Citoyen du monde
Karsa
Messages : 41
crédits : 1661
crédits : 1661
Info personnage
Race: Ombra
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: D
Ce rp est un rp solo avec la présence de Capella Tiamat en pnj. Les évènements à suivre sont canon pour Capella en accord avec la joueuse.
Des voiles invisibles caressaient doucement son visage et ses extrémités. Elle avait l’impression de s’engouffrer toujours plus loin, toujours plus profond. Les yeux clos et les sens éveillés, elle se laissait guider dans ce rêve lucide. Ce rêve la faisait valser dans un écrin de soie et de fumée, semblant avoir une conscience propre.
Elle faisait des mouvements amples, gracieux, ralentis par la torpeur onirique. Une odeur étrange, pourtant familière, vint la sortir de son hypnose au fur et à mesure que les parfums de rose, de tabac fruité et d’agrumes se révélaient à son odorat..
Elle se laissa déposer sur un sol chaud, et une main se perdit dans ce qui semblait être de l’eau. Une mélodie provenant d’un oud résonnait au loin, et emplissait tout l’espace. Les paupières lourdes, Karsa resta ainsi allongée, comme enivrée. Elle bougea tout d’abord sa main, guettant un signe du réel. Ses doigts étaient bien plongés dans une onde tiède. L’odeur de rose se fit plus entêtante tandis qu’elle faisait aller et venir l’eau entre ses doigts. La jeune femme ouvra alors les yeux, lentement. Tout d’abord, elle ne vit que des formes, sa vision étant encore floutée par la torpeur qui ne voulait pas la quitter. Puis elle distinguait des couleurs, des reflets. Un dôme à la mosaïque raffinée s’étendait au-dessus d’elle alliant or, rouge, turquoise et blanc. Admirant cette œuvre détaillée sans dire mot, Karsa suivit un motif d’arabesque des yeux. Cette arabesque s’éffilait jusqu’aux murs, eux aussi divinement carrelés. Afin de suivre ce motif, elle dut tourner légèrement la tête, et découvrit enfin où son rêve l’avait menée.
Elle était dans un bain. D'où elle se tenait, elle pouvait deviner la présence de plusieurs bassins, dont les vapeurs florales s’échappaient et formaient un brouillard léger. Des lanternes à la lueur tamisée oscillaient au-dessus des bassins, ainsi que dans l’allée où se trouvait Karsa. Elle pouvait entendre des femmes fredonner un air inconnu, des bruissements de tissus que l’on fait glisser contre la peau, et l’eau s’écoulant d’un bassin à un autre.
La jeune femme cligna des yeux et se redressa avec lourdeur. Les yeux mi-clos, elle se mit en position assise, les deux jambes glissant dans le bassin. L’eau ruissela de sa main mouillée, et elle observa les gouttes perler sur le sol aux petits carreaux. Elle passa sa main pour sentir le relief de de l’email. C’est à cet instant qu’elle réalisa qu’elle était nue. Sa peau commençait à frémir, réagissant à la chaleur de l’endroit et à l’onde tiède. Elle entendit des pas se rapprocher d’elle, aussi elle leva la tête pour comprendre qui venait à elle.
Une femme aux cheveux frisés, noir comme le jais, lui souriait. Elle avait des yeux d’une couleur d’obsidienne intense et le regard souligné par du khôl indigo. Sublime, elle portait seulement un linge en double gaze brodée, nouée autour de sa taille. Des bijoux enrichis par le lapis et le péridot encerclaient son cou et ses poignets. Ses boucles d’oreille tintaient au rythme de ses pas discrets. Arrivant à la hauteur de la jeune femme, elle lui fit un sourire bienveillant, et lui tendit une main tatouée, attendant que Karsa la lui prenne.
L’ombra posa délicatement sa main dans celle de l’inconnue, afin de se relever en souplesse.
- Mon masque ? Dit-elle dans un sursaut de conscience.
En guise de réponse, la femme lui fit un sourire rassurant. D’une main câline, elle lui prit la joue et lui tourna la tête vers ce qui semblait être un renfoncement dans le mur. Là, elle vit la moitié d’un bénitier colossal fixé sur la mosaïque, d'où émanait une vapeur opaque. La vapeur ondulait, dans un corps sirupeux et indéfinissable. La jeune femme crut apercevoir un objet briller derrière cette manifestation. Elle fixa un peu plus l’objet de sa curiosité, qui prit forme sous ses yeux en un grand miroir.
Karsa retint son souffle en découvrant son reflet. Près de la femme étrange, elle était là. Nue, son teint d’albâtre reflétant les lueurs des lanternes. Ses cheveux étaient humides, quelques mèches collant à son front. Et son visage, intact. Elle leva une main hésitante. La cicatrice qui lui déformait la face n’était plus là. Son œil meurtri et aveugle n’était plus. Seul, son visage d’origine, son vrai visage était là. Elle n’osa pas le toucher. Ni la joue parfaitement lisse, ni la lèvre fine, ni l'œil parfaitement valide.
Elle resta là, à se contempler.
Une éternité ou une minute s’était écoulée peut-être, quand elle sentit une étreinte. Elle se retourna alors vers l’inconnue. La femme aux yeux d’obsidienne lui embrassa le front, et entoura le corps dénudé de Karsa d’une étoffe légère, exquisément brodée de fils de couleurs chaudes. Un sein restait cependant découvert, dont la protubérance s’était dressée au contact de la femme étrange. Se tournant une dernière fois vers le miroir, elle remarqua que des bijoux venaient maintenant orner son poitrail, son front et ses poignets. Elle entendit le même tintement à ses oreilles que celui entendu lors de l’arrivée de la femme mystérieuse.
Quand Karsa se détacha de son reflet, l’inconnue s’était évaporée. Sans réagir, l’ombra commença alors à marcher, le long des colonnes entourant le premier bassin. Elle se laissa aller au hasard des chants, de l’oud et des senteurs capiteuses.
Elle arriva alors dans une immense salle, aux trois bassins rectangulaires. Des colonnes de marbres détouraient les piscines, et l’atmosphère y était plus dense, plus fascinante. Karsa croisa quelques femmes, aux visages intemporels et aux formes indécises. Une silhouette attira cependant son attention. La femme était de dos, assise comme elle, les jambes immergées. Ses cheveux blonds au carré ruisselaient, et des gouttes allaient se perdre dans la cambrure de son dos. Une couronne de laurier ornait sa chevelure. Karsa resta ainsi, à regarder cette personne étrangère évoluer dans un rêve qu’elle avait pourtant cru être le sien.
Elle faisait des mouvements amples, gracieux, ralentis par la torpeur onirique. Une odeur étrange, pourtant familière, vint la sortir de son hypnose au fur et à mesure que les parfums de rose, de tabac fruité et d’agrumes se révélaient à son odorat..
Elle se laissa déposer sur un sol chaud, et une main se perdit dans ce qui semblait être de l’eau. Une mélodie provenant d’un oud résonnait au loin, et emplissait tout l’espace. Les paupières lourdes, Karsa resta ainsi allongée, comme enivrée. Elle bougea tout d’abord sa main, guettant un signe du réel. Ses doigts étaient bien plongés dans une onde tiède. L’odeur de rose se fit plus entêtante tandis qu’elle faisait aller et venir l’eau entre ses doigts. La jeune femme ouvra alors les yeux, lentement. Tout d’abord, elle ne vit que des formes, sa vision étant encore floutée par la torpeur qui ne voulait pas la quitter. Puis elle distinguait des couleurs, des reflets. Un dôme à la mosaïque raffinée s’étendait au-dessus d’elle alliant or, rouge, turquoise et blanc. Admirant cette œuvre détaillée sans dire mot, Karsa suivit un motif d’arabesque des yeux. Cette arabesque s’éffilait jusqu’aux murs, eux aussi divinement carrelés. Afin de suivre ce motif, elle dut tourner légèrement la tête, et découvrit enfin où son rêve l’avait menée.
Elle était dans un bain. D'où elle se tenait, elle pouvait deviner la présence de plusieurs bassins, dont les vapeurs florales s’échappaient et formaient un brouillard léger. Des lanternes à la lueur tamisée oscillaient au-dessus des bassins, ainsi que dans l’allée où se trouvait Karsa. Elle pouvait entendre des femmes fredonner un air inconnu, des bruissements de tissus que l’on fait glisser contre la peau, et l’eau s’écoulant d’un bassin à un autre.
La jeune femme cligna des yeux et se redressa avec lourdeur. Les yeux mi-clos, elle se mit en position assise, les deux jambes glissant dans le bassin. L’eau ruissela de sa main mouillée, et elle observa les gouttes perler sur le sol aux petits carreaux. Elle passa sa main pour sentir le relief de de l’email. C’est à cet instant qu’elle réalisa qu’elle était nue. Sa peau commençait à frémir, réagissant à la chaleur de l’endroit et à l’onde tiède. Elle entendit des pas se rapprocher d’elle, aussi elle leva la tête pour comprendre qui venait à elle.
Une femme aux cheveux frisés, noir comme le jais, lui souriait. Elle avait des yeux d’une couleur d’obsidienne intense et le regard souligné par du khôl indigo. Sublime, elle portait seulement un linge en double gaze brodée, nouée autour de sa taille. Des bijoux enrichis par le lapis et le péridot encerclaient son cou et ses poignets. Ses boucles d’oreille tintaient au rythme de ses pas discrets. Arrivant à la hauteur de la jeune femme, elle lui fit un sourire bienveillant, et lui tendit une main tatouée, attendant que Karsa la lui prenne.
L’ombra posa délicatement sa main dans celle de l’inconnue, afin de se relever en souplesse.
- Mon masque ? Dit-elle dans un sursaut de conscience.
En guise de réponse, la femme lui fit un sourire rassurant. D’une main câline, elle lui prit la joue et lui tourna la tête vers ce qui semblait être un renfoncement dans le mur. Là, elle vit la moitié d’un bénitier colossal fixé sur la mosaïque, d'où émanait une vapeur opaque. La vapeur ondulait, dans un corps sirupeux et indéfinissable. La jeune femme crut apercevoir un objet briller derrière cette manifestation. Elle fixa un peu plus l’objet de sa curiosité, qui prit forme sous ses yeux en un grand miroir.
Karsa retint son souffle en découvrant son reflet. Près de la femme étrange, elle était là. Nue, son teint d’albâtre reflétant les lueurs des lanternes. Ses cheveux étaient humides, quelques mèches collant à son front. Et son visage, intact. Elle leva une main hésitante. La cicatrice qui lui déformait la face n’était plus là. Son œil meurtri et aveugle n’était plus. Seul, son visage d’origine, son vrai visage était là. Elle n’osa pas le toucher. Ni la joue parfaitement lisse, ni la lèvre fine, ni l'œil parfaitement valide.
Elle resta là, à se contempler.
Une éternité ou une minute s’était écoulée peut-être, quand elle sentit une étreinte. Elle se retourna alors vers l’inconnue. La femme aux yeux d’obsidienne lui embrassa le front, et entoura le corps dénudé de Karsa d’une étoffe légère, exquisément brodée de fils de couleurs chaudes. Un sein restait cependant découvert, dont la protubérance s’était dressée au contact de la femme étrange. Se tournant une dernière fois vers le miroir, elle remarqua que des bijoux venaient maintenant orner son poitrail, son front et ses poignets. Elle entendit le même tintement à ses oreilles que celui entendu lors de l’arrivée de la femme mystérieuse.
Quand Karsa se détacha de son reflet, l’inconnue s’était évaporée. Sans réagir, l’ombra commença alors à marcher, le long des colonnes entourant le premier bassin. Elle se laissa aller au hasard des chants, de l’oud et des senteurs capiteuses.
Elle arriva alors dans une immense salle, aux trois bassins rectangulaires. Des colonnes de marbres détouraient les piscines, et l’atmosphère y était plus dense, plus fascinante. Karsa croisa quelques femmes, aux visages intemporels et aux formes indécises. Une silhouette attira cependant son attention. La femme était de dos, assise comme elle, les jambes immergées. Ses cheveux blonds au carré ruisselaient, et des gouttes allaient se perdre dans la cambrure de son dos. Une couronne de laurier ornait sa chevelure. Karsa resta ainsi, à regarder cette personne étrangère évoluer dans un rêve qu’elle avait pourtant cru être le sien.
Citoyen du monde
Karsa
Messages : 41
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Info personnage
Race: Ombra
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: D
Karsa se réveilla en sursaut. Elle transpirait, et sentait une sorte de fièvre l’enlacer au moment où elle souhaitait se relever. La faiseuse, déboussolée, regarda autour d’elle. Elle n’était plus dans les bains. Ses sens brouillés, elle comprit bien vite qu’elle rêvait, une nouvelle fois. Elle s’empressa de se relever, partagée entre excitation et surprise de pouvoir explorer ce que lui offrait son Seigneur. L’image de la femme à la couronne de lauriers se dessina dans son esprit, elle se mit en quête de la trouver.
Il faisait nuit. L’air était encore lourd et le vent presque inexistant. Une odeur de braises et de bois brûlé embaumait les environs. Karsa était à l’orée d’une forêt. Elle ne pouvait que deviner les silhouettes des hauts conifères, à présent encrées de noir par la nuit estivale. Elle avait la gorge sèche et ses yeux piquaient. L’odeur âcre du bois brûlé venait raper ses poumons, aussi elle toussa légèrement. Son attention fut attirée par des rires, qui résonnaient plus loin de là.
Elle sentit une pression sur son épaule et se retourna vivement. Une jeune femme, à la chevelure tressée, portant une couleur de fleurs et de rubans se tenait derrière elle. Elle lui fit un grand sourire et lui prit la main pour l’emmener vers l’endroit où les rires continuaient de fuser. Mains dans la main avec cette inconnue, elle trottina à ses côtés et la suivit en toute quiétude.
La jeune fille riait elle aussi, et Karsa pouvait sentir les commissures de ses lèvres se soulever de manière incontrôlée. Elle n’était pourtant pas décidée à céder à ce rire étrange qui commençait à lui monter, aussi luttait-elle pour le garder dans sa gorge. Elle arborait cependant un sourire ravi, et ses yeux étaient rieurs.
La fille couronnée lui parla dans une langue qu’elle ne comprenait pas, car ce n’était tout simplement pas une langue qui existait. D’abord incrédule, la prêtresse se mit à acquiescer joyeusement et, comme ensorcelée, lui répondit dans un langage tout aussi mystérieux et continuait de sourire béatement.
Elles arrivèrent enfin à l’endroit où une fête semblait avoir lieu. La vue de Karsa s’éclaircissa enfin et elle put découvrir un énorme brasier, brûlant des flammes immenses et crépitant gaiement au son d’une musique folklorique. Plusieurs femmes de toutes âges l’accueillirent en l’acclammant. Elle fut caressée, cajolée tandis qu’elle pénétrait dans la ronde, pour enfin être couronnée, elle aussi, de fleurs et de rubans. Du feu s’émanait cette odeur de bois si particulière, et Karsa en le respirant d’aussi près commença à se sentir drôle. Une chaleur vint envahir son ventre et ses extrémités se mirent à fourmiller. Elle cligna plusieurs fois des yeux, et se tapota le ventre comme pour se débarrasser de cette sensation parasite. Elle fut alors attrapée par le poignet par une femme qui lui indiqua la ronde.
Elles dansaient autour de l’immense brasero, chantaient et tournoyaient en frappant dans leurs mains. Leurs tresses virevoltaient au rythme de leurs pas endiablés, et leurs jupes qu’elles avaient raccourcies en les attachant à leur taille, dévoilaient leur peau luisante de chaleur. Les bruits de leurs pas agiles sur l’herbe séchée se formaient en un bourdonnement indescriptible. Leurs ombres ondulaient, déformées et menaçantes sur le sol poussiéreux. La mage observait ces ombres, qui semblaient avoir gagné une conscience propre, et l’appelaient dans un ballet infernal.
Alors qu’elle sentait son esprit commencer à plonger dans une mer inconnue qui voulait la happée pour la noyer, elle fut poussée dans le dos par une force inconnue. Elle rejoignit alors ses compagnes, et se mit à danser en cercle autour du brasier, ses bras tendus vers les flammes comme pour capter leur énergie. Il y eut des clameurs et des rires, et on l’encouragea à continuer.
Elle saississa alors les mains de ses deux sœurs se trouvant à ses côtés et accéléra l’allure. Ses mouvements étaient vifs mais étrangement harmonieux, comme si elle cherchait à exorciser la chaleur qui s’élevait en elle, toujours plus cuisante. Des rires, des chants, des souffles. Ses sœurs lui enserraient chacune de ses mains d’une poigne éternelle, ne pouvant être brisée sous aucun prétexte.
- Il ne faut pas lâcher ! il ne faut pas lâcher ! Criait Karsa en tournoyant.
Tout devenait liquide, instable, le temps lui-même se distordait. Y avait-il seulement un temps ? Le feu se fit plus intense, plus violent, plus grand encore. Les crépitements des flammes provoquaient des étincelles de myriades de couleurs, et prenaient la forme de plumes enflammées. Des rires, des chants, des souffles. Chaque seconde s’étirait, chaque mouvement devenait une éternité. l’ombra essayait de prendre de grandes inspirations malheureusement, l’air brûlant lui agressait les poumons et il lui était difficile de reprendre son souffle. Elle voulut ralentir, éventuellement s’éloigner du brasier pour trouver un tant soit peu de fraîcheur. Elle n’y parvint pas. Les femmes ne la lâchaient pas, pis encore elle eut la désagréable impression qu’elles avaient resserré leur étreinte autour de sa main. Avait-elle toujours une main d’ailleurs ? Elle ne sentait plus son corps, seulement ses organes, qui se chamaillaient la place dans une enveloppe tumultueuse
Le feu lui parlait. Au travers de voix cristallines qui émergeaient du brasier, des murmures étranges dans une langue inconnue susurrant des mots interdits, elle vivait plusieurs existences. Chaque crépitement devenait un éclat de rire, chaque souffle de chaleur une fausse promesse éthérée. Ses bras s’élevaient, s'étendaient, devenant des ailes charbonneuses.
Elle n’en pouvait plus, elle devait vraiment s’arrêter. Excédée, elle tenta une nouvelle fois de se libérer, sans succès. Les rires se firent plus forts, et dissonaient parfois en plaintes inhumaines. Karsa avait du mal à respirer pourtant elle continuait de danser comme une forcenée, avec la même grâce et la même ferveur. Elle crut défaillir quand soudainement le feu parut grandir anormalement et devenir organique. Elle tournait autour de ce vortex incandescent, ses pieds effleurant à peine le sol qui semblait se liquéfier sous elle. Toudoum, toudoum, toudoum, le cœur du brasier allait exploser. Toudoum, toudoum, toudoum. Elle allait bientôt mourir. La mage pouvait sentir un sourire incontrôlé lui provoquer des crampes aux joues, et ce foutu rire qui essayait de fuser à tout moment. Elle le retenait de toutes ses forces, ne cédant pas à cette hilarité damnée.
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Toutes se stoppèrent comme un seul corps. .
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Un bruit de gargouillis horrible et suave.
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Puis un liquide qui jaillissait en masse.
Le visage de Karsa en fut éclaboussé. Elle cligna des yeux, sa vue entravée et rougie par ce fluide chaud et poisseux. Elle passa une main tremblante sur son visage et observa ses doigts. Ils étaient couverts de sang. Un sang épais et pourpre, qui frémissait à son contact. Alors qu’elle aurait voulu crier, un rire déchira le silence cérémonieux autour du brasier maintenant éteint. Le jour commençait timidement à se lever. Karsa mit un moment à réaliser que c’était elle qui riait. Elle riait si fort. A gorge déployée, les bras écartés, elle riait comme elle n’avait jamais rit.
Ses compagnes de la nuit la rejoignirent bien vite, et des rires fusèrent comme une traînée de poudre et se mirent à résonner dans la clairière. La prêtresse, essoufflée, ne pouvait plus s’arrêter et elle pensait bientôt succomber. Elle sentit alors deux mains lui prendre doucement les épaules. Une personne l’avait retourné à elle, et Karsa reconnu de suite la jeune femme au carré blond et à la couronne de laurier. Elle était, elle aussi, couverte de sang et était hilare.
- Toi ! Cria Karsa.
- Bonjour, vous. Répondit l’inconnue avec un sourire radieux.
Karsa, enivrée, prit le visage de la jeune femme dans ses mains et l’embrassa avec la passion de l’âme et la décadence du corps. Elles s'embrassèrent alors une éternité, sous les clameurs de leurs sœurs de cette nuit infernale.
Il faisait nuit. L’air était encore lourd et le vent presque inexistant. Une odeur de braises et de bois brûlé embaumait les environs. Karsa était à l’orée d’une forêt. Elle ne pouvait que deviner les silhouettes des hauts conifères, à présent encrées de noir par la nuit estivale. Elle avait la gorge sèche et ses yeux piquaient. L’odeur âcre du bois brûlé venait raper ses poumons, aussi elle toussa légèrement. Son attention fut attirée par des rires, qui résonnaient plus loin de là.
Elle sentit une pression sur son épaule et se retourna vivement. Une jeune femme, à la chevelure tressée, portant une couleur de fleurs et de rubans se tenait derrière elle. Elle lui fit un grand sourire et lui prit la main pour l’emmener vers l’endroit où les rires continuaient de fuser. Mains dans la main avec cette inconnue, elle trottina à ses côtés et la suivit en toute quiétude.
La jeune fille riait elle aussi, et Karsa pouvait sentir les commissures de ses lèvres se soulever de manière incontrôlée. Elle n’était pourtant pas décidée à céder à ce rire étrange qui commençait à lui monter, aussi luttait-elle pour le garder dans sa gorge. Elle arborait cependant un sourire ravi, et ses yeux étaient rieurs.
La fille couronnée lui parla dans une langue qu’elle ne comprenait pas, car ce n’était tout simplement pas une langue qui existait. D’abord incrédule, la prêtresse se mit à acquiescer joyeusement et, comme ensorcelée, lui répondit dans un langage tout aussi mystérieux et continuait de sourire béatement.
Elles arrivèrent enfin à l’endroit où une fête semblait avoir lieu. La vue de Karsa s’éclaircissa enfin et elle put découvrir un énorme brasier, brûlant des flammes immenses et crépitant gaiement au son d’une musique folklorique. Plusieurs femmes de toutes âges l’accueillirent en l’acclammant. Elle fut caressée, cajolée tandis qu’elle pénétrait dans la ronde, pour enfin être couronnée, elle aussi, de fleurs et de rubans. Du feu s’émanait cette odeur de bois si particulière, et Karsa en le respirant d’aussi près commença à se sentir drôle. Une chaleur vint envahir son ventre et ses extrémités se mirent à fourmiller. Elle cligna plusieurs fois des yeux, et se tapota le ventre comme pour se débarrasser de cette sensation parasite. Elle fut alors attrapée par le poignet par une femme qui lui indiqua la ronde.
Elles dansaient autour de l’immense brasero, chantaient et tournoyaient en frappant dans leurs mains. Leurs tresses virevoltaient au rythme de leurs pas endiablés, et leurs jupes qu’elles avaient raccourcies en les attachant à leur taille, dévoilaient leur peau luisante de chaleur. Les bruits de leurs pas agiles sur l’herbe séchée se formaient en un bourdonnement indescriptible. Leurs ombres ondulaient, déformées et menaçantes sur le sol poussiéreux. La mage observait ces ombres, qui semblaient avoir gagné une conscience propre, et l’appelaient dans un ballet infernal.
Alors qu’elle sentait son esprit commencer à plonger dans une mer inconnue qui voulait la happée pour la noyer, elle fut poussée dans le dos par une force inconnue. Elle rejoignit alors ses compagnes, et se mit à danser en cercle autour du brasier, ses bras tendus vers les flammes comme pour capter leur énergie. Il y eut des clameurs et des rires, et on l’encouragea à continuer.
Elle saississa alors les mains de ses deux sœurs se trouvant à ses côtés et accéléra l’allure. Ses mouvements étaient vifs mais étrangement harmonieux, comme si elle cherchait à exorciser la chaleur qui s’élevait en elle, toujours plus cuisante. Des rires, des chants, des souffles. Ses sœurs lui enserraient chacune de ses mains d’une poigne éternelle, ne pouvant être brisée sous aucun prétexte.
- Il ne faut pas lâcher ! il ne faut pas lâcher ! Criait Karsa en tournoyant.
Tout devenait liquide, instable, le temps lui-même se distordait. Y avait-il seulement un temps ? Le feu se fit plus intense, plus violent, plus grand encore. Les crépitements des flammes provoquaient des étincelles de myriades de couleurs, et prenaient la forme de plumes enflammées. Des rires, des chants, des souffles. Chaque seconde s’étirait, chaque mouvement devenait une éternité. l’ombra essayait de prendre de grandes inspirations malheureusement, l’air brûlant lui agressait les poumons et il lui était difficile de reprendre son souffle. Elle voulut ralentir, éventuellement s’éloigner du brasier pour trouver un tant soit peu de fraîcheur. Elle n’y parvint pas. Les femmes ne la lâchaient pas, pis encore elle eut la désagréable impression qu’elles avaient resserré leur étreinte autour de sa main. Avait-elle toujours une main d’ailleurs ? Elle ne sentait plus son corps, seulement ses organes, qui se chamaillaient la place dans une enveloppe tumultueuse
Le feu lui parlait. Au travers de voix cristallines qui émergeaient du brasier, des murmures étranges dans une langue inconnue susurrant des mots interdits, elle vivait plusieurs existences. Chaque crépitement devenait un éclat de rire, chaque souffle de chaleur une fausse promesse éthérée. Ses bras s’élevaient, s'étendaient, devenant des ailes charbonneuses.
Elle n’en pouvait plus, elle devait vraiment s’arrêter. Excédée, elle tenta une nouvelle fois de se libérer, sans succès. Les rires se firent plus forts, et dissonaient parfois en plaintes inhumaines. Karsa avait du mal à respirer pourtant elle continuait de danser comme une forcenée, avec la même grâce et la même ferveur. Elle crut défaillir quand soudainement le feu parut grandir anormalement et devenir organique. Elle tournait autour de ce vortex incandescent, ses pieds effleurant à peine le sol qui semblait se liquéfier sous elle. Toudoum, toudoum, toudoum, le cœur du brasier allait exploser. Toudoum, toudoum, toudoum. Elle allait bientôt mourir. La mage pouvait sentir un sourire incontrôlé lui provoquer des crampes aux joues, et ce foutu rire qui essayait de fuser à tout moment. Elle le retenait de toutes ses forces, ne cédant pas à cette hilarité damnée.
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Toutes se stoppèrent comme un seul corps. .
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Un bruit de gargouillis horrible et suave.
TOUDOUM TOUDOUM TOUDOUM
Puis un liquide qui jaillissait en masse.
Le visage de Karsa en fut éclaboussé. Elle cligna des yeux, sa vue entravée et rougie par ce fluide chaud et poisseux. Elle passa une main tremblante sur son visage et observa ses doigts. Ils étaient couverts de sang. Un sang épais et pourpre, qui frémissait à son contact. Alors qu’elle aurait voulu crier, un rire déchira le silence cérémonieux autour du brasier maintenant éteint. Le jour commençait timidement à se lever. Karsa mit un moment à réaliser que c’était elle qui riait. Elle riait si fort. A gorge déployée, les bras écartés, elle riait comme elle n’avait jamais rit.
Ses compagnes de la nuit la rejoignirent bien vite, et des rires fusèrent comme une traînée de poudre et se mirent à résonner dans la clairière. La prêtresse, essoufflée, ne pouvait plus s’arrêter et elle pensait bientôt succomber. Elle sentit alors deux mains lui prendre doucement les épaules. Une personne l’avait retourné à elle, et Karsa reconnu de suite la jeune femme au carré blond et à la couronne de laurier. Elle était, elle aussi, couverte de sang et était hilare.
- Toi ! Cria Karsa.
- Bonjour, vous. Répondit l’inconnue avec un sourire radieux.
Karsa, enivrée, prit le visage de la jeune femme dans ses mains et l’embrassa avec la passion de l’âme et la décadence du corps. Elles s'embrassèrent alors une éternité, sous les clameurs de leurs sœurs de cette nuit infernale.
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