Âgée de 317 ans, il faut bien avouer qu’Amaryllis ne fait pas son âge. Possédant l’apparence d’une jeune femme âgée de 23 ans tout au plus, elle atteint à peine le mètre soixante-cinq. Plutôt athlétique grâce aux années d’entraînements et à la vie nomade qu’elle mène, elle semble aussi douce et lumineuse qu’une citoyenne n’ayant jamais rien vu des horreurs du monde. C’est probablement cette apparence douce et innocente qui pousse les autres à l’approcher, à se montrer agréable avec elle. Ou bien cela vient-il peut-être de son charisme naturel dû à sa nature lumina, allez savoir. Pourtant, elle est loin d’être une petite créature innocente et naïve. C’est son regard qui prouve cela, aussi flamboyant que les flammes d’un feu, ses prunelles sont orangées. Son regard est froid, distant et démontre véritablement son âge, car il semble avoir vu bien des choses. Sa démarche est fluide, légère, il semble évident qu’elle n’est pas novice en matière de combat tant cette agilité semble naturelle.

Elle possède une peau claire, qui ne se voile jamais d’un hâle caramel. Sa longue chevelure aussi blanche que la neige est régulièrement nouée en tresses ou bien en coiffures semi-attachées. En y regardant de plus près, il est possible de distinguer des marques plus claires sur son corps, de fines lignes qui zèbrent sa peau. Des cicatrices obtenues suite à des combats et des aventures dans lesquelles sont métier l’a emmenée. Elle porte généralement une armure en cuir, agrémentée de quelques plaques de métal à des endroits stratégiques afin de protéger ses organes vitaux. Elle ne se départit jamais de ses armes, même si elle doit porter des robes ou des vêtements plus légers. Son visage est plutôt harmonieux, une mâchoire ronde, des pommettes hautes, des sourcils fins, un nez en trompette et des lèvres charnues. Amaryllis n’a pas pour vocation d’être une beauté, bien qu’elle possède tout de même son charme, elle n’a pas peur de se montrer sale suite à un voyage ou bien éclaboussée de sang, suite à une mauvaise rencontre ou un contrat mené à bien.

Ce qui pourrait assurément la caractériser, c’est sa volonté de suivre ses croyances. Elle n’aime ni les règles, ni les lois qui lui sont imposées et qui vont en contradictions avec ses valeurs. Elle aime être libre de faire ce qu’elle désire, de ne devoir obéir à personne. Peut-être est-elle égoïste, mais c’est son égoïsme qui lui a permis de rester en vie jusqu’ici. Plutôt réservée, elle se méfie de tout le monde par principe, n’offrant sa confiance qu’à ceux qui seront parvenus à lui prouver leur valeur. Selon elle, s’intéresser à quelqu’un qui n’en vaut pas la peine, c’est perdre son temps et Amaryllis déteste perdre son temps. Elle n’en veut pourtant pas à la terre entière et n’est pas non plus irascible avec les inconnus. Elle agit simplement en fonction de ses envies et de ce que cela pourrait lui apporter. Elle ne désire pas le pouvoir, la puissance, seulement la liberté de vivre comme elle l’entend, aussi longtemps qu’elle le désirera. Sa loyauté va là où son intérêt et ses sentiments vont.

Elle est très curieuse du monde qui l’entoure et aime apprendre de nouvelles choses, ce qui la pousse généralement à sympathiser avec des inconnus. Elle peut se montrer parfois un rien téméraire et impulsive lorsque quelque chose lui tient à cœur, mais cela n’arrive pas assez souvent que pour véritablement l’inquiéter. La perte d’Isaé l’a profondément marqué et cela lui met quelques bâtons dans les roues lorsque vient le moment de nouer des relations sociales. Elle ne s’est jamais laissé aller à tomber amoureuse et ignore tout de ce qu’est véritablement l’amour finalement. Mais elle ne s’en porte pas plus mal et n’est pas intéressée par la chose, pour le moment du moins. Ayant toujours été nomade, parcourant le monde, elle éprouve désormais le besoin de se trouver un nid douillet où s’installer. Débuter un autre type de vie, plus sédentaire, mais ne disait-on pas “chasser le naturel et il revient au galop” ?

Un jour, elle n’était rien et l’instant d’après, elle devint tout. Amaryllis se rappelle être née, si on pouvait le nommer ainsi, dans une lumière intense et bienfaitrice. Elle était apparue comme ça, presque en un claquement de doigts. Elle n’existait pas et la seconde d’après, elle vivait, respirait et évoluait dans ce monde constamment baigné de lumière. Les premiers moments de son existence avaient été compliqués, seule, perdue au beau milieu d’une intensité solaire. Elle s’était demandé ce qu’il s’était passé, ce qu’elle faisait là, qui elle était. Se familiariser avec les sensations qui agressaient ses sens de toute part, apprendre à bouger, se déplacer, réfléchir. Cela avait été plus que déroutant. Elle s’était mise en quête d’un but, cherchant dans ce monde vide, quelqu’un ou quelqu’un chose qui pourrait l’aider à comprendre. Des heures durant, elle marcha. Les heures se transformèrent en jours, les jours en semaines et les semaines en mois. Elle n’avait pas véritablement de notions de temps, aucune notion de rien d’ailleurs, seule la compréhension du présent était pleinement compréhensible.

Un beau jour, elle n’avait jamais véritablement su si cela avait été des mois ou des années plus tard, elle était parvenue à croiser un autre de ses pairs. Ils restèrent ensemble, cherchant des réponses, jusqu’à ce qu’il décide de quitter leur terre natale. Il était plus téméraire qu’elle, plus courageux et c’est ce qui lui permit de quitter Lumina’Ombra. Ensemble, ils se mirent à évoluer dans le royaume de Shoumei, découvrant cette nouvelle existence qui s’offrait à eux. Ils se mirent en quête des leurs, désireux de comprendre ce qu’il se passait. Heureusement, leur race était tellement rare, qu’un lumina ne passait pas inaperçu, ainsi, ils retrouvèrent la trace d’Isaé, une lumina bien plus âgée qu’eux. Elle leur révéla la nature de leur naissance, phénomène magique particulier qui expliquait leur rareté. Le lumina continua son chemin et elle, elle demeura aux côtés d’Isaé. Durant les quelques années qui suivirent, elle devint Amaryllis, se nommant d’après ces fleurs si jolies qu’elle avait trouvé un beau jour. Elle était curieuse de tout, désireuse de tout savoir, de tout connaître. Isaé lui enseignait tout ce qu’elle savait, de la chose la plus futile, à celle qui lui permettrait de survivre face au monde extérieur.

Les années passèrent et Amaryllis se mit doucement à suivre son propre chemin. Parfois, elle se séparait d’Isaé durant de nombreuses semaines, avant de se retrouver et de se transmettre l’une l’autre ce qu’elles avaient appris. Amaryllis était prudente, réservée, elle prenait soin de ne pas se retrouver dans des situations compliquées ou dangereuses, mais c’était sans compter sur la dangerosité du monde extérieur. Même les êtres assez âgés pour avoir vu bon nombre de choses, pouvaient se faire avoir bêtement par la mort. La lumina avait toujours su qu’une part d’ombre se cachait en Isaé, malgré la lumière qu’elle dégageait. Elle n’avait jamais su quel travail elle faisait exactement, même si elle s’était douté que cela ne devait pas être très joli puisque l’autre lumina n’en parlait jamais. Mais Amaryllis ne s’était pas attendue à la trouver ainsi, gisant inerte sur le sol, son sang se répandant autour d’elle. Assassinée ? Peut-être. Par qui ou par quoi ? Elle ne l’avait jamais su et ne le saurait probablement jamais désormais. Isaé avait été une mère, une sœur pour elle, son repère dans ce monde à l’immensité infinie. C’est certainement cela qui marqua le premier tournant dans sa vie, l’envoyant durement rencontrer la triste réalité du monde dans lequel elle évoluait.

Elle demeurait en marge des sociétés, découvrant le monde à sa façon, apprenant tout ce qu’il était possible d’apprendre. Au cours du temps, elle en oublia beaucoup, sa mémoire lui jouant parfois des tours et les souvenirs s’entremêlant entre eux. Seuls, les plus heureux et les plus malheureux demeuraient intacts. Elle croisa peu de lumina durant son existence, observant ce qui se passait dans les cités de loin. Ne se mêlant jamais véritablement aux conflits. La voie du mercenariat lui sembla la plus logique, la plus fidèle pour lui assurer une vie plus ou moins longue. Elle rencontra de nombreuses personnes, de nombreuses races, nouant et stoppant des relations diverses et variées. Quand on vivait aussi longtemps, il était difficile de se maintenir à flot constamment. Surtout quand le monde s’enflammait sous ses yeux. Les conflits, toujours plus violents et incessants. Mais ce qui marqua un tournant dans le monde, fut assurément l’offensive menée par les titans. Cela lui avait laissé des marques indélébiles. Elle avait vu tant d’horreurs, qu’elle ne comptait plus que sur elle-même et quelques autres qui étaient parvenus à gagner sa confiance.

Elle avait pleinement compris la cruauté dont était capable les individus qui peuplaient le sekaï, l’envie de pouvoir, la perversion macabre. Mais le monde n’était pas entièrement noir et elle se mêlait parfois aux conflits, pour défendre certains, ne se fiant qu’à ses propres convictions. La dernière guerre marqua le sekaï d’une trace indélébile, la fédération de Shoumei ayant sombré. Elle qui était arrivée sur les côtes de ce royaume, voilà qu’il avait été rayé de la carte. Le Reike était devenu un empire aussi impressionnant, qu’inquiétant. La république, quant à elle, avait également profité de ce chaos pour se développer et devenir puissante. Amaryllis ne s’était jamais véritablement attachée à une nation, préférant se débrouiller seule, mais les temps avaient changé et peut-être était-il temps pour elle de déposer ses valises quelque part. La République lui sembla être la nation idéale et elle entreprit donc de rejoindre ces terres pour y trouver de quoi faire. Devenir citoyenne ? Peut-être pas tout de suite, mais elle devait bien cesser de fuir les conflits et chercher un nouveau but dans son existence. Celle-ci serait diablement longue et ennuyante dans le cas contraire.