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Président de La République
Falconi Genova
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Files Rouges
TOUR 1
Le passé finit toujours par nous rattraper, n’est-ce pas?
Quand il le fait c’est toujours lors d’un jour comme les autres, le matin Vanay Vyldrithe s’était levée comme tout les jours, elle avait avalé un petit-déjeuner sommaire comme tout les jours, et elle avait commencé à préparer quelques kilos de pâtes pour avancer la cuisine. Comme tout les jours.
Les clients avaient commencé à rentrer au Mouton Frisé et un service plus que routinier avait débuté, Adelbert était passé sans rentrer pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur s’il apercevait la petite Rosie, Monsieur Nob était rentré et s’était assis sans même commander, sachant bien qu’Abby connaissait son choix dès qu’il passait la porte, la routine. Comme tout les jours.
Tenir une auberge, quand on finit par connaître sa clientèle régulière c’est souvent un peu rébarbatif, mais heureusement il y a toujours les petites nouveautés quotidiennes qui viennent chambouler un peu le train-train habituel, et aujourd’hui c’était toute un groupe de jeunes hommes et femmes de races aussi diverses que variées qui se présentaient à la porte du Mouton Frisé et avaient donné un peu d’animation à la monotonie de la serveuse écarlate. Le brouhaha des jeunes gens, leurs mines enjouées et l’agitation qu’ils apportaient instantanément était la bienvenue dans l’établissement autrement plus morne en ce début de service, la salle principale rendue complète s’était soudainement transformée en un havre de rires, d’éclats de joie et de taquineries estudiantines qui replongeaient Vanay dans les bons moments de son cursus à Drakstrang. Des souvenirs d’autant plus réminiscents qu’entre les races cosmopolites, le fort accent reikois et les bribes de conversations qu’échangeaient les étudiants, l’expatriée comprit bien vite que la trentaine de jeunes adultes étaient des étudiants de l’université reikoise venus en échange scolaire à MAGIC, l’Université la plus prestigieuse de Liberty et peut-être même du Sekaï attirait souvent des clients dans la ville, mais toute une classe c’était bien une première. Pour la Drakyn, tout souvenir de Drakstrang était souvent accompagné d’une amertume toute particulière et de pensées plus sombres, mais aujourd’hui l’ambiance était très différente.
Les boissons coulaient à flot, la fougue des étudiants et l’ambiance bon enfant qui régnait dans la salle était salement contagieuse et il n’en fallut pas plus pour mettre un sourire sur les lèvres de Vyldrithe à son tour, gagnée malgré elle par les gamineries tantôt mesquines des uns ou les blagues plus franches des autres. Ses yeux dorés se promènent sur les visages jovials, appréciant les farandoles de couleurs qui rigolent ensemble à la table, un spectacle nostalgique qui est bien rare en République, mais au Reike c’était chose commune que de voir attablé le bleu des onis, le vert des gobelins, les tons pâles de certains elfes côtoyer les peaux plus chatoyantes des nains et des hommes entre les bizarreries des hybrides.
Elle s’en souvient très bien, à quelle vitesse elle avait perdue son sourire quand elle l’avait vue. Une Drakyn aussi, assise à un coin de la tablée, Vanay l’avait observé avec des yeux grands ouverts, sa peau écailleuse qui s’accentuait de reflets orangés presque ambrés sur les épaules, ses deux grandes cornes incurvées qui remontaient presque en tour complet derrière sa tête, sa grande chevelure rouge. Certes elles se ressemblaient un peu, vite fait de loin, de là à dire qu’on aurait pu les confondre il fallait être aveugle ou s’appeler Perrine, mais ce n’était pas la quelconque vague ressemblance physique qui interpellait autant la serveuse du Mouton Frisé, c’était sa posture. Cette gamine encore plus jeune que Vanay était là, aux côtés de tout ces jeunes enjoués qui appréciaient leurs pseudo vacances et leur voyage scolaire loin des règles draconiques du Reike, ils riaient tous, ils se laissaient emportés par le sens de la fête, ils vivaient leur jeunesse en la croquant à pleines dents.
Mais pas elle.
Elle était ratatinée dans un coin de banquette, à regarder un point fixe sur la table devant elle, silencieuse, calme, isolée. Impossible de ne pas se voir elle-même, dix ans plus tôt, à arrêter de vivre parce que quelqu’un obnubilait ses pensées et pas dans le bon sens, et si un frisson avait parcouru le dos de Vanay à ce moment là ça n’avait pas forcément voulu signifier le pire, après tout cette jeune femme draconique avait un gabarit de crevette et elle pouvait sûrement manquer de confiance en soi pour expliquer son attitude introvertie, peut-être qu’elle avait reçue une mauvaise nouvelle tantôt, ou peut-être qu’elle était simplement quelqu’un de réservé. À la voir ainsi assise, muette sans que personne de son groupe ne lui adresse la parole, le sang de la serveuse n’avait fait qu’un tour, profitant qu’elle n’ait pour l’instant aucune consommation devant elle, Vanay s’était approchée de la jeune fille et lui avait demandé si elle pouvait lui offrir quelque chose à boire, et la Drakyn capucine avait levé les yeux de surprise vers Vyldrithe, comme si elle avait de la peine à croire qu’on ait pu lui parler. Elle s’était mise à bafouiller, son teint orangé avait tiré un peu plus sur le rouge d’embarras et avec des gestes confus de ses mains elle s’était excusé de n’avoir pas demandé de boisson avec un maigre sourire de politesse. Difficile aussi pour Vanay de ne pas la trouver attendrissante cette petite, ni de ne pas lui rendre son sourire avec un peu plus de compassion et un soulagement bienvenue. C’est seulement quand elle l’a vu sur son poignet gauche planqué entre ses cuisses que la serveuse écarquille grand les yeux, tentant tout aussi difficilement de faire comme si de rien n’était en gardant son rictus maintenant forcé sur ses lèvres. Les yeux verts de la petite étudiante suivent ceux dorés de la serveuse, descendent jusqu’à sa propre main enterrée entre ses jambes, et elle relève la tête avec un inconfort visible en essayant de déchiffrer le regard de Vanay. La gamine la scrute un instant, tout s’enchaîne si vite, le croisement des regards, la soudaine réalisation, qu’elle lui ressemble, qu’elles se ressemblent, qu’elle est horrifiée en l’ayant vu, que l’étudiante se rend compte qu’elle l’a vu, que si la serveuse réagit de la sorte en le voyant accroché à son poignet alors…
Le regard de l’étudiante s’est écarquillé à son tour, sa bouche s’était tordu subtilement d’une expression indéchiffrable, la petite Drakyn avait jeté un coup d’oeil alarmé à ses camarades qui ne semblaient pas remarquer ce qu’il se passait, elle se retourna vers Vanay et lui coupa la parole d’une voix tremblante alors que les mâchoires de Vyldrithe s’entrouvraient déjà, et elle lui avait demandé les toilettes. Prise de court, la serveuse du Mouton Frisé les lui avait indiquées, et elle a regardé l’étudiante s’éclipser presque en courant jusqu’aux sanitaires.
Les coïncidences ça existe, mais parfois, elles n’en sont pas. Son attitude renfermée, ses gestes retenus comme si elle avait peur de trop bouger, d’attirer l’attention sur elle, ses épaules avachies et sa tête enfoncée, l’impression qui transpire par tout les pores de sa peau qu’elle ne fait pas partie de son groupe, qu’elle est là sans l’être, le silence mutique dans lequel elle est parce que même quand elle est ici, elle est là bas avec lui. La ressemblance. Vanay n’avait pas su quoi faire sur le moment, tout était trop soudain, trop brusque, sorti de nul part, elle se demandait ce qu’elle devait faire, si même elle devait faire quelque chose, si oui quoi? En parler? Dire quelque chose? Que, quoi, comment? La salive était dure à avaler dans sa gorge serrée, Vany s’était remise à vaquer aux autres tables, passant de temps en temps pour regarder si l’étudiante en question était revenue à sa place, la serveuse s’arrête en passant et regarde le siège vide. Ce qui l’énerve d’autant plus c’est l’indifférence de ses camarades qui continuent de rire, manger et boire, comme si c’était normal que leur copine s’absente aussi longtemps, comme s’ils ont juste accepté qu’elle est comme ça et c’est tout. Et si ça se trouve c’est tout oui, si ça se trouve ça n’a rien à voir, mais… les yeux de Vanay fixent la chaise, la tête baissée pour réfléchir, elle avait ensuite prédit ce qui allait suivre avant même d’entendre le cri horrifié d’Abby dans la salle, elle l’a su, Vanay l’a su dès qu’elle a remarqué le couteau manquant à la place de l’adolescente.
Le cadre de la porte des toilettes était noir de monde, les gens avaient tout de suite accouru et c’était la grande Drakyn de deux mètres qui avait joué des coudes pour être au premier rang. Le plancher des chiottes était un peu usé, il avait pleins de marques noires là où les cuirs des bottes raclaient contre son vieux bois, il y avait des taches plus sombres dues aux clients les moins propres, des taches plus claires à cause des noeuds dans le bois et à force d’y passer le balais et le savon, il n’était pas parfait et Pop disait tout le temps qu’il fallait le refaire, mais c’était rattrapable. Par contre aucune quantité de vinaigre et de levure n’allaient faire partir la quantité horrifiante de sang qui coulait depuis la porte des cabines des femmes. Quand Vanay avait fait un pas de plus pour tirer sur la poignée, elle avait attrapé le haut de la porte bloquée depuis l’intérieur, tiré un coup sec, et le cadavre de l’étudiante, appuyé contre la porte, était venu tout seul s’effondrer à ses pieds. Dans toutes les sales histoires, y’a un fil rouge, comme les filins de sang qui s’écoulent des veines ouvertes de la gamine, le ruban de soie vert à son poignet virant lentement au vermeil sous les yeux de Vanay.
À genoux avec une brosse dans une main, de l’eau chaude et du vinaigre dans un seau, la Drakyn du Mouton Frisé attaque le bois pour essayer de faire partir la flaque noire qui tache le plancher. À l’extérieur des toilettes elle entend la voix de Molly qui discute sûrement avec Pop, mais Vanay n’écoute pas, ses pensées sont ailleurs. Le passé finit toujours par la rattraper et elle avait cru pouvoir mettre sa tête dans le sable, faire l’autruche, ça avait bien marché pour elle, mais pour la piote dont elle détache le sang du plancher, beaucoup moins. Ses dents serrées, ses mains appuyant si fort sur la brosse qu’elle en tord les poils, Vanay ressasse encore et encore la scène d’hier. Entre sa tentative de sauver la gosse, son échec subséquent, l’entrevue avec les Officiers Républicains pour la déposition, ses propres émotions, son insomnie de cette nuit et les souvenirs qui la hantent, ses sourcils n’ont pas cessé de froncer depuis vingt-quatre heures. Quand le bruit de la porte d’entrée interrompt les nains et qu’une troisième voix se mêlent en panique à la conversation, c’est là que la Drakyn y prête attention, et c’est avec une incrédulité première puis une confusion seconde que la serveuse écoute Nob, faire irruption dans le salon avec un air paniqué:
”Vany! Dis moi que c’est pas vrai ce qu’ils disent, sur toi, mon fils est dans l’Office il m’a dit que tu trempes dans de sales histoires!”
”Quoi?!? Mais Nob c’est absurde enfin, Vany ne fer-”
”Ils ont dit que les Limiers allaient venir la coffrer! C’est pas rien ça quand même! Vany! C’est vrai?”
Quand on est Limier on aime bien les coïncidences, parce que souvent elles n’en sont pas.
Ça fait presque trois semaines que Vermine piétine sur cette enquête à la con, ses avancées sont minimes, des noms qui ne mènent à rien, des indices après des indices qui la font avancer à reculons pour se rendre compte qu’elle fait fausse route depuis plusieurs jours, comme quoi les criminels sont jamais aussi investis dans leur métier et jamais aussi précautionneux pour couvrir leurs traces que quand il faut trafiquer des mineures hein. Gros dégueulasses. Pourtant cette affaire de réseau de pédophiles qui faisaient passer des enfants de tout âges du Reike à la République c’est pas un mince fait-diver, douze disparitions suspectes l’année dernière dans l’Empire, à peu près le même nombre chaque année précédente, ciblant des jeunes filles de toutes les races entre plus ou moins la puberté et la majorité. Si le cas est venu jusqu’aux oreilles de l’Office c’est vraiment juste parce qu’on a retrouvé récemment trois des victimes mortes dans une grange de la campagne aux alentours de Liberty, et si le cas est passé des mains de l’Office à celles du Razkaal c’est vraiment juste parce qu’une des gosse en question était la fille d’un petit seigneur reikois. Pour éviter l’incident diplomatique fallait donc enterrer le scandale, et ça Vermine l’avait bien enterré. Trois coups de pelle après les avoir suffisamment défigurer pour qu’on ne les reconnaisse plus, trois coups de plus pour les mettre six pieds sous terre et on en entendrait plus jamais parler, par contre le Razkaal voulait démanteler cette merde et coffrer les fumiers pour éviter que ça se répète, et c’est là que les emmerdes avaient commencé, mais c’est aussi là qu’une aubaine était tombée dans la bouche morte de Vermine comme du pain béni.
La Limier avait pu remonter la trace d’un réseau appelé les Bourgeons de Rose, ça correspondait pas vraiment à quoi que ce soit dans la caboche de Vermine en coloc avec seize fois elle-même mais ça avait eu le mérite de la mener à d’autres indices en lui faisant ‘interroger’ des mecs louches et interroger des mecs plus sympa, les victimes étaient passées au Reike sous prétexte de contrat d’apprentissage -ce qui n’avait pas manqué récemment avec a reconstruction de Liberty-, d’échanges scolaires qui devenaient des mutations d’établissement -combine classique des étudiants pour venir habiter la République-, ou de rejoindre un fameux oncle ou tante républicain -qui n’existe souvent pas- pour venir étudier chez lui. Là le réseau des Bourgeons de Roses ou plus exactement leurs passeurs avaient craché un morceau à la Limier en lui avouant qu’un arrivage spécial devait bientôt être réceptionné en ville, donc la liche avait tôt fait de se radiner à la capitale même. En général ils évitent les universités trop prestigieuses parce que ça attire trop le regard, c’est pour ça qu’en passant dans un des Commissariats de Liberty, Vermine n’avait pas immédiatement prêté attention à la conversation entre deux Officiers à une table. MAGIC et Drakstrang c’est pas vraiment des terrains de chasses très permis pour la pègre, mais c’est vrai qu’avec les évènements du Voile Rouge l’année dernière au campus de Kyouji et la disparition de la Dame à MAGIC, ça laisse une certaine marge de manoeuvre. N’est-ce pas?
Alors en entendant qu’une étudiante reikoise en transit à Liberty s’était suicidée dans les chiottes d’une auberge, Vermine s’y était reprise à deux fois avant de s’intéresser un peu plus à la déposition, et puis les pièces de puzzle avaient commencé à tomber en place. Une auberge, avec des chambres et tout le bordel, idéal pour un peu d’intimité s’il faut, et comme par hasard il se trouve que la serveuse de cette auberge est une ex-reikoise, expat’ d’avant même la guerre civile… bizarre.
”Bizarre. Bizarre n’est-ce pas? Vraiment étrange ce qu’il se passe.”
Et comme par hasard, cette même reikoise s’est amourachée d’un des Prévôts du Razkaal, ça en ferait tient, une bonne source d’information pour à tout hasard, échapper à une enquête. Ce qui est vraiment une pure coïncidence c’est que ce traffic remonte vraisemblablement à une dizaine d’année aussi, qu’il provienne du Reike, qu’il touche des étudiants et que… de ce que Vermine sait, la pétasse du patron elle a aussi fait Drakstrang. Ce serait bizarre que d’un seul coup un réseau qui a fait son truc dans son coin sans jamais se faire cramer commette soudainement une erreur aussi grosse que laisser traîner trois cadavres dans une grange, comme si d’un seul coup le réseau avait plus autant les coudées franches qu’avant. Comme si un Prévôt s’intéressait peut-être subitement à une de leur membres.
”Va-nay. Va-nay. Va-nay. Va-nay. Va-nay. Va-nay.”
Vermine se fiche un peu qu’on se foute de sa gueule, elle rira bien en retour quand ses détracteurs mortels retourneront à la poussière d’ici trente quarante ans, mais ce qu’elle n’aime pas c’est déjà qu’on la prenne pour une conne, de un, et de deux qu’on pense pouvoir berner les Limiers aussi facilement qu’avec une paire de nibards et un joli fessier. Trop en confiance Vanay, trop moqueuse, trop Madame Toute Permise juste parce qu’elle fait des calins au chibre du Prévôt avec sa glotte…
”Oh la menteuse, et elle est pas amoureuse, la menteuse! Menteuse! Menteuse! Menteuse! Menteuse! Menteuse!”
Une étudiante qui se flingue comme ça, une reikoise qui fait faux-cul, des flèches qui pointent vers MAGIC et Drakstrang, trois cadavres dans une grange et un réseau qui panique sans raison, un patron qui voit pas plus loin que le bout de son c…coeur. Si Vermine en parle à Kieran elle est sûre que sa tête serve de presse-papier sur son bureau pour le restant de son année de Prévôt, mais là ça fait beaucoup de coïncidences, et si elle sait que le Prévôt Ryven n’osera jamais enquêter là dessus alors c’est elle qui le fera.
À commencer par aller “interroger” la vache rousse.
- OBJECTIFS & PRÉCISIONS:
- Objectifs Vanay:
Fuir: 0/1
Préparer des affaires: 0/1
Enquêter sur la gosse: 0%
OU
Confronter Vermine: 0/1
Objectifs Vermine:
Coffrer Vanay: 0/1
Enquêter sur les Bourgeons de Rose: 0%
Précisions:
— Il n’y a pas de date limite pour ce tour.
Citoyen de La République
Vanay Vyldrithe
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
Pourquoi est-ce dans ce genre de moment que je m’aperçois à quel point l’odeur du vinaigre peut être désagréable ? À quel point cela me pique le nez et m’irrite la gorge ? Dans le plus grand des hasards sarcastiques, je dirais que c’est sûrement parce que je suis à quatre pattes en train de m’acharner à essayer de faire disparaître cette foutue tache de sang séché.
Je frotte, je frotte, je frotte et je frotte si fort que je serais presque capable d’arracher les clous avec les poils de cette brosse… Ou bien de décaper le bois avec la monture de ladite brosse tellement j’appuie fort.
Je frotte, frotte et frotte encore, alors que je visualise toujours la scène de cette gamine, les poignets tranchés comme s’il s’agissait d’un blanc de poulet qu’on avait découpé pour vérifier la cuisson.
Je n’ai pas lâché un seul mot depuis que je suis debout… Pas plus que je n’ai réussi à dormir ni même à avaler quoi que ce soit. J’ai la mâchoire qui me fait mal tellement elle est serrée, et je suis même en train de me poser sérieusement la question de savoir si je vais réussir à l’ouvrir à nouveau.
Certains diront sûrement que j’en fais des caisses pour une gamine que je ne connais pas. Mais je suis tellement en colère de ne pas avoir su réagir, de ne pas être intervenue plus tôt, de ne pas avoir ouvert ma gueule. D’être restée aussi passive que ses… camarades ? Amis ? Faux-culs ? Merdeux ?
Leurs mères à chacun auraient eu meilleur temps de les avaler plutôt que de laisser ces raclures de fond de chiotte naître.
Je frotte, frotte encore et toujours et, même si je suis en colère contre ces gamins, la réalité est que je suis terriblement, affreusement et horriblement en colère contre moi-même.
Elle était différente… Et pourtant c’était moi. On ne se ressemblait pas… Mais c’était moi… Moi il y a plus de dix ans. Moi, dans sa posture, dans son regard… Dans ce ruban… Moi à appeler à l’aide intérieurement mais à essayer de me faire plus petite que la plus petite des souris. Moi à essayer de disparaître de la vue de tous mais surtout de sa vue à lui.
Ô que oui, j’ai de la rage, de la rage envers moi et cette peur qui m’a fait agir en lâche.
Je frotte et frotte de moins en moins, et mes lèvres pincées et crispées depuis le début le sont un peu plus. Au fond de moi, j’espère encore que ce soit juste une coïncidence, qu’on me dise que je me fais des idées… Mais, même en tournant cette histoire dans tous les sens, je ne vois rien d’autre.
C’est comme s’il m’avait envoyé un message pour me signaler sa présence… Comme s’il était en train de me demander si je me souvenais encore de lui… Comme s’il était là à me dire que c’est comme « au bon vieux temps »…
Pourtant, avec tout ce qu’il s’est produit au Reike depuis que je suis partie, j’étais persuadée, ou plutôt, j’avais espéré que le désert l’ait englouti bien profondément sous des tonnes de sable. Mais bien sûr que non ! Non, il est là ! ENCORE ! PAR MA FAUTE ! PARCE QUE J’AI FUI COMME UNE LÂCHE. QUE JE N’AI RIEN DIT, RIEN FAIT !
Pire encore…
J’ai laissé faire…
Je l’ai laissé continuer alors que, de mon côté… Je réapprenais à vivre normalement… à vivre avec ma nouvelle liberté.
Cette gamine, c’était moi il y a plus de dix années en arrière… C’était qu’une enfant… Que j’ai laissé crever… alors que je vivais ma plus belle vie… Ici… à Liberty.
Ma main se lève d’un coup sec, prête à jeter cette fichue brosse de rage, mais s’arrête net quand Nob fait irruption dans l’auberge. Je ne sais pas si je devrais le remercier de nous prévenir ou le frapper pour avoir confirmé que cette affaire est bel et bien liée à moi… et à mon foutu passé.
Et si les Limiers sont dans le coup, c’est que cette histoire est encore plus grosse que ce que j’avais imaginé. Mais il est hors de question qu’on m’associe, de près ou de loin, à ce… à cet espèce de salopard.
Sans perdre plus de temps et sans même prendre le temps de répondre à Nob, ni même à Molly qui me demande ce que je compte bien faire, j’abandonne la brosse et le seau. D’un pas rapide, je monte au deuxième étage de l’auberge, là où se trouvent toutes les chambres, y compris la mienne. Mon objectif est simple : ne prendre que le strict nécessaire et partir. Où ? Je n’en ai pas la moindre idée… Tout me pousse à fuir une nouvelle fois. À partir beaucoup plus loin et me faire oublier… Encore. À cette pensée, je revois cette pauvre enfant, les poignets taillés et le sang couler comme s’il s’agissait d’un ruisseau… C’était la seule solution qu’elle avait trouvée… La honte qui l’avait accablée, la peur, la colère… la détresse même l’y avait poussée…
Et… C’est ma faute…
Pendant une fraction de seconde, j’hésite à tout simplement me rendre aux Limiers. Après tout, ce serait mérité… Si j’avais dit ce qu’il se passait… Si j’avais osé dire ce que je subissais au lieu de fuir et de vivre en faisant comme si tout ceci n’avait jamais eu lieu… Cette enfant serait encore en vie…
Celle-ci… Et combien d’autres… ?
Une autre grimace de colère vient prendre sa place sur mon visage alors que je pénètre dans ma chambre. Je fais les cent pas alors que deux idées luttent l’une contre l’autre dans mon esprit. Si je fuis, je laisse d’autres gamines subir le même sort en étant pleinement consciente de les abandonner pendant que je vis ma plus belle vie ailleurs. Et si je reste, les Limiers ne me laisseront même pas le temps de parler que je serai déjà mise entre quatre planches en bois…
- Fait chier !
Je ne peux ni fuir, ni rester… Je n’ai plus d’autre choix que de mettre le nez dans ce merdier une bonne fois pour toutes… Et à cette simple idée, j’ai une sueur froide qui me traverse toute la colonne vertébrale pendant que mon estomac se tord. Ça ne va pas être une partie de plaisir…
Ouvrant mon armoire, j’ai attrapé le sac à dos et trois tenues de rechange que j’ai fourrées dedans, en plus de ma dague et du couteau, sans oublier… cette… boîte, petit reste de souvenir d’un passé… Et je l’avais gardée… Comme un rappel…
Je suis restée plantée devant quelques secondes, et ce sont les pas lourds et pressés dans les escaliers qui m’ont rappelée à l’ordre. Ils sont arrivés, et j’ai tout intérêt à me magner le cul si je veux pas finir six pieds sous terre. J’attrape donc cette boîte, mon sac et je file par la fenêtre, me rendant invisible une fois que mes pieds ont touché le sol.
C’est au pas de course que je me dirige dans les rues en direction de Magic… Et où j’espère pouvoir trouver des réponses. Me faufilant dans la foule, je change deux, trois fois de forme entre deux ruelles pour me fondre un maximum et finir par prendre l’apparence d’une jeune elfe d’à peu près l’âge de la gamine morte à l’auberge. Les yeux bleus, les joues roses et les cheveux blonds… J’espère à la fois attirer l’attention tout en passant inaperçue aux yeux des Limiers.
Je finis par m’intégrer dans un groupe d’étudiants et, tout sourire, une simple question.
- Hey ! Salut ! Vous auriez pas vu mon amie ? Une grande petite Drakyn ! Cheveux roux, écailles orange ! On était censées se retrouver, mais pas moyen de la voir ! Vous sauriez pas où je peux la trouver ?
En priant avoir des réponses…
Je frotte, je frotte, je frotte et je frotte si fort que je serais presque capable d’arracher les clous avec les poils de cette brosse… Ou bien de décaper le bois avec la monture de ladite brosse tellement j’appuie fort.
Je frotte, frotte et frotte encore, alors que je visualise toujours la scène de cette gamine, les poignets tranchés comme s’il s’agissait d’un blanc de poulet qu’on avait découpé pour vérifier la cuisson.
Je n’ai pas lâché un seul mot depuis que je suis debout… Pas plus que je n’ai réussi à dormir ni même à avaler quoi que ce soit. J’ai la mâchoire qui me fait mal tellement elle est serrée, et je suis même en train de me poser sérieusement la question de savoir si je vais réussir à l’ouvrir à nouveau.
Certains diront sûrement que j’en fais des caisses pour une gamine que je ne connais pas. Mais je suis tellement en colère de ne pas avoir su réagir, de ne pas être intervenue plus tôt, de ne pas avoir ouvert ma gueule. D’être restée aussi passive que ses… camarades ? Amis ? Faux-culs ? Merdeux ?
Leurs mères à chacun auraient eu meilleur temps de les avaler plutôt que de laisser ces raclures de fond de chiotte naître.
Je frotte, frotte encore et toujours et, même si je suis en colère contre ces gamins, la réalité est que je suis terriblement, affreusement et horriblement en colère contre moi-même.
Elle était différente… Et pourtant c’était moi. On ne se ressemblait pas… Mais c’était moi… Moi il y a plus de dix ans. Moi, dans sa posture, dans son regard… Dans ce ruban… Moi à appeler à l’aide intérieurement mais à essayer de me faire plus petite que la plus petite des souris. Moi à essayer de disparaître de la vue de tous mais surtout de sa vue à lui.
Ô que oui, j’ai de la rage, de la rage envers moi et cette peur qui m’a fait agir en lâche.
Je frotte et frotte de moins en moins, et mes lèvres pincées et crispées depuis le début le sont un peu plus. Au fond de moi, j’espère encore que ce soit juste une coïncidence, qu’on me dise que je me fais des idées… Mais, même en tournant cette histoire dans tous les sens, je ne vois rien d’autre.
C’est comme s’il m’avait envoyé un message pour me signaler sa présence… Comme s’il était en train de me demander si je me souvenais encore de lui… Comme s’il était là à me dire que c’est comme « au bon vieux temps »…
Pourtant, avec tout ce qu’il s’est produit au Reike depuis que je suis partie, j’étais persuadée, ou plutôt, j’avais espéré que le désert l’ait englouti bien profondément sous des tonnes de sable. Mais bien sûr que non ! Non, il est là ! ENCORE ! PAR MA FAUTE ! PARCE QUE J’AI FUI COMME UNE LÂCHE. QUE JE N’AI RIEN DIT, RIEN FAIT !
Pire encore…
J’ai laissé faire…
Je l’ai laissé continuer alors que, de mon côté… Je réapprenais à vivre normalement… à vivre avec ma nouvelle liberté.
Cette gamine, c’était moi il y a plus de dix années en arrière… C’était qu’une enfant… Que j’ai laissé crever… alors que je vivais ma plus belle vie… Ici… à Liberty.
Ma main se lève d’un coup sec, prête à jeter cette fichue brosse de rage, mais s’arrête net quand Nob fait irruption dans l’auberge. Je ne sais pas si je devrais le remercier de nous prévenir ou le frapper pour avoir confirmé que cette affaire est bel et bien liée à moi… et à mon foutu passé.
Et si les Limiers sont dans le coup, c’est que cette histoire est encore plus grosse que ce que j’avais imaginé. Mais il est hors de question qu’on m’associe, de près ou de loin, à ce… à cet espèce de salopard.
Sans perdre plus de temps et sans même prendre le temps de répondre à Nob, ni même à Molly qui me demande ce que je compte bien faire, j’abandonne la brosse et le seau. D’un pas rapide, je monte au deuxième étage de l’auberge, là où se trouvent toutes les chambres, y compris la mienne. Mon objectif est simple : ne prendre que le strict nécessaire et partir. Où ? Je n’en ai pas la moindre idée… Tout me pousse à fuir une nouvelle fois. À partir beaucoup plus loin et me faire oublier… Encore. À cette pensée, je revois cette pauvre enfant, les poignets taillés et le sang couler comme s’il s’agissait d’un ruisseau… C’était la seule solution qu’elle avait trouvée… La honte qui l’avait accablée, la peur, la colère… la détresse même l’y avait poussée…
Et… C’est ma faute…
Pendant une fraction de seconde, j’hésite à tout simplement me rendre aux Limiers. Après tout, ce serait mérité… Si j’avais dit ce qu’il se passait… Si j’avais osé dire ce que je subissais au lieu de fuir et de vivre en faisant comme si tout ceci n’avait jamais eu lieu… Cette enfant serait encore en vie…
Celle-ci… Et combien d’autres… ?
Une autre grimace de colère vient prendre sa place sur mon visage alors que je pénètre dans ma chambre. Je fais les cent pas alors que deux idées luttent l’une contre l’autre dans mon esprit. Si je fuis, je laisse d’autres gamines subir le même sort en étant pleinement consciente de les abandonner pendant que je vis ma plus belle vie ailleurs. Et si je reste, les Limiers ne me laisseront même pas le temps de parler que je serai déjà mise entre quatre planches en bois…
- Fait chier !
Je ne peux ni fuir, ni rester… Je n’ai plus d’autre choix que de mettre le nez dans ce merdier une bonne fois pour toutes… Et à cette simple idée, j’ai une sueur froide qui me traverse toute la colonne vertébrale pendant que mon estomac se tord. Ça ne va pas être une partie de plaisir…
Ouvrant mon armoire, j’ai attrapé le sac à dos et trois tenues de rechange que j’ai fourrées dedans, en plus de ma dague et du couteau, sans oublier… cette… boîte, petit reste de souvenir d’un passé… Et je l’avais gardée… Comme un rappel…
Je suis restée plantée devant quelques secondes, et ce sont les pas lourds et pressés dans les escaliers qui m’ont rappelée à l’ordre. Ils sont arrivés, et j’ai tout intérêt à me magner le cul si je veux pas finir six pieds sous terre. J’attrape donc cette boîte, mon sac et je file par la fenêtre, me rendant invisible une fois que mes pieds ont touché le sol.
C’est au pas de course que je me dirige dans les rues en direction de Magic… Et où j’espère pouvoir trouver des réponses. Me faufilant dans la foule, je change deux, trois fois de forme entre deux ruelles pour me fondre un maximum et finir par prendre l’apparence d’une jeune elfe d’à peu près l’âge de la gamine morte à l’auberge. Les yeux bleus, les joues roses et les cheveux blonds… J’espère à la fois attirer l’attention tout en passant inaperçue aux yeux des Limiers.
Je finis par m’intégrer dans un groupe d’étudiants et, tout sourire, une simple question.
- Hey ! Salut ! Vous auriez pas vu mon amie ? Une grande petite Drakyn ! Cheveux roux, écailles orange ! On était censées se retrouver, mais pas moyen de la voir ! Vous sauriez pas où je peux la trouver ?
En priant avoir des réponses…
Fight so dirty, but you love so sweet
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Citoyen de La République
Vermine
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L’amour c’est le poison de l’âme et plus le poison est doux, plus il est coriace. Je peux pas empêcher mes doigts de griffer le bois du bureau qu’on m’a assigné chez les Officiers Républicains. Un truc miteux, dans un recoin tout aussi miteux. Ces petites fiottes ont peur, ils ont beau être l’autorité du pays, ils chient dans leurs frocs à la vue d’une liche. Ceux qui ont pas peur, qui m’évite pas, me regardent mal, à croire que je leur ai volé leurs goûters. Je l’aurais peut-être fait si ça avait pu remplir mon estomac mais c’est pas le cas et si en temps normal ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, aujourd’hui ça m'irrite particulièrement. Faut dire, en plus de m’être levé du pied gauche, j’ai enfin emboîté les premières pièces du puzzle et ce que j’y vois me plait pas. Je continue de fixer l’air mauvais les montagnes de papier qui jonchent mon bureau de fortune, des fois qu’ils leur prendrait de s’enflammer, le bâtiment avec. Mais rien ne vient et à force de la regarder j’ai l’impression que l’encre effectue une sarabande sous mon nez. Mon doigt gratte plus fort, l’autre main se met à jouer du piano sur ma hanche alors que je sens sourder la colère.
“Salope, salope, salope. Trahis. Trahis. Trahis ! Vermine !”
Les voix mugissent dans mon esprit comme un ouragan dont le rythme régulier pourrait presque faire penser à un tambour de guerre. Mon doigt s’agite sur le bois, entame la peau, commence à attaquer l’ongle. C’est pour l’heure la seule chose qui me retient de me téléporter d’un claquement de doigt au beau milieu du Mouton Frisé. Je retourne la situation dans un sens puis dans l’autre pour essayer de trouver une autre explication. Une ou Kieran et moi on s’est pas fait baiser. Enfin, surtout lui. Moi, à la limite je suis un dommage collatéral et les déceptions ça me connait. Mon seul regret c’est de pas avoir écouté les connards qui disent de voir au-delà des apparences. Elle avait l’air con, mais si ce que j’ai sous les yeux est vrai, c’est moi la conne et ça, ça me plait pas putain de merde. Mon ongle finit par se retourner au moment où je me lève de ma chaise, je l’arrache d’un geste aussi net que rageux.
- Sale pute.
Je prend même pas le temps d’attraper mes cuirs, je repasserais au besoin. J’attrape mes armes que je noue rapidement autour de mes jambes, de mes hanches, de ma poitrine, mes gants et mon masque que mes ombres viennent déposer délicatement sur mon visage avant de l’y maintenir fermement collé. Braves filles. Je fourre deux trois papelards dans la besace dont la hanse ceigne ma poitrine, balance mon ongle dans un tasse de café fumant du voisin et file vers la rue. Dehors le temps me semble aussi maussade que mon humeur, alors que je dissimule mes traits sous la capuche de ma cape. Les grandes villes ont ça de bon, personne ne fait attention à personne. Une silhouette maigrelette pour une autre, ça n’attire guère plus l’attention que les trois pigeons qui se disputent les restes des poubelles. Seul mon masque me trahis, mais recouvert par l’obscurité, on n’en discerne pas les contours.
L’ironie veut que le Mouton Frisé soit à deux pas de l’endroit où je me trouve. J’aurais pu m’y téléporter, épingler cette lustreuse de sabre et la ramener au bercail. L’idée me semble douce, tellement douce. Kieran fera sûrement la gueule, peut-être même qu’il aura envie d’utiliser mon crâne en cale porte mais si je me trompe pas, la bavure vient de lui. Ça fait cher la pipe, j’espère au moins qu’elle valait le coup parce que sinon c’est tout à regret. Pauvre petit. Pas faute de lui avoir dit, comme on me l’a dit à moi y a tant d’années. J’ai pas plus écouté cela dit, et voilà où ça m’a mené. Mais si moi j’ai pas pu me venger, son cas à lui est pas désespéré. Mais je suis presque sûre que ce gros balourd serait trop émotif pour faire ce qu’il faut, imbécile sentimental.
La taverne tarde pas à montrer le bout de son nez et avec lui, la populace trop agitée qui le constitue. Les gens aiment pas la mort mais elle les fascines et les attire comme des mouches à merde. Je me tiens un moment sur le pas de la porte.
“Tue là. Epingle ses tripailles sur la devanture de la Taverne. Elle l’a bien cherché. Elle mérite. Vermine, cède, cède, cède.”
Les voix me caressent, elles sont douces et enivrantes, elles cherchent à obtenir gain de cause. Pestes. Quoi que leurs idées ont quelque chose d’artistique, ça me plait. Dommage que ce soit pas à l’ordre du jour, j’ai besoin de la bécasse en vie.
La porte s’ouvre sur trois pauvres hères semblables à des lapins prit au piège. Un sourire fleurit sur mes lèvres, qu’ils ne peuvent malheureusement pas voir.
- Bonjour, je leur susurre en entrant lentement, la porte se refermant dans mon dos en silence. - Je cherche Vanay. Vanay Vildrythe.
Le premier hoquète, le second lui colle un coup de coude et le troisième leur lance un regard mauvais. Sacré équipe de bras cassés. J’en attendait pas moins de l’entourage de miséreux d’une catin pareille.
- Elle est ici, n’est-ce pas ? Ils se figent tous en même temps : oui.
J’avance d’un pas, puis d’un second pour gagner l’entrée des toilettes ; sang, brosse et savon s'y traînent encore. Humide. Un rire, rendu rauque par la présence du masque, trahis ma découverte. C’est sans doute ça qui fait réagir l’un des présents. Qui se campe, aussi vaillamment que possible dans mon sillage.
- Vany n’a rien fait ! Jamais, elle n’a rien avoir avec ça.
- Ah oui, petite chose ? Je lui lance un regard par dessus mon épaule. - Tu as l’air bien formé, dis moi. Tu es un de ses… amis ?
“Ami, amant, catin, salope, trahis. TRAHIS.”
- Je euh… Ouais, en quelque sorte.
- “En quelque sorte”, quel étrange choix de mot. Alors dis moi, dis moi ce que tu sais. Aide là donc, voyons le genre d’ami que tu es, Ami.
Cette fois, je pivote pour lui faire face, la flaque de sang ne m’apprendra rien. Les trois imbéciles, peut-être.
- Euh, bah euh… Vany à servit la table de la petite mais…
- Mais ?
- Mais elle avait l’air de… D’être innocente, d’avoir rien a voir avec ça.
- Avoir l’air de, c’est pas suffisant. Tic tac, tic tac, tu la laisses s’enfoncer. Un sale ami que voilà, un très sale ami. Chaque mot et un pas dans la direction de ma pauvre victime.
- Ça fait dix ans que Vany est ici ! S’étrangle la pauvre créature, presque en couinant. - Elle n'a jamais rien fait ! Elle a toujours été droite dans ses bottes !
- Ah oui ? Mon visage est à un pouce du sien, à tel point que je suis presque certaine qu’il peut sentir la froideur naturelle qui émane de mon corps. Je le domine par la taille et c’est tellement jouissif que j’appuie plus encore ma présence dans son espace. Encore un peu et il pissera dans son froc, petite merde. - Alors, si elle est innocente, pourquoi elle est pas là ? Pur bluff. Mais ça se tente et le pire, ça marche. Le bonhomme bégaye, couine, renifle, soupire et finit par murmurer :
- E-el--elle a su que vous arriviez.
Je me redresse lentement.
- Une belle brochette de crétins. Un soupir puis j’exige : - Sa chambre.
Ils hésitent, peut-être de peur qu’elle n’ait pas eut le temps de prendre la poudre d’escampette puis l’un d’eux, à contrecœur, me pointe un escalier du doigt.
- Vous faites de bien piètre amis.
Et sans demander mon reste je m’engage dans les escaliers, monte les marches quatre par quatre avant de me ruer sur la porte quand j’entends le bruit lourd de ses pas sur le sol. Au moment ou j’entre, je vois sa tignasse rouge filer par la fenêtre. Quand je m’y penche, elle a déjà disparu.
- Oh Vanay, Vanay, Vanay, quand je te mettrais la main dessus.
“Désosser, dépecer, couper, broyer, à la maison. Va-nay, Va-nay, Va-nay.”
Je lutte contre mon instinct qui me hurle de la prendre en chasse, malgré l’envie j’ai conscience que ce serait du temps perdu. A la place je m’affaire à retourner la chambre, jusqu’à sa dernière culotte. Je suis presque déçue de pas tomber sur le caleçon de Ryven, quoi que c’est peut-être ce que j’ai pris pour une housse de couette. En tout cas, tout laisse à penser qu’elle avait pas prévu son départ. En même temps, elle devait pas s’attendre à ce qu’une gosse vienne claquer dans ses chiottes quand bien même elle l’aurait aidé à crever. Sinon j’ose espérer qu’elle aurait essayé de maquiller le bordel. La seule chose notable et intrigante, c’est la trace nette sur le bois usé d’un objet qu’on a laissé posé là pendant un paquet de temps. Des preuves ? Peut-être bien.
Je me tiens devant la fenêtre, les yeux sur la foule tout en sachant pertinemment que je la verrais pas apparaître soudainement. Au loin, j'aperçois les contours de MAGIC.
“Magic, là-bas. Va-nay.”
Un nouveau sourire puis à mon tour je me faufile par la fenêtre, grimpe à une gouttière et commence ma course folle sur les toits, direction l’université.
“Salope, salope, salope. Trahis. Trahis. Trahis ! Vermine !”
Les voix mugissent dans mon esprit comme un ouragan dont le rythme régulier pourrait presque faire penser à un tambour de guerre. Mon doigt s’agite sur le bois, entame la peau, commence à attaquer l’ongle. C’est pour l’heure la seule chose qui me retient de me téléporter d’un claquement de doigt au beau milieu du Mouton Frisé. Je retourne la situation dans un sens puis dans l’autre pour essayer de trouver une autre explication. Une ou Kieran et moi on s’est pas fait baiser. Enfin, surtout lui. Moi, à la limite je suis un dommage collatéral et les déceptions ça me connait. Mon seul regret c’est de pas avoir écouté les connards qui disent de voir au-delà des apparences. Elle avait l’air con, mais si ce que j’ai sous les yeux est vrai, c’est moi la conne et ça, ça me plait pas putain de merde. Mon ongle finit par se retourner au moment où je me lève de ma chaise, je l’arrache d’un geste aussi net que rageux.
- Sale pute.
Je prend même pas le temps d’attraper mes cuirs, je repasserais au besoin. J’attrape mes armes que je noue rapidement autour de mes jambes, de mes hanches, de ma poitrine, mes gants et mon masque que mes ombres viennent déposer délicatement sur mon visage avant de l’y maintenir fermement collé. Braves filles. Je fourre deux trois papelards dans la besace dont la hanse ceigne ma poitrine, balance mon ongle dans un tasse de café fumant du voisin et file vers la rue. Dehors le temps me semble aussi maussade que mon humeur, alors que je dissimule mes traits sous la capuche de ma cape. Les grandes villes ont ça de bon, personne ne fait attention à personne. Une silhouette maigrelette pour une autre, ça n’attire guère plus l’attention que les trois pigeons qui se disputent les restes des poubelles. Seul mon masque me trahis, mais recouvert par l’obscurité, on n’en discerne pas les contours.
L’ironie veut que le Mouton Frisé soit à deux pas de l’endroit où je me trouve. J’aurais pu m’y téléporter, épingler cette lustreuse de sabre et la ramener au bercail. L’idée me semble douce, tellement douce. Kieran fera sûrement la gueule, peut-être même qu’il aura envie d’utiliser mon crâne en cale porte mais si je me trompe pas, la bavure vient de lui. Ça fait cher la pipe, j’espère au moins qu’elle valait le coup parce que sinon c’est tout à regret. Pauvre petit. Pas faute de lui avoir dit, comme on me l’a dit à moi y a tant d’années. J’ai pas plus écouté cela dit, et voilà où ça m’a mené. Mais si moi j’ai pas pu me venger, son cas à lui est pas désespéré. Mais je suis presque sûre que ce gros balourd serait trop émotif pour faire ce qu’il faut, imbécile sentimental.
La taverne tarde pas à montrer le bout de son nez et avec lui, la populace trop agitée qui le constitue. Les gens aiment pas la mort mais elle les fascines et les attire comme des mouches à merde. Je me tiens un moment sur le pas de la porte.
“Tue là. Epingle ses tripailles sur la devanture de la Taverne. Elle l’a bien cherché. Elle mérite. Vermine, cède, cède, cède.”
Les voix me caressent, elles sont douces et enivrantes, elles cherchent à obtenir gain de cause. Pestes. Quoi que leurs idées ont quelque chose d’artistique, ça me plait. Dommage que ce soit pas à l’ordre du jour, j’ai besoin de la bécasse en vie.
La porte s’ouvre sur trois pauvres hères semblables à des lapins prit au piège. Un sourire fleurit sur mes lèvres, qu’ils ne peuvent malheureusement pas voir.
- Bonjour, je leur susurre en entrant lentement, la porte se refermant dans mon dos en silence. - Je cherche Vanay. Vanay Vildrythe.
Le premier hoquète, le second lui colle un coup de coude et le troisième leur lance un regard mauvais. Sacré équipe de bras cassés. J’en attendait pas moins de l’entourage de miséreux d’une catin pareille.
- Elle est ici, n’est-ce pas ? Ils se figent tous en même temps : oui.
J’avance d’un pas, puis d’un second pour gagner l’entrée des toilettes ; sang, brosse et savon s'y traînent encore. Humide. Un rire, rendu rauque par la présence du masque, trahis ma découverte. C’est sans doute ça qui fait réagir l’un des présents. Qui se campe, aussi vaillamment que possible dans mon sillage.
- Vany n’a rien fait ! Jamais, elle n’a rien avoir avec ça.
- Ah oui, petite chose ? Je lui lance un regard par dessus mon épaule. - Tu as l’air bien formé, dis moi. Tu es un de ses… amis ?
“Ami, amant, catin, salope, trahis. TRAHIS.”
- Je euh… Ouais, en quelque sorte.
- “En quelque sorte”, quel étrange choix de mot. Alors dis moi, dis moi ce que tu sais. Aide là donc, voyons le genre d’ami que tu es, Ami.
Cette fois, je pivote pour lui faire face, la flaque de sang ne m’apprendra rien. Les trois imbéciles, peut-être.
- Euh, bah euh… Vany à servit la table de la petite mais…
- Mais ?
- Mais elle avait l’air de… D’être innocente, d’avoir rien a voir avec ça.
- Avoir l’air de, c’est pas suffisant. Tic tac, tic tac, tu la laisses s’enfoncer. Un sale ami que voilà, un très sale ami. Chaque mot et un pas dans la direction de ma pauvre victime.
- Ça fait dix ans que Vany est ici ! S’étrangle la pauvre créature, presque en couinant. - Elle n'a jamais rien fait ! Elle a toujours été droite dans ses bottes !
- Ah oui ? Mon visage est à un pouce du sien, à tel point que je suis presque certaine qu’il peut sentir la froideur naturelle qui émane de mon corps. Je le domine par la taille et c’est tellement jouissif que j’appuie plus encore ma présence dans son espace. Encore un peu et il pissera dans son froc, petite merde. - Alors, si elle est innocente, pourquoi elle est pas là ? Pur bluff. Mais ça se tente et le pire, ça marche. Le bonhomme bégaye, couine, renifle, soupire et finit par murmurer :
- E-el--elle a su que vous arriviez.
Je me redresse lentement.
- Une belle brochette de crétins. Un soupir puis j’exige : - Sa chambre.
Ils hésitent, peut-être de peur qu’elle n’ait pas eut le temps de prendre la poudre d’escampette puis l’un d’eux, à contrecœur, me pointe un escalier du doigt.
- Vous faites de bien piètre amis.
Et sans demander mon reste je m’engage dans les escaliers, monte les marches quatre par quatre avant de me ruer sur la porte quand j’entends le bruit lourd de ses pas sur le sol. Au moment ou j’entre, je vois sa tignasse rouge filer par la fenêtre. Quand je m’y penche, elle a déjà disparu.
- Oh Vanay, Vanay, Vanay, quand je te mettrais la main dessus.
“Désosser, dépecer, couper, broyer, à la maison. Va-nay, Va-nay, Va-nay.”
Je lutte contre mon instinct qui me hurle de la prendre en chasse, malgré l’envie j’ai conscience que ce serait du temps perdu. A la place je m’affaire à retourner la chambre, jusqu’à sa dernière culotte. Je suis presque déçue de pas tomber sur le caleçon de Ryven, quoi que c’est peut-être ce que j’ai pris pour une housse de couette. En tout cas, tout laisse à penser qu’elle avait pas prévu son départ. En même temps, elle devait pas s’attendre à ce qu’une gosse vienne claquer dans ses chiottes quand bien même elle l’aurait aidé à crever. Sinon j’ose espérer qu’elle aurait essayé de maquiller le bordel. La seule chose notable et intrigante, c’est la trace nette sur le bois usé d’un objet qu’on a laissé posé là pendant un paquet de temps. Des preuves ? Peut-être bien.
Je me tiens devant la fenêtre, les yeux sur la foule tout en sachant pertinemment que je la verrais pas apparaître soudainement. Au loin, j'aperçois les contours de MAGIC.
“Magic, là-bas. Va-nay.”
Un nouveau sourire puis à mon tour je me faufile par la fenêtre, grimpe à une gouttière et commence ma course folle sur les toits, direction l’université.
Président de La République
Falconi Genova
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TOUR 2
- Dossier #1: Les filles de la grange
- Nom: Maela Ver’taïlRace: ElfeÂge: 15 ansYeux: BleusCheveux: BlancsTaille: 1m70~Métier: N/AAdresse: Domaine agricole de Valbirth-----------------------------------------------------------------------------------Nom: Rizka SladarisRace: ElfeÂge: 14 ansYeux: BrunsCheveux: BrunsTaille: 1m75~Métier: N/AAdresse: Domaine agricole de Valbirth-----------------------------------------------------------------------------------Nom: Charlotte GuilenalRace: HumaineÂge:
1817 ansYeux: VertsCheveux: RouxTaille: 1m63Métier: N/AAdresse: Domaine agricole de Valbirth
Marque d’asphyxie sur les corps de Ver’taïl et de Guilenal, lésions externes bénignes du derme, lésions internes graves des muscles sterno-cléido-mastoïdiens, dépigmentation des lèvres, traces de sang sous les ongles. La première analyse sommaire conduite sur le terrain n’a pas permi d’effectuer de prélèvement génitaux.
Sur le corps de Sladaris, traumatisme important de la région sphénoïdale droite du crâne avec fracas osseux complexe et perte importante de substance cérébrale, mydriase bilatérale, hématome périorbitaire bilatéral. Blessure à l’arme blanche dans le quatrième cadran abdominal, en l’absence d’ouverture de la région abdominale il est difficile d’estimer les dégâts aux organes et l’angle de pénétration de l’arme. Résidus séminaux sur le pubis et la région abdominale, lésions importantes des muqueuses vaginales, l’ouverture de la région utérine a révélé un effondrement périnéen, un traumatisme du fornix vaginal et une rupture du ligament utérosacré. Traces de sang sous les ongles.
Les trois victimes ont été retrouvées mortes dans une des granges du Domaine agricole de Valbirth, l’heure de leur décès est estimé à environ cinquante heures de la découverte des corps. Ils ont été signalés aux OR par Margareth Diono qui travaille à l’exploitation et une interrogation rapide des ouvriers a permi d’épingler le triple meurtre à Edward Asculen.
Les trois gamines que la Limier avait donc enterré il y a quelques semaines, elles sont le point de départ de toute cette affaire et l’une d’entre elle est la raison pour laquelle c’est le Razkaal qui a été transféré sur l’enquête. Rizka Sladaris était la morveuse d’un des Seigneurs d’une petite ville du Reike, un patelin paumé sans trop d’importance mais si l’Empire apprenait que la fille d’un petit noble local s’était faite massacrée dans la nation bleue dans des circonstances aussi sordides, y’a nul doute que ce serait pas une nouvelle qui détendrait le bras de fer Rockraven - Genryusai qui se joue depuis la fin des Bougeoirs. Les portes-paroles ont la fâcheuse tendance à ne pas être de grands plaisantins depuis la dernière décennie, en même temps s’ils sont tous immortels ils doivent être sacrément aigris c’est compréhensible.
- Dossier #2: Edward Asculen
- Edward Asculen a avoué être l’auteur des homicides sur Maela Ver’taïl, Rizka Sladaris et Charlotte Guilenal dans la nuit du 24 au 25 Octobre de l’An 5, et être l’auteur des violences sexuelles sur la deuxième victime. Le suspect a reconnu les trois victimes mais a nié connaître leurs noms, il a refusé de répondre à la question concernant la nature pré ou post-mortem des sévices sexuels qu’il a commis et il a nié connaître les victimes auparavant.Race: HumaineÂge: 29 ansYeux: MarronsCheveux: Châtains clairsTaille: 1m82Métier: Ouvrier agricoleAdresse: Domaine agricole de Valbirth
D’après les autres employés de l’exploitation Valbirth, Asculen est un individu réservé mais sympathique, leurs témoignages ont majoritairement rapporté l’impression d’un jeune homme appliqué, travailleur et sans histoire mais relativement distant. Edward Asculen ne parle que très peu de sa vie et n’interagit pas avec les autres employés en dehors du cadre professionnel.
D’après l’interrogatoire d’Asculen conduit par la Limier Vermine, il a acheté les trois jeunes filles à un circassien itinérant qui les lui a “vendu” en procédant à un transfert de contrat. Le nom donné par Asculen est le Maître de Piste Magijka.
Le corps d’Asculen après son interrogatoire est à faire enterrer dans les plus bref délais pour éviter tout risque sanitaire, un modèle enfant de cercueil suffira.
Parfois les timbrés mettent leurs mains sur des gens qui ne peuvent pas vraiment s’en défendre, ça finit souvent mal pour eux. D’autres fois les timbrés se font recruter au Razkaal pour servir l’ordre et garder des prisonniers, ça finit aussi souvent mal pour eux, mais au moins c’est légal.
- Dossier #3: Aden “Magijka” Soncer
- Aden Soncer ne se fait appeler Magijka que lorsqu’il se fait passer pour un marchand ou un circassien, en réalité, Soncer est un trafiquant qui travaille pour un gang appelé “Les Bourgeons de Rose”. Soncer s’est révélé très coopératif et a accepté de collaborer avec les forces de l’ordre.Race: HumaineÂge: 46 ansYeux: BrunsCheveux: NoirsTaille: 1m87Métier: Marchand itinérantAdresse: 7 rue des Aconites, Liberty
Aden a avoué avoir vendu trois jeunes filles à Edward Asculen. À l’origine les victimes étaient destinées aux maisons closes du réseau des Bourgeons de Rose mais Soncer a décidé de les détourner pour les vendre à son propre compte, Asculen et Soncer étaient apparemment en contact depuis plus d’un mois au moment de la transaction.
Soncer a confié avoir fait l’acquisition des filles après les avoir réceptionné depuis leur envoi du Reike, d’après Aden les filles n’étaient pas toutes au courant de ce qui les attendait en se faisant importer en République, certaines croyaient apparemment obtenir un avenir plus confortable qu’au Reike, quant à Rizka Sladaris qui est la fille du Seigneur Sladaris de Montébani, elle a accepté un transfert dans une université républicaine fantôme pour éviter de payer les frais de son école reikoise tout en se soustrayant au service militaire à la sortie de sa bourse.
Soncer a également révélé que les Bourgeons de Rose attendent une “livraison spéciale” en ville dans le courant de la semaine du 15 Novembre.
Soncer, un bien étrange individu, le genre d’indic qui pourrait très bien faire douter les gens quant à sa race, parce qu’avec la capacité surnaturelle qu’il a de pouvoir se plier en quatre pour plaire à la direction du vent il donne vraiment l’impression d’être invertébré. D’un autre côté y’a quelque chose qui sonne faux chez Aden Soncer, mais quand Vermine puis les gars de l’Office puis re-Vermine l’avaient questionné en long en large et en travers, le type avait pas trop l’air de mentir. C’est le profil type du “J’veux survivre”, et là tout de suite Aden avait l’air de croire que ça n’allait pas tarder à en être finit des Bourgeons. C’est définitivement bizarre quand même mais impossible de parvenir à faire cracher le morceau à Aden, il a dérogé à son cartel en vendant les nanas à un particulier en la personne d’Asculen, donc quelque part c’est à cause de son imprudence à lui si maintenant l’Office puis le Razkaal se sont mis sur le dos des Bourgeons et pourtant, Aden Soncer semble vraiment vindicatif qu’un gang qui a quand même passé au moins une dizaine d’années à faire le magouilles au nez et à la barbe des forces de l’ordre va soudainement tomber juste parce que lui spécifiquement, a fait une connerie.
Soit y’a anguille sous roche, soit Soncer joue double jeu, soit il a cru pouvoir tromper tout le monde, sa connerie s’est retournée contre lui et il essaie juste de s’en tirer au meilleur compte en coopérant.
- Dossier #4: Les Bourgeons de Rose
- Les Bourgeons de Rose ont l’air d’opérer par cellules détachées et par intermédiaires distants, ils sont assez prudents pour un réseau criminel, en tout cas en surface ce qui en fait une bande difficile d’accès. Aden Soncer a informé qu’il n’était pas au courant de l’identité des autres membres des Bourgeons, son rôle le cantonne à devoir aller récupérer des directives à des endroits prédéterminés pour savoir qui acheminer où et quand.Statut: Organisation CriminelleAncienneté: N/ATaille: 10+ MembresCapital: N/ASiège: N/A, Liberty?Activité: Trafic d’esclaves
En tant que passeur, il n’a eu de contacts qu’avec des acheteurs et fournisseurs externes au réseau, Soncer servait surtout d’intermédiaire et n’a jamais interagi avec quiconque dans l’exercice de leurs activités. Une piste potentielle est l’exception à cette prudence: le recruteur que Soncer a rencontré lors de son intégration dans les Bourgeons est un homme de forte corpulence, pesant environ entre 120 et 150 kilos, mesurant environ 1 mètre 94, yeux sombres et cheveux bruns.
Et puis là, plus d’empreintes de pas à remonter à la loupe. Vermine avait eu beau remuer ciel et terre, questionner à droite à gauche, jouer des quelques crapuleux qu’elle connait et qui lui filent un tuyau de temps en temps en échange de jouir de leur espérance de vie quelques mois de plus mais rien. Niet. Nada. Que tchi. Les endroits indiqués par Soncer où il avait prélevé des ordres précédemment ou les autres spots où il avait conclu des transactions n’avaient rien donné, pas de gros et grand bonhomme en vue, pas de tête plus suspecte que la tête des pauvres qui trainent généralement dans ces coins, et même des ptites interpellations par-ci par-là juste pour savoir si quelqu’un avait vu quelque chose étaient restées infructueuses.
Avec toutes ces informations en tête et la nouvelle piste toute fraîche ouverte par le suicide chez la vagi-... vinaigrette du patron, Vermine court aussi vite que possible sur les toits de Liberty pour gagner du temps sur sa proie, MAGIC, la gosse tuée, Vanay, le Prévôt… les pièces commencent un peu à s’agencer et y’a des méninges qui se mettent à creuser chez la Limier. Si Vanay était une passeuse voir plus, elle pouvait très bien opérer depuis sa petite auberge et héberger les victimes en transit, avec tout le monde qui doit s’y arrêter une de plus ou de moins et des activités un peu louche ça se noierait comme un chaton dans une flaque d’eau. Peut-être que la gosse s’est rendue compte qu’elle était cuite en comprenant ce qui l’attendait et qu’elle a choisi son destin, mais dans ce cas il y avait d’autres choses que Vermine avait besoin de savoir, comme par exemple qui avait fréquenté cette môme, par qui elle était encadrée et qui l’avait “vendue”. Coffrer Vanay en revanche ça allait sans doute être compliqué, elle a beau être aussi discrète qu’un clown à des funérailles avec sa magnifique robe d’écailles aux tons tomates et espelette, maintenant qu’elle s’était évaporée dans la nature ça allait être une autre paire de manche pour l’instant.
Arrivant à l’Université, Vermine aurait pu être à bout de souffle si elle en avait encore un à proprement parler, son attention se tourne vers le parvis des grandes marches de l’entrée historique du campus, celle aux grandes portes dorées qui s’orientent vers le chemin reliant jadis MAGIC à la ville. Là, plusieurs groupes aux tailles disparates d’étudiants plus tirés à quatre épingles les uns que les autres stationnent sur la grande place en attendant les heures fatidiques des reprises de leurs cours, les discussions vont de bon train mais ce que la Limier cherche c’est un groupe en particulier. Un groupe qu’elle ne trouve pas, plissant ses yeux et regardant soucieusement les différents rassemblements, Vermine épie chaque amas d’adolescents à la recherche de celui des étudiants reikois de Drakstrang. Guettant depuis le toit d’un des immeubles faisant face à l’institut, la liche épie les mouvements, à l’affut.
”Idan, Fab m’a dit que t’as des bonbons non?” Une voix mielleuse à l’accent de Kyouji, légèrement plus haute que celle des autres filles s’élève à travers le groupe. ”Ils sont à quoi?”
Tout en marchant, certains des garçons chambrent un peu le jeune homme à qui s’adresse la demoiselle, tout le monde sait que Marijoie en pince pour Idan mais lui en doute encore avec ses œillères aussi grosses. Le concerné tourne la tête pour regarder la malicieuse jeune fille dont la moue sur les lèvres trahit aussi bien son envie de sucrerie que son plaisir de taquiner son préféré, et il lui répond:
”Fruits noirs, ce sont des gommes au sucre de cas-”
”CASSIS?!? Et tu ne m’en propose même pas? Je m’en vais je vais aller pleurer dans mon coin.” Faussement indignée, Marijoie provoque les rires de ses camarades.
Les uns poussent Idan à corriger son tir, d’autres font mine d’empêcher la tourterelle de partir et les étudiants rient avec une légèreté qui paraît pourtant teintée d’amertume. Alors que les étudiants en uniforme de Drakstrang passent la porte principale de l’Université et s’amusent de la dispute feinte entre Marijoie et Idan, un des élèves tourne la tête à l’arrivée d’une petite blondinette aux oreilles pointues en uniforme de MAGIC. La première jeune fille à qui Vanay adresse la parole a une moue de dégoût sur le visage qui fait bien vite taire l’humeur joviale qui était sur sa face il y a quelques secondes, elle bégaye un peu tandis qu’autour d’elles, les autres membres du groupe se rendent progressivement compte de la raison de la venue de Vanay.
”Euh… eum…” Les yeux quelques peu alertes, la fille perturbée se retourne comme pour demander un soutien à ses camarades et un des garçons s’avance justement pour intervenir.
”Abigale est morte.”
Le légendaire tact reikois frappe encore tandis que les autres élèves demeurent silencieux, Yassif Bawali est un elfe de grande taille, cheveux dorés coupés courts selon l’éducation militaire, un regard acéré et un sourire qui pourrait presque couper au touché, le jeune homme dans les premières années de la majorité s’avance en jouant des coudes pour venir devant la jolie elfe qui pose les questions qui dérangent.
”Elle s’est fichue en l’air hier. Par contre je veux bien savoir qui t’es toi?” Certains des élèves de Drakstrang froncent les sourcils en remarquant l’hostilité évidente dans son ton.
”Excuse le.” Idan intervient et tente de faire reculer Yassif pour désamorcer la tension. ”On est un peu à cr-”
”Ça te dérange que je parle à Mademoiselle Idan?” L’elfe à la bonne carrure écarte le bras d’Idan et insiste. ”Nan parce que ça choque que moi qu’Abi n’avait déjà pas de potes chez nous, et toi la bleue t’es copine avec elle? Tu sors d’où sérieusement?” L’elfe s’approche de Vanay et hausse le ton, poussant l’elfette d’un . ”T’es trop jeune pour être de leur police, alors t’es qui?”
”Euh… Yass…”
”Quoi Marie?”
Marijoie tire sur la manche noire et rouge de l’uniforme de Yassif et l’elfe observe le regard terrifié de la jeune fille. Un de ses longs sourcils d’elfe se hausse tandis qu’il suit les yeux de sa camarade et quand il voit ce qu’elle lui pointe du doigt, il ne percute pas tout à fait ce qu’il est sensé tirer de la silhouette qui vient vers eux à grands pas d’une quarantaine de mètres de là… ni de l’étrange masque sur son visage.
”C’est qui?”
”Un Limier. C’est comme si les Gardiens du Berceau et les Dévoreurs du Tovyr Crudelis avaient fusionnés.”
- OBJECTIFS & PRÉCISIONS:
- Objectifs Vanay:
Obtenir des informations sur Abigale: 0%
Échapper à Vermine: 0%
Objectifs Vermine:
Coffrer Vanay: 0/1
Enquêter sur les Bourgeons de Rose: 0%
Enquêter sur la victime du Mouton Frisé: 0%
Compléter ton dossier: 0%
Précisions:
— Il n’y a pas de date limite pour ce tour.
— Vermine vient à la rencontre du groupe interrogé par Vanay.
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