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Citoyen du Reike
Tulkas
Messages : 152
crédits : 3681
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B
- Honoré Khashis, le rapport stipule clai-
- J’ai lu vos rapports, Luteni. Que coupait la voix du Khashis Vitruvir, un vieil homme dont l’âge ne semblait pas avoir terni la force. Des créatures auraient attaqué votre campement dans la nuit, vous êtes le seul survivant. Mais comment expliquez-vous les corps brûlés découverts par la troupe du Nylsark Hraken sur le lieu de votre campement ?
- De quoi m’accusez-vous au juste, Khashis ?
La tension était palpable, l’officier Reikois qui avait exigé que soit entendu le Luteni Tulkas après la bataille de Melorn avait été malin. Profitant d’un déplacement de la Griffe et maniant son influence dans les sphères militaires avec habileté pour traîner le banneret dans la boue et le placer sous l’autorité de sa cour martiale. Deydreus avais beau être une légende vivante, ses Serres Pourpres des héros aux yeux du peuple, mais dans l’armée il existait toujours des éléments traditionnalistes, qui n’avaient pas forcément vu d’un bon œil les réformes militaires nécessaires qu’avait entrepris le nouveau bras droit de l’Empereur. Aussi, ils étaient décidés à le faire payer en amputant la Griffe de ses hommes de confiance. Le Tovyr était intouchable, dans sa forteresse d’airain, les autres Serres Pourpres étaient toujours en déplacement avec la Griffe et donc, sous sa protection.
Seul Tulkas, qui par sa nature de banneret, était amené à opérer régulièrement loin de la protection de la Griffe. Certains y voyaient une forme de désapprobation de la part du commandant-en-chef de la Kyrielle, Tulkas y voyait lui plus une forme de confiance et un mentorat avisé. Façonné, au fur et à mesure de ses aventures, le Luteni en un instrument aussi efficace au combat qu’en politique.
- Comment expliquez-vous, Luteni, que vous ayez survécu ?
Vitruvir était un des représentants de la vieille école martiale du Reike, pour qui l’échec était synonyme de lâcheté et de couardise. Si Tulkas avait été l’homme qu’il prétendais être, puissant, droit et glorieux, il n’aurait pas échoué, pire encore, il ne serait jamais revenu vivant. Et pourtant, face à lui, se dressait la figure du Taïsenois, de l’ancienne coqueluche des arènes, l’esclave devenu homme de confiance de l’un des hommes les plus puissant de tout l’Empire.
- Vous m’accusez de lâcheté, Khashis ? Que demanda Tulkas en levant les mains pour s’appuyer sur la rambarde de l’estrade.
- Cinquante cavaliers, Luteni. Que répondit sèchement le Khashis. Cinquante cavaliers de la garnison de Maël, des vétérans de la guerre contre les titans, morts, jusqu’au dernier, sous votre commandement. Cinquante cavaliers, Luteni. Qu’il répéta. Cinquante. Qu’il appuya. Et pas un d’entre eux n’a survécu à votre mission. Seul vous, quelle force est capable de venir à bout d’une force pareille sans qu’elle ne soit repérée par nos autres patrouilleurs ? Pourquoi sont-ils morts, eux, et pourquoi êtes-vous en vie, vous ? Pourquoi n’avons-nous trouvé que leurs corps brûlés ?
Tulkas se redressa, blessé dans son orgueil et marqua un temps d’arrêt pour considérer sa situation. Il était vrai qu’il était persuadé que personne n’allait retrouver les corps de ceux qu’Elle avait massacré en corrompant sa magie. Fermant les yeux, il inspira longuement avant de répondre.
- Honorable Khashis. Qu’il commença. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation au Shoumeï ? Des créatures qui y rôdent ?
- J’ai lu les rapports, oui. Que répondit Vitruvir.
- Savez-vous ce qu’il s’y passe, quand on y meurt ? Que le Luteni demanda, grinçant des dents. Les corps se relèvent, animés par une nécromancie impie qui ferait vomir même le plus vil de nos thaumaturges. Ils ne sont pas réanimés par l’animus ou une quelconque magie, non, mais par une corruption manifeste. Si manifeste, qu’elle suinte par les pores de leurs peaux et par les plaies béantes qui les ont terrassés.
- Et donc ?
- Face à une défaite inévitable, j’ai canalisé ce qu’il me restait d’animus pour manifester les flammes de ma rage. Qu’il dit, baissant les yeux sur la paume qu’il venait d’ouvrir avant de ferme le poing. Et elle s’est manifestée en un grand torrent de flammes qui ont purifié les âmes de mes hommes, refusant la servitude de mes frères d’armes au Grand Ennemi.
Le Luteni tira lentement le gant qui recouvrait sa main bandée, dont il saisit le lin pour défaire le bandage qu’il enroulait autour de son autre main, révélant un quelconque cataplasme qui recouvrait les chairs brûlés de sa main, craquelée et noircie, semblable à celle d’un alligator tant elle était luisante. La chair guérirait, Tulkas avait subis de bien pires blessures dans sa vie, mais celle-ci avait une symbolique toute autre, qu’il se refusait d’effacer en canalisant son animus pour accélérer le processus.
- Nos mages de guerres me sont témoins, honorable Khashis, de la nature chaotique que prends l’animus depuis l’apparition de cette plaie suppurante à l’écorce de l’Arbre Monde. Et si vous, comme moi, en ressentons la perturbation alors que nous sommes terrés derrière les remparts d’Ikusa, je vous demande d’imaginer l’étendue de la corruption qui ravage la province du Shoumeï. Vous n’avez pas idée des dangers qui se terrent dans les plaines vitrifiées du sous-continent. Moi, si.
Ce que n’avait pas considéré Vitruvir, c’est que Tulkas avait été un excellent acteur durant sa carrière de gladiateur. Et un orateur capable de captiver des foules fortes de millier d’individus. Sa voix était puissante, sa posture impeccable, sa conviction se lisait sur son visage et il venait de faire de sa cour son estrade. Et le vent tourna.
- J’ai saigné pour l’empire, des entrailles de la désolation jusqu’à risquer ma vie pour protéger le cœur de Melorn. Je suis sur la ligne de front contre le Grand Ennemi depuis sa manifestation, comme le fait la Griffe et comme le fait le Tovyr du Courroux, comme le font les dévoreurs et les serres pourpres ! Tandis que d’autres se terrent derrière leurs murailles en espérant qu’elles ne soient pas balayées par la tempête qui viens... Nous... Nous saignons !
Un murmure s’éleva, les faits d’armes des Serres Pourpres et des Dévoreurs restaient des arguments de poids et Tulkas, en tant que banneret de la Griffe, rappelait à ces hommes cachés derrière les murailles d’Ikusa que c’était la bannière de Sable et de Gueule qui menait la charge contre les impurs et les enfants des titans. Murmure qui devint discussion qui se mua en brouhaha. La rhétorique du Luteni était incendiaire, dans d’autres circonstances elles auraient pu lui coûter sa tête, défier ainsi un Khashis était du suicide la plupart du temps, mais heureusement pour lui, ses états de services autrement impeccables donnaient du poids à son récit et le prestige de sa position étaient des armes qu’il utilisait pour la première fois. Rapidement, l’esclandre fut soumis par le martellement furieux de Vitruvir qui frappait du marteau contre une pierre pour ordonner le silence.
- Sur ce, honorable Khashis, je dois me rendre à Maël. Qu’il grinça des dents. Transmettez vos doléances à la Griffe, au lieu de me faire perdre mon temps.
Ce rappel, subtil, de la hiérarchie frappa assez durement Vitruvir dont la force sembla s’amenuir un instant, c’est comme si son plastron était soudainement plus grand. Et lui, plus maigre. Il hocha la tête, silencieusement avant de se redresser pour quitter ce théâtre dans lequel il réalisait qu’il venait de se faire ridiculiser. Tellement occupé à vouloir traîner les Serres Pourpres dans la boue qu’il n’avait pas vu venir le discours du Luteni qui avait retourné ses sbires contre lui. Une première, pour Tulkas, qui découvrait les joies de la politique qui lui avais été épargnée, jusqu’ici, par la Griffe.
Soupirant, l’homme quitta la chambre dans laquelle s’était réuni cette parodie de « cour martiale », et avança dans les couloirs du palais jusqu’à entendre le bruit de bottes ferrées lointain et la voix, craintive, d’un homme qui semblait parler à quelqu’un dont le statut le dépassait largement.
- Mon seigneur, comprenez bien que…
Tulkas s’arrêta, avant de ployer le genoux.
- Ma Griffe. Qu’il dit en baissant la tête. Vous n’aviez pas à vous déplacer pour ça.
- J’ai lu vos rapports, Luteni. Que coupait la voix du Khashis Vitruvir, un vieil homme dont l’âge ne semblait pas avoir terni la force. Des créatures auraient attaqué votre campement dans la nuit, vous êtes le seul survivant. Mais comment expliquez-vous les corps brûlés découverts par la troupe du Nylsark Hraken sur le lieu de votre campement ?
- De quoi m’accusez-vous au juste, Khashis ?
La tension était palpable, l’officier Reikois qui avait exigé que soit entendu le Luteni Tulkas après la bataille de Melorn avait été malin. Profitant d’un déplacement de la Griffe et maniant son influence dans les sphères militaires avec habileté pour traîner le banneret dans la boue et le placer sous l’autorité de sa cour martiale. Deydreus avais beau être une légende vivante, ses Serres Pourpres des héros aux yeux du peuple, mais dans l’armée il existait toujours des éléments traditionnalistes, qui n’avaient pas forcément vu d’un bon œil les réformes militaires nécessaires qu’avait entrepris le nouveau bras droit de l’Empereur. Aussi, ils étaient décidés à le faire payer en amputant la Griffe de ses hommes de confiance. Le Tovyr était intouchable, dans sa forteresse d’airain, les autres Serres Pourpres étaient toujours en déplacement avec la Griffe et donc, sous sa protection.
Seul Tulkas, qui par sa nature de banneret, était amené à opérer régulièrement loin de la protection de la Griffe. Certains y voyaient une forme de désapprobation de la part du commandant-en-chef de la Kyrielle, Tulkas y voyait lui plus une forme de confiance et un mentorat avisé. Façonné, au fur et à mesure de ses aventures, le Luteni en un instrument aussi efficace au combat qu’en politique.
- Comment expliquez-vous, Luteni, que vous ayez survécu ?
Vitruvir était un des représentants de la vieille école martiale du Reike, pour qui l’échec était synonyme de lâcheté et de couardise. Si Tulkas avait été l’homme qu’il prétendais être, puissant, droit et glorieux, il n’aurait pas échoué, pire encore, il ne serait jamais revenu vivant. Et pourtant, face à lui, se dressait la figure du Taïsenois, de l’ancienne coqueluche des arènes, l’esclave devenu homme de confiance de l’un des hommes les plus puissant de tout l’Empire.
- Vous m’accusez de lâcheté, Khashis ? Que demanda Tulkas en levant les mains pour s’appuyer sur la rambarde de l’estrade.
- Cinquante cavaliers, Luteni. Que répondit sèchement le Khashis. Cinquante cavaliers de la garnison de Maël, des vétérans de la guerre contre les titans, morts, jusqu’au dernier, sous votre commandement. Cinquante cavaliers, Luteni. Qu’il répéta. Cinquante. Qu’il appuya. Et pas un d’entre eux n’a survécu à votre mission. Seul vous, quelle force est capable de venir à bout d’une force pareille sans qu’elle ne soit repérée par nos autres patrouilleurs ? Pourquoi sont-ils morts, eux, et pourquoi êtes-vous en vie, vous ? Pourquoi n’avons-nous trouvé que leurs corps brûlés ?
Tulkas se redressa, blessé dans son orgueil et marqua un temps d’arrêt pour considérer sa situation. Il était vrai qu’il était persuadé que personne n’allait retrouver les corps de ceux qu’Elle avait massacré en corrompant sa magie. Fermant les yeux, il inspira longuement avant de répondre.
- Honorable Khashis. Qu’il commença. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation au Shoumeï ? Des créatures qui y rôdent ?
- J’ai lu les rapports, oui. Que répondit Vitruvir.
- Savez-vous ce qu’il s’y passe, quand on y meurt ? Que le Luteni demanda, grinçant des dents. Les corps se relèvent, animés par une nécromancie impie qui ferait vomir même le plus vil de nos thaumaturges. Ils ne sont pas réanimés par l’animus ou une quelconque magie, non, mais par une corruption manifeste. Si manifeste, qu’elle suinte par les pores de leurs peaux et par les plaies béantes qui les ont terrassés.
- Et donc ?
- Face à une défaite inévitable, j’ai canalisé ce qu’il me restait d’animus pour manifester les flammes de ma rage. Qu’il dit, baissant les yeux sur la paume qu’il venait d’ouvrir avant de ferme le poing. Et elle s’est manifestée en un grand torrent de flammes qui ont purifié les âmes de mes hommes, refusant la servitude de mes frères d’armes au Grand Ennemi.
Le Luteni tira lentement le gant qui recouvrait sa main bandée, dont il saisit le lin pour défaire le bandage qu’il enroulait autour de son autre main, révélant un quelconque cataplasme qui recouvrait les chairs brûlés de sa main, craquelée et noircie, semblable à celle d’un alligator tant elle était luisante. La chair guérirait, Tulkas avait subis de bien pires blessures dans sa vie, mais celle-ci avait une symbolique toute autre, qu’il se refusait d’effacer en canalisant son animus pour accélérer le processus.
- Nos mages de guerres me sont témoins, honorable Khashis, de la nature chaotique que prends l’animus depuis l’apparition de cette plaie suppurante à l’écorce de l’Arbre Monde. Et si vous, comme moi, en ressentons la perturbation alors que nous sommes terrés derrière les remparts d’Ikusa, je vous demande d’imaginer l’étendue de la corruption qui ravage la province du Shoumeï. Vous n’avez pas idée des dangers qui se terrent dans les plaines vitrifiées du sous-continent. Moi, si.
Ce que n’avait pas considéré Vitruvir, c’est que Tulkas avait été un excellent acteur durant sa carrière de gladiateur. Et un orateur capable de captiver des foules fortes de millier d’individus. Sa voix était puissante, sa posture impeccable, sa conviction se lisait sur son visage et il venait de faire de sa cour son estrade. Et le vent tourna.
- J’ai saigné pour l’empire, des entrailles de la désolation jusqu’à risquer ma vie pour protéger le cœur de Melorn. Je suis sur la ligne de front contre le Grand Ennemi depuis sa manifestation, comme le fait la Griffe et comme le fait le Tovyr du Courroux, comme le font les dévoreurs et les serres pourpres ! Tandis que d’autres se terrent derrière leurs murailles en espérant qu’elles ne soient pas balayées par la tempête qui viens... Nous... Nous saignons !
Un murmure s’éleva, les faits d’armes des Serres Pourpres et des Dévoreurs restaient des arguments de poids et Tulkas, en tant que banneret de la Griffe, rappelait à ces hommes cachés derrière les murailles d’Ikusa que c’était la bannière de Sable et de Gueule qui menait la charge contre les impurs et les enfants des titans. Murmure qui devint discussion qui se mua en brouhaha. La rhétorique du Luteni était incendiaire, dans d’autres circonstances elles auraient pu lui coûter sa tête, défier ainsi un Khashis était du suicide la plupart du temps, mais heureusement pour lui, ses états de services autrement impeccables donnaient du poids à son récit et le prestige de sa position étaient des armes qu’il utilisait pour la première fois. Rapidement, l’esclandre fut soumis par le martellement furieux de Vitruvir qui frappait du marteau contre une pierre pour ordonner le silence.
- Sur ce, honorable Khashis, je dois me rendre à Maël. Qu’il grinça des dents. Transmettez vos doléances à la Griffe, au lieu de me faire perdre mon temps.
Ce rappel, subtil, de la hiérarchie frappa assez durement Vitruvir dont la force sembla s’amenuir un instant, c’est comme si son plastron était soudainement plus grand. Et lui, plus maigre. Il hocha la tête, silencieusement avant de se redresser pour quitter ce théâtre dans lequel il réalisait qu’il venait de se faire ridiculiser. Tellement occupé à vouloir traîner les Serres Pourpres dans la boue qu’il n’avait pas vu venir le discours du Luteni qui avait retourné ses sbires contre lui. Une première, pour Tulkas, qui découvrait les joies de la politique qui lui avais été épargnée, jusqu’ici, par la Griffe.
Soupirant, l’homme quitta la chambre dans laquelle s’était réuni cette parodie de « cour martiale », et avança dans les couloirs du palais jusqu’à entendre le bruit de bottes ferrées lointain et la voix, craintive, d’un homme qui semblait parler à quelqu’un dont le statut le dépassait largement.
- Mon seigneur, comprenez bien que…
Tulkas s’arrêta, avant de ployer le genoux.
- Ma Griffe. Qu’il dit en baissant la tête. Vous n’aviez pas à vous déplacer pour ça.
- Ud rea, ud sura rea -
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
Messages : 596
crédits : 1489
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Empereur-dragon du Reike
Tensai Ryssen
Messages : 214
crédits : 2742
crédits : 2742
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique neutre
Rang: S
Parfois, le palais royal était calme. Mais il n’était pas rare non plus qu’il soit une fourmilière, et aujourd’hui, la demeure impériale était effectivement en pleine effervescence. Il fallait dire que le Kharsis Vitruvir avait tout fait dans les règles de l’art. Convoquant un Luteni qui était hiérarchiquement en-dessous de lui, profitant de l’absence de la Griffe qui était en voyage, il avait absolument toutes les cartes en main pour avoir l’avantage lors de cette passe d’arme. Certes, cette dernière était davantage administrative et juridique, mais elle pouvait être désastreuse pour l’honneur et la réputation d’un homme. Et le vieil militaire savait par ailleurs que, si Tensai s’immisçait dans cette affaire, la Couronne sortirait de cette neutralité qu’elle devait avoir envers tout et tous. Pas de favoritisme dans l’armée. Sinon, l’affaire deviendrait un scandale. On s’assurerait, tout du moins, à ce que la noblesse en parle et à ce que les vétérans militaires manifestent leur mécontentement au couple royal. Il valait mieux laisser le général de l’armée prendre la main, quand il rentrerait. C’était pitoyablement ce que tentait de faire comprendre à l’Empereur un conseiller royal, et il n’avait eu droit qu’un grognement de mauvais augure en réponse.
- En d’autres termes, je dois faire comme si cet entretien ne me concernait pas.
- Précisément, sire.
- Alors que cet homme a porté nos valeurs à Melorn, lutté contre un de nos ennemis ?
- Eh bien…
- Dois-je rappeler encore qu’il a assisté mon épouse lorsqu’elle était de sortie dans l’Empire ?
- C’est que…
- Est-il également nécessaire de souligner qu’il a fait partie des volontaires pour chercher un remède à la Peste Obscure et qu’il était présent à l’expédition de Vent d’Acier ?
- Certes mais…
- Qu’ils ont affronté un Archonte – un Archonte, Luka – et qu’ils en sont revenus victorieux pendant que d’autres buvaient leurs verres bien en sécurité à la capitale ?
- Vous dites vrai, Majesté, cependant…
- Alors pourquoi nous faites-vous perdre votre temps avec des futilités ?
Le ton de l’Empereur est cette fois nettement irrité, et le noble prend une profonde respiration avant de continuer ce bras de fer avec le Tueur de Titans.
- Votre Altesse, si je puis me permettre, cela n’efface pas le fait qu’il y a eu des morts...
- Un fait inévitable durant une guerre contre les Titans et la corruption de l’Arbre-Monde.
- Cela n’efface pas non plus le fait que les familles sont endeuillées...
- Elles obtiendront des rentes de l’état pour compenser la perte de leur mari ou de leurs enfants.
- … Et qu’elles réclament justice...
- Qu’elles dirigent leur rage vers les responsable de cette dégénérescence ! rugit le Drakyn alors que, pour la première fois, le conseiller royal se fait subitement bien plus petit sous l’ire de son souverain. N'avons-nous pas d'autres guerres à mener plutôt que de traîner le banneret de mon général dans la boue ? Sa voix sifflante trahit la colère et l’impatience qui flamboient désormais dans les yeux du Conquérant.
Ils sont désormais sur une pente glissante. Le dénommé Luka sent peut-être que, à défaut du Kharsis Vitruvir, c’est peut-être sa tête qui pourrait être collée sur le bout d’une pique.
- C’est justement pour que l’armée puisse avancer et passer à autre chose que cette cour martiale a été levée au plus vite...
- Foutaises, grommelle l’Empereur, et c’est sur ses mots qu’il descend de son trône pour descendre de l’estrade et se diriger en dehors de la salle d’audience. J’ai assez perdu mon temps avec toi.
Le conseiller pâlit, soupire peut-être de soulagement quand l’homme-dragon le dépasse, puis, il se rappelle brusquement son devoir et se retourne pour suivre à toute vitesse le monarque.
- Sire, sire, où allez-vous ?...
- Stopper cette mascarade.
- Vous ne pouvez pas !!
Le cri, aussi spontané que sincère, s’échappe, et l’érudit est à deux doigts de rentrer dans l’Empereur quand celui-ci s’arrête.
- Je ne peux pas… ?
La voix du principal concerné devient encore plus sombre qu’à l’accoutumée tandis qu’il se retourne et plante un regard sur le malheureux fonctionnaire.
- Ose donc me répéter ça ?
Les mots s’étranglent un instant dans la bouche de l’infortuné, alors qu’il a l’impression que l’air ambiant autour de lui se réchauffe de manière anormale. L’espace d’un instant, il croit même que les yeux de Tensai flamboient d’une lueur dorée, et qu’il va être brûlé sur place. Seuls les Astres savent comment il réussit encore à dire quelque chose ensuite.
- Si vous intervenez, vous ou la Griffe, gémit-il, on croira que vous prenez parti.
- A raison. Qui commande l’armée, ici ?
Le pauvre bougre n’a pas le temps de répondre qu’un autre protagoniste aux habits distingués entre en scène.
- Votre Altesse.
Luka se rend compte qu’il tremble légèrement alors qu’un de ses collègues pose les yeux sur lui pour aussitôt revenir sur le monarque en armure.
- La cour martiale va bientôt être finie.
Un grognement.
- Tu m’as trop ralentí, Luka.
Heureusement, pense le quadragénaire.
- En revanche, sire, et la voix de Zéphyr est étrangement guillerette, non seulement j’ai ouï-dire que Tulkas se défend très bien, mais vous serez également ravi d’apprendre que la Griffe est aux portes du château.
Ah.
Enfin une bonne nouvelle.
Le regard de Tensai est étonnamment satisfait pendant que celui de Luka est sincèrement interloqué.
- Conduis-moi jusque-là. Un bref hochement de tête de la part de l’Oreille, pendant qu’il ignore superbement le geste de dénégation de son collègue, qui le supplie silencieusement de ne pas le conduire leur chef de guerre jusque-là. Le maître-espion fait semblant de ne pas le voir, et c’est presque en trainant la patte que Luka suit les deux guerriers. Zéphyr résume pendant ce temps succinctement ce qu’il s’est passé.
- Tu as l’air étonnamment de bonne humeur.
- De ce que j’ai entendu, la répartie de Tulkas était terrible et allait clore le débat, déclara tranquillement l’assassin. Mais outre cela, je n’aime pas les imbéciles et il risque d’y en avoir un de moins dans nos pattes d’ici la fin de la journée. Un haussement des épaules. Ca ne peut que me mettre de bonne humeur.
Soit il deviendrait totalement inoffensif suite à une punition de la Griffe elle-même, soit il allait en prendrait pour son grade, et cela convenait aussi bien au ministre qu’à l’Empereur en réalité. Ce qui est sûr, c’est qu’entretemps, Deydreus a déjà rejoint Tulkas, et même, il est déjà entré dans la salle où s’est tenue la cour martiale. Tensai fait signe aux deux fonctionnaires de ne faire aucun bruit, pour ne pas interrompre l’échange des deux guerriers. Son regard, auparavant colérique, est redevenu imperturbable, tel un juge qui doit trancher des gamineries, alors que la Griffe aussi bien que Tulkas et lui-même ont d’autres choses à faire.
Et la sentence tombe.
Un holmgang est impossible à refuser, encore plus par des vétérans de guerre. Mais Deydreus a ceci de particulier qu’il est une légende vivante, et ce depuis qu’il a su tenir tête à l’Empereur tête en personne lors d’un duel qui lui a valu sa promotion. Depuis, presque deux ans sont passés, et le vampire a su s’améliorer. De part ses nombreux entrainements, de part ses nombreux combats sur le terrain, de par sa transformation vampirique, aussi. Le Kharsis sait qu’il va affronter plus fort que soi, sa tête montre d’ailleurs qu’il ne s’est pas attendu à une telle évolution des choses, et son expression trahit à quel point il est désarçonné. Son regard passe fixe un instant sur le général des armées, puis son regard pâlit encore plus quand il remarque la nouvelle présence de Tensai, alors que, autour d’eux, la cour a fait un salut reikois de façon presque unanime face à l’entrée du souverain.
- Ta réponse, Kharsis.
L’officier sait qu’Il n’a pas le choix, et de toute façon, l’homme a trop d’honneur pour plier l’échine. Refuser reviendrait de toute façon à admettre qu’il est coupable… Et il y a trop d’envie en son cœur pour qu’il puissese repentir de son archanement contre les Serres.
- J’accepte le holmgang.
Un bref hochement de tête de la part de Tensai, alors qu’il reprend la parole d’une voix forte, qui ne souffre d’aucune contestation possible, et ce de qui ce soit.
- L’affrontement aura lieu à la tombée de la nuit, comme le veut la tradition de nos terres. Le duel ne terminera à la mort d’un des deux combattants. Une très légère pause, pendant laquelle l’homme-dragon désigne d’une fenêtre le soleil couchant. Le combat aura lieu dans moins d’une heure. Qu’on prépare l’arène où je m’entraine avec mes gardes royaux !
D’habitude, il ne tolèrerait pas qu’il y ait un public entre les deux adversaires. Cependant, il faut que la défaite soit vue de tous pour que des rumeurs de triche ou de parti pris ne se propage pas de nouveau au palais dès le lendemain. Les calomniateurs traiteront naturellement de Deydreus de barbares là où les soldats las de ces guerres intestines célèbreront le fait qu’un officier devenu pourri-gâté ait quitté ce monde.
- J’assisterai moi-même au holmgang. Tout comme la Lune sera le témoin de ce duel, je verrai moi-même le résultat de ce combat à mort.
Tensai n’attend ni la désapprobation ni l’accord des deux concernés.
- Vous choisirez vous-mêmes vos armes et vos protections. Kharsis, je mets à votre disposition l’armurerie royale, si vous n’avez pas ce qu’il vous faut sous la main. La même chose vaut pour la Griffe. Même si les deux guerriers savaient que ce n’était pas nécessaire. Luteni, tu peux accompagner ton général jusqu’au début du holmgang. Soyez prêt quand la nuit tombera sur Ikusa.
A l’entrée, Luka, qui a assisté à la scène, constate que son collègue aux yeux dorés, visiblement satisfait, se détourne et reprend la route vers un couloir du palais.
- Vous ne restez pas ?
- Pas besoin.
Un murmure presque indifférent.
- Nous savons tous les quatre qui va mourir ce soir.
- En d’autres termes, je dois faire comme si cet entretien ne me concernait pas.
- Précisément, sire.
- Alors que cet homme a porté nos valeurs à Melorn, lutté contre un de nos ennemis ?
- Eh bien…
- Dois-je rappeler encore qu’il a assisté mon épouse lorsqu’elle était de sortie dans l’Empire ?
- C’est que…
- Est-il également nécessaire de souligner qu’il a fait partie des volontaires pour chercher un remède à la Peste Obscure et qu’il était présent à l’expédition de Vent d’Acier ?
- Certes mais…
- Qu’ils ont affronté un Archonte – un Archonte, Luka – et qu’ils en sont revenus victorieux pendant que d’autres buvaient leurs verres bien en sécurité à la capitale ?
- Vous dites vrai, Majesté, cependant…
- Alors pourquoi nous faites-vous perdre votre temps avec des futilités ?
Le ton de l’Empereur est cette fois nettement irrité, et le noble prend une profonde respiration avant de continuer ce bras de fer avec le Tueur de Titans.
- Votre Altesse, si je puis me permettre, cela n’efface pas le fait qu’il y a eu des morts...
- Un fait inévitable durant une guerre contre les Titans et la corruption de l’Arbre-Monde.
- Cela n’efface pas non plus le fait que les familles sont endeuillées...
- Elles obtiendront des rentes de l’état pour compenser la perte de leur mari ou de leurs enfants.
- … Et qu’elles réclament justice...
- Qu’elles dirigent leur rage vers les responsable de cette dégénérescence ! rugit le Drakyn alors que, pour la première fois, le conseiller royal se fait subitement bien plus petit sous l’ire de son souverain. N'avons-nous pas d'autres guerres à mener plutôt que de traîner le banneret de mon général dans la boue ? Sa voix sifflante trahit la colère et l’impatience qui flamboient désormais dans les yeux du Conquérant.
Ils sont désormais sur une pente glissante. Le dénommé Luka sent peut-être que, à défaut du Kharsis Vitruvir, c’est peut-être sa tête qui pourrait être collée sur le bout d’une pique.
- C’est justement pour que l’armée puisse avancer et passer à autre chose que cette cour martiale a été levée au plus vite...
- Foutaises, grommelle l’Empereur, et c’est sur ses mots qu’il descend de son trône pour descendre de l’estrade et se diriger en dehors de la salle d’audience. J’ai assez perdu mon temps avec toi.
Le conseiller pâlit, soupire peut-être de soulagement quand l’homme-dragon le dépasse, puis, il se rappelle brusquement son devoir et se retourne pour suivre à toute vitesse le monarque.
- Sire, sire, où allez-vous ?...
- Stopper cette mascarade.
- Vous ne pouvez pas !!
Le cri, aussi spontané que sincère, s’échappe, et l’érudit est à deux doigts de rentrer dans l’Empereur quand celui-ci s’arrête.
- Je ne peux pas… ?
La voix du principal concerné devient encore plus sombre qu’à l’accoutumée tandis qu’il se retourne et plante un regard sur le malheureux fonctionnaire.
- Ose donc me répéter ça ?
Les mots s’étranglent un instant dans la bouche de l’infortuné, alors qu’il a l’impression que l’air ambiant autour de lui se réchauffe de manière anormale. L’espace d’un instant, il croit même que les yeux de Tensai flamboient d’une lueur dorée, et qu’il va être brûlé sur place. Seuls les Astres savent comment il réussit encore à dire quelque chose ensuite.
- Si vous intervenez, vous ou la Griffe, gémit-il, on croira que vous prenez parti.
- A raison. Qui commande l’armée, ici ?
Le pauvre bougre n’a pas le temps de répondre qu’un autre protagoniste aux habits distingués entre en scène.
- Votre Altesse.
Luka se rend compte qu’il tremble légèrement alors qu’un de ses collègues pose les yeux sur lui pour aussitôt revenir sur le monarque en armure.
- La cour martiale va bientôt être finie.
Un grognement.
- Tu m’as trop ralentí, Luka.
Heureusement, pense le quadragénaire.
- En revanche, sire, et la voix de Zéphyr est étrangement guillerette, non seulement j’ai ouï-dire que Tulkas se défend très bien, mais vous serez également ravi d’apprendre que la Griffe est aux portes du château.
Ah.
Enfin une bonne nouvelle.
Le regard de Tensai est étonnamment satisfait pendant que celui de Luka est sincèrement interloqué.
- Conduis-moi jusque-là. Un bref hochement de tête de la part de l’Oreille, pendant qu’il ignore superbement le geste de dénégation de son collègue, qui le supplie silencieusement de ne pas le conduire leur chef de guerre jusque-là. Le maître-espion fait semblant de ne pas le voir, et c’est presque en trainant la patte que Luka suit les deux guerriers. Zéphyr résume pendant ce temps succinctement ce qu’il s’est passé.
- Tu as l’air étonnamment de bonne humeur.
- De ce que j’ai entendu, la répartie de Tulkas était terrible et allait clore le débat, déclara tranquillement l’assassin. Mais outre cela, je n’aime pas les imbéciles et il risque d’y en avoir un de moins dans nos pattes d’ici la fin de la journée. Un haussement des épaules. Ca ne peut que me mettre de bonne humeur.
Soit il deviendrait totalement inoffensif suite à une punition de la Griffe elle-même, soit il allait en prendrait pour son grade, et cela convenait aussi bien au ministre qu’à l’Empereur en réalité. Ce qui est sûr, c’est qu’entretemps, Deydreus a déjà rejoint Tulkas, et même, il est déjà entré dans la salle où s’est tenue la cour martiale. Tensai fait signe aux deux fonctionnaires de ne faire aucun bruit, pour ne pas interrompre l’échange des deux guerriers. Son regard, auparavant colérique, est redevenu imperturbable, tel un juge qui doit trancher des gamineries, alors que la Griffe aussi bien que Tulkas et lui-même ont d’autres choses à faire.
Et la sentence tombe.
Un holmgang est impossible à refuser, encore plus par des vétérans de guerre. Mais Deydreus a ceci de particulier qu’il est une légende vivante, et ce depuis qu’il a su tenir tête à l’Empereur tête en personne lors d’un duel qui lui a valu sa promotion. Depuis, presque deux ans sont passés, et le vampire a su s’améliorer. De part ses nombreux entrainements, de part ses nombreux combats sur le terrain, de par sa transformation vampirique, aussi. Le Kharsis sait qu’il va affronter plus fort que soi, sa tête montre d’ailleurs qu’il ne s’est pas attendu à une telle évolution des choses, et son expression trahit à quel point il est désarçonné. Son regard passe fixe un instant sur le général des armées, puis son regard pâlit encore plus quand il remarque la nouvelle présence de Tensai, alors que, autour d’eux, la cour a fait un salut reikois de façon presque unanime face à l’entrée du souverain.
- Ta réponse, Kharsis.
L’officier sait qu’Il n’a pas le choix, et de toute façon, l’homme a trop d’honneur pour plier l’échine. Refuser reviendrait de toute façon à admettre qu’il est coupable… Et il y a trop d’envie en son cœur pour qu’il puissese repentir de son archanement contre les Serres.
- J’accepte le holmgang.
Un bref hochement de tête de la part de Tensai, alors qu’il reprend la parole d’une voix forte, qui ne souffre d’aucune contestation possible, et ce de qui ce soit.
- L’affrontement aura lieu à la tombée de la nuit, comme le veut la tradition de nos terres. Le duel ne terminera à la mort d’un des deux combattants. Une très légère pause, pendant laquelle l’homme-dragon désigne d’une fenêtre le soleil couchant. Le combat aura lieu dans moins d’une heure. Qu’on prépare l’arène où je m’entraine avec mes gardes royaux !
D’habitude, il ne tolèrerait pas qu’il y ait un public entre les deux adversaires. Cependant, il faut que la défaite soit vue de tous pour que des rumeurs de triche ou de parti pris ne se propage pas de nouveau au palais dès le lendemain. Les calomniateurs traiteront naturellement de Deydreus de barbares là où les soldats las de ces guerres intestines célèbreront le fait qu’un officier devenu pourri-gâté ait quitté ce monde.
- J’assisterai moi-même au holmgang. Tout comme la Lune sera le témoin de ce duel, je verrai moi-même le résultat de ce combat à mort.
Tensai n’attend ni la désapprobation ni l’accord des deux concernés.
- Vous choisirez vous-mêmes vos armes et vos protections. Kharsis, je mets à votre disposition l’armurerie royale, si vous n’avez pas ce qu’il vous faut sous la main. La même chose vaut pour la Griffe. Même si les deux guerriers savaient que ce n’était pas nécessaire. Luteni, tu peux accompagner ton général jusqu’au début du holmgang. Soyez prêt quand la nuit tombera sur Ikusa.
A l’entrée, Luka, qui a assisté à la scène, constate que son collègue aux yeux dorés, visiblement satisfait, se détourne et reprend la route vers un couloir du palais.
- Vous ne restez pas ?
- Pas besoin.
Un murmure presque indifférent.
- Nous savons tous les quatre qui va mourir ce soir.
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