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Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 187
crédits : 1490
crédits : 1490
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Une nuit noire et orageuse était tombée sur Courage depuis plusieurs heures déjà et le reste de la journée n’avait guère était plus réjouissant. Les rues pavées avaient laissé place à de petits ruisseaux et les chemins s’étaient transformés en véritable bourbier. Les volets des devantures étaient presque tous déjà clos, ceux qui ne l’étaient pas encore ne tarderaient pas à l’être. Il n’y avait que sur le port que les commerces tenaient bon, les matelots pour la plupart habitués aux intempéries, ne s’empêchaient pas de sortir et c’était exactement la raison qui avait poussé Sixte à s’aventurer dans l’une de ces tavernes à l’odeur âcre de sueur, de tabac et d’alcool. Personne ne lui prêtait vraiment attention, assise dans un coin, non loin de l’âtre d’une gigantesque cheminée où trônait une marmite considérable dont il émanait une odeur de poisson écoeurante. Aucune mèche de cheveux n’échappait de son capuchon rabattu sur sa tête. Ses pieds étaient nonchalamment posés sur la table, à côté d’une chope de bière et d’une pièce de cuivre destinée au tavernier. Sans être vraiment une habituée, sa présence n’était pas étrangère et n’intéressait personne. Sauf l’homme qui entra en boitant, traînant dans son sillage une vilaine jambe de bois qu’il avait perdu dans ses jeunes années. Il observa l’assemblée toute entière dont quelques visages se tournèrent dans sa direction et s’arrêta seulement lorsque ses yeux rencontrèrent la fine silhouette de la de la demi-elfe.
— T’es en avance. Commenta-t-il en se laissant tomber lourdement sur la chaise qui faisait face à la jeune femme.
— Jamais en retard. Le contredit-elle avec un sourire tout juste dévoilé par sa capuche. — Alors, qu’est-ce que tu veux ? J’espère que ça en valait la peine.
— Je ne t’ai jamais déçu, allons.
— Il faut une première fois à tout.
L’homme soupira puis étira sa jambe avant de tendre un rouleau de papier à Sixte qui mit quelques secondes avant de le prendre. Elle le déroula pour afficher un portrait.
— Mais encore ?
— Ce gars, j’ai besoin que tu le tue.
— Le meurtre n’est pas vraiment ma tasse de thé. Répondit-elle en levant le nez, dévoilant enfin son regard bleu à son interlocuteur.
— On sait tous les deux que si, pour qui peut se le payer.
— Petit malin. Une risette étira ses lèvres.
Le boiteux laissa échapper un rire rauque avant de poursuivre.
— Je m’en serais chargé moi-même, mais c’pas possible. Il désigna sa jambe. — Ce bonhomme, je le veux mort ou vif. Si t’arrives à me le ramener c’est bien. Si tu le tues, ça l’est tout autant. Je saurais pas exactement te dire où il se trouve à cet instant, mais ce que je sais c’est que dans deux jours il va quitter Courage grâce à un bateau qu’on à jamais vu dans un port Républicain.
Sixte pencha la tête et son interlocuteur haussa les épaules à sa question silencieuse.
— J’sais pas. Je sais juste qu’il va s'ancrer hors de la ville, probablement pour se ravitailler et embarquer ses passagers. Dont mon connard. Trouve le, tue le. C’est tout. Il sortit une lourde bourse qu’il posa sur la table.
— C’est demandé si gentiment… Dit-elle dans un sourire. — Marché conclu !
Trois jours plus tard, il pleuvait toujours à verse sur la ville mais ce n’était rien à côté de l’orage qui grondait à une dizaine de kilomètre de là et qui rendait le ciel si sombre qu’on eut dit que la nuit était sur le point de tomber alors que l’après-midi n’était pas encore terminée. Sixte était sagement recroquevillé dans un renfoncement à flanc de falaise, à quelques mètres du sol. Suffisamment haut pour apercevoir les marins qui venaient de débarquer s’éloigner de leurs trop nombreuses chaloupes -sans doute ramenés en prévision des passagers qui repartiraient avec eux. Quatre hommes étaient restés près des embarcations pour les surveiller et Sixte avait pris soin de les observer minutieusement. Surtout le petit mousse, gringalet, tout juste la quinzaine et le visage aussi départie de poil que l’aurait été celui d’une jeune femme. Un bonnet était vissé sur ses cheveux blonds et il semblait trépigner d’impatience. A l’instar de le demi-elfe qui se tenait pourtant immobile alors que l’eau et les rafales de vents étaient en train d’imbiber ses vêtements.
Il s’écoula plusieurs heures avant que la nuit tombe, seulement zébrée par de larges éclairs qui permettaient parfois de voir comme en plein jour. Le tempo de la pluie quant à lui était régulièrement interrompu par le fracas de la foudre. Si Sixte n’appréciait guère d’être trempée jusqu’aux os, elle devait bien admettre que le couvert de l’orage avait quelque chose de réconfortant. Encore plus lorsqu’elle vit, entre deux flash lumineux, le petit groupe revenir, deux fois plus gros qu’il ne l’était à son arrivée. Grimaçant, elle s’arracha à sa cachette pour redescendre vers la plage où elle emboita le pas au groupe, cherchant parmi la foule emmitouflée l’homme sur lequel elle devait mettre la main.
Ils étaient nombreux. Trop. Comprit-elle alors qu’ils commençaient à approcher dangereusement des chaloupes. Ralentissant la cadence, Sixte fit en sorte de se retrouver en queue de peloton puis jusqu’aux côtés du jeune mousse qui avait rejoint la troupe à mi chemin.
— Sale temps. Lui lança-t-elle en resserrant sa cape autour d’elle.
Le jeune garçon sursauta, probablement étonné d’entendre une voix de femme mais garda sa contenance et répondit :
— A qui l’dites vous. Mais l’premier du cap’taine l’avait prévu.
— Ah oui ? Fit-elle, comme si cela l’intéressait, en profitant pour ralentir encore la cadence et semer le reste du groupe.
— Ouep, c’est l’chef qui m’la dit. Et du coup c’est l’premier qui l’a dit au chef, qui l’a sans doute eut du cap’taine.
— Tu connais ton capitaine ?
— Pour sur m’dame ! J’le vois t’nir la barre tous les jours.
— Et comment est-il ?
— Bah j’sais pas m’dame, je lui parle pas moi.
Sixte pinça les lèvres, se retenant d’expliquer à ce jeune mousse ce qu’elle pensait de son niveau d’intelligence. A la place elle demanda :
— Dis moi, tu as quel âge ?
— Quinze ans m’dame, presque seize. Mais j’suis maigrichon. Parait que ça s’appelle la malnutrition infantile. Ou un truc dans l’genre. C’qui veut pas dire que je sais pas faire mon boulot. Non moi j’suis un grand gaillard dans le corps d’un p’ti-... Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que la garde d’une dague lui heurta la tempe avec suffisamment de force pour lui faire tourner de l'œil. Ni une ni deux, Sixte traina le corps derrière un rocher, rangea sa tresse en couronne sur le haut de sa tête puis enfila le bonnet qu’elle enfonça au-delà de ses sourcils. Ensuite, elle emprunta la veste du mousse, trop grande pour lui comme pour elle et lui laissa une pièce de son butin dans la main. En guise de dédommagement.
D’une carrure similaire, personne ne s'étonna de voir un jeune matelot, frêle comme un roseau courir à grandes enjambées sur la plage pour rejoindre le dernier canot qui le ramènerait au bateau.
- Active, idiot ! L'invectiva un vieux pirate, la main en visière, pour essayer de discerner sa présence malgré le rideau de pluie. Sixte força la cadence puis s’élança d’un bond et atterrit avec une étonnante légèreté dans l'embarcation. — J’te savais pas si agile garçon, peut-être qu’on va songer à changer ton petit nom… Puis il partit d’un rire gras, lui envoya une grosse claque dans l’épaule qui manqua de lui faire manger le plancher de la chaloupe et lui tendit la rame. — Trève de plaisanterie, temps de bosser mon vieux.
De mauvaise grâce, la tête baissée et la pluie glissant le long de son nez retroussé, Sixte s’exécuta et commença à ramer. Cela sembla durer une éternité mais malgré l’orage, elle devina l’ombre du navire dans les éclairs et sur les vagues lorsqu’elle s’en approcha. Il était sombre, lugubre, loin des bateaux qu’elle avait connus dans sa jeunesse. A moins que l’image qu’elle n’en ait désormais soit à jamais ternie par la trahison qu’elle avait subi.
Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’elle n’avait pas revu Altarus et elle ne s’en portait pas plus mal. Son séjour dans les terres du nord lui avait fait un bien fou, tout comme jouer carte sur table avec Pancrace. Elle avait encore du mal à réaliser ce qui s’était passé d’ailleurs et parfois, elle se demandait si elle n’avait pas agit par pur esprit de vengeance. Pourtant, lorsqu’elle pensait à lui, elle était incapable de contrôler ce sentiment qui gonflait dans sa poitrine. Semblable à ceux d’autrefois.
— T’attends quoi pour grimper, gamin ? Lui lança le vieux pirate et Sixte ravala sa fierté avec peine pour grimper à l’échelle en corde qui pendait mollement devant elle. La houle n’aida pas vraiment mais elle était heureusement agile et l’ascension ne lui posa aucun problème. En haut, une main l’attendait, tendue vers elle pour l’aider à passer le bastingage. Tête baissée, elle la saisit et la poigne puissante la tira sur le pont.
— T’es en avance. Commenta-t-il en se laissant tomber lourdement sur la chaise qui faisait face à la jeune femme.
— Jamais en retard. Le contredit-elle avec un sourire tout juste dévoilé par sa capuche. — Alors, qu’est-ce que tu veux ? J’espère que ça en valait la peine.
— Je ne t’ai jamais déçu, allons.
— Il faut une première fois à tout.
L’homme soupira puis étira sa jambe avant de tendre un rouleau de papier à Sixte qui mit quelques secondes avant de le prendre. Elle le déroula pour afficher un portrait.
— Mais encore ?
— Ce gars, j’ai besoin que tu le tue.
— Le meurtre n’est pas vraiment ma tasse de thé. Répondit-elle en levant le nez, dévoilant enfin son regard bleu à son interlocuteur.
— On sait tous les deux que si, pour qui peut se le payer.
— Petit malin. Une risette étira ses lèvres.
Le boiteux laissa échapper un rire rauque avant de poursuivre.
— Je m’en serais chargé moi-même, mais c’pas possible. Il désigna sa jambe. — Ce bonhomme, je le veux mort ou vif. Si t’arrives à me le ramener c’est bien. Si tu le tues, ça l’est tout autant. Je saurais pas exactement te dire où il se trouve à cet instant, mais ce que je sais c’est que dans deux jours il va quitter Courage grâce à un bateau qu’on à jamais vu dans un port Républicain.
Sixte pencha la tête et son interlocuteur haussa les épaules à sa question silencieuse.
— J’sais pas. Je sais juste qu’il va s'ancrer hors de la ville, probablement pour se ravitailler et embarquer ses passagers. Dont mon connard. Trouve le, tue le. C’est tout. Il sortit une lourde bourse qu’il posa sur la table.
— C’est demandé si gentiment… Dit-elle dans un sourire. — Marché conclu !
Trois jours plus tard, il pleuvait toujours à verse sur la ville mais ce n’était rien à côté de l’orage qui grondait à une dizaine de kilomètre de là et qui rendait le ciel si sombre qu’on eut dit que la nuit était sur le point de tomber alors que l’après-midi n’était pas encore terminée. Sixte était sagement recroquevillé dans un renfoncement à flanc de falaise, à quelques mètres du sol. Suffisamment haut pour apercevoir les marins qui venaient de débarquer s’éloigner de leurs trop nombreuses chaloupes -sans doute ramenés en prévision des passagers qui repartiraient avec eux. Quatre hommes étaient restés près des embarcations pour les surveiller et Sixte avait pris soin de les observer minutieusement. Surtout le petit mousse, gringalet, tout juste la quinzaine et le visage aussi départie de poil que l’aurait été celui d’une jeune femme. Un bonnet était vissé sur ses cheveux blonds et il semblait trépigner d’impatience. A l’instar de le demi-elfe qui se tenait pourtant immobile alors que l’eau et les rafales de vents étaient en train d’imbiber ses vêtements.
Il s’écoula plusieurs heures avant que la nuit tombe, seulement zébrée par de larges éclairs qui permettaient parfois de voir comme en plein jour. Le tempo de la pluie quant à lui était régulièrement interrompu par le fracas de la foudre. Si Sixte n’appréciait guère d’être trempée jusqu’aux os, elle devait bien admettre que le couvert de l’orage avait quelque chose de réconfortant. Encore plus lorsqu’elle vit, entre deux flash lumineux, le petit groupe revenir, deux fois plus gros qu’il ne l’était à son arrivée. Grimaçant, elle s’arracha à sa cachette pour redescendre vers la plage où elle emboita le pas au groupe, cherchant parmi la foule emmitouflée l’homme sur lequel elle devait mettre la main.
Ils étaient nombreux. Trop. Comprit-elle alors qu’ils commençaient à approcher dangereusement des chaloupes. Ralentissant la cadence, Sixte fit en sorte de se retrouver en queue de peloton puis jusqu’aux côtés du jeune mousse qui avait rejoint la troupe à mi chemin.
— Sale temps. Lui lança-t-elle en resserrant sa cape autour d’elle.
Le jeune garçon sursauta, probablement étonné d’entendre une voix de femme mais garda sa contenance et répondit :
— A qui l’dites vous. Mais l’premier du cap’taine l’avait prévu.
— Ah oui ? Fit-elle, comme si cela l’intéressait, en profitant pour ralentir encore la cadence et semer le reste du groupe.
— Ouep, c’est l’chef qui m’la dit. Et du coup c’est l’premier qui l’a dit au chef, qui l’a sans doute eut du cap’taine.
— Tu connais ton capitaine ?
— Pour sur m’dame ! J’le vois t’nir la barre tous les jours.
— Et comment est-il ?
— Bah j’sais pas m’dame, je lui parle pas moi.
Sixte pinça les lèvres, se retenant d’expliquer à ce jeune mousse ce qu’elle pensait de son niveau d’intelligence. A la place elle demanda :
— Dis moi, tu as quel âge ?
— Quinze ans m’dame, presque seize. Mais j’suis maigrichon. Parait que ça s’appelle la malnutrition infantile. Ou un truc dans l’genre. C’qui veut pas dire que je sais pas faire mon boulot. Non moi j’suis un grand gaillard dans le corps d’un p’ti-... Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que la garde d’une dague lui heurta la tempe avec suffisamment de force pour lui faire tourner de l'œil. Ni une ni deux, Sixte traina le corps derrière un rocher, rangea sa tresse en couronne sur le haut de sa tête puis enfila le bonnet qu’elle enfonça au-delà de ses sourcils. Ensuite, elle emprunta la veste du mousse, trop grande pour lui comme pour elle et lui laissa une pièce de son butin dans la main. En guise de dédommagement.
D’une carrure similaire, personne ne s'étonna de voir un jeune matelot, frêle comme un roseau courir à grandes enjambées sur la plage pour rejoindre le dernier canot qui le ramènerait au bateau.
- Active, idiot ! L'invectiva un vieux pirate, la main en visière, pour essayer de discerner sa présence malgré le rideau de pluie. Sixte força la cadence puis s’élança d’un bond et atterrit avec une étonnante légèreté dans l'embarcation. — J’te savais pas si agile garçon, peut-être qu’on va songer à changer ton petit nom… Puis il partit d’un rire gras, lui envoya une grosse claque dans l’épaule qui manqua de lui faire manger le plancher de la chaloupe et lui tendit la rame. — Trève de plaisanterie, temps de bosser mon vieux.
De mauvaise grâce, la tête baissée et la pluie glissant le long de son nez retroussé, Sixte s’exécuta et commença à ramer. Cela sembla durer une éternité mais malgré l’orage, elle devina l’ombre du navire dans les éclairs et sur les vagues lorsqu’elle s’en approcha. Il était sombre, lugubre, loin des bateaux qu’elle avait connus dans sa jeunesse. A moins que l’image qu’elle n’en ait désormais soit à jamais ternie par la trahison qu’elle avait subi.
Cela faisait plusieurs mois maintenant qu’elle n’avait pas revu Altarus et elle ne s’en portait pas plus mal. Son séjour dans les terres du nord lui avait fait un bien fou, tout comme jouer carte sur table avec Pancrace. Elle avait encore du mal à réaliser ce qui s’était passé d’ailleurs et parfois, elle se demandait si elle n’avait pas agit par pur esprit de vengeance. Pourtant, lorsqu’elle pensait à lui, elle était incapable de contrôler ce sentiment qui gonflait dans sa poitrine. Semblable à ceux d’autrefois.
— T’attends quoi pour grimper, gamin ? Lui lança le vieux pirate et Sixte ravala sa fierté avec peine pour grimper à l’échelle en corde qui pendait mollement devant elle. La houle n’aida pas vraiment mais elle était heureusement agile et l’ascension ne lui posa aucun problème. En haut, une main l’attendait, tendue vers elle pour l’aider à passer le bastingage. Tête baissée, elle la saisit et la poigne puissante la tira sur le pont.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 414
crédits : 1474
crédits : 1474
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
"Contre-maître, tout le monde a embarqué ? "
Le vieux marin terminait de tirer le frêle mousse quand une voix autoritaire retentit, venant du gaillard arrière. En se retournant, l'homme manqua de trop tirer le gamin.
"Y a pas plus que les caisses, C'pitaine ! "
"Fais accélérer leur chargement."
"Bien, C'pitaine ! Va terminer tes tâches, gamin ! "
Et il abandonna le mousse, qui devrait normalement s'activer de son côté pour vaquer à ses occupations. Le jeunot aura-t-il alors la vision d'une ténébreuse silhouette qu'un éclair illumina un très bref instant ? Un regard acéré aura eu le temps de voir un être sombrement habillé. Une capuche et un masque tout aussi ténébreux couvraient son visage. Un autre éclair zébra la nuit alourdie par les nuages de l'orage qui grondait. Un peu plus que tout à l'heure. Nul doute que l'ombreux personnage ne pouvait être l'homme qui avait exigé de son marin de s'activer.
Les bras croisés sur sa poitrine, le pirate masqué regardait les nouveaux embarqués prendre place sur le pont, malgré l'obscurité de la nuit. Les éclats lumineux de l'orage permettaient une fraction de seconde de distinguer la forme de chacun d'entre eux. Cette nuit, il était prévu d'embarquer six fuyards de la nation bleue. Silencieusement, il fixait ces personnes à la démarche lasse, qui tenaient le peu de possessions qu'il leur avait été permis d'embarquer. Un de ses marins leur ordonna de se placer vers la proue, là où une tente de fortune avait été montée pour les accueillir. Ce sera leur place le temps de leur voyage — le temps de rejoindre leur destination.
La vigilance était cruciale, tant avec la présence de ces civils à son bord, que par le risque qu'il courait à traîner dans ces eaux. À cela, il se retourna pour regarder la haute mer, pour essayer de discerner la venue possible d'un navire républicain. À chaque éclair qui inondait les cieux obscurs, son œil alerte ciblait la moindre silhouette qui serait celle d'un navire républicain. Naviguer de nuit, sans fanal, était dangereux, mais c'était aussi un bon moyen d'approcher de sa cible sans se faire voir. La mer, grossie par le mauvais temps du moment, ne découragerait pas un audacieux officier de la Marine d'affronter et de couler un pirate qui oserait braver le territoire maritime de la République. Surtout ces derniers temps.
Le pirate ne négligeait pas les conséquences de l'attaque de l'Assemblée sur Liberty. La rude offensive que la cité avait subie n'avait pas été sans conséquences, poussant la République à être sur le qui-vive. Ces conséquences sous-jacentes avaient accru certaines tensions, exacerbé certaines rancunes envers les étrangers et les non-humains qui vivaient au sein de la Nation Bleue, la République. Celles et ceux qui cherchaient depuis lors à partir le plus rapidement possible et par n'importe quel moyen visaient la mer. Elle n'était pas la voie la plus sûre, mais elle était la plus rapide, à condition de trouver le bon navire.
Le Cetus en était un de ceux-là, tant pour fuir que pour rester libre, en effet, et avec le peu de biens qu'il était permis d'embarquer. Le masqué ne faisait pas ce genre de transport d'ordinaire. Mais dans un monde en constante évolution, en constante tension, varier ses activités était nécessaire. Surtout pour empêcher que ces pauvres hères ne tombent sur le mauvais pirate qui pourrait les dépouiller, les rançonner, voire pire... De ces gens qui se trouvaient désormais à son bord, il n'était pas regardant sur leurs origines ni sur pourquoi ils désiraient quitter à tout prix la République. Tant qu'ils n'avaient pas un comportement suspect... ou trop chaleureux avec les pirates. Des consignes avaient été données, tant pour eux que pour ses hommes d'équipage. Les embarqués ne devaient en aucun cas quitter la proue, se mêler aux hommes ou leur faire un brin de causette... Ce ne serait qu'en des circonstances urgentes que le capitaine leur permettrait de quitter l'avant de son brick.
Après avoir une nouvelle fois sondé l'horizon, il leva la tête pour fixer le nid de pie. La vigie était présente, ses deux mains encadrant ses yeux pour mieux centrer son champ de vision et parfaire sa surveillance. Après quoi, la tête du masqué se porta vers la plage. La chaloupe revenait déjà, emplie de moitié par des caisses de différentes tailles
*Bien...*
Moins il s'éterniserait ici, moins il encourait le risque de se faire repérer. En plus de cela, le vent se montrait plus froid, plus changeant. L'orage devenait tempête.
"Second ! "
"Capitaine ?" répondit un homme d'une quarantaine d'années à la bonne mine avec une tignasse blonde un peu en désordre et une barbe de plusieurs jours mal taillée.
"Assure-toi que nos passagers aient un recoin dégagé dans les cales pour s'y abriter..."
"Vous redoutez la tempête ? Je pensais que nous aurions eu le temps de l'éviter en dégageant..."
"Le vent a changé, oui. Assure-toi que rien ne leur soit accessible également, et qu'ils n'aient pas d'armes sur eux. J'aurai autre chose à faire que de gérer de possibles règlements de comptes."
"Très bien, Capitaine. Je fais préparer les manœuvres avant ?"
Le masqué acquiesça. Le second se retourna et vit le mousse qui était encore là, bêtement sur le pont.
"T'es encore là, garçon ? Mais active-toi ! "
Le vieux marin terminait de tirer le frêle mousse quand une voix autoritaire retentit, venant du gaillard arrière. En se retournant, l'homme manqua de trop tirer le gamin.
"Y a pas plus que les caisses, C'pitaine ! "
"Fais accélérer leur chargement."
"Bien, C'pitaine ! Va terminer tes tâches, gamin ! "
Et il abandonna le mousse, qui devrait normalement s'activer de son côté pour vaquer à ses occupations. Le jeunot aura-t-il alors la vision d'une ténébreuse silhouette qu'un éclair illumina un très bref instant ? Un regard acéré aura eu le temps de voir un être sombrement habillé. Une capuche et un masque tout aussi ténébreux couvraient son visage. Un autre éclair zébra la nuit alourdie par les nuages de l'orage qui grondait. Un peu plus que tout à l'heure. Nul doute que l'ombreux personnage ne pouvait être l'homme qui avait exigé de son marin de s'activer.
Les bras croisés sur sa poitrine, le pirate masqué regardait les nouveaux embarqués prendre place sur le pont, malgré l'obscurité de la nuit. Les éclats lumineux de l'orage permettaient une fraction de seconde de distinguer la forme de chacun d'entre eux. Cette nuit, il était prévu d'embarquer six fuyards de la nation bleue. Silencieusement, il fixait ces personnes à la démarche lasse, qui tenaient le peu de possessions qu'il leur avait été permis d'embarquer. Un de ses marins leur ordonna de se placer vers la proue, là où une tente de fortune avait été montée pour les accueillir. Ce sera leur place le temps de leur voyage — le temps de rejoindre leur destination.
La vigilance était cruciale, tant avec la présence de ces civils à son bord, que par le risque qu'il courait à traîner dans ces eaux. À cela, il se retourna pour regarder la haute mer, pour essayer de discerner la venue possible d'un navire républicain. À chaque éclair qui inondait les cieux obscurs, son œil alerte ciblait la moindre silhouette qui serait celle d'un navire républicain. Naviguer de nuit, sans fanal, était dangereux, mais c'était aussi un bon moyen d'approcher de sa cible sans se faire voir. La mer, grossie par le mauvais temps du moment, ne découragerait pas un audacieux officier de la Marine d'affronter et de couler un pirate qui oserait braver le territoire maritime de la République. Surtout ces derniers temps.
Le pirate ne négligeait pas les conséquences de l'attaque de l'Assemblée sur Liberty. La rude offensive que la cité avait subie n'avait pas été sans conséquences, poussant la République à être sur le qui-vive. Ces conséquences sous-jacentes avaient accru certaines tensions, exacerbé certaines rancunes envers les étrangers et les non-humains qui vivaient au sein de la Nation Bleue, la République. Celles et ceux qui cherchaient depuis lors à partir le plus rapidement possible et par n'importe quel moyen visaient la mer. Elle n'était pas la voie la plus sûre, mais elle était la plus rapide, à condition de trouver le bon navire.
Le Cetus en était un de ceux-là, tant pour fuir que pour rester libre, en effet, et avec le peu de biens qu'il était permis d'embarquer. Le masqué ne faisait pas ce genre de transport d'ordinaire. Mais dans un monde en constante évolution, en constante tension, varier ses activités était nécessaire. Surtout pour empêcher que ces pauvres hères ne tombent sur le mauvais pirate qui pourrait les dépouiller, les rançonner, voire pire... De ces gens qui se trouvaient désormais à son bord, il n'était pas regardant sur leurs origines ni sur pourquoi ils désiraient quitter à tout prix la République. Tant qu'ils n'avaient pas un comportement suspect... ou trop chaleureux avec les pirates. Des consignes avaient été données, tant pour eux que pour ses hommes d'équipage. Les embarqués ne devaient en aucun cas quitter la proue, se mêler aux hommes ou leur faire un brin de causette... Ce ne serait qu'en des circonstances urgentes que le capitaine leur permettrait de quitter l'avant de son brick.
Après avoir une nouvelle fois sondé l'horizon, il leva la tête pour fixer le nid de pie. La vigie était présente, ses deux mains encadrant ses yeux pour mieux centrer son champ de vision et parfaire sa surveillance. Après quoi, la tête du masqué se porta vers la plage. La chaloupe revenait déjà, emplie de moitié par des caisses de différentes tailles
*Bien...*
Moins il s'éterniserait ici, moins il encourait le risque de se faire repérer. En plus de cela, le vent se montrait plus froid, plus changeant. L'orage devenait tempête.
"Second ! "
"Capitaine ?" répondit un homme d'une quarantaine d'années à la bonne mine avec une tignasse blonde un peu en désordre et une barbe de plusieurs jours mal taillée.
"Assure-toi que nos passagers aient un recoin dégagé dans les cales pour s'y abriter..."
"Vous redoutez la tempête ? Je pensais que nous aurions eu le temps de l'éviter en dégageant..."
"Le vent a changé, oui. Assure-toi que rien ne leur soit accessible également, et qu'ils n'aient pas d'armes sur eux. J'aurai autre chose à faire que de gérer de possibles règlements de comptes."
"Très bien, Capitaine. Je fais préparer les manœuvres avant ?"
Le masqué acquiesça. Le second se retourna et vit le mousse qui était encore là, bêtement sur le pont.
"T'es encore là, garçon ? Mais active-toi ! "
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 187
crédits : 1490
crédits : 1490
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Les marins étaient des hommes forts, Sixte en savait quelque chose et si elle avait manqué de l’oublier, le vol plané qu’elle venait d’effectuer avant d'atterrir lourdement sur le pont venait de le lui rappeler. Le bougre qui l’aidait à monter avait tiré sa carcasse avec tellement d’innatention qu’il avait manqué de lui arraché son bonnet pourtant bien vissé sur son crâne. Accroupie au milieu des autres, Sixte se releva péniblement en ajustant son couvre-chef, l’enfonçant profondément sur sa tête jusqu’à dissimuler ses sourcils. Heureusement, personne ne lui portait la moindre attention. Le fracas du tonnerre était tel qu’il était presque impossible de discerner l’endroit ou même la tonalité des voix qui hurlaient d’un bout à l’autre du bateau, tout juste était-il possible de percevoir des mots au milieu du brouhaha. Ce n’était pas la première fois qu'elle assistait à une chose pareille mais c’était toujours avec la même fascination qu’elle se demandait comment les membres de l’équipage arrivaient à se comprendre. En tout cas, le temps jouait en sa faveur. Hormis les éclairs qui la trahissaient à intervalles irréguliers, la pénombre ainsi que la pluie étaient un camouflage parfait pour masquer sa présence et personne ne fit attention au mousse maigrelet qui commença à se faufiler entre les passagers. Le premier problème, néanmoins, était que ce qui lui servait d’avantages était également ce qui permettait à sa cible de lui échapper. Le second était le roulis des vagues qui soulevait le bateau par à-coup et qui, non content de rendre les déplacements compliqués, faisaient danser la gigue à son estomac.
D’un pas titubant, elle vint s'agripper au bastingage pour reprendre son souffle. Putain de merde, même après tout ce temps, la mer la méprisait toujours et la tempête n’aidait en rien. Elle était sur le point de céder aux caprices de son ventre lorsque qu’une voix bourrue retentit dans son dos, la faisant sursauter. Le visage tourné vers le sol, elle pivota sur ses talons, vers les deux hommes. Ils portaient tous les deux d’épaisse bottes en cuir noir et des pantalons de la même couleur, ce fut tout ce qu’elle osa regarder. S’ils découvraient son visage, il était certain qu’elle se trahirait. Aussi grand soit l’équipage, ils n’étaient pas assez sot pour se laisser abuser par le visage d’une femme, elfe de surcroit. En réponse à l’interpellation, elle haussa les épaules pour réajuster sa grande veste puis tira à nouveau sur le bonnet désormais imbibé d’eau avant de lever les mains l’air de dire “j’y retourne, j’y retourne” puis elle emprunta une démarche vive, mais pas précipité, pour s’éloigner d’eux.
Son cœur battait la chamade lorsqu’elle s'engouffra dans l’escalier qui menait à la cale. De nombreux marins étaient en train de déplacer les caisses vers l'arrière du navire pour dégager de quoi abriter tous les passagers. Ces derniers étaient pour la plupart massés les uns sur les autres, dans un recoin sombre, à grelotter en attendant qu’on les invite à prendre place.
— Vient aider, gamin.
Sixte ne dit rien, dévala les quelques marches et se retrouva rapidement les bras chargés de sac en toile de jute a peine plus léger qu’elle. Au moins cela lui permettait-il de dissimuler son visage. Il leur fallut oeuvrer de longues minutes dans la pénombre avant de dégager assez de place pour que les passagers ne soient plus entassés les uns sur les autres et lorsque ce fut le cas, quelques-uns commencèrent à mettre la main à la pate. Une aubaine pour Sixte qui commença enfin à oser regarder les visages dans l’espoir d'apercevoir celui de sa cible. L’ironie voulut néanmoins que ce soit lui qui la trouva en premier.
L’homme fondit sur elle comme un oiseau de proie alors qu’elle avait le dos tourné, trop occupée à stabiliser une caisse en équilibre à l’arrière de la cale du navire. Sans douceur, il écrasa son poids contre le sien, forçant son visage à s’enfoncer dans le bois sous elle.
— Alors, petite putain. C’est lui qui t’envoie ? Il a pas pu venir tout seul hein ? Son haleine de tabac froid lui arracha un haut le cœur et son estomac, qu’elle avait réussi à tenir en respect jusqu’ici, gronda.
— Lâche-moi, connard. Cracha-t-elle, la voix étranglée par la pression de l’angle de la caisse sur sa gorge. — J’sais pas de quoi tu parles, je suis juste là pour le bou-...
De sa main libre, il arracha son bonnet de sa tête, révélant le pointue de ses oreilles.
— Vous êtes pas très nombreux, les elfes, en République. Et les marins, ils aiment pas trop les mousses avec des miches. Ils préfèrent les garder pour les baiser dans les ports. Un de mes indics t’as vu avec la Jambe de Bois.
“Merde.”
— Après ça suffisait que tu me repère pas avant qu’on soit ici, histoire que ce soit moi qui te tombe… D’un mouvement presque trop vif pour un œil humain, Sixte utilisa sa jambe pour faire basculer le poids du corps de son agresseur et dans le même temps, lui transperça la gorge d’un geste net. Les yeux de l’homme s’agrandir alors qu’il reculait en titubant, plaquant ses mains autour de son cou dans l’espoir ridicule d’endiguer l'hémorragie. La seconde suivante il était à genoux, celle d’après il était face contre terre, mort et une auréole carmine était en train de se former autour de son cadavre.
— Fais chier. Fais chier, fais chier.
La houle fit tanguer le bateau et la caisse qu’elle n’avait pas eut le temps de stabiliser vacilla avant de chuter et d’exploser dans un vacarme tonitruant.
— Putain, gamin ! Qu’est-ce que tu branles ?
Il ne fallait pas qu’on la trouve là, encore moins tête découverte.
Sixte se précipita sur le bonnet, l’enfonça sur son crâne et se drappa d’invisibilité. Ce ne fut que lorsqu’elle eut atteint l’escalier qui remontait jusqu’au pont qu’elle entendit distinctement :
— Faites prévenir le Capitaine, on a un problème !
D’un pas titubant, elle vint s'agripper au bastingage pour reprendre son souffle. Putain de merde, même après tout ce temps, la mer la méprisait toujours et la tempête n’aidait en rien. Elle était sur le point de céder aux caprices de son ventre lorsque qu’une voix bourrue retentit dans son dos, la faisant sursauter. Le visage tourné vers le sol, elle pivota sur ses talons, vers les deux hommes. Ils portaient tous les deux d’épaisse bottes en cuir noir et des pantalons de la même couleur, ce fut tout ce qu’elle osa regarder. S’ils découvraient son visage, il était certain qu’elle se trahirait. Aussi grand soit l’équipage, ils n’étaient pas assez sot pour se laisser abuser par le visage d’une femme, elfe de surcroit. En réponse à l’interpellation, elle haussa les épaules pour réajuster sa grande veste puis tira à nouveau sur le bonnet désormais imbibé d’eau avant de lever les mains l’air de dire “j’y retourne, j’y retourne” puis elle emprunta une démarche vive, mais pas précipité, pour s’éloigner d’eux.
Son cœur battait la chamade lorsqu’elle s'engouffra dans l’escalier qui menait à la cale. De nombreux marins étaient en train de déplacer les caisses vers l'arrière du navire pour dégager de quoi abriter tous les passagers. Ces derniers étaient pour la plupart massés les uns sur les autres, dans un recoin sombre, à grelotter en attendant qu’on les invite à prendre place.
— Vient aider, gamin.
Sixte ne dit rien, dévala les quelques marches et se retrouva rapidement les bras chargés de sac en toile de jute a peine plus léger qu’elle. Au moins cela lui permettait-il de dissimuler son visage. Il leur fallut oeuvrer de longues minutes dans la pénombre avant de dégager assez de place pour que les passagers ne soient plus entassés les uns sur les autres et lorsque ce fut le cas, quelques-uns commencèrent à mettre la main à la pate. Une aubaine pour Sixte qui commença enfin à oser regarder les visages dans l’espoir d'apercevoir celui de sa cible. L’ironie voulut néanmoins que ce soit lui qui la trouva en premier.
L’homme fondit sur elle comme un oiseau de proie alors qu’elle avait le dos tourné, trop occupée à stabiliser une caisse en équilibre à l’arrière de la cale du navire. Sans douceur, il écrasa son poids contre le sien, forçant son visage à s’enfoncer dans le bois sous elle.
— Alors, petite putain. C’est lui qui t’envoie ? Il a pas pu venir tout seul hein ? Son haleine de tabac froid lui arracha un haut le cœur et son estomac, qu’elle avait réussi à tenir en respect jusqu’ici, gronda.
— Lâche-moi, connard. Cracha-t-elle, la voix étranglée par la pression de l’angle de la caisse sur sa gorge. — J’sais pas de quoi tu parles, je suis juste là pour le bou-...
De sa main libre, il arracha son bonnet de sa tête, révélant le pointue de ses oreilles.
— Vous êtes pas très nombreux, les elfes, en République. Et les marins, ils aiment pas trop les mousses avec des miches. Ils préfèrent les garder pour les baiser dans les ports. Un de mes indics t’as vu avec la Jambe de Bois.
“Merde.”
— Après ça suffisait que tu me repère pas avant qu’on soit ici, histoire que ce soit moi qui te tombe… D’un mouvement presque trop vif pour un œil humain, Sixte utilisa sa jambe pour faire basculer le poids du corps de son agresseur et dans le même temps, lui transperça la gorge d’un geste net. Les yeux de l’homme s’agrandir alors qu’il reculait en titubant, plaquant ses mains autour de son cou dans l’espoir ridicule d’endiguer l'hémorragie. La seconde suivante il était à genoux, celle d’après il était face contre terre, mort et une auréole carmine était en train de se former autour de son cadavre.
— Fais chier. Fais chier, fais chier.
La houle fit tanguer le bateau et la caisse qu’elle n’avait pas eut le temps de stabiliser vacilla avant de chuter et d’exploser dans un vacarme tonitruant.
— Putain, gamin ! Qu’est-ce que tu branles ?
Il ne fallait pas qu’on la trouve là, encore moins tête découverte.
Sixte se précipita sur le bonnet, l’enfonça sur son crâne et se drappa d’invisibilité. Ce ne fut que lorsqu’elle eut atteint l’escalier qui remontait jusqu’au pont qu’elle entendit distinctement :
— Faites prévenir le Capitaine, on a un problème !
Citoyen du monde
Altarus Aearon
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Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Quand un de ses marins le héla, le Masqué tenait la barre fermement, gardant un œil sur la petite bannière usée par les vents, qui avait perdu de sa blancheur depuis bien longtemps. Elle claquait chaotiquement dans le vent, lui confirmant que le Cetus ne pourrait pas échapper à la tempête qui s'annonçait des plus colériques. À croire que la mer n'était guère joyeuse d'avoir des terrestres ignares à bord du brick...
Comprenant l'urgence par le ton de l'appel, le pirate appela un autre membre de son équipage pour prendre la barre, lui donnant des consignes strictes et précises à suivre ; en gardant un œil sur la petite bannière grisâtre, sur laquelle il devait veiller à la maintenir sur un certain cap. Si elle vrillait, il devait l'appeler sur-le-champ. Après quoi, il rejoignit l'accès à la cale. En bas des escaliers, se tenait l'homme qui l'avait appelé.
"Qu'y a-t-il ?"
"Un des embarqués a claqué, Capitaine."
Le capitaine masqué ne répondit pas immédiatement, se contentant de fixer son homme. Derrière son masque, on ne pouvait discerner aucun trait de son visage, donc lire aucune émotion. La pluie commença à tomber. Le Masqué leva la tête vers les cieux, comme pour chercher à voir comment le temps déjà bien tumultueux allait s'engager. Ce n'était pas bon. Et voilà qu'il y avait un mort à bord. Ses hommes n'étaient pas de gros superstitieux, mais quand un homme mourait à bord à l'approche d'une grosse tempête, il y avait de quoi miner un peu le moral. Il finit par se pencher légèrement en avant, un signe silencieux pour indiquer qu’il attendait des explications.
"Il a été égorgé... direct, net et sans bavure."
Direct, net et sans bavure... Une main sûre, qui savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle voulait... Il finit par descendre dans la cale, pour aller voir le corps de ses propres yeux.
Le roulis du navire n'aidait guère à marcher droit. Une secousse fit gémir la coque. Les vagues grossissaient dehors. Le corps n'était pas loin des escaliers qui menaient en ces lieux. Les caisses finissaient d'être calées et enchevêtrées avec des cordages et de lourds filets, pour permettre le plus de place possible aux passagers du moment, qui avaient été menés dans une autre partie de la cale en attendant. L'odeur du sang était perceptible, se mêlant à l'odeur saline et boisée des entrailles du brick. La lumière des petites lampes à huile révélait le corps gisant au sol, baignant dans une flaque sombre. Le Capitaine s’accroupit près du cadavre, étudiant la blessure à la gorge. C’était net, sans hésitation. Pas le travail d’un amateur.
Se retenant de soupirer, le Masqué se redressa. C'était bien le moment pour une pareille situation. Soit il était question d'un règlement de compte, soit un assassin avait réussi à embarquer à son bord et ferait tout ce qu'il faut pour se planquer.
"La tempête nous tombe dessus. Quand elle sera passée, on s'occupera de trouver le coupable."
"Mais... s'il..."
"Le Second devait s'assurer qu'aucun de nos passagers n'ait d'armes. Fais procéder à une nouvelle fouille. Qu'on s'assure qu'il n'y a pas d'armes dissimulées dans la cale et sur le pont. Ne perds pas de temps..."
"Tout de suite, Capitaine ! Et... euh... vous avez croisé le mousse ?"
"Maigrichon ?"
"Oui... il devait aider à dégager les caisses et il y a un sacré raffut..."
"Il a dû se dissimuler quelque part avant de se sauver. Il n'a jamais été très courageux..."
La cale prit un gîte inquiétant, le temps d'un bref instant.
"Ne perds pas de temps... et rappelle les consignes aux invités à bord. En plus de rester dans la cale, tout en gardant un œil sur les mouvements de chacun d'entre eux. Cela rajoutera de la paranoïa entre eux, mais déliera peut-être quelques langues, quand la tempête sera passée..."
Son marin acquiesça. Le Masqué remonta sur le pont, s'étonnant de ne pas avoir croisé le mousse en venant à la cale. Un éclair déchira le ciel nuageux. Il se rendit d'un pas rapide à la barre. L'orage promettait d'être hargneux... Quand ses mains gantées retrouvèrent le contact du bois poli de la barre, il hurla pour tous :
"Qu'on clôt les sabords, qu'une équipe se tienne prête aux pompes, qu'on ferme les écoutilles et mettez vos lignes de vie ! La tempête va bien nous rincer !"
La côte était désormais trop éloignée pour que le ou la meurtrière puisse espérer s'échapper en sautant par-dessus bord. Les vagues étaient devenues trop hautes et les creux trop profonds pour espérer partir en chaloupe, surtout si le coupable était néophyte.
Quand la mer aura retrouvé son calme, le coupable ne trouvera pas le repos...
Comprenant l'urgence par le ton de l'appel, le pirate appela un autre membre de son équipage pour prendre la barre, lui donnant des consignes strictes et précises à suivre ; en gardant un œil sur la petite bannière grisâtre, sur laquelle il devait veiller à la maintenir sur un certain cap. Si elle vrillait, il devait l'appeler sur-le-champ. Après quoi, il rejoignit l'accès à la cale. En bas des escaliers, se tenait l'homme qui l'avait appelé.
"Qu'y a-t-il ?"
"Un des embarqués a claqué, Capitaine."
Le capitaine masqué ne répondit pas immédiatement, se contentant de fixer son homme. Derrière son masque, on ne pouvait discerner aucun trait de son visage, donc lire aucune émotion. La pluie commença à tomber. Le Masqué leva la tête vers les cieux, comme pour chercher à voir comment le temps déjà bien tumultueux allait s'engager. Ce n'était pas bon. Et voilà qu'il y avait un mort à bord. Ses hommes n'étaient pas de gros superstitieux, mais quand un homme mourait à bord à l'approche d'une grosse tempête, il y avait de quoi miner un peu le moral. Il finit par se pencher légèrement en avant, un signe silencieux pour indiquer qu’il attendait des explications.
"Il a été égorgé... direct, net et sans bavure."
Direct, net et sans bavure... Une main sûre, qui savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle voulait... Il finit par descendre dans la cale, pour aller voir le corps de ses propres yeux.
Le roulis du navire n'aidait guère à marcher droit. Une secousse fit gémir la coque. Les vagues grossissaient dehors. Le corps n'était pas loin des escaliers qui menaient en ces lieux. Les caisses finissaient d'être calées et enchevêtrées avec des cordages et de lourds filets, pour permettre le plus de place possible aux passagers du moment, qui avaient été menés dans une autre partie de la cale en attendant. L'odeur du sang était perceptible, se mêlant à l'odeur saline et boisée des entrailles du brick. La lumière des petites lampes à huile révélait le corps gisant au sol, baignant dans une flaque sombre. Le Capitaine s’accroupit près du cadavre, étudiant la blessure à la gorge. C’était net, sans hésitation. Pas le travail d’un amateur.
Se retenant de soupirer, le Masqué se redressa. C'était bien le moment pour une pareille situation. Soit il était question d'un règlement de compte, soit un assassin avait réussi à embarquer à son bord et ferait tout ce qu'il faut pour se planquer.
"La tempête nous tombe dessus. Quand elle sera passée, on s'occupera de trouver le coupable."
"Mais... s'il..."
"Le Second devait s'assurer qu'aucun de nos passagers n'ait d'armes. Fais procéder à une nouvelle fouille. Qu'on s'assure qu'il n'y a pas d'armes dissimulées dans la cale et sur le pont. Ne perds pas de temps..."
"Tout de suite, Capitaine ! Et... euh... vous avez croisé le mousse ?"
"Maigrichon ?"
"Oui... il devait aider à dégager les caisses et il y a un sacré raffut..."
"Il a dû se dissimuler quelque part avant de se sauver. Il n'a jamais été très courageux..."
La cale prit un gîte inquiétant, le temps d'un bref instant.
"Ne perds pas de temps... et rappelle les consignes aux invités à bord. En plus de rester dans la cale, tout en gardant un œil sur les mouvements de chacun d'entre eux. Cela rajoutera de la paranoïa entre eux, mais déliera peut-être quelques langues, quand la tempête sera passée..."
Son marin acquiesça. Le Masqué remonta sur le pont, s'étonnant de ne pas avoir croisé le mousse en venant à la cale. Un éclair déchira le ciel nuageux. Il se rendit d'un pas rapide à la barre. L'orage promettait d'être hargneux... Quand ses mains gantées retrouvèrent le contact du bois poli de la barre, il hurla pour tous :
"Qu'on clôt les sabords, qu'une équipe se tienne prête aux pompes, qu'on ferme les écoutilles et mettez vos lignes de vie ! La tempête va bien nous rincer !"
La côte était désormais trop éloignée pour que le ou la meurtrière puisse espérer s'échapper en sautant par-dessus bord. Les vagues étaient devenues trop hautes et les creux trop profonds pour espérer partir en chaloupe, surtout si le coupable était néophyte.
Quand la mer aura retrouvé son calme, le coupable ne trouvera pas le repos...
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
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Vocation: Guerrier assassin
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La mer ne l’avait jamais aimé et elle n’avait jamais aimé la mer. Ç'avait toujours été ainsi, même un siècle et demi n’avait pas changé ça.
Sixte s’extirpa de la cale au moment où le bruit des pas était revenu vers elle. Invisible, elle avait échappé à la vigilance du matelot qui avait découvert le corps et également à celui qui surveillait l’entrée de la cale et fouillait ceux qui y entraient. Plaquée contre le mur, elle avait évité de justesse, une bonne femme dont les jupes bouffantes s’étaient malencontreusement prises dans les boucles de ses bottes. Elle avait, heureusement, réussi à les dégager avant qu’elle ne s’apperçoive de quoi que ce soit. D’un bon discret, elle avait enfin regagné le pont où une pluie glaciale était en train de tremper tous ceux qui n’étaient pas à l'abri. Sixte ignora les gouttes qui rebondissaient sur sa silhouette, donnant un spectacle étrange à qui savait où regarder et s’approcha du bastingage.
La mer était agitée, des vagues plus grosses les unes que les autres, soulevées par les vents, faisaient tanguer le bateau à un rythme lent qui rendait fou l’estomac de la demi-elfe. C’était comme se trouver au beau milieu d’une eau bouillonnante. Elle était aussi grise que le ciel au-dessus d'elle, impossible de voir le fond. Sixte leva le nez. La côte qui se trouvait à tout juste un kilomètre de nage et qu’on discernait sans peine malgré l’orage à venir, n’était désormais rien de plus qu’une mince bande obscure à l’horizon.
“Merde.”
Sixte savait nager, elle avait été forcée d’apprendre le jour où elle avait épousé un homme qui préférait la mer à la terre, mais sauter par dessus bord maintenant… Autant s’accrocher une enclume au bout du pied. Elle ne regagnerait jamais la rive. Pas en vie en tout cas. Tant pis, il restait encore les chaloupes. Cela lui demanderait des efforts conséquents mais c’était largement envisageable. La main agrippée à la rambarde pour se guider, l’estomac au bord des lèvres, elle avança lentement vers le centre du navire, là où les petites embarcations attendaient, accrochées aux flancs du bateau.
— Eh, l’est où le gamin ?
Sixte se figea à l’endroit où elle était. L’homme qui lui faisait face avait l’air maussade.
— J’te parle, réponds putain.
Comment pouvait-il la voir et surtout, s’il l’a voyait, pourquoi ne lui avait-il pas encore fait un trou dans la poitrine ? La réponse fut évidente quand une voix dans son dos répondit :
— J’sais pas mon vieux. L’capitaine t’la dit. L’a dû avoir peur, doit se planquer qu’que part sur le bateau. S’voyait qu’y tiendrait pas la cadence l’ptit.
— J’ai déjà fouillé la cale, y était pas. Il est pas à la poupe non plus. Grommela le bonhomme en avançant droit sur Sixte qui l’esquiva de justesse.
— L’a pas pu aller bien loin.
— T’crois qu’il a pu piquer une chaloupe ?
— Nah, l’en manque aucune. Pis vu la gueule de la Belle, moi j’m’y risquerais pas avec un de ces coucous.
Sixte nota non sans grimacer que sa seconde option venait de partir en fumée. Si même des marins étaient réticents à l’idée de prendre la mer avec de telles boîtes à savons, elle ne donnait pas cher de sa peau. Le deuxième homme hocha la tête, puis haussa les épaules avant de lâcher un rire.
— T’crois pas qu’il aurait pu aller dans les quartiers du cap’taine quand même ?
— Ahaha ! Ca serait pas con, va être à la barre jusqu’à c’que le vent r’tombe. Mais c’est fermé, aucune chance d’entrer.
C’était tout ce qu’il lui fallait.
Sixte contourna les deux hommes discrètement, reposa sa main sur le bastingage et continua d’avancer. La pluie tombait drue désormais, si bien qu’on voyait à peine la proue du navire. Le bois du pont était devenu glissant et les rafales de vent faisaient penser à des gifles données par un dieu quelconque. Avancer était pénible, et ça ne le fut que plus encore lorsqu’un haut le cœur la surprit et qu’elle se plia en deux pour vomir par-dessus bord. Le tonnerre eut le mérite de couvrir ses régurgitations.
Maintenir son invisibilité ou marcher. Sixte n’était pas en mesure de choisir laquelle de ces deux tâches était la plus ardue mais l’une comme l’autre lui demandait des efforts considérables. Après avoir avalé autant d’eau qu’elle en avait dégueulé et que ses vêtements eurent absorbés la moitié de la mer, elle trouva enfin la porte des appartements du capitaine. C’était audacieux, probablement un peu fou mais cela valait encore mieux que de rester sur le pont à avaler des gorgées d’eau salée jusqu’à ce que mort s’en suive. Elle avait évidemment envisagé de redescendre dans la cale et d’y prendre la place de n’importe quel réfugié. Mais elle était trop bien gardée. Contrairement à cette porte dont la seule gardienne était une serrure. Une solution temporaire, dès que la tempête se calmerait, que les matelot auraient d’autres chats à fouetter et que les esprits se seraient calmés, elle retournerait dans la cale.
Crocheter la serrure ne fut pas compliqué, après le coffre de D’Elusie tout paraissait être un jeu d’enfant. Une fois la serrure forcée, Sixte ouvrit la porte, se glissa dans la pièce et referma derrière elle. La, elle abandonna son invisibilité dans un soupir las.
Sixte s’extirpa de la cale au moment où le bruit des pas était revenu vers elle. Invisible, elle avait échappé à la vigilance du matelot qui avait découvert le corps et également à celui qui surveillait l’entrée de la cale et fouillait ceux qui y entraient. Plaquée contre le mur, elle avait évité de justesse, une bonne femme dont les jupes bouffantes s’étaient malencontreusement prises dans les boucles de ses bottes. Elle avait, heureusement, réussi à les dégager avant qu’elle ne s’apperçoive de quoi que ce soit. D’un bon discret, elle avait enfin regagné le pont où une pluie glaciale était en train de tremper tous ceux qui n’étaient pas à l'abri. Sixte ignora les gouttes qui rebondissaient sur sa silhouette, donnant un spectacle étrange à qui savait où regarder et s’approcha du bastingage.
La mer était agitée, des vagues plus grosses les unes que les autres, soulevées par les vents, faisaient tanguer le bateau à un rythme lent qui rendait fou l’estomac de la demi-elfe. C’était comme se trouver au beau milieu d’une eau bouillonnante. Elle était aussi grise que le ciel au-dessus d'elle, impossible de voir le fond. Sixte leva le nez. La côte qui se trouvait à tout juste un kilomètre de nage et qu’on discernait sans peine malgré l’orage à venir, n’était désormais rien de plus qu’une mince bande obscure à l’horizon.
“Merde.”
Sixte savait nager, elle avait été forcée d’apprendre le jour où elle avait épousé un homme qui préférait la mer à la terre, mais sauter par dessus bord maintenant… Autant s’accrocher une enclume au bout du pied. Elle ne regagnerait jamais la rive. Pas en vie en tout cas. Tant pis, il restait encore les chaloupes. Cela lui demanderait des efforts conséquents mais c’était largement envisageable. La main agrippée à la rambarde pour se guider, l’estomac au bord des lèvres, elle avança lentement vers le centre du navire, là où les petites embarcations attendaient, accrochées aux flancs du bateau.
— Eh, l’est où le gamin ?
Sixte se figea à l’endroit où elle était. L’homme qui lui faisait face avait l’air maussade.
— J’te parle, réponds putain.
Comment pouvait-il la voir et surtout, s’il l’a voyait, pourquoi ne lui avait-il pas encore fait un trou dans la poitrine ? La réponse fut évidente quand une voix dans son dos répondit :
— J’sais pas mon vieux. L’capitaine t’la dit. L’a dû avoir peur, doit se planquer qu’que part sur le bateau. S’voyait qu’y tiendrait pas la cadence l’ptit.
— J’ai déjà fouillé la cale, y était pas. Il est pas à la poupe non plus. Grommela le bonhomme en avançant droit sur Sixte qui l’esquiva de justesse.
— L’a pas pu aller bien loin.
— T’crois qu’il a pu piquer une chaloupe ?
— Nah, l’en manque aucune. Pis vu la gueule de la Belle, moi j’m’y risquerais pas avec un de ces coucous.
Sixte nota non sans grimacer que sa seconde option venait de partir en fumée. Si même des marins étaient réticents à l’idée de prendre la mer avec de telles boîtes à savons, elle ne donnait pas cher de sa peau. Le deuxième homme hocha la tête, puis haussa les épaules avant de lâcher un rire.
— T’crois pas qu’il aurait pu aller dans les quartiers du cap’taine quand même ?
— Ahaha ! Ca serait pas con, va être à la barre jusqu’à c’que le vent r’tombe. Mais c’est fermé, aucune chance d’entrer.
C’était tout ce qu’il lui fallait.
Sixte contourna les deux hommes discrètement, reposa sa main sur le bastingage et continua d’avancer. La pluie tombait drue désormais, si bien qu’on voyait à peine la proue du navire. Le bois du pont était devenu glissant et les rafales de vent faisaient penser à des gifles données par un dieu quelconque. Avancer était pénible, et ça ne le fut que plus encore lorsqu’un haut le cœur la surprit et qu’elle se plia en deux pour vomir par-dessus bord. Le tonnerre eut le mérite de couvrir ses régurgitations.
Maintenir son invisibilité ou marcher. Sixte n’était pas en mesure de choisir laquelle de ces deux tâches était la plus ardue mais l’une comme l’autre lui demandait des efforts considérables. Après avoir avalé autant d’eau qu’elle en avait dégueulé et que ses vêtements eurent absorbés la moitié de la mer, elle trouva enfin la porte des appartements du capitaine. C’était audacieux, probablement un peu fou mais cela valait encore mieux que de rester sur le pont à avaler des gorgées d’eau salée jusqu’à ce que mort s’en suive. Elle avait évidemment envisagé de redescendre dans la cale et d’y prendre la place de n’importe quel réfugié. Mais elle était trop bien gardée. Contrairement à cette porte dont la seule gardienne était une serrure. Une solution temporaire, dès que la tempête se calmerait, que les matelot auraient d’autres chats à fouetter et que les esprits se seraient calmés, elle retournerait dans la cale.
Crocheter la serrure ne fut pas compliqué, après le coffre de D’Elusie tout paraissait être un jeu d’enfant. Une fois la serrure forcée, Sixte ouvrit la porte, se glissa dans la pièce et referma derrière elle. La, elle abandonna son invisibilité dans un soupir las.
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Altarus Aearon
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Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis que le Cetus avait repris la mer, balloté par les vagues gonflées par l'orage. La proue les fendait pour les briser et mieux les franchir, tandis que les cieux étaient zébrés par les éclairs, apportant une atmosphère lourde et métallique le temps de leur brève lueur aveuglante. Puis, petit à petit, la tempête avait faibli, se montrant moins grondante, laissant la mer noircie de ses accès de colère se calmer quelque peu.
Quand Altarus eut la certitude que la tempête était définitivement passée, il confia la barre à un de ses marins, compétent pour le remplacer quand la mer était suffisamment calme. Le danger le plus préoccupant étant désormais passé, il y avait des problèmes en devenir à régler, et au plus tôt. Avoir un assassin à son bord était un risque potentiel pour ses passagers du moment comme pour son équipage. Quand il descendit du gaillard arrière pour rejoindre le pont, Frenzo l'attendait déjà. L'humain blondin connaissait la moindre de ses habitudes et arrivait à anticiper certaines de ses pensées. Après toutes ces années à être sous ses ordres, le second avait fini par être plus qu'un simple officier à bord du Téméraire, puis du Cetus.
Le Masqué s'arrêta à sa hauteur, sa tête tournée dans sa direction.
"J'ai fait refouiller les embarqués. Point d'armes sur eux."
"Ont-ils apporté quelques informations pour repérer l'assassin ?"
"Pas grand-chose, hormis que ce bougre paraissait assez inquiet avant d'embarquer."
Le Capitaine garda un instant le silence. Ne pas disposer de beaucoup d'informations ne lui plaisait guère. Rejoindre la côte pour se débarrasser de toute cette clique d'embarqués fut tentant sur l'instant, mais ce serait offrir une belle porte de sortie à celui ou celle qui avait osé faire couler le sang à bord de son brick.
"Que tout ce petit monde reste en cale. Ils ne monteront pas sur le pont tant que ce bordel ne sera pas résolu. Que chaque homme demeure vigilant. Au moindre comportement suspect, fais-le-moi savoir."
"Bien Capitaine. Et pour..."
"Des nouvelles du mousse."
"Justement, on n'arrive pas à lui mettre le grappin dessus..."
Serait-il tombé en mer ? Probable. Ajouter à cela qu'il avait en plus un cadavre et son meurtrier sur les bras... Il ravala un juron.
"Veille à ce que le corps soit jeté à la mer, avec un minimum de décence."
Il ne savait rien du défunt. Donc autant jouer un minimum les civilisés à son égard.
"Ce sera fait, Capitaine. Et je vous..."
"Je sais, Second. Je te confie le navire quelques heures."
Frenzo afficha un grand sourire franc, pendant qu'Altarus le remercia d'une bonne tape amicale sur l'épaule, avant de se rendre à sa cabine.
Quand il eut déverrouillé la porte, il s'engouffra à l'intérieur de la dite cabine. Il la referma derrière lui, s'assurant de bien la verrouiller. La situation impliquait d'être prudent. D'un soupir las provoqué par la fatigue, il contempla l'intérieur de ce qui était son lieu de vie quand il sillonnait les mers à bord du Cetus. Il discernait les ombres qu'étaient le mobilier intérieur. Les fenêtres qui offraient une vue de la mer par l'arrière laissaient à peine la lumière de la nuit éclaircie de tout orage pénétrer à l'intérieur. Pas un bruit, pas un silence, si ce n'était que le grincement du navire qui voguait paisiblement sur la mer et le léger tintement métallique de la chaîne de la lanterne à huile qui n'était point allumée. De nuit, la moindre source de lumière se voyait à des distances incroyables. Donc, pour éviter d'attirer l'attention des navires républicains, point de lueur à bord.
Un frisson glacé lui rappela qu'il était trempé de la tête aux pieds, ses vêtements alourdis par l'eau collant à sa peau comme une prison de tissu glacé. Déjà, il sentait la crispation de ses muscles fatigués, conséquence des quelques heures d'efforts pour tenir la barre et contrer la fureur de la mer.
L'envie de se dévêtir de sa tenue détrempée monta à son esprit, mais un autre désir prit le dessus. Le Masqué venait de porter son attention vers un recoin de sa cabine, là où une armoire était discrètement intégrée au mur. Derrière elle se dissimulait une cachette où il gardait quelques boissons alcoolisées pour certaines occasions. Sentir le goût moelleux et sucré d'un bon hydromel le tenta grandement. Un ou deux verres avant de se reposer un peu n'étaient que mérités.
Alors qu’il s’apprêtait à faire un pas en direction de sa petite cache personnelle, il eut une drôle d'impression. Il s'immobilisa, tendit l'oreille. Il crut qu'il n'était pas seul dans sa propre cabine. L'impression d'être... observé, scruté... Ce n’était ni un bruit, ni un mouvement, quelque chose de diffus... Son œil unique fouilla la profonde pénombre de la cabine. Ses épaules s'affaissèrent quand il comprit qu'il devait être plus épuisé qu'il ne le pensait. Il fit à peine un pas en avant qu'il stoppa net. Il y avait cette odeur...
C’était subtil, humide et salin, mêlé à celle du bois mouillé et d'une pointe infime d'acidité. Ce n'était pas la sienne. Ce qu'il percevait était intrusif, inconnu. Puis, il fixa le sol. Une flaque d’eau s'étalait là où il n'avait pas encore posé ses bottes, loin de ses traces humides. Elle était là, récente. Quelqu'un était entré dans sa cabine.
Son regard se durcit. Il n'y avait pas de silhouette visible dans sa cabine. Il ferma son œil pour se concentrer, pour savoir si une autre trame magique avait envahi les lieux. Là où il l'avait pensée résiduelle, elle était persistante. L'être était encore là, invisible.
Avec une vivacité stupéfiante, le Masqué bondit en direction de la "présence". Il saisit un col... non, un cou. L'inconnu percuta le mur boisé de la cabine. Le pirate avait déjà sorti sa dague, prêt à frapper.
"Qui que tu sois, j'espère que tu auras les bons mots pour me convaincre de ne pas te tuer sur place !"
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
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Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Sixte était persuadée que la mer lui voulait du mal. Les roulis qui soulevaient le brick étaient toujours plus puissants, les vagues qui se fracassaient contre la coque, manquant de la projeter d’un bout à l’autre de la cabine ne cessaient pas. Avancer était une épreuve, ne pas vomir était un enfer. D’un geste rageur, elle avait retiré le bonnet humide de ses cheveux et l’avait envoyé valdinguer de toute ses forces sur le mur ou il avait lamentablement glissé avant de tomber dans un “sploch” disgracieux sur le sol, derrière la commode.
— Fais chier. Pesta-t-elle, fermement arrimée aux boiseries du mur sur sa droite. Il lui faudrait trouver un autre déguisement avant de filer. Mais pour l’heure, elle devait surtout éviter de vomir sa bile au beau milieu de la pièce. La tâche ne fut pas aisée et elle dût plusieurs fois s’arrêter, s’accroupir et attendre que le mal passe. Ensuite, elle s’autorisa une fouille sommaire des lieux. Le capitaine du navire était un étrange personnage qui ne signait de son nom aucun document, l’écriture était jolie, toute en arabesque et n’avait rien à envier à celle que les nobles apprenaient à manier. En vérité, elle était si similaire qu’elle se demanda pendant un instant si l’homme n’avait pas été autrefois l’un d’entre eux. Altarus était bien un pirate et pas une exception, il n'aurait pas été étonnant que le capitaine de ce navire soit d'ascendance noble lui aussi. Sa poitrine se serra à cette pensée. Elle ne l’avait pas revu depuis leur dernière rencontre, lorsqu’elle s’était emparé du reptile d’or et de rubis, lorsqu’elle avait appris qu’il était en vie.
Il lui avait fallu plusieurs jours pour croire à ce qu’elle avait vu et plus encore pour s’extirper du brouillard de chagrin et de colère dans lequel elle avait été faite prisonnière. L’incompréhension l’avait heurté de plein fouet et plusieurs fois, elle avait failli partir à sa recherche parce qu’elle avait besoin de savoir et de comprendre. Une part d’elle avait besoin d’entendre de sa bouche qu’il avait une raison valable mais son visage, ce soir-là et son regard… Rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait jamais pansé les plaies béantes qu’il avait rouvertes, plus profondes encore que celles de son prétendu décès. Parfois, elle regrettait qu’il ne le soit pas vraiment. Avoir passé tant de temps à l’aimer, même par delà la mort pour apprendre que d’eux deux, elle avait été la seule. Alors elle avait fait ce qu’elle faisait de mieux ; elle avait fuit ses pensées et l’ombre de cet époux qui planait désormais au-dessus d’elle. Chaque fois qu’elle devenait trop sombre, trop présente et presque consistante, elle s’était réfugiée dans le lit de Pancrace. Elle avait laissé sa bouche engloutir ses angoisses, ses mains jouer sur sa peau une mélodie pour effacer ses tourments, son corps la consumer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que lui et lui seul. Jusqu’à ce qu’elle ait l’impression que cette rencontre n’était qu’un vil cauchemar, une incartade de son esprit et rien de plus.
— Salaud, maugréa-t-elle pour elle-même en rangeant les papiers où elle les avait trouvés. Puis elle s’approcha du fond de la cabine, là où les fenêtres donnaient une vue imprenable sur la mer furieuse. C’eut toujours été un spectacle impressionnant, même trois cent ans d’existence ne pouvait changer ça. La férocité des vagues, l’infinité de l’océan et sa profondeur, les secrets qu’il gardait sagement en son sein. Parfois, Sixte ne pouvait s’empêcher de songer que si elle avait été une sirène, elle aurait voué sa vie à parcourir chaque parcelle de cet univers qui lui était défendu. Et elle resta là, sans bouger, les minutes défilant et ses os se gelant minute après minute. Il n’y avait rien de plus à faire de toute façon, tant que la tempête battait, personne ne penserait à venir ici. Elle filerait lorsque le temps se calmerait, utiliserait sa magie pour se dissimuler jusqu’à ce qu’ils accostent et s'enfuirait à la première occasion.
Sixte attendit avec la patience propre à ceux de sa race, immobile, l’esprit perdu en elle-même mais chassant les pensées retors d’un passé comme un boulet à sa cheville. Lorsqu’enfin il lui sembla que la houle se faisait moins coléreuse, elle daigna enfin s’arracher à sa torpeur. Gelée, toujours trempée, elle avisa la présence d’une armoire et après une brève hésitation l’ouvrit. Sans surprise, les vêtements qu’elle contenait étaient trop grands pour elle. Mais ils avaient le mérite d’être sec. D’un coup d’épaule, elle se débarrassa de la veste du mousse qu’elle remisa sous une couchette puis défit sa chemise qui prit le même chemin. Elle était sur le point de se défaire de son pantalon et de ses armes lorsque le tintement caractéristique de la serrure se fit entendre.
Quand la porte s’ouvrit, Sixte s’était déjà soustraite à la vue du commun des mortels. Engoncée dans un coin de la cabine qui lui sembla brusquement très exigu, elle regarda le nouveau venu entrer sans se douter un seul instant qu’il n’était pas seul. Le silhouette encapuchonnée resta là un moment et Sixte en profita pour bouger, s’approcher lentement de la porte, prête à fuir à la moindre ouverture. A la place, une poigne de fer se referma sur sa gorge et lui écrasa puissamment le dos contre le bois. Un gémissement étouffé lui échappa.
— Je m’en voudrais de salir votre super tapis… Cracha Sixte le souffle court, sans réapparaître.
Elle profita de son invisibilité pour agir. Sa main droite heurta férocement celle armée de son adversaire alors que son genou venait à la rencontre de son estomac, une coordination parfaite et d’une rapidité si fulgurante que l’encapuchonné ne put rien faire d’autre que de relâcher sa prise. Juste assez pour permettre à la demi-elfe de s’en défaire. Mais ce n’était pas suffisant pour le mettre en déroute et à peine eut-elle réussi à se remettre sur pied qu’une rafale de coups vint pleuvoir dans sa direction, elle en esquiva certain, en encaissa d'autres la mâchoire serrée. Comment, diable, pouvait-il la frapper alors qu’elle était encore invisible ? Pas le temps de trouver la réponse, Sixte se pencha vers l’avant et engagea à son tour son savoir faire, tentant de le toucher aux jambes pour le faire basculer. Elle n’avait rien à gagner à lui faire du mal, tout ce qu’elle voulait c’était s’enfuir d’ici. Alors elle frappa. Mais il esquiva, encore. De colère, usant de sa rapidité, elle le heurta avec force à la poitrine et le fit basculer. C’était son moment ! Tournant les talons, elle se rua vers la porte. Ses doigts étaient à un cheveux de se refermer sur la poignée lorsque quelque chose la faucha aux jambes et la précipita face contre terre. Sa tête heurta violemment le plancher. Une douleur sourde et raisonnante se répercuta aux quatre coins de son cerveau tandis qu’une plaie s’ouvrait sur son front et que le sang se mettait à goutter le long de sa tempe.
Sixte grogna, l’air hagard, mille chandelles dansant dans son champ de vision. Le monde semblait vaciller autour d’elle et ce n’était guère dû à la houle cette fois.
— Fais chier. Pesta-t-elle, fermement arrimée aux boiseries du mur sur sa droite. Il lui faudrait trouver un autre déguisement avant de filer. Mais pour l’heure, elle devait surtout éviter de vomir sa bile au beau milieu de la pièce. La tâche ne fut pas aisée et elle dût plusieurs fois s’arrêter, s’accroupir et attendre que le mal passe. Ensuite, elle s’autorisa une fouille sommaire des lieux. Le capitaine du navire était un étrange personnage qui ne signait de son nom aucun document, l’écriture était jolie, toute en arabesque et n’avait rien à envier à celle que les nobles apprenaient à manier. En vérité, elle était si similaire qu’elle se demanda pendant un instant si l’homme n’avait pas été autrefois l’un d’entre eux. Altarus était bien un pirate et pas une exception, il n'aurait pas été étonnant que le capitaine de ce navire soit d'ascendance noble lui aussi. Sa poitrine se serra à cette pensée. Elle ne l’avait pas revu depuis leur dernière rencontre, lorsqu’elle s’était emparé du reptile d’or et de rubis, lorsqu’elle avait appris qu’il était en vie.
Il lui avait fallu plusieurs jours pour croire à ce qu’elle avait vu et plus encore pour s’extirper du brouillard de chagrin et de colère dans lequel elle avait été faite prisonnière. L’incompréhension l’avait heurté de plein fouet et plusieurs fois, elle avait failli partir à sa recherche parce qu’elle avait besoin de savoir et de comprendre. Une part d’elle avait besoin d’entendre de sa bouche qu’il avait une raison valable mais son visage, ce soir-là et son regard… Rien de ce qu’il aurait pu dire n’aurait jamais pansé les plaies béantes qu’il avait rouvertes, plus profondes encore que celles de son prétendu décès. Parfois, elle regrettait qu’il ne le soit pas vraiment. Avoir passé tant de temps à l’aimer, même par delà la mort pour apprendre que d’eux deux, elle avait été la seule. Alors elle avait fait ce qu’elle faisait de mieux ; elle avait fuit ses pensées et l’ombre de cet époux qui planait désormais au-dessus d’elle. Chaque fois qu’elle devenait trop sombre, trop présente et presque consistante, elle s’était réfugiée dans le lit de Pancrace. Elle avait laissé sa bouche engloutir ses angoisses, ses mains jouer sur sa peau une mélodie pour effacer ses tourments, son corps la consumer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que lui et lui seul. Jusqu’à ce qu’elle ait l’impression que cette rencontre n’était qu’un vil cauchemar, une incartade de son esprit et rien de plus.
— Salaud, maugréa-t-elle pour elle-même en rangeant les papiers où elle les avait trouvés. Puis elle s’approcha du fond de la cabine, là où les fenêtres donnaient une vue imprenable sur la mer furieuse. C’eut toujours été un spectacle impressionnant, même trois cent ans d’existence ne pouvait changer ça. La férocité des vagues, l’infinité de l’océan et sa profondeur, les secrets qu’il gardait sagement en son sein. Parfois, Sixte ne pouvait s’empêcher de songer que si elle avait été une sirène, elle aurait voué sa vie à parcourir chaque parcelle de cet univers qui lui était défendu. Et elle resta là, sans bouger, les minutes défilant et ses os se gelant minute après minute. Il n’y avait rien de plus à faire de toute façon, tant que la tempête battait, personne ne penserait à venir ici. Elle filerait lorsque le temps se calmerait, utiliserait sa magie pour se dissimuler jusqu’à ce qu’ils accostent et s'enfuirait à la première occasion.
Sixte attendit avec la patience propre à ceux de sa race, immobile, l’esprit perdu en elle-même mais chassant les pensées retors d’un passé comme un boulet à sa cheville. Lorsqu’enfin il lui sembla que la houle se faisait moins coléreuse, elle daigna enfin s’arracher à sa torpeur. Gelée, toujours trempée, elle avisa la présence d’une armoire et après une brève hésitation l’ouvrit. Sans surprise, les vêtements qu’elle contenait étaient trop grands pour elle. Mais ils avaient le mérite d’être sec. D’un coup d’épaule, elle se débarrassa de la veste du mousse qu’elle remisa sous une couchette puis défit sa chemise qui prit le même chemin. Elle était sur le point de se défaire de son pantalon et de ses armes lorsque le tintement caractéristique de la serrure se fit entendre.
Quand la porte s’ouvrit, Sixte s’était déjà soustraite à la vue du commun des mortels. Engoncée dans un coin de la cabine qui lui sembla brusquement très exigu, elle regarda le nouveau venu entrer sans se douter un seul instant qu’il n’était pas seul. Le silhouette encapuchonnée resta là un moment et Sixte en profita pour bouger, s’approcher lentement de la porte, prête à fuir à la moindre ouverture. A la place, une poigne de fer se referma sur sa gorge et lui écrasa puissamment le dos contre le bois. Un gémissement étouffé lui échappa.
— Je m’en voudrais de salir votre super tapis… Cracha Sixte le souffle court, sans réapparaître.
Elle profita de son invisibilité pour agir. Sa main droite heurta férocement celle armée de son adversaire alors que son genou venait à la rencontre de son estomac, une coordination parfaite et d’une rapidité si fulgurante que l’encapuchonné ne put rien faire d’autre que de relâcher sa prise. Juste assez pour permettre à la demi-elfe de s’en défaire. Mais ce n’était pas suffisant pour le mettre en déroute et à peine eut-elle réussi à se remettre sur pied qu’une rafale de coups vint pleuvoir dans sa direction, elle en esquiva certain, en encaissa d'autres la mâchoire serrée. Comment, diable, pouvait-il la frapper alors qu’elle était encore invisible ? Pas le temps de trouver la réponse, Sixte se pencha vers l’avant et engagea à son tour son savoir faire, tentant de le toucher aux jambes pour le faire basculer. Elle n’avait rien à gagner à lui faire du mal, tout ce qu’elle voulait c’était s’enfuir d’ici. Alors elle frappa. Mais il esquiva, encore. De colère, usant de sa rapidité, elle le heurta avec force à la poitrine et le fit basculer. C’était son moment ! Tournant les talons, elle se rua vers la porte. Ses doigts étaient à un cheveux de se refermer sur la poignée lorsque quelque chose la faucha aux jambes et la précipita face contre terre. Sa tête heurta violemment le plancher. Une douleur sourde et raisonnante se répercuta aux quatre coins de son cerveau tandis qu’une plaie s’ouvrait sur son front et que le sang se mettait à goutter le long de sa tempe.
Sixte grogna, l’air hagard, mille chandelles dansant dans son champ de vision. Le monde semblait vaciller autour d’elle et ce n’était guère dû à la houle cette fois.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
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Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
L'être invisible qu'il avait saisi n'en démordit pas face à lui. Bien qu'il la tînt fermement au cou, l'inconnu avait assez d'air pour respirer et surtout, pour s'exprimer. Le Masqué fut à peine surpris d'entendre une voix féminine lui cracher une réplique presque pathétique. Par contre, il manqua réellement de se figer de stupéfaction en croyant reconnaître ce timbre de voix bien énervée. Il était impossible que...! Sa dague fut balayée hors de sa main, tout en recevant un coup de genou dans le creux de son estomac. Face à cette vivacité déconcertante, le pirate ne put que reculer en grognant, réussissant à ne pas trop se plier en deux pour encaisser le coup douloureux.
Il se redressa et, déterminé à neutraliser l'intruse pour l'interroger, il passa à l'offensive. L'adversaire maintenait toujours son invisibilité. Peu importait. Bien que sa cabine fût presque plongée dans les ténèbres, malgré l'infime lueur de la nuit qui arrivait à les percer, il disposait de ses autres sens et d'une parfaite connaissance de sa cabine. Chaque mouvement engendré par l'assaillante créait un infime bruit sur le bois du sol. Le moindre grincement, le moindre frottement lui indiquait la position de la personne qui se croyait intouchable grâce à sa magie. Et lui-même avait la sienne, qu'il n'hésiterait pas à employer pour mettre un terme à tout ce bordel. Mais il devait agir au bon moment, pour être certain de ne pas la rater.
Il serra les dents, retenant un juron lorsqu'il fut contraint d'esquiver encore une fois un nouveau coup de poing. Elle était tenace ! Soudain, il fut percuté à la poitrine. Il manqua de perdre l'équilibre, se rattrapant in extremis à son bureau qui grinça.
*Assez joué ! pensa-t-il avec agacement en appelant l'air à devenir un fouet aérien, lorsqu'il entendit les bruits de pas précipités vers la porte de la cabine ! Il était hors de question qu'elle se barre ! Un bruit lourd, soudain et brutal contre le plancher suffit à confirmer qu'il avait atteint son objectif. Sa cible s'était vautrée, et pas en douceur. Et désormais, elle était visible.
En quelques foulées, il fut sur elle. D'une poigne de fer, et s'abaissant, il cala son genou dans le creux de ses reins. Puis, sans ménagement, il saisit son poignet droit, imposant un angle inconfortable à son membre, de sorte que si elle tentait de se redresser, elle en souffrirait. Son autre main gantée, en se posant sur le dos nu de la jeune femme, perçut la finesse de sa peau. Il frémit, sentant un certain passé lui revenir à l'esprit. Des souvenirs bienheureux l'effleuraient même, avant que la rugosité d'une ligne irrégulière ne se montre plus présente sous son toucher. Malgré le fin cuir noir de son gant, il la percevait, disgracieuse, informe. Il se crispa en découvrant la cicatrice qui parcourait verticalement la première épaule. Elle était jumelle à une seconde, présente du côté de l'autre omoplate. Il manqua de trembler face à cette découverte, face à l'horreur que dévoilaient l'origine de ces cicatrices. Du léger doute de tantôt... cela ne pouvait être... ! Par les abysses, comment avait-elle pu se retrouver à bord et comment ?
Une petite tache sombre attira son attention. Dans sa chute, elle s'était cognée et saignait de la tête. Sa mâchoire se crispa, autant de nervosité que sous l'effet d'autres émotions qu'il aurait préféré ne pas ressentir à ce moment-là.
Sa main gantée était toujours en contact avec cette blessure, qui imposait le souvenir d'une douleur sans nom à celle qui la portait. Il réentendait sa voix dans ses récents souvenirs, narrant la manière dont on lui avait arraché ses ailes... une par une. S'il n'avait pas pris cette foutue et sale décision, elle n'en serait pas là et... un sentiment qu'il avait ressenti en sa présence refit surface. Il ne voulut pas le nommer mentalement. Il en frissonna même avant de se pincer les lèvres derrière son masque ! Ce n'était vraiment pas le moment.
Il retira sa main du dos nu, tremblant et hésitant sur la suite à donner.
"Voilà ce qu'on récolte à jouer les filles de l'air..." grommela-t-il.
"Capitaine !" hurla une voix bourrue derrière la porte de la cabine. "Qu'est-ce qu'il se passe ? On a entendu du bordel ! Tout va bien ?"
"Oui, tout va bien. Je pense avoir retrouvé notre mousse. Ramène le nécessaire du Rebouteux et une solide corde."
"NoUne corde... Vous êtes sûr que..."
"Dépêche-toi !"
Les pas précipités confirmaient que le second se hâtait d'exécuter les ordres de son capitaine. On l'entendit même beugler sur le pont. Connaissant Frenzo, nul doute qu'il s'assurait de mettre des marins en garde devant la porte, prêts à intervenir.
Altarus n'oublia pas sa prisonnière. Dans quel merdier s'était-il mis cette fois ? Et surtout elle. Nul doute qu'elle était responsable du meurtre dans les cales.
"J'attends toujours tes bons mots..."
Il usa de sa magie aérienne pour compresser, par sa densité, la plaie qu'elle s'était faite tantôt. Puis, d'une voix un peu hésitante, il s'exprima :
"Une anguille à moitié dévêtue à bord de ce navire ne risquait pas d'aller bien loin "
IL ne sut quoi dire d'autres. Il l'avait reconnue et à cela, son cœur se serra. Il y eut même l'étrange fourmillement à son flanc. Par les abysses, le destin se foutait réellement de sa gueule ! Comment devait-il agir ? Il ne pouvait pas la céder au jugement de la mer pour avoir fait couler du sang à bord, comme il ne souhaitait pas abaisser le masque pour qu'elle le voie. Le dilemme était intense comme déchirant, remontant sa propre souffrance. Il avait mis bien des jours à essayer de ne plus songer à ce qu'il avait perdu de plus cher à toute son existence, avant que cela ne lui revienne en pleine figurine.
Celle qu'il avait aimé, était là, sous son emprise.
"Ce qui a débuté par le sang...."Avait-il commencé à murmurer, avant de se mordre les lèvres et prendre un ton plus froid. "Qu'es-tu venu cherché à mon bord ? J'espèr pour toi que tu n'as pas occis le mousse pour prendre sa place...."
Il se redressa et, déterminé à neutraliser l'intruse pour l'interroger, il passa à l'offensive. L'adversaire maintenait toujours son invisibilité. Peu importait. Bien que sa cabine fût presque plongée dans les ténèbres, malgré l'infime lueur de la nuit qui arrivait à les percer, il disposait de ses autres sens et d'une parfaite connaissance de sa cabine. Chaque mouvement engendré par l'assaillante créait un infime bruit sur le bois du sol. Le moindre grincement, le moindre frottement lui indiquait la position de la personne qui se croyait intouchable grâce à sa magie. Et lui-même avait la sienne, qu'il n'hésiterait pas à employer pour mettre un terme à tout ce bordel. Mais il devait agir au bon moment, pour être certain de ne pas la rater.
Il serra les dents, retenant un juron lorsqu'il fut contraint d'esquiver encore une fois un nouveau coup de poing. Elle était tenace ! Soudain, il fut percuté à la poitrine. Il manqua de perdre l'équilibre, se rattrapant in extremis à son bureau qui grinça.
*Assez joué ! pensa-t-il avec agacement en appelant l'air à devenir un fouet aérien, lorsqu'il entendit les bruits de pas précipités vers la porte de la cabine ! Il était hors de question qu'elle se barre ! Un bruit lourd, soudain et brutal contre le plancher suffit à confirmer qu'il avait atteint son objectif. Sa cible s'était vautrée, et pas en douceur. Et désormais, elle était visible.
En quelques foulées, il fut sur elle. D'une poigne de fer, et s'abaissant, il cala son genou dans le creux de ses reins. Puis, sans ménagement, il saisit son poignet droit, imposant un angle inconfortable à son membre, de sorte que si elle tentait de se redresser, elle en souffrirait. Son autre main gantée, en se posant sur le dos nu de la jeune femme, perçut la finesse de sa peau. Il frémit, sentant un certain passé lui revenir à l'esprit. Des souvenirs bienheureux l'effleuraient même, avant que la rugosité d'une ligne irrégulière ne se montre plus présente sous son toucher. Malgré le fin cuir noir de son gant, il la percevait, disgracieuse, informe. Il se crispa en découvrant la cicatrice qui parcourait verticalement la première épaule. Elle était jumelle à une seconde, présente du côté de l'autre omoplate. Il manqua de trembler face à cette découverte, face à l'horreur que dévoilaient l'origine de ces cicatrices. Du léger doute de tantôt... cela ne pouvait être... ! Par les abysses, comment avait-elle pu se retrouver à bord et comment ?
Une petite tache sombre attira son attention. Dans sa chute, elle s'était cognée et saignait de la tête. Sa mâchoire se crispa, autant de nervosité que sous l'effet d'autres émotions qu'il aurait préféré ne pas ressentir à ce moment-là.
Sa main gantée était toujours en contact avec cette blessure, qui imposait le souvenir d'une douleur sans nom à celle qui la portait. Il réentendait sa voix dans ses récents souvenirs, narrant la manière dont on lui avait arraché ses ailes... une par une. S'il n'avait pas pris cette foutue et sale décision, elle n'en serait pas là et... un sentiment qu'il avait ressenti en sa présence refit surface. Il ne voulut pas le nommer mentalement. Il en frissonna même avant de se pincer les lèvres derrière son masque ! Ce n'était vraiment pas le moment.
Il retira sa main du dos nu, tremblant et hésitant sur la suite à donner.
"Voilà ce qu'on récolte à jouer les filles de l'air..." grommela-t-il.
"Capitaine !" hurla une voix bourrue derrière la porte de la cabine. "Qu'est-ce qu'il se passe ? On a entendu du bordel ! Tout va bien ?"
"Oui, tout va bien. Je pense avoir retrouvé notre mousse. Ramène le nécessaire du Rebouteux et une solide corde."
"NoUne corde... Vous êtes sûr que..."
"Dépêche-toi !"
Les pas précipités confirmaient que le second se hâtait d'exécuter les ordres de son capitaine. On l'entendit même beugler sur le pont. Connaissant Frenzo, nul doute qu'il s'assurait de mettre des marins en garde devant la porte, prêts à intervenir.
Altarus n'oublia pas sa prisonnière. Dans quel merdier s'était-il mis cette fois ? Et surtout elle. Nul doute qu'elle était responsable du meurtre dans les cales.
"J'attends toujours tes bons mots..."
Il usa de sa magie aérienne pour compresser, par sa densité, la plaie qu'elle s'était faite tantôt. Puis, d'une voix un peu hésitante, il s'exprima :
"Une anguille à moitié dévêtue à bord de ce navire ne risquait pas d'aller bien loin "
IL ne sut quoi dire d'autres. Il l'avait reconnue et à cela, son cœur se serra. Il y eut même l'étrange fourmillement à son flanc. Par les abysses, le destin se foutait réellement de sa gueule ! Comment devait-il agir ? Il ne pouvait pas la céder au jugement de la mer pour avoir fait couler du sang à bord, comme il ne souhaitait pas abaisser le masque pour qu'elle le voie. Le dilemme était intense comme déchirant, remontant sa propre souffrance. Il avait mis bien des jours à essayer de ne plus songer à ce qu'il avait perdu de plus cher à toute son existence, avant que cela ne lui revienne en pleine figurine.
Celle qu'il avait aimé, était là, sous son emprise.
"Ce qui a débuté par le sang...."Avait-il commencé à murmurer, avant de se mordre les lèvres et prendre un ton plus froid. "Qu'es-tu venu cherché à mon bord ? J'espèr pour toi que tu n'as pas occis le mousse pour prendre sa place...."
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 187
crédits : 1490
crédits : 1490
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
La tête de Sixte battait un rythme de tous les diables. Son sang frappait ses tempes avec une régularité exécrable, s’écoulait de la plaie sans discontinuer, venant se mêler à ses cheveux blonds, roulant sur sa joue pour finir par goutter sur son menton et sur le sol. Mais ce n’était rien que du sang, une blessure bénigne qu’elle soignerait en un rien de temps lorsque sa céphalée lui serait passée et surtout lorsqu’elle n’aurait plus une myriade d’étoile en train de danser la gigue devant ses yeux. Ils papillonnèrent tandis que son esprit cherchait désespérément à retrouver ses repères. Le bateau, elle était sur le bateau ! Dans la cabine du capitaine ! Elle s’était faites surprendre alors qu’elle envisageait de voler quelques vêtements. Merde. Sixte manqua de baisser la tête sur son buste mais la froideur autant que la dureté du bois sur sa peau lui confirmèrent ce qu’elle craignait.
“Je dois partir. Et voler une chemise. Une blouse, n’importe quoi.” Car elle était trop âgée pour ne pas savoir le sort qui attendait la majorité des femmes sur ce genre de rafiot, encore plus si elle avait l’outrecuidance de se balader dévêtue. Un sort pire que la mort. Sa paume se planta dans le sol, prête à la redresser quand le poids d’un genou lui écrasa les reins. Un gémissement de colère autant que de douleur lui échappa et une main puissante vint arracher la sienne pour la lui rabattre dans le dos. Sixte rua, surtout lorsque l’inconnu effleura les cicatrices sur ses omoplates. La caresse était pareille à un fer chauffé à blanc. L’humiliation était totale et malgré ses mouvements, il l’accablait. Elle aurait voulu hurler et pleurer sa rage et sa colère. Mais elle n’en fit rien, sa fierté était bien trop grande pour se laisser aller à ce genre de plainte. Qu’il lui arrache les ongles un par un si cela lui faisait plaisir, elle ne lui ferait pas l’aumône de la moindre faiblesse. Si Zelevas et son chien n’avaient rien obtenu d’elle, ça ne serait pas un pirate de pacotille qui y parviendrait !
— J’aurais plutôt dit les filles de la mer. Grommela-t-elle. — Ça ne m’a jamais réussi.
Mais il ne l’écoutait déjà plus, trop occupé à donner des ordres à son équipage. Son attention finit néanmoins par lui revenir ; elle le devina à l’air frais qui lui caressait le front et, elle mit un certain temps à le remarquer, empêchait le sang de couler de la plaie que sa chute avait engendré. C’est qu’il y tenait vraiment à ses tapis. Sa tête pivota sur le bois du parquet de manière à ce qu’elle puisse le voir par-dessus son épaule. Quoi que le voir était un bien grand mot. Plus exactement : elle devinait sa silhouette du coin de l'œil. Ce qui ne l’avançait guère. Pas plus que la voix étrange et étouffée qui lui parvenait. Un nouveau pirate dans les mers de République ? Non. La navire était trop ancien, l’équipage trop soudé, la méthode trop rodée. Elle l’entendit murmurer quelque chose à propos du sang, sans doute était-il en train de se plaindre des tâches qui en résulterait puis il l’a questionna sur le mousse. Intérieurement, elle se félicita de ne pas l’avoir passée au fil de sa dague, le pirate ne le lui aurait peut-être pas pardonné.
— J’ai déjà trouvé ce que j’étais venu chercher. J’ai été prise dans la tempête, c’est tout. Et dans le fond, ce n’était pas un mensonge même si la vérité était un brin différente : l’homme qu’elle avait abattu aurait du l’être bien avant de poser un pied sur le brick. Mais elle l’avait manqué et devait désormais assumer les conséquences de ses actes. — Quant au mousse… Un petit sourire souleva le coin de ses lèvres énigmatiques. — Il vit. Et vous le trouverait sûrement ivre mort dans une taverne. Ou peut-être mort tout court, mais dans ce cas ça ne sera pas de mon fait. Pour cause, elle lui avait certes mit un bon coup sur le crâne mais elle lui avait aussi laissé suffisamment d’argent pour s’offrir plusieurs nuits dans une bonne auberge ou pour boire jusqu’à plus soif. Un détail qu’il n’était pas nécessaire de dévoiler. — Quand je l’ai quitté en tout cas, il vivait.
Toujours face contre terre, elle essaya de bouger. Une douleur sourde irradia dans son épaule et il lui sembla que la prise de son bourreau se resserrait.
— Je ne serais pas à moitié dévêtue si vous étiez rentré un instant plus tard. Soupira-t-elle finalement en se forçant à détendre son bras, peine perdue. — Vous comptez vraiment me briser le bras pour une chemise ?
Quelque chose lui soufflait que oui, c’était une possibilité.
— L’homme que j’ai tué s’en est pris à moi en premier. Il n’y pas une règle chez les pirates qui octroie le droit de mise à mort en cas d’agression ? Elle exhala un nouveau soupir. — Vous autres marins suivaient seulement les règles qui vous arrangent hein ?
Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, on frappa à nouveau à la porte et elle devina sans qu’il soit nécessaire de parler que c’était ses nouveaux liens qui attendaient qu’on leur autorise l’accès.
— Libérez-moi. Demanda-t-elle d’une voix blanche. — Déposez-moi dans le premier port que vous croiserez et je disparaîtrai. Je suis douée pour ça. J’ai fais ce que j’avais à faire, je n’en veux ni à votre équipage, ni à votre bateau et encore moins à votre cargaison.
“Qui ne tente rien n’a rien.” Songea-t-elle.
“Je dois partir. Et voler une chemise. Une blouse, n’importe quoi.” Car elle était trop âgée pour ne pas savoir le sort qui attendait la majorité des femmes sur ce genre de rafiot, encore plus si elle avait l’outrecuidance de se balader dévêtue. Un sort pire que la mort. Sa paume se planta dans le sol, prête à la redresser quand le poids d’un genou lui écrasa les reins. Un gémissement de colère autant que de douleur lui échappa et une main puissante vint arracher la sienne pour la lui rabattre dans le dos. Sixte rua, surtout lorsque l’inconnu effleura les cicatrices sur ses omoplates. La caresse était pareille à un fer chauffé à blanc. L’humiliation était totale et malgré ses mouvements, il l’accablait. Elle aurait voulu hurler et pleurer sa rage et sa colère. Mais elle n’en fit rien, sa fierté était bien trop grande pour se laisser aller à ce genre de plainte. Qu’il lui arrache les ongles un par un si cela lui faisait plaisir, elle ne lui ferait pas l’aumône de la moindre faiblesse. Si Zelevas et son chien n’avaient rien obtenu d’elle, ça ne serait pas un pirate de pacotille qui y parviendrait !
— J’aurais plutôt dit les filles de la mer. Grommela-t-elle. — Ça ne m’a jamais réussi.
Mais il ne l’écoutait déjà plus, trop occupé à donner des ordres à son équipage. Son attention finit néanmoins par lui revenir ; elle le devina à l’air frais qui lui caressait le front et, elle mit un certain temps à le remarquer, empêchait le sang de couler de la plaie que sa chute avait engendré. C’est qu’il y tenait vraiment à ses tapis. Sa tête pivota sur le bois du parquet de manière à ce qu’elle puisse le voir par-dessus son épaule. Quoi que le voir était un bien grand mot. Plus exactement : elle devinait sa silhouette du coin de l'œil. Ce qui ne l’avançait guère. Pas plus que la voix étrange et étouffée qui lui parvenait. Un nouveau pirate dans les mers de République ? Non. La navire était trop ancien, l’équipage trop soudé, la méthode trop rodée. Elle l’entendit murmurer quelque chose à propos du sang, sans doute était-il en train de se plaindre des tâches qui en résulterait puis il l’a questionna sur le mousse. Intérieurement, elle se félicita de ne pas l’avoir passée au fil de sa dague, le pirate ne le lui aurait peut-être pas pardonné.
— J’ai déjà trouvé ce que j’étais venu chercher. J’ai été prise dans la tempête, c’est tout. Et dans le fond, ce n’était pas un mensonge même si la vérité était un brin différente : l’homme qu’elle avait abattu aurait du l’être bien avant de poser un pied sur le brick. Mais elle l’avait manqué et devait désormais assumer les conséquences de ses actes. — Quant au mousse… Un petit sourire souleva le coin de ses lèvres énigmatiques. — Il vit. Et vous le trouverait sûrement ivre mort dans une taverne. Ou peut-être mort tout court, mais dans ce cas ça ne sera pas de mon fait. Pour cause, elle lui avait certes mit un bon coup sur le crâne mais elle lui avait aussi laissé suffisamment d’argent pour s’offrir plusieurs nuits dans une bonne auberge ou pour boire jusqu’à plus soif. Un détail qu’il n’était pas nécessaire de dévoiler. — Quand je l’ai quitté en tout cas, il vivait.
Toujours face contre terre, elle essaya de bouger. Une douleur sourde irradia dans son épaule et il lui sembla que la prise de son bourreau se resserrait.
— Je ne serais pas à moitié dévêtue si vous étiez rentré un instant plus tard. Soupira-t-elle finalement en se forçant à détendre son bras, peine perdue. — Vous comptez vraiment me briser le bras pour une chemise ?
Quelque chose lui soufflait que oui, c’était une possibilité.
— L’homme que j’ai tué s’en est pris à moi en premier. Il n’y pas une règle chez les pirates qui octroie le droit de mise à mort en cas d’agression ? Elle exhala un nouveau soupir. — Vous autres marins suivaient seulement les règles qui vous arrangent hein ?
Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, on frappa à nouveau à la porte et elle devina sans qu’il soit nécessaire de parler que c’était ses nouveaux liens qui attendaient qu’on leur autorise l’accès.
— Libérez-moi. Demanda-t-elle d’une voix blanche. — Déposez-moi dans le premier port que vous croiserez et je disparaîtrai. Je suis douée pour ça. J’ai fais ce que j’avais à faire, je n’en veux ni à votre équipage, ni à votre bateau et encore moins à votre cargaison.
“Qui ne tente rien n’a rien.” Songea-t-elle.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
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Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le demi-elfe n’avait soufflé mot, laissant la jeune femme enchaîner ses réponses. Donc, le mousse serait encore en vie. Le gamin avait des consignes s’il venait à perdre de vue l’équipage : il devait rejoindre le port de Courage et prendre contact avec des personnes qui "aidaient" les pirates, contre rémunération bien sûr. Tant qu’il taisait son appartenance à un équipage de pirates, il pourrait s’en tirer et revenir à bord du Cetus. Une chose était certaine : il devra organiser des recherches. Il ne pouvait se permettre de laisser ce mousse errer seul.
Il tenait toujours fermement le bras de la demi-ange, son genou calé contre ses reins, prêt à la dissuader de toute tentative.
"Je pourrais te déboîter l’épaule pour des raisons bien plus justifiées."
"Capitaine ?"
Altarus ne put répondre immédiatement à l’intruse. Il resta silencieux, pensif, repassant en mémoire ce qu’il venait d’entendre de la bouche de Vestoria... Non, elle ne se nommait plus ainsi. Il dut se retenir de se crisper en repensant aux circonstances de sa "mort", racontées par elle-même. Il fut tenté de desserrer son étreinte autour de son bras mais il réprima cette faiblesse et répondit à son second.
"Tu peux entrer… As-tu la corde ?"
"Oui, Capitaine."
Le blond barbu entra dans la cabine, constatant, malgré l’obscurité à peine repoussée par une lanterne portée par un autre marin en retrait près de la porte, la blondeur et la longueur des cheveux de l’intruse prise en flagrant délit.
"Euh… c’est une fille."
"Toujours aussi perspicace. Va me chercher une chemise."
L’humain manqua de rougir en notant que, de fait, la demoiselle aurait bien besoin de couvrir l’intégralité de son torse.
"En effet… oh…"
Frenzo réprima un gloussement, mais le ton de son capitaine lui indiqua que ce n’était pas le moment de plaisanter. Cela lui démangeait pourtant… Il alla prendre une chemise dans l’armoire ouverte de la cabine. Pendant ce temps, le Masqué poursuivit son interrogatoire.
"Tu n’es pas en position de négocier ta liberté. Nous autres, marins, prenons les mesures nécessaires pour préserver la sécurité de l’équipage."
Frenzo tendit la chemise, tentant de ne pas fixer le dos meurtri de la jeune femme et surtout la courbure gracieuse de son bas de dos, ce qu’il apercevait malgré lui.
"Tu t’en es prise à un civil embarqué. Peu m’importe pourquoi il voulait fuir la République. Ce qui compte, c’est qu’un homme assassiné en mer menace la vie de tout l’équipage."
Quelques secondes de silence passèrent. Puis, le poids douloureux du genou se retira, et son bras fut libéré. Altarus se redressa, attrapa la chemise et la lança à la captive pour qu’elle se couvre.
"Habille-toi."
Frenzo observa son capitaine. Il sentait que cette affaire avec la fille l’agaçait, mais il y avait autre chose dans son attitude qu’il ne lui connaissait pas.
"Capitaine ? Que va-t-on faire d’elle ?"
"Tout dépendra d’elle. Je n’ai toujours pas entendu la véritable raison de sa présence ici…"
"Et euh… la trousse du Rebouteux, j’en fais quoi ?"
"Elle s’est blessée au front, mais cela ne saigne plus."
Sa magie avait cessé d’agir une fois l’hémorragie stoppée.
"Si elle se montre récalcitrante, la trousse pourrait servir si nous…"
"N’y songe même pas. C'est une coriace. Ce que tu proposes ne servirait à rien, et je désapprouve ce genre de pratiques."
"Bon, ben… est-ce que les hommes pourraient, disons, s’amuser un peu ? Un peu de divertissement féminin leur ferait du bien…"
Le Masqué tourna la tête vers lui, et Frenzo comprit immédiatement que sa plaisanterie était déplacée.
"Je plaisantais, Capitaine. C’était une plaisanterie."
"Elle est habillée maintenant. Attache-lui les poignets. Et solidement."
"Et les chevilles ?"
"Quand elle sera en fond de cale. Je n’en ai pas fini avec elle."
"Ah, d’accord."
"Second… retire-toi cette idée de la tête."
"Oui, Capitaine. Désolé, Capitaine. C’est que… elle est…"
"Pas besoin de détails. Ensuite, tu sortiras et laisseras un homme à la porte. On ne sait jamais."
Il tourna son visage masqué vers sa prisonnière.
Frenzo lia les poignets de l’intruse comme demandé, avant de la pousser sans ménagement contre le bas du lit de la cabine. Puis, il sortit, parvenant à ne pas glousser malgré la pensée qui lui traversait toujours l’esprit. La porte claqua derrière lui.
Altarus attendit un instant, puis fit quelques pas vers une cache dissimulée dans la cloison de la cabine. Il avait besoin de prendre quelque chose de fort. Maintenant que les choses se calmaient, il ressentait de nouveau la morsure froide de ses vêtements trempés. Se retenant de grogner, il pivota pour fixer celle qu’il avait connue sous le nom de Vestoria.
]"Bien… Tout va dépendre de toi, ma chère… Je veux savoir ton nom et celui du commanditaire qui t’a poussée à tuer ce passager. Si tu es sincère, cela jouera en ta faveur, et je te laisserai près d’un port quand nous aurons accompli notre mission."
Il se tut quelques secondes avant de reprendre.
"La coopération est la seule voie possible. Si tu réponds à toutes mes questions, tu ne finiras pas aux fers.... ou au jugement de la mer..."
Il tenait toujours fermement le bras de la demi-ange, son genou calé contre ses reins, prêt à la dissuader de toute tentative.
"Je pourrais te déboîter l’épaule pour des raisons bien plus justifiées."
"Capitaine ?"
Altarus ne put répondre immédiatement à l’intruse. Il resta silencieux, pensif, repassant en mémoire ce qu’il venait d’entendre de la bouche de Vestoria... Non, elle ne se nommait plus ainsi. Il dut se retenir de se crisper en repensant aux circonstances de sa "mort", racontées par elle-même. Il fut tenté de desserrer son étreinte autour de son bras mais il réprima cette faiblesse et répondit à son second.
"Tu peux entrer… As-tu la corde ?"
"Oui, Capitaine."
Le blond barbu entra dans la cabine, constatant, malgré l’obscurité à peine repoussée par une lanterne portée par un autre marin en retrait près de la porte, la blondeur et la longueur des cheveux de l’intruse prise en flagrant délit.
"Euh… c’est une fille."
"Toujours aussi perspicace. Va me chercher une chemise."
L’humain manqua de rougir en notant que, de fait, la demoiselle aurait bien besoin de couvrir l’intégralité de son torse.
"En effet… oh…"
Frenzo réprima un gloussement, mais le ton de son capitaine lui indiqua que ce n’était pas le moment de plaisanter. Cela lui démangeait pourtant… Il alla prendre une chemise dans l’armoire ouverte de la cabine. Pendant ce temps, le Masqué poursuivit son interrogatoire.
"Tu n’es pas en position de négocier ta liberté. Nous autres, marins, prenons les mesures nécessaires pour préserver la sécurité de l’équipage."
Frenzo tendit la chemise, tentant de ne pas fixer le dos meurtri de la jeune femme et surtout la courbure gracieuse de son bas de dos, ce qu’il apercevait malgré lui.
"Tu t’en es prise à un civil embarqué. Peu m’importe pourquoi il voulait fuir la République. Ce qui compte, c’est qu’un homme assassiné en mer menace la vie de tout l’équipage."
Quelques secondes de silence passèrent. Puis, le poids douloureux du genou se retira, et son bras fut libéré. Altarus se redressa, attrapa la chemise et la lança à la captive pour qu’elle se couvre.
"Habille-toi."
Frenzo observa son capitaine. Il sentait que cette affaire avec la fille l’agaçait, mais il y avait autre chose dans son attitude qu’il ne lui connaissait pas.
"Capitaine ? Que va-t-on faire d’elle ?"
"Tout dépendra d’elle. Je n’ai toujours pas entendu la véritable raison de sa présence ici…"
"Et euh… la trousse du Rebouteux, j’en fais quoi ?"
"Elle s’est blessée au front, mais cela ne saigne plus."
Sa magie avait cessé d’agir une fois l’hémorragie stoppée.
"Si elle se montre récalcitrante, la trousse pourrait servir si nous…"
"N’y songe même pas. C'est une coriace. Ce que tu proposes ne servirait à rien, et je désapprouve ce genre de pratiques."
"Bon, ben… est-ce que les hommes pourraient, disons, s’amuser un peu ? Un peu de divertissement féminin leur ferait du bien…"
Le Masqué tourna la tête vers lui, et Frenzo comprit immédiatement que sa plaisanterie était déplacée.
"Je plaisantais, Capitaine. C’était une plaisanterie."
"Elle est habillée maintenant. Attache-lui les poignets. Et solidement."
"Et les chevilles ?"
"Quand elle sera en fond de cale. Je n’en ai pas fini avec elle."
"Ah, d’accord."
"Second… retire-toi cette idée de la tête."
"Oui, Capitaine. Désolé, Capitaine. C’est que… elle est…"
"Pas besoin de détails. Ensuite, tu sortiras et laisseras un homme à la porte. On ne sait jamais."
Il tourna son visage masqué vers sa prisonnière.
Frenzo lia les poignets de l’intruse comme demandé, avant de la pousser sans ménagement contre le bas du lit de la cabine. Puis, il sortit, parvenant à ne pas glousser malgré la pensée qui lui traversait toujours l’esprit. La porte claqua derrière lui.
Altarus attendit un instant, puis fit quelques pas vers une cache dissimulée dans la cloison de la cabine. Il avait besoin de prendre quelque chose de fort. Maintenant que les choses se calmaient, il ressentait de nouveau la morsure froide de ses vêtements trempés. Se retenant de grogner, il pivota pour fixer celle qu’il avait connue sous le nom de Vestoria.
]"Bien… Tout va dépendre de toi, ma chère… Je veux savoir ton nom et celui du commanditaire qui t’a poussée à tuer ce passager. Si tu es sincère, cela jouera en ta faveur, et je te laisserai près d’un port quand nous aurons accompli notre mission."
Il se tut quelques secondes avant de reprendre.
"La coopération est la seule voie possible. Si tu réponds à toutes mes questions, tu ne finiras pas aux fers.... ou au jugement de la mer..."
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
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crédits : 1490
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Les pirates étaient, aux yeux de Sixte, la vermine des mers. Les cloportes. Un nid de tiques dans un jardin. Toujours prompt à emmerder le monde pour leur propre plaisir. Enfin, elle n’avait pas toujours pensé ainsi. Fut un temps, elle avait été prête à devenir l’un d’eux. Prête à voguer des jours durant, à vendre sa lame au plus offrant ou à la dévouer à son mari s’il lui en avait fait la demande. Ce n’était pas la vie dont elle avait rêvé mais elle avait été prête à l’embrasser. Cette époque, néanmoins, était révolue et cela depuis fort longtemps. Désormais et ce le dernier siècle écoulé, elle méprisait tout ce qui avait le malheur de lui rappeler la piraterie. Elle aurait aussi bien pu mettre le feu au brick si elle avait par malheur découvert qu’il était à Altarus. Une chance que ce ne soit pas le cas, n’est-ce pas ? Quoi que le capitaine masqué ne s’attirait pas ses faveurs, pas plus qu’elle ne paraissait s’attirer les siennes. Voilà encore une fâcheuse affaire dont elle ne savait pas comment se tirer.
Une chose était certaine ; elle ne pourrait rien faire pour l’heure. L’articulation de son bras aurait été aisée à démettre en forçant un peu plus et s’il y avait quelque chose qu’elle craignait plus que d’être prise sur le fait, c’était bien de ne plus être en mesure de se défendre. Sans ses bras, sans sa liberté de mouvement, elle devenait une cible facile. La magie n’avait jamais été sa tasse de thé. Ni avant, ni maintenant et il n’y avait qu’elle-même et ses années d’expérience pour la protéger.
Toutefois, elle n’était pas suffisamment docile pour ne pas grogner aux suggestions du second après qu’il soit entré dans la cabine. Ses yeux se levèrent en direction du blond tandis qu’un frisson glacial venait courir le long de son échine. Ce qu’il proposait lui donnait envie de vomir, ses suggestions abjectes, elle aurait rêvé de les lui faire ravaler et sans l’ombre de magie. Puis une question qu’elle ne s’était jamais posée s’imposa à son esprit, lui retourna l’estomac au moins autant que le roulis était en mesure de le faire ; lui, avait-il fait ça ? Durant les semaines et les mois où elle l’attendait comme une parfaite petite épouse, est-ce qu’il était le genre d’homme à s’abaisser à ce genre de pratique ? L’avait-elle à ce point mal connu ?
La douleur dans son articulation se relâcha lorsqu’il daigna enfin la libérer. Sixte ne se leva que lorsqu’elle mit la main sur la chemise qu’elle plaqua contre sa poitrine en se relevant. Tournant le dos aux deux hommes, elle enfila rapidement le bout de tissu et entreprit de le boutonner lorsque ses gestes se stoppèrent. Une odeur caractéristique d’iode embaumait la chemise mais c’était la senteur en dessous qui l'interpella, celle plus délicate qui la renvoyait à une époque fort lointaine. Ces foutus de pirates avaient vraiment tous la même odeur bordel de merde !
— Tu peux bien laisser un homme à la porte Second, persifla-t-elle, — Il ne sera jamais assez rapide.
Pour toute réponse, l’homme serra solidement ses liens et la traîna sans difficulté mais aussi sans douceur jusqu’au fond de la cabine ou il l’a força à prendre place aux pieds du lit. Puis il quitta la pièce et la jeune femme eut l’impression que l’on venait de refermer sur elle un tombeau. Machinalement, elle vint tester ses liens. Ils étaient fermement noués. Alors elle releva la tête, son regard azurin se posant sur la silhouette sombre qui venait d’ouvrir une cache quelconque. Sa tête bascula légèrement en arrière et elle exhala un soupir las.
— Qu’est-ce que ça peut vous faire qui je suis ? S’agaça-t-elle. — Nous n’en voulons pas à votre bateau, ni à votre équipage. C’était lui que je voulais, je l’ai eu. Le reste je m’en lave les mains. Déposez moi à terre et vous n’entendrez plus parler de moi. Je ne vois pas ce qui vous pose problème. De quoi avez-vous peur exactement ? Que son fantôme hante pour toujours votre beau navire ? Un rictus déforma ses lèvres alors qu’elle redressait la tête. — J’ai une nouvelle pour vous : les fantômes ça n’existe pas.
Pendant quelques secondes, on entendit rien de plus que la pluie qui continuait de s’abattre sur les carreaux et les éclats de voix par delà la porte.
— Sixte. Pesta-t-elle à contre-cœur. — Vous n’aurez rien de plus. Quel genre de mercenaire je serais si je donnais le nom de mes clients au premier pirate venu. Son regard se posa à l’endroit ou elle supposait que les yeux de son interlocuteur se trouvaient et elle ajouta : — Laissez-moi donc au jugement de votre foutu flotte. Cette garce à déjà prévelé son dût il y a bien longtemps. Un rire franchit la barrière de ses lèvres. — C’est même plutôt elle qui m’en doit une.
Lentement, aussi discrètement qu’elle le pouvait, elle fit bouger ses poignets dans l’espoir de détendre les liens qui les enserrait.
— Alors, Capitaine ? Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? Le menton haut, elle le défiait ouvertement. — Je vous ai donné la moitié de ce que vous vouliez, après tout.
Mais elle savait que ça ne suffirait pas. Pour autant, elle ne pouvait donner de nom sans prendre le risque de ternir sa réputation et avec elle le montant de ses revenus. Ce genre de déboires faisait partie de sa vie désormais et ne lui faisaient plus aussi peur qu’auparavant.
— Il n’y a jamais qu’un seul chemin, Capitaine. Un pirate devrait savoir ça. Elle haussa les épaules. — Vous perdez votre temps. Laissez-moi m’en aller, et tout le monde ne s’en portera que mieux.
Une chose était certaine ; elle ne pourrait rien faire pour l’heure. L’articulation de son bras aurait été aisée à démettre en forçant un peu plus et s’il y avait quelque chose qu’elle craignait plus que d’être prise sur le fait, c’était bien de ne plus être en mesure de se défendre. Sans ses bras, sans sa liberté de mouvement, elle devenait une cible facile. La magie n’avait jamais été sa tasse de thé. Ni avant, ni maintenant et il n’y avait qu’elle-même et ses années d’expérience pour la protéger.
Toutefois, elle n’était pas suffisamment docile pour ne pas grogner aux suggestions du second après qu’il soit entré dans la cabine. Ses yeux se levèrent en direction du blond tandis qu’un frisson glacial venait courir le long de son échine. Ce qu’il proposait lui donnait envie de vomir, ses suggestions abjectes, elle aurait rêvé de les lui faire ravaler et sans l’ombre de magie. Puis une question qu’elle ne s’était jamais posée s’imposa à son esprit, lui retourna l’estomac au moins autant que le roulis était en mesure de le faire ; lui, avait-il fait ça ? Durant les semaines et les mois où elle l’attendait comme une parfaite petite épouse, est-ce qu’il était le genre d’homme à s’abaisser à ce genre de pratique ? L’avait-elle à ce point mal connu ?
La douleur dans son articulation se relâcha lorsqu’il daigna enfin la libérer. Sixte ne se leva que lorsqu’elle mit la main sur la chemise qu’elle plaqua contre sa poitrine en se relevant. Tournant le dos aux deux hommes, elle enfila rapidement le bout de tissu et entreprit de le boutonner lorsque ses gestes se stoppèrent. Une odeur caractéristique d’iode embaumait la chemise mais c’était la senteur en dessous qui l'interpella, celle plus délicate qui la renvoyait à une époque fort lointaine. Ces foutus de pirates avaient vraiment tous la même odeur bordel de merde !
— Tu peux bien laisser un homme à la porte Second, persifla-t-elle, — Il ne sera jamais assez rapide.
Pour toute réponse, l’homme serra solidement ses liens et la traîna sans difficulté mais aussi sans douceur jusqu’au fond de la cabine ou il l’a força à prendre place aux pieds du lit. Puis il quitta la pièce et la jeune femme eut l’impression que l’on venait de refermer sur elle un tombeau. Machinalement, elle vint tester ses liens. Ils étaient fermement noués. Alors elle releva la tête, son regard azurin se posant sur la silhouette sombre qui venait d’ouvrir une cache quelconque. Sa tête bascula légèrement en arrière et elle exhala un soupir las.
— Qu’est-ce que ça peut vous faire qui je suis ? S’agaça-t-elle. — Nous n’en voulons pas à votre bateau, ni à votre équipage. C’était lui que je voulais, je l’ai eu. Le reste je m’en lave les mains. Déposez moi à terre et vous n’entendrez plus parler de moi. Je ne vois pas ce qui vous pose problème. De quoi avez-vous peur exactement ? Que son fantôme hante pour toujours votre beau navire ? Un rictus déforma ses lèvres alors qu’elle redressait la tête. — J’ai une nouvelle pour vous : les fantômes ça n’existe pas.
Pendant quelques secondes, on entendit rien de plus que la pluie qui continuait de s’abattre sur les carreaux et les éclats de voix par delà la porte.
— Sixte. Pesta-t-elle à contre-cœur. — Vous n’aurez rien de plus. Quel genre de mercenaire je serais si je donnais le nom de mes clients au premier pirate venu. Son regard se posa à l’endroit ou elle supposait que les yeux de son interlocuteur se trouvaient et elle ajouta : — Laissez-moi donc au jugement de votre foutu flotte. Cette garce à déjà prévelé son dût il y a bien longtemps. Un rire franchit la barrière de ses lèvres. — C’est même plutôt elle qui m’en doit une.
Lentement, aussi discrètement qu’elle le pouvait, elle fit bouger ses poignets dans l’espoir de détendre les liens qui les enserrait.
— Alors, Capitaine ? Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? Le menton haut, elle le défiait ouvertement. — Je vous ai donné la moitié de ce que vous vouliez, après tout.
Mais elle savait que ça ne suffirait pas. Pour autant, elle ne pouvait donner de nom sans prendre le risque de ternir sa réputation et avec elle le montant de ses revenus. Ce genre de déboires faisait partie de sa vie désormais et ne lui faisaient plus aussi peur qu’auparavant.
— Il n’y a jamais qu’un seul chemin, Capitaine. Un pirate devrait savoir ça. Elle haussa les épaules. — Vous perdez votre temps. Laissez-moi m’en aller, et tout le monde ne s’en portera que mieux.
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Altarus Aearon
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Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Toujours immobile, toujours son sombre masque braqué sur la prisonnière, le pirate demeurait impavide. Le silence était entrecoupé par les voix des marins occupés sur le pont, ou par les gouttes qui rencontraient le verre des fenêtres de la cabine. Sans mot dire, il n'eut pas besoin d'attendre bien longtemps avant que sa prisonnière poursuive son monologue. Lasse, elle avait fini par répondre à une des questions qui lui avaient été posées. Le reste n'était que bravade, provocation et une demande d'être larguée quelque part sur la côte. Même face à sa récrimination quant à la menace du jugement de la mer, le Masqué ne parut guère touché par les mots de la jeune femme. Et pourtant, cela le toucha bien plus qu'elle ne pourrait l'imaginer. Mais cela, elle ne pouvait pas le voir, le masque ténébreux interdisant toute visibilité sur le visage du pirate.
Toujours silencieux, le capitaine porta sa main gantée sur la petite porte ouverte tantôt, pour la refermer. Il prendrait un bon verre plus tard. La situation ne se prêtait guère à boire un verre et puis, il devait encore retirer ses vêtements trempés. Mais comme sa cabine était quelque peu… occupée, il devrait se contenter du minimum.
Une fois la petite porte remise à sa place, il se rapprocha d'une petite lanterne qui se balançait au rythme du navire.
"Il y a toujours plusieurs chemins. Les pirates qui croient qu'à l'existence d'un seul ont fini dans les profondeurs."
Il y eut plusieurs étincelles quand le Masqué activa un ingénieux petit système de briquet incorporé à la lanterne. Puis une flammèche timide naquit, avant qu'elle ne prenne de la force quand on lui offrit le comburant nécessaire pour déployer plus vivement ses petites flammes. La lumière qui prit forme repoussa les ténèbres, offrant une bien étrange atmosphère dans les ombres vacillantes des recoins de la cabine. La silhouette du pirate paraissait encore plus sinistre maintenant.
"Ainsi, c'est toi, la dénommée Sixte..."
Il s'était rapproché de l'armoire, encore entrouverte du passage de la demi-ange. Il en sortit une tunique tout aussi noire que celle qu'il portait actuellement, ainsi qu'une chemise basique de lin blanc.
"Tu aurais mieux fait de laisser ta cible t'échapper."
Il posa les habits secs sur le dossier du siège de son bureau.
"Au lieu de cela, tu prends la folle décision de la poursuivre, pour ensuite faire de l'esprit ?"
Son ton se durcit quelque peu.
"Nul besoin de croire au fantôme quand un se présente de lui-même et qu'il aurait pu suriner un de mes hommes s'il n'avait pas été attrapé avant."
Il commença à déboutonner sa tunique humide et collante. En même temps, il ne put s'empêcher de réprimer un frisson. Par les abysses, il ne manquerait plus qu'il attrape un rhume le lendemain.
"Tu es toi-même un fantôme... celui de ton propre passé..."
Sans rien dire de plus, il tira une lourde tenture qui séparait la cabine de la partie bureau, cachant en partie la vue de la prisonnière sur lui. Cela n'empêchait pas Sixte d'avoir une vue sur la moitié de son dos, lorsqu'il remuait les épaules et les bras pour retirer sa tunique noire. La petite lanterne, dansant au bout de sa chaîne, projetait un étrange jeu d'ombres sur les cicatrices disgracieuses d'anciennes brûlures qui couraient sur le haut gauche de son dos et remontaient sur l'épaule. Quelques secondes après, une nouvelle chemise couvrait le haut de son corps, avant d'être elle-même recouverte par une nouvelle tunique, sèche celle-là.
La lourde tenture fut repoussée. Le Masqué pivota vers sa prisonnière.
" Ta vie faut-elle moins que celle de ton client, dis moi ? Mérite-t-il ton sacrifice ? "
Il parut se tendre à la suite de sa propre élocution. N'avait-il pas, lui aussi, fait le choix de sacrifier une belle existence par le passé, pensant offrir une vie meilleure à Vestoria ? Il serra les dents, ferma son œil, invisible derrière son masque.
"Ton client a appris où et quand embarquait ta proie. Donc, il a acquis des informations sur ma venue sur les côtes républicaines. Il y a des détails qu'il n'est jamais bon de partager... Son nom ?"
Il laissa quelques secondes passer avant de reprendre la parole.
"Cela fait, tu seras débarquée quand le moment propice se présentera. Le reste ne sera plus de ton ressort."
Toujours silencieux, le capitaine porta sa main gantée sur la petite porte ouverte tantôt, pour la refermer. Il prendrait un bon verre plus tard. La situation ne se prêtait guère à boire un verre et puis, il devait encore retirer ses vêtements trempés. Mais comme sa cabine était quelque peu… occupée, il devrait se contenter du minimum.
Une fois la petite porte remise à sa place, il se rapprocha d'une petite lanterne qui se balançait au rythme du navire.
"Il y a toujours plusieurs chemins. Les pirates qui croient qu'à l'existence d'un seul ont fini dans les profondeurs."
Il y eut plusieurs étincelles quand le Masqué activa un ingénieux petit système de briquet incorporé à la lanterne. Puis une flammèche timide naquit, avant qu'elle ne prenne de la force quand on lui offrit le comburant nécessaire pour déployer plus vivement ses petites flammes. La lumière qui prit forme repoussa les ténèbres, offrant une bien étrange atmosphère dans les ombres vacillantes des recoins de la cabine. La silhouette du pirate paraissait encore plus sinistre maintenant.
"Ainsi, c'est toi, la dénommée Sixte..."
Il s'était rapproché de l'armoire, encore entrouverte du passage de la demi-ange. Il en sortit une tunique tout aussi noire que celle qu'il portait actuellement, ainsi qu'une chemise basique de lin blanc.
"Tu aurais mieux fait de laisser ta cible t'échapper."
Il posa les habits secs sur le dossier du siège de son bureau.
"Au lieu de cela, tu prends la folle décision de la poursuivre, pour ensuite faire de l'esprit ?"
Son ton se durcit quelque peu.
"Nul besoin de croire au fantôme quand un se présente de lui-même et qu'il aurait pu suriner un de mes hommes s'il n'avait pas été attrapé avant."
Il commença à déboutonner sa tunique humide et collante. En même temps, il ne put s'empêcher de réprimer un frisson. Par les abysses, il ne manquerait plus qu'il attrape un rhume le lendemain.
"Tu es toi-même un fantôme... celui de ton propre passé..."
Sans rien dire de plus, il tira une lourde tenture qui séparait la cabine de la partie bureau, cachant en partie la vue de la prisonnière sur lui. Cela n'empêchait pas Sixte d'avoir une vue sur la moitié de son dos, lorsqu'il remuait les épaules et les bras pour retirer sa tunique noire. La petite lanterne, dansant au bout de sa chaîne, projetait un étrange jeu d'ombres sur les cicatrices disgracieuses d'anciennes brûlures qui couraient sur le haut gauche de son dos et remontaient sur l'épaule. Quelques secondes après, une nouvelle chemise couvrait le haut de son corps, avant d'être elle-même recouverte par une nouvelle tunique, sèche celle-là.
La lourde tenture fut repoussée. Le Masqué pivota vers sa prisonnière.
" Ta vie faut-elle moins que celle de ton client, dis moi ? Mérite-t-il ton sacrifice ? "
Il parut se tendre à la suite de sa propre élocution. N'avait-il pas, lui aussi, fait le choix de sacrifier une belle existence par le passé, pensant offrir une vie meilleure à Vestoria ? Il serra les dents, ferma son œil, invisible derrière son masque.
"Ton client a appris où et quand embarquait ta proie. Donc, il a acquis des informations sur ma venue sur les côtes républicaines. Il y a des détails qu'il n'est jamais bon de partager... Son nom ?"
Il laissa quelques secondes passer avant de reprendre la parole.
"Cela fait, tu seras débarquée quand le moment propice se présentera. Le reste ne sera plus de ton ressort."
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 187
crédits : 1490
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Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Les poignets de Sixte continuaient de s’agiter légèrement sans discontinuer, il lui fallait détendre les liens autant que possible quitte à se léser la peau. Mais que ferait-elle ensuite ? Une question qui la taraudait, à laquelle elle ne savait répondre mais il valait encore mieux être libre que d’être à la merci d’un pirate de sombre réputation, encore moins après les suggestions de son second. L’angoisse lui tordait l’estomac. Et elle ne devait son calme d’apparence qu’à son grand âge et ses expériences passées. Paniquer ne ferait que faciliter la tâche de son assaillant, bien que sa situation soit on ne peut plus précaire. De plus, elle n’était pas entièrement désarmée. Ses armes pendaient encore à ses hanches et ses jambes n’étaient pas entravées, elle pouvait encore user de sa vitesse pour le tenir éloigné. Au moins pour un temps.
- C’est moi. Lança-t-elle d’un air bienheureux à la limite de l’impertinence, l’idée que son nom ait dépassé les contrées de République ne lui déplaisait pas. Depuis plusieurs années déjà il avait été murmuré maintes fois, mais il n’avait été véritablement reconnu que récemment lorsqu’elle l’avait bien voulu et avait fait en sorte de laisser sa marque. En vérité, cela avait commencé lorsque Azura lui avait mit la main dessus, à moins que ce ne soit lorsque Pancrace avait commencé à requérir ses services durant certaines missions. Oui, tout avait débuté à ce moment-là. Les choses s’étaient ensuite enchaînées à une vitesse vertigineuse ; Zelevas, Mortifère -un nouveau frisson courut sur sa nuque-, leur arrestation, Soren et la Maison Bleue. Le nom de Sixte n’était pas connu comme celui d’une célébrité, elle ne serait jamais l’égal d’une personne comme la sénatrice Dorylis et elle n’y tenait pas ; tout ce qu’elle voulait, c’était que son nom évoque quelque chose, même s’il devait s’agir d’un songe ou d’une ombre. En cela, au moins, elle avait réussi.
Un sourire moqueur et satisfait étirait ses lèvres minces alors qu’elle laissait sa tête retomber contre le bord du lit, lasse. Ses yeux, néanmoins, suivaient le pirate avec méfiance, même lorsqu’il passa derrière la tenture qui révélait une partie de son dos. C’était un homme dans la force de l’âge devina-t-elle, non grâce à l'épaisseur des muscles qui révélaient des années de labeur mais plutôt grâce à la multitude de cicatrices qui ornaient son dos comme des apparats. Certaines encore récentes, minces et presque délicates. D’autres vieilles, très vieilles, au vue de la couleur pâle qu’elles arboraient mais surtout grossières et laides, déformant ce qui aurait pu être beau. Son regard remonta vers lui quand il lui fit à nouveau face et le sourire que ses songeries lui avaient dérobé revint habiller sa bouche.
- Quel genre de mercenaire serais-je si je laissais mes proies m’échapper à la seule vue d’un bateau pirate ? Le nargua-t-elle. - En tout cas, je ne serais pas Sixte. Vous savez, bosser comme mercenaire en République… Ce n’est pas une sinécure. Quoi qu’on en dise, les officiers ont le nez un peu partout et la pègre, pour peu qu’on en fasse pas partie est un brin étouffante. Si en plus je me mettais à abandonner mes missions pour un nuage à l’horizon… Un rire lui échappa, je serais probablement en train de fouiller les poubelles de la couronne extérieur de Liberty pour espérer ronger un os. Ou j’aurais été forcé d’épouser le premier péon venu pour qu’il subvienne à mes besoins. Croyez moi, rares sont les femmes qui aspirent à ce genre d’avenir.
Son regard se baissa un instant avant de revenir à lui, l’air toujours aussi désabusé.
- Je suis bien un fantôme, celui de mon passé ou d’un autre, qu’est-ce que cela pourrait bien changer ? C’est exactement mon but. Et mon existence me sied parfaitement, merci de vous en inquiéter ! Railla-t-elle. - Notez, cependant, que si j’avais voulu suriner l’un de vos hommes j'aurais pu le faire. J’ai eu plus d’une occasion. Peut-être même que j’aurais pu vous atteindre, vous, sans que votre maudit second n’ait le temps de dire République. Pourtant vous êtes là, votre équipage intact et -presque- tous vos passagers aussi. Celui-là, elle sourit de plus belle, ne vous manquera pas.
Soudainement, ses yeux devinrent glaciaux, autant que son ton lorsqu’elle parla.
- Ma vie vaut le prix que je lui donne et il n’appartient qu’à moi d’en décider. J’en dispose comme bon me semble et personne n’y trouvera à redire. Jamais.
Levant le nez, d’un air de défit, elle ajouta :
- Vous venez de le dire : “il y a des détails qu’il n’est jamais bon de partager”. Vous voulez son nom ? Trouvez le vous-même. Je ne vends pas mes clients, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais.
Le plus difficile fut de cacher la lueur d’espoir qui explosa dans sa poitrine lorsqu’enfin, elle sentit l’un des liens qui lui sciait les articulations se relâcher.
- C’est moi. Lança-t-elle d’un air bienheureux à la limite de l’impertinence, l’idée que son nom ait dépassé les contrées de République ne lui déplaisait pas. Depuis plusieurs années déjà il avait été murmuré maintes fois, mais il n’avait été véritablement reconnu que récemment lorsqu’elle l’avait bien voulu et avait fait en sorte de laisser sa marque. En vérité, cela avait commencé lorsque Azura lui avait mit la main dessus, à moins que ce ne soit lorsque Pancrace avait commencé à requérir ses services durant certaines missions. Oui, tout avait débuté à ce moment-là. Les choses s’étaient ensuite enchaînées à une vitesse vertigineuse ; Zelevas, Mortifère -un nouveau frisson courut sur sa nuque-, leur arrestation, Soren et la Maison Bleue. Le nom de Sixte n’était pas connu comme celui d’une célébrité, elle ne serait jamais l’égal d’une personne comme la sénatrice Dorylis et elle n’y tenait pas ; tout ce qu’elle voulait, c’était que son nom évoque quelque chose, même s’il devait s’agir d’un songe ou d’une ombre. En cela, au moins, elle avait réussi.
Un sourire moqueur et satisfait étirait ses lèvres minces alors qu’elle laissait sa tête retomber contre le bord du lit, lasse. Ses yeux, néanmoins, suivaient le pirate avec méfiance, même lorsqu’il passa derrière la tenture qui révélait une partie de son dos. C’était un homme dans la force de l’âge devina-t-elle, non grâce à l'épaisseur des muscles qui révélaient des années de labeur mais plutôt grâce à la multitude de cicatrices qui ornaient son dos comme des apparats. Certaines encore récentes, minces et presque délicates. D’autres vieilles, très vieilles, au vue de la couleur pâle qu’elles arboraient mais surtout grossières et laides, déformant ce qui aurait pu être beau. Son regard remonta vers lui quand il lui fit à nouveau face et le sourire que ses songeries lui avaient dérobé revint habiller sa bouche.
- Quel genre de mercenaire serais-je si je laissais mes proies m’échapper à la seule vue d’un bateau pirate ? Le nargua-t-elle. - En tout cas, je ne serais pas Sixte. Vous savez, bosser comme mercenaire en République… Ce n’est pas une sinécure. Quoi qu’on en dise, les officiers ont le nez un peu partout et la pègre, pour peu qu’on en fasse pas partie est un brin étouffante. Si en plus je me mettais à abandonner mes missions pour un nuage à l’horizon… Un rire lui échappa, je serais probablement en train de fouiller les poubelles de la couronne extérieur de Liberty pour espérer ronger un os. Ou j’aurais été forcé d’épouser le premier péon venu pour qu’il subvienne à mes besoins. Croyez moi, rares sont les femmes qui aspirent à ce genre d’avenir.
Son regard se baissa un instant avant de revenir à lui, l’air toujours aussi désabusé.
- Je suis bien un fantôme, celui de mon passé ou d’un autre, qu’est-ce que cela pourrait bien changer ? C’est exactement mon but. Et mon existence me sied parfaitement, merci de vous en inquiéter ! Railla-t-elle. - Notez, cependant, que si j’avais voulu suriner l’un de vos hommes j'aurais pu le faire. J’ai eu plus d’une occasion. Peut-être même que j’aurais pu vous atteindre, vous, sans que votre maudit second n’ait le temps de dire République. Pourtant vous êtes là, votre équipage intact et -presque- tous vos passagers aussi. Celui-là, elle sourit de plus belle, ne vous manquera pas.
Soudainement, ses yeux devinrent glaciaux, autant que son ton lorsqu’elle parla.
- Ma vie vaut le prix que je lui donne et il n’appartient qu’à moi d’en décider. J’en dispose comme bon me semble et personne n’y trouvera à redire. Jamais.
Levant le nez, d’un air de défit, elle ajouta :
- Vous venez de le dire : “il y a des détails qu’il n’est jamais bon de partager”. Vous voulez son nom ? Trouvez le vous-même. Je ne vends pas mes clients, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais.
Le plus difficile fut de cacher la lueur d’espoir qui explosa dans sa poitrine lorsqu’enfin, elle sentit l’un des liens qui lui sciait les articulations se relâcher.
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