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    Dragon du Razkaal
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    Kieran Ryven
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    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Neutre Bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
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  • Sam 27 Juil - 15:12
    On dit que l'essence la plus intime de l'être est la volonté de puissance. La vie ne serait que vouloir et pouvoir, rien d'autre. Est-ce que ça justifierait le chaos ? Le pouvoir a une place très importante dans le Reike. Que ça soit dans les croyances, l'art de la guerre, et même le gouvernement. Un climat qui était bien loin dans mes souvenirs, mais qui n'a pas changé aujourd'hui.

    La même teinte, la même odeur, la même aura.

    Sorti de la Jungle de Sang, c'est avec un millier de questions que je quitte la compagnie d'Isolde, et de Vent. Parce que si l'Empire n'a pas beaucoup changé en étant toujours brûlante, poussiéreuse et hostile, les gens à l'intérieur, eux, ont drastiquement changé. La politique également. Qui suis-je pour les blâmer, je suis le premier à avoir changé.

    Soldat Reikois hier, Limier Républicain aujourd'hui. Qu'est-ce qui m'attend, demain ?

    Pas de masque du Razkaal en tout cas, aujourd'hui. Non, c'est des vêtements amples aux couleurs de sable, une longue cape brune, une capuche qui s'arrête à la moitié de mes cornes. J'avais des allures du Reikois moyen qui rentrait chez lui. Un point de chute dans une auberge, ça serait mentir de dire que je n'apprécie pas le quotidien ici. La mission était terminée, avant une autre, puis encore une autre, qui impliquerait probablement le démantèlement total de cette secte. Mais, il y avait un étrange flottement ce soir qui me mettait dans une étrange posture.

    J'étais... Libre ? Non, il fallait que je rentre au Razkaal. J'ai des obligations. J'ai toujours des obligations. Et si ce n'est pas eux, c'est le Sekaï qui viendra attirer mon attention. Au Reike, en République, à Shoumeï. Au reste du monde. En tout cas là, maintenant, j'avais un peu de répit, une bouffée d'air et me promener comme un Reikois. Une pensée va forcément vers mes terres, que j'ai pu visiter avant de venir sur Ikusa. Ils ont reconstruit des bâtisses par-dessus et des gens que je n'ai jamais vus y habitent. Comme si le Clan Ryven n'avait jamais existé. A peine un fantôme, presque un souvenir, à peu de choses près une trace de nos peaux bleues dans les environs.

    Mon histoire, c'était aussi celle de rencontres, et c'est à Ikusa que j'apprends que l'impératrice est dans les parages. Isolde m'a parlé d'elle, et ma curiosité m'a sensiblement amené vers la Dragonne du Reike. L'aubaine se présente, les étoiles s'alignent, alors même si ce n'est que de loin, je tiens à voir une dernière fois une Draknys avant de rentrer chez moi. La seule famille à qui la mienne à plié le genou. Un banquet ouvert, mais avec des abris comme des grands chapiteaux qui remplissent une grande esplanade. Le fracas des rires et des discussions m'assaille comme une tempête. Les nobles sont tous là, parés de leurs atours ridicules, étincelants de soie et de bijoux, comme des paons en parade. La sécurité Royale aussi serrée que l'orifice d'un oisillon.

    C'est l'arrivée d'un groupe de marchands qui transportent des tonneaux que je vais pouvoir me mêler en prêtant main forte, après un signe de tête entendu. Un Nain qui a l'air d'être le responsable me toise, les traits durs.

    « T'es du personnel de l'organisation ?
    - Ouais.
    - Il faut ramener ça au buffet. Les valets feront le service.  
    - Bien reçu. »  

    Un tonneau sur chaque épaule, j'avance en saluant les gardes avec la demi-dizaine de "nouveaux collègues" qui viennent ravitailler le banquet. Les tables sont chargées de victuailles. On dirait qu'ils ont vidé tout le royaume pour ce festin. Des montagnes de viandes, des plateaux de fruits exotiques, des plats que je ne saurais même pas nommer. Le vin coule à flots, servi par des valets qui s'affairent sans relâche, de véritables ombres dans ce théâtre grotesque. Les nobles boivent et rient de plus belle, leurs visages rouges et luisants. Après avoir posé le chargement, j'attrape une coupe au passage, autant profiter de cette farce. Le vin est bon, je dois l'admettre. Pas la piquette qu'on trouve dans les tavernes des bas-fonds. Mais je dois avouer que le vin républicain est plus qualitatif. À un moment, des troubadours font irruption, jouant de la musique et jonglant avec des torches enflammées et c'est là que je la vois.

    Elle. Impossible de me tromper.

    Elle se tient parmi les nobles, mais semble les éclipser tous par sa seule présence. Beaucoup parlent d'elle comme d'une vision, mais la voir en chair et en os, c'est autre chose. On comprend pourquoi tant d'hommes et de femmes seraient prêts à tout pour la protéger. Sa beauté semble surnaturelle, presque dangereuse. Ses longs cheveux blancs soyeux tombent en cascades parfaites autour de son visage. Sa peau, d'une immaculée perfection, semble irradier d'une lumière douce. Mais ce sont ses yeux qui captivent le plus. D'un violet profond... Ce violet... bon sang, ce violet... Non. Ce violet. Comme la cristallisation de millions d'améthystes au même endroit, serties dans des prunelles au regard si envoûtant.  

    « ... Rosa ? »

    J'ai cru vaciller, j'ai dû m'appuyer contre l'une des colonnes érigées pour le banquet. Mon esprit frappé par mille souvenirs, et j'ai du mal à ne pas faire le lien avec ce que je vois. Non, ce n'est pas elle. Ce n'est pas elle. Non, Kieran, ce n'est pas elle.

    Alors pourquoi est-ce que je veux le vérifier ?

    Oublions tout ça et voyons qui est vraiment la Reine du Reike. L'endroit est clôturé par des longs pans de tissus étirés par des colonnes, de jolies lanternes. Un feu central qui cuit une immense pièce de viande au milieu. Des fleurs sont posées sur les tables, et une petite cour accueille tout le divertissement. De là, Ayshara Draknys est inaccessible. Peut-être la suite de la soirée offrira des opportunités. Et puis, je peux aussi m'arrêter là, me dire que je l'ai vu, et me suffire, et décamper du périmètre.

    Mais la voix de Rosa continue de résonner dans ma tête.

    Un appel du passé, qui tambourine comme une grosse intuition.

    Est-ce que j'ai raison...?
    Impératrice-dragon du Reike
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    Ayshara Ryssen
    Ayshara Ryssen
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  • Dim 3 Nov - 9:08

    * * *

    Un coup d'œil par-dessus l'épaule. L'ombre se rapprochait. Vite. Vite. Plus vite. L'excitation tambourinait sous ses côtes comme un oisillon affolé alors que les courtes jambes de la princesse déguisée déboulaient les ruelles endormies de la capitale reikoise. Elle sentit ses tripes se nouer d'une délicieuse euphorie, naïve tête folle qui croyait pouvoir duper son poursuivant encore longtemps. Mais hélas, la course de la belle se stoppa abruptement devant un mur de briques trop vertigineux pour être escaladé – un cul-de-sac. Bon sang ! Le souffle saccadé, elle fit volte-face en crachant un juron; son cœur cogna si fort à l'intérieur de sa poitrine qu'il lui parut que l'entièreté d'Ikusa l'entendit.

    - Kieran ? Ça ne me fait plus rire, viens ici.

    Nerveuse, Ayshara (ou plutôt Rosa) patienta, ses améthystes sondant les coins sombres, à l'affut du moindre détail suspicieux. Une enseigne délabrée grinçait au vent, le raclement de pattes de rats, ensuite il eut ce silence à n'en plus finir... Jusqu'à ce qu'une silhouette colossale surgisse des ténèbres. Lui. Ses écailles bleues reflétant la lueur de l'astre nocturne, et son regard... Oh, son regard la cloua sur place. Il s'avança, ses pas martelant le pavé au rythme de sa respiration, puis soudain elle devint toute minuscule face à cet homme-dragon, vulnérable mais paradoxalement protégée par sa présence. Il se trouvait si près maintenant que son souffle chatouillait sa peau d'albâtre. Une chaleur douce l’envahissait, tandis que ses pupilles se dilataient. Le drakyn n’était plus qu’à quelques centimètres. D’un geste presque imperceptible, il leva une main puissante, caressa la joue tiède de la vosdraak, traça un chemin brûlant le long de sa peau, frôla ses lèvres entrouvertes. Et, juste au dernier moment, le stress - ou s'agissait-il de la sagesse ? - la fit reculer. Maladroite, elle rit innocemment, essayant à tort et à travers de dissiper la tension qui crépitait entre eux. Elle était bien jeune, trop inexpérimentée pour comprendre.

    * * *

    La chaleur parfumée des braises se mêlait aux effluves épicés des plats opulents qui s'étalaient sur des nappes brodées de fils d’or. Au sein de cette tente somptueuse au cœur de la cité principale de l'Empire, des invités de hauts prestiges s'illustraient : officiers de l'armée, diplomates étrangers, nobles, riches marchands. Tous là vêtus d'étoffes et de bijoux onéreux – aucune de ces splendeurs ne rivalisant avec celle de l'impératrice. Drapée d’une robe de soie pâle qui léchait ses courbes généreuses telle une seconde lumière, elle se tenait au beau milieu des convives, à la fois impériale et douce, sa longue chevelure de lune en cascade, encadrant ses traits parfaits où brûlaient des prunelles d’un violet intense. Une noblesse naturelle qui imposait en sa présence le respect sans jamais avoir à l’exiger - même chez les plus réticents des seigneurs - parmi ce parterre de visages guindés et de sourires feints, courbaient l’échine lorsque les yeux bienveillants mais intransigeants de la mère-dragon leur portaient attention. Des courtoisies choisies s'échangeaient, jonglant de flatteries calculées à propos sérieux. Il fallait qu'elle obtienne le soutien de ces hommes dont l’influence façonnerait les lois du Reike de demain, car ses projets de réformes sociales en dépendaient en grande partie.

    Cela faisait désormais deux heures que l'épouse du Conquérant subissait cette soirée pompeuse. Contrairement aux apparences, elle n'appréciait guère ce genre de rassemblement - surtout aussi tardivement - préférant de loin demeurer à la maison, à profiter d'un moment de détente en compagnie de sa famille. Au fond d'elle, il y avait ce besoin d'intimité, quelque chose de viscéral qui la ramenait inlassablement vers l'âme sœur. Parfois, Ayshara se surprenait à chercher, parmi ces formes mouvantes, celle qui pourrait égaler la carrure de Tensai. Elle le voulait, là, contre elle, sentir ses mains fortes sur sa peau, son souffle empli de désir effleurant son cou, se perdre dans cette étreinte protectrice pendant qu'il lui fait l'amour...

    * * *

    Perchés sur le toit d'une grosse bâtisse surplombant Ikusa, ils observaient les cieux se transformer à l'arrivée prochaine de la nuit. Assise confortablement entre les cuisses de Kieran, la demoiselle se faisant passer pour la fille d'un marchand de pierres échappa un soupir de contentement tandis que les doigts du drakyn bleu, peu habitués à ce type de tâche délicate, peignaient sa chevelure argentée, démêlant doucement chaque mèche à l'aide d'une brosse en bois d'ébène. Docile, la future reine le laissa prendre soin d'elle, portée par ses mouvements lents et apaisants. Le souffle du guerrier, tranquille, frôla l’arrière de son crâne. Elle sentit son parfum lui parvenir jusqu'aux narines, ce mélange de terre et de musc, l'envoutant quasiment. Ses paupières se fermèrent, puis la belle se concentra sur la sensation des doigts de Kieran qui, de temps en temps, remplaçaient la brosse pour glisser méticuleusement dans sa tignasse, le bout de ses ongles caressant son cuir chevelu comme s’il craignait de la briser.

    C'est alors que la demoiselle cassa le silence :

    - Dis, Kieran, tu connais les légendes sur les créatures qui viendraient des étoiles ?  Un sourire ourla ses lèvres. Mon père me racontait souvent ces histoires quand j’étais petite, quand je n’arrivais pas à m’endormir. Il disait que, il y a très très très longtemps, avant même que les premières pierres du Sekai ne soient posées, certains d’entre nous n’étaient pas d’ici… Ils venaient d’ailleurs, de bien plus loin que les mers ou les montagnes. Ils n’étaient ni mortels ni immortels. Des êtres faits d’étoiles et d'éléments ayant traversé  l’immensité cosmique en quête de quelque chose d’inconnu. Finalement, ils ont trouvé notre monde, brut et indompté, et ils ont choisi d’y demeurer. Selon mon père, avant de disparaitre, ils auraient laissé une part de leur puissance dans le sang de quelques lignées, comme un souvenir éternel de leur passage, un lien sacré avec les étoiles. Et ce lien… Il ne s’éteint jamais vraiment, en attente de se réveiller lors de moments d’épreuve ou de besoin.  Elle se tut quelques secondes, se perdant dans ses propres mots, au sein de cette histoire qui la touchait bien plus profondément qu’elle n’osait le montrer. Puis, sans crier gare, elle se leva, rompant le charme de l'instant et faisant face à l'homme-dragon. Par contre, tu ne sauras pas la fin de c't'histoire maintenant ! Papa m’attend, et je ne suis pas censée traîner par ici trop longtemps. Je reviendrai bientôt… Et je te raconterai la suite ! Lança-t-elle tout en s'éloignant du reikois.

    Les nuits passèrent. Rosa ne revint jamais. Kieran attendit les soirs suivants, guettant la venue potentielle de cette jeune fille à l'aura mystérieuse, celle ayant laissé en lui moult questions sans réponse, un vide qui refusait de se combler...

    * * *

    D'une oreille polie, la sœur de Vaenys écoutait les nobliaux qui la bombardaient de discours et - surtout - de belles promesses. L'ennui mortel de ces causeries l'incita à analyser davantage son environnement, espérant secrètement déceler une échappatoire à ce foutu mouroir. Cela ne lui prit que peu de temps avant qu'une ombre particulière attise son attention. Derrière les tentures cossues, une silhouette similaire à celle de Tensai se détachait, juste assez afin que ses contours lui soient usuels sans qu’elle ne puisse aussitôt la reconnaître. En profitant d'une brève accalmie entre deux conversations, la mère des dragons se rapprocha de l’ombre. Ne la regardant pas directement, elle passa proche, suffisamment pour que le parfum vanillé de sa robe effleure l'air autour de l’inconnu, le titillant en subtilité d'une traînée d’arômes doux et entêtants. Après coup, la jeune femme poursuivit sa route, sa coupe de vin nonchalamment balancée au bout des doigts, jouant les désintéressées, feignant l'indifférence – jusqu'à ce qu'un seigneur du coin débarque et vienne l'aborder sur le vif. Pendant le reste de la soirée, Ayshara répéta ce petit jeu avec la même finesse. Une fois. Deux fois. Trois fois. S'approcher de lui, pas de contact, pas de parole, mais toujours lui donner l'impression de partager un moment éphémère de proximité.

    Quand l'événement toucha à sa fin, les invités se dispersèrent progressivement et l'immense banquet se vida. L'impératrice s'éclipsa par l'arrière, laissant les rires et la musique s'évanouir tranquillement. Le vent frais du désert lui fouetta le visage – quel bonheur de respirer enfin ! Elle bascula la tête en arrière et resta plantée là à contempler les étoiles. Elles lui remémoraient tellement de souvenirs agréables. Des nuits comme celle-ci, où elle s'échappait ni vue ni connue du palais d'Ikusa. Un frisson lui parcourut la nuque. Cette ombre ne l'avait point quittée de la soirée. Ses lèvres s'étirèrent – de toute façon, c'était exactement ce qu'elle désirait.

    - Si vous pouviez choisir une étoile, une seule, laquelle aimeriez-vous décrocher ce soir ?

    La reine se mordit la lippe, perdue dans ses pensées. Pourquoi avait-elle posé une telle question ? Pour le pousser à sortir de l'ombre ? Ou peut-être... Peut-être qu'elle cherchait autre chose. Parmi ce ciel gigantesque qui se fichait pas mal de ses états d'âme, elle espérait trouver... quoi ?

    Dragon du Razkaal
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    Kieran Ryven
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  • Jeu 14 Nov - 15:39
    Il était là.

    Tout près.

    Peut-être dissimulé dans les ombres, ou flottant dans les courants nocturnes, à un pas à peine de celle que Rosa pensait pouvoir semer.

    Pourtant, il était là.

    Sa chevelure blanche scintillait faiblement sous la lueur des lanternes, longue tresse légère qui s'agitait avec chacun de ses pas – comme un signe d’elle qu’il aurait toujours pu suivre. Cette jeune fille qu’il talonnait dans le silence, frêle et vibrante de vie, il ignorait qu’elle deviendrait plus tard la femme que le Reike lui-même verrait comme reine, la souveraine aux doigts de velours et de fer. Et lui, le Drakyn à l’affût, savourait ce jeu de cache-cache où ses instincts s’aiguisaient, avant même de devenir ce que l’on nommerait plus tard le Dragon du Razkaal.

    Ils n'étaient alors que deux jeunes êtres dont les chemins se destineraient à des routes bien différentes.

    Ses jambes robustes le portaient, narines frémissantes à chaque trace de fragrance que Rosa laissait dans son sillage. Il slalomait parmi les caisses et les ridelles, ses pas s’alourdissant déjà, muscles tendus, jusqu’à ce que la traque cesse, jusqu’à ce que l’autre réponde.

    D’un coup de griffes discret de ses jambes digitigrades même pas chaussées, mais habillées de rubans s'arrêtant jusqu'à ses doigts crochus, Kieran stoppe sa course et s’avance sans bruit, silhouette sombre et résolue, spectre aux prunelles de glace dans lesquelles luisait encore cette douceur qui le caractérise aujourd'hui. La proximité resserrée dévoilait à ses sens la chaleur de sa peau, son regard d’améthyste, cette apparente fragilité qui n’appartenait qu’à elle. Quand sa main calleuse effleura sa joue, Rosa recula, la première friction suffisant à rompre l’instant.

    « J'te demande pardon, Rosa... Je...j'voulais pas te faire peur... » 

    Alors, sans insister, Kieran s’inclina, un respect profond teintant ses gestes, et, dans un silence complice, il lui offrit son bras pour reprendre leur chemin.

    ***

    Ils prenaient de la hauteur. Sur les toits, déconnectés de la rumeur du monde, ils retrouvaient cette exclusivité que Kieran chérissait plus que tout. Elle, lui, seuls, au-dessus du Reike, dans un espace suspendu qui, pour le jeune Drakyn, était devenu un refuge qu’il défendrait à tout prix.. Même s'il aimait la chevelure de la belle Rosa, il était difficile pour lui de la coiffer, sans avoir l'angoisse de lui arracher les cheveux, ou pire lui rompre le cou en tirant trop fort sur le peigne. A ce moment-là, Rosa était pour lui l'entité la plus précieuse du Sekaï et qui fallait protéger à tout prix.

    Chaque mot qui sort de ses lèvres est un réconfort, chaque contact de la belle sur ses écailles bleus étaient une délivrance. Rosa la trouble, la séduit, l'inquiète et l'effraie. Il lui arrive de se méfier d'elle comme une piège, et pourtant avoir envie d'elle comme d'un sorbet quand on a soif. Il subit son charme. Il se sent comme avec un être anormal, en dehors des règles naturelles, exquis ou détestable, il ne saurait le dire. Sa mère lui dit qu'il est amoureux, c'est possible après tout. Elle le préoccupe beaucoup, il y songe trop, en pensant à elle en s'endormant ou en se réveillant, s'en est presque grave. L'image de Rosa le poursuit, et l'accompagne sans répit.  

    Elle lui pose une question qui n'avait pas l'air attendre de réponse, et alors qu'elle se mit à parler, lui, enregistre ce moment, le dernier moment.

    Kieran resta là, figé dans l'instant après son départ, le regard accroché à la silhouette de Rosa qui s’effaçait dans les ombres de la ville, légère et silencieuse. Son sourire se dessinait toujours au creux de ses pensées, vibrant comme un écho doux-amer, et son parfum d’étoiles continuait de flotter autour de lui. Le vent effleurait sa peau avec la même discrétion que ses doigts, qui avaient glissé dans ses cheveux argentés, un souvenir tactile dont il ne pourrait se défaire de sitôt. Les mots qu'elle avait laissés en suspens, ces légendes d’anciennes lignées nées des étoiles, tournaient en lui, insaisissables et mystérieux, et ils laissaient une sensation qu’il ne savait décrire.

    Cette sensation était nouvelle, et peut-être plus déconcertante que tout ce qu'il avait vécu. Pour la première fois, Kieran ressentait un vide qu’il ne savait combler par la simple logique ou par la volonté de protéger. Non, cela ressemblait davantage à une forme de solitude étrange, une absence tenace qui s'infiltrait en lui chaque soir où elle ne revenait pas. D'abord il avait attendu, patient, assis sur les tuiles du toit, veillant sur la bâtisse en silence avec l’espoir que Rosa revienne, réapparaisse au détour d'une rue pour finir son histoire, juste pour qu’il puisse à nouveau entendre le son de sa voix, goûter à cette étrange paix qu’elle lui avait apportée sans le vouloir.

    Et chaque nuit, il repartait seul, la promesse de sa venue suspendue comme les étoiles au-dessus d’Ikusa, brillantes mais inaccessibles. Après quelques jours, Kieran, malgré son jeune âge et son orgueil tenace, réalisa qu’il n’était plus venu simplement pour la curiosité d’un conte ou pour la compagnie passagère. C’était quelque chose de plus profond, de plus vrai.

    Alors il s’était mis en quête d’un modeste bouquet, d’une simplicité qu’il espérait proche de ce qu’il avait ressenti avec elle — des fleurs aux nuances de violet et de bleu, pour rappeler le ciel nocturne qu’ils avaient partagé. Chaque soir, il revenait avec ces fleurs fraîches à leur point de rendez-vous, s’installant seul sur les tuiles du toit, ses yeux scrutant le lointain comme si elle allait surgir d’un moment à l’autre. Mais Rosa ne revint jamais.

    Pourtant, chaque crépuscule, inlassablement, il apportait les mêmes fleurs.

    ***

    Mais, un jour, les fleurs fanent.

    Oui, alors, c'est bien elle. C'est Rosa. La nouvelle me poignarde. La révélation me frappe en plein ventre, glaciale et implacable. Rosa… Ayshara… la même femme. Chaque souvenir, chaque geste, chaque sourire échangé sur ce toit, sous ce ciel étoilé, prend soudain un sens brutalement différent, s’imbrique dans un tableau qui me dépasse. Je la fixe, cherchant dans son regard l'ombre de cette fille que j’avais attendue, soir après soir, avec ce fichu bouquet qui finissait toujours par faner.

    Je restai dans l’ombre, le regard rivé sur Ayshara, cette femme pour qui les étoiles semblaient se plier. Elle avançait parmi les nobliaux et la grande façade de cette soirée, aussi inatteignable qu’un souvenir figé. Et moi, idiot que je suis, je la suivais des yeux, comme un chien suivant sa propre ombre, sans plus savoir pourquoi. Elle m’effleurait, passait tout près, son parfum vanillé me frappait, toujours, comme un coup qu’on n’attend pas. Mon flair devient un ennemi.

    Un éclat de rose, de vanille et de lys blanc, qui évoque l'énergie d'une reine montante, la fraîcheur du vent sur les terres arides du Reike. Ce bouquet initial est accompagné de touches d'encens et de myrrhe, rappelant l'ombre des dragons et les flammes qui dansent autour d'elle, puissantes et ancestrales.

    Chaque fois qu’elle s’approchait, je me demandais si elle me reconnaissait. Si quelque part, dans son regard impérial, une étincelle de Rosa survivait encore. Ce même regard qui m’avait, autrefois, attaché à elle, moi qui ne restais jamais vraiment, pour personne.

    La soirée s’étira, comme tirée par les fils de sa main experte, et quand enfin elle s’éclipsa, je me laissai guider, la suivant dans la pénombre. Elle se tenait là, le regard perdu dans ce ciel d’encre. Je me fondis un peu plus dans l’ombre, mais alors elle parla, la voix douce et basse, me lançant cette question maudite réalisant qu'elle m'avait remarqué depuis le début, celle qui venait briser le silence entre nous. Et là, au milieu de ce désert, je sentis le poids des années, de chaque silence, de chaque absence. De tout ce qu’elle n’avait pas dit et de tout ce que j’avais attendu comme un imbécile.

    Je m’approchai d’un pas, sentant cette amertume mordre au fond de moi. Elle… Rosa… Elle était là, et pourtant, elle ne m’était plus rien. Je forçai un sourire, amer, fatigué, tandis que je sors de l'ombre pour la retrouver. Tombant ma capuche pour laisser ma couronne anthracite décorer ma crinière. Et observer le ciel, tout comme elle le fait. Je suis devenu plus lourd, plus grand, plus fort, et pourtant, je ne me suis jamais senti aussi petit.

    « Une étoile, Altesse… Je me suis posé la question pendant des années. Il y en a une que j’aurais voulu attraper… mais elle a disparu. »

    Je la regardai un instant, et peut-être qu’elle sentit ce vestige de ce qu’on avait partagé, ce fil qu’on avait tissé entre deux soirs de jeunesse. Il s’était brisé, oui, mais une part de moi… une part de moi revenait à ce souvenir, comme une mauvaise habitude. Je détournai le regard vers les étoiles, comme si j’allais trouver quelque chose là-haut, mais tout ce que je sentais, c’était ce vide qui avait pris sa place. Ce vide que ni elle ni personne d’autre ne pourrait combler.

    « Alors non, malheureusement, je ne décrocherai aucune étoile. Elles ont décidé... De rester loin, à tout jamais. » 

    Alors que je pensais cette histoire réglée derrière moi. Une plaie s'ouvre. Une plaie que j'avais refermé avec des excuses. Rosa n'est pas parti avec son père... Ayshara était simplement retourné au Palais, et m'a laissé ici.

    Je déglutis, en cherchant d'autres excuses. Attendant possiblement qu'elle me reconnaisse, et dans le cas contraire, partir. Partir avec ce secret sur la conscience et qui viendra partager sa colocation avec tout ce que j'ai pus traverser jusqu'à présent.
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