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- Charogne et Vermine -
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Dans les vastes étendues désolées de Shoumeï, là où le silence s'étend comme un linceul sur les ruines déchirées par la guerre, Advorix avançait comme toujours, accompagné de son cortège de soldats décharnés. Les pas lourds et rythmé de la cohorte résonnaient sur les pierres brisées, créant une symphonie lugubre qui se mêlait aux murmures du vent et aux bruissements des arbres noueux aux cimes rabougries. La silhouette imposante d'Advorix se dressait tel un monolithe sombre au milieu du chaos splendide des affres de l'Histoire entremêlés à ceux de la Nature reprenant peu à peu son bon droit.
Son armure, comme façonnée de lumière souillée, reflétait la lueur blafarde du soleil mourant, jetant des reflets obscurs étouffés par la brume et les poussières des terres dévastées qui s'étendaient à perte de vue. Chaque pièce de son armure portait les stigmates de batailles, des marques de brûlures et d'éraflures qui témoignaient de sa pugnacité mais aussi de son grand âge. Son casque, une œuvre d'artisanat antique sombre et menaçante, couvrait son visage d'une aura de terreur aux relents ténébreux . Ses flammèches en guise d'yeux flamboyaient d'un bleu glacial chassant l'obscurité de son couvre-chef, révélant les rides, plis, escarres et cicatrices de son visage livide, telles les braises d'un feu mourant. Sur le sommet de son casque, une crête de métal tordu s'élevait fièrement, comme un étendard de sa volonté implacable.
Sous sa carapace métallique, le corps cadavérique d'Advorix portait les cicatrices de nombreuses batailles, des marques de douleur et de souffrance qui témoignaient de son chemin de martyr perpétuel esclave de la mort. Ses muscles tendus et filandreux comme l'arc ébouriffé d'un violoniste trop bourru grouillaient d'impulsions immondes qui par on ne sait quel sortilège titanesque macabre semblait pomper ce qui devait s'apparenter au fluide vital du décharné. Dans ses mains gantées de fer, Advorix tenait fermement la Sphère Noire, cet artefact mystérieux offert par l'Entité Sombre il y a de cela quelque temps déjà. La surface lisse et sombre de la bulle de suif semblait absorber la lumière environnante, créant une aura d'obscurité qui enveloppait l'esprit Advorix dans son étreinte sinistre dès qu'il découvrait l'orbe du linge dans lequel elle était soigneusement préservée. Il était arrêté là, secondé de ses soldats aux figures hébétées et désossées, contemplant l'horizon perché sur une petite esplanade rocheuse, l'air pensif.
Le mort-vivant était tourmenté par des pensées sombres et troublantes, les lointaines paroles de l'Entité Sombre résonnaient dans son esprit, suscitant des doutes et des questionnements quant à son rôle dans les événements à venir. Devait-il se tourner vers cette force sinistre pour obtenir des réponses à ses questions les plus profondes, ou devait-il rester fidèle à sa propre voie, quelle qu'elle soit ? Mais l'idée de désobéir à son Créateur terrifiait Advorix au plus profond de son être, son éternelle existence ne tenait peut-être qu'à un fil. Un câble souple et mouvant manié par un marionnettiste lugubre qui pourrait tout aussi bien le sectionner pour toujours. D'étranges murmures se mouvaient dans les ténèbres de son crâne poisseux, des râles indistincts flottant entre ses orbites. Advorix resserra sa prise sur la Sphère Noire, sentant le poids de son choix peser lourdement sur ses épaules. La tentation de plonger dans les abysses de cette nouvelle corruption était grande, mais il savait qu'il ne pouvait se permettre de succomber à ces sombres désirs. Son âme était en jeu, et il ne pouvait imaginer de la perdre dans les tourments d'une obscurité dont il ne savait rien.
Dans les méandres de Shoumeï, Advorix avançait, cherchant au petit bonheur la chance entre les vestiges déchiquetés des hameaux, villages et autres faubourgs sur sa route. Souvent, les cadavres décharnés des morts-vivants erraient comme des ombres hantées par leur passé, leurs yeux vides aux lueurs sinistres constellant les villes comme les campagnes. Dans cet océan de désolation, Advorix se frayait un chemin à travers des natures mortes d'escarmouches carnassières, ponctuées de rares charniers en décomposition exhalant une puanteur nauséabonde, mêlée au parfum si particulier et primaire de l'humus des sous-bois meurtris.
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