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  • Dim 6 Oct - 5:05
    La carcasse pourrie de Sublime se traîne jusqu'à la cage de Mégère et lorsque la tentatrice s'étant emparé du corps de l'un des Gardiens l'invective, l'homme-chèvre n'accorde d'abord à sa camarade manipulatrice qu'un regard empli de perverse gloutonnerie puis c'est tout en pouffant dans sa barbe qu'il s'applique à faire glisser sa paume ensanglantée contre le plat de sa lame salie de viscères.

    Les tripailles rendues, mélangées à la bouillie de cervelle d'infidèle, réagissent immédiatement au passage des griffes de l'hybride et dans un crissement de chair fondue comme malmenée, la viande morte qui macule l'épée est prise d'une seconde vie. Nappée d'une purée nauséabonde et grouillante, l'arme abjecte est arborée avec fierté et c'est tout en l'observant d'une façon bien trop enthousiaste. L'écume caustique aux lèvres, les yeux animés par la folie la plus totale, Sublime soutient les yeux d'emprunt de Phèdre puis rétorque d'une voix gutturale :

    "Alors dépêche toi de fuir cette carcasse païenne, si tu ne souhaites pas voir la mort en face."

    Le drastique changement d'expression chez le possédé enfin libéré des griffes de l'Ange est un signal suffisant pour indiquer au bourreau qu'il est grand temps de faire son office. L'homme étourdi se voit brusquement cueilli par la gorge avant même d'avoir eu le temps de recouvrer entièrement ses esprits, ce pour être ensuite violemment empalé contre l'épée démesurée du Paladin. Dans une gerbe sanguinolente, le malheureux tente de hurler de souffrance mais voit cette tentative être étouffée par le flot pourpre qui brûle sa gorge et l'empêche d'émettre le moindre son cohérent. D'une sauvage poussée, Sublime force davantage sur sa prise; ce avec une force si implacable que sa proie finit par quitter le sol pour se retrouver pendue comme un misérable morceau de victuaille. Les crachats sanglants se mêlent à la bile et dans un ultime râle, le Gardien voit sa mort indigne se confirmer tandis que son ignoble assassin le mire en toute hilarité.

    "Un de plus... Un corps défait de toute noblesse pour le charnier. Que nulle prière ne mène ton âme ailleurs qu'aux selles de notre Maître. Que ton âme se putréfie au gré de..."

    La diatribe démente est coupée net lorsque l'un des combattants empoisonnés, furieux de voir l'un des siens être ainsi humilié par delà le trépas, décide subitement de se ruer sur l'hybride dans une tentative aussi courageuse que déraisonnable d'occire ce dernier. C'est une épée fine et forgée d'une main indéniablement experte qui s'abat contre le cou de Sublime, contournant une première épaisseur de tissu épais ainsi qu'une épaulière mal ajustée pour venir s'enterrer dans un amas de poils aux teintes curieusement variées. Le protecteur du Berceau voit bien malgré sa rage que le coup fait mouche mais qu'aucune goutte de sang viciée ne s'écoule alors il réitère avec tout autant de fougue et de bellicisme :

    "Meurs, abomination !"

    Les mugissements de celui qui s'efforce d'abattre l'indestructible ne rencontrent que des rires aussi glauques que provocateurs. La carapace velue n'est même pas percée par ces assauts trop faiblards et c'est donc avec une arrogante lenteur que Sublime vient doucement se délester de la dépouille fraîche qui orne son épée en la repoussant sans le moindre ménagement. Désormais libre de frapper en retour, le chevalier maudit laisse ses  ricanements s'interrompre dans une grasse quinte de toux puis, tout en crachant à terre un glaviot fort coloré, il se réoriente avec lourdeur pour faire face à l'opposant.

    "Approche, vois comme l'incroyance te rend faible."

    Sublime n'est pas un bon épéiste. Lent, désordonné et chaotique dans son approche du combat, il n'a pas l'expertise d'un duelliste impérial. C'est pourtant de trois dizaines de dents reikoises que l'un de ses colliers favoris est orné mais ses réussites ne proviennent certainement pas de prouesses purement martiales. Il est un adepte d'une stratégie toute autre, un mode de bataille basé sur d'autres armes que les réflexes et l'habilité. Le Paladin de Puantrus est passé maître dans l'art d'infliger la terreur et de marquer ses proies, insinuant en elles une peur si viscérale qu'aucun remède ne parvient à les en défaire. Inéluctable, froid comme la mort, on le dit trop horrible pour s'éteindre.

    Il tente une frappe latérale et c'est avec un sourire carnassier que l'ennemi s'empare de cette occasion pour feinter, passer sous l'épée géante et la contourner afin de poignarder le visage exposé de l'hybride. Une attaque portée à la tête aussi frontalement, c'est une garantie de réussite. Ses frères seront vengés, se dit il. Leurs esprits quitteront ce plan avec la certitude d'avoir connu réparation. C'est ce qu'il croit l'espace d'un fugace instant, juste avant de constater que sa lame perfore la joue du guerrier cornu seulement pour se verrouiller sèchement en place quand l'homme-chèvre décide de refermer ses mâchoires sur l'acier avec une force impossible.

    Il doit y avoir une solution. Changer de prise, par exemple; voir abandonner cette épée-ci pour empoigner sa dague et ainsi marteler de coups cinglants cette créature diabolique. Le gardien du Berceau lâche le manche de son arme aussi vite que son corps le lui permet mais la crainte et l'hésitation ont raison de sa bonne volonté et de sa bravoure. Il porte son bras en direction du fourreau de son arme et ne parvient pas à l'attraper. Il effectue un second mouvement dans le sens opposé et ne trouve toujours pas sa dague. La t-il perdu ? Baissant les yeux en direction de l'objet qu'il recherche, il réalise que ce n'est pas la dague qui manque; mais sa main droite.

    Lorsqu'il lève les yeux d'un air profondément surpris en direction du Paladin, il a l'impression de ne plus rien entendre. Seule subsiste la trogne décharnée de cette créature chimérique et affreuse ainsi que son couperet dressé. Le Gardien garde les yeux ouverts jusqu'au bout, trop choqué et surpris par cette mort dénuée de sens; ce pour finir tranché en deux comme on brise un bâton.

    Résumé:
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    Launegisiles l'Implacable
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  • Dim 6 Oct - 10:27
    L’air siffle au passage de sa lame avant que l’acier ne chante contre le phantacier. Les deux gardiens se battent avec une détermination lugubre, tentant de se protéger mutuellement des assauts du séide de Malazach. Les invectives des fils du Berceau, lancées avec autant de haine que de hargne, rebondissent contre l’armure d’indifférence portée par l’homme dont la livrée est celle du sang des martyrs. Païen, qu’ils le nomment, alors qu’eux idolâtrent les icones célestes plantées dans l’aether par les forgerons de ce monde. Hérétique, qu’ils osent le qualifier, lui qui est le plus orthodoxe des fidèles de X’o-rath. Traître, qu’ils hurlent, alors que lui n’a toujours été que fidélité, d’abord à sa famille, puis à la volonté du Père de la Mort. Lui, qui a toujours été le gardien loyal de ceux dont les Reikois pilleraient les tombes si son ordre ne s’était pas préparé à l’éventualité de sa propre mort.

    Leurs passes d’armes sont violentes et vives. Les hérétiques, poussés par un fanatisme qui frôlait la folie se battaient en ignorant la douleur et la peur. Même le gardien du berceau auquel il avait presque sectionné le bras se battait sans s’inquiéter un instant du moignon rougeâtre qui pendouillait là, tenu en place par quelques fibres musculaires que l’Étoile n’avait pas su sectionner. Ils font honneur à la fureur de la bête héraldique de l’Empire, se battant avec la hargne d’un dragon qui défends sa couvée.

    Mais ce n’est pas assez.

    Launegisiles lègue du terrain à ses ennemis, un pas en arrière, une rotation de hanche en plus, la grande épée en tierce passe en quarte dans ces mouvements. Il est économe, maître de la situation. Pas de fioriture dans ses gestes, pas de grandes envolées violentes. Non, il attends simplement que l’un d’entre eux… Là !

    Un bras trop levé, un adversaire qui s’engage à outrance dans son attaque. Mettant toute sa force dans le coup, comme si l’acier de son arme pouvait fendre l’Étoile et passer à travers l’épaisse carapace d’Acier du dernier Chevalier de la Rose Noire. Le temps se ralentis, deviens épais comme de la Mélasse et c’est sa chair, rouge et vive, qui prends les devants. Il sent ses épaules rouler, les muscles de son ventre se tendre et le dos se pencher en avant. Là, sous l’aisselle.

    Le coup est rapide, la contre-attaque est fatale. Dans un mouvement vif, l’air siffle, crie puis un bruit sourd résonne par deux fois. Une pluie de larmes rouges jaillit du torse sectionné, l’air des poumons s’échappe comme un ballon qui se dégonfle et par terre, il peut voir la bouche du gardien bouger encore. L’étoile l’a sectionné, de l’aisselle droite jusqu’à la clavicule gauche. Pendant un instant, Launegisiles pense voir de la confusion sur le visage de son adversaire avant que ce dernier n’arrête de bouger, une mort brutale. Certes, mais qui –

    Un frisson remonte dans sa nuque, il se tourne en levant le canon d’avant-bras de son armure pour frapper avec force dans son dos. Brisant contre l’acier de sa protection trois lames de vent qui fendent l’acier rouge de ses brassards d’acier. Une douleur vive prends son avant-bras, son visage se crispe contre sa propre volonté. Sa condition de mortel lui revient douloureusement à la gueule, comme un coup de poing qui balaie les sens et ne nous laisse qu’avec un mal de crâne et ce putain de sifflement dans les oreilles. Il baisse les yeux sur sa paume, l’ouvre, puis la ferme à deux reprises. Il saigne, c’est certain, mais au moins la lacération n’a pas trop entaillé ses chairs. Il reste silencieux un instant, qui ne dure en vérité qu’un battement de cœur et alors qu’il fait volte-face pour affronter son dernier adversaire, le chevalier glisse un œil à Qultarn qui fait honneur à ses dieux.

    Il relève la main blessée sur la fusée de sa grande épée, prêt à faire face au gardien mutilé qui, maintenant pris par la fièvre, rattrapé par le choc de sa blessure. S’élance en avant pour se battre une dernière fois, pour être tué avec honneur. Un honneur qui ne lui est pas refusé par le Chevalier, qui balaie son épée de la sienne, couvre la distance et viens le frapper au visage avec le pommeau de l’étoile. Il recule d’un pas, pour retrouver un peu d’amplitude de mouvement, puis, ramenant son épée du côté gauche de sa hanche pour la reposer contre son épaule dans un grand coup, il ne lui sectionne la gorge et l’échine. Le phantacier siffle dans l’air et le gardien lâche son épée, tombe lourdement sur ses genoux. Il porte sa paume à sa gorge, sa peau devenue pâle. « Mon âme… » que semblent articuler ses lèvres avant qu’il ne lance un dernier regard haineux à son meurtrier. Et qu’il ne tombe face contre le sable.

    Inspirant sous son heaume, Launegisiles passe son gant de cuir et sa paume sur le fil de son épée pour la nettoyer du sang des infidèles avant de la rengainer dans le fourreau démesuré qui pends à sa ceinture.

    Et sans un mot, il darde un regard vers Sublime, le séide baphométien de Puantrus, la mortelle à l’âme d’un ange et puis à Qultarn, qui est venu à bout seul de son adversaire. Finalement, il se redresse et sous les ordres de la Valkyrie, il contourne la figure de son frère dans la foi, à qui il accorde une caresse de sa paume contre la fourrure de son épaule, éparse et matte, avant d’avancer vers le coffre à l’arrière. Grimpant dans le chariot, pour venir saisir le coffre de ses mains. Une sensation atroce le prend alors, celle d’être drainé de son énergie. De l’adamantine, il retrousse un peu les narines sous son heaume, signe de mécontentement avant de rejoindre la Valkyrie, l’Ange mortelle et Sublime, alors que Qultarn se rapproche d’eux. Il pose le coffre dans le sable et se contente alors de dire :

    - Les clés.

    En ouvrant la paume pour qu’on les lui donnes.


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    PA - Le Convoi du Berceau - Page 2 Launegisiles-signa
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  • Dim 6 Oct - 10:43
     
    Le convoi du Berceau
    Feat. L'équipe de sauvetage

    « Endors-toi, Gardien, jusqu’à ce que les astres
    aient passé la barrière du couchant
    Alors je me tiendrai devant toi, souriant de toute mes dents.
    D’autres étoiles se lèveront dans l’axe céleste,
    Celles qui bénissent et celles qui maudissent
    Avec leur lumière … pour témoin, je mettrai fin … à ton supplice »


    Le refrain résonnait toujours dans la cage, mais le dernier vers avait été prononcé avec plus de difficulté, signe que Mégère regagnait le contrôle sur sa propre psyché. Lentement, mais sûrement, la brume de son esprit se dissipait, certainement grâce à cette femme sympathique qui lui secouait gentiment l’épaule tout en lui parlant doucement. Sûrement des paroles sympathiques provenant de quelqu’un de confiance !

    « Endors-toi, Gardien, jusqu’à ce que les astres
    aient passé la barrière du couchant
    Alors je me tiendrai … devant toi, souriant de toute mes dents.
    D’autres étoiles … se lèveront dans l’axe céleste,
    Celles qui bénissent … et celles qui maudissent
    Avec leur lumière … pour témoin, je mettrai fin … à ton supplice »


    Une nouvelle sensation se fit sentir dans l’esprit de la vieille Fae : plusieurs émotions se succédaient, repoussant le voile brumeux imposé par la drogue.

    Il y avait … de la joie ! Comme la joie immense que l’acolyte de Zeï avait ressenti autrefois, à l’ombre d’un grand arbre corrompu … une exultation sans borne après avoir aidé à mettre au monde une sombre entité, le résultat d’une union impie !

    Il y avait également … de l’orgueil ! L’intime conviction qu’avait la vieille Fae de servir une cause véritablement juste … un sentiment de supériorité face aux infidèles, qu’ils soient aveugles à la vérité ou tout simplement idiots au point de s’y opposer !

    Le flot d’émotions continuait d’affluer, repoussant le brouillard qui régnait jusqu’alors dans l’esprit de Mégère, un peu comme une lumière au bout d’un tunnel sombre, une lumière qui se faisait de plus en plus virulente. Le corps de la vieille Fae fut prit de convulsions et de sueurs, sa respiration s’accélérant subitement à cause de ce sevrage mental accéléré.

    Puis, les convulsions se calmèrent, laissant à l’acolyte de Zeï l’opportunité de prononcer ses premières paroles depuis bien longtemps, d’une voix rauque, faible, comme si le processus pour retrouver la raison l’avait vidée de toutes ses forces :

    « Chaînes … libérez … »


    Résumé:

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  • Lun 7 Oct - 22:20
    PA - Le Convoi du Berceau
    Tour 4

    Le jugement de Qultarn est juste : la situation est sous le contrôle des divinistes. Peut-être que les choses auraient pu être différentes si les Gardiens les avaient repérés en premier ; peut-être que si les Reikois avaient été plus aux aguets aussi, ils ne seraient pas tombés dans les pièges de Sublime. Et alors, qui sait ? L’issue aurait pu se solder par leur défaite. Mais la perfidie du Paladin, l’influence de la fille d’Aurya, l’efficacité du Chevalier de la Rose noire, ainsi que les réflexes rapides du Drakyn leur ont permis d’avoir un ascendant certain sur le reste du convoi. De plus, la mort de Sylas reste un tournant inéluctable pour les fils du désert. Désormais, ils sont à peine plus que trois survivants ; leur chef n’est plus ; les rebelles ont les deux clés – et celles des menottes et celle du coffre. Quelles chances restent-ils aux géôliers du Berceau, à part, peut-être, attendre un miracle des Astres ? Leur maigre réconfort sera d’avoir accompli leur devoir jusqu’au bout, avec la certitude que la Couronne ne resterait pas insensible à cet affront. Mais cela parait bien mince quand on sent la mort venir, et le seul moyen de trouver un peu de courage dans cet océan de désespoir, c’est encore de combattre jusqu’au bout. C’est dans cet état d’esprit que l’adversaire de Qultarn a rendu l’âme, c’est avec cette même persévérance que les deux Gardiens affrontent Launegisiles. Ils essaient dès lors de se protéger tant bien que mal et d’assurer les arrières l’un de l’autre. Ils combattent avec fureur, il ne renoncent pas, ils ne veulent pas renoncer, même quand leur bras ne ressemble plus qu’à un moignon sanguinolent. Leurs attaques contrastent forcément avec l’attitude du fervent de X’Orath, calme, méthodique, économe,  et pourtant implacable dès lors qu’il trouve une faille dans la posture de ses assaillants.

    Et dès lors les Gardiens tombent.
    Ils étaient dix, ils ne sont plus que deux.
    Même quand les lames d’air volent vers le Chevalier de la Rose noire, ses instincts sont suffisants pour se protéger et rompre les créations élémentaires de Sylas. Elle se tordent face à la lame de phantacier, pour finalement être coupée en deux et venir s’écraser contre le sable du désert. En réponse, des nuages de poussière s’élèvent dans les airs, mais ils ne sont pas suffisants pour gêner les croyants, pas plus qu’elles ne permettront aux Reikois de s’échapper et de prendre la poudre d’escampette. Le héraut du Titan de la Mort est certes blessé et son sang coule, mais c’est une blessure relativement légère, de laquelle il ne restera pas de séquelles. Qultarn, à ce niveau-là, est le plus arrangé, mais il a au moins fait ses preuves, et en anéantissant le chef ennemi – autrefois un compatriote et un ami. Un exploit dont il pourra être fier, mais qui lui servira surtout à montrer tous sa détermination et son désir de suivre les préceptes des Divins.

    Un autre Gardien tombe encore sous l’Etoile de Launegisiles, mais c’est également Sublime qui continue son jeu macabre. D’abord grâce à la possession providentielle de Phèdre qui, obéissant aux suggestions de Valéria, agenouille le geôlier du Berceau devant l’hybride chèvre. Cela permet alors à celui-ci de dominer sa victime de toute sa hauteur. Fondamentalement, la Valkyrie n’est pas inquiète quant au sort de Phèdre si elle devait rejoindre violemment son corps, mais elle a déjà une infirme, elle ne veut pas en avoir deux. N'oublions même pas la colère possible des deux cardinaux à son retour. L’envoyée de l’Entité Sombre éprouve donc une certaine satisfaction à voir les deux croyants coopérer, d’autant que la sœur de Siame a pu ouvrir la porte de la cage, et c’est donc une étape importante pour la suite de leur plan. Ils auraient pu, aussi, détruire les barres en bois, mais autant essayer d’être le plus rapide possible avec les différents moyens à leur disposition. Phèdre rejoint donc Mégère pendant que Sublime s’amuse à passer de vie à trépas le Gardien devant lui, et de tous ceux qui ont péri aujourd’hui, c’est peut-être celui qui a la mort la plus ignominieuse possible. Fou est alors son confrère qui cherche à le venger et à s’en prendre au Paladin : il se ne rend pas compte que son entreprise est futile, pas même quand l’abomination se retourne d’un pas nonchalant vers le fils du désert. Au moins a-t-il le mérite d’essayer, de trouver une solution, mais ni son épée, ni ses dagues, ni ses diverses manœuvres ne changeront son triste sort. Il ne comprend pas comment il a perdu sa main droite, il comprend encore moins quand il est tranché en deux, car il est déjà mort.

    C’est un carnage, et les survivants vivent peut-être une insulte flagrante en étant ignorés par leurs assaillants. Car désormais, l’attention est tournée vers le coffre – dont Valeria donne la clé à Laune – et surtout, les divinistes s’intéressent encore plus à l’état de Mégère. Une première étincelle d’intérêt apparaît dans le regard de la fille d'Exia quand la Fae prononce avec plus de difficultés son refrain, et elle ne peut s’empêcher d'adresser quelques mots à Phèdre, dans un élan d’enthousiaste.

    - Continue, on arrive à quelque chose !

    Dans le même temps, la jeune femme se penche déjà vers les menottes et elle insère la clé sanguinolente obtenue par Qultarn. La clé tourne, on entend un déclic, et enfin, les fers tombent à terre. Mégère peut enfin retrouver pleinement la raison, peut encore plus poser les yeux sur ses congénères, à commencer par les deux filles qui l’observent de tout près.

    - Bienvenue parmi nous, ma sœur.

    Le sourire de Valéria est à la fois malsain, mais aussi étrangement chaleureux. Elle est ravie de la réussite de leurs missions, et en même temps elle se réjouit de la défaite totale de leurs ennemis. Plus encore, il y a quelque chose de profondément satisfaisant à récupérer l’une des leurs, et lui empoignant doucement le poignet pour l’aider à se lever, elle reprend :

    - Ton enfer est fini. L’Entité Sombre, les Titans nous ont envoyé nous ont envoyé te ramener chez toi. Vois le massacre que nous avons commis…

    Et Valéria s’effacera pour donner l’occasion à Mégère de voir de ses propres yeux le carnage commis par ses pairs. Il n’y a que des morts, seuls deux survivants, et ces deux-là seront parfaits pour que la vieille grand-mère puisse prendre part à leur vengeance.

    - Fais-leur sentir ta fureur, Mégère. C’est un juste retour des choses, n’est-ce pas ? Nous t’aiderons ensuite à les achever comme il se doit, puis nous partirons directement en direction du Shoumei.

    Pendant que l’aïeule retrouve totalement la raison, Valéria en profite pour ausculter les trois combattants, qui ont pris le plus part au combat. Elle semble conclure que le Paladin n’a rien et n’a guère besoin d’aide, par contre, son regard s’appesantit légèrement sur la main de Laune et plus encore sur le bras ballant de Qultarn.

    - Je vais vous donner les premiers soins. Sublime, pendant ce temps, arrange toi pour que l’Empire trouve un merveilleux spectacle en arrivant ici et quand Mégère en aura fini, achève les deux autres, ricane-t-elle.

    Il ne reste plus qu’à ce que Mégère récupère enfin la sphère que lui avait offerte pour que tout rentre dans l’ordre. Ensuite…

    - Il n’y a rien de plus à faire ici. Récupérez ce que vous voulez et allons-nous en. La jeune femme marque un temps d’arrêt en passant près de l’ancien Reikois. Tu nous as prouvé que tu voulais vraiment suivre la voie des Titans. Viens avec nous Qultarn. Un sourire un peu plus marqué. Tu fais vraiment partie des nôtres, à présent.


    Informations HRP:

    Objectifs:

    Fin du tour : jeudi 10 octobre à 23h.
    Epilogue :   vendredi 11 octobre à 22h.

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  • Mar 8 Oct - 9:25
     
    Le convoi du Berceau
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    C’était comme si Mégère se réveillait enfin d’un terrible cauchemar. Elle était libre de ses mouvements après avoir été maintenue enchaînée pendant de longs mois. L’ange qui lui parlait, les fidèles qui étaient venus la secourir, étaient les premiers alliés à se manifester depuis cette période de captivité insupportable, remplie d’interrogatoires et d’injures de la part de reikois infidèles. Un sourire de grand mère illumina le visage de la vieille Fae, qui s’élargit encore plus une fois que celle-ci récupérera son Orbe noir. Un cadeau divin, la preuve que ses maîtres lui accordaient une seconde chance !

    Un rire s’échappa de ses lèvres tuméfiées, d’abord léger, plus de plus en plus fort. Un rire mauvais, hystérique, à la limite du fanatique. L’acolyte de Zeï était … LIBRE ! Riant à gorge déployée, son regard se porta sur les deux Gardiens survivants, ce qui provoqua chez l’ancienne un nouvel accès d’hilarité. Le moment de la vengeance était venu, et Mégère allait le savourer !

    « Vous auriez dû prêter plus attention à mes paroles, Gardiens, car je me tiens à présent devant vous ! Et le supplice ne fait que commencer ! »


    Pour la première fois depuis un nombre incalculable de jours, la vieille Fae libéra son mana, de manière tellement violente que l’air autour autour de l’acolyte de Zeï se mit à tournoyer. Utilisant ses pouvoirs à son plein potentiel, l’ancienne jubilait, ses rires ressemblant maintenant à des hurlements hystériques, adoptant une pose en T, bras étendus le long du corps, paumes tournées vers le ciel.  

    Quant au deux gardiens, ceux-ci n’étaient pas au bout de leurs peine … leurs esprits venaient d’être sondés, avec la même délicatesse d’un maçon travaillant une pierre à gros coups de burin, révélant leurs peurs les plus intimes. Leurs émotions négatives avaient été exacerbées contre leur gré, les poussant malgré eux dans un état mental extrêmement vulnérable. Maintenant, leurs yeux ne pouvaient se détacher des scènes qui se profilaient devant eux. Leurs familles, sacrifiées les uns après les autres sur des autels sanglants … Leurs biens-aimées, soumises à des sévices indescriptibles sans fin par des légions de divinistes … Les Gardiens tombés ce jour, ramenés à l’état de non-morts, obligés de servir les dieux qu’ils avaient jurés de combattre …

    Plus les illusions horrifiques se succédaient, plus les deux guerriers hurlaient de peur et de colère, leurs esprits à la limite d’être brisé, et Mégère hurlait avec eux, des hurlements de joie ! Soudain, le corps de l’un d’entre eux fut prit de violents soubresauts, le pauvre diable se cramponnant la poitrine. Un spectacle qui dura quelques secondes, avant que le guerrier ne s’affaisse, immobile, victime d’une crise cardiaque. Son compagnon était en état de choc, sujet à un hyperventilation, incapable de faire quoi que ce soit quand Mégère s’approcha du Gardien défunt, de la bave coulant de ses lèvres et une lueur affamée dans son regard.

    La dernière chose qu’il entendit, avant de perdre connaissance face au spectacle barbare qui allait suivre, fut deux mots simple, deux mots qu’ils avaient tous entendus lors de la captivité de cette sorcière, sonna maintenant tel une sentence irrévocable :

    « Soyez témoins »


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  • Mar 8 Oct - 16:12
    Après avoir tendu la clé ensanglantée et assisté à la libération de la fae, Qultarn rengaina son épée et se défit des restes de son bouclier, qu’il laissa tomber au sol avec une grimace. Du bout des doigts, il effleura puis appuya doucement sur sa blessure puis serra les dents. Maintenant que le fracas des combats refluait doucement à mesure que les Gardiens du Berceau tombaient au combat, et qu’il n’y avait plus de sang qui battait comme un tambour dans ses oreilles, il prit le temps d’examiner autour de lui.

    Les anciens cadavres, boursouflés de poisons et d’humeurs malsaines, laissaient échapper des gaz malodorants que les mouches dédaignaient, préférant les nouveaux morts dont le sang était absorbé par le sable du désert à mesure qu’il coulait, laissant une odeur ferreuse en l’air. La nature s’agitait déjà, deux vautours avaient commencé à tracer des cercles au-dessus d’eux, et leurs cris rauques se mêlaient à ceux du dernier Gardien vivant. Le déchaînement de magie de Mégère n’avait laissé aucune chance aux soldats, et leurs regards hallucinés, aux pupilles dilatées, ainsi que les expressions de terreur qu’ils arboraient ne ménageaient nul doute quant au sort lancé par la vieille femme.

    Qultarn frissonna de dégoût. Il préférait cent fois mourir le crâne fendu en deux par une hache de guerre, ou d’un coup de couteau vicieux en rentrant chez lui le soir, que par un amoncellement de terreur paniquée jusqu’à ce que son cœur ou son esprit ne lâche. Cependant, le châtiment était mérité pour les infidèles, et les longs mois de détention de la croyante étaient un testament à la force de sa volonté et de sa foi. Il se nota mentalement de prendre exemple sur elle pour sa dévotion et sa fortitude.

    Il jaugea du regard Phèdre, Valéria, Sublime et Launegisiles, massés autour du chariot. Le second véhicule contenait toujours un coffre scellé qu’il ouvrit avec curiosité à l’aide des clés qu’ils avaient récupérés un peu plus tôt. A l’intérieur, une orbe obscure laissait échapper une énergie qui lui rappelait diablement celle de Benedictus, et il poussa un soupir de soulagement en sentant un lien s’établir avec la vieille fae. L’objet lui était manifestement lié, donc il n’y toucha pas, tournant plutôt son attention vers les corps plus ou moins abîmés de leurs anciens adversaires. Il ne savait pas quelle était la position de ses nouveaux alliés sur la question, mais, en ce qui le concernait, il était hors de question de gaspiller ce que la vie et la force de son bras pouvaient lui donner.

    Il s’accroupit à côté du reikois le plus proche, et dénoua avec une adresse née de l’habitude les sangles qui maintenaient son armure lourde en place. Une bourse maigrelette traînait à sa ceinture, contenant quelques pièces de cuivre et une pièce d’argent. Les bracelets en cuir étaient trop sobres pour présenter le moindre intérêt, et il n’avait aucun collier. Qultarn retira difficilement le heaume, à une main, pour dévoiler un visage qu’il connaissait bien mais ne lui inspirait plus qu’un vague dégoût gêné.

    « Tu as fait le mauvais choix, murmura-t-il sans daigner fermer les yeux du défunt. »

    Finalement, c’était de ça dont il s’agissait. Lui avait vu la lumière, avait abandonné les mensonges du Reike et la trahison de Tensai pour se tourner vers les seuls vrais dieux. Eux n’avaient pas eu cette opportunité, n’avait pas su écouter et comprendre la sagesse dispensée par Zeï, et maintenant, les charognards se préparaient à se repaître de leur chair dans un festin que ne renierait pas Xo’rath. Distraitement, il se demanda si le Paladin de la Rose Noire ferait une prière à son Titan tutélaire. Puis il fit les quelques pas nécessaires pour atteindre le prochain gardien à baigner dans son sang, jaugea ses bottes, trop petites hélas, sa bourse, vide à part un bouton en ivoire, et son épée maintenant ébréchée par les combats.

    Même ses pièces d’armures ne lui allaient pas.

    En pestant doucement, car même en pillant le champ de bataille, il était en droit d’espérer trouver son bonheur, il jeta finalement son dévolu sur Sylas. Le drakyn était grand et bien bâti, comme lui, de la même race, et tant que chef de l’expédition, son matériel serait de bon aloi, comme il avait pu lui-même le constater. Il ignora les genouillères, pleine de sang et de fragment d’os, et examina plutôt le haut de l’armure. Sa spalière était en bonne état, et pourrait être ajustée à son équipement à lui : il s’agissait en réalité de production standard du Berceau, donc la compatibilité devrait être bonne. Il dédaigna la cotte de maille, davantage par paresse d’en extraire le corps qu’autre chose.

    Et puis, après une embuscade, il valait généralement mieux ne pas tarder sur place, surtout quand des puissances magiques supérieures pouvaient voir leur attention brusquement attirée ici-bas.

    Néanmoins, les bottes étaient en parfait état, avec un beau cuir à peine patiné par le temps. Il en prenait grand soin, Sylas, visiblement, et celles-ci étaient quasiment neuves, comme il n’avait jamais manqué de le signaler les dernières semaines avant la fuite de Qultarn.

    « Pas de petit profit. »

    Après quelques efforts, le drakyn récupéra son butin avec la satisfaction du pillard qui réussit sa mission, et même la grimace figée sur le regard de son rival du jour ne parvint pas à faire disparaître le sourire content qu’il arborait. Se tournant vers les autres, il salua Mégère, comptant sur l’opportunité de faire plus ample connaissance plus tard, puis prit la parole.

    « Je pense qu’il ne faudrait pas traîner. Voulez-vous faire quelque chose avec les cadavres ? Sublime, peut-être ? »
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  • Mer 9 Oct - 18:22
    Phèdre tirait encore et encore sur sa magie pour extirper à Mégère la moindre once d’émotion positive, il y en avait si peu que durant un instant, elle se crut incapable d’arracher la vieille fae aux démons qui avaient profondément planter leurs griffes dans son esprit. Jusqu’à ce qu’un rire ne retentisse, lointain mais d’une profonde folie, sa tonalité à lui seule en était la preuve. Elle ne s’arrêta pas pour autant, ni quand le corps de sa cible s’arquebouta en des angles inquiétants. Si elle avait survécu au Reike pour mourir entre ses mains, c’était que l’un des Huit en avait décidé ainsi et elle n’allait pas s’y opposer. Puis vint un sourire, presque trop chaleureux pour un visage aussi marqué que le sien. Néanmoins, ce ne fut que lorsqu’elle parla que Phèdre se dégagea pour lui faire de la place, cette heure n’était pas la sienne mais celle de la sœur, enfin libre. A sa place, elle aurait voulu leur faire subir milles tourments. Elle ne comptait pas l'en empêcher.

    La jeune femme recula pour embrasser le spectacle dans son intégralité. Siame ne l’avait, après tout, pas envoyé pour se battre mais pour observer, pour être témoins. Son regard azurin admira l’œuvre des guerriers qui s’étaient battu à ses côtés ; le tableau macabre qu’avait conçu Sublime, fait de viscères, de membres et de corps plus puant les uns que les autres, les morts laissés dans le sillage de Laune avec un brin plus d’élégance, le corps désarticulé du chef d’escouade qui avait ployé le genou - et pas que -  face à son ancien soldat. Puis il y avait Mégère.

    “Qu’est-ce qu’on a fait ? Qu’est-ce que j’ai fait ?” S’étrangla la voix d’Eris, giflant si férocement son esprit fatigué qu’elle vacilla sur ses appuis pendant que la tempête de gémissements l’entourait, lugubre, déchirante, terrifiante. “Nous avons fait ce qui devait être fait !” contra Phèdre avec véhémence. “J’ai fais ce que j’aurais du faire depuis bien longtemps, si seulement tu n’avais pas existé !”. Mais Eris, d'habitude si douce, la malmena encore et lui imposa ses états d'âmes ; la crainte, le regret, la tristesse. Les émotions lui étreignirent la poitrine comme une main géante lui broyant les côtes. Phèdre eut l’impression de suffoquer. “Arrête ça…” Cracha-t-elle en son for intérieur. Mais Eris ne le pouvait pas, pas plus que Phèdre ne pouvait cesser de respirer. Et plus les secondes s’écoulaient, plus les cris des victimes de Mégère se faisaient intense, plus le souffle de l'ancienne ange se raccourcissait. Au-delà des plaintes des gardiens, c’était celles d’Eris qui lui parvenaient en écho comme sortie de sa propre bouche pourtant close. Son épaule vint, d’un air qu’elle voulait nonchalant, reposer contre les barreaux de la cage et elle attendit, les yeux clos, qu’enfin le silence redevienne d’or.

    L’attente lui parut interminable, il tarda à pointer le bout de son nez. Mais il finit par poindre et elle avait l’impression qu’elle avait été vidé de son énergie. Au moins Eris s’était tue, elle avait pleuré à l’unisson de chacune des victimes jusqu’à envahir complètement la tête de Phèdre, si bien qu’elle avait cru devenir folle. Derrière elle, les gardiens avaient enfin rendu l’âme. Elle détourna les yeux pour les poser sur la silhouette de Qultarn dont la voix profonde eut le mérite d’attirer son attention.

    — Rentrons chez nous. Dit-elle. — Si vous voulez vous amuser, faites ça vite et bien. Ne nous attardons pas. Sa voix était rauque comme chargée d’émotion.

    Elle s’arrêta à la hauteur du Drakyn, leva le nez et harponna son regard :

    — Je dirais à ma sœur ce qui s’est passé.

    Phèdre avait encore du mal à concevoir qu’une créature née du Reike, pis encore, un gardien du berceau, ait pu se ranger à leurs côtés mais elle ne pouvait nier ce dont elle avait été témoin.
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  • Mer 9 Oct - 20:50
    "...Sublime, peut être ?"

    Les dires de Qultarn sont immédiatement suivis par le tintement atrocement brutal d'une épée énorme s'abattant sur un corps fraîchement délesté de toute vie. N'attendant pas une seconde pour s'adonner à son art, le dément fiévreux s'est déjà rué sur les dépouilles et c'est avec l'empressement du boucher frénétique qu'il se joint au festin de l'ancestrale Fae noire. L'épée force contre une armure d'abord cabossée puis enfin aplatie avec une force monstrueuse. Déchirant l'acier comme le marmiton éventre la truite, Sublime ouvre le torse de son défunt adversaire et s'affaisse, genoux dans la boue sanguinolente, face au cadavre mis plus qu'à nu.

    "Pour le Monstre, pour les huit. La souffrance de l'injuste est l'onguent du valeureux. Dignes Paladins des plus récalcitrantes infections, extrayez le foie du vautour impérial puis plongez..."

    En proie au mal qui lui ronge la cervelle, l'hybride ensauvagé par l'odeur poignante de l'hémoglobine se voit pris d'une incompréhensible pulsion et se met à marmonner tout en s'appliquant à réaliser son rite barbare. Il répète, psalmodiant des prières qu'a jadis prononcé son premier père d'emprunt; ce sans accorder un quelconque crédit aux dires de Phèdre ainsi qu'à la conclusion d'un affrontement qu'il sait gagné d'avance. Les Gardiens n'ont aucune chance et n'en ont jamais eu car, face au poids des Titans créateurs, toute résistance vaut le frétillement du goujon sorti de l'eau. Le divinisme vrai, aussi implacable que certain, n'octroie aucune paix à ceux qui sont sourds à l'appel des Dieux.

    L'épée est abandonnée sans ménagement aucun et vient s'écrouler à côté de son sordide porteur qui, quant à lui, se prélasse tel la bête que tous voient en lui dans une gadoue épaisse où se déversent déjà bile et déjections. Il plonge une pogne gantée droit dans l'homme devenu sac de viande, fichant ses doigts griffus droit dans les organes broyés chez lesquels il croit déceler de somptueux trésors. Les restes des victimes d'empoisonnement sont sacrés pour les suivants de Puantrus et c'est donc tout naturellement que l'infame guerrier en récolte les plus riches morceaux, collectant ceux-ci en émincées qu'il vient fourrer non sans minutie au fond d'une fiole tâchée de suie.

    Morve au museau et sourire crocodilien aux lèvres, Sublime rumine les dires des anciens et alors qu'il achève tout juste de remplir le récipient crasseux du cul au goulot; il applique une paume ensanglantée contre la poitrine tuméfiée et tranchée de sa victime, ce pour finalement réciter une formule noire dont il a le plus intime secret.

    Le corps enfle, convulse et siffle comme une forge antique que l'on ranime après des lustres de froid silence. Source de cette magie néfaste en tout aspect que maîtrise le Paladin, la chair morte est un fertile terreau pour les aberrations du Monstre. Du poison visqueux commence à goûter depuis les orifices du corps bafoué et les mouches carnassières, fidèles compagnes des plus funestes bacchanales; s'ajoutent aux diaboliques festivités après avoir capté le fumet indélicat et s'empressent de commencer la ponte. Condamné à être défiguré au delà de toute raison, le mort sera puni et humilié même dans l'inhumation.

    L'hybride se relève, s'ébroue en admirant son œuvre barbare puis récupère d'une patte chancelante son arme favorite. Traînant le bloc de métal rouillé derrière lui, il fait comprendre sans mot que les ordres n'ont point été occultés en tranchant la gorge de l'homme dont le cœur a cessé de battre puis, dans la même impulsion;  il dresse son énorme sabot en l'air pour l'abattre sur le crâne d'un mourant en pleine hallucination. La trogne du malheureux explose et ses gémissements cessent aussitôt, replongeant enfin le champ de bataille dans un morbide silence coupé seulement par les croassements, les bourdonnements ainsi que les bruits de viande mâchée.

    "Magnifique..."

    Il ramène son arme à son épaule, comblé et plus fervent que jamais.
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  • Jeu 10 Oct - 20:42
    - Une diseuse de vérités, servant la reine des mensonges.

    Observa-il stoïquement en se faisant témoins de la vengeance de la prisonnière du Berceau, qui tissa une corde de mania autours de la gorge des survivants pour pendre leurs psychés à l’arbre de la démence et de la terreur. Une œuvre sordide s’il en était une, bien plus cruelle que la morsure de l’acier ou les ravages de la pestilence, mais bien plus propre. Le cœur explosant dans la poitrine, refusant de battre une seconde de plus pour un monde qui ne faisait aucun sens, certains refusant de donner un souffle de plus à cette vie où la folie régnait en maîtresse cruelle.

    Son regard coula ensuite sur Qultarn, pillant les corps avec une désinvolture qui aurait pu froisser Launegisiles s’ils n’avaient pas été ceux d’hérétiques et de païens. Mais il était forcé de constater l’efficacité de la nouvelle recrue, ainsi que son pragmatisme. La pointe de l’épée plantée dans le sable, les avant-bras reposés sur la pointe australe de son pommeau, il attendait paisiblement que ses camarades récupèrent.

    Comme elle, la sœur de l’ange en qui il pouvait voir les signes d’une lutte qu’elle tentait peut-être de dissimuler, ou au contraire, qu’elle laissait exploser de la seule façon qu’elle connaissait. Le chevalier pouvait voir le regret, la honte, la colère, la satisfaction, la vengeance et la culpabilité danser une gigue étrange sur le visage aux cheveux fendus entre la nuit et l’argent. Une faiblesse atypique pour ceux qui avaient le sang des dieux, et pourtant, c’était comme si une partie d’elle, humaine, avait du mal à accepter l’horreur de la tâche qui incombait désormais aux vrais croyants. Oh, bien entendu qu’il aurait pu l’interroger, la mettre face à sa propre honte, questionner sa foi et douter de la sincérité de sa dévotion mais c’était là un terrain sur lequel le chevalier n’allait pas s’aventurer. Après tout, l’âme émaciée par un fouet de phantacier le rendait parfois incapable de ressentir bien des émotions qui autrefois parasitaient sa foi et la drainaient de sa propre sincérité.

    Phèdre était bien vivante, et c’était là sa seule faiblesse.
    Faiblesse dont elle se débarrasserait un jour, comme lui.

    Puis, il observa silencieusement le paladin de Puantrus s’adonner à un rituel aussi beau par la pureté de sa foi qu’écœurant par l’horreur qu’il faisait germer dans les corps. Comme un laboureur qui sème les graines d’une nouvelle vie, il marche entre les corps, les touches pose là les bases de cette nouvelle vie qui se nourrit de la mort qu’ils ont semé. Les corps gonflent, la vermine grouillante qui semble descendre en une cascade infinie, sautant des cordes tissées par ses poils mâtés par la saleté, se goinfre de chair fraîche. A un autre niveau, ce sont des miasmes et autres pestilences qu’il conservait dans le temple de son corps qu’il offre aux impies afin de leurs donner la bénédiction de la pestilence. Il s’allonge ensuite, dans ce champ de corps boursoufflés, aux extrémités noircis, dont la panse semble être sur le point d’exploser comme celle d’une baleine échouée, dont les visages sembles s’animer d’une nouvelle vie alors que des vermines grouillantes se glissent sous la peau pour dévorer les chairs pauvres, mais tendres, des joues des gardiens du berceau.

    La mort, après tout, est un terreau fertile pour la vie. Aussi, il ne peut que hocher la tête d’à peine quelques centimètres, un mouvement lent, mais lourd de sens pour lui. Les corps n'auraient aucune utilité pour le maître, aussi, que ces pétales noires soient abandonnées pour être avalées par le désert ou découvertes par les sang-chauds du Reike lui importait peu. Elles avaient fleuris et fanées comme le faisaient toutes choses, au moins celles-ci auront eu l'honneur d'avoir servi de temple pour Puantrus après avoir rejoint le palais du Faucheur.

    Puis, il y a la valkyrie, qui jubile de cette victoire qu’elle voit glorieuse, mais qui n’est rien par rapport aux guerres futures qu’ils devront encourager à travers tout le Sekaï. Mais aussi insignifiante soit-elle, en termes de pertes, il est indéniable qu’avoir libérer la prophétesse de Zeï des mains du Reike est un coup dur. D’autant plus qu’ils sont là, dans le désert, en plein cœur de l’Empire, au nez et à la barbe du dragon. A avoir arraché aux païens l’un des prisonniers les plus important qui soit.

    - Il est dangereux d’injurier la fierté du dragon, mais son manque d’humilité a invité. Il tourna la tête vers ses camarades. Nous devons partir, avant que l’Empire ne se rende compte de notre victoire. Nous pouvons faire saigner le dragon, mais nous ne sommes pas encore prêts pour affronter son courroux.

    Sa voix était rauque, mais dans son cœur brûlait la fierté du devoir accompli.
    La victoire était à eux.



    PA - Le Convoi du Berceau - Page 2 Launegisiles-signa
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  • Sam 12 Oct - 15:04
    PA - Le Convoi du Berceau
    Epilogue


    Quand Mégère revient à la raison, quand elle perçoit enfin son environnement immédiat ainsi que les camarades qui l’entourent, c’est un sourire jubilatoire qui apparaît sur ses lèvres. Ni son emprisonnement ni sa torture aux mains de Stadzank ne l’ont complètement brisée, et elle voit d’ailleurs cette intervention providentielle comme un moyen de se racheter auprès de ses sombres Maîtres. C’est une seconde chance qu’elle ne gaspillera pas. A vrai dire, la Fae va directement se mettre à l’ouvrage, car comme le lui a signalé Valéria, il y a encore deux survivants qui n’attendent qu’elle. Le rire qui s’échappe alors de sa gorge est de mauvaise augure et prouve qu’elle est toujours aussi mauvaise qu’à la première heure. Pas de regrets, pas de repentir dans ses yeux, juste le plaisir malsain de faire souffrir comme on a fait souffrir. De ses victimes, il ne restera quasiment rien et Sublime aura tôt fait de leur donner le coup de grâce au Gardien le plus retors, alors que son compagnon s’écroule d’une crise cardiaque.

    Il ne reste alors qu’eux.
    Et le spectacle qui les entoure montre bien la violence de ces quelques instants. Ca a été bref, mais intense : onze de leurs ennemis ont rendu l’âme, et la plupart sont morts de manière pitoyable. Qultarn n’a cela dit pas tout à fait tort de fouiller les cadavres. Pratique déjà courante du temps de la Conquête – où on s’emparait des choses par la force – les pièces d’armure de Sylas lui conviennent le mieux parmi tous ceux qui sont tombés au combat. Le défunt n’est de toute façon pas capable de protester, pas même quand son ancien rival lui prend ses bottes et que le Drakyn revient vers ses camarades. Il constatera alors que son frère hybride a, si on peut dire, la même dévotion que Mégère : une fois tenace, proche de la folie. Déjà il pose les dernières touches de leur carnage. Il est seul à comprendre les prières qu’il marmonne au-dessus des cadavres, mais personne n’a l’audace de s’interposer, même quand le Paladin ramasse des restes de ses victimes, qu’il entrepose soigneusement dans des fioles. Tant que le sale boulot est fait, vite et bien, cela suffit largement. Ensuite, comme le signale Phèdre, ils pourront rentrer. Ils doivent rentrer, d’ailleurs, avant que des autres patrouilles n’arrivent et de mettre à mal leur retraite. S’ils ont eu l’avantage de la surprise, leurs ressources en mana ne sont pas non plus inépuisables.

    Valeria semble satisfaite de l’œuvre de Sublime quand le corps d’un des gardiens commence à enfler et à prendre une teinte étrangement noirâtre. Déjà des mouches se précipitent autour de du défunt, et nul doute que, quand les fils de l’Empire découvriront la scène, des larves auront déjà éclos à leur arrivée. La Valkyrie semble sonder une dernière fois les alentours – comme pour s’assurer que rien n’a été oublié – et elle ne prête pas un regard au dernier Gardien qui n’a désormais plus de tête sous le coup de sabot du guerrier.

    - Allons-y. Les cardinaux nous attendent.

    Trop préoccupée par la protection de leur groupe, la fille d’Exia ne remarque pas le trouble de Phèdre, contrairement à Laune. Celui-ci, plus calme et plus en retrait, a une bonne analyse de la situation, et peut-être qu’il obtiendra plus facilement des confessions de la soeur de Siame sur le chemin de retour. Après tout, elle s’était déjà rapprochée de lui à l’aller, peut-être qu’elle lui adressera encore quelques mots quand ils seront en sécurité.

    - Launegisiles, portez Mégère afin que nous soyons le plus rapide possible durant notre retraite. Pas que Valéria doutait de la santé de la gand-mère, mais elle préférait ne rien laisser au hasard. Si nous rencontrons des Reikois ou des brigands sur la route, je m’en occuperai moi-même et vous continuerez votre route. Même si je dois faire le chemin à pied jusqu’à Bénédictus, ce ne sera pas bien grave, je connais la route. En d’autres termes, ne m’attendez pas. Mais son ton tranquille montre qu’elle ne croit pas à ce genre de rencontres. Qultarn, nous aurons encore besoin de ton aide tant que nous serons dans le désert. Tes connaissances restent précieuses. Et il avait fait ses preuves. Il pouvait dès à présent se considérer comme l’un des leurs.

    ***

    - J’ai cru que le roi allait  nous arracher la tête.  
    - Faut dire que c’est jamais agréable d’aller donner des mauvaises nouvelles à Tensai, cracha un autre Gardien. Surtout quand on n’a pas de témoins sur les responsables.
    - On sait cependant que c’est certainement des divinistes…
    - Dont on aura la peau un jour ou l’autre, par vengeance pour nos camarades, siffle-t-il. Par contre, ce que j’aimerais savoir c’est comment cette putain de nouvelles a pu l’atteindre elle.
    - Quand nous sommes rentrés, j’ai été directement trouvé les Akkelanach pour leur faire un rapport sur l’audience royale. Et quand j’ai été voir le Gardien septentrional, il venait une fois de plus de vérifier les liens de Zeï. Je suis resté à distance de la cellule mais…
    - … Elle a tout entendu ? T’es vraiment con ma parole.
    - J’ai cru que l’Akkelanach lui-même allait m’enterrer tellement elle a éclaté de rire. Et depuis, elle nous rumine cette chanson.
    - Laisse faire cette abomination. Mais n’entre plus dans ce coin de la Forteresse avant les dix prochaines années. Tu es encore trop faible, comme ce bâtard de Qultarn.

    Les voix des deux guerriers s’amenuit pendant qu’ils progressent en faisant leurs rondes, et bien, bien plus loin dans la Forteresse, dans la zone la plus gardée de l’île, résonne semble-t-il une douce berceuse, une voix à la fois moqueuse et nasillarde, et pourtant aussi cristalline que mélodieuse. C’est le genre de timbre qu’on a envie d’écouter, au point de se laisser envoûter par cette dernière. La solitude comme ses liens ne semblent pas l’affecter, mais peut-être n’est-ce qu’un leurre. En tous les cas, il y a une forme de satisfaction, qu’on peut déceler dans ses paroles, comme si elle suivait un fil de pensées incompréhensible pour le commun des mortels. Et lentement, Zeï répète les mêmes paroles, peut-être dans l’espoir de rendre fou son géolier.

    Dans le désert, des Gardiens sont tombés,
    Lors d'un combat entre la foi et l'acier,
    Stoïque, le Soleil les a contemplés,
    Et seule la Lune les a tendrement pleurés.

    Rugis de colère, Dragon des sables,
    Ton feu ne peut atteindre les vrais croyants,
    Tu pourras répandre ton souffle abominable,
    Sans atteindre le Royaume Divin pour autant.

    Vois, admire les tiens qui sont tombés,
    Contemple leurs dépouilles, regarde les morts,
    Comprends ce que ton orgueil a causé,
    Et poursuis donc tes pitoyables efforts.

    Un jour, ta lame et ton épée se briseront,
    Un jour, tu n’auras même plus rien à défendre,
    Alors se répandra ici-bas la corruption,
    Et un nouveau monde naîtra de ses cendres.

    Sois bien témoin de la flamme des nos Elus,
    Et hurle ta rage au plus profond de la nuit,
    Un beau jour, tu t’avoueras vaincu,
    Et ton grand royaume sera détruit.

    Attends, attends donc patiemment ton heure,
    Les Divins savent se montrer patients,
    Il y a un jour pour les armes, un jour pour les pleurs,
    Et nous aurons la victoire par nos enfants.


    Conséquences RP:

    CENDRES
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