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  • Mer 7 Aoû - 20:23
    image rp

    Confidence pour Confidence

    - Cela doit se vendre une fortune, une ombra non ? 

    Karsa se stoppa net. Elle se retourna vers son client, qui lui avait demandé de le guider sur son île natale. Il avait remué ciel et terre pour trouver un guide qui tenait la route afin de le mener jusqu’à Lumina’Ombra et surtout d'avoir une infime chance d’y survivre. Le mage avait affirmé être en recherche de sorts puissants et n'avait pas lésiné sur les finances. La faiseuse l’avait d’abord observé de loin, essayant de trouver les réelles motivations de cet homme qui semblait être sorti de nulle part. Elle avait trouvé cela curieux qu’un mage de soutien s’intéresse de si près à cette île. Il s’était établi à Benedictus, porté par la vague des adorateurs des Titans. 

    Pourtant, le personnage semblait bien décidé à s’y rendre, quel qu'en soit le prix une fois qu’il y aura posé les pieds. 

    L’élémentaliste contemplait maintenant cet homme, plongé dans ses réflexions, farfouillant dans ses notes, laissant le poids de ses paroles faire son effet. 

    - Rappelez-moi votre nom ? 


    - Hein ? Il me semble m’être déjà présenté plusieurs fois. Vous avez même un contrat avec mon seau et ma signature. Répondit le mage, une expression d’incrédulité imprimée sur son faciès fatigué. 


    - Votre nom. S’il vous plaît. Répéta Karsa, implacable. 


    - Yassen. Yassen Miladin’. Il serait éventuellement pertinent de vous en souvenir, au vu du voyage que nous allons partager. 


    -Cela ne sera pas nécessaire. 


    - Que voulez-vous dire ?

    Deux mains d’ombres surgissaient de l'obscurité et enserrèrent les chevilles du mage. Pris au dépourvu, l’homme en perdit presque l’équilibre et lâche son petit carnet. 

    - Je souhaitais seulement savoir ce que je devrais inscrire sur votre épitaphe. 

    Et elle attaqua. 


    ***

    Le soleil commençait à se lever timidement. Une fine pellicule de rosée s’était déposée sur la nature environnante. Des odeurs de sous-bois et de feuilles humides se répandaient dans la clairière. Les oiseaux diurnes commençaient doucement à pépier leur mélodie habituelle. 

    Avachie contre un muret de pierre en ruine, Karsa ouvrit difficilement les yeux. Elle avait merdé. Encore une fois. Non seulement, elle avait sous-estimé son adversaire, mais en plus, elle avait failli le laisser fuir. Poussant un gros soupir, elle se tapota le poitrail, comme pour se réveiller. Elle n'avait pas de veine en ce moment. Elle tuait plus ses clients qu’elle ne les guidait, ce qui finirait par la griller dans le milieu. Elle avait réussi à se faire une certaine réputation dans de certaines populations, aussi si un d’entre eux avait vent que deux de ses contrats s’étaient évaporés sur le chemin, elle allait certainement avoir plus de mal à se trouver d’autres chalands. 

    Shoumei était en train de changer, et elle avait dû redoubler de discrétion afin de ne pas se faire remarquer. Ce n’était pas sans la déranger dans ses plans de missionnaire. Sova n’était que le début. Elle aurait voulu gagner de plus grands villages et peut-être la ville, cependant elle n’était pas sotte au point de se jeter dans la gueule du loup. Elle avait besoin de plus d’adeptes, plus d’élus. Comme elle avait été choisie, elle devait choisir. L’heure du Rêve n’avait pas encore sonné, aussi était-ce son rôle de préparer les jours à venir. 

    Karsa leva ses mains face à elle, paumes tournées vers le ciel et adressa une prière silencieuse à l’Existence qui la guidait. Quelques rayons de soleil réussissaient maintenant à traverser la cime des arbres, aussi elle se décida à bouger. Endolorie par son combat nocturne, elle se massa la nuque et replaça son masque sur son visage meurtri. Il lui fallait trouver un endroit où se reposer, où elle ne risquerait pas d’être débusquée. Elle songea à son île, où les siens l’attendaient, peut-être. 

    Tiraillée entre l’envie de rentrer dans un endroit encore intact et pur de toute trace d’invasion et celle de rallier son peuple à sa cause, elle émit un grognement. Seule, elle n’était rien. Elle n’avait rien d’autre que son rêve. En était-elle seulement capable ? Était-elle un pion seulement pour cette Entité aux pouvoirs illimités ? Elle aimait à croire que oui. Sinon, il ne lui restait rien d'autre que ce millénaire d’errance, et que signifie un millénaire quand il n’en ressort qu’une amertume et une solitude presque irritante ?  

    La faiseuse se déplaçait avec souplesse dans ces bois peu accueillants, évitant les grands chemins et les endroits trop illuminés. Elle devait se faire une raison, il fallait bien qu’un jour, elle regagne la ville. Mais laquelle ? Tout était chamboulé, tout était en perpétuel mouvement. Était-ce elle qui n’évoluait pas ? Était-elle figée dans son temps ? Elle n’était que spectatrice de ce temps qui s'effilochait comme un tissu trop fragile. Qu’est-ce qui lui restait ? Avait-elle seulement accompli quelque chose de tangible ces milles dernières années ? Recluse, cachée, vivant de petits contrats. Elle n’avait rien accompli. Rien pour le peuple des Ombras. Rien pour se venger de cette blessure qui lui déchirait le visage. 

    Si elle échouait en tant que prêtresse, il ne resterait qu’une seule issue. Elle pouvait sentir l’étui en velours de dague caresser le cuir de sa cuisse. Elle rabattit sa capuche sur ses cheveux lisses. Si sa mort était à l’image de sa vie, alors elle ne valait pas mieux que celle, misérable, de Yassen Miladin’. Elle leva les yeux vers le ciel, et eut un petit rire. Le temps s’annonçait radieux.

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  • Sam 2 Nov - 10:50



    Crow est différent, ce n’est pas qu’il ne compte pas, ni le fait qu’il a toujours été là, c’est qu’il fait partie d’elle.

    Isolée.

    La petite fae à la peau sélénite comme les nuages d’été regarde le géant de jais à quelques pas, il passe et repasse son bec entre ses plumes pour nettoyer ses grandes ailes.

    Désolée.

    Son visage est figé dans cette même expression depuis… combien de temps déjà? Des jours, des semaines, des mois. Elle ne sait plus, elle ne compte pas. Lune n’a plus de repère, depuis qu’elle est ressortie d’un mauvais rêve sa vie est une mascarade amer, elle se sent plus seule que jamais sans Lars, Vaenys, Dimitri ou Neve. Tout ces gens qu’elle n’a pourtant croisé qu’une seule fois mais qui lui donné l’illusion de l’amitié, elle se rend compte maintenant d’à quel point sa vie est esseulée, d’à quel point sa seule compagnie véritable ne réside qu’en la créature à ses côtés qui représente sa moitié. Assise entre ses deux amies toutes aussi fidèles que sont tristesse et solitude, la petite fille laisse son regard vaquer sur les aspérités polies du rocher entre ses pieds aux clapotis de la rivière qui lèche langoureusement les contours de son trône de pierre. La mélancolie lui pose encore cette question, la même qu’hier, sûrement la même que demain: Pourquoi t’acharnes-tu autant si ton existence est si rude? Et bien malgré elle la fragile poupée de neige n’a qu’une réponse à lui donner, son regard se dirige vers son Gardien aux plumes de jais.

    Son coeur coule encore une fois dans sa poitrine.

    Un frisson parcours son dos nu pour aller mourir dans le creux de ses reins, son regard apitoyant se lève vers les cieux du matin.

    La honte et la culpabilité de la pensée qui la traverse la mine.

    Si ce n’était pas pour Crow, se serait-elle déjà jetée dans le creux d’un ravin? Est-ce qu’elle ne se tue pas par manque de courage ou par considération de son ami corbin?

    La rosée perle contre les brins morts qui bordent la rivière, dévalant les quelques plantes esseulées qui auraient pourtant dû être pleine de vie. À la vue de ces larmes roulant sur les joues de sa protégée, le géant ailé tourne tout de suite sa tête vers sa perle précieuse et se lève pour venir se lover doucement contre. Refermant ses rémiges autour de la fae qui ne saurait même plus dire si elle en a envie, Crow conforte la gamine dans ses plumes de jais. Il sait qu’il ne peut pas faire grand chose, si ce n’est être là, mais c’est déjà beaucoup et la survie de Lune jusqu’à présent le démontre. Depuis des mois maintenant elle est comme ça, triste, éteinte sans vraiment de raison apparente, même sa blancheur pure semble avoir perdu son éclat, Crow glisse son bec contre la peau fragile de la jeune fille mais elle ne lui rend pas son étreinte, comme si la honte de ses propres sentiments l’empêche de se rendre méritante de ce bout d’affection, mais ce n’est pas grave, le corbin le fait quand même, parce qu’elle est sienne, parce qu’il l’aime.

    Ce même instinct maternel pousse après quelques heures le géant ailé à s’écarter, il fixe de son oeil corvidé les marques plus sombres laissées sur les joues de Lune par ses larmes qu’il ne comprend toujours pas. Le corbeau s’ébroue prudemment et étend ses ailes, il abaisse son corps et caquète, le vol de Madame est apprêté, bien qu’elle soit fatiguée et morne il exige tout de même que Lune l’accompagne à la chasse, et tant qu’elle ne lui monte pas dessus il ne partira pas. Se faisant même houspiller dessus par son compagnon gargantuesque, la jeune fille las finit par se forcer, cela fait longtemps qu’elle n’a rien mangé et la faim tiraillante s’ajoute à l'exténument de son coeur, aux crampes de ses pleurs, à l’inaction pleine de douleur… Elle le sait.

    Dépliant ses ailes pour tester le vent environnant, Crow laisse un léger claquement s’échapper de son bec pour signaler son décollage et finit par s’élever dans les airs, vérifiant que sa protégée est bien accrochée il commence à fendre les cieux de son plumage au dessus des champs de désolation déserts.

    Le duo d’harmonieux noir et blanc marche entre les pins d’une des rares forêts ayant subsisté à la chute du Shoumeï. Lune progresse prudemment en évitant d’éreinter sa peau contre les aiguilles mesquines des arbres, Crow navigue à ras du sol à sa suite comme un félin aux mouvements fluides. Leur chasse a été fructueuse et après avoir mangé pour calmer sa faim, la fae préfère marcher au milieu du sous-bois humide, dans le vain espoir peut-être un peu naïf de calmer son coeur. Le ruissellement audible d’un cours d’eau parvient aux oreilles de la jeune fille et elle change immédiatement de trajectoire, elle ne sait ni comment ni pourquoi mais les bruits de l’eau appaisent souvent ses pleurs, c’est peut-être le bruit des clapotis à la douce mélopée ou la fraîcheur des rivières qui lui donne un confort illusoire, mais elle s’y sent mieux. Lune navigue silencieusement entre les troncs, marchant avec précaution sur le tapis d’aiguilles et de humus forestier, suivie de près par son gardien prédateur aux mouvements aussi muets qu’ils ne sont pernicieux elle avance jusqu’à un liseré boisé pour observer un ruisseau où elle serait posée volontiers. Cachant sa peau blanche derrière les filicophytes tandis que le béhémoth se tapit dans les ombres de la forêt, les grandes perles d’encre de Lune s’ouvrent bien grand en se posant sur quelque chose d’inhabituel.

    Une femme.

    Ce n’est pas ce qui sort de l’ordinaire, c’est plutôt son apparence.

    ”...Comme si le jour et la nuit s’étaient avoué leur amour…” imprudente à la vue de ce mariage de noir et de blanc, la jeune Lune laisse la phrase s’échapper comme un murmure dans les buissons, elle sursaute quand cela suffit visiblement à la silhouette pour relever la présence d’intrus.

    À moitié paniquée, la petite fille tétanisée observe la femme ranger la gourde qu’elle remplissait pour se redresser et scruter la forêt dense. La peur l’étreint avec une légèreté relative, la fae sent la tension du corvidé derrière elle prêt à intervenir et elle est trop envoûtée pour vraiment s’effrayer. Il y a dans l’apparence de cette personne une résonance avec sa propre condition, entre les vêtements noirs et blancs, la cicatrice qui marque son visage, ces cheveux nuits en carré contre ce masque de danse… Lune repense à Dimitri, elle a un moment d’hésitation, doit-elle… peut-elle lui parler? La peur du rejet est intense et elle n’ose pas essayer mais… cette femme, elle ressemble à l’union d’elle et de son corvidé. Une harmonie qu’elle ne peut que caresser dans ses rêves. Elle écarte enfin timidement les buissons et avance doucement pour ne pas se blesser, laissant le Gardien caché dans les ténèbres derrière elle alors qu’en face, la jeune femme replace son masque pour couvrir la macabre beauté de son visage.

    ”Bon… Bonjour?”

    Mal à l’aise et tremblotante, elle ne s’attendait pas à avoir aussitôt envie de s’enfuir, au fur et à mesure que les secondes s’égrainent, la peur d’essuyer une haine ou un rejet de plus supplante l’avide néant d’affection qui la pousse à parler. Elle accompagne sa salutation d’un petit geste de la main, espérant paraître plus avenante que monstrueuse mais aussi balayer sa propre gêne:

    ”Je… euhm, je m’appelle Lune.”

    Un bon début, mais son plan de conversation s’en arrête là. Seule depuis son plus jeune âge elle n’a aucune idée de comment normalement converser, elle ne sait ni quoi dire ni ce que les gens feraient habituellement dans une telle situation, elle en est juste à espérer que le noir et le blanc ne finisse pas taché par le grenat. Cherchant désespérément quelque chose pour ne pas paraître bizarre ou suspecte aux yeux de son interlocutrice, elle dit:



    ”Vous êtes…” jolie? intriguante? Lune a l’impression que son sang lui monte aux joues, la pâleur de son duvet de neige reste pourtant de marbre, il faut qu’elle trouve autre chose. ”Là.” La petite a envie de tourner sur ses talons et de courir vers Crow pour qu’il l’emmène loin d’ici. Elle s’essaie à une dernière tentative, ”... pour… quoi? Vous êtes là pour quoi? Qu’est-ce que vous faites? De manière générale qu’est-ce que vous faites? Souvent les gens font quelque chose et sûrement que vous faites quelque chose aussi, du coup je voudrai savoir ce que c’est. Que vous faites. Et euh… euhm… si vous aviez besoin d’aide? Peut-être puis-je vous aider?”

    À moitié convaincue seulement de sa propre éloquence, Lune amorce un demi-tour mais s’arrête en plein milieu, n’est-ce pas impoli de partir ainsi? Elle ne sait plus mais elle se souvient de quelque chose comme ça, alors elle reste et risque un regard vers la jeune femme masquée dont elle s’imagine encore les traits défigurés, La fae n’a pas toujours eu cette apparence là non plus, son corps a subi de lourdes transformations avec ses propres erreurs passées elle aussi, et d’un coup d’un seul une question germe dans son esprit, mue cette fois par un véritable intérêt elle devient paradoxalement la question la plus naturelle qu’elle se met à susurrer:

    ”Dites, pourquoi est-ce que vous cachez votre visage derrière ce masque? Vous en avez honte?” Elle le demande avec de grands yeux cachant une très sincère introspection.
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  • Sam 2 Nov - 17:48
    Confidence pour Confidence | Lune & Crow Karsou10


    Près d’un ruisseau aux eaux claires et aux accents de jade, elle s’arrêta, observant le courant avec une fascination désolée. Les reflets verts dorés de l’eau dansaient au gré du courant, rebondissant de leurs éclats contre les roches embrassant le lit du ruisseau. Les bruits de la nature, normalement apaisants, résonnaient comme des murmures tristes, lointains échos des maux de son propre cœur.

    Elle avait pressenti sa présence comme on pressentait l’arrivée d’une pluie printanière. Des bruissements de végétation, un vent indécis et une odeur de fleurs sauvages. L’ombra s’était agenouillée afin de recueillir l’eau claire d’un ruisseau, sans montrer de signes d’alerte. La présence qui l’espionnait ne semblait pas hostile aussi l’aventurière avait cru d’abord à un animal de la forêt. Elle se releva souplement et ragea sa gourde à sa ceinture. La femme tourna alors son regard voilé vers là où la forêt se faisait plus dense.

    Il y eut alors une apparition. Là où les arbres tordus se penchaient comme pour chuchoter des secrets oubliés, une silhouette émergea lentement du sous-bois. Hésitante, elle avançait d’un pas léger semblant prête à s’enfuir à tout moment. La lumière filtrait à travers le feuillage, dansant sur la peau blanche de la jeune fae, qui paraissait à la fois fragile et éthérée. Allait-elle disparaître si Karsa tendait la main vers elle ? Allait-elle s’évanouir dans le néant reflété par ses yeux vides ? Ses cheveux, d’un blanc éclatant, flottaient autour d’elle comme des nuages égarés, accentuant l’aura mystique qui l’entourait. Une tristesse maquillait ses traits fins d’un pinceau abîmé, créant une rupture nette entre la beauté de son visage et l’expression qui y était figée.

    Karsa resta ainsi à la dévisager de son regard lavande, afin d’étudier les intentions de la créature. La maîtresse des ombres ne fit aucun geste brusque. Elle était épuisée mentalement et n’avait pas le cœur à un énième combat. Elle fut presque étonnée de l’entendre parler d’une voix fluette, déblatérant quelques banalités engluées de maladresse sociale. La jeune femme pencha la tête sur le côté, intriguée. La créature ne semblait pas dangereuse pourtant une aura menaçante l’entourait, sa source étant tapie dans les ombres du bois qu’elle venait de quitter. Prudente, l’ombra ne pipa mot devant cette apparition féerique et attendit. L’être magique avait l’apparence d’une jeune fille, la diction d’une enfant perdue et le mystère du poids de nombreuses années.

    Elle resta un instant silencieuse quand la créature se présenta en tant que Lune. La mage ne se risquerait certainement pas à donner son nom à la première chimère venue. Elle se demandait si c’était là son réel nom et si tel fut le cas, comment cette petite pouvait le dévoiler à la première personne qu’elle trouvait sur son chemin. Il ne se passa pas quelques secondes sans que Karsa comprit pourquoi. La jeune fille semblait exsangue de toute convention sociale, sachant communiquer mais ne sachant connecter avec autrui. La femme masquée eut une pensée pour une jeune femme, elle aussi aux cheveux blancs, coupée des normes sociétales, créant ainsi un caractère unique quand on prennait le temps de le découvrir.

    Fatiguée, elle contemplait cette nymphe lunaire s’embourber dans une conversation unilatérale, souhaitant partir mais se retenant, ses pensées contrariant ses actions. Une émotion légère vint étreindre le cœur de l’élémentaliste. Elle observa les entourages, tout en écoutant le brouillon de paroles de la jeune fae. Son regard se posa sur un arbre arraché par la dernière tempête, offrant là une assise idéale. La mage s’y dirigea alors afin de s’y asseoir confortablement. Ramenant un genou contre sa poitrine, elle s’étira un peu la nuque et fit signe à la jeune nymphe de prendre place à côté d’elle, tapotant la place vacante d’une main gantée de cuir noir.

    - Tu peux me tutoyer. Viens-là, tes questions ont des réponses. Cependant, c’est un peu loin à raconter. Allez, installe-toi.

    Elle guetta la réaction de la jeunette, puis releva légèrement son masque afin de se désaltérer une nouvelle fois. L’eau fraîche glissa entre ses lèvres fines pour s’écouler avec délice dans sa gorge sèche. Karsa ferma les yeux, dans un effort méditatif. La présence derrière la fae était toujours là, revêche et à l’affût. L’ombra cherchait une réponse à chacune des questions entonnées par la nymphette. La forêt, avec ses ombres mouvantes et sa créature tapie dans le silence, se refermait autour d’elle, embrassait son âme d’une étreinte à la fois protectrice et oppressante.

    - Dis à ton hôte de se détendre, je ne vous ferai rien. Soupira-t-elle d’un air las. Tant que vous ne faites rien à mon égard. Quant à toi. Tu devrais éviter d’aborder les étrangers que tu croises de la sorte. Surtout avec de telles questions, c’est dangereux pour toi.

    Il n’ y avait dans le ton de sa voix aucune malice, aucune menace. Ce n’était ni un conseil, ni un avertissement. Seulement une vérité qui ne semblait pas atteindre la créature au nom de l’astre nocturne. Dans cette ambiance onirique, Lune incarnait de sa présence une promesse qui errait à la croisée des chemins de la lumière et de l’obscurité.
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  • Lun 18 Nov - 2:51



    E n regardant le ballet bicolore s’incarner dans cette mystérieuse présence qui se mouve jusqu’à un arbre arraché pour s’y installer, Lune sent sa respiration devenir un peu plus laborieuse. Comme les cendres qui se mêlent à la neige, la petite fae est confuse, sa plante piétine l’herbe et y dessine des motifs hésitants à y aller, les gestes de cette femme sont invitants mais ses paroles sont d’autant de mises en garde douteuses. Son comportement ambigu rend la petite confuse et la perd en indécision, son instinct muet laisse dans son corps se départager l’avidité de son coeur et la crainte de sa raison. La mention de l’hôte des cieux fait trembler Lune avec une peur supplémentaire, comment cette femme a-t’elle pu déceler sa position? Est-ce une magie, un sixième sens? La fae hésite et n’est pas sure de vouloir même une réponse à cette question.

    Un pas de plus.

    Frôlant doucement l’herbe comme une plume hésitante à enfin se poser, elle est prise d’un doute et se retourne un instant. Son regard d’ombre fend celles de la forêt derrière elle et sonde les ténèbres à la recherche d’un conseil, en toute réponse lui vient le grondement sourd d’un souffle familier, celui de son Gardien qui attend. Patient. Méfiant. Elle finit par céder à sa soif de curiosité et avance un peu plus vers la femme assise au soleil, le bruissement rauque de Crow s’accentue un coup en la voyant faire confiance à cette inconnue. Le corvidé se remémore la dernière fois que sa protégée a adressé ainsi la parole à une rencontre fortuite et l’intense détresse qu’elle avait ressentie en échangeant avec Dimitri avait blessé son coeur à nu, l’oiseau de proie ne laissera plus personne lui provoquer autant de peine, alors caché dans la pénombre forestière, il surveille attentivement la suite. Pas après pas, Lune avance vers la femme masquée avec la même marche feutrée qu’un félin dans la neige hivernale, elle arrive près de l’arbre couché, contemple un instant la place aux côtés de l’Ombra et une fois de plus hésite, elle s’asseyerait volontiers tout près d’elle mais sa peur, sa honte et son embarras sont trop fatals, la fae opte pour l’autre bout du tronc et s’y installe doucement, ramenant ses jambes contre sa poitrine et serrant ses genoux contre elle, Lune observe l’arlequin noir anthracite.

    ”Vous… Tu…” Déjà perturbée par la proximité contradictoire que lui demande la jeune femme au visage marqué, le regard de la petite fuit le masque bichromatique pour se réfugier aux coins de ses yeux en réfléchissant. ”Bonjour.” Si la peau de ses joues ne peut plus rougir, Lune sent tout de même son sang monter au visage, elle cherche un instant quoi dire et balbutie. ”Euhm…”

    Balançant nerveusement ses genoux de gauche à droite avec une moue décontenancée, Lune oscille entre indécision et curiosité mal placée, elle ne sait pas exactement ce qu’elle cherche, ni ce qu’elle attend de cette interaction, la difficulté de sa tête à lire son coeur lui joue encore une fois des tours et elle a peur de trop s’ouvrir, comme avec Dimitri, de dire quelque chose de déplacé. Sa langue la brûle pourtant de poser à cette apparition si élégamment mystérieuse une multitude cacophonique de questions, d’où vient-elle, que fait-elle, pourquoi s’habille t’elle ainsi, pourquoi le masque, pourquoi la cicatrice, pourquoi est-elle ici, comment survit-elle. Mettre de l’ordre dans ses pensées est aussi difficile que museler la peur qui lui colle à la peau, fermant ses mâchoires conjointement avec l’aide de sa mélancolie. Lune resserre un peu plus contre son ventre ses jambes si frêles, consciente que ses efforts pour parler à n’importe qui ne sont qu’une simple tentative d’échapper au vide qui la ronge, un espoir jusque là vain qu’elle essaie encore débilement d’attiser. Elle est tiraillée entre la chaleur de cette proximité si jolie, la morosité d’une absence inqualifiable et la marque au fer rouge de la peur dans laquelle son coeur plonge.

    Lorsque ses yeux reviennent sur la jeune femme, sa voix est plus las, plus terne, la mélopée de son timbre n’est plus, elle s’éteint:

    ”Je suis désolée pour les questions, je ne savais pas que c’était dangereux.” Pourtant n’a-t’elle pas demandé, il y a trois ans, une question aux enfants de ce village? Ne se rappelle t’elle pas de ce qu’il s’est passé ensuite? Son dos sans ailes lui, s’en souvient bien. Si la femme ne lui avait pas dit qu’elle ne lui ferait rien, Lune se serait peut-être déjà enfuie à cette pensée, mais elle ne peut empêcher ses yeux de devenir humides à ce fragment douloureux de mémoire. ”Je suis vraiment désolée. Est-ce que… est-ce que c’est grave?” Le cilice de son coeur se resserre, poser des questions, quelle sotte, son père lui aussi s’énervait quand elle le faisait, la fae au teint sélène se sent idiote. Ses lèvres se tordent alors qu’elle sent sa voix se nouer dans sa gorge mal à l’aise, aux bords des larmes. ”Vous n’êtes pas en colère?”
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