DiscordDiscord  
  • AccueilAccueil  
  • CalendrierCalendrier  
  • FAQFAQ  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • bienvenue
    ×
    navigation rapide
    lore
    général
    systèmes
    jeu

    menu
    Top-sites
    Votez!
    top sitetop sitetop sitetop site

    Derniers messages

    Avatar du membre du mois
    Membre du mois
    Sixte

    Prédéfinis

    PrédéfiniPrédéfiniPrédéfini
    Enfant Promis | Kassandra & Siame JvNj4PH
    Gazette des cendres
    Été 2024
    Lire le journal
    #7
    RP coup de coeurCoeur

    RP coup de coeur

    Les Gorges d'Ildrekyhr
    Derniers sujets
    Vous êtes une apothicaire ? [Pv Nirlys]Aujourd'hui à 22:09Nirlys Alzae
    Mon Voisin Du DessusAujourd'hui à 22:00Soren Goldheart
    Recensement #7Aujourd'hui à 21:41Meradev Vigelfrost
    Validation des RP de Zéphyr [Autres territoires]Aujourd'hui à 21:05Zéphyr Zoldyck
    Validation des RP de Zéphyr [Reike]Aujourd'hui à 20:41Zéphyr Zoldyck
    Validation des RP de Neera - ReikeAujourd'hui à 20:33Neera Storm
    Premières rencontres [FB]Aujourd'hui à 19:53Orifa Sigrior
    Refonte de l'immunité mentaleAujourd'hui à 19:40Pancrace Dosian
    L'Aube du Chaos [Divinistes]Aujourd'hui à 19:08Siame
    [Évent] La Colère des BougeoirsAujourd'hui à 18:43Jamby
    2 participants
    Aller en bas
    Prophétesse
    Prophétesse
    Siame
    Siame
    Messages : 184
    crédits : 880

    Info personnage
    Race: Ange
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Chaotique Neutre
    Rang: E
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t3503-terminee-siame-divine-violencehttps://www.rp-cendres.com/t3542-memoires-de-siamehttps://www.rp-cendres.com/t3626-recits-de-siame
  • Sam 24 Aoû 2024 - 16:46


    Il était une fois une femme imprudente, le cœur plein de volonté, mais lourd de noires ambitions. Des ambitions qui l’avaient poussé à sa propre déchéance, à celle de sa propre famille. Et aussi orgueilleuse fut-elle, perdue sur un chemin nébuleux sans personne pour la guider, elle avait cherché des signes partout où elle avait pu les trouver.

    Il était une fois une jeune femme dont la vie avait jadis brillé, avant que les ombres ne viennent obscurcir son chemin—dont la vie ressemblait désormais davantage à un nœud coulant, se refermant un peu plus chaque jour sur sa nuque.

    Exilée de son paradis désertique, elle avait erré longtemps, ses yeux fouillant le Monde, cherchant un signe, une promesse d’un avenir meilleur, comme on cherche une lueur dans la nuit. Et les signes, elle les voyait partout : dans les craquelures des trottoirs ; dans le vol erratique d’un oiseau blessé ; dans le marc de café froid au fond de sa tasse ; dans la lune, qui auréolait la statue de marbre auprès de laquelle elle venait prier. Dans l’espoir que les astres lui tendent enfin une clé, lui donnent une réponse, lui montre la Voie.
    Bien heureusement pour elle, le Monde était avare de miracles pour ceux qui les imploraient. Et ses prières trouvèrent réponse. Juste avant minuit, la lune pleine et ronde au-dessus de la statue, une voix caressante était venu apaiser ses sanglots.

    Pourquoi pleures-tu tant ?

    Et la femme lui avait tout raconté, alors que la lassitude et le désespoir pesaient sur son cœur plus lourdement qu’à l’accoutumée. Elle raconta tout, à cette statue qui l’écoutait dans une forme de sollicitude presque humaine, comme si elle avait attendu des siècles entier qu’une âme en perdition vienne lui parler. Cette statue aux airs d’icône, le genre auquel on sacrifierait son Âme dans l'espoir d'obtenir son accord. Elle s’agenouilla devant elle, les mains tremblantes, et déversa chacune de ses angoisses—chacune de ses prières désespérées.

    Tu cherches des signes, mais le Monde n’est que le miroir de ton propre chaos, Ambrosia. Le salut que tu attends n’existe pas dans les étoiles, ni dans les craquelures du sol. Il est enfoui autre part, dans un silence que tu refuses d’écouter… Le chemin de vers la lumière passe d’abord par l’acceptation de la nuit. Renonce à tes illusions et tu verras que l’obscurité n’est pas ton ennemie, mais ton alliée.

    Poussée par une force qu’elle ne comprenait pas, la femme s’abandonna aux paroles de la statue, seule lumière dans son obscure destiné. Le cœur ébranlé par les paroles sibyllines de la Voix, elle la pria de reprendre la parole, dès lors que celle-ci se taisait ; la suppliait de l’aider ; de lui montrer le chemin à emprunter. Mais celle-ci se refusait à parler. Comme si les vents du destin s’étaient alors figés. Elle était revenue, chaque nuit, pour l'implorer. Elle pleura, longtemps, un peu pour la forme.

    Jusqu’au jour où la voix s’éleva à nouveau.

    Tu as connu le poids du silence et celui de la déchéance Ambrosia. Laisse-moi te donner la clé pour te relever, pour reprendre ce qui t’a été volé…

    Et la femme avait bu ses paroles sans l’ombre d’un doute. “Comment ?” avait-elle demandé, terrifiée, fascinée, le cœur battant—avare de plus, avare de tout. La voix avait parlé, dans une sérénité épouvantable.

    Écoute-moi et fais exactement ce que je dis. Cherche les guerriers endormis dans les lieux où le Sekaï ne regarde plus. Là où la lumière ne pénètre pas, là où les légendes se meurent. Trouve-les, invoque-les en mon nom, et prépare ta vengeance.

    Un éclat de lumière déterminée illumina le regarde de la femme à l’idée de disposer des armes pour laver l’honneur souillé de sa famille, de reprendre le contrôle de sa vie. Mais la statue n’en avait pas fini. Sa voix reprit, plus douce ; plus profonde ; plus sombre aussi, chargée d’un lot de conséquences invisibles.

    Mais si tu échoues, je réclamerai un prix.

    La femme pleura encore, déchirée par le désespoir de sa situation. Elle n’avait rien à offrir, rien à céder. Alors, la statue lui demanda son premier enfant né. Un enfant qui, béni par ses Maîtres, plierait chacune des forces de la nature à sa seule volonté. La proposition s'abattit comme une pierre de plomb dans le cœur de la malheureuse. Sa lignée, son sang, son avenir, tout ça serait à jamais marqué par ce choix. Mais comment pouvait-elle refuser ? Quel héritage aurait-elle à offrir, si elle le faisait ? Il lui suffisait simplement de ne pas échouer. Et Ambrosia n’avait aucune envie de brûler sous le poids insupportable de la misère, parce qu’elle chérissait sa vie plus que celle d’un enfant auquel elle n’avait encore jamais pensé, ni même encore désiré. Alors, exultante de reconnaissance, elle accepta.

    Elle accepta, dans l’espoir de triompher, dans l’espoir que peut-être, la statue oublie un jour le marché qu’elles avaient alors passé—pour seul témoin la lune qu'elle chérissait…

    Et l'icône, délogée de son socle, disparue un beau jour. Son souvenir avec elle évaporé—emporté par les vents, emporté par les âges. Jusqu’au jour où…


    Bonjour Ambrosia.

    Jusqu’au jour où la voix s’éleva à nouveau.
    Jusqu'au jour où Elle était revenue, pour collecter sa dette.


    CENDRES


    Affilié au Reike
    Affilié au Reike
    Kassandra
    Kassandra
    Messages : 144
    crédits : 1030

    Info personnage
    Race: Humaine
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Chaotique Neutre
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2446-kassandra-whype-mage-malgre-elle-terminee
  • Sam 31 Aoû 2024 - 21:57
    Il était une fois une enfant, née dans une famille noble à la grandeur ternie et à l'avenir incertain. Une enfant dont les épaules devraient bientôt supporter le poids des erreurs de ses aïeuls… et de sa mère. Des erreurs qui la condamnaient à suivre inlassablement les préceptes de maîtres qui n’étaient pas les siens, à une vie de servitude. Pour la famille, pour son sang. Après tout, l’excellence exige des sacrifices.

    Il était une fois une femme, une mère, dont l’avarice et la soif de pouvoir ne voyaient aucune limite. La génitrice, poussée par un espoir et une foi aveugles, voyait en sa seule progéniture l’unique voie de sortie qui devait les délivrer de l’oprobe et de la misère qui entachaient sa lignée depuis son mariage infructueux avec son incapable de mari.

    Il était une fois un monstre qui, disant entendre la voix d’un ange, sacrifia sa chair aux sombres desseins qui l’animaient.

    Les années passant, l’enfant était devenue femme. Les années passant, la femme était devenue libre. À la force de ses poings, elle s’était délivrée de ses chaî-


    “ OUI OUI C’EST BON ! ABRÈGE ! ”

    Je frappais du poing sur la table, faisant dangereusement vaciller la boule de cristal posée en son centre et sursauter sa propriétaire assise en face de moi. Comme je m’étais redressée dans un élan de colère, la petite vieille qui vendait ses services de voyante s’était recroquevillée sur elle-même, tremblant dans ses braies bouffantes. Constatant qu’il ne servirait à rien de m’énerver, je reprenais un semblant de contenance en ramassant la chaise que j’avais fait tomber avant de me rasseoir.

    “Je ne t’ai pas payée une fortune pour me dire ce que je connais déjà ! ” Sifflais-je entre les dents, agacée.

    Je savais le don de prescience rare et précieux. Pourtant, je n’avais pas imaginé qu’une séance avec l’un de ces diseurs de bonne aventure m’allègerait de la quasi-totalité de mes déjà maigres ressources. Malheureusement, devant la gravité de ma situation, je n’avais eu d’autre choix que de me tourner vers ce genre de mesure désespérée. Cela faisait déjà plusieurs jours que je tournais dans les jungles entourant le Dorei, et le nombre de mes provisions n’allant pas en augmentant, j’avais été contrainte de retourner vers la civilisation.

    Il faut dire aussi que j’étais partie à la hâte, abandonnant tout ce qui pourrait m’encombrer, équipement lourd, besaces volumineuses, sentiments et états d’âme. La raison d’un tel voyage ? Un rebondissement inattendu dans ma morne existence. Plus que cela encore, une occasion de mettre fin au cycle infernal qui malmenait mon existence depuis ma naissance. Alors j’étais partie, sans un regard en arrière, sans un adieu. Laissant au passé la nation qui m’avait vu grandir, mes drames et mes joies, mes connaissances et mes souvenirs. Cette tranche de ma vie resterait là, perdue au milieu des dunes tandis que j’empruntais la périlleuse route vers le couchant.

    Mes pas me menèrent au-delà des monts argentés qui séparaient la nation guerrière du reste du continent. Autrefois le berceau d’une civilisation aussi riche que majestueuse, les terres au-delà de ces cols n’étaient désormais plus que des landes désolées, foyer de la corruption des Titans et de leurs archontes. Si quelques parcelles de vie continuaient encore d’exister, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elles ne sombrent à leur tour face à la corruption.

    “ Quel gâchis ” Pensais-je alors, la tête encore pleine des récits de Myriem au sujet de sa terre natale.  

    J’avais poursuivi pendant un tant mon errance à travers le Shoumei, découvrant alors la nature florissante mais hostile qui persistait aux abords de la côte et qui comptait parmi les derniers bastions de cette nation contre la progéniture souillée des Titans. Déjà, je pouvais constater des affres de la guerre entre les mortels et leurs divins parents. Même à des dizaines de kilomètres des lieux d’affrontement, la mort et la souillure empoisonnaient l’air, l’eau et la terre, rendant le périple encore plus pénible qu’il ne l’était déjà.

    C’est après avoir dépassé la longitude de l’ancienne Benedictus que je dus enfin admettre que je m’étais perdue. Ravalant ma fierté, j’étais revenue sur mes pas jusqu’à finalement retourner en ville. Là, étant parvenue au bout de mes solutions, je m’étais donc tournée vers la voyance dans l’espoir d’obtenir une guidance sur la voie à prendre. Hélas, la séance me paraissait dores et déjà infructueuse et je décidais d’un commun accord avec moi-même d’écourter cette mascarade.

    “ Bon écoutez, vous me faites juste perdre mon temps. Z’êtes de toute évidence pas capable de m’aider. ”

    Je me relevais à nouveau, cette fois-ci pour quitter la cahutte de la vieille pie, abandonnant à celle-ci mes dernières pécules.

    “ Gardez la monnaie. ”

    Alors que je m’apprêtais à franchir le seuil de son antre, la voyante se rua à ma suite, m’empoignant la main, retenant ma fuite.

    “ C’est une voie bien sombre que vous suivez, jeune femme. Prenez garde à ne pas vous égarer en chemin et surtout… Méfiez-vous du chant des anges… ”

    L’espace d’un instant, je crus voir les pupilles de l’acariâtre grand-mère s’illuminer d’une lueur surnaturelle. Comme je clignais des yeux plusieurs fois, la lueur disparut aussi vite qu’elle était apparue et je mettais ce phénomène sur le compte de la fatigue. D’un geste sec, je lui faisais lâcher prise et je quittais les lieux en grommelant.

    “ Vieille folle. ”

    Désespérée de ne pas trouver les conseils que j’étais venue chercher, je décidais finalement de pousser vers le nord, direction Maël, où j’espérais y retrouver Myriem, profiter de son hospitalité, de ses conseils et, pourquoi pas, obtenir son aide.

    La route s’annonçait encore longue et monotone car tout semblait avoir été figé sur place par la corruption, autour de Benedictus. Toutes les routes se ressemblaient, tous les arbres morts arboraient la même silhouette menaçante et le même silence de mort pesait sur ces terres sans discontinuer, seulement interrompu par le souffle rauque de ma respiration.

    Je pensais m’être perdue à nouveau, là, au milieu de nulle part et pataugeant dans la merde et la tourbe shoumeienne. Et cette fois-ci, il n’était plus question de faire demi-tour.

    Puis soudain, un murmure, un souffle. Comme je m’étais assise sur une pierre un peu moins crasseuse que les autres, je me redressais, attentive. De la vie ? Ici ? Peu probable. Pourtant, lorsque le phénomène se répéta encore, je dus admettre qu’il ne s’agissait plus d’un tour de mon esprit.

    “ Il y a quelqu’un ?! ” Interrogeais-je en haussant le ton.

    Aucune réponse. Toutefois, la délicate complainte perdurait et s’accentuait à mesure que je semblais me rapprocher de sa source, me guidant tel un fil d’Ariane à travers le labyrinthe de marécage et de boue. Au bout d’un moment, la voix se faisait véritablement plus forte et présente, semblant résonner directement à l’intérieur de mon crâne. À ce stade, je ne me posais même plus de questions et je me laissais simplement mener par ce pilote invisible, regardant à peine où j’allais.

    Je fus toutefois bien contrainte de lever le nez lorsque, inattentive, je rentrais en collision avec un corps dur et rugueux. Mes yeux se posèrent alors sur ce qui ressemblait à un pan de mur, ou tout du moins ce qu’il en restait, et qui servait à délimiter l’enceinte d’une petite bourgade au moins en aussi bon état que ses remparts primitifs. Le lieu était évidemment désert mais l’appel était devenu particulièrement clair et je pouvais maintenant en discerner le sens : “ Viens à moi. ”

    Quelques détours de rues plus loin je faisais désormais face à une grande demeure aux murs lézardés et à la charpente apparente. Toute la ville semblait avoir été abandonnée depuis des années et la nature, aidée par les forces maléfiques en présence, avait repris inexorablement ses droits, effaçant peu à peu les ouvrages humains du paysage. Pourtant, une impression étrange s’était emparée de moi, un pincement au cœur douloureux qui me paralysait toute entière. Je mourrais d’envie de savoir ce qui se trouvait derrière le battant de bois vermoulus, j’avais traversé la moitié du continent pour ce moment et pourtant, à cet instant décisif, la force me manquait.

    D’au-delà des gonds rongés par la rouille, des éclats de voix me parvinrent, signe que les lieux n’étaient définitivement pas aussi abandonnés qu’ils ne devraient l’être. Je décelais deux voix, pour être plus exacte, sans toutefois parvenir à discerner la moindre parole. Je sentais mon palpitant battre contre mon torse à m’en rompre les os. Mon corps entier était en proie à des sueurs froides et des tremblements. J’étais complètement désarmée.

    J’étais aussi terriblement en colère, contre moi-même. Après toutes ces années, toutes ces expériences, elle possédait encore sur moi une emprise tellement forte qu’il me semblait impossible de la confronter.

    “ Entre. ”

    Un seul mot, résonnant dans mon esprit sur un ton impérieux et inflexible. Un unique mot qui me délivra de ma torpeur, m’autorisant à bouger de nouveau. N’ayant de toute façon pas d’autre choix que de m’exécuter, j’appliquais la pression de mes paumes contre le bois de la porte qui s’ouvrit presque d’elle-même.

    Elle m’attendait là, au fond de la pièce, dissimulant sa silhouette sévère dans la pénombre. Grâce à la lumière qui s'infiltrait par l’ouverture, je discernais bel et bien une seconde présence, d’un genre différent, mais au moins tout aussi insidieuse. Plus tard. Mes yeux se reportèrent sur la femme au centre de la pièce. Elle n’avait pas changé d’un pouce.

    “ Bonjour, mère.”

    J’échangeais avec elle une oeillade sévère, les poings serrés à m’en blanchir la chair. Au creux de l’une d’elle, un minuscule bout de papier sur lequel était écrit une simple phrase : “ Je t’attends à l’ouest. ”
    Prophétesse
    Prophétesse
    Siame
    Siame
    Messages : 184
    crédits : 880

    Info personnage
    Race: Ange
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Chaotique Neutre
    Rang: E
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t3503-terminee-siame-divine-violencehttps://www.rp-cendres.com/t3542-memoires-de-siamehttps://www.rp-cendres.com/t3626-recits-de-siame
  • Mar 3 Sep 2024 - 18:40
    Elle s’apprêtait à demander le thé – allons, on n'était tout de même pas des sauvages – quand la porte s’était ouverte à la volée, et qu’une jeune humaine avait envahi le logis piteux dans lequel s’enterrait Ambrosia. La fille avait déboulé un peu comme un chien déchaîné, et si elle s’était annoncé calmement, il n’avait pas échappé à l’Ange la lueur folle, rugissante dans le fond de ses pupilles—ni l’angoisse palpable qui se dessinait désormais sur les traits de la vieille femme, bien qu’elle cherchait à le cacher. Siame pouvait le sentir ; elle savait le deviner. Quant aux restes, elle n’avait même pas eu besoin de poser la moindre question.

    Oh… Le regard inquisiteur de l’Ange avait laissé place à un maigre sourire, une curiosité intrusive dans le fond des yeux. Voilà donc ta fille, Ambrosia.

    Elle avait bien conscience d’interrompre quelque chose d’important, par sa simple présence—et pourtant, il n’y avait jamais eu de meilleur timing. A croire que les Titans ne les avaient pas encore complètement oubliés. Siame s’était légèrement avancée à la rencontre de la tornade vivante, pour mieux l’observer—avait perçu les reproches mâtinés adressés à sa mère d’une indiscrétion sournoise, presque amusée. Les jolis traits de son visage – toujours trop parfait malgré les âges ; si l'on espérait y voir la moindre trace d’épreuves, il fallait s’attarder sur les fantômes dans ses yeux  – étaient, quant à eux, restés parfaitement imperturbables. L’Ange l’avait regardé, savourant la rencontre comme une enfant à laquelle on venait d’offrir un chaton. Ses cheveux coupés au hachoir, l’air sévère de sa mère – c’était une terrible tragédie, que l’on ait toutes eut hérité de quelque chose de notre mère – une bouche prête à mordre et surtout, surtout, une sainte colère – magnifique, le ver déjà dans la pomme – née d’un sentiment d’injustice, que Siame devinait dans le blanc des phalanges de son poing serré. Un bouton sur lequel appuyer, une fissure dans laquelle se faufiler. La surprise sur son visage s’évapora presque aussitôt, artificielle—comme si finalement, elle s’y attendait. Comme si le secret de l'arrivée de la jeune humaine lui avait été soufflé par les esprits.

    Pardonnez moi. Sa voix exprimait alors une amabilité prudente. Son regard vacilla entre la fille et la mère. Je n’avais pas l'intention d'interrompre vos retrouvailles.

    On avait vu une lueur fervente s’éveiller dans le regard d’Ambrosia, derrière la sévérité de son apparence—une lueur que Siame reconnaissait bien, puisqu’elle l’avait observé, des années auparavant, tandis que la demoiselle qu’elle était encore, cherchait l’espoir partout où elle pouvait le trouver. Quel dommage que ce soit auprès de l’Ange. Un morceau d’histoire – pour Kassandra, pour Ambrosia, pour Elle aussi, peut-être – s’écrivait ici. Siame en avait conscience, elle n’avait juste pas encore idée de comment tout cela se déroulerait, de quelle serait son implication dans la suite des événements. Mais une chose lui était certaine, elle n’avait pas l’intention de repartir sans son dû. Pas maintenant qu’elle avait posé les yeux dessus.

    Mais j’ai fait un si long voyage pour venir jusqu’ici, et… elle releva ses yeux en silex vers la jeune humaine, dans une délicatesse angélique. La suite de ses mots résonne dans le crâne de celle-ci, sans être prononcé à haute voix, comme un secret, comme une confidence. Sa voix est chaude, grave, maternelle. J’étais très impatiente de faire ta rencontre, Kassandre.

    Un petit silence vient ponctuer ses paroles, tandis que le bercement du son de sa voix continue de vibrer dans l’esprit de l’humaine. Parce que celle-ci était un peu différente des autres. Parce que d’une manière, peu importe ses croyances, elle avait été bénie par ses Maîtres avant sa naissance. Avant même qu’elle ne soit une idée dans l’esprit de sa mère. Siame s’en était assurée. Et elle ne peut que voir, dans le flamboiement de son regard, dans le fantôme de cette rage sur laquelle la jeune s’étranglait—un signe des Divins. Il s’agit là pour l’Ange d’une expérience, peut-être. D’une volonté, d’un souhait fait à sa Mère, d’un souhait de mère, qui n’a jamais pu ni aimer, ni voir grandir la chair de sa chair. Puisqu’on lui avait retiré, puisqu’on avait prétendu avoir un droit sur son enfant—pourquoi ne pouvait-elle pas le faire sur ceux des autres ? Pourquoi ne pouvait-elle pas le prétendre sur ceux qu’elle avait elle-même prédit et bénit ? Elle qui, de toute manière, aurait mieux su l'apprécier – l’aimer, d’une façon – que sa propre mère. Car après tout, c’était ce que tout enfant désiré ? Un peu d’amour de ses parents…

    Elle se retourna vers Ambrosia qui était restée planter là, certainement un peu incrédule face à la scène—car si elle avait peut-être espéré revoir sa fille, elle ne s’était pas attendue à ce que l’Ange, ce vieux souvenir disparu, ne se présente au même moment : vivante, en chair et en os. Siame était curieuse. Curieuse de découvrir la manière dont la marque de ses Maîtres s’était imprégnée sur cette jeune humaine—curieuse de connaître l’origine de la tempête furieuse qui l'agitait face à sa propre mère. Y avait-il là une faille ? Était-elle emprunte d’une forme de loyauté, comme celle que Siame éprouvait pour sa Créatrice ? Ou bien… Ou bien cette colère tapie dans son cœur – cette colère sublime – n’était que l’étincelle nécessaire pour…

    Elle eut envie de tendre la main. De toucher cette peau brunie par les heures passées au soleil. De caresser le fond de sa mémoire, d’en découvrir tous les secrets—d’attiser la chose invisible, menaçante et féroce – cette chose qui désirait à tout prix s'émanciper – tapie dans ses profondeurs. Et quelque chose lui disait qu’elle n’aurait pas beaucoup à faire. Que sa hargne, elle la portait déjà au bord des lèvres.

    Tu ne nous présentes pas, Ambrosia ?

    Pour le moment, elle se contenta d'observer.


    CENDRES


    Affilié au Reike
    Affilié au Reike
    Kassandra
    Kassandra
    Messages : 144
    crédits : 1030

    Info personnage
    Race: Humaine
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Chaotique Neutre
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2446-kassandra-whype-mage-malgre-elle-terminee
  • Jeu 5 Sep 2024 - 20:42
    “ Kassandra, mon enfant. ”

    Ses mots étaient froids, distants. Loin d’une salutation chaleureuse, il s’agissait plutôt d'un constat glaçant pour confirmer notre lien de parenté à une audience malvenue. Elle n’était que ma génitrice. Je n’avais jamais été que son outil. Un simple état de fait qui, pourtant, nous liait pour l’éternité. Qu’elle vive, qu’elle meurt, je ne serais jamais autre chose que son sang, sa chair. Cette idée me révoltait, me répugnait. J’enrageais d’autant plus qu’à présent que je l’avais en face de moi, impassible, cette vérité n’avait jamais été aussi juste. Elle m’avait appelée, j’étais venue. Les raisons importaient peu, j’avais simplement obéi, guidée par l’espoir infime de la revoir, sans même être certaine qu’il s’agissait bien d’elle.

    Quant aux raisons de ma venue… Mon hostilité transpirait par tous les pores de ma peau. Pourtant elle restait là, immobile, portant fièrement toute l’horreur qu’elle incarnait pour moi. Elle me jaugeait, me jugeait. Je sentais son regard hautain parcourant mon corps de long en large, caressant ma silhouette de ses pupilles arrogantes, violant des limites qu’aucun être n’avait jamais été autorisé à franchir. De vieilles cicatrices semblèrent se réveiller, rafraîchissant ma mémoire avec les douloureux souvenirs de notre passé commun.

    Nos retrouvailles muettes furent brusquement interrompues lorsqu’une voix, qui paraissait parvenir d’un autre âge, brisa le silence. Comme j’avais complètement oublié sa présence, je sursautais, tendue comme un ressort. Mère, quant à elle, s’animait à son tour, mais son attitude était imprégnée d’un respect presque révérencieux vis-à-vis de la personne qui s'immisçait entre nous. Sa contenance et son expression contrastait drastiquement selon si elle s’adressait à moi au à l’Autre.

    Je ne savais pas comment me positionner par rapport à cette l’inconnue. Une bonne part de son visage et de son corps étaient encore cachés dans l’ombre et je ne pouvais que me représenter son apparence. - Menteuse… - pensais-je alors lorsque cette dernière s’excusait de son intrusion. Les deux semblaient se connaître et cela ne présageait rien de bon. J’effectuais un pas de côté afin de m’éloigner de cette présence intimidante qui se faisait, a contrario, de plus en plus envahissante.

    Je ne constatais que trop tard que la perfide créature avait dores et déjà investi mon espace comme mon esprit. Comme sa voix inondait mes songes, je grinçais des dents. Ce n’était pas le même timbre qui m’avait guidée jusqu’ici, et je commençais à en avoir plus qu’assez que l’on prenne ma tête pour une auberge.

    - Qui êtes vous ?! - Tentais-je de répondre, sans même savoir si ma pensée lui parviendrait ou bien si ce canal ouvert entre nos deux psychés était à sens unique.

    Je n’obtins aucune réponse. Rien d’autre qu’un nouveau silence au moins aussi pesant que le précédent. Puis, comme l’attention de l’inconnue sembla se reporter vers ma mère, je suivais son regard, m’interrogeant dans le même temps sur le lien qui pouvait bien unir deux êtres aussi lugubres. J’écartais évidemment les liens de parenté. Ma chère génitrice s’étant bien assurée de couper tous liens familiaux et ce, bien avant ma naissance. Une associée fut plus probable, mais pour quels nouveaux plans macabres ?

    Puis la voix glaçante perça les ténèbres, demandant à nous présenter. À quoi bon ce petit jeu ? De toute évidence, cette rencontre avait été organisée à desseins et il n’y avait aucune inconnue dans le plan des deux femmes. De toute façon, la vieille peau ne s’était jamais soumise à aucune demande et…

    “ Bien sûr. ”

    Ma mère prit la parole dans un empressement encore jamais vu. Elle avait fait quelques pas dans ma direction, suffisamment pour que je puisse mieux la détailler. À présent que je l’avais bien en face de moi, je constatais que le temps n’avait finalement pas été si généreux avec elle et que les traits de son visage, en plus de l’âge, étaient creusés et déformés par une sorte d’inquiétude qui se reflétait dans le fond de ses yeux.

    “ Voici Kassandra, mon unique fille. Kassandra, voici… ”

    Elle hésita un instant, comme si elle pesait le pour et le contre des mots qu’elle pourrait employer pour qualifier la personne se tenant à ses côtés dans la pénombre.

    “ Voici notre destinée. L’espoir pour notre famille de recouvrer un jour la grâce des dieux. J’attendais sa… ”

    Elle s’était tournée vers le troisième parti de notre petit triumvirat.

    “ … Votre venue. Simplement, j’espérais avoir encore un peu de temps pour… ”

    Sa voix était toujours portée par le même ton posé et imperturbable et pourtant, à force d’habitude, j’y décelais une pointe d’incertitude. Un tremblement à peine perceptible qui ne pouvait signifier qu’une chose, elle craignait l’être qui s’était invitée à nos retrouvailles. Plus que cela encore, je ressentais une sorte de vénération dans la manière qu’elle avait d’abaisser la tête et les paupières lorsqu’elle s’adressait à elle. J’imaginais mal la femme qui m’avait donné naissance sans le moindre cri plier le genoux devant qui que ce soit, si ce n’est les dieux, mais je devais me rendre à l’évidence.

    “ Pour quoi ? ” L’interrompais-je, las de tous ces mystères.

    Elle ne répondit pas. Décidément, c’était une habitude.

    “ POUR QUOI ?! ” Hurlais-je, cette fois-ci à bout de ma patience.

    Je jetais le papier au sol, réduit à l’état de pulpe par la pression de mon poing et la sueur dont il s’était gorgé.

    “ Qu’est-ce qui justifie de me faire traverser le continent jusqu’ici après… après ce que tu as fait ?! Je ne suis pas un chien que tu peux siffler à ta gu… ”

    Sa langue clapa pour m’interrompre.

    “ KASSANDRA CALLIOPÊ. ” Elle haussa le ton à son tour.

    Je sursautais, surprise par la soudaine vitalité dont elle faisait preuve, d’autant que sa voix se mit à son tour à résonner à l’intérieur de son crâne, créant pour moi un capharnaüm aussi soudain qu’étourdissant.

    “ Tu vas me parler avec le respect et la révérence qui me sont dus ! Je suis ta mère et je ne vais pas te laisser me ridiculiser devant mon hôte ! ”

    Respect ? Révérence ? Son hôte ? En fin de compte, je n’avais une fois de plus pas dans toute cette histoire. Tout n’était question que de pouvoir, d’apparence et de prestige. Si ça se trouve, je n’étais encore qu’une marchandise à échanger ou à sacrifier selon sa convenance. Après tout, elle l’avait déjà fait.

    “ Kassandre…” Sifflais-je entre les dents.

    Elle souleva un sourcil circonspect et sévère.

    “ Pardon ? ”

    Je me plantais devant elle, les yeux empreints de défi. J’allais le faire. J’allais me soulever face à sa tyrannie et me libérer de son influence. Aujourd’hui. Maintenant.

    “ Je m’appelle Kassandre, et tu n'es pas. Ma. MERE !!! ”

    L’air vibra autour de moi en même temps que mon cri raisonnait jusque dans les combles de la bâtisse. Sans se laisser impressionner et avec le même dédain habituel dans le regard, elle leva la main et un claquement sec se fit entendre. Mon sang ne fit qu’un tour, mes doigts se crispant à nouveau en une boule de violence et de rage.

    La joue douloureuse, les nerfs chauffés à blanc, je m’apprétais à répliquer lorsque mes yeux croisèrent ceux de l’intruse. L’espace d’un instant, je restais captive de ses pupilles mornes. Là, au milieu des échos des dizaines de vies passées qui s’y reflétaient, je crus y lire comme une pointe de malice… et de délectation.

    Un frisson parcourut mon échine, me pétrifiant sur place.
    Permission de ce forum:

    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum