Quand on croise Zyra pour la première fois, elle donne l'image d'une hybride calme et dotée de maîtrise de soi. Sa posture est droite, ses mouvements précis, et lorsqu’elle parle, sa voix, bien que féminine, est rauque et sifflante, semblable au cri lointain d’un petit rapace. Ses paroles semblent pesées avec soin. Il faut dire que parler avec un bec exige une plus grande souplesse de la langue et des cordes vocales.

Cette apparence sereine peut facilement tromper ceux qui ne la connaissent pas. Son plumage dévoile ses origines : un faucon des cimes, rapace réputé pour son agilité et, surtout, pour son sale caractère. Zyra a hérité de ce tempérament. Son visage, loin d’être humanoïde, rend la lecture de ses expressions difficile. En dehors d'un mouvement de ses sourcils, constitués d'arcs de plumes, ou de l'intensité de son regard d'ébène, seule sa voix peut vraiment trahir la profondeur de ses émotions.

Farouchement indépendante, elle valorise sa liberté et son autonomie plus que tout. Elle est directe dans ses interactions, parlant peu mais toujours avec franchise. Sa nature et son comportement peuvent la faire paraître froide ou distante. Elle est cependant capable d'une grande patience lorsque nécessaire, capable de rester immobile de longues heures pour analyser son environnement, une qualité indispensable pour un prédateur en chasse.

Ceux qui prennent le temps de la connaître découvrent une loyauté profonde envers ceux qui ont gagné sa confiance. Sa loyauté se mérite par des actes, non par des mots. Elle juge les gens sur ce qu’ils font et sur ce qu’ils sont, non sur ce qu’ils disent. D'une intelligence vive, elle est loin d’être stupide. Bien qu’elle soit une hybride, avec les inconvénients que cela engendre régulièrement, elle ne tolère ni la dévalorisation ni les insultes. Selon la nature de l'offense, elle choisira soit de rester silencieuse, économisant son énergie pour autre chose, soit d’attendre la moindre faiblesse pour riposter là où cela fait mal.

Zyra est une hybride mi-humaine, mi-faucon. La nature n'a pas été cruelle avec elle. Son corps est svelte et athlétique, en grande partie couvert de plumes aux nuances de brun doré et de teintes plus sombres. Seuls le contour de ses yeux, l'avant de son cou, son encolure et sa poitrine sont blancs. Ce plumage est plus épais sur ses épaules et ses ailes, et plus fin sur ses bras et ses jambes. Les plumes autour de ses ailes sont longues et robustes, conçues pour soutenir les courants ascendants et permettre des plongeons rapides.

Elle possède deux puissantes ailes d'une belle envergure, intégrées à son dos. Ses bras se terminent par des mains humaines recouvertes de fines écailles, ornées de griffes aiguisées, vestige de son héritage de rapace.

Son visage est un mélange harmonieux d’éléments humanoïdes et aviaires. Ses grands yeux noirs, l'une de ses caractéristiques les plus frappantes, reflètent une intelligence vive et une perception aiguë, capables de repérer les plus petits détails à grande distance. Ses sourcils sont remplacés par de petites plumes blanches, qui se soulèvent ou se replient selon ses émotions, et les plus longues forment une sorte de huppe, évoquant des oreilles. Elle ne possède pas de bouche, mais un bec capable de s’articuler pour vocaliser, conférant à sa voix une tonalité unique et presque étrangère.

Sa part féminine est visible, tant par son héritage humain, avec une poitrine légèrement arrondie, que par sa manière de se mouvoir. Zyra se déplace avec une étrange grâce, chaque geste calculé comme celui d’un prédateur en chasse.

Côté vêtements, elle privilégie la fonctionnalité et la légèreté. On la voit souvent vêtue de cuir ou de tissus souples, qui permet à ses ailes de se déployer sans gêne, et adaptés à ses voyages en altitude. Sa tenue militaire sera dans cette même tendance, avec une tenue un peu plus protectrice et elle aura un bandeau aux couleurs de l'Empire nouée à son bras gauche.  Elle porte autour du cou un long et épais foulard bleu légèrement délavé, qu’elle utilise en capuche pour se couvrir la tête et le visage. Elle a ses avants-bras de solides brassards

Un tatouage orne le dessus de sa poitrine, visible sous un fin duvet de plumes blanches.


Histoire :
La flèche vibra lorsqu’elle se planta dans le mannequin. Zyra baissa son arc et fixa sa cible. Un claquement sec de son bec marqua sa frustration. Elle avait raté le point rouge qui marquait le centre de la poitrine factice. Certes, le tir n’était pas si mauvais, mais ce qui agaçait l’archère, c’était de ne pas avoir fait mieux après ces derniers mois consacrés uniquement à ses études. Maintenant qu’elle avait officiellement réussi son cursus de jeune ingénieure des armées, la première chose qu’elle avait entreprise était de récupérer son arc, d'en vérifier l’état et de s’entraîner à tirer dans l’aire d’entraînement. Ce n’était que sa première flèche, et déjà, elle se sentait mécontente de son résultat. Pourtant, elle savait que cette petite perte de performance était normale. L’entraînement régulier était essentiel pour maintenir ses acquis, voire les perfectionner. S’investir pleinement dans ses études à Ikusa avait été un choix mûrement réfléchi. Mais elle ne pouvait s’empêcher de sentir ses plumes se hérisser face à son premier échec.

Elle attrapa une seconde flèche et l’encocha à la corde de crin entre ses deux doigts griffus. Sa formation n’avait pas été facile, ni dans le domaine militaire, ni dans celui de l’ingénierie. Lors du décret impérial, elle avait été au bon endroit pour intégrer l’une des toutes premières promotions. Elle prit le temps de respirer plus calmement, tendant à moitié la corde de son arc. Déjà, elle dardait un regard précis sur sa cible. Un instant, elle repensa à tout son parcours. Lorsqu’elle avait commencé sa formation militaire, on la voyait déjà rejoindre les rangs des archers, ou bien devenir une simple estafette pour délivrer des messages. Elle était hybride, en plus d’être femelle, une condition peu favorable pour faire ses preuves. Cinq années de rudesse, d’humiliations et d’insultes lancées par des humains… et puis le décret était tombé, lui ouvrant des perspectives bien plus honorables que d’être simple archère. Truffion de base ? Ses instructeurs pouvaient bien aller se faire voir.

Elle tendit la corde, aligna la tête de la flèche sur le point qu’elle voulait atteindre, positionna son bras pour obtenir une ligne de tir impeccable, puis lâcha le trait. La flèche se planta plus près du point central. Elle claqua du bec, un peu moins fort cette fois-ci. C’était mieux. Elle avait retrouvé un peu de calme. Une troisième flèche prit la place de la seconde. Suivre le cursus d’ingénieure avait été la meilleure partie de toutes ses formations. Les sujets, familiers comme nouveaux, l’avaient grandement intéressée, au point qu’elle n’accordait plus d’importance aux effets négatifs de sa condition d’hybride. Elle avait bataillé pour démontrer que sa nature contre-nature apportait des avantages pour ce qu’elle souhaitait devenir. Elle pouvait voler et connaissait les vents. Son regard perçant lisait le profil du sol avec précision, et elle savait retranscrire cela dans un carnet. Réaliser un relevé terrestre depuis les airs offrait des perspectives de déploiement militaire bien plus intéressantes que les éclaireurs à pied. Certes, il y en avait d’autres qui savaient voler, mais aucun n’était à demi faucon ! Ses capacités étaient idéales pour accomplir bien des tâches attendues d’un ingénieur. Bien évidemment, elle avait dû apprendre à manier les outils nécessaires pour certaines tâches de maintenance, mais elles deviendraient secondaires face à ses priorités.

La flèche claqua sur le point central du mannequin. Zyra en fut satisfaite. Ce n’était pas si mal pour une reprise. Elle joua de ses doigts griffus et s’amusa à les observer. Dire qu’elle arrivait à écrire et dessiner avec ! Sa mère, Talia, avait toujours été fière de la voir si douée à manier le fusain pour dessiner. Toute petite, Zyra aimait reproduire le monde qui l’entourait, aussi bien vu du ciel que sur terre. Un atout parfait pour dessiner des cartes ou des plans précis. Et si elle tirait une autre flèche ?

Elle sourcilla en voyant un empennage un peu froissé. Bon, elle ferait avec. Elle eut une pensée pour sa mère défunte. Talia, c’était son prénom. Humaine solitaire, elle avait passé la majeure partie de sa vie dans les montagnes au nord de Taisen, loin des regards et des jugements des autres Reikois. Pourquoi avait-elle choisi une vie si éloignée, presque en ermite ? Par choix, pour répondre à son désir d’indépendance et mener sa vie comme elle l’entendait, sans les obligations des hommes. Elle avait donc fui cette société qui l’étouffait pour vivre en harmonie avec la nature sauvage. Les montagnes étaient devenues son refuge. Puis Zyra était venue au monde, comblant son existence de solitude.

Zyra arma son bras, prête à décocher sa nouvelle flèche. Jamais Talia ne lui avait expliqué les véritables circonstances de sa naissance. Comment une union entre une humaine et un rapace avait-elle pu se produire ? Talia n’avait jamais caché la véritable nature de sa fille dès qu’elle fut en âge de comprendre, mais la question de sa conception resterait probablement sans réponse. Magie ? Expérience d’un mage fou ? La demi-rapace avait fini par s’en ficher. Elle était là, vivante. Elle avait grandi dans ces montagnes, qui constituaient à la fois son foyer et son terrain de jeu. Son enfance avait été bercée par les vents frais des cimes, les saisons tantôt douces, tantôt glaciales, au rythme des enseignements de sa mère, sur l’art de la survie, la chasse, et le tir à l’arc. Que pouvait-elle espérer de mieux que d’être une archère, avec ses sens aiguisés et sa vision perçante ? Comme son ascendant paternel, elle savait observer ses proies de loin, suivre leur trajectoire et les frapper avec précision. La vie aurait pu demeurer idyllique si Talia n’avait pas songé à l’avenir de sa fille. L’humaine n’était pas éternelle. Bien qu’elle ait préparé sa fille à une vie dure et solitaire, elle ne lui avait jamais caché la réalité de la société reikoise, avec ses règles, ses mœurs, et les obligations de chaque citoyen. L’hybride, aussi indépendante que sa génitrice, grandissait et se sentait intriguée par le monde au-delà des montagnes. Peut-être n’était-elle pas destinée à vivre aussi isolée que Talia. Sa mère avait fui pour mener sa vie comme elle l’entendait. Zyra mènerait la sienne.

La flèche tournoya un peu trop vite lorsqu’elle fut propulsée par la corde et tomba plus bas que les autres, sous le point central. Zyra observa le résultat de son dernier tir. Cela résumait bien ses débuts en tant que citoyenne reikoise. Se déclarer Reikoise n’avait pas été simple, surtout lorsqu’elle n’était qu’adolescente, à l’âge où débutait l’engagement dans les forces armées de l’Empire. Son arrivée à Taisen avait presque été un choc. La cité lui semblait imposante, avec ses hauts murs de pierre, ses soldats disciplinés, ses rues grouillantes de monde, et ce bruit intense qui lui avait agressé les oreilles ! Son apparence hybride attirait les regards, d’abord curieux, puis méprisants. Cette attention l’avait presque fait fuir.

La demi-aviaire s’approcha du mannequin et examina ses flèches une à une. Pas à pas, malgré les préjugés, elle avait tenu bon, et désormais, elle était prête à accomplir ce pour quoi elle avait été formée. Elle avait prouvé ses talents durant sa formation ; elle devrait encore le faire sur le terrain. Comme pour le tir à l’arc, il lui faudrait persévérer chaque jour.

Sa main griffue saisit le fût de la flèche la plus basse pour la retirer du mannequin d’exercice. Chaque jour aurait son lot de difficultés et d’épreuves, comme sa mère l’avait prévenue. Il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir le sourire bienheureux de Talia, cette lueur de fierté dans son regard, ses cheveux noirs soulevés par les vents frais des montagnes, dans cet environnement où aucune loi humaine ne dictait son existence, là où elle n’était ni femme ni hybride, mais simplement une créature du ciel. Zyra rouvrit les yeux. Sa mère aurait été si fière de la voir aujourd’hui, même si elle devrait sans cesse prouver sa valeur en raison de son statut d’hybride. Un léger regret subsistait en elle : ne pas avoir été là quand la mort était venue chercher Talia pour son ultime voyage vers les étoiles. Et cela s'était produit lors de l'attaque des Titans. Même dans les montagnes, Talia n'avait pas été épargnée. Sa perte avait provoqué un profond chagrin à la demi-rapace. Mais Talia lui aurait murmuré d'aller toujours de l'avant, comme les faucons des cimes. Même si la mort frappait, la vie, elle continua. Dans un sens, ses paroles n'étaient que vérité. Heureusement, Zyra pouvait toujours avoir une pensée pour sa maternelle, par le médaillon qu'elle portait. Nul besoin de garder le chagrin si on avait un reste de l'être aimé sur soi. Par contre, cela l'avait plus que motivée à servir l'Empire, si jamais les Titans venaient à agir à nouveau. Ces créatures étaient pire que des humains sans foi ni loi à l'encontre des hybrides.

Elle réussit à retenir la larme qui s’était formée. Les faucons ne pleuraient pas. Pour elle-même et pour Talia, elle volerait plus haut que les autres, prouvant sa valeur tout en restant farouchement libre et indépendante, trouvant le bon équilibre entre cela et les lois de l'Empire tout en y apportant sa contribution

Drakstrang

Shierak

Lutte contre les Titans