Je sens la jeune femme beaucoup plus détendue, et j’ai même droit à une révérence ! Bien sûr, je lui rends la pareille, exagérant tout autant. Puis je lui demande, sur le ton de la plaisanterie :

Et vous pensiez à quoi, Mademoiselle ?

Elle m’éclabousse ensuite, mais je ne réponds pas à sa provocation, car elle continu à lever son vêtement et j’essaie de ne pas trop regarder dans cette direction, ne voulant pas passer pour un pervers. Le sujet qui est abordé ensuite me permet heureusement de pouvoir me reprendre. Je l’écoute avec grande attention me parler de sa famille et je lui souris, car les termes qu’elles emploient sont bien proches des miens. Je lui dis donc d’un ton sincère :

Je suis heureux que vous ayez une vie de famille épanouie, c’est très important d’avoir des gens à aimer. Je suis désolé pour Gail, mais je suis sûr qu’elle a été heureuse que vous soyez à ses côtés.

Je lui prends délicatement la main un bref instant pour lui montrer ma compassion à son malheur, puis, une fois que je lui ai relâché, je lui demande :

Connaissez-vous vos parents biologiques ?

Je suppose que les sirènes en ont et ne naissent pas dans des anémones.

- Elle était heureuse... je crois, oui. " sourit la sirène.

Elle serra les doigts de Tagar. Elle ne parlait pas souvent de tout ça. Halewyn n'avait sans doute même pas de parents. Dactyle ne les connaissait pas. Raven était trop proche de Gail. Quant à Elzéar, il les avait perdu si jeune... A chaque fois qu'il effleurait l'idée de ce qu'ils avaient été, une corde de cristal vibrait dans l'air. Alors non, elle n'en parlait pas souvent. D'autant moins souvent qu'elle avait promis d'emporter certains détails avec elle dans la tombe.

Le jeune homme relâche sa main et son sourire à elle se fait moins rayonnant.

- Alors on se vouvoie à nouveau... Désolée. Je n'aurais pas du profité de la présence de votre mère pour pousser l'idée. " Elle secoua la tête avant d'acquiescer. " Oui. En fait... je préfère que ça ne s'ébruite pas n'importe où, mais je suis née Reikoise. " ajouta-t-elle en pataugeant. D'un mouvement fluide de la main, elle crée un petit arc d'eau passant au-dessus de son pieds, rebondissant entre eux et passant au-dessus des pieds de Tagar. " Mes parents faisaient parti d'un clan du désert de sable. Lorsque je suis partie, il étaient tous en vie... ça doit vous paraitre horrible.

Quand elle m’indique que l’on se vouvoie à nouveau, je la rassure en souriant :

J’ai juste oublié, comme tu m’as fait une révérence, je me suis mis automatiquement en vouvoiement. C’est mon éducation qui ressort de temps en temps. On peut tout à fait se tutoyer. Nous avons un « passé » ensemble, si tu me permets cette expression et maintenant que nous sommes à cent pour cent ami, on peut se tutoyer sans aucun problème.

La jeune femme est en mode révélation et j’apprends qu’elle est née au Reike, ce qui est une bonne chose. Puis elle me parle de ses parents qu’elle a quittés et je lui réponds, toujours en souriant :

Pourquoi dire que tu es horrible ? Quand j’ai payé mon amende, je me suis retrouvé en pleine crise de confiance envers notre gouvernement. Alors, je suis parti, pendant un mois, laissant ma Mère à la Capitale. Sans l’invasion des Titans, je serais peut-être, encore en train de voyager en tant que gardien de caravane. J’ai pu apprendre à faire un feu en moins de dix secondes, c’est le record inégalé jusques là, je tiens à le signaler. Tout cela pour dire, que parfois, on a besoin de s’éloigner pour réfléchir.

Je suis assez fier de moi de ma performance d'allumage de feu et pendant qu’elle utilise sa magie de l’eau pour faire des figures, j’utilise celle du vent pour la disperser et lui mouiller les pieds, tout en lui disant :

Oups, désolé !

Bien sûr, je n’en crois pas un mot et tout en essayant de voir son éventuelle contre-attaque, je lui demande :

Et où était ton tatouage ?

Son emplacement indique beaucoup sur la personnalité de la personne.

- Hé ! " rit-elle lorsqu'une fine bourrasque lui mouille les pieds. Il n'avait pas l'air désolé du tout.

Déjà penchée en avant, le bras de la jeune femme s'abaissa pour tirer quelques gouttes sous la surface et les envoyées vers lui... Mais si elle avait du dire vrai, la façon dont il réagissait à son histoire la détendait. Il comprenait visiblement. Elle avait sifflé à son histoire de feu de camp. Elle même galérait toujours avec les feux de camps. Si elle avait la possibilité de laisser quelqu'un d'autre le faire, elle passait son tour et l'avait dit au fier flambeur sans détour.

- Mon tat... oh... " pendant un instant elle avait pensé qu'il parlait de ses chevilles et allait lui dire qu'il n'avait pas bougé, puis le tatouage de reikois qu'il avait sur la main s'était imposé à elle. Hmmm... Comment lui dire que son clan n'était pas vraiment reikois et qu'elle les voyait mal se rendre aux reikois sans se battre jusqu'à la mort ? Ce n'était pas par peur, mais certains choses ne font pas plaisir à entendre... Et ce n'était pas un sujet sur lequel elle se sentait d'argumenter ce soir, mais elle ne voulait pas non plus lui mentir.

Plutôt que de lui dire qu'elle ne voulait pas en parler, ce qui pour une question si simple aurait posé encore plus de questions, elle lui tourna le dos et rassembla sa chevelure blanche sur une seule épaule. Puis elle tira d'un coup sec sur le col de sa robe pour le désajusté et accompagna le tissus épais  pour qu'il révèle son épaule nue. Il continua à descendre. Son omoplate. Et sur l'omoplate, suffisamment loin du bras pour qu'on ai pu la maintenir au sol au moment de la lui faire, une marque au fer rouge circulaire. En sachant exactement ce qui avait été apposé là, on pouvait encore distinguer la tête du du dragon sur l’emblème du reike. Le même que Tagar portait sur sa main. Mais au lieu de laisser l'ensemble de la marque d'esclave parfaitement visible, le cercle avait été à nouveau brulées pour effacé le motif.

Elle laissa l’aveu visible un moment avant de couvrir à nouveau son épaule et de réajuster son col. Alors qu'elle avait toujours le dos tourné, elle dit simplement.

- A l'époque, il y avait encore de nombreux peuples nomades non assimilés. Je n'ai jamais été tatouée. J'ai quitté le Reike peu après ça.

Je pense avoir réussi à la détendre, car elle joue avec l’eau, m’éclaboussant au passage. Puis à ma question sur le tatouage, elle répond d’une bien curieuse manière, en me faisant un streap-tease ! Elle commence par son épaule, puis son bras et je sens que mon visage devenir rouge mais je n’arrive à enlever mon regard de sa peau parfaite, jusqu’à ce que je voie une marque.

Je la reconnais immédiatement, il s’agit du symbole que l’on met pour les esclaves ! Elle m’explique ainsi d’où elle vient et je lui dis d’une voix douce :

Je comprends mieux pourquoi tu aimes autant les valeurs de la République et ce que tu es prêt à faire pour les défendre.

Je m’arrête un petit moment, pour trouver mes mots, puis je lui dis :

Je suis heureux pour toi, que tu es pu te trouver une famille qui t’aime et je suis fier d’être devenu ton ami.

Je n'ajoute rien, mais mon ton est sincère.

Elle sourit à la sincérité de Tagar et le regarde par dessus son épaule en finissant de rajuster son col.

- Merci...

Elle pensait sincèrement que l'esclavage n'était pas une mauvaise chose en soit mais si elle continuait à se dévoiler elle allait finir par lui dire ce qu'elle ne devait jamais dire. Avec lui, elle se sentait toujours en confiance, c'était fou. Peut-être un peu trop en confiance. Les confidences ne faisaient pas toujours bon ménage avec les grands noms de famille lui disait souvent Odéon.

Décemment remise, elle reprit sa place près de lui et posa sa tête sur son épaule, fatiguée mais heureuse.

- Finalement je ne suis pas mécontente d'être sortie ce soir. " sourit-elle en regardant leurs pieds dans l'onde claire. " Hors de ma famille, tu es l'une des deux seules personnes à être au courant de ça. Tu penses vraiment épouser une shoumeïenne en pleine guerre alors que le Reike a envahit leur dernière cité libre ?

Se rendant compte qu'elle venait de sauter du coq à l'âne, elle ajouta sans bouger de son perchoir.

- On parlait de famille et j'ai pensé... J'ai tellement de mal à t'imaginer avec quelqu'un choisis pour son pédigrée...

La jeune femme me remercie, même si je ne sais pas de quoi puis elle se retourne vers moi, mettant sa tête sur mon épaule. Tout naturellement, je passe ma main derrière son dos pour lui toucher l’épaule oppposé, lui montrant que je suis là pour elle. Elle change ensuite de sujet et je souris à sa question, lui répondant d’un ton amusé :

Nous ne l’avons pas envahi, nous sommes venus à la demande son Protecteur et nous l’avons sauvé avec tous ses habitants, ce qui est une véritable prouesse. Mais pour en revenir au mariage, peu importe la nationalité de ma Dulciné, qu’elle soit de Shoumei ou de la République, si je l’aime, je l’épouserai.

Je lui explique ainsi la façon dont je vois les choses :

Ma Mère me présente des femmes qui peuvent faire de bonnes épouses, mais j’ai mon droit de véto. De plus, c’est moi qui lui ai présenté celle qui allait devenir ma presque fiancé Mirari et elle acceptée mon choix.

Cela n’a pas été facile, mais la jeune femme possédait une forte personnalité et elle sut s’imposer, une véritable force de la nature.

S'il l'aimait... Mais comment pouvait-il savoir s'il aimait quelqu'un comme ça, sur des rendez-vous arranger et avec l'ombre d'une mère qui planait dans son dos ? C'était un mystère. Il y avait un autre mystère d'ailleurs, mais celui là, elle hésitait à le question car la question était assez tendancieuse. Alors elle se contenta d'une question plus raisonnable.

- Mirari... La femme que tu aurais du épousée... " se rappelle-t-elle. " Je suis désolée que votre couple n'ai pas marché. Comment était-elle ? ... Et comment l'as-tu rencontrée ? "

Blottie contre lui, elle était autant intéressée par la réponse qu'en le simple fait de poursuivre le moment.

Je souris à la question qu’elle me pose et je lui réponds, me replongeant dans mes souvenirs :

Et bien, il s’agissait d’un autre type de rendez-vous arrangé. À l’époque, je pensais pouvoir infléchir la politique de Tensai en incorporant un groupe de personnes influentes. Le but était d’avoir assez de gens à l’intérieur du système pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait pas régner en despote absolu.

Ce n’était pas des Rebelles, mais il valait mieux rester le plus discret possible. Un ami commun nous a donc présenter et nous avons conclus un accord. Nous formions un couple et je n’aurais plus à subir des rencontres arrangées et je me dégagerai du temps pour aider l’organisation. En retour, je lui présenterai des gens pouvant l’aider à exercer une fonction d’ambassadrice du Reike.

Mon sourire s’élargit, quand je pense au bal où nous avions dansé, puis je continu :

Tout se passait bien, jusqu’à ce que je commence à tomber amoureuse d’elle. Elle te ressemblait beaucoup, très belle, indépendante et avec une forte personnalité. Et c’était une redoutable guerrière. Mais mes sentiments n’étaient pas réciproques et j’étais malheureux, même si j’étais persuadé de pouvoir la convaincre.

Ce fut une époque pas facile pour moi, mais je conclue :

Le coup de grâce a été la forte amende que j’ai reçue et mon envie de prendre de longues vacances. Je n’étais plus utile, ni à l’organisation, ni à sa carrière et elle a mis fin à notre relation.

Je m’arrête là, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie.

- Pardon. C'était une question maladroite.

Rowena prend sa main quelques instants. Le compliment qu'il lui fait en la comparant à elle tout en lui exprimant que c'est à cause de cela qu'il est tombé amoureux est un peu troublant. Peut-être qu'ils ne pouvaient pas être 100% amis finalement ? Peut-être que certaines relations étaient le prix à payé pour être avec la personne qu'elle aimait réellement ?

Mais non ! Inutile de sauter aux conclusions hâtives. Elle était bien trop fatiguée pour cela.

Alors, reprenant un peu plus chafouin pour tenter de lui remonter un peu le moral.

- Mine de rien c'était plutôt culotté. On dirait bien que tes ambitions dépassent celles de ta chère mère. En plus d'avoir du pouvoir tu veux l'utiliser pour être intègre...

Les paroles de la sirène me font sourire et je lui réponds :

Tu me prends pour un véritable saint, mais je ne le suis pas vraiment. J’ai des ambitions comme tout le monde et je veux vivre dans un pays en paix. Je me demande souvent ce qu’il se serait passé si Tensai n’avait pas réussi à prendre le pouvoir. Je me pense que nous aurions quand même eu une guerre, les clans barbares du Nord étant trop sauvage et le problème de l’esclavage trop important.

C’est à cause des tensions internes et externes que la famille royale s’est effondré, j’en suis convaincu. Heureusement dans un sens que la guerre a été relativement courte, sinon les Titans auront eu un ennemi complètement épuisé et nous n’aurions jamais pu sauver la cité où nous nous trouvons. Je continue ensuite :

Quand je serais ministre des Finances, j’ai pour projet de nombreuses réformes, avec l’interdiction en partie de l’esclavage, la création de banque, ce genre de chose.

Puis je me tourne vers elle et je lui souris :

Et toi ? Est-ce que tu as des projet proffessionnels ? Devenir responsable des Limiers ? J’ai vu, lorsque je suis venu te déposer les papiers sur l’homme que tu m’avais demandé de chercher, que beaucoup là-bas, te considère comme la cheffe de leur unité.

Et bien ! En effet il avait de l'ambition. Rowena acquiesce et écoute avec intention. Pas un saint... mais uniquement des ambitions bienveillantes tout de même... Qui n'étaient pas forcément les plus faciles à atteindre d'ailleurs.

- Il y a six mois je t'aurais rit au nez. " s’esclaffa-t-elle lorsqu'il lui demanda si elle souhaitait monter en grade. Bien sûr, étant donné qu'elle connaissait un peu tout le monde au Razkaal et qu'elle aidait déjà les Prévôt à  récupérer les rapports des plus récalcitrants de ses frères d'arme depuis des années, ce serait mentir de dire que l'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit, mais pour elle ce travail n'était qu'une transition. " Quand je suis devenue Limier, c'était pour faire mes preuves auprès de ma famille.  C'est un travail dur, dangereux et un endroit sinistre. Sa réputation n'est en rien exagérée. Je ne voulait pas y rester une seconde de plus que nécessaire... Mais je crois que les choses ont changées. "

Elle sourit plus posément mais un frisson froid lui remonta le long du dos. Elle avait vu ce que cachaient les entrailles du Razkaal. Elle savait qu'il était lié au titan de la mort. Elle le sentait dans ses tripes et elle était prête à beaucoup pour faire tomber Xo'Rath ainsi que tout le mal qu'il pouvait déverser sur le monde. En liant son futur à celui d'Elzéar, elle savait également qu'elle se liait bien plus étroitement au Razkaal. L'obsession de son compagnon pour cet endroit confinait à la folie... Elle connaissait ses ombres et savait les profondeurs desquelles il risquait de ne pas pouvoir revenir... Et elle, sa folie était de croire que si elle était à ses côtés, il referait surface.

- Pour rendre le monde plus beau, on peut cultiver les arts et la paix... Et arracher le mal avant qu'il ne prolifère. J'aime un homme qui a juré de protéger le monde contre les ombres les plus profondes... Finalement, risquer ma vie pour dissiper certaines de ces ombres en vaut la peine. " Elle sortit l'un de ses pieds de l'eau, celui non tatoué, en un clapotit discret et l'y replongea, bien à plat, produisant remous et bulles. " Lorsque l'un de nos prévôts partira à la retraite, si je suis élue pour le remplacé, je ne refuserai pas... Ou j'entrerais dans les sections de recherche de Magic pour poursuivre les études que nous faisons ici et trouver des armes efficaces pour détruire les plus grandes menaces de l'humanité... Mais me couvrir de paperasse ne m'intéresse pas. J'ai besoin du bouger. J'y suis trop habituée pour renoncer à ce mode de vie je crois. me sentir au prise avec tout ce qui fait que notre vie à un sens.

La réponse de la jeune femme me fait sourire, je l’écoute jusqu’au bout, m’exposant ses pensées et objectifs et je lui réponds :

Comme quoi, nous avons tous des objectifs assez simples au départ et ce sont les relations avec les autres qui nous les font changer. Je suis sûr que tu feras une excellente meneuse d’homme. Concernant la paperasse, j’ai un secret à te dire.

Je me penche à son oreille, en profitant pour sentir discrètement l’odeur de sa peau et je lui dis dans le creux de l’oreille :

Engage des agents pour faire ce travail.

Je me redresse, fier de mon conseil et je le développe :

La grande majorité du temps, s’ils sont bien formés, ils pourront faire le travail sans ton aide. Tu devrais juste statuer de temps en temps, mais tu t’en sortiras en leur faisant appliquer cette règle simple : ils doivent venir te voir avec une solution. Le plus souvent, ils ont juste besoin de ton accord.

Je m’arrête un moment et je lui dis :

Je te les formerai si tu veux, la comptabilité est la même partout.

J’embraye ensuite sur un autre conseil :

Surtout, fait bien attention de te détendre de temps en temps et à ne pas te faire manger par ton travail, c’est le plus important. Est-ce que tu as un hobby, quelque chose que tu aimes faire et qui ne soit pas relié à ton boulot ?

- Des agents ?

Elle releva un peu la tête de son épaule pour lui faire de nouveau face, étonnée. L'explication la fit sourire de façon de plus en plus machiavélique.

- Excellent ! Laisser faire la paperasse à d'autres, tu es mur pour être ministre des finance, pas mauvais en managment. " rit-elle, reconnaissante. " Si en plus je peux profiter d'un enseignant, pourquoi m'en priver  ? "

Puis elle sourit de façon plus douce face à son inquiétude.

- Pour ça ne t'en fait pas. C'est quelque chose de très important pour les Limiers. La stabilité mentale est l'une de nos valeurs les plus importante alors... " Bon... Une bonne moitié des Limiers ne respectaient pas le code sur ce point, mais on ne pouvait pas en vouloir à l'administration et c'était son boulot à elle de repérer et de prévenir les pots cassés. Alors elle n'allait pas se mettre en danger ! Elle était sincèrement convaincue de faire les choses biens, sans se rendre compte que depuis la descente qui avait coutée la santé mental de son ami Tsunami, elle n'avait pas pris plus d'un jour de véritable repos.

- Des hobbis... J'en ai pas mal. J'adore l'art. Je vais voir toutes sortes d'exposition. J'ai appris à faire la cuisine, du macramé. Je danse aussi un peu... Mais je suis surtout amatrice. La sculpture. La magie. La peinture. Le dessin. L'architecture. La poésie. La comédie... Et la musique... Je me damnerai pour un concert. " roucoule-t-elle en repensant au dernier récital de sa harpiste préférée. " Je connais deux trois théâtres d'avant garde, j'y vais à chaque permission. Il y a aussi quelques auberges connues pour abrité des groupes d'écritures, des poètes qui s'essaient à des jeux de lettre. Une amie organise parfois des salons d'artiste... Chaque plaisir, chaque discussion, chaque rencontr est une caresse... Certaines œuvres me parlent, d'autre pas du tout. Mais c'est un tel plaisir de voir une création qui semble illuminé le monde sous un angle nouveau... C'est comme le redécouvrir encore une fois. C'est... Se connecter à son créateur d'une façon à la fois si instinctive et intime. Il y a quelque chose d'artistique dans le... " Elle s'arrêta brusquement et sourit à Tagar. Sa voix débordait d'émotion et d'enthousiasme. L'affection qu'elle avait pour la beauté était palpable dans chacune de ses syllabe. C'était cette empathie, cette amour du beau qui lui évitait de sombrer dans la torpeur émotionnelle que connaissait la plupart des Limiers. Un goût pour le fantasque et les plaisirs de la Vie... Et elle s'était arrêtée d'un coup avant parlé des plaisirs de la chair. Elle doutait qu'un homme à ce point prêt à se préserver ne comprenne l'esprit de liberté et de remise en question des codes que représentait le libertinage. " ... Je crois que je me suis un peu emportée.

Je vois que mon conseil n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, car elle semble beaucoup l’apprécier et je lui souris quand elle accepte mon aide de comptable. Je suis sûr, ainsi qu’elle ne s’épuisera pas trop à sa tâche. Elle m’explique ensuite ses différents hobbies et mon sourire s’élargit en entendant cette longue liste.
Elle semble s’excuser et je lui dis :

J’aime beaucoup t’entendre parler, tu as une jolie voix, tu es passionné et je constate avec plaisir que malgré la guerre, tu arrives toujours à prendre du temps pour toi. Concernant le concert, pas besoin de te damner, j’avais prévu d’assister à un récital la semaine prochaine. Il s’agit d’une œuvre caritative dont les bénéfices seront reversés aux réfugiés.

Je laisse passer quelques secondes pour le suspens et je lui indique avec un grand sourire :

Et j’ai deux places.

Tant pis pour son bellâtre, il n’avait qu’à faire partie de la bonne société.