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    Citoyen du monde
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    Launegisiles l'Implacable
    Launegisiles l'Implacable
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    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Loyal Neutre
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t3788-dans-les-flammes-de-la-guerre-launegisiles
  • Jeu 27 Juin 2024 - 21:24
    -  Pourquoi tu montes la garde ?

    L’enfant avait la voix aussi fluette que guillerette, la peau dorée par le soleil et des cheveux blonds rendus platines par la chaleur d’un soleil radieux qui chassait les ténèbres. Sa peau de pèche était douce et son sourire avait une beauté qu’il n’avait jamais vu auparavant. Qui apaise le cœur et réchauffe l’âme. Son visage poupin avait ses traits.

    -  Et toi ?Pourquoi n’es-tu pas avec ta mère ?

    Sa voix était caverneuse, rouillée par le temps et le silence. La peau de son visage était pâle sous le linceul de fer qui recouvrait sa tête et faisait vibrer ses cordes vocales. L’acier teinté du rouge de son sang, à la finition matte, parvenait à peine à capter la lueur de la bougie dont la cire se faisait dévorer par une petite flammèche. Sur son torse et sous ses bras croisés reposait une grande épée décorée d’un joyau noir comme la mort. Et de ses yeux gris, il l’observait.

    -  Je m’ennuie… Lui avoua-elle en gonflant les joues avant de chasser une mèche de ses longs cheveux d’un « Pfft ». Et ça fait longtemps que tu ne viens plus !

    Le heaume rouge se redressa un instant, pivotant pour mieux l’observer et le silence repris un instant ses droits sur la cathédrale des justes. Jusqu’à ce que finalement, dans un soupir, le protégé du saint-père ne reprenne parole.

    -  Pardonne-moi, Euménide. Qu’il souffla. Tu as raison, ça fait bien trop longtemps.

    Elle gloussa, s’approchant de lui en joignant les mains dans son dos, pivotant un peu sur ses talons en l’observant du haut de son petit mètre vingt. Ses grands yeux noirs, ses sourcils fins et son visage un peu trop symétrique le fixant avec candeur et une étrange douceur. Croisant les bras contre la cuissarde d’acier de son harnois, sans jamais le quitter du regard. Un petit temps passa, une minute, deux, dix, quinze jusqu’à ce que la jeune fille finisse par se désintéresser du chevalier et ne dessine, sans réellement y faire attention, des choses dans la poussière qui recouvrait la plaque d’acier rougi. Jusqu’à ce qu’à nouveau, l’intimité du silence ne soit brisée.

    -  Tu nous as oubliés ? Qu’elle lui demande.
    -  Jamais.

    Car oublie on seulement un jour ceux qui nous ont quittés trop tôt ? Même lui, dévoué paladin et psychopompe avait ses memento et colifichets qu’il gardait dans ses bourses et dans la doublure de son gambison, ne s’en souciant jamais réellement, ne s’en inquiétant que quand il ne les trouvait pas en palpant fébrilement du bout des doigts son pectoral. Avant de pousser un soupir de soulagement, typique des vivants, en sentant la forme de l’anneau et du bouquet de cheveux tissés sous ses doigts et pressant contre son torse.

    -  Pourquoi ne dors-tu pas ? Te lasserais-tu du cadeau de notre Seigneur, Euménide ?
    -  Parce-que je m’ennuie.

    Il passait délicatement les doigts dans ses cheveux, enroulant à peine une mèche autour de l’index et de l’annulaire avant de la lisser doucement du plat de la main. Arrachant un rire à la petite.

    -  C’est un blasphème ce que tu dis.
    -  C’est quoi un… Bla.. Blasphème ?

    Un soubresaut fit tinter l’acier de ses spallières, un grondement dans sa gorge enrouée qui ressemblait à s’y méprendre au fantôme d’un rire, si caverneux qu’il avait l’impression d’avaler du gravier.

    -  C’est quand tu parles mal des dieux et de leurs cadeaux.
    -  Non ! Rétorqua-elle soudainement. Je fais pas ça !

    Il secoua doucement la tête, continuant de flatter doucement les cheveux de l’enfant. Après tout, il pouvait la comprendre. Elle qui n’avait jamais goûté à la vie et n’avais toujours connu que la mort était incapable de comprendre la beauté du cadeau de X’o-rath. Comment pouvait-il lui en vouloir ? Elle qu’il avait rêvé rencontrer tant et tant de fois tandis qu’elle grandissait dans le ventre de sa mère, elle dont il parlait ouvertement dans les rues de Célestia à ses amis et à sa famille, déjà transit d’amour, il l’imaginait bénie par Aurya et les autres. Et pourtant, des titans, le seul qui se pencha sur elle dans son berceau de chair et de liquide amniotique fut le premier mort, qui d’un doigt invisible enroula tout doucement le cordon ombilical autour de sa gorge frêle.

    Récompensant ainsi la piété de sa mère et la dévotion de son père. Une fille mort-née, pendue à sa matrice par un cordon de chair et dans une cascade de sang. Morte avant même d’avoir poussé son premier cri, sa petite nuque brisée par l’étau nourricier. Emportant avec elle sa mère pour qu’elles reposent à jamais dans Son étreinte.

    Telle était la vie des X’o-rathiens, qui ne récoltaient que la mort comme récompense de leurs dévotions. Il lui avait fallu du temps, pour accepter ce fait. Pourtant, il avait sectionné le cordon de ses dents, porté son petit corps contre son torse et relevé le buste de son épouse pour les étreindre une dernière fois, remerciant son dieu d’une prière et de ses dernières larmes.

    Il se hissa, détacha la bavière de son casque pour poser un baiser sur le front de l’enfant.

    -  Retournes dormir, je ne tarderais pas à vous rejoindre.
    -  Raconte-moi une histoire, papa.

    Un sourire vint se dessiner sur ses lèvres, et avec lui, la preuve d’un parjure glissa le long de son visage.


    _____________________________

    L’aube venue, il observait ses camarades descendre la montagne de marbre qui séparait la grande cathédrale du cadavre pourrissant de Bénédictus. Quelques mots avaient été échangés avec le Saint-Père avant qu’il n’emmène la garde noire et les nouveaux hérauts de la volonté des titans avec lui. Laissant le lieu saint sous la custodie du chevalier de la rose noire et de ses frères d’armes. Il les avait suivis du regard, silencieux, jusqu’à ce qu’ils rétrécissent et que leurs silhouettes indistinguables ne se meurent dans les ombres de la ville-catacombe.

    Les quelques hommes qui étaient resté avec lui dans la forteresse vinrent le rejoindre, le repos de ces derniers jours leurs avait été salvateur. Nourris, habillés dans des tenues sacerdotales et portant des armures couvertes de symboles pieux, la nouvelle génération de chevaliers de la rose noire observaient le reliquaire revêtu d’acier rouge, n’osant souiller de leurs yeux le joyau sacré de X’o-rath.

    - Que faisons-nous maintenant ?

    Le chevalier rouge ne répondit pas un instant, la main posée sur la rambarde de pierre et le regard perdu dans le vague. Ignorant les regards que devaient s’échanger ses comparses qui semblaient soudainement impatients de poursuivre leurs formations. Jusqu’à ce que finalement, la voix rocailleuse, amplifiée par son heaume, ne s’élève.

    - Vous honorerez votre serment. Il se tourna de moitié, d’abord les hanches, puis les épaules et finalement la tête. Ceux qui sont morts ici, le jour de la colère, ont été désacralisés et souillés. Lavez leurs os, habillez-les de soie, liez leurs mains de chaînes d’argent et embaumez les dans du lin imbibé d’eau bénite. Ensuite, ils retrouveront leurs places dans le Saint Sépulcre du Souffle Noir.
    - Et vous ? Hésita l’un de ses écuyers.
    - Je vais honorer le mien.

    Il inspira un instant, observant le parvis du balcon sur lequel il se trouvait, écrasé qu’il était par l’architecture olympienne qui le surplombait. Un insecte, face à la grandeur des titans, un mortel, face à ceux qui étaient éternels. Il ferma les yeux avant de lever le pieds et de faire un pas, puis un autre, jusqu’à retrouver la quiétude de la cathédrale.

    Plongeant dans ses entrailles, pour s’imprégner du Souffle Noir de son maître.


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