Faisons affaire [ft Koraki Exousia]

Faisons affaire

Décidément cette pègre qui au début n’était qu’un passe-temps et une mission impossible créer par Mirelda, voilà que maintenant elle devait se concentrer complètement sur l’évolution économique des clans unis sous elle. Le combat avait été long et sanglant mais le résultat était là, même si les contraintes étaient devenues bien plus grosses. Habituellement elle prenait le temps de rentrer au QG entre 2 demandes pour se retrouver dans un endroit sécurisé pourtant cette fois elle était restée dans sa chambre à l’auberge du Baron, travaillant la nuit dormant le jour voit ce qu'était son quotidien. Heureusement pour elle, le SCAR avait besoin de la pègre de Courage pour son autonomie et sa sécurité donc il était possible d’avoir plus de temps pour se soucier de la stabilisation.

À son réveil alors que le soleil était déjà en train de commencer sa longue descente, un message avait été transmis au Baron pour elle. Takhys avait partagé une demande d’entretien avec une personne inconnue, c’était assez inhabituel comme demandé et si le Baron n’avait pas également donné son approbation elle aurait peut-être même refusé. Il était assez difficile de trouver un créneau de disponible dans son emploi du temps alors pour une personne que personne ne connaissait du jour pour le jour même voilà qui rendait le tout beaucoup plus difficile.

- Tu as une idée de qui s’est ?

- Non malheureusement Takhys n’a rien voulu me dire.

- Elle aura une dette envers toi cette fois oublie pas de lui rappeler, tu peux me prêter ton bureau ?

Techniquement le bureau de l’homme à la longue barbe ne tenait que par ce qu’Orifa le voulait bien donc c’était une question rhétorique. Pourtant sa loyauté ne devait pas être rejetée d’un revers de la main, bien au contraire il était important de pouvoir lui montrer le même respect que ce qu’il lui offrait. La demande avait donc été validée, un messager avait été envoyé à Takhys pour la prévenir que le coucher de soleil serait le signe du début du rendez-vous. Pour pouvoir la laisser passer dans la ville un document signé avait été donné par Orifa, sa trace qui glaçait le sang de beaucoup d’Homme de la pègre. Un cœur fait avec l'empreinte de son pouce et son propre sang la Reine Écarlate celle ayant commis une purge sans précédent dans la pègre qui lui avait donné un surnom en deux mots ce qui était rare et montrait l’importance de sa position.

Sans prendre le temps de manger, la valkyrie avait continué son travail, il fallait répertorier tous les biens de la pègre, ainsi que lister l'ensemble des preuves qu'elle avait en sa possession contre les nobles et autres membres importants de la ville. Il lui fallait également transmettre les informations demandées par Arès, c’était peut-être un moment crucial pour elle, tout devait être fait pour montrer son efficacité. De plus, il était hors de question qu’une autre personne ne puisse la coiffer surtout pas maintenant.

Un mal de crâne important était en train de sévir derrière ses yeux faisant ressentir comme un défilé militaire entre ses deux oreilles. Le Baron rentra sans même frapper à la porte la confiance qu’ils avaient entre eux était largement suffisante.

- Votre invité est là ... Une boisson chaude ?

- Oui et une liqueur du maire s’il te plaît j’aurais au moins besoin de ça pour finir la nuit.

Laissant entrer la personne qui s’était donné bien du mal pour arriver jusqu’à elle et qui surtout avait eu assez d’information pour savoir que ce n’était pas le Baron le chef mais bien elle.

- Bien, je suis la Reine Écarlate a qui ai-je l'honneur ? Et que puis-je faire pour vous ? Sachez simplement que le recrutement pour l’instant est laissé de côté

Actuellement sous l'apparence 3 : Dissimulée.

La porte du bureau s'ouvrit lentement, révélant une femme à l'allure imposante. Elle avait de longs cheveux noirs et portait une robe violette qui soulignait sa silhouette élégante. Son large chapeau pointu, assorti à sa robe, ajoutait une touche de mystère à sa présence. Ses yeux, dont les pupilles étaient d'un rouge profond, brillaient d'une lueur énigmatique.

Elle entra avec assurance, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Chaque pas qu'elle faisait résonnait doucement dans la pièce, amplifiant l'aura de confiance qui émanait d'elle. Elle prit le temps d'observer attentivement les lieux, son regard parcourant chaque recoin du bureau avec une expression intriguée. Ce n'était pas la découverte qui animait sa curiosité, mais plutôt le souvenir. Elle semblait reconnaître l'essence de la personne à travers l'aménagement et le style du mobilier.

S'approchant d'Orifa, elle la fixa intensément, son sourire s'élargissant légèrement. Et le regard affuté de l'une des directrices du SCAR ne put laisser échapper la source de ce sourire : la camaraderie.

- Ainsi, tu te fais appeler la Reine Écarlate ? J'aurais dû m'en douter.

Laissant le silence s'étirer quelques instants, comme pour savourer l'impact de ses paroles, elle retira son large chapeau pointu d'un geste élégant et le tint à la main, par politesse. Ses cheveux noirs cascadaient librement sur ses épaules, accentuant la pâleur éthérée de son visage.

Elle continua de scruter le bureau, notant chaque détail avec une perspicacité presque intimidante. Le mobilier, les objets personnels éparpillés ici et là, tout semblait évoquer pour elle des souvenirs passés. Son regard rougeoyant, perçant et intense, revenait sans cesse sur Orifa, comme si elle tentait de lire au plus profond de son âme.

D'un ton doux mais chargé de sous-entendus, elle reprit la parole :

- La question de savoir ce que tu peux faire pour moi se posera, Orifa. Mais pas tout de suite. La vraie question est ce que je peux t'apporter moi. Quant au recrutement, il se pourrait que tu te ravises après notre conversation. Je peux ?

Elle leva sa main libre et désigna d'un geste gracieux la chaise en face du bureau, puis s'installa avec une aisance remarquable sur la chaise, ajustant sa robe avec un soin méticuleux. Elle posa son chapeau pointu à côté d'elle, comme pour indiquer qu'elle avait l'intention de rester un moment, puis reprit :

- Nous avons tant de choses à discuter, n'est-ce pas ? J’espère que tu ne m’en veux pas pour cette intrusion, ni pour mon absence de ces derniers mois ...

Elle savait que la femme qui lui faisait face l'avait reconnue. Si ce n'était par son attitude, alors ce serait pas sa seule gestuelle. Si ce n'était pas le cas, alors ce serait par sa façon de parler ou même son seul vocabulaire. Si ce n'était toujours pas suffisant, alors elle aurait trouvé autre chose. Orifa était une femme intelligente et à la mémoire vive. Une vie entière dédiée à l'espionnage ne pouvait que la mener vers un seul nom.

Un nom qu'il ne valait mieux ne pas prononcer à voix haute en pareilles circonstances.

Tu joues dans la cour des grands maintenant

Jetant un premier regard en direction de la femme qui entrant, Orifa était toujours matraquée par son mal de crâne. Elle n'eut même pas l’envie de l’arrêter quand cette dernière était en train d’admirer les différents bibelots de la pièce. Le Baron était revenu déposer la liqueur de l’eau chaude avant de s'éclipser rapidement sans que le moindre mot ne se soit encore échangé. À peine l’homme avait-il quitté les lieux que l’invité commença à parler parlant de son surnom ce qui rendait les choses plus faciles, Takhys était au courant comment on l’appelait donc ce n’était pas surprenant. Pourtant pourquoi cette femme semblait la connaître familièrement ? Ou alors c’était un genre qu’elle se donnait ? Ce n’était pas forcément surprenant au vu de sa tenue et de sa manière de se mouvoir, certainement une noble en mal de sensation forte.

Commençant à se servir une liqueur au premier tiers de sa tasse, la bouteille s’arrêta net alors que le nom tabou était prononcé. Son corps crispé et figé montrait une certaine difficulté à comprendre ce qui était en train de se passer actuellement. Ayant laissé de côté bien trop longtemps cette femme se disant qu’elle ne pourrait certainement pas la reconnaître maintenant c’était devenu le point essentiel de cette conversation. Relevant la tête tout en se repassant ces mots dans sa tête pour trouver qui pouvait être là en face d’elle. Au bout de plusieurs longues secondes de silence, Orifa claqua la bouteille contre le bureau alors qu’elle avait compris qui était en face d’elle. Quelques mois auparavant la valkyrie lui aurait sauté dessus pour lui arracher la carotide et s’en faire une paille vendant le reste de son corps aux pires truands de la pègre alors que sa tête aurait été offerte à la tombe de Mirelda.

Murmurant pour elles seules alors que ses dents étaient toujours bien serrées entre elles, bougeant simplement ses lèvres pour laisser passer.

- Ko …. Ra … Ki …

Orifa devait louer son manque de force car si elle avait eu celle de Verndrick il était certain qu’elle aurait brisé la bouteille de liqueur.

- Tu as bien du culot de venir devant moi après ce que tu as fait … En plus comme si de rien été …

Libérant finalement la bouteille alors que la peau de sa main était rouge sang montrant l’intensité qu’elle avait appliquée dessus.

- Je ne t’en veux pas pour cette intrusion bien sûr que non par contre tu dois te douter que je t’en veux pour la mort de la présidente et je pense que tu as surtout quelques explications à me donner non ? Car tant que ça ne sera pas fait, je ne voudrais rien avoir à faire avec toi.

Les souvenirs étaient lourds et si le lien qui avait uni Koraki et la présidente n'avait pas été si important, cette dernière aurait eu la tête qui aurait léché le sol bien plutôt. Derrière toute la colère qui était en train de l’envahir, la tristesse était également bien présente car elle avait vu en cette femme, une amie ou une rivale qui s’accaparait bien trop les faveurs de la présidente. Même maintenant il lui était impossible de comprendre qu’elles avaient été ces motivations pour en arriver là pourquoi avoir mis Mirelda à la potence …

Levant légèrement les sourcils, une lueur d'étonnement brillant dans ses yeux teint de sang, ses pupilles se dilatèrent subtilement, reflétant la lumière de la pièce alors qu'elle assimilait les accusations d'Orifa. Un sourire intrigué se forma sur ses lèvres, révélant un mélange de surprise et de défi.

- Oh ? murmura-t-elle d'une voix douce mais empreinte d'un soupçon de sarcasme, alors que ses doigts entament un tapotement mesuré et cadencé sur le bras de la chaise.

Bien qu'elle paraisse impassible, elle savait exactement de quoi il retournait. Depuis son retour en République, elle avait entendu les rumeurs murmurées dans les ruelles et les tavernes. Il semblait que la personne responsable de la mort de Mirelda n'était plus Zelevas, mais bien elle-même.

Elle ne pouvait pas en vouloir au Lion de la République, d'avoir agi ainsi. Accuser les morts avait toujours été une méthode qui, bien que malhonnête, restait d'une efficacité redoutable en toutes circonstances.

Lorsque finalement, la Directrice confirma ses soupçons en mentionnant l'ancienne Présidente, Koraki ne put empêcher un léger regard sur le côté, un réflexe pour éviter de trahir une certaine forme de culpabilité. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, sa voix toujours douce mais empreinte d'une gravité nouvelle.

- Tu n'étais pas présente, ce soir-là. Elle se redressa, fixant son interlocutrice avec une intensité brûlante. Sa voix était ferme, mais chargée de frustration contenue. Je réfute catégoriquement ces accusations de meurtre portées contre moi. Zelevas est le véritable coupable. C'est lui qui, utilisant son statut de juge, a déclaré Mirelda coupable de haute trahison envers la République. C'est lui qui a ordonné à Mortifère de faire s'abattre sa lame sur celle qu'il définie comme "parjure". Pas moi.

Elle marqua une pause, laissant ses mots s'imprégner dans l'esprit de la directrice du SCAR avant de continuer.

- Qu'étais je censé faire à cet instant précis, Orifa ? Lorsque je suis entrée dans le bunker présidentiel, la Présidente Mirelda gisait déjà au sol, baignant dans son propre sang. Au-dessus de nous, l'Assemblée s'emparait de la Maison-Blanche. Le temps nous manquait, je ne pouvais rien faire dans l'immédiat. Sans mon malheureux ... "incident", j'aurais dénoncé les actions de d'Eleusie.

Koraki fit un pas en avant, se penchant au dessus du bureau pour se rapprocher de la femme qui lui faisait face, son regard se durcissant.

- Entre moi, la plus proche collaboratrice de Mirelda, et Zelevas, son adversaire politique le plus acharné et celui connu pour sa haine non dissimulée pour elle, qui est l'assassin le plus probable ? Qui avait le plus à profiter de ce meurtre ? Les véritables traîtres sont ceux qui ont profité de ce chaos pour avancer leurs propres agendas.

Faisons affaire

Bien qu’elle semblait impassible à toute l’histoire Orifa pesait le pour et le contre mais la complexité de l’instant rendait le tout bien trop difficile. Est ce qu’elle devait lui faire confiance, utilisant l’ensemble de ses sens à cet instant pour vérifier tout ce qu’elle pouvait tentant de vérifier s’il y avait le moindre mensonge. Malheureusement tout semblait n’être que la vérité, alors à quoi bon avait-elle fait toute cette recherche pour tomber sur le Zelevas ? Et sa chose qui n'avait toujours pas été retrouvée … C’était compliqué d’avoir eu des croyances et de s’y accrocher mais au final voir le tout tomber comme un château de cartes. Laissant un long moment un silence planer commençant à boire sa mixture bien trop chaude et bien trop alcoolisée pourtant en bouche tout semblé pauvre comme si rien n’avait de goût en réalité.

Est-ce qu’elle pouvait trouver quelque chose à répondre ? Malheureusement non même si tout de même la justice de la république pourrait lui donner raison ou alors trouver des preuves mais … S’il n’y avait personne pour pouvoir valider ce qu’elle avait dit … C’était parole contre parole malheureusement même si techniquement à part Zelevas personne n’avait désigné l’ancienne vice-présidente comme meurtrière du fait de sa mort présumée. Peut-être qu’il fallait également poser des questions à ce niveau-là ? Ça devait certainement attendre malheureusement glissant son index au niveau de sa tempe avant de finalement remonter son regard en direction de Koraki.

Orifa n’était plus le chien de garde qu’elle avait pu connaître, maintenant elle était beaucoup plus libre de ses pensées et de ses actions. Son ascension sociale était tout aussi importante mais la chute de son adversaire l’était bien plus encore.

- Tu sais … Je t’en ai voulu à de nombreuses reprises d’être si proche de la présidente je t’ai détesté même pour ne pas mentir. Maintenant … Je me demande ce qui se serait passé si j’avais été là cette nuit-là, je serais certainement morte à n'en pas douter. Une preuve de plus que tu es bien la plus intelligente de nous deux

Elle était le chien de chasse de Mirelda, en même temps elle était sa fille qu’elle n’avait jamais eue, pourtant ce titre elle devait le partager avec Koraki qui elle était dans la lumière.

- Je te fais confiance, c’est peut-être une erreur je n’en sais rien mais je n’arrive pas à trouver de raisons qui pourraient expliquer que ça soit toi plutôt que Zelevas qui ait commis ce meurtre. Pour autant je pense que tu aurais dû être là avec elle pour son dernier souffle, tu aurais dû te battre pour elle … Mais en même temps nous ne serions pas là en ce jour et tu n’avais jamais été destinée à ce genre de fin … Ça aurait dû être moi … Te mettre ça sur le dos alors que c’est mon fardeau c’est puéril, je le sais que trop bien …

Laissant un long soupire en prenant une gorgée de plus de l’étrange mixture qu’on semblait plus apprécier à la deuxième gorgée.

- Oublis ça c’est préférable … Je suis désolée … Bien, comment puis-je t'aider ? Qu’est-ce que tu voulais en venant me voir car j’imagine que ce n’était pas simplement pour que je puisse prendre conscience de tout ça n'est ce pas ?

Faisant avancer le récipient contenant encore une bonne moitié de la mixture pour le proposer à la déchue.

- Si tu arrives à vivre sans être reconnu et poursuivit depuis tout ce temps c’est que tu n’as pas besoin de mon aide pour trouver une planque

S’adossant à la chaise tout en attendant la demande de sa partenaire

Koraki s'approcha lentement d'Orifa, son regard de glace se fondant progressivement en une douceur presque maternelle. Sa démarche, d'abord ferme, se fit plus fluide et gracieuse, révélant un changement subtil mais significatif dans son attitude. Elle s'agenouilla avec grâce à côté de la Directrice du SCAR, posant délicatement une main tendre sur la sienne.

- Orifa, murmura-t-elle, sa voix douce et apaisante, contrastant avec la tension qui emplissait la pièce quelques instants plus tôt. Me faire confiance serait une erreur. Faire confiance à n'importe qui serait une erreur. Les raisons qui auraient put me pousser à vouloir trahir Mirelda sont nombreuses. J'aurais put devenir Présidente par intérim après sa mort, accaparer le pouvoir en profitant de la crise pour déclarer l'état d'urgence, faire jouer mes relations pour dérober une partie de son héritage ... Que sais-je encore ? Je laisse à mes détracteurs le soins de m'imaginer milles et unes fourberies.

Elle fronça par la suite les sourcils, une ombre de désapprobation assombrissant son regard. Orifa avait osé dire qu'elle aurait préféré mourir cette nuit-là, en lieu et place de Mirelda. Une idée, selon Koraki, aussi futile que dénuée de sens.

- Absurde. répliqua-t-elle d'une voix basse, mais empreinte d'une intensité palpable. Mourir dans le bunker présidentiel ne t'aurait apporté qu'une fin inutile, sans gloire ni honneur. Ta mort n'aurait rien changé, à part offrir un répit temporaire à ceux qui voulaient nous voir disparaître.

Elle se redressa légèrement, la main toujours posée sur celle de son interlocutrice, mais son expression était désormais plus dure, marquée par la réalité cruelle de leurs circonstances. Mirelda Goldheart était morte, Koraki Exousia l'était également aux yeux du monde et Orifa Sigrior était toujours vivante. Ainsi était la réalité au sein de la République de l'an 5.

- Le destin à voulu que nous soyons là, toutes les deux, en ce lieu, en cette heure. Je sais que Mirelda t'avais confié une mission spéciale à Courage et, pour reprendre ses mots de l'époque, "cela ne vous regarde en rien. Retournez sur vos missions.". Je comprends maintenant de quoi il s'agissait réellement.

Elle tend de son autre main l'ensemble du bureau, épicentre du petit empire qu'était en train de se constituer la valkyrie au sein de la pègre. Une aubaine à saisir.

- C'est bien de cela dont je vais avoir besoin.

Faisons affaire

La confiance n’exclut pas le contrôle malheureusement, les personnes à qui on pouvait faire réellement confiance ne pouvaient être comptés que sur les doigts d’une main pas plus. Même si Orifa à l’instant présent lui faisait confiance sur le fait qu’elle n'avait pas tué la présidente, cela ne voulait pas dire qu’elle la croyait sur toute la ligne et que par ces simples mots tout le passé avait disparu. Mettre la faute sur les absents ou les morts était quelque chose d’assez habituel malheureusement car ils avaient toujours tort. Regardant leurs mains ainsi positionnées, il était extrêmement rare que quelqu’un vienne lui prendre la main de son propre chef parfois, il s’agissait simplement de créer un contact physique pour créer un lien. C’était ce qu’il y avait de plus simple lors d’une négociation, simple mais imparable.

- Ma vie lui appartenait il en a toujours été ainsi depuis notre premier rencontre, ma mort serait peut-être arrivée, j’aurais vendu chèrement ma peau. Mais je n’étais pas là, alors la question ne se pose même pas après tout

La voyant se relever sans réellement comprendre là où elle voulait en venir, la mission qu’elle lui avait donné depuis le premier jour la valkyrie avait bien eu du mal à comprendre ce que cherchait Mirelda dans ce lieu miteux. Mais c’est au moment où le SCAR fut créé que tous les rouages semblaient bouger petit à petit et qu’Orifa comprit ce qu’avait en tête la présidente. L’organisation n’avait de comptes à rendre à personne à part au président en place et à son vice-président, le SCAR était un contre pouvoir du gouvernement, l’objectif était de maintenir un équilibre dans la République. Les gouvernements allaient se succéder alors que le SCAR allait résister et se maintenir en place à chaque fois, pourtant comment y arriver quand on est subventionné par la République ? Mirelda avait déjà trouvé la solution comme si tout avait toujours été prévu dans ses plants, maîtriser la pègre, la faire fleurir et grandir pour que cette organisation douteuse puisse apporter les besoins du SCAR. L’argent allait se trouver, les missions ou alors les subventions mais la nourriture, les armes, … Il fallait éviter de passer par les voies légales pour que personne ne puisse connaître les nombres de membres que comptait le SCAR.

Koraki avait également mis du temps à comprendre le chemin de pensée de la présidente mais pourtant en cet instant elle avait trouvé. SCAR et pègre, le dernier cadeau de Mirelda à la République, et Orifa en serait le garant.

- Tu as donc toi aussi compris ce qu’avait en tête Mirelda quand elle m’a donné pour ordre de récupérer la pègre ainsi que de faire partie du SCAR. Je suis prête à t’apporter mon soutien tant que faire se peut, tu as certainement besoin de soutien pour pouvoir reprendre ton autorité auprès de la république. Tu as peut-être besoin d’une nouvelle identité ? Dit moi ce dont tu as besoin pour pouvoir retrouver ton autorité et je verrais ce que je peux faire en attendant je te trouverais une place où tu pourras dormir sur tes deux oreilles, le Baron pourra te mettre des gardes pour ta sécurité.

Koraki acquiesça lentement, un éclair de compréhension traversant son regard. Elle se redressa, croisant les bras avec une détermination nouvelle.

- Mirelda t'as laissé cette tâche parce qu'elle savait que tu en était capable. Nous dois concentrer tous tes efforts sur la prise de contrôle de la Pègre de Courage. Et je crois que nous pouvons nous aider mutuellement.

Koraki s'éloigna lentement d'Orifa, laissant sa main glisser de son épaule. Ses pas la menèrent vers la fenêtre, où elle se tint un moment, contemplant la vue qui s'offrait à elle. La vie continuait de s'écouler dans les rues animées de la cité portuaire de Courage, avec ses habitants allant et venant, inconscients des machinations et des complots qui se tramaient autour d'eux. C'était une scène quotidienne, mais pour Koraki, elle avait une signification bien plus profonde.

Elle avait toujours eu l'habitude de faire cela lorsqu'elle discutait de sujets graves, de décisions qui allaient impacter des vies. Observer les gens ordinaires, vaquer à leurs occupations sans se douter un instant des changements drastiques qui allaient survenir, lui procurait un sentiment de puissance inégalé. C'était un rappel constant de son influence, de son pouvoir de vie et de mort sur des milliers d'âmes ignorantes.

Elle se perdit un instant dans la contemplation de la foule, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Ce sentiment, celui de tenir entre ses mains le destin de tant de personnes, était toujours aussi intense et plaisant. La douceur de ce pouvoir, la jouissance de cette domination silencieuse, étaient autant de moteurs qui la poussaient à aller toujours plus loin.

Elle se tourna alors légèrement vers Orifa, son regard brillant d'une détermination froide et calculatrice.

- J'avoue qu'une nouvelle identité pour coller avec cette nouvelle apparence ne serait pas superflue. Si tu pouvais faire jouer des contacts au sein de SCAR pour glisser un nouveau nom parmi les registres de Courage, cela m'enlèverait une grande épine du pied.

Se retournant complètement, ses yeux fixant ceux d'Orifa avec une intensité renouvelée, elle continue :

- Car malheureusement, mon autorité sur la République n'est plus. La politique n'est plus pour moi qu'un agréable souvenir et il m'est désormais impossible de revenir sur le devant de la scène. Koraki Exousia est morte le 15 janvier de l'an 5. Paix à son âme et fleurs sur sa tombe, bla bla bla. J'ai pensé à un nouveau nom, mais je ne suis pas encore satisfaite.

Elle revint vers Orifa, son expression adoucie mais toujours résolue.

- Le projet qui m'anime désormais, Orifa, c'est de prendre le pouvoir dans les bas-fond. Unifier toutes les pègres de la République sous ma seule et unique autorité, n'est-ce pas là quelque chose de merveilleux ?

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Changer complètement d'identité, c’était certainement ce qui était le plus judicieux, après tout est ce que ce n’était pas ce qu’elle avait fait elle-même ? Quand les gens pensent que tu es disparu ou alors mort c’est d’un coup plus facile, une personne comme Morti c’était bien plus compliqué surtout au niveau de son visage pourtant il arrivait très bien à le faire alors pourquoi pas elle ? Avoir une nouvelle identité donnée par Orifa c’était le meilleur moyen de pouvoir garder un œil sur elle, de plus en cas de problème, elle était en capacité de pouvoir lancer les recherches bien plus rapidement. Il valait mieux le faire au nom du SCAR ça ne pouvait que rendre les choses plus faciles. Il y a peu de temps Orifa aurait bien eu du mal à répondre à cette demande il fallait bien avouer qu’en tant qu’espionne ses capacités étaient très limitées mais maintenant qu’elle était directrice c’était autre chose.

Il n’était pas rare de pouvoir donner une nouvelle vie à quelqu’un, c’était un gage de sécurité et une manière de pouvoir enchaîner un indic à la république. En fonction de la dangerosité de la personne il était possible de faire un signalement au prêt du reste des forces de la république histoire de faire attention à chaque fois que quelqu’un allait voir son nom passer. Habituellement elle laissait toujours quelqu’un d’autre s’en occuper à sa place, Julii était régulièrement sur le pied de guerre à son grand désarroi. Au début la valkyrie pensait le faire elle-même pour une fois mais justement c’était le meilleur moyen de pouvoir attirer des questionnements là-dessus.

- Je dois bien avouer que depuis que je suis devenu directeur, la plupart de mon travail se concentre sur la pègre ou alors de la paperasse c’est d’un ennui … Mais c’est malheureusement primordial pour le SCAR, nous avons besoin d’une autonomie pour survivre.

Elle qui n’avait jamais vraiment porté le SCAR dans son cœur, ou du moins c’est ce qu’elle voulait faire croire au point de s’en persuader elle-même. Verndrick lui avait ouvert les yeux au point où maintenant elle voyait les choses autrement et cette organisation était devenue son objectif principal, bien plus que son enrichissement personnel ce qui était étrangement surprenant.

La surprise apparut une fois de plus dans son regard lorsque Koraki annonça enfin son nouvel objectif, est ce que c’était vrai ? Pourquoi avoir envie ou alors besoin de récupérer autant d’autorité ? Le problème n’était pas de le vouloir mais de simplement le pouvoir en réalité, les membres des différentes pègres n’étaient pas vraiment du genre à accepter le partage ou alors la domination. Mais voilà qu’une chose supplémentaire arriva dans sa réflexion, lui faisant plisser quelque peu son regard d’incrédulité. Elle avait parlé de toutes les pègres donc ça voulait également dire Courage non ? Est-ce que c’était pour ça qu’elle était venue finalement pour vouloir lui récupérer tout ce qu’elle avait mis des années à construire ? Elle devait bien imaginer qu’Orifa n’allait jamais accepter de lui laisser sans rien dire.

- Une nouvelle identité je pense que c’est largement préférable surtout si tu n’as plus aucun pouvoir en politique et que tu es toujours activement recherchée. Je peux t’en fournir une avec ta nouvelle apparence, ça évitera que l’on puisse te reconnaître, par contre il va falloir être sûr que personne ne pourra faire le lien entre ton ancienne identité et la nouvelle. Je m’en occuperai la prochaine fois que je retournerais au QG.

Pendant un moment elle avait eu l’idée de faire attention à ce que même Koraki ne connaisse pas la route vers le QG mais c’est vrai qu’elle connaissait le chemin du fait qu’elle avait été vice présidente.

- Par contre je vais avoir besoin d’explication sur ce que tu as prévu, je suis évidemment partante sur le fait de pouvoir t’aider dans tes objectifs. Mais par contre la pègre de Courage m'appartient je ne peux te la céder donc j’aimerais en savoir plus sur ce que tu as prévu. Ce n’est pas une menace je te fournirais une nouvelle identité quoi qu’il arrive mais je préférerais éviter que l’on ne soit pas sur la même longueur d’onde quand il s’agit de ma ville. Cette mission m’a été donnée par la présidente ainsi que le SCAR.

Koraki s'arrêta brusquement, les paroles d'Orifa résonnant dans son esprit. La ville de Courage, voilà ce que demandait la Directrice du SCAR en échange de son aide. La magnitude de cette demande était stupéfiante, même comparé aux standard de quelqu'un d' aussi ambitieux que Koraki. Accorder un tel prix n'était pas dans ses habitudes, elle qui ne se laissait jamais dicter ses termes de cette manière.

Se détournant de son interlocutrice, elle se dirigea lentement vers une armoire qu'elle avait devinée être un bar bien fourni. Elle ouvrit calmement les portes, révélant une collection d'alcools raffinés. Sans un mot, elle se servit un verre, savourant le rituel autant que la boisson elle-même. Elle porta le verre à ses lèvres, prenant une longue gorgée qui sembla apaiser temporairement le tumulte de ses pensées.

Ce n'est qu'après avoir savouré la première gorgée qu'elle se retourna de nouveau vers Orifa, son expression grave et déterminée. Les mots vinrent lentement, chaque syllabe soigneusement pesée.

- Très bien ... Finit-elle par déclarer d'une voix faible. Prends Courage, je me contenterais de la République.

Koraki s'approcha du bureau où était assise Orifa, ses yeux s'arrêtant sur une carte détaillée de Courage parmi les papiers éparpillés. Elle la saisit avec une assurance tranquille, la plaçant en évidence au centre du bureau, couvrant les autres documents.

- Mon objectif est simple, déclara t-elle, son ton ferme et décidé. Je veux prendre le contrôle de toute la pègre de la République. Mieux vaut une républicaine à la tête d'un réseau coordonné que de voir une myriade de petites structures indépendantes, vulnérables aux caprices de n'importe quelle ingérence étrangère.

Elle fit une pause, ses yeux perçants fixant ceux d'Orifa pour s'assurer de sa compréhension. La ville de Justice en est le meilleur exemple, poursuivit-elle, sa pègre est tombée sous le joug d'un reikois. Nous ne pouvons pas laisser cela se reproduire ici. T'aider ici, te mettre à la tête de Courage, servira mes desseins.

Koraki se pencha légèrement en avant, ses mains s'appuyant sur le bureau, ses doigts effleurant la carte. Maintenant, explique-moi concrètement l'étendue de ton réseau au sein de Courage. Quelles sont les forces dont tu disposes, et jusqu'où es-tu prête à aller pour t'accaparer le pouvoir ?"

Elle recula d'un pas, laissant à la Reine Ecarlate le temps de répondre, son regard redevenant celui de la stratège calculatrice. Seule une approche méthodique et minutieuse leur permettrait de s'emparer de la pègre de la République sans éveiller les soupçons ni provoquer une opposition trop forte.

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Fixant du regard les mouvements de Koraki se déplaçant comme chez elle dans le bureau du Baron. Pas sûr que ce dernier soit heureux d’apprendre qu’elle avait entamé une boisson de sa réserve, mais toute vérité n’était pas bonne à dire après tout. La discussion n’allait certainement pas s’arrêter là, en venant comme ça Koraki montrait que Courage était certainement la première ville sur sa liste pour récupérer la pègre. De ce fait il était beaucoup plus facile pour Orifa d’espérer négocier avec elle maintenant car plus tard elle si son plan arrivait à maturité, son autorité serait beaucoup plus importante.

Orifa eut un petit rictus quand Koraki commença à parler d’avoir la république, il n'avait pas été question de lui donner. La république appartient à son peuple et si Orifa acceptait ces négociations c’est parce qu’elle pensait que ça pourrait être avantageux pour l’ensemble de la population. D’une certaine manière ce qu’elle était en train de faire pourrait être pris pour de la trahison, mais s’en était vraiment que si ça virait au fiasco. Si par la suite Koraki apportait réellement un avantage au peuple de la république à ce moment-là personne ne pourrait rien redire vis à vis de ses choix. Koraki aurait pu s’enfuir et pourtant elle ne l’avait pas fait, de là à parler réellement de confiance … Des connaissances qu’elle avait de la dame qui lui faisait face, elle lui faisait forcément plus confiance qu’à Zelevas, pourtant il fallait qu’elle ait accès à toutes les informations sur le procès de très cher Z. De part son rôle de directrice il lui était bien plus facile d'accéder à ce genre de chose et il était temps de pouvoir avoir le cœur net sur toute cette histoire. L'arrivée surprise de Koraki avait apporté pas mal de changements dans ses plans.

Sur le papier c’était une bonne idée de pouvoir avoir une structure qui gérait tout, pourtant même si le contrôle peut être bénéfique, il peut également apporter beaucoup plus de problèmes. La pègre devait avoir des libertés tout autant que des devoirs, certaines choses qui se passaient dans la ville de Courage était d’une atrocité sans nom, pourtant Orifa n’avait pas l’intention d’y mettre un terme. Il fallait que la pègre garde en tête que sa mère nourricière la république, ne devait jamais avoir à souffrir de la folie des grandeurs de quelques-uns. Mais Koraki ne semblait pas en cet instant être le genre à vouloir contrôler chaque fait et geste du moindre petit brigand et dealer. Courage allait lui appartenir donc elle ferait comme elle l’entend et si Koraki avait la folie des grandeurs avec les autres villes alors, ça ne serait qu’un avantage pour le SCAR, répliquant la hiérarchie de la pègre de Courage aux autres villes.

- Donc une fois que Courage sera pacifiée nous pourrons nous occuper de Justice dans ce cas.

Koraki semblait avoir accepté le fait d’apporter son soutien à l’évolution de l’autorité de la valkyrie dans un premier temps.

- La carte est difficile à utiliser, je te montrerais directement les endroits les plus importants du réseau. Mais avant ça je vais te faire un résumé rapide, il y a 3 personnes qui dirigent Courage. La Sainte, c’est celle qui gros elle s'occupe du blanchiment d'argent de la vente d'organes, du passage de contrebande ... Elle s'occupe aussi de la prostitution de la ville et de la vente d'esclave donc tout ce qui touche à l'humain en réalité. Ce qui se rapproche des religions c’est elle également, elle est là pour montrer une image plus douce de la pègre.

Même si très clairement le pire de ce qui était possible de trouver dans la pègre, Koraki ne comprendrait peut-être pas tout de suite l'étendue du réseau d’information et d’influence de la Sainte. Mais malgré la haine que pouvait ressortir Orifa à son égard, elle était toujours présente dû à son influence sur la pègre.

- Le Marchand quant à lui, le plus important c'est le profil tout ce qui se vend il l'a ou alors il peut te le trouver, il ne fait pas que de l'illégale bien au contraire mais disons que le marché noir c'est lui les ventes d'armes également la fausse monnaie c'est pareil. Donc lui c'est vraiment que la partie matérielle et il gère tout la négociation, le transport et la revente.

Certainement celui de la pègre qui avait le moins de sang sur les mains, dû au fait qu’il était arrivé il n'y a pas si longtemps que ça, mais pas seulement.

- Le Baron c'est le chef officiel de la pègre c’est l’homme fort du groupe, règlements de comptes, l'espionnage, la torture, ... Il s'occupe également des enquêtes en interne et de jouer l'arbitre entre les groupes, c'est le seul qui peut me contacter directement, il a une dette envers moi et est loyal envers moi.

Croissant les bars tout en récupérant son propre verre pour pouvoir vider le contenu avant qu’il ne soit froid, fixant du regard Koraki, ses pupilles rougeoyant également alors qu’elle voulait voir sa réaction à sa prochaine question comme pour vérifier qu’elle allait être sincère.

- Et toi ? Quel est ton réseau dans cette ville sur lequel on pourrait s’appuyer ? Tu as réussi à arriver jusqu’à moi via Takhys, j’imagine que ce n’est pas ta seule connaissance non ? Le maire sait que tu es en ville ?

Elle écouta attentivement Orifa, son esprit s'immergeant dans les détails de l'organisation qu'elle lui présentait. La structure proposée était simple mais promettait d'être redoutablement efficace : un triumvirat composé d'une espionne, d'un administrateur et d'un soldat. Chacun de ces rôles était essentiel pour le bon fonctionnement de l'organisation, et la répartition des responsabilités semblait bien pensée. Elle-même, quand elle s'amusait à imaginer l'organisation qui serait la sienne lorsqu'elle prendrait le pouvoir, avait déjà songée à un système similaire, sans toutefois pousser plus loin la reflexion.

Elle se prit à réfléchir profondément. L'idée d'une organisation aussi rigoureuse et bien définie était intrigante. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de penser aux défis potentiels que cela pourrait engendrer. "3" était un excellent chiffre quand il s'agissait de répartir le pouvoir, en en garantissant l'équilibre, mais il pouvait s'avérer précaire si d'aventure l'un des trois se prêtait à éprouver quelques ambitions. L'harmonie du groupe en serait rompue et c'est toute la chaine de commandement qui s'effondrerait, plongeant l'organisation dans la l'anarchie la plus complète. La clé résidait dans la capacité de la Directrice à garder ses lieutenants sous contrôle.

Et à cela, Koraki devait se souvenir qu'Orifa avait une réputation de leader impitoyable, sans pitié ni pardon. Elle avait longuement entendue les rumeurs qui courrait sur la Valkyrie et de son penchant pour les solutions ... "expéditives."

Aussi se força t-elle à refouler ses craintes. Ce n'était pas le moment pour le doute. Elle devait montrer sa confiance en son interlocutrie et soutenir cette nouvelle organisation mafieuse. Une alliance forte avec elle se révèlerait inestimable pour ses propres ambitions.

Koraki prit une profonde inspiration, ses doigts effleurant pensivement le bord de son verre. Elle leva les yeux vers Orifa et, d'une voix ferme mais calme, déclara :

- Tant que les tiens tout trois en laisse, mon soutien te sera pleinement acquis. Ensemble, nous pourrons redéfinir les règles du jeu dans cette ville.

Et puisque l'on parlait justement de Courage et des règles qui la régissait, il ne fallait pas oublier celui qui était l'arbitre officiel.

- Arès n'est pas au courant de mon retour, pas encore, du moins. Et mieux vaut en l'état qu'il en reste ainsi tant que je ne saurais pas quoi penser de lui. Nous avions un accord, lui et moi, du temps où j'étais officiellement vivante. Cependant, avec mon décès, je ne sais s'il est toujours d'actualité. Il tenait entre ses mains mon ancien réseau d'espionnage et, les moins passants, je ne peux te garantir qu'il est encore acquis. Peut-être mes anciennes collaboratrices m'ont-elles tournées le dos ?

La situation était donc clair : Koraki n'avait, pour ainsi dire, rien à proposer à part ses connaissances du système, ses capacités magiques, ses quelques contacts restants et sa ruse.

Pour le moment.

- En tout cas, tu vas devoir composer avec cet état de fait : le Maire de Courage, en plus de mes lupanars, détiens son propre réseau d'espions et de soldats. Il est amplement en mesure d'exterminer dans l'œuf ton organisation. Il en a les moyens, il en a la force, il ne lui manque que la motivation.

Puis elle se tue un instant, le nom du Maire de Courage résonnant dans son esprit comme un écho douloureux du passé. Les souvenirs de leurs discussions, de leurs projets ambitieux pour la République, lui revinrent en mémoire avec une clarté troublante. Elle se souvenait des soirées passées dans son bureau, à siroter des verres de vin tout en traçant les grandes lignes d'un avenir radieux pour leur nation.

Même s'il était bien ambitieux de prétendre qu'ils avaient tout deux étés proches, pour cela il faudra que Koraki puisse ressentir autre chose que de l'intérêt calculé pour autrui, ils avaient tout de même partagés une vision commune pour le futur. Et maintenant, il la croyait sûrement morte comme le reste de la nation, tombée dans l'oubli, effacée de l'histoire de la République. Ce simple fait ravivait une flamme de frustration dans son cœur.

Tant de potentiel gâché ...

- Quant à Takhys, j'ai juste eu la chance de me souvenir des quelques informations de l'époque où j'étais Mairesse que je disposais. J'espérais qu'elle pourrait me faire remonter à toi et ce fut le cas. Une chance insolente, mais qui ne risque pas de se reproduire, hélas. Je l'aime bien cette fille, tu devrais la garder près de toi, elle pourrait se révéler fort utile. Tout comme je te conseille de te rapprocher du Maire. Il serait dommage que vos intérêts s'entrechoque alors qu'ils pourraient et devraient converger.

Une lueur d'amertume passa dans son regard. Elle se demandait comment les choses avaient pu changer si rapidement, comment elle avait pu passer de cette position d'influence à celle d'une fugitive, forcée à se cachée dans les ombres.

- Pour en revenir à notre projet, si tu veux te faire une place au sein de la pègre, tu as deux options : soit tu agis de manière méthodique, discrète, étendant ton influence petit à petit depuis ce bureau jusque dans chaque fissure de cette ville, soit tu frappe un grand coup, forcant tout les pontes de la pègre à se positionner vis-à-vis de toi, soit en tant qu'alliés, soit en tant qu'ennemi.

Faisons affaire

Tenir les trois membres de la pègre qu’elle avait sous ses ordres ce n’était pas vraiment un problème, certain elle avait confiance en leur loyauté, d’autre en vers la peur qu’elle pouvait leur prodiguer. C’était déjà une belle manière de pouvoir contrôler une partie de ce beau petit monde, le seul point le plus complexe c’était d’accepter de leur laisser une certaine marge de manœuvre pour qu’il ne se sente pas en cage. C’est pour ça qu’il y avait le Baron, Orifa ne leur donnait pas réellement d’ordre en direct car officiellement c’était le barbu qui s’en occupait, parfois la valkyrie s’amusait à l’appeler le triple B.

Elle ne s'attendait pas à voir Koraki parler ainsi d’Arès à travers ces paroles a donnait l’impression que l’homme était bien plus important ce qu’il n’avait voulu le laisser croire. Est ce qu’elle devait lui dire qu’elle était déjà en contact avec lui, en l’ayant d’ailleurs déjà menacé ? Étrangement il avait semblé prendre moins conscience de son importance que celle qui lui donnait la fugitive, est ce qu’il l’avait fait exprès ? Ou alors que depuis leur dernière rencontre le maire avait perdu en influence ? C’était étrange il fallait qu’elle puisse commencer à récupérer des informations sur lui rapidement et secrètement. Mais ne pas lui dire qu’ils s’étaient déjà rencontrés ce n'était pas vraiment un problème car au final elle ne lui avait même pas posé la question alors à quoi bon ?

Orifa continuait tout de même d’écouter avec un certain calme il était hors de question de la couper, l'objectif était de récupérer un maximum d'informations. Le problème actuellement c'est qu’elle n’était pas dans le faux, il fallait qu’elle passe à la vitesse supérieure rapidement pour pouvoir prendre le dessus sur la pègre. Arès n’avait pas l’intention de s’opposer à elle, bien au contraire il avait même indiqué être prêt à l’assister, elle avait en plus le SCAR et évidemment son loyal second. Elle pourrait même essayer de négocier avec Takhys pour avoir son soutien si le besoin s’en faisait ressentir. S’appuyant un peu plus sur le dossier de sa chaise tout en regardant avec attention sa nouvelle partenaire, beaucoup d'informations à la fois qui pouvaient finalement être résumées rapidement.

- Je pense qu’il serait temps de frapper un grand coup dans cette fourmilière histoire de montrer qui dirige ici. Le personnage que je joue dans la pègre va devoir reprendre du service pour en finir avec mes ennemis.

Glissant ses doigts dans ses cheveux avant de secouer la tête pour pouvoir les faire quelque peu voler dans le vent derrière elle. Cela faisait déjà bien trop longtemps qu’elle restait dans son coin acceptant de se faire marcher dessus par ceux qui pensaient lui être supérieur. Elle avait été assez patiente alors il fallait maintenant laisser fleurir le fruit de sa patience.

- Le maire ne saura rien de ton arrivée, tout comme personne ne doit savoir si tu veux qu’on évite de te retrouver. Il faut que tu retires tous les objets que tu avais en ta possession qui pourrait trahir ton ancienne identité, je peux te les sécuriser si tu le désires ou alors tu peux les mettre autre part mais je ne pourrais les protéger. Maintenant que j’ai accepté de t’aider nos destins sont liés alors je n’aurais aucune raison de te trahir. Il ne doit y avoir absolument rien qui puisse permettre à quiconque de faire le lien entre ton ancienne vie et ta nouvelle. Mon bureau dans le SCAR est l’endroit le plus sécurisé de la république soit en sûr.

C’était une proposition osée mais sincère, Koraki devait certainement savoir qu’Orifa n’était pas le genre à laisser ses affaires à la vision de tous et le SCAR n’était pas le genre de lieu qu’on pouvait visiter sans être invité. Peut-être que Koraki avait déjà fait le nécessaire mais c’était une précaution en plus à prendre montrant que la valkyrie ne prenait pas ça à la légère.

- Je n’ai pas peur du maire, ma position n’est pas aussi faible que ça et je suis certain que comme tu le dis il a des yeux et des oreilles partout alors il devra se méfier de moi tant que je ne marche pas sur ses plates bandes. Il aura la politique, j’aurais la pègre, cela fait bien des années qu’il n’y a pas eu de problème entre les deux camps alors ce n’est pas avec lui que ça commencera. S’il fourre un peu trop son nez dans mes affaires alors le SCAR fouillera dans les siennes et je suis certain d’y gagner. Pour Takhys, je pense également qu’il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi, peut-être que le lien que tu as avec elle pourra permettre de l’intégrer dans nos plants. Crois-tu que tu pourrais lui demander de venir taper un grand coup dans la fourmilière à nos côtés ? Un allié de plus n’est jamais un problème.

La position de Koraki était délicate en cet instant confirmant ce qu’Orifa avait pu penser, ici était certainement le premier endroit où elle commençait sa nouvelle offensive pour le pouvoir. Elle allait certainement mettre les bouchées doubles pour que tout se passe dans le meilleur des mondes et ce n’était pas pour déplaire à la directrice.

- Bien est ce que tu aurais une idée de l’endroit où nous pourrions frapper un grand coup ? Il faudrait peut-être trouver un endroit où élargir mon autorité.

Même si ça sous-entendait également que c’était celle de Koraki par la même occasion.

Un sourire s’étire lentement sur les lèvres de Koraki, aussi froid et sanglant que pouvait l'être le Grand Nord du Sekaï. Orifa ne le percevait peut-être pas, ce qui serait bien improbable, mais une sorte de jubilation commençait à s'attiser dans le cœur de l'ancienne politicienne. Elle avait oubliée cette sensation grisante qui l'étreignait lorsque des plans étaient établies et des massacres prévus. La politique l'en avait éloigné.

Ses yeux plissés d’un plaisir malsain, elle finit par tendre son index et tapoter trois fois sur la carte, indiquant le quartier des Artisans de Courage.

- À l’époque où j’étais encore Mairesse, commence-t-elle, sa voix emprunte d’une douce nostalgie teintée d'un brin de mépris, cette zone était tenue par Moros et le gang des Phonoi. J'imagine que c'est toujours le cas mais il faudra que tu ailles vérifier. Cela fait plus d’une décennie qu’il y est établi, faisant sûrement de lui l’un des plus anciens pontes encore en place. Elle se penche légèrement en avant, son regard devenant plus intense. Son territoire et son influence ne sont pas très étendus, car il est terriblement paranoïaque et craint qu’agrandir son territoire ne le force à en déléguer la gestion à un subalterne prompt à le trahir.

Elle marque une pause, laissant ses mots s’imprégner dans l’esprit de la présidente du SCAR, avant de reprendre d’un ton plus grave.

- Mais méfie-toi, c’est quelqu’un d’extrêmement violent, disposant d’une force de frappe bien supérieure à la tienne. C’est avec cette rage qu’il a réussi à tenir toutes ces années face aux autres pontes.

Elle omet intentionnellement de mentionner son propre affrontement avec Moros, une époque où leur conflit avait marqué les annales souterraines de Courage et duquel elle n'était pas ressortie vainqueure.

Koraki se redresse légèrement, laissant ses yeux parcourir la carte avec une attention méticuleuse.

- Prendre sa place présente plusieurs avantages. Cela enverra un message fort à tous les autres chefs de gangs, qui seront obligés de te voir comme une personne dangereuse. Les mouvements qu'ils feront par la suite t'indiqueront l'attitude à adopter vis-a-vis d'eux. Ensuite, récupérer son trafic d'arme déjà bien établi t’apportera non seulement du matériel de qualités pour tes troupes et mais également beaucoup de capital que tu pourra allouer au SCAR.

Elle se recule enfin, appuyant ses paroles par un silence lourd de sens.

- Moros est un obstacle, mais il est aussi une opportunité. Le quartier des Artisans est une plaque tournante stratégique. En le contrôlant, tu centralises une partie importante du commerce illégal de Courage sous ta coupe.

Sans oublier que cela ferra sûrement les affaires d'Arès, mais cela aussi, Koraki s'abstient de le mentionner. Elle aurait tout le loisir d'aller en informer le principal intéressé lorsque le moment sera venu et de lui exposer la dette qu'il lui doit.

- Nous ne pouvons nous permettre de laisser de tels territoires entre les mains de quelqu’un d’aussi instable et dangereux. La République a besoin d’ordre, même dans ses ombres. Quel est ton choix ?

Faisons affaire

Moros … Moros … Orifa avait l’impression d’avoir déjà entendu ce nom quelque part sans pour autant mettre le doigt sur où elle l’avait déjà entendu. Pour l’instant elle préféra plutôt laisser Koraki continuer à parler de son plan, ma violence ça elle connaissait ce n’était pas trop un problème mais s’il était vraiment si fort que ça alors elle allait pouvoir utiliser les muscles de Verndrick à son service ça pourrait certainement compenser le rapport de force ? Du moins il fallait l’espérer.

Très clairement elle montrait une stratégie qui était plus que logique, si elle était capable de gérer les armes de la ville c’était le meilleur moyen de pouvoir contrôler les combats. Elle avait la capacité de s’armer autant qu’elle le voulait en plus de limiter la préparation des autres gangs, en frappant un coup de la sorte il était certain qu’ils allaient prendre ça au sérieux. Si elle attaquait une zone moins importante, c’était le risque qu’ils puissent acheter des armes alors que là c’était elle qui allait contrôler l’armement de la ville dans le marché noir.

Réfléchissant pendant un petit moment en regardant le pour et le contre de cette attaque, même si le réseau de Koraki avait disparu comme la virginité d’une prostituée a peine majeure. Ces connaissances étaient encore largement impressionnantes, ça la confortait dans son choix de partenariat ou alors d’alliance ? L'un n'empêchait pas l’autre de toute manière. Bien qu’elle essayait de trouver un autre point d'intérêt à attaquer en premier ou alors d’une faille dans ce plan elle n’en voyait aucun, il fallait contrôler les armes c’est le nerf de la guerre. Il est toujours possible de voler de la nourriture mais des armes c’est bien plus compliqué.

- En effet il va falloir que je fasse des recherches sur ce Moros mais en faisant attention car s’il est si paranoïaque que tu le dis, s’il se pense en danger il va encore plus être sur ses gardes.

S’il n’avait pas confiance dans le fait de prendre plus de territoire alors qu’il en était capable pour y mettre une personne de confiance à sa tête, ça voulait dire qu’il n’allait pas prévenir les autres gangs qu’il était espionnés.

- Nous allons faire comme ça dans ce cas, je vais préparer ta nouvelle identité pour que tu puisses enfin sortir la tête de la ville basse. Le temps que tout ça soit prêt je ferais mes recherches sur Moros histoire que tout puisse se terminer en même temps et qu’on passe à la phase d'action de ton plan, je vais également préparer le Baron pour qu’il puisse nous apporter son support.

Déposant ses coudes sur la table et posant son menton sur ses mains tout en la fixant essayant de garder en mémoire cette nouvelle apparence qui était toujours assez difficile à maintenir en mémoire ce changement.

- Finalement c’est pas ton réseau qui est le plus utile on dirait bien mais tes connaissances, je dois bien avouer ne pas forcément être surprise sans pour autant trouver ça intéressant. Maintenant que nous nous sommes mises d’accord sur l’avenir, j’aurais une autre question à te poser. Est-ce que Soren sait que tu es encore en vie ? J’imagine que tu sais qu’il est maintenant vice-président et donc chef du SCAR … Je n’ai pas l’intention de lui dire quoi que ce soit à moins que tu m’en fasses la demande évidemment, après la mort de la présidente il a été abattu lui aussi …

Même si ce n'était certainement pas autant qu’elle …