Elle se savait supérieure à ces querelles éphémères, trop fière pour se mêler à ces luttes stupides qui ne faisaient que précipiter les mortels et les immortels vers leur chute.

Elle s’éloigna donc des champs de bataille pour se fondre dans les ombres, échappant à ses créateurs suffisamment longtemps pour les oublier, eux et leurs machinations.

Là où d’autres cherchaient la gloire ou la vengeance, elle se contentait d’observer, immuable, regardant les royaumes naître et s’effondrer, observant l'établissement de la République, du Reike et de Shoumeï d'un oeil distrait et vaguement intrigué, n'attendant que la crise qui viendrait les faire disparaitre. Ce n'était qu'une question de temps, après tout, avant qu'ils ne retombent aux abimes. Le passage des siècles ne l’atteignait pas, elle. Son immortalité la rendait témoin d’un monde qu’elle n’avait plus besoin de comprendre, un monde où chaque victoire ou défaite n'était que poussière devant l’éternité qui l’attendait.

Cependant, elle ne se contentait pas de disparaître totalement. Ses siècles étaient marqués par des périodes de profond sommeil, où elle plongeait dans un coma millénaire, laissant le monde continuer sans elle, comme une bête en hibernation, attendant son heure. Lors de ses réveils, elle n’était plus spectatrice, mais déchaînait une tempête de violence, comme un cauchemar prenant forme dans la réalité. Son besoin de sang et de destruction ne faisait qu’un avec sa nature immortelle. Elle ne tuait pas seulement pour se nourrir, mais pour se rappeler à elle-même son pouvoir et son contrôle total sur la vie et la mort. Ses massacres étaient méthodiques, presque artistiques, chacune de ses victimes une note dans une symphonie macabre.

À chaque période d’éveil, elle s'assurait de graver son nom dans les légendes de ceux qui survivaient à sa fureur. Ceux qui la voyaient n'osaient en parler qu'en chuchotant, la décrivant comme un spectre, un fléau dont l’apparition annonçait la fin inéluctable de tout ce qui était vivant et lumineux. Elle jouait avec leurs peurs, jouissant du contrôle absolu qu’elle exerçait sur leur destin, avant de retourner dans son sommeil, satisfaite, laissant derrière elle un sillage de ruines et de mythes.

Elle ne se rendait même pas compte que ses histoires disparaissaient elles-mêmes dans les méandres du temps, persuadée que sa simple existence suffisait à les graver dans l'immortel marbre de l'Histoire.

Le plus cruel dans sa nature n’était pas la violence elle-même, mais la froideur avec laquelle elle la dispensait. Aux yeux des mortels, la mort est une fin. Pour elle, c'était un simple jeu, un divertissement temporaire avant de replonger dans le néant. Ses périodes d’hibernation lui offraient un répit, mais aussi l’occasion de réfléchir, de ressasser la futilité de la vie mortelle, et d'attiser cette haine latente qu'elle nourrissait contre tout ce qui était fragile, éphémère, vivant. Chaque massacre qu'elle orchestrait était une déclaration de mépris envers le monde vivant, une façon d'affirmer que rien n’avait d’importance, sinon sa propre existence éternelle et ses désirs.

Puis, comme à chaque fois, elle retournait dans les ténèbres, disparaissant avant que les forces du monde ne puissent comprendre ou riposter. Elle se détournait des vengeances et des révolutions qui éclataient dans son sillage, sachant que rien ne pouvait véritablement la toucher. Immortelle et insaisissable, elle attendait simplement que le monde change à nouveau, jusqu’à ce que l’ennui ou la soif la pousse à recommencer son cycle de sang et de terreur.

Il y a environ cent ans, à la suite de l'un de ses réveils, elle émergea de son long sommeil et posa ses pas dans la capitale du Reike, Ikusa. Ce retour à la vie, dans une ville en pleine effervescence politique et sociale, n’était pas un simple hasard. Les siècles passés dans les ténèbres avaient affiné ses instincts, et elle sentait que cette époque, marquée par la décadence des puissants et l’instabilité du royaume, était le terrain idéal pour qu’elle se réinvente. Dans l’ombre, sous un ciel obscurci par les intrigues de palais, elle trouva son nouvel empire.

Discrète au début, elle arpenta les ruelles sombres d’Ikusa, observant, planifiant. Ses vieilles habitudes de prédateur nocturne refirent surface. Mais cette fois, il ne s’agissait pas seulement de tuer pour satisfaire ses pulsions. Ikusa offrait un nouveau type de jeu, un théâtre où elle pourrait manier les fils du pouvoir aussi efficacement que ses lames. Derrière son visage immuable et ses yeux qui reflétaient l’éternité, elle traquait des proies avec une précision froide, calculée.

Elle se mit à tisser sa légende dans les bas-fonds de la ville, là où nobles déchus et criminels régnaient en maîtres. Sa réputation d’assassin redoutable, aussi implacable que les ombres qu’elle traversait, grandit rapidement. Nul ne connaissait son vrai nom, mais dans les murmures des ruelles et dans les couloirs du pouvoir, elle était devenue un mythe. On disait qu’elle pouvait se glisser dans n’importe quelle forteresse, n’importe quelle salle verrouillée, et que son apparition annonçait une mort certaine. Le sang coulait sans bruit, et les cadavres marqués de sa morsure ou de ses lames renforçaient l’aura de terreur qui l’entourait.

Les puissants de la ville — seigneurs marchands, nobles en disgrâce, et même les têtes des guildes criminelles — commencèrent à l’approcher pour des contrats d’assassinat. Pour elle, chaque mission était une danse macabre, une chorégraphie où elle se plaisait à jouer avec ses victimes avant de les abattre. Elle prenait un plaisir sadique à observer l’effroi dans les yeux de ceux qui réalisaient trop tard qu'ils ne pouvaient échapper à leur destin. L'argent ne l’intéressait que marginalement ; ce qu'elle recherchait véritablement, c’était l'ascendant psychologique, la domination pure et sans partage sur la vie de ceux qu’elle traquait.

Lorsque la rébellion de Tensai éclata, bouleversant le royaume et renversant l’ancien pouvoir en place, elle y vit une opportunité. Le royaume s'effondrait sous les coups de ce nouveau dictateur autoproclamé, et le chaos qui en résultait attisait son désir de grandeur. On la contacta pour un contrat d’une envergure inégalée : l’assassinat du Conquérant lui-même. La mission était périlleuse, presque suicidaire, mais l'orgueil démesuré qui l’habitait la poussa à accepter sans hésiter.

Elle s’introduisit dans le palais impérial avec une aisance déconcertante, ses années d'immortalité l’ayant rendue experte dans l’art de l’infiltration. Les gardes, les pièges, les portes verrouillées, rien de tout cela ne pouvait la ralentir. Chaque pas qu’elle faisait, chaque ombre qu’elle traversait, la rapprochait de son objectif. Elle se délectait déjà de la gloire future, convaincue que ce meurtre la placerait au sommet de l’histoire du royaume. Ses immortelles pensées tourbillonnaient dans une exaltation silencieuse. Rien ne pouvait l’arrêter. Elle était le prédateur ultime.

Mais lorsqu’elle se retrouva enfin face à Tensai, la réalité s’abattit sur elle avec une violence inattendue. D'un simple mouvement, l'usurpateur brisa ses jambes et ses bras comme si elle n’était qu’une poupée de chiffon. Le choc fut aussi intense que la douleur. Elle, immortelle, invincible à ses propres yeux, gisait à terre, humiliée et sans défense. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre que, pour la première fois, elle n'était plus maîtresse de la situation. Son arrogance fut pulvérisée. Le désespoir et la colère la submergèrent alors qu'elle réalisait qu'elle n’était rien face à cet homme, ce guerrier qu'elle avait sous-estimé.

Et pour ce péché, elle allait périr. Déjà, la lame du vainqueur s'extirpait de son fourreau, prêt à réclamer sa dime de sang.

Cependant, tout changea lorsqu'elle fit irruption.

Ayshara, la nouvelle reine du Reike.

Elle n’était pas une stratège calculatrice, pas encore, mais une âme pure, empreinte de bonté et de naïveté, peu habituée aux intrigues cruelles des immortels et des assassins. Lorsqu’elle aperçut la vampire brisée aux pieds de son amant, c’est un élan de pitié sincère qui la poussa à intervenir. Pour la souveraine, chaque vie, même celle de la tueuse en série, méritait d’être sauvée. Elle n’avait aucune idée du passé sanglant de la créature à ses pieds, ni des ténèbres qui l’habitaient, mais ce qu’elle vit à ce moment-là, c’était une âme perdue, brisée au-delà du physique. Elle ne pouvait se résoudre à la laisser périr de cette manière.

D’un geste empreint de compassion, elle intercéda auprès de son époux, demandant qu’on épargne la vampire. Pour elle, sauver une vie était un acte naturel, presque évident. Elle ne pensait pas aux conséquences ou à ce que cet acte pourrait signifier pour le futur. Ayshara ne voyait que la douleur, la souffrance, et sa bonté innée la poussa à offrir une chance de rédemption à cet être perdu.

L'usurpateur, quant à lui, observa la scène avec un regard plus acéré. Contrairement à l’impératrice, il n’était ni naïf, ni aveugle aux opportunités que cette situation présentait. S'il n'avait jamais entendu parlé de cette vampire, ni ne connaissait aucune des légendes qui gravitaient autour d'elle, sa capacité à s’infiltrer jusqu'ici ne pouvait être ignorée, tant elle démontrait des talents qu'il fallait peut-être mieux disposer.

Là où la Reine voyait une vie à sauver, le Roi y voyait une arme à utiliser, une alliée potentielle capable de frapper dans l'ombre là où les armées ne pouvaient s’aventurer. Il ne fit aucun commentaire ouvertement, mais dans son esprit, la vampire représentait un outil que l’on pouvait façonner à sa guise, surtout dans l’état où elle se trouvait.

C'est ainsi que, sous les yeux incrédules de la vampire, sa vie fut épargnée.

Elle ne comprit pas immédiatement pourquoi cette femme avait décidé de sauver une créature, une immortelle vouée au sang et à la destruction. Au début, cette pitié qui lui était adressée lui semblait incompréhensible, presque insultante. A la confusion s’ajouta l’humiliation qu’elle ressentait après sa défaite, alors qu'elle guérissait lentement sous la protection de cette figure régalienne qu'elle considérait autrefois comme faible.

Mais quelque chose de bien plus profond commença à changer en elle. L'acte d'Ayshara, loin d’être absurde, sema le doute dans son esprit. La bonté désintéressée de la souveraine éveilla en elle des questions auxquelles elle n'avait jamais osé répondre. Petit à petit, cette bonté, qu’elle avait d’abord perçue comme une faiblesse, s’imposa à elle comme une forme de force nouvelle, une force qu’elle n’avait jamais envisagée. Cette compassion inébranlable, ce pardon immérité, vinrent éroder l'orgueil impénétrable qui avait marqué son immortalité.

Dans le même temps, Tensai, avec sa force implacable et sa vision acérée, lui montrait un autre visage du pouvoir. Il était l’autorité brute, la puissance martiale qui accordait le pouvoir. Il était celui qui comprenait les mécanismes de la cruauté, de la manipulation, et il savait comment les utiliser à son avantage. Ce fut lui qui, avec une habileté silencieuse, guida la vampire vers un chemin de rédemption paradoxal, non pas en brisant sa nature cruelle, mais en la réorientant vers une cause plus grande. Sous son influence, son instinct destructeur fut canalisé, transformé en une arme au service du trône.

Au lieu d’une simple soumission forcée, la vampire développa une nouvelle forme de loyauté, une dévotion qui dépassait de loin l’orgueil blessé ou la simple reconnaissance. Ayshara et Tensai devinrent pour elle deux faces d’une même médaille : la bonté infinie d’Ayshara la captivait, tandis que la force implacable de Tensai lui inspirait une révérence profonde. Ce duo incarnait une harmonie dans laquelle elle trouva sa place.

Les cinq dernières années de sa vie furent marquées par un isolement imposé, une épreuve décidée par Tensai lui-même. Il la dépêcha loin au nord, dans les terres froides et inhospitalières du Reike, avec un double objectif : affirmer ses talents d’assassin et tester une dernière fois sa loyauté inébranlable. Dans ces contrées reculées, elle se retrouva face à des défis inconnus, des ennemis dont la nature même échappait à sa compréhension, et des missions toujours plus difficiles à accomplir. Mais à chaque obstacle, elle se renforça, affinant ses dons dans l’art de la traque et de l’élimination, tandis que son dévouement envers le couple impérial ne faisait que croître.

Chaque jour passé loin du palais et d’Ayshara renforça en elle ce désir de servir à nouveau, de revenir à la capitale non pas comme une simple servante des ombres, mais comme une alliée encore plus précieuse. Elle voyait cette période de purification comme un rite de passage, un moyen de purifier les derniers vestiges de son orgueil passé et de prouver, une fois pour toutes, qu’elle était digne de la confiance de ses maitres.