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Affilié au Reike
Hiraeth
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crédits : 281
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
Avant le Voyage : https://www.rp-cendres.com/t4207-en-un-clin-d-oeil-ft-draven-deadeye
Le petit matin voit l'orée du désert s'ourler de la vibration légère annonçant la chaleur à venir. Nous avons affrété des chevaux cette fois, moins robustes mais tellement plus rapides que des azhoos. C'est notre plus grosse opération depuis le début, j'en pleure en repensant à nos putains de panier en osier qu'on se trimballait de village en village à nos débuts, dans les haillons, la crasse et les morpions. J'avais jamais autant regretté la vie sur un bateau avec ses coupures au sel, son mal de mer et son ordinaire monotone.
Et quand j'étais sur un bateau, je regrettais ma vie de jeune mage couillon, fils de château, qui n'aspirait qu'au voyage et à la lubricité de ces dames.
Et ainsi de suite, soit on aspire après un truc, soit on regrette le truc d'avant.
Du coup, aujourd'hui, chaque jour qui passe est un bonus. Et je profite du bonus du jour pour me caler avec une pipe de Mélange à l'ombre d'un chariot, derrière les chevaux qui m'observent tranquillement de leurs doux yeux liquides. La fumée chasse les premières mouches, ils me remercient de leurs oreilles mouvantes.
La troupe s'affaire autour des trois chariots, embarquant de l'eau au dernier puits de Kyouji avant le départ. Nous serions bientôt en zone plus tempérée, et n'avons guère que cette journée à crapahuter sur cette route sableuse, mais par les temps qui courent avoir de l'eau potable avec soi même un brin saumâtre, même dans les montagnes boisées, est une nécessité. Nous l'avons appris à nos dépends il y a deux ans... et tant d'autres l'apprennent encore aujourd'hui, avec les épidémies menaçant des villages entiers.
Il reste des caisses à charger, notre dernier fournisseur s'éloigne après avoir troqué avec Dieter. Des caisses de matériel médical, étonnant mais vrai. Nous ne vendons pas que des objets faits pour percer des trous dans les membranes, mais aussi pour les rabibocher. Aha, encore un peu et je me prendrais pour un marchand vertueux, quelle blague.
Nan, nan, c'est parce qu'Hiraeth est persuadé que va y'avoir du grabuge à Courage, et mazette, il a pas tort, on pourrait être accueillis comme des messies avec de quoi sauver des vies plutôt qu'en écourter.
Donc, on est pas que des pourris opportunistes, pour tous ceux qui lisent et qui ont envie d'argumenter le contraire. On a aussi le souci de la vie des autres. Oui monsieur.
Bref, on a donné rendez-vous aux trois zozos à cet endroit, et notre étape du soir est un estaminet à la frontière de la forêt et de la République. C'est aussi là qu'on se fait le plus souvent emmerder par les autorités, toujours plus pointilleuses aux frontières. Parfois il y a même des patrouilles avancées dans le désert qui viennent nous emmerder parce que tu comprends, vous pouvez pas être des honnêtes Reikois si vous vous rendez en République. Gagné, nous ne sommes rien du tout. Peuvent rien dire. Prennent parfois un péage. Parfois, une lame en travers du bide. On veut bien être gentils, mais faut pas abuser.
J'aime pas le désert, je suis un homme des bois. J'envie Hir qui s'en fout globalement de tout, toujours, assis crânement à l'arrière de son chariot. Est-ce que c'est mieux d'être déraciné ? Je ne sais pas. Est-ce qu'il s'en fout de tout, ou est-ce qu'il est au-delà du regret ? Parfois il est aussi nostalgique que le concept recelé dans son prénom. Quelle idée de l'avoir appelé comme ça, Mâat ! Y'a cent douze mille prénoms au monde, et il a fallu que tu donnes à ton fils le seul qui décrive le désir de l'inatteignable.
Mes envolées lyriques mentales évoluent avec le soleil levant, inondant le chemin où la poussière d'un précédent marchand retombe mollement. Les caisses et l'eau ont été chargées. Sabrache baille et s'affaisse sur la martingale d'un chariot, avant de se faire pousser sans rudesse par Arden qui prend les rênes. Le raton, lui, a déjà gagné l'ombre d'un chariot, pas bête la bête. Astuce et moi, bah, comme d'hab, on bade notre fiston par procuration et on attend que ça se passe.
D'ailleurs, ça se passe. Je crois qu'ils arrivent.
- Avis:
- Pour des raisons de commodité (ne pas ouvrir un post pour deux échanges) j'ai choisi d'ouvrir un post en République, alors qu'il débute en Reike, aux portes de Kyouji. Assez vite la frontière sera franchie et le post couvrira le voyage de la Caravane jusqu'aux portes de Liberty.
Le petit matin voit l'orée du désert s'ourler de la vibration légère annonçant la chaleur à venir. Nous avons affrété des chevaux cette fois, moins robustes mais tellement plus rapides que des azhoos. C'est notre plus grosse opération depuis le début, j'en pleure en repensant à nos putains de panier en osier qu'on se trimballait de village en village à nos débuts, dans les haillons, la crasse et les morpions. J'avais jamais autant regretté la vie sur un bateau avec ses coupures au sel, son mal de mer et son ordinaire monotone.
Et quand j'étais sur un bateau, je regrettais ma vie de jeune mage couillon, fils de château, qui n'aspirait qu'au voyage et à la lubricité de ces dames.
Et ainsi de suite, soit on aspire après un truc, soit on regrette le truc d'avant.
Du coup, aujourd'hui, chaque jour qui passe est un bonus. Et je profite du bonus du jour pour me caler avec une pipe de Mélange à l'ombre d'un chariot, derrière les chevaux qui m'observent tranquillement de leurs doux yeux liquides. La fumée chasse les premières mouches, ils me remercient de leurs oreilles mouvantes.
La troupe s'affaire autour des trois chariots, embarquant de l'eau au dernier puits de Kyouji avant le départ. Nous serions bientôt en zone plus tempérée, et n'avons guère que cette journée à crapahuter sur cette route sableuse, mais par les temps qui courent avoir de l'eau potable avec soi même un brin saumâtre, même dans les montagnes boisées, est une nécessité. Nous l'avons appris à nos dépends il y a deux ans... et tant d'autres l'apprennent encore aujourd'hui, avec les épidémies menaçant des villages entiers.
Il reste des caisses à charger, notre dernier fournisseur s'éloigne après avoir troqué avec Dieter. Des caisses de matériel médical, étonnant mais vrai. Nous ne vendons pas que des objets faits pour percer des trous dans les membranes, mais aussi pour les rabibocher. Aha, encore un peu et je me prendrais pour un marchand vertueux, quelle blague.
Nan, nan, c'est parce qu'Hiraeth est persuadé que va y'avoir du grabuge à Courage, et mazette, il a pas tort, on pourrait être accueillis comme des messies avec de quoi sauver des vies plutôt qu'en écourter.
Donc, on est pas que des pourris opportunistes, pour tous ceux qui lisent et qui ont envie d'argumenter le contraire. On a aussi le souci de la vie des autres. Oui monsieur.
Bref, on a donné rendez-vous aux trois zozos à cet endroit, et notre étape du soir est un estaminet à la frontière de la forêt et de la République. C'est aussi là qu'on se fait le plus souvent emmerder par les autorités, toujours plus pointilleuses aux frontières. Parfois il y a même des patrouilles avancées dans le désert qui viennent nous emmerder parce que tu comprends, vous pouvez pas être des honnêtes Reikois si vous vous rendez en République. Gagné, nous ne sommes rien du tout. Peuvent rien dire. Prennent parfois un péage. Parfois, une lame en travers du bide. On veut bien être gentils, mais faut pas abuser.
J'aime pas le désert, je suis un homme des bois. J'envie Hir qui s'en fout globalement de tout, toujours, assis crânement à l'arrière de son chariot. Est-ce que c'est mieux d'être déraciné ? Je ne sais pas. Est-ce qu'il s'en fout de tout, ou est-ce qu'il est au-delà du regret ? Parfois il est aussi nostalgique que le concept recelé dans son prénom. Quelle idée de l'avoir appelé comme ça, Mâat ! Y'a cent douze mille prénoms au monde, et il a fallu que tu donnes à ton fils le seul qui décrive le désir de l'inatteignable.
Mes envolées lyriques mentales évoluent avec le soleil levant, inondant le chemin où la poussière d'un précédent marchand retombe mollement. Les caisses et l'eau ont été chargées. Sabrache baille et s'affaisse sur la martingale d'un chariot, avant de se faire pousser sans rudesse par Arden qui prend les rênes. Le raton, lui, a déjà gagné l'ombre d'un chariot, pas bête la bête. Astuce et moi, bah, comme d'hab, on bade notre fiston par procuration et on attend que ça se passe.
D'ailleurs, ça se passe. Je crois qu'ils arrivent.
Citoyen du Reike
Draven Deadeye
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Info personnage
Race: Humain/Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: C
« ATTENDEZ ! J'suis pas prêt ! Vous pensez que je dois emmener quoi comme vêtements pour notre arrivée en République ? J'aimerais me faire passer pour un richissime marchand, mais en même temps, je me dis que des habits trop voyants, ça va peut-être nous attirer des ennuis ? Mais si je passe inaperçu, comment je vais pouvoir devenir le chouchou des donzelles républicaines ? Ahlala... DRAVEN ! »
Les préparations pour le grand départ arrivaient à leur terme. Oblitérant de mon esprit la voix nasillarde du Demimain qui semblait plus intéressé par ses tenues que par les véritables enjeux qui nous attendaient. C'était un périple qui était inconnu pour nous, si bien dans sa forme, dans son fonctionnement et dans le petit groupe de scélérats nous accompagnant. J'avais pris soin de prendre le strict nécessaire, de quoi survivre à des situations périlleuses en cas de grosses galères. Murmure et Silence restaient accrochés à mon ceinturon ébène, tandis que j'enfilais une grande tunique noire, avec une petite capuche me protégeant du vent désertique. Nous n'allions pas rester longtemps dans le Royaume, mais la prudence était de mise, peu importe le temps que vous passez dans le désert, il a vite fait de vous avaler sans crier gare. Mon arc restait ici : posé sur une table avec mon carquois. Requiem était un arc composite assez léger, mais qui ne passait pas vraiment inaperçu une fois posé sur mon dos. Avec ma capacité de faire apparaître les objets en ma possession à ma convenance, je pouvais m'en alléger pour le moment. Si la situation le demandait, il me faudrait moins d'une seconde pour qu'il apparaisse entre mes mains.
Alors que Kael semblait essayer sa soixante-septième tenue, le calme et le silence de l'Ombreclaire attirait mon attention. Elle, d'habitude si ronchonne, vouant un culte à la plainte, restait étonnamment calme et presque immobile dans un coin de la pièce. Terminant mon léger paquetage et attachant une petite outre d'eau pure à la taille, je venais m'approcher de la jeune fille à la chevelure flamboyante, posant une main sur son épaule.
« Désolé Draven ! Je vais pas te mentir, je crois que... J'ai... Un peu peur. D'habitude, on reste toujours proche du Royaume, sans jamais vraiment s'éloigner des frontières. J'ai jamais quitté réellement le Royaume, encore moins pour faire tout un voyage en République. Désolé Draven je vais me reprendre, je veux pas que tu crois que je suis faible, et encore moins incapable d'aider les Crocs Tremblants avec nos nouveaux alliés, je... »
Un petit sourire illumina mon visage. Cette habitude si rare avait coupé totalement la parole à Lira, me regardant avec les yeux remplis d'émotions.
« Tu sais, moi aussi j'ai peur. Il n'y a pas un jour qui passe ici sans que j'ai peur. Nous sommes chargés de sentiments, de craintes, d'empathies, de courage. Nous sommes un mixte d'émotions pures qui nous rendent uniques, si sincères et réels. Bien sûr, le voyage va être semé d'embûches, de périples, peut-être même de combat et de moments de doutes. Probablement que nos nouveaux alliés ne sont pas si fiables que ça et qu'ils se servent de nous pour assouvir leurs désirs. Mais rappelle-toi une chose Lira. Tant que nous sommes tous les trois, rien ne peut nous arriver. »
Un sourire d'empathie, moi qui comprenais totalement les doutes de ma camarade. De mes mots, je venais voir son visage changé d'expression, passant de la peur à la joie et terminant par la détermination. Elle se leva d'un bond, son courage et sa motivation revenant sur le devant de la scène encore plus fort que jamais.
« KAEL ! Enfile un putain de caleçon et arrête de nous faire chier ! On part dans deux minutes, avec ou sans toi, espèce de taré ! »
Voilà. Nous étions enfin prêts, finalement.
Nous arrivions finalement sur le lieu de rendez-vous. Visiblement, toute la petite troupe était déjà présente, les chariots et chevaux prêts à prendre la route vers Liberty. Je saluais un à un les membres de la bande du deuxième borgne, d'un signe de tête ou de ma dextre gantée. Je déposais mon chargement au pied de mes compagnons, leur indiquant l'ordre d'aller les positionner dans le petit espace d'un chariot mis à notre disposition pour les affaires de voyage.
De mon côté, je venais inspecter un à un les différents fardiers. De mes sens aiguisés, je venais chercher les potentielles faiblesses ou les défaillances de notre convoi. Je n'inspectais pas plus que ça les cargaisons, faisant confiance en notre marchand à un œil. Je m'adonnais à cette petite inspection par simple mesure de précaution. Il serait bien dommage qu'une roue décide de se briser à peine le convoi mis en route. Une fois tout ceci fait, je venais me rapprocher d'Hiraeth, toujours aussi détaché dans son attitude.
« Bien. Nous sommes enfin prêts, tout est chargé de notre côté. Nous sommes tous trois citoyens du Royaume du Reike, avec le tatouage pour bétails qui va bien. On va passer en tête, pour la sortie du Royaume, ils seront plus prompts à nous écouter. Pour le reste et l'entrée en République, je te laisse la main, vous avez l'air d'avoir plus d'expériences à ce niveau-là. »
Aussitôt dit, que le chef de meute vint d'un geste intimer à son troupeau que la caravane allait se mettre en route. Une légère tension ambiante semblait saisir l'entièreté des compagnons. Visiblement, un chargement aussi important n'était pas non plus dans leurs habitudes journalières, peut-être encore moins avec l'objectif de traverser toute la République.
Comme dit, moi et les Crocs Tremblants venons nous placer non loin du chariot menant la cadence. La traversée du désert fut assez simple, malgré déjà quelques pauses pour ravitailler nos chevaux en eau. Nous étions habitués à ce genre de climat, notre forme physique étant encore au beau fixe. Arrivant près de la frontière, et notamment de la sortie du Royaume, une petite troupe de soldats vint arrêter le convoi. Lentement et sûr de moi, je venais m'adresser à eux, muni des papiers du convoi fournis par Hiraeth. Tandis que le chef de la petite escouade militaire regardait avec attention la paperasse, Kael faisait ce qu'il savait faire de mieux : diversion. De ses grandes histoires rocambolesques et de ses blagues, ils venaient faire rire les soldats, qui sans prêter plus d'attention au convoi venaient nous laisser passer sans encombre.
« Bon. Il semblerait que le voyage commence maintenant. »
Les préparations pour le grand départ arrivaient à leur terme. Oblitérant de mon esprit la voix nasillarde du Demimain qui semblait plus intéressé par ses tenues que par les véritables enjeux qui nous attendaient. C'était un périple qui était inconnu pour nous, si bien dans sa forme, dans son fonctionnement et dans le petit groupe de scélérats nous accompagnant. J'avais pris soin de prendre le strict nécessaire, de quoi survivre à des situations périlleuses en cas de grosses galères. Murmure et Silence restaient accrochés à mon ceinturon ébène, tandis que j'enfilais une grande tunique noire, avec une petite capuche me protégeant du vent désertique. Nous n'allions pas rester longtemps dans le Royaume, mais la prudence était de mise, peu importe le temps que vous passez dans le désert, il a vite fait de vous avaler sans crier gare. Mon arc restait ici : posé sur une table avec mon carquois. Requiem était un arc composite assez léger, mais qui ne passait pas vraiment inaperçu une fois posé sur mon dos. Avec ma capacité de faire apparaître les objets en ma possession à ma convenance, je pouvais m'en alléger pour le moment. Si la situation le demandait, il me faudrait moins d'une seconde pour qu'il apparaisse entre mes mains.
Alors que Kael semblait essayer sa soixante-septième tenue, le calme et le silence de l'Ombreclaire attirait mon attention. Elle, d'habitude si ronchonne, vouant un culte à la plainte, restait étonnamment calme et presque immobile dans un coin de la pièce. Terminant mon léger paquetage et attachant une petite outre d'eau pure à la taille, je venais m'approcher de la jeune fille à la chevelure flamboyante, posant une main sur son épaule.
« Désolé Draven ! Je vais pas te mentir, je crois que... J'ai... Un peu peur. D'habitude, on reste toujours proche du Royaume, sans jamais vraiment s'éloigner des frontières. J'ai jamais quitté réellement le Royaume, encore moins pour faire tout un voyage en République. Désolé Draven je vais me reprendre, je veux pas que tu crois que je suis faible, et encore moins incapable d'aider les Crocs Tremblants avec nos nouveaux alliés, je... »
Un petit sourire illumina mon visage. Cette habitude si rare avait coupé totalement la parole à Lira, me regardant avec les yeux remplis d'émotions.
« Tu sais, moi aussi j'ai peur. Il n'y a pas un jour qui passe ici sans que j'ai peur. Nous sommes chargés de sentiments, de craintes, d'empathies, de courage. Nous sommes un mixte d'émotions pures qui nous rendent uniques, si sincères et réels. Bien sûr, le voyage va être semé d'embûches, de périples, peut-être même de combat et de moments de doutes. Probablement que nos nouveaux alliés ne sont pas si fiables que ça et qu'ils se servent de nous pour assouvir leurs désirs. Mais rappelle-toi une chose Lira. Tant que nous sommes tous les trois, rien ne peut nous arriver. »
Un sourire d'empathie, moi qui comprenais totalement les doutes de ma camarade. De mes mots, je venais voir son visage changé d'expression, passant de la peur à la joie et terminant par la détermination. Elle se leva d'un bond, son courage et sa motivation revenant sur le devant de la scène encore plus fort que jamais.
« KAEL ! Enfile un putain de caleçon et arrête de nous faire chier ! On part dans deux minutes, avec ou sans toi, espèce de taré ! »
Voilà. Nous étions enfin prêts, finalement.
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Nous arrivions finalement sur le lieu de rendez-vous. Visiblement, toute la petite troupe était déjà présente, les chariots et chevaux prêts à prendre la route vers Liberty. Je saluais un à un les membres de la bande du deuxième borgne, d'un signe de tête ou de ma dextre gantée. Je déposais mon chargement au pied de mes compagnons, leur indiquant l'ordre d'aller les positionner dans le petit espace d'un chariot mis à notre disposition pour les affaires de voyage.
De mon côté, je venais inspecter un à un les différents fardiers. De mes sens aiguisés, je venais chercher les potentielles faiblesses ou les défaillances de notre convoi. Je n'inspectais pas plus que ça les cargaisons, faisant confiance en notre marchand à un œil. Je m'adonnais à cette petite inspection par simple mesure de précaution. Il serait bien dommage qu'une roue décide de se briser à peine le convoi mis en route. Une fois tout ceci fait, je venais me rapprocher d'Hiraeth, toujours aussi détaché dans son attitude.
« Bien. Nous sommes enfin prêts, tout est chargé de notre côté. Nous sommes tous trois citoyens du Royaume du Reike, avec le tatouage pour bétails qui va bien. On va passer en tête, pour la sortie du Royaume, ils seront plus prompts à nous écouter. Pour le reste et l'entrée en République, je te laisse la main, vous avez l'air d'avoir plus d'expériences à ce niveau-là. »
Aussitôt dit, que le chef de meute vint d'un geste intimer à son troupeau que la caravane allait se mettre en route. Une légère tension ambiante semblait saisir l'entièreté des compagnons. Visiblement, un chargement aussi important n'était pas non plus dans leurs habitudes journalières, peut-être encore moins avec l'objectif de traverser toute la République.
Comme dit, moi et les Crocs Tremblants venons nous placer non loin du chariot menant la cadence. La traversée du désert fut assez simple, malgré déjà quelques pauses pour ravitailler nos chevaux en eau. Nous étions habitués à ce genre de climat, notre forme physique étant encore au beau fixe. Arrivant près de la frontière, et notamment de la sortie du Royaume, une petite troupe de soldats vint arrêter le convoi. Lentement et sûr de moi, je venais m'adresser à eux, muni des papiers du convoi fournis par Hiraeth. Tandis que le chef de la petite escouade militaire regardait avec attention la paperasse, Kael faisait ce qu'il savait faire de mieux : diversion. De ses grandes histoires rocambolesques et de ses blagues, ils venaient faire rire les soldats, qui sans prêter plus d'attention au convoi venaient nous laisser passer sans encombre.
« Bon. Il semblerait que le voyage commence maintenant. »
- Pouvoirs:
Invocation d'Objets / Super Vitesse P1 / Agilité et Précision Augmentées P2 / Prouesse d'Armes : Flèche Spectrale / Invisibilité / Vue Augmentée P1 / Ouïe Augmentée P1 / Odorat Augmenté P1 / Nyctalopie
- Inventaire:
- Requiem : Arc composite de bonne facture, de petite taille pour être facilement transportable et utilisable dans tout type de situation. La corde en tissu d'Arbre des Bienheureux lui attribue ce nom si particulier, laissant filer les flèches sous une douce mélodie funéraire marquant le dernier souffle d'une vie qui s'éteint. Quelques joyaux de Roches Ombrales parsèment la poignée et les deux branches de l'arc afin de lui octroyer cette couleur sombre. Il est accompagné de son carquois de même couleur.
Murmure & Silence : Duo composé d'une dague à la lame légèrement recourbée et d'un stylet assez fin pour pénétrer tendrement la chair et ne laisser qu'une subtile trace. Fabriqués dans un alliage d'Orichalque et de Roches Ombrales donnant aux lames sombres de légers reflets violines.
Nécessaire de survie : Contient une carte du monde et des sentiers secondaires, des rations de nourriture, de la corde, des bandages.
Nécessaire de capture et d'infiltration : Contient un grappin, des menottes, des piolets.
Armure légère
Tenue de Cultiste des Ombres
Affilié au Reike
Hiraeth
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
Voilà un avantage et un inconvénient que nous n'avions guère jusqu'à présent. Le tatouage de nationalité reikoise, ça fait longtemps que ceux d'entre nous qui l'ont arboré un jour ne le possèdent plus aujourd'hui. Hiraeth pourrait y prétendre, techniquement, mais c'est un geste qu'il ne fera jamais je crois, à moins que ça ne devienne vraiment indispensable pour nos affaires. Il faudrait qu'il puisse prouver son ascendance, ce qui implique un rapprochement de sa famille... bref, vous voyez le merdier.
Donc, nous avons laissé Deux-Lames gérer la patrouille reikoise avec ses sbires et nos papiers, et ils s'en sont sortis gentiment. Habitués au désert, ils sont à peine fatigués lorsqu'en fin de journée nous traversons la frontière, et que peu à peu le grésillement du sable sous nos pieds laisse place à la terre, puis aux chemins larges de la République.
La végétation, clairsemée au début, commence à gagner en ampleur et la fraîcheur vespérale aussi. La différence de température, nos rats du désert savent bien ce que c'est : mais qu'en sera-t-il du froid humide des forêts républicaines ?
J'ai un mauvais souvenir des premiers mois de voyage dans ce climat si différent de celui auquel j'étais habitué : ici, on oublie la fraîcheur saline des embruns, la douceur de l'onde rarement froide. On oublie l'air sec du désert, la chaleur exotique de ses oasis, et même la touffeur moite et tropicale des marais où nous nous étions poissés quelques années.
Le climat tempéré laissera même place à la froideur des cimes sur notre voyage. Mentalement, je prévois d'envoyer les zouaves s'équiper de quelque fourrure à Liberty. Nous ne voyageons pas encore dans la période des grands froids, mais ils peuvent survenir rapidement lorsque nous irons vers le nord.
Le fait d'avoir un troisième chariot ne nous a guère ralenti, ce qui nous rassure sur le reste du voyage. Il faudra penser en termes de fatigue pour les cochers, car nos équipes qui tournaient à trois ne fonctionnent plus qu'en binômes. Peut-être que parmi les reikois certains savent mener un attelage, pas besoin d'avoir une grosse tête pour ça mais y'a des choses à savoir. Ça nous permettrait de tourner de nouveau à trois, d'éviter d'accumuler la fatigue et de gagner du temps.
On va en discuter à l'auberge.
En attendant, le poste de douane approche. Hir se réveille de sa léthargie de voyage habituelle, l’œil soudain vif, et se juche sur la martingale du chariot de tête. Je l'entends conseiller les reikois :
« Rien de dangereux, mais allez vous planquer dans un chariot. Juste par précaution, qu'ils aillent pas nous emmerder davantage juste parce qu'il y a de nouvelles têtes, un troisième chariot ça leur suffira déjà de prétexte. Pas besoin de disparaître, hein, juste de pas vous foutre ostensiblement sous leur nez. »
J'aime ce gamin. Quand il est stressé il parle aussi mal que moi.
Les autres ont avisé et déjà Dieter a pris les rênes du second chariot et Arden du troisième. Cette technique de planquer nos têtes éclectiques, on ne l'appliquait que dans le Reike auparavant.
Mais c'était sans compter la montée des Optimates et des intégrismes en tout genre. La République, terre d'accueil et ouverture d'esprit au taquet, devient de plus en plus semblable à une soupe où le navet et la patate se regardent sous les racines en espérant que l'autre se fera bouffer en premier.
La faute à mes ancêtres, ça.
Bref, Hir farfouille dans notre caisse, embarque le tribut habituel plus un bonus au cas où pour le troisième chariot, et le manifeste de cargaison. J'arrête le chariot à hauteur du poste, où un mec aux dents en deuil me stoppe et me balance un rictus à faire pâmer les âmes sensibles. Je le connais pas, ce gus.
D'ailleurs l'un des types à l'entrée du poste non plus. Ces deux-là ont bien la gueule habituelle d'OR, qui fout parfois la trouille aussi bien qu'une tronche de tueur. Hir échange un regard éloquent avec moi et lorsqu'il descend, je fais signe à Draven et Astuce de s'approcher : toute situation anormale mérite qu'on se tienne prêts.
Le bonhomme qui accueille notre Nomade est toujours ce bon vieux Derrin, avec sa panse pansue et sa lippe lippue. Il s'avance un peu, conversant avec Hiraeth tout en jetant un œil distrait à la paperasse. Ils passent hors de vue du poste, et je vois mon presque-neveu m'adresser quelques signes que je déchiffre discrètement.
« Draven, va rejoindre Hir s'teupl. En screud. »
Deux-Lames, comme une ombre, s'esquive et se glisse le long des chariots. L'ambiance crépusculaire l'avantage drôlement, je dois plisser les yeux pour l'apercevoir.
Les trois douaniers restent là, tranquilles, bien que le type aux dents pourries fasse le tour de mon chariot d'un air suspicieux. La baraque que je connais pas encore s'avance et me demande mon matricule.
Je sens son esprit gourd se poser la question du pourcentage d'humanité que je recèle. Un putain d'Optimate ? Ou je suis juste parano ?
Quand je vois sa tête changer à la vue d'une oreille interminable d'Astuce, sagement assise près de moi, j'ai ma réponse. Un connard de raciste. Et comme ça va souvent avec, il doit autant pas kiffer les shoumeïens.
« Je suis Oko Jero, membre de la Caravane, marchandises de Kyouji à destination de Liberty, étoffes, outils et matériel médical. »
Le baraqué farfouille un peu, note les étiquettes, demande à Astuce de lui ouvrir un coffre. Il examine les herbes séchées, les bandages, et je m'agace un peu quand il commence à tripoter les fioles et les tissus.
« J'espère que vous vous êtes lavé les mains, mon brave. Ce genre d'article n'est plus propre à rien si on le souille avant utilisation. »
Je pensais avoir mis les formes, mais le mec me regarde comme si je l'avais traité de malpropre. Ce qui, rétrospectivement, est bien le cas, mais aussi lorsqu'on est intelligent on va pas foutre ses gros doigts dans les affaires d'un médecin.
Du coup, ce gros naze prend le temps de bien fouiller partout, ce que nous observons avec un malaise grandissant.
Derrière les chariots, Hir discute à voix basse avec ses deux comparses, je sais pas ce qui se passe mais ça sent pas bon.
« Expliquez-vous, Derrin. »
Draven vient de rejoindre les deux hommes dans l'ombre du chariot de queue. Le gros homme le voit arriver et fronce le sourcil.
« Mon nouvel associé. Il sera sans doute d'une utilité extrême dans ce qui vous occupe. Dépêchez-vous, avant d'éveiller les soupçons. »
« Bien. Hiraeth... Y'a une grosse purge au niveau des officiers républicains, en ce moment. Je sais pas d'où viennent les ordres, mais de haut, et tous ceux qui ont un dossier pas totalement net font l'objet d'enquêtes. Je suis pas tout blanc... Je vais probablement tomber pour corruption, si vous me filez pas la main. »
Son sourire s'étale lentement sur sa face, un sourire rusé et néanmoins teinté de crainte.
« Vous ne voudriez pas me voir remplacé par un bonhomme moins bien disposé envers vous, n'est-ce pas ? Votre dégaine éveillera sûrement les soupçons, et alors... »
Hiraeth, la face imperturbable, le coupa aussitôt.
« N'essayez pas les menaces, Derrin, vous n'êtes absolument pas crédible. Bref, vous voulez qu'on vous sauve les miches pour conserver notre liberté d'action. Sans compter que si vous tombez pour corruption, vous allez parler n'est-ce pas ? Je ne vous vois pas résister à la torture...
Ne devrais-je pas vous tuer directement ? Les morts ne parlent pas. »
L'homme se mit à trembler, joignant les mains.
« Vous avez besoin de moi. Je vous donnerais les parcours des patrouilles. Je vous ferais payer moins de taxes... S'il vous plaît... »
Le Caravanier afficha un air blasé.
« Pour qu'on se fasse repérer aussitôt ? Ne soyez pas stupide. Vous aurez de multiples façons de vous rendre utile. Filez-moi les infos, qu'on en finisse. »
« Ah, merci, merci ! C'est le sergent Altruin, un grand bonhomme sec avec une moustache grise, il doit arriver avec trois types dans quelques heures ici... Il vient du Nord, par le col du Noyer, directement de Justice... c'est notre chance... »
« C'est VOTRE chance, Derrin. Les nouveaux ici, des hommes à lui ? »
« Oui... Les deux. Je suis sous surveillance... »
« Retournez-y donc, et ne mouftez plus. Faites profil bas. Plus de conneries, plus de pot-de-vin ou de cadeaux en nature, jusqu'à ce que ça se tasse. Ou alors, préparez votre sortie auprès d'un gang loin d'ici. Sinon, ce sera les pieds devants, et vous le savez. »
L'homme obtempère, frissonnant, et tourne les talons.
Hiraeth monte dans le chariot de queue, faisant signe à Draven de le suivre. L'ombre des arbres s'est étendue, la nuit claire les noie dans son manteau. Le nomade a l'air en colère, mais ne pipe pas jusqu'à ce que l'inspection du balaise se termine dans la mauvaise humeur de celui qui n'a rien trouvé pour couler son adversaire, et que les chariots s'éloignent du poste.
Puis il s'active et commence à vérifier plusieurs endroits de sa vêture où le borgne à l’œil cosmique peut deviner aisément que sont cachées des lames.
« Bon, on n'a pas le choix. Je vais avoir besoin de tes services plus tôt que prévu. La Caravane va poursuivre sa route, et nous... en petit groupe, on va s'occuper de ce merdier. Toi, moi, Astuce, peut-être un de tes cocos si tu le sens. Pas plus. On ne dégarnit pas la Caravane, on n'est pas à l'abri d'une autre embrouille. On file au nord, on gère le connard avant qu'il arrive, personne ne doit nous reconnaître. On rejoint la troupe plus loin sur la route.
Bien sûr, on viendra dézinguer le poste de douane dans la nuit. Derrin n'est plus sûr. Ils mettront sans doute un enfoiré à la place, mais un qui n'aura aucune idée d'où est venu le coup. Ça lui apprendra un rien de prudence. On refilera la gloire à la pègre de Liberty. Ils seront contents. Et on diversifiera nos itinéraires.
Putain... »
Hiraeth se tourne vers Draven, la lumière d'une lanterne qui s'éclaire allume un éclat dans son œil sombre.
« Ça te va ? T'as des suggestions ? Quelque chose me dit que t'es plus pro que moi dans la déglingue.»
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Draven Deadeye
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Alignement: Chaotique neutre
Rang: C
L'aridité du désert, la caresse du vent chaud sur nos visages et le ballet des sables sous le souffle de la brise laissait bientôt place à un décor bien différent. La végétation s'était invitée au périple et les sentiers sableux avaient troqué leurs omniprésences à des chemins plus larges et plus enclins au bon défilement de la Caravane. L'atmosphère avait également changé, les caresses des zéphyrs étaient accompagnées d'un doux regain d'oxygène. Nos poumons s'emplissaient sans brûler nos gorges de la chaleur environnante. J'avais déjà parcouru maintes et maintes fois ce continent, mais je n'en restais pas moins un enfant du désert. Mon corps était habitué aux climats secs et arides. Une légère sudation vint gagner mon corps grâce à la grande humidité qui gonflait l'air ambiant. Kael semblait ne pas se soucier du changement d'environnement, il faut dire que peu de chose pouvait véritablement le décontenancer. C'était une autre histoire pour la jeune Ombreclaire, son souffle s'était accéléré quelque peu, accusant le coup de sortir de cet enfer sablonneux qu'elle avait parcouru toute sa vie.
Je m'approchais alors d'elle, lui tendant mon outre d'eau, lui intimant de boire par petite gorgée le temps de s'adapter à cet environnement. Visiblement, nos alliés caravaniers n'étaient pas de simples beaux parleurs et aucun d'entre eux ne paraissait souffrir ou accuser le coup. Ils avaient dû effectuer ce chemin un nombre incalculable de fois, peut-être avaient-ils même parcouru des contrées au climat bien plus rude que celui-ci, comme le Grand Nord.
Visiblement, nous arrivions à notre premier poste de douane. Le second borgne était sorti de sa torpeur pour finalement se placer en tant que figure de proue. L'ambiance était plutôt guillerette, chacun vaquait à sa spécialisation au sein du convoi. Le Demimain avait rejoint le nommé Dieter. Visiblement, ses deux hommes étaient faits pour s'entendre et avaient de grandes et longues histoires à se raconter. Dieter lui apprenait également les bases pour pouvoir conduire un des chariots, afin de tourner assez fréquemment pour éviter la fatigue d'un trop long périple. Sous les ordres du chef de meute, Lira venait se reposer à l'arrière du dernier chariot, ayant toujours un peu de mal à s'adapter au nouvel environnement. L'entièreté de la troupe s'était mise en action comme dans une chorégraphie parfaitement synchronisée. Cependant, l'ambiance s'était alourdie à la vue des gardes. Je pus comprendre rapidement que ces derniers n'étaient pas ceux que le caravanier et sa bande avaient pour habitude de caresser dans le sens du poil. Sous les murmures du tribal, je venais m'éclipser dans les ombres de la nuit qui approche. Tel un félin, je venais presque me volatiliser, sans pour autant utiliser ma capacité à me fondre dans le royaume de l'invisible. Pour le moment, seule la prudence était de mise. Je venais me placer aux côtés d'Hiraeth, visiblement, deux yeux n'étaient pas de trop pour surveiller les paroles de cet homme nommé Derrin.
« Enchanté. »
Courtoisie oblige, je respectais le temps de parole qui m'était accordé. Un ton neutre, sans réelles émotions, appuyant ce sentiment que le borgne voulait imposer à son interlocuteur : pour l'instant, je n'étais qu'un caravanier de plus, mais je n'en restais pas moins à l'affût pour sortir les griffes. Visiblement, comme je l'avais pressenti par l'atmosphère pesante qui s'était installée à la vue des deux idiots fouillant les chariots, la surveillance avait été renforcée. Les deux hommes s'échangeaient des paroles, mais il ne fallu que quelques phrases pour qu'Hiraeth enjoins son charisme et sa poigne sur le douanier bien malheureux. Nous allions avoir du travail, et ce plus rapidement que prévu.
L'astre lunaire avait commencé sa danse et l'ombre des arbres nous offraient ce manteau que j'affectionnais tant. Dans les ombres, au cœur même des ténèbres, j'étais dans mon environnement, mon terrain de jeu s'élargissait à mesure du temps qui allait s'écouler. Visiblement, il était temps que je rentre en action, nous devions réduire au silence le bien nommé sergent Altruin. Une petite escouade de trois allaient se former. L'Ombreclaire aurait pu être utile dans cette entreprise, mais son état m'obligeait à ne prendre aucun risque.
« Bon. Nous partirons que tous les trois dans ce cas. Nous avons l'avantage de l'information et celui de la surprise. Les deux facteurs les plus importants. De plus, la nuit est notre plus fidèle alliée maintenant. Nous allons rejoindre l'endroit indiqué par Derrin le plus rapidement possible. Là-bas, il faudra mettre en place une embuscade. La cartographie va nous permettre de choisir en endroit assez restreint pour couper leur route. Ici, ils devraient s'immobiliser le temps d'organiser un nouveau passage. C'est à ce moment précis que nous frappons. Ils sont quatre et nous sommes trois. Je suis un expert dans le maniement de l'arc, je m'occuperais de deux hommes, Astuce du troisième garde et Hiraeth la tête du sergent t'appartient. Nous devons agir de concert et nous abattre sur notre proie d'un seul bond. Nous ne connaissons par leurs capacités et une seconde de décalage dans nos attaques pourraient leur permettre de prévenir des renforts ou se préparer une défense. Bien, en route. »
J'avais déployé une petite carte du continent que je gardais toujours en ma possession, indiquant de mon index les différents emplacements à chacune de mes phrases. Un léger foulard vint se placer sur le bas de mon visage, de ma cape ébène j'étais une extension des ténèbres. La pléiade de constellation de mon œil endormi s'était éveillée.
« Si vous n'êtes pas capable de voir dans le noir, suivez-moi le plus proche possible, nous n'utiliserons aucune torche qui pourrait fragiliser la surprise de notre assaut. »
Notre petite escouade se décrochait alors de la Caravane, accélérant le pas afin de rejoindre rapidement le col du Noyer et ses sentiers sinueux. Plus rapide que mes comparses, je ralentissais ma propre cadence pour ne pas les distancer. Sans vraiment d'obstacles, nous arrivions rapidement sur les falaises bordant le col. De simples murmures et de nombreux signes de main étaient échangés pour s'organiser rapidement dans la mise en place de l'embuscade. Astuce, grâce à ses pouvoirs magiques, avait réussi à fabriquer une sorte de petit muret assez haut pour ne pas être escaladé en un bond. De mon côté, j'étais resté en hauteur, afin de surplomber la zone et de m'offrir une fenêtre de tir assez large pour tirer deux flèches d'un coup.
Le bruit de la cavalcade d'une petite unité nous indiquait que le moment tant attendu arrivait. Le chef de meute et son bras droit s'était placé dans l'obscurité des rochers environnants, vraisemblablement invisible à l'œil nu. Les chevaux se mirent à hennir, se stoppant d'un coup face à l'obstacle quasi-naturel que nous avions créé.
Un sifflement, signal de notre assaut. Tchak. Dans une salve commune, deux projectiles vinrent fuser à travers le décor, fendant les airs d'une douce mélodie, requiem de deux âmes prêtes à rejoindre les Gardiens. Larynx et trachée furent transpercés d'un coup net, ne leur accordant même pas le bénéfice d'un dernier cri. Il fallait tuer en silence et j'en étais l'artiste. Il ne restait plus qu'à mes deux compagnons d'effectuer leurs mises à mort dans le même mouvement que la mienne.
Je m'approchais alors d'elle, lui tendant mon outre d'eau, lui intimant de boire par petite gorgée le temps de s'adapter à cet environnement. Visiblement, nos alliés caravaniers n'étaient pas de simples beaux parleurs et aucun d'entre eux ne paraissait souffrir ou accuser le coup. Ils avaient dû effectuer ce chemin un nombre incalculable de fois, peut-être avaient-ils même parcouru des contrées au climat bien plus rude que celui-ci, comme le Grand Nord.
Visiblement, nous arrivions à notre premier poste de douane. Le second borgne était sorti de sa torpeur pour finalement se placer en tant que figure de proue. L'ambiance était plutôt guillerette, chacun vaquait à sa spécialisation au sein du convoi. Le Demimain avait rejoint le nommé Dieter. Visiblement, ses deux hommes étaient faits pour s'entendre et avaient de grandes et longues histoires à se raconter. Dieter lui apprenait également les bases pour pouvoir conduire un des chariots, afin de tourner assez fréquemment pour éviter la fatigue d'un trop long périple. Sous les ordres du chef de meute, Lira venait se reposer à l'arrière du dernier chariot, ayant toujours un peu de mal à s'adapter au nouvel environnement. L'entièreté de la troupe s'était mise en action comme dans une chorégraphie parfaitement synchronisée. Cependant, l'ambiance s'était alourdie à la vue des gardes. Je pus comprendre rapidement que ces derniers n'étaient pas ceux que le caravanier et sa bande avaient pour habitude de caresser dans le sens du poil. Sous les murmures du tribal, je venais m'éclipser dans les ombres de la nuit qui approche. Tel un félin, je venais presque me volatiliser, sans pour autant utiliser ma capacité à me fondre dans le royaume de l'invisible. Pour le moment, seule la prudence était de mise. Je venais me placer aux côtés d'Hiraeth, visiblement, deux yeux n'étaient pas de trop pour surveiller les paroles de cet homme nommé Derrin.
« Enchanté. »
Courtoisie oblige, je respectais le temps de parole qui m'était accordé. Un ton neutre, sans réelles émotions, appuyant ce sentiment que le borgne voulait imposer à son interlocuteur : pour l'instant, je n'étais qu'un caravanier de plus, mais je n'en restais pas moins à l'affût pour sortir les griffes. Visiblement, comme je l'avais pressenti par l'atmosphère pesante qui s'était installée à la vue des deux idiots fouillant les chariots, la surveillance avait été renforcée. Les deux hommes s'échangeaient des paroles, mais il ne fallu que quelques phrases pour qu'Hiraeth enjoins son charisme et sa poigne sur le douanier bien malheureux. Nous allions avoir du travail, et ce plus rapidement que prévu.
L'astre lunaire avait commencé sa danse et l'ombre des arbres nous offraient ce manteau que j'affectionnais tant. Dans les ombres, au cœur même des ténèbres, j'étais dans mon environnement, mon terrain de jeu s'élargissait à mesure du temps qui allait s'écouler. Visiblement, il était temps que je rentre en action, nous devions réduire au silence le bien nommé sergent Altruin. Une petite escouade de trois allaient se former. L'Ombreclaire aurait pu être utile dans cette entreprise, mais son état m'obligeait à ne prendre aucun risque.
« Bon. Nous partirons que tous les trois dans ce cas. Nous avons l'avantage de l'information et celui de la surprise. Les deux facteurs les plus importants. De plus, la nuit est notre plus fidèle alliée maintenant. Nous allons rejoindre l'endroit indiqué par Derrin le plus rapidement possible. Là-bas, il faudra mettre en place une embuscade. La cartographie va nous permettre de choisir en endroit assez restreint pour couper leur route. Ici, ils devraient s'immobiliser le temps d'organiser un nouveau passage. C'est à ce moment précis que nous frappons. Ils sont quatre et nous sommes trois. Je suis un expert dans le maniement de l'arc, je m'occuperais de deux hommes, Astuce du troisième garde et Hiraeth la tête du sergent t'appartient. Nous devons agir de concert et nous abattre sur notre proie d'un seul bond. Nous ne connaissons par leurs capacités et une seconde de décalage dans nos attaques pourraient leur permettre de prévenir des renforts ou se préparer une défense. Bien, en route. »
J'avais déployé une petite carte du continent que je gardais toujours en ma possession, indiquant de mon index les différents emplacements à chacune de mes phrases. Un léger foulard vint se placer sur le bas de mon visage, de ma cape ébène j'étais une extension des ténèbres. La pléiade de constellation de mon œil endormi s'était éveillée.
« Si vous n'êtes pas capable de voir dans le noir, suivez-moi le plus proche possible, nous n'utiliserons aucune torche qui pourrait fragiliser la surprise de notre assaut. »
Notre petite escouade se décrochait alors de la Caravane, accélérant le pas afin de rejoindre rapidement le col du Noyer et ses sentiers sinueux. Plus rapide que mes comparses, je ralentissais ma propre cadence pour ne pas les distancer. Sans vraiment d'obstacles, nous arrivions rapidement sur les falaises bordant le col. De simples murmures et de nombreux signes de main étaient échangés pour s'organiser rapidement dans la mise en place de l'embuscade. Astuce, grâce à ses pouvoirs magiques, avait réussi à fabriquer une sorte de petit muret assez haut pour ne pas être escaladé en un bond. De mon côté, j'étais resté en hauteur, afin de surplomber la zone et de m'offrir une fenêtre de tir assez large pour tirer deux flèches d'un coup.
Le bruit de la cavalcade d'une petite unité nous indiquait que le moment tant attendu arrivait. Le chef de meute et son bras droit s'était placé dans l'obscurité des rochers environnants, vraisemblablement invisible à l'œil nu. Les chevaux se mirent à hennir, se stoppant d'un coup face à l'obstacle quasi-naturel que nous avions créé.
Un sifflement, signal de notre assaut. Tchak. Dans une salve commune, deux projectiles vinrent fuser à travers le décor, fendant les airs d'une douce mélodie, requiem de deux âmes prêtes à rejoindre les Gardiens. Larynx et trachée furent transpercés d'un coup net, ne leur accordant même pas le bénéfice d'un dernier cri. Il fallait tuer en silence et j'en étais l'artiste. Il ne restait plus qu'à mes deux compagnons d'effectuer leurs mises à mort dans le même mouvement que la mienne.
- Pouvoirs:
Invocation d'Objets / Super Vitesse P1 / Agilité et Précision Augmentées P2 / Prouesse d'Armes : Flèche Spectrale / Invisibilité / Vue Augmentée P1 / Ouïe Augmentée P1 / Odorat Augmenté P1 / Nyctalopie
- Inventaire:
- Requiem : Arc composite de bonne facture, de petite taille pour être facilement transportable et utilisable dans tout type de situation. La corde en tissu d'Arbre des Bienheureux lui attribue ce nom si particulier, laissant filer les flèches sous une douce mélodie funéraire marquant le dernier souffle d'une vie qui s'éteint. Quelques joyaux de Roches Ombrales parsèment la poignée et les deux branches de l'arc afin de lui octroyer cette couleur sombre. Il est accompagné de son carquois de même couleur.
Murmure & Silence : Duo composé d'une dague à la lame légèrement recourbée et d'un stylet assez fin pour pénétrer tendrement la chair et ne laisser qu'une subtile trace. Fabriqués dans un alliage d'Orichalque et de Roches Ombrales donnant aux lames sombres de légers reflets violines.
Nécessaire de survie : Contient une carte du monde et des sentiers secondaires, des rations de nourriture, de la corde, des bandages.
Nécessaire de capture et d'infiltration : Contient un grappin, des menottes, des piolets.
Armure légère
Tenue de Cultiste des Ombres
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Hiraeth
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Quel œil, mais quel œil !
La nuit tombée amena la découverte de la particularité physique du demi-drakyn.
A la lueur des lanternes, Hiraeth recula précipitamment, lorsque se ferma la paupière du jour et que s'ouvrit celle recelant l'orbe du ciel de minuit. Les éclats galaxiaux semblaient conférer à son acolyte le pouvoir d'y voir aussi bien la nuit que le jour, une capacité si appréciable dans leur profession...
Une fois passée la première stupéfaction, partagée par Astuce qui eut le bon goût de garder toutes ses réflexions pour elle (une première) Hiraeth ne put s'empêcher, parfois, de laisser son regard dériver jusqu'au visage de Draven, étudiant son profil concentré, fasciné par la profondeur, les pléiades de son œil cosmique.
Quelle histoire se cachait derrière ce pouvoir ? Était-ce aussi sombre que sa propre histoire ? Comment était-ce concevable de rencontrer un être si différent de lui et pourtant si semblable sur tant de points ? Taille, stature, handicap... Même leurs âges respectifs semblaient similaires, si l'on excepte que la longévité du demi-drakyn est sans doute différente de la sienne.
Le Nomade compare leurs aspects physiques. Non, on ne peut les confondre, c'est indéniable. Et pourtant, même malgré la différence d'appréhension de leurs activités, ils partagent des attitudes, des silences, des conclusions muettes.
L'efficacité de Draven plaît bien au Caravanier. Pas d'histoires, pas de chichi, droit au but, et en silence. Cela change agréablement des palabres incessants de ses ouailles et même du paternalisme un peu sarcastique d'Oko Jero.
Astuce se plia aux ordres sans discuter, comprenant rapidement l'enjeu de leur équipée. Vite prête, elle se glissa à leurs côtés comme l'ombre d'Hiraeth. Dans ces moments, où seuls comptent les actes, elle était la seule à pouvoir comprendre et accompagner son état d'esprit, tous deux agissant de concert.
Les trois ombres quittèrent le camp, monté finalement un peu à l'écart de toute civilisation, pour éviter les recoupements malheureux d'enquêteurs trop adroits.
Suivant Draven à travers le piémont doux d'une colline boisée, gagnant rapidement le col dominant la vallée où ils progressaient péniblement quelques heures plus tôt, il ne leur suffit que de quelques instants pour fomenter une embuscade et se replier dans les ténèbres de part et d'autre du chemin.
Leur rapidité payait : déjà ils percevaient le claquement de sabots sur la route en amont. A quelques minutes près, il aurait été trop tard, et attaquer le poste de garde renforcé par les nouveaux arrivants aurait été bien plus ardu.
Hiraeth attendit le signal, qu'il faillit ne pas percevoir tant l'archer se révéla silencieux. Heureusement qu'il avait ôté son cache-œil, scrutant à la lueur de la lune les silhouettes sombres des cavaliers.
Il vit les deux gardes de queue accuser le coup, vaciller sur leur assise... puis sombrer lentement. Les chevaux hennirent, gênés et apeurés de leurs poids morts entravés qui par une cheville, qui par un bras.
L'instant d'après, Astuce était déjà dans les pattes du second cheval, alors que celui du Sergent se cabrait devant l'obstacle dressé par leurs soins.
La voleuse sans arrêter sa course chopa l'étrier d'un pied et se jucha derrière le garde restant, une main sur son épaule, sa tresse bleue fouettant l'air. Surpris, il tourna la tête, la bouche ouverte en un « O » muet qui ne déversera qu'un flot de sang, l'elfe ayant glissé d'une main leste sa lame le long de sa gorge.
Elle le poussa à terre, saisit les rênes et virevolta, s'éloignant au galop de la scène.
Avec une assiette parfaite, le sergent réussit à calmer son cheval et à demeurer en selle. Hir grogna, ça allait être plus ardu. Quoique...
Avec un sourire grimaçant, il se glissa jusqu'au muret magique surplombant la sente, et s'activa à le grimper prestement, glissant un œil par-dessus la pierre.
Le sergent venait juste de comprendre. Ses hommes à terre, les chevaux fuyant à rebrousse-chemin, la voleuse en cuir les éloignant prestement de lui. Jurant, il dégaina sa lame, prêt à contourner l'osbtacle.
Alors, Hiraeth se leva.
Une ombre se découpa nettement dans la lumière lunaire, au-dessus du sergent écumant de rage.
Un homme, droit. Une lueur orangée, telle une flamme charbonneuse, au niveau de son visage. Une longue écharpe, soulevée par une brise propice, lui confère un instant l'aura mystérieuse d'un tueur inconnu, à l'unisson de quelques boucles d'une longue chevelure noire flottant au vent.
Il toise l'officier républicain de haut, quelques secondes, chaque bras terminé par une lame courbée et noirâtre.
Puis d'un bond souple, l'apparition démoniaque se jette sur le cavalier et ils roulent à terre, la monture écumante et folle de terreur manquant de les piétiner avant de s'enfuir à son tour en hululant lugubrement.
L'officier éjecte Hiraeth d'un coup de pied et se redresse, son épée à la main. Son autre bras est ballant, il grimace. Le Caravanier se relève à son tour, bas sur ses appuis, laissant échapper un rire sardonique.
Ils se tournent autour, se jaugeant mutuellement. Le sergent est plus grand, plus long encore que le nomade, sa rapière lui accorde une allonge supérieure. L'assassin est ramassé sur lui-même, deux longues dagues en main, l'une avec la lame orientée sur l'avant-bras en main gauche, l'autre menaçante, fendant l'air avec un chuintement devant lui.
Une passe d'armes, deux. Ils sont bons tous deux, rompus au maniement des lames, efficaces sur leurs esquives. Le Nomade hérite d'une estafilade le long des côtés, l'allonge supérieure de l'officier l'obligeant à se porter au corps à corps en prenant des risques. Il esquive en un roulé-boulé d'une agilité stupéfiante.
Aucun d'eux ne semble décidé à utiliser quelque pouvoir, quelque artifice. Pleinement dévoilé, l’œil démoniaque luit d'une lueur malsaine. L'officier est quant à lui doté d'une magnifique moustache grise et d'un costume bien taillé dans le tissu réglementaire républicain.
Hiraeth se lance soudain... et semble trébucher. Avec un cri, il chute vers l'avant...
Profitant de l'occasion, l'officier se fend d'une botte, sa rapière lancée en un estoc brutal.
Il se fige. Puis tombe lentement à terre sur le côté.
C'était une feinte. Plus agile qu'il ne l'aurait cru, l'assassin s'est comme enroulé autour de sa lame en esquivant et sa main-gauche a pivoté d'un tour de poignet, se logeant profondément sous les côtes de l'officier.
Hiraeth se détend et essuie sa lame souillée sur le pantalon clair de l'officier mourant. La vie quitte rapidement les yeux clairs du sergent, et Astuce revient à pied, ayant dispersé les chevaux sur les hauteurs.
Ils fouillent rapidement les hommes, embarquant tout butin.
Hiraeth n'a pas encore remis son cache-misère. Inspectant la blessure le long de ses côtes, il laisse Draven venir à lui dans le clair de lune. Il lui sourit.
« La nuit est jeune, mais prometteuse. »
La nuit tombée amena la découverte de la particularité physique du demi-drakyn.
A la lueur des lanternes, Hiraeth recula précipitamment, lorsque se ferma la paupière du jour et que s'ouvrit celle recelant l'orbe du ciel de minuit. Les éclats galaxiaux semblaient conférer à son acolyte le pouvoir d'y voir aussi bien la nuit que le jour, une capacité si appréciable dans leur profession...
Une fois passée la première stupéfaction, partagée par Astuce qui eut le bon goût de garder toutes ses réflexions pour elle (une première) Hiraeth ne put s'empêcher, parfois, de laisser son regard dériver jusqu'au visage de Draven, étudiant son profil concentré, fasciné par la profondeur, les pléiades de son œil cosmique.
Quelle histoire se cachait derrière ce pouvoir ? Était-ce aussi sombre que sa propre histoire ? Comment était-ce concevable de rencontrer un être si différent de lui et pourtant si semblable sur tant de points ? Taille, stature, handicap... Même leurs âges respectifs semblaient similaires, si l'on excepte que la longévité du demi-drakyn est sans doute différente de la sienne.
Le Nomade compare leurs aspects physiques. Non, on ne peut les confondre, c'est indéniable. Et pourtant, même malgré la différence d'appréhension de leurs activités, ils partagent des attitudes, des silences, des conclusions muettes.
L'efficacité de Draven plaît bien au Caravanier. Pas d'histoires, pas de chichi, droit au but, et en silence. Cela change agréablement des palabres incessants de ses ouailles et même du paternalisme un peu sarcastique d'Oko Jero.
Astuce se plia aux ordres sans discuter, comprenant rapidement l'enjeu de leur équipée. Vite prête, elle se glissa à leurs côtés comme l'ombre d'Hiraeth. Dans ces moments, où seuls comptent les actes, elle était la seule à pouvoir comprendre et accompagner son état d'esprit, tous deux agissant de concert.
Les trois ombres quittèrent le camp, monté finalement un peu à l'écart de toute civilisation, pour éviter les recoupements malheureux d'enquêteurs trop adroits.
Suivant Draven à travers le piémont doux d'une colline boisée, gagnant rapidement le col dominant la vallée où ils progressaient péniblement quelques heures plus tôt, il ne leur suffit que de quelques instants pour fomenter une embuscade et se replier dans les ténèbres de part et d'autre du chemin.
Leur rapidité payait : déjà ils percevaient le claquement de sabots sur la route en amont. A quelques minutes près, il aurait été trop tard, et attaquer le poste de garde renforcé par les nouveaux arrivants aurait été bien plus ardu.
Hiraeth attendit le signal, qu'il faillit ne pas percevoir tant l'archer se révéla silencieux. Heureusement qu'il avait ôté son cache-œil, scrutant à la lueur de la lune les silhouettes sombres des cavaliers.
Il vit les deux gardes de queue accuser le coup, vaciller sur leur assise... puis sombrer lentement. Les chevaux hennirent, gênés et apeurés de leurs poids morts entravés qui par une cheville, qui par un bras.
L'instant d'après, Astuce était déjà dans les pattes du second cheval, alors que celui du Sergent se cabrait devant l'obstacle dressé par leurs soins.
La voleuse sans arrêter sa course chopa l'étrier d'un pied et se jucha derrière le garde restant, une main sur son épaule, sa tresse bleue fouettant l'air. Surpris, il tourna la tête, la bouche ouverte en un « O » muet qui ne déversera qu'un flot de sang, l'elfe ayant glissé d'une main leste sa lame le long de sa gorge.
Elle le poussa à terre, saisit les rênes et virevolta, s'éloignant au galop de la scène.
Avec une assiette parfaite, le sergent réussit à calmer son cheval et à demeurer en selle. Hir grogna, ça allait être plus ardu. Quoique...
Avec un sourire grimaçant, il se glissa jusqu'au muret magique surplombant la sente, et s'activa à le grimper prestement, glissant un œil par-dessus la pierre.
Le sergent venait juste de comprendre. Ses hommes à terre, les chevaux fuyant à rebrousse-chemin, la voleuse en cuir les éloignant prestement de lui. Jurant, il dégaina sa lame, prêt à contourner l'osbtacle.
Alors, Hiraeth se leva.
Une ombre se découpa nettement dans la lumière lunaire, au-dessus du sergent écumant de rage.
Un homme, droit. Une lueur orangée, telle une flamme charbonneuse, au niveau de son visage. Une longue écharpe, soulevée par une brise propice, lui confère un instant l'aura mystérieuse d'un tueur inconnu, à l'unisson de quelques boucles d'une longue chevelure noire flottant au vent.
Il toise l'officier républicain de haut, quelques secondes, chaque bras terminé par une lame courbée et noirâtre.
Puis d'un bond souple, l'apparition démoniaque se jette sur le cavalier et ils roulent à terre, la monture écumante et folle de terreur manquant de les piétiner avant de s'enfuir à son tour en hululant lugubrement.
L'officier éjecte Hiraeth d'un coup de pied et se redresse, son épée à la main. Son autre bras est ballant, il grimace. Le Caravanier se relève à son tour, bas sur ses appuis, laissant échapper un rire sardonique.
Ils se tournent autour, se jaugeant mutuellement. Le sergent est plus grand, plus long encore que le nomade, sa rapière lui accorde une allonge supérieure. L'assassin est ramassé sur lui-même, deux longues dagues en main, l'une avec la lame orientée sur l'avant-bras en main gauche, l'autre menaçante, fendant l'air avec un chuintement devant lui.
Une passe d'armes, deux. Ils sont bons tous deux, rompus au maniement des lames, efficaces sur leurs esquives. Le Nomade hérite d'une estafilade le long des côtés, l'allonge supérieure de l'officier l'obligeant à se porter au corps à corps en prenant des risques. Il esquive en un roulé-boulé d'une agilité stupéfiante.
Aucun d'eux ne semble décidé à utiliser quelque pouvoir, quelque artifice. Pleinement dévoilé, l’œil démoniaque luit d'une lueur malsaine. L'officier est quant à lui doté d'une magnifique moustache grise et d'un costume bien taillé dans le tissu réglementaire républicain.
Hiraeth se lance soudain... et semble trébucher. Avec un cri, il chute vers l'avant...
Profitant de l'occasion, l'officier se fend d'une botte, sa rapière lancée en un estoc brutal.
Il se fige. Puis tombe lentement à terre sur le côté.
C'était une feinte. Plus agile qu'il ne l'aurait cru, l'assassin s'est comme enroulé autour de sa lame en esquivant et sa main-gauche a pivoté d'un tour de poignet, se logeant profondément sous les côtes de l'officier.
Hiraeth se détend et essuie sa lame souillée sur le pantalon clair de l'officier mourant. La vie quitte rapidement les yeux clairs du sergent, et Astuce revient à pied, ayant dispersé les chevaux sur les hauteurs.
Ils fouillent rapidement les hommes, embarquant tout butin.
Hiraeth n'a pas encore remis son cache-misère. Inspectant la blessure le long de ses côtes, il laisse Draven venir à lui dans le clair de lune. Il lui sourit.
« La nuit est jeune, mais prometteuse. »
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