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    La justice frappe les injustes | Résolution de l'Enquête - Page 3 QIZeEX7
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  • Dim 19 Mai - 15:18
    La justice frappe les injustes
    feat. Pancrace, Orifa, Sixte, Dorylis, Zelevas, Mortifère, Azura

    La justice frappe les injustes | Résolution de l'Enquête - Page 3 Separa13

    Un enchaînement d'actions se déroula de manière théâtrale, comme une mauvaise pièce écrite par un auteur tourmenté. La colère et le mépris de Soren furent d'ailleurs balayés par cette mise en scène.

    Azura, débarquée dans la pièce avec ses airs de mijaurée, fixait Zelevas avec une intensité déconcertante, à la recherche d'une vérité mentie, d'un brin de réconfort dans les yeux de l'homme envers lequel elle voulait une claire affection. Impossible de savoir quelle serait sa prochaine action alors que la magie lumineuse se concentrait en son sein, mais Soren doutait fort qu'elle se montrerait offensive. La sénatrice était sincèrement quelqu'un de bon, une bienveillance touchante et inespérée au sein de la sphère politique républicaine. Mais Orifa y vit sûrement une menace, alors qu'elle s'exécutait et procédait à l'arrestation de Zelevas en lui laissant boire un dernier verre, en tout honneur : voilà qu'un craquement d'os fit grimacer le bio-alchimiste en entendant le corps du vieil homme s'écrouler par terre, poussé avec vigueur par la gigantesque valkyrie. Mais qu'est-ce que tu fous, Orifa ?

    Alors qu'il avait lui aussi fait un pas pour relever son collègue réformateur, histoire de lui redonner un peu de dignité mais surtout pour constater l'ampleur du choc par un diagnostic express, Mortifère débarqua dans la pièce talonné de Pancrace. Soren se figea sous le faciès sordide du soldat technologique : le voilà bardé de métal, défiguré, à peine humain. Ombre de l'humanité qu'il possédait, il brandissait sa magie électrique envers les opposants de son maître, et Soren n'aurait guère été surpris de crever ici grillé comme un poulet dans les secondes qui suivaient.

    Salvatrices furent les interventions de Dorylis et Azura qui se voulaient pacifiques, Mortifère retrouva quelques sentiments qu'il possédait autrefois pour poser quelques questions.

    "Les réponses à tes questions t'ont-elles été ôtées, Abraham ?" L'ange avait un ton presque las, la voix posée. Il était fatigué. "La violence ne résoudra rien, tout comme porter assaut contre nous, bien que tu sembles désormais spécialement équipé pour cela."

    Je n'ai encore jamais vu une telle apparence physique de toute mon existence. Qu'est-ce qu'on t'a fait... ? Question plutôt dirigée vers le Z, envers lequel il fit une nouvelle avancée, très prudente pour lui tendre la main, tout en jetant des oeillades sur Mortifère.

    "Peux-tu te relever ? Je ne souhaitais pas que cela tourne ainsi, encore moins que l'on te brise la hanche en t'interpellant." Ses yeux dorés exprimaient la peine. "Je suis sincèrement désolé, Zelevas. Mais il est temps de mettre fin à tes démesures. Constate seulement la tronche d'Abraham et le désarroi de ceux qui t'entourent dans cette pièce, moi le premier. Tu le sais bien mieux que moi : nos vices passés finissent toujours par nous rattraper, plus tard que tôt."

    Le destin frappera sûrement un autre pêcheur, prochainement.

    Descendu des étages de sa tour de rancune, il releva la tête vers les autres :

    "Laissez-moi au moins le prendre en charge avant qu'on l'embarque. Je peux le soigner sur place.




    La justice frappe les injustes | Résolution de l'Enquête - Page 3 C6ROr9z
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  • Lun 20 Mai - 1:33


    A la lueur des arcs électriques qui serpentaient dans les airs, la pièce si humblement décorée prenait désormais des atours cataclysmiques. Le regard chargé de noirceur, Mortifère fixait son mentor avec une fermeté nouvelle, une dureté étrangère pour ses yeux que Zelevas n'avait vus qu'attristés ou profondément admiratifs. Pris par sa douleur à la hanche, le Sénateur vociféra ses derniers mots avec la même violence que sa propre création :

    "Mirelda a signé un état d'urgence pour transformer la République en dictature, je l'ai relevé de ses droits constitutionnels, et Exousia t'a demandé de l'exécuter. TU N'AS FAIT QU'OBÉIR AUX ORDRES MORTIFÈRE."

    Il y eut un moment de réflexion, un instant que s'accorda la bête malgré l'urgence et la panique ambiante pour se recentrer, tâcher de rassembler des souvenirs occultés par la maltraitance qu'il s'était pourtant lui-même infligé. Incapable de se replonger dans ces souvenirs probablement perdus à jamais, il secoua brièvement la tête et cria à nouveau pour se faire entendre par dessus les crachats et hurlements de la foudre grondante :

    "Et pourquoi je ne m'en souviens pas ?"

    Zelevas vint tendre une paume vers Soren et le reste de l'assistance pour leur signifier de ne pas avancer plus. Regardant Mortifère avec dureté, il rétorqua :

    ""Parce que c'est toi qui a demandé l'exérèse. Souviens toi, il y a six mois tu m'en avais déjà fait la demande, et le soir même de la bataille tu l'as redemandé !"

    Les pupilles rougeoyantes quittèrent celles du Vieux Lion l'espace d'un instant et captèrent celles de Soren, puis de Dorylis, comme si le Premier Né cherchait dans les visages interdits des présents une quelconque forme de soutien ou de validation concernant ces sujets dont ils n'avaient alors entendu qu'une infime parcelle. Profondément confus et déstabilisé par l'affirmation du Sénateur Fraternitas, Mortifère retrouva sa posture hostile puis répondit sans grande conviction :

    "J'avais demandé à... être délesté de mes faiblesses humaines. J'ai... Ai-je aussi demandé à perdre la mémoire ?"

    Zelevas parut hésiter, se demander s'il valait mieux mentir. Ce n'était pas tant qu'une version était préférable à l'autre mais plutôt... le cerbère croirait il à la vérité ?

    "C'est toi qui l'a suggéré, oui."

    Un éclair projeta une impulsion lumineuse qui poussa le Sénateur à soulever sa deuxième paume pour couvrir ses yeux. Sans changer de ton, Zelevas rajouta :

    "... je ne m'y suis pas opposé parce que ton état s'aggravait d'heure en heure après la bataille."

    Mortifère se figea, en proie à des considérations secrètes que nul ne pouvait entrevoir. Son regard oscillant trouva une nouvelle cible chez le Capitaine Dosian, qu'il inspecta longuement tout en prenant conscience de la véracité des dires des si nombreux accusateurs. Pas de piège, pas de coup monté, il avait orchestré tout cela lui-même. Il s'était vaincu tout seul car il avait été, encore une fois, incapable de se faire confiance. La voix du géant mécanisé s'affaiblit, se faisant plus lointaine et moins puissante :

    "Alors Pancrace et le Sénateur Goldheart disaient vrai. J'ai... tué la Présidente."

    Sa mémoire, malgré l'acceptation de l'évidence; ne lui revenait toujours pas. Kieran et Pancrace le lui avaient tous deux fait savoir. Ces artifices, ces prothèses aberrantes et ces monstrueuses transformations en arme de guerre, rien de tout cela n'avait de valeur si l'âme du guerrier ne pouvait être forgée. Quelque chose se brisa à cet instant précis, au moment où l'être de fer se détacha des émotions qui parvenaient encore à l'animer malgré tous les efforts qu'il avait effectué pour s'en défaire au mieux. Sa grimace rageuse se changea d'abord en sourire fébrile puis, dans un accès d'hilarité semblable en tous points à une bouffée de folie, le soldat éclata d'un rire sordide. S'il en avait encore eu la possibilité, il aurait sans doute ri aux éclats au point d'en pleurer. Ses poumons meurtris par l'excès de substances alchimiques le ramenèrent à terre dans une violente quinte de toux et, sans perdre son rictus, il articula :

    "Même ça, l'homme que j'étais n'a pas su le faire convenablement ?"

    La douleur à la gorge ne fut pas suffisante pour le convaincre de cesser de s'esclaffer. Sa carcasse métallique se secouait au rythme de hoquets déments et ses paumes striées d'éclair peinaient à conserver leur alignement sur leurs proies potentielles. Puis, aussi abruptement qu'il s'était mis à hurler cette inexplicable joie, Mortifère vint s'interrompre d'un coup sec, adoptant une expression si franchement inhumaine qu'elle en devint effroyable. Les yeux solidement rivés sur Zelevas, il reprit avec un calme contrastant dramatiquement avec son moment de folie :

    "Sénateur, la situation ne s'y prête pas vraiment mais je n'aurai bientôt plus l'occasion de vous questionner...

    Quand est-ce que j'ai commencé à vous décevoir ?"


    Certains gardes républicains voulurent mettre un terme à cette mascarade en s'avançant vers la bête folle mais d'autres, plus malins et moins suicidaires qu'eux, eurent la gentillesse de les retenir par le col de leurs armures. Mortifère, malgré une attention qui paraissait entièrement accordé à son mentor, indiquait par de furtifs mouvements qu'il conservait l'ensemble des potentiels intervenants en joue. Son moment, ses réponses; il était hors de question qui que ce fut ne l'interrompe, lui qui n'avait jamais l'opportunité de s'exprimer dignement.

    Zelevas adressa le même regard à Mortifère que celui qu'on donnait à une bête semi-sauvage et imprévisible ou à un ex-détenu lunatique. Devant la question, son regard se fit fuyant, nerveux, il revint sur Mortifère les yeux toujours écarquillés et dit sans le quitter du regard :

    "Seul... seulement depuis la fin de la bataille fiston."

    Zelevas n'avait pas besoin de les voir pour sentir les regards inquiets du Sénateur Goldheart et de la Grande Mécène. Fiston... Un mot qui emplissait de bonheur l'homme que Mortifère avait laissé derrière lui. De la poudre aux yeux, une carotte agitée devant une mule affamée. Sans perdre un instant son sourire digne d'une poupée de porcelaine imitant vaguement un faciès humain, Mortifère rétorqua paisiblement :

    "Je ne comprenais pas pourquoi, vous savez ? Seulement, vous n'avez jamais daigné m'expliquer. Qu'y a-t-il de mal à vouloir mettre un terme à toute souffrance pour garder l'esprit clair ? Je voulais simplement devenir parfait, être à la hauteur de vos projets. Pourquoi ce... dégoût, Sénateur ?"

    Zelevas, la main toujours tendue en opposition à Mortifère, parut réfléchir à la formulation appropriée de sa réponse, mais son visage avait beau trahir différentes émotions de dégoût ou de résignation au travers de rictus et de spasmes faciaux, il finit par se raviser. Après une trentaine de secondes de silence meublé par le crépitement électrique, le Sénateur parla enfin :

    "Mortifère..." Sa voix était serrée, grave, chaque mot était articulé avec retenue. "...désarme toi. Maintenant."

    Même maintenant, même avec la menace planant sur son Manoir et tous ceux qu'il abritait. Le sacrifié n'obtenait rien, pas même une miette de respect de la part de cet homme pour lequel il avait tout donné, du commencement à la fin de sa si courte carrière. Un refus qu'il avait toujours accepté en opinant du chef, une froideur qu'il avait occulté par souci de vouloir bien faire et d'être à la hauteur des attentes ainsi que des lourdes responsabilités qui pesaient sur ses jeunes épaules. La rage redoubla d'intensité et dans un rugissement strident, un véritable cercle foudroyant se forma sous les pieds du militaire déchu, arrachant ainsi des parcelles de bois qu'il réduisait en cendres. Le sourire aliéné de Mortifère s'élargit et d'un air de défi, il fit tournoyer son poignet mécanique tout en sifflant :

    "Non... non non non Sénateur, pas cette fois. C'est mon ultime chance et je compte bien la saisir."

    Il ricana brièvement et ses yeux artificiels s'enflammèrent encore davantage lorsqu'il ajouta narquoisement :

    "Ai-je vraiment besoin de signifier oralement que je suis capable d'anéantir l'entièreté de ce Manoir en un battement de cils ? Le Cerbère, la bête enchaînée, l'animal docile qui sacrifie tout et ne demande rien en retour vous ordonne de répondre."

    Les armes déjà saisies quittèrent leurs fourreaux, les plus entreprenants firent à nouveau mine d'approcher. Des claquements et vociférations des serpents de lumière parurent contenir leur volonté de servir la justice et Mortifère, avec un amusement lisible, vit Zelevas écarquiller les yeux et commencer à ramper tant bien que mal vers le mur du fond pour mettre le plus de distance possible entre lui-même et le fauve.

    Il buta contre le cabinet d'argentier et paniqua quand il réalise qu'il ne pouvait s'enfuir plus, mais en voyant la porte du placard du bas, un flash de lucidité s'empara du vieillard. Il ouvrit le placard et en ressortit maladroitement l'arme familiale avec laquelle il s'était battu pendant ses années à servir à la GAR puis au Razkaal, aujourd'hui enchâssée sur un socle d'exposition en bois qui rendait son maniement compliqué. L'arbalète lourdement modifiée pour s'actionner via une pompe manuelle possède un ballot de sept carreaux déjà engagés, son nom était gravé dans le bois du manche, subtilement ironique par rapport à la vie de son manieur. Braquant La Truande sur le Premier-Né, il se mit à hurler pour couvrir le bruit de la foudre pendant que le déclic de la pompe retentissait.

    "MORTIFÈRE, NON ! CES GENS SONT L'AVENIR DE LA RÉPUBLIQUE, TU CONDAMNERAIS LA NATION !"

    Ignorant partiellement l'arbalète ainsi que la façon qu'avait celui qu'il considérait comme un second père de le menacer de mort, le soldat avisa l'ensemble des présents et en dépit de toute forme de raison, Mortifère laissa la magie continuer à affluer, sentant les spasmes nerveux créés par l'électricité se faire presque insupportables. L'arme avait faim de destruction et c'était à grande peine qu'elle contenait ses instincts. Secouant la tête avec ce qui semblait être un soupçon de résolution, Mortifère se fit las et lança posément :

    "Jusqu'au bout, le silence. Après vous avoir absolument tout donné, même mon âme, je n'aurai donc droit qu'au mépris."

    Contre toute attente, l'orage s'apaisa et la lueur éclatante née de la magie du monstre s'atténua lentement. Les bras mécaniques s'abaissèrent dans un raclement de métal et les mains difformes du géant aux prothèses reprirent l'apparence de dextres sensiblement humaines. Toujours aussi curieusement souriant, Mortifère accorda une œillade à chacun des témoins de sa déchéance et s'exprima à nouveau :

    "Messieurs dames, servir la République a été pour moi un honneur. Comme l'a déjà énoncé mon mentor, vous êtes tous trop précieux pour être inutilement sacrifiés pour une querelle... familiale ?"

    Son ricanement moqueur se fit à nouveau entendre, puis il compléta :

    "Je mets Zelevas entre vos mains. Très sincèrement, vous allez avoir bien du mal à tirer quoi que ce soit de lui."

    Croyant cette fois-ci à une véritable reddition, certains intervenants se risquèrent à approcher pour servir l'habituel discours fait aux captifs mais Mortifère vint les interrompre sèchement :

    "Je ne peux toutefois me permettre de vous confier la conclusion de mon épopée. J'ai encore beaucoup à faire. Nous allons découvrir de quoi est capable le chien lorsqu'on lui retire son collier."

    Sa tête bascula légèrement sur le côté droit et sa chevelure d'ébène s'agita lorsque la télékinésie fit son œuvre. Une fiole implantée dans sa prothèse se dressa et injecta dans un chuintement gazeux le liquide qu'elle contenait droit dans le corps du militaire. Ses derniers regards furent pour Pancrace, puis ultimement Zelevas lui-même, qu'il gratifia de salutations si arrogantes qu'elles en devenaient injurieuses :

    "A la revoyure !"

    En une fraction de secondes, la silhouette du soldat se troubla et un claquement sonore surpuissant vint vriller les tympans de ceux qui se tenaient au plus près du monstre. Une onde de choc massive naquit, brisant l'ensemble des carreaux ainsi que la verrerie et la cristallerie tout en balayant les quelques documents entreposés dans la pièce.

    Lorsque le calme revint et que tous purent constater qu'il n'y avait aucun blessé à déplorer, les plus alertes remarquèrent que Mortifère avait littéralement disparu, ne laissant comme trace de son passage que des zébrures fumantes.
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    Sixte V. Amala
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  • Lun 20 Mai - 10:24
    Sa besace passée en travers de sa poitrine, solidement harnachée à ses épaules, Sixte faisait face à la porte. L’odeur de cochon grillé qui emplissait la pièce ne semblait pas avoir alarmé qui que ce soit et elle était presque certaine qu’elle aurait pu se terrer dans ce bureau-cagibi encore de longues minutes avant que quelqu’un ne songe à venir l’y chercher. Mais c’était sans compter l’ambiance étouffante qui y régnait. Entre les piles de documents, les murs effrités et l’absence totale de fenêtres, elle avait l’impression d’être prise au piège. C’était comme si brusquement, la pièce était devenue encore plus petite qu’elle ne l’était déjà et que ses parois se rapprochaient pour la broyer. Par chance, elle n’était pas sujette à ce genre de crainte et même si la sensation faisait naître chez elle un certain malaise, elle n’en était pas réduite à s’enfuir comme un animal blessé. Néanmoins lorsque la poignée s’abaissa, que la porte s'entrouvrit, ce fut le soulagement qui l’envahit. Du bout du doigt elle ouvrit un peu plus grand, suffisamment pour se faufiler sans attirer l’attention et s’engouffra dans le couloir.

    Ses yeux se posèrent d’abord sur le dos de Pancrace puis sur le profil d’Azura mais ce fut seulement quand la voix de Mortifère lui parvint qu’elle dû lutter contre elle-même, pour ne pas retourner se planquer honteusement dans le bureau qu’elle venait de quitter. De toute façon, aucune porte et encore moins en bois n’aurait pu la préserver de l’abomination qu’était cette chose. Malgré elle, de la sueur se mit à perler le long de sa nuque, à dévaler son échine pour mourir sur ses reins. Il était invisible et cela rendait la chose pire encore, que de le voir. Égoïstement, elle était plus qu’heureuse que le corps de l’humain se tienne entre les leurs. Sixte recula jusqu’à ce que son dos ne se retrouve acculé contre le bois de l’escalier, elle ne pouvait pas fuir plus loin. Ils lui barraient la route et l’angoisse qu’elle sentait la gagnée la rendrait maladroite. Pour l’heure, ce qu’elle avait de mieux à faire était sans doute de patienter et c’est ce qu’elle fit.

    Sixte était douée pour attendre, autant qu’elle était habile pour se perdre dans son propre esprit. Alors, le dos plaquée contre le montant froid de l’escalier, elle patienta en gardant simplement une oreille attentive sur les conversation, prête à intervenir. Ses muscles se tendaient et se détendaient au fur de la conversation, lorsqu’elle sentait poindre l’agacement chez Mortifère ou l’urgence dans la voix d’Azura. Elle ne broncha pas lorsque la porte du salon s’ouvrit, ni quand Orifa, la géante, frappa Zelevas de plein fouet mais un frisson la fit ciller lorsqu’elle découvrit le nouveau visage de son némésis. Il était, désormais, aussi laid dedans que dehors. La bouche pâteuse, elle se força à déglutir et ses yeux continuèrent d’aller et venir entre les différents membres de leur assemblée sans qu’elle n’eut aucune réaction remarquable, sauf le petit rire qui lui échappa quand Mortifère eut l’audace d’évoquer sa justesse. Sixte aurait aimé lui rappeler qu’il n’avait rien de juste, tout comme son existence ne l’était pas. Un être comme lui était injuste de bien des façons aussi bien dans son corps que dans sa psyché mais elle le craignait bien trop pour oser se dévoiler alors elle resta immobile jusqu’à ce que le Juste ne commence à vaciller, que les arcs électrique s’agitent assez pour charger l’air d’énergie et qu’elle ne pense qu’il allait tous les tuer.

    La mâchoire contractée elle s’était arrachée au mur prête à déguerpir ou à profiter du spectacle, elle n’en était pas encore certaine elle-même. Mais contre toute attente, Mortifère n'attaqua pas.

    “Le chien n’a pas vraiment finit de ronger sa laisse.” Songea-t-elle simplement alors qu’elle regardait sa silhouette se troubler et disparaître dans un vacarme tonitruant. Tout de suite, un poids se relâcha dans sa poitrine et elle eut l’impression de pouvoir à nouveau respirer correctement. Le drap d’invisibilité dans lequel elle s’était cachée jusqu’ici tomba et elle apparut à l’entrée de la pièce.

    Le bleu de ses yeux se posa d’abord sur Azura qu’elle salua d’un hochement de tête polie.  - Madame la Consule. Puis se tournèrent vers Zelevas et leur froideur n’avait d’égal que le sourire mauvais qu’elle lui offrit. - Zelevas. Ça faisait longtemps.
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  • Lun 20 Mai - 13:35


    Lorsque les vitres du salon explosèrent de concert avec la disparition du Premier-Né rebel, les flammes de la cheminée moururent aussitôt, séchées par le souffle sonique dégagé par l’accélération brutale. Les rideaux volèrent, les quelques tapisseries cache-misère qui avait été pendues contre les murs pour cacher les moisissures des papiers peints tombèrent au sol et les portes du cabinet d’argentier s’ouvrirent sauvagement tandis que la foule de verres à l’intérieur volèrent en éclat. Les liqueurs et quelques débris de verre tombèrent sur le Sénateur allongé au pieds du meuble, et Zelevas laissa un juron et un gémissement de douleur lui échapper quand un morceau de cristal s’abattit sur son crâne avant de tomber au sol. Il vit ainsi la moitié de la bouteille de bourbon -97 de son père gire sur le parquet, le bouchon encore dans le goulot fracturé, vide, l’alcool probablement quelque part dans les cheveux de son fils ou sur sa chemise. Cette bouteille dont il ne se sert une gorgée qu’aux moments les plus importants de sa vie symbolise pour lui le feu combattif des d’Élusie à ne jamais abandonner, et en cet instant précis, sa volonté déjà vacillante imite le cristal. Elle se brise.

    Défait, les cheveux poisseux tombés sur les côtés comme un chien mouillé, la hanche en vrac qui le lance par accoups, Zelevas est adossé contre le placard du cabinet, la Truande entre les mains. Une pensée le traverse subitement, comme un parasite qui prend insidieusement le contrôle de sa proie, il pourrait avaler la pointe des carreaux et presser la détente, il pourrait. Les voix floues de ses collègues se réverbèrent lointainement dans son esprit, le Sénateur a un regard aussi éteint que l’âtre de sa demeure, et aussi absent que les espoirs qui lui restent. Ce n’est qu’à la présence de Soren à ses côtés que le Lion égaré relève la tête et revient à la douloureuse réalité, et derrière le Réformateur, dans le cadre de la porte, Zelevas sourit en voyant une autre hallucination de plus, un autre visage qu’il a entaché de sang dans son sillage, dans sa quête mal avisée de grandeur républicaine, Sixte.

    Il déchante très vite quand il se rend compte que l’hallucination parle et qu’Azura lui répond.

    Ses yeux s’écarquillent, et si les pensées fusent à toute vitesse, pourquoi diable est-ce qu’elle est ici maintenant? Qu’est-ce qu’elle fout là bordel? Le Sénateur déchu a beau réfléchir, il n’entrevoit pas le début d’une réponse, du moins il ne veut pas l’entrevoir… parce que… sinon… ça signifierait que… Non, non il ne veut pas le savoir. Il ne veut pas savoir pourquoi ni Goldheart ni de Rockraven ne semblent surpris de voir arriver une mercenaire supposément lambda sur les lieux d’une opération spéciale des hautes instances. Ça voudrait dire qu’ils s’attendaient à ce qu’elle soit là. Il ne veut pas non plus se demander pourquoi Aiwenor a paru accepter aussi rapidement la vérité, comme si elle la connaissait déjà, ni pourquoi elle lui a intimé de se rendre aussi facilement… Parce que si Sixte est là, ça veut dire que la Consule n’était pas venue au Manoir pour accepter le soutien que lui donnait le vieil homme, mais plutôt pour le surveiller et s’assurer qu’il ne s’enfuit pas n’est-ce pas? C’était ça hein? C’est la seule explication logique que Zelevas considère pour justifier de la présence de l’elfe, son esprit tordu par les complots et les machinations omni-présentes qui constituent son monde aliéné ne cherchent pas à comprendre plus loin que ce qu’il connaît de mieux: la trahison.

    Il ne s’est pas suicidé avec la Truande et pourtant la sensation qu’une lame lui transperce la poitrine est bien réelle. Lentement, il glisse une main faible vers le rebord du cabinet et l’attrape pour essayer de se relever, mais sa hanche lui lance aussitôt une décharge de douleur électrisante pour le forcer au sol et il grimace de douleur. Haletant, la poitrine serrée et le regard perdu, Zelevas se rend pleinement compte d’une dernière chose: il est foutu. Ses yeux déjà exorbités s’agrandissent encore un peu plus sous l’ultime réalisation, il ne sera pas seulement jugé pour l’assassinat de la Présidente mais aussi pour Palladium, et un procès en forme ne fera que l’envoyer directement au Razkaal qu’il ne connaît que trop bien, mais cette fois il ne sera pas à faire des rondes dans les couloirs, seulement des cents pas dans sa cellule. Un poing serré vient s’écraser doucement contre le meuble à ses côtés alors que le d’Élusie comprend le caractère téléologique de la situation. L’esprit fiévreux, Zelevas entrouvre les lèvres pour parler, mais seul un léger souffle en sort, il tousse et recommence alors si faiblement, en un murmure à peine audible:

    ”À droite en sortant… dans mon bureau… sous le pieds de droite, sous les planches…” sa main mal assurée se fraye un chemin sous sa chemise pour arracher le cordon qui pend sa clé en Lumithrite autour de son cou, et le vieillard tend l’objet à Soren au creux de sa paume. ”Tu trouveras l'Anneau et... et des carnets de comptes, j’avais… j’avais refait les comptes de GO, maintenant ils sont propres.”

    Qu’est-ce qu’il fait? Qu’est-ce qu’il est bien entrain de dire? Zelevas a l’impression d’être dans un état second, à peine aux commandes de son propre corps, il a la sensation que ses propres pensées lui échappent et qu’il agit instinctivement, comme s’il ne pouvait que se regarder délivrer ces paroles.

    ”Il… il faut…” Relevant lentement la tête vers le reste de l’assistance, le d’Élusie absent réhausse légèrement le ton. ”Il faut dissoudre le PFR… Junior n’est plus l’actionnaire majoritaire du FSF depuis près d’un an, le parti est un électron libre, il n’y a plus de contrôle dessus… si je pars, ça va finir par se remarquer…”

    Mais pourquoi est-ce qu’il dévoile ça? Il ferait mieux de se taire et de laisser le PFR s’écraser pour ternir le Courant Humaniste qu’il déteste tant non? Si ce sont les gros industriels et les magnats de l’économie qui dirigent désormais le parti, c’est tant mieux pour lui… mais comment ça pourrait-l’être? Il sera derrière des barreaux, tout ça n’a en réalité plus aucune importance. Zelevas comprend soudainement la raison pour laquelle il ouvre ainsi la boîte de Pandore, c’est son instinct qui réagit, forgé par plus d’une moitié de siècle à servir la République il fait tout pour la laisser dans les meilleures mains, maintenant qu’il a la certitude que ce ne seront pas les siennes. Il doit tout dire à Soren, le plus vite possible. de Rockraven ne comprendra peut-être pas la nécessité de ce qu’il a fait, mais il sait que le Goldheart lui, saisira. Il doit lui faire part du reste, mais pas devant la Mécène. Pas maintenant. Levant un regard fataliste vers le demi-ange, il murmure simplement:

    ”C’est fini.”

    Une goutte de liqueur transparente coule sur sa joue jusqu’à la commissure de ses lèvres, étrange, Zelevas ne se souvient pas d’avoir acheté un alcool salé.
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  • Mar 21 Mai - 18:24
    J’crois que je préférais quand on s’insultait dans le couloir avec Mortifère en attendant que les politiciens sifflent la fin de la récré et nous fassent entrer en classe pour distribuer les bons et les mauvais points. Le grabuge à l’intérieur de la salle des profs attirent l’attention du colosse technomagique, et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, on se retrouve à l’intérieur, magie armée à fond pour faire face à une crise de folie du premier rejeton difforme de Palladium. Comme quoi il était mieux quand il fallait tuer des abominations cosmiques plutôt que des p’tites vieilles, hé ?

    Le bouclier d’ombre que j’génère quand il pète son bocal est même pas effleuré par la moindre effluve de magie, et le voilà parti, nous laissant les bras un peu ballants, la bouchée bée, et les officiers républicains derrière moi regardent autour d’un air soupçonneux, mais à nous voir tous relâcher notre mana, ils rengainent finalement leurs armes et, sur un geste de ma part, vont pour examiner les alentours directs pour s’assurer que y’a pas une autre saloperie qui se prépare à nous tomber dessus. J’aurais pu leur dire que non, le senseur s’en est assuré, mais j’pense que cette action de routine leur fait du bien pour calmer des nerfs déjà bien entamés par la situation.

    En tout cas, Zelevas a l’air au bout du rouleau, à bégayer en pointant des trucs du doigt, en regardant d’un air fou autour de lui. La vieillesse, ce naufrage, disait quelqu’un, j’sais plus qui. Le vieux lion, là, pas dit qu’il retourne se faire son harem de lionnes et manger des antilopes. J’en viens à me demander s’il survivra jusqu’au Razkaal, jusqu’au procès. Il a déjà du mal à se déplacer, le vieillard, et semble tout dégonflé, comme une poche percée. Sans son grand manteau, sa mine altière et le poids des institutions, il redevient ce qui nous guette tous : un tas de viande voué à nourrir les vers.

    Ça fait une pointe de tristesse, et ça fait réfléchir, mais j’suis surtout pas certain d’être sorti d’affaire. J’essaie de me faire discret, de passer derrière d’autres gens. S’il pouvait oublier mon rôle mineur dans Palladium, et les quelques menus services que j’lui ai rendu au cours des mois passés, ça arrangerait tout le monde. J’réfléchis aussi déjà à ce que j’ai en stock comme faveurs à solliciter. Y’a quelques commissaires dont j’ai sorti le cul des ronces, plus souvent qu’à mon tour, le préfet de Courage, puis le nouveau maire m’a à la bonne…

    Il a raison quand il dit que c’est fini. Mais tout est un éternel recommencement et quand le vieux lion tirera sa dernière révérence, un autre le remplacera. Mon regard va de Rockraven à Aiwenor avant de s’arrêter sur Goldheart. Probablement lui, l’héritier. D’abord, de Mirelda et de Mickaël. Ensuite, de Fraternitas qui semble vouloir lui transmettre des derniers informations, instructions, à voir son visage désespéré.

    Le jeune lion, alors, avec sa crinière déjà blanche, ses pommettes hautes et son regard doré ?

    Pas que ça m’enjaille plus que ça, mais ça pourrait être pire. De toute façon, avec la vieille garde qui vient de prendre la porte les pieds devant, va bien falloir faire un gros coup de renouvellement, et c’est dur de prédire les conséquences que le procès de Zelevas va avoir. Ça se trouve, tout se règlera à huis-clos, à l’abri des yeux inquisiteurs du public et du tout-venant, et les élections convoquées dans la foulée rétabliront un ordre normal.

    Puis les Limiers et le SCAR vont être bien occupés à traquer Mortifère. J’leur souhaite bien du courage d’ailleurs, c’est un sacré client, et j’sais pas dans quel état on va le retrouver d’ici une semaine. Ça se trouve, il sera pris d’une folie meurtrière et exécutera un quartier de Liberty ou de Justice. Juste pas de Courage pendant que j’y suis, par pitié : j’ai pas la moindre envie d’être celui qui doit se coltiner l’arrestation.

    Voyant que la situation est bien en main, j’ressors discrètement, et j’profite du souffle d’air frais pour regarder le ciel, d’une grisaille habituelle pour la saison, et réfléchir à la suite. Même si d’Elusie semble fini, il peut encore bien casser les couilles, mais y’a qu’une certitude.

    Le vieux lion de Justice va tirer sa révérence.
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  • Mar 21 Mai - 20:54
    La justice frappe les injustes
    feat. Pancrace, Orifa, Sixte, Dorylis, Zelevas, Mortifère, Azura

    La justice frappe les injustes | Résolution de l'Enquête - Page 3 Separa13

    Où était passé toute la colère, l'amertume, la détermination de Soren ? Le bio-alchimiste contempla tristement le vieil homme à terre, de la bonne boisson passablement gâchée sur lui. Peut-être qu'il saisissait enfin les enjeux de ses actions : il n'était pas dans le round des primaires. Le prochain président, cela ne sera pas lui. Pas à la prochaine élection, pas par la force des votes. Quelque chose d'autre se tramait dans l'ombre, une autre personne allait certainement saisir le pouvoir pour, du bout de ses doigts crochus, tordre le pays à sa façon, écraser les vermines qu'il en reste.

    Et parmi ces vermines, il y avait le nom Goldheart. Prestige passé, il n'en restait plus beaucoup d'entre eux. L'ange pensa immédiatement à lui, à sa propre sécurité, sa propre gueule. Puis vinrent ses gosses. Avenn. Linael. Il avait perdu sa villa à Liberty, mais n'était-ce pas là un mal pour un bien ? Serait-ce sécurisant de demeurer dans cette ville, dans ce prochain gouvernement ?

    Il faudra se battre. Mais en aura-t-il la force, l'envie ? Ça lui manquait parfois, ce temps où aucune autre responsabilité ne lui pesait sur les épaules autre que l'avancée scientifique et la découverte biologique et chimique qu'il parvenait à mener en laboratoire. Découvrir des molécules, les manipuler, les transformer... les tester. Sur sujets vivants. Il n'était plus instigateur du changement et de l'innovation, mais acteur de scénarios qui allaient de mal en pis, qui s'écrivaient puis se brisaient. La chute de Zelevas était inévitable, mais le fait que lui, Soren, en soit l'instigateur lui fit remuer quelque chose au fond de lui. Il avait réussi, atteint son objectif. Mais ça n'avait pas le goût de la victoire. Ça n'avait pas le goût sirupeux d'une liqueur fruitée dans la gorge, d'une bouchée d'un plat qu'on a savamment cuisiné. Juste une espèce d'amertume étrange, d'une victoire qui allait impliquer une inéluctable défaite.

    "Je te remercie", répondit-il simplement au Lion qui avait probablement lissé tous les comptes de l'entreprise Good Omens.

    Même dans ses derniers instants, Zelevas avait cru en lui. Soren avait en horreur de planter des couteaux dans le dos de ceux qui l'aidaient, même pour les plus sombres machinations. Tout simplement parce qu'ils n'étaient pas nombreux, trop peu d'alliés réels existaient encore.

    "C'est en effet fini. Et je suis désappointé d'être le point final de ta montée en puissance, la faucheuse de tous tes projets que tu t'es évertué à mener." Soren lâcha un faible soupir, ressemblant vaguement à un rire. "Je participe à ta déchéance, tu souhaites mon ascension. Tu te fais vraiment vieux, Zelevas d'Élusie Fraternitas."

    Il sortit une petite fiole, la but. Un coup d'adrénaline monta en lui, tandis que sa magie afflua à sa puissance maximale. Il posa sa main sur le cœur de Zelevas, l'autre sur sa hanche et sa magie de soin se déversa dans le corps meurtri de son collègue réformateur. On put entendre un os craquer, se remettant en place tout seul, les terminaisons nerveuses se régénérer, les brisures se ressouder. Le rythme cardiaque diablement élevé du Lion s'apaisa.

    Cela fait, il fit signe aux officiers dans la pièce qu'on relève l'homme pour procéder à son arrestation en bonne et due forme.

    "J'espère avoir fait le bon choix", lâcha-t-il spontanément à qui pouvait bien l'entendre.

    Sur ce, il se détourna, jetant un dernier regard à Dorylis, Sixte. Pancrace était déjà sorti. Il s'adressa à Orifa et aux officiers :

    "Chassez Mortifère. Pistez-le. Je ne veux pas voir ce mec à l'air libre. Mort ou vif, mettez-le hors d'état de nuire."




    La justice frappe les injustes | Résolution de l'Enquête - Page 3 C6ROr9z
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  • Mar 21 Mai - 23:30
    La justice frappe les injustes
    Impuissante … Malgré son entraînement et la quantité de personnes qu’elle avait déjà tuées durant sa vue, à cet instant elle se sentait simplement impuissante. Pour la première fois qu’elle voyait cette chose répugnante, elle devait se rendre à l'évidence qu' elle n’était clairement pas de taille face à lui, du moins pas pour l’instant. Qu’importe ce que cela aurait pu lui coûter, son corps restait de marbre sous cape et son masque serrant ses doigts contre ses couteaux en qui elle avait foi. Il lui était impossible de bouger car derrière elle se trouvait Soren qui jusqu’à la fin de cette mission du moins, était son maître.

    Alors que les deux protagonistes étaient en train d’échanger, le cœur de pierre de la valkyrie commençait à se compacter. Cette chose n’était finalement pas bien différente d’elle, quand beaucoup voyaient en lui un être sans cœur destiné uniquement à la destruction, froid comme la glace et sans le moindre état d'âme. Voilà quelle réalité il était bien différent de ce qu’on avait pu lui décrire. Sous ses yeux, Orifa voyait son miroir, il avait tout sacrifié pour la personne en qui il croyait au point de porter ses cicatrices comme des médailles. Il n’avait pas besoin d’être accepté des autres tant que seule la personne qui lui était importante l'acceptait comme il était … Il n’avait pas fait seulement preuve de loyauté lors de ses actions, il l’avait fait dans ses actes jusqu’à devenir une arme parfaite en l’honneur de Zelevas. Sa plus grande crainte n’était pas le regard des autres mais décevoir son maître et il n’y avait pas de loyauté plus belle que celle-là.

    “ ... Qu'y a-t-il de mal à vouloir mettre un terme à toute souffrance pour garder l'esprit clair ? Je voulais simplement devenir parfait, être à la hauteur de vos projets. Pourquoi ce... Dégoût, Sénateur ? "

    Bien qu’elle se maintenait prête à défendre sa vie chèrement, ses yeux devenaient rouges comme si elle avait envie de pleurer. Des larmes … C’était impossible d’en voir apparaître sur ses yeux mais si elle avait pu alors son masque en aurait été rempli. Mortifère … Si seulement tu avais pu trouver une personne digne d’être ton maître, jamais tu n’aurais eu à ronger ta laisse, est ce que c’était déjà chose faite ? Ça avait dû être tellement dur pour lui d’accepter de se résoudre à une telle extrémité. A travers lui, elle se voyait, ressentait la même sensation que si elle avait quitté Mirelda que la nature n’avait pas fait l’inverse. Pouvait-elle seulement blâmer un être qui n’avait même plus le moindre souvenir de ce crime odieux ? Il ne semblait même pas être prêt à accepter ce qu'il avait fait.

    Au moment de son départ, l’onde de choc la repoussa alors que sa taille était une faiblesse dans ce genre de situation pourtant elle ressentait une certaine joie incompréhensible. Certainement que c’était la même chose que pouvait percevoir un chien qui en voyait un autre rompre sa laisse pour pouvoir partir là où il le voulait. Il était libre mais est ce que son esprit l’était vraiment ? Était-il prêt à vivre seul après s’être voué corps et âme à une personne qui l’avait trahie de la sorte. Bien qu’il lui était impossible de suivre la trace de son départ, les particules qui s’étaient envolées donnèrent l’impression de le voir dans sa course et elle espérait simplement qu’Abraham pourrait à nouveau trouver une personne digne de lui.

    Alors que l’on se concentrait sur Zelevas, les membres du SCAR qui étaient autour de la maison s’étaient présentés devant la directrice. Rendant leurs rapports, aucun n’avait pu remarquer la course effrénée d’Abraham, ils s’étaient plutôt concentrés sur la maison d’où une énorme explosion s’était fait entendre. Elle commençait déjà à donner ses ordres pour la traque et la poursuite en plus d’indiquer qu’il fallait transmettre les informations au QG, même si Abraham ne devait pas connaître l'emplacement du bâtiment il valait mieux rester sur ses gardes jusqu’à en savoir un peu plus sur ces objectifs. De plus, il fallait lancer la traque le plus rapidement possible dans toute la république et faire tourner à plein régime le réseau de renseignement du SCAR.

    Se tournant vers Soren elle le salua avec respect en recevant son ordre avant de se retourner vers les membres du SCAR.

    - Vous avez entendu ? On y va tout de suite !

    Tout le monde se mettant en route, Orifa se rapprocha de Zelevas qui était encore dans les bras des officiers. Retirant son masque en gardant sa capuche pour qu’il soit le seul à pouvoir voir son visage fixant son regard de ses pupilles de braise.

    - Je prie pour que votre mort soit longue et douloureuse . Ne pensez pas que d’avoir arrêté Abraham puisse suffire à réparer votre crime envers la présidente.


    Remettant son masque avant de laisser les officiers repartir, elle avait également son propre travail à réaliser. Pourquoi est ce qu’elle était allée le voir ? Pour simple caprice personnel, il ne devait peut-être pas se souvenir d’elle car il ne l’avait toujours vu que comme une ombre de Mirelda, servante ou garde du corps, les nobles n’avaient pas besoin de retenir le visage des êtres jetables. La justice allait s’occuper de lui et certainement que ça aurait été ce qu'aurait voulu Mirelda, qu’il meurt dans la disgrâce la plus totale.


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  • Mer 22 Mai - 23:28
    Sixte avait imaginé mille façons de se venger. Ses rêves étaient parsemés de colère et de représaille, de craintes et d’entraves mais ce soir, elle s’endormirait l’esprit serein en ne se souvenant de ce qu’elle avait lu dans les iris vieillit de cet homme qui n’était plus rien de ce qu’il avait été. Elle s’était imaginé la violence avec laquelle elle le frapperait, la façon dont elle ferait couler le sang pour ce qu’il avait osé lui faire, la peur qu’il avait instillé dans son esprit avec l’aide de sa chose, de son monstre à visage inhumain. Elle avait songé ô combien elle prendrait plaisir à jouer avec ses nerfs exactement comme il l’avait fait ; à passer ses doigts dans ses cheveux mousseux et aussi pâle que son visage de presque-mort. Elle se voyait déjà laisser ses mains courir le long de ses articulations, juste assez pour lui laisser imaginer tout ce qu’elle était prête à lui faire subir. Elle avait voulu marquer son esprit au fer rouge et que, comme elle, une simple présence puisse lui faire perdre les moyens. Ô par les huit, qu’elle avait rêvé ce moment! Et aujourd’hui c’était en train d’arriver. Zelevas d’Elusie Fraternitas était en train de tomber de son pied d’estale.

    “Et quelle chute !”Songea-t-elle alors qu’un léger sourire était en train d’habiller son visage, donnant à son regard un air un peu fou.

    Sixte avait rêvé de briser Zelevas d’une manière aussi franche que la sienne, de lui laisser les mêmes marques qu’il lui avait laissé -son foie n’avait pas oublié non plus- mais c’était d’une autre manière que le sénateur était en train de se disloquer et à mesure qu’il se mit à parler, elle comprit qu’elle pouvait lui donner le coup de grâce. Pancrace s’était déjà échappé des entrailles du manoir et Soren était aussi en train de lui emboîter le pas lorsque la jeune elfe, de sa démarche légère, s’avança jusqu’à l’homme ou du moins ce qu’il en restait.

    - Vous avez échoué lamentablement, je m’attendais à un peu mieux. Susurra-t-elle tout en faisant glisser sa besace dont elle défit l’attache pour révéler ce qu’elle contenait. - Vous allez mourir comme vous avez vécu, Zelevas et ça ne sera pas beau à voir. Doucement, elle referma son sac. - Bonne chance. Lui souffla-t-elle simplement en guise d’adieu avant de se redresser. Qu’il était misérable ainsi, cet homme qui pourtant avait presque tenu la République dans le creux de sa main. Ses yeux le toisèrent encore de longues secondes, comme si elle s’imprégnait de cette dernière image. Elle s’en délectait en vérité car si elle avait voulu voir son corps en miette, elle constata qu’il était bien plus satisfaisant de voir son esprit réduit à peau de chagrin. Ses espoirs, ses sentiments, ses envies, sa dignité, son amour propre, tout serait broyé par l’engrenage de la justice. Celui dont il était le seul à avoir activé les rouages.

    Sans demander son reste et après avoir rendu les preuves à qui de droit, Sixte quitta à son tour la pièce laissant derrière elle un lion qui n’était plus qu’un vieillard.
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    Dorylis de Rockraven
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  • Sam 25 Mai - 11:56
    Le monde allait mal depuis des mois, une courte période aux yeux de la Mécène mais elle n'appréciait guère cette sensation que trop de choses échappaient à son contrôle. D'abord Kaizoku, cette attaque menée par les pirates contre leur ancienne île, cette maudite élémentaire qui avait réveillée le volcan et le fiasco qui avait suivi sous le regard émerveillé des Sorcières de l'Assemblée. Ces mêmes garces qui tapies dans l'ombre avaient monté une armée avec une légion entière et des bataillons entiers de monstruosités et rien ni personne qui avait été capable de voir quoi que ce soit... Et le point d'orgue de tout cela, le meurtre de la Présidente, un détail en soi ce n'était qu'une vie parmi d'autres dans le fond mais elle représentait un symbole quand bien même elle était pourrie jusqu'à la moëlle, mais qui ne l'était pas? Même elle, la Mécène n'était pas exempte d'écarts ils étaient juste de plus petite ampleur probablement mais jamais elle n'avait commandité un meurtre ou accepté d'en couvrir un.

    Et ce jour-là se jouait l'épilogue de cette année de crise. Zelevas avait avoué et ... alors qu'il gisait au sol refusant son aide, trop meurtri dans son ego, plus probablement qu'à sa hanche arthirique... voilà qu'entrait en scène le furieux résultat du projet Palladium. Il était clairement la raison pour laquelle les projets scientifiques devaient être surveillés, vérouillés et pas laissés au profit d'intérêts personnels... Elle aurait du mettre en examen Zelevas quand elle avait été mise devant le fait accompli de ce procès, elle aurait du avoir les ovaires de refuser de plier aux injonctions de la Vice Présidente, ne pas croire en cet idéal qu'était le soldat républicain modifié, mais elle avait accepté de laisser une chance à Palladium, que peut-être il pouvait être une arme décisive contre leurs ennemis qui devenaient plus nombreux. Sauf que cette arme comme toutes les autres pouvaient être mal utilisées, ce n'était pas la faute de Mortifère ou Abraham de Sforza, c'était celle des décideurs mais il avait été l'arme du crime, un objet central de tout ce capharnaüm.

    Et il joua sa dernière pièce en public en montrant qu'il ne se souvenait pas, qu'il ne comprenait pas et les révélations choquèrent la Ministre, on avait effacé sa mémoire pour le rendre docile, elle s'assurerait que ce projet serait enterré totalement, plus jamais de Mortifère.

    Elle avait envisagé d'agir durant les échanges quasiment paternels entre Zelevas et Mortifère, ne voyaient ils pas tous les deux que leurs liens dépassaient le devoir? Quelle bande d'idiots, envisager que pour devenir fort, performant il fallait détruire les émotions, elles étaient le coeur de tout être vivant, ce qui les aidaient à faire les bons choix et les erreurs... elles étaient parfaitement humaines (sens très large) et devaient être préservées, mais on apprenait dans la vie à ne pas en être un esclave.

    Quand Mortifère termina son allocution elle riva son regard dans le sien en réponse à ses derniers mots.

    - Un chien errant finit toujours à la fourrière et s'il a la rage...

    Nul besoin d'aller plus loin, elle voulait qu'il soit arrêté elle aussi, trop dangereux pour être libre, Zelevas, Koraki avaient créé un monstre qui venait de briser ses chaines, incontrôlable. Quand il eut soufflé la pièce avec son départ elle resta silencieuse de longues secondes avant de dire avec plus de froideur que d'accoutumée, oublié le ton policé, il était rugueux, crissant, comme du sable qui grince. Elle avait entendu les paroles du vieil homme pour Soren, elle était juste à côté, elle se permit un conseil.

    - Evitez de marcher dans ses pas.

    Elle se dirigea ensuite vers la porte, elle en avait fini avec cette enquête.

    - Je vous retrouverai au tribunal Zelevas, le peuple connaîtra l'entière vérité quelles qu'en soient les conséquences. C'est dommage que cela finisse ainsi, j'aurais apprécié travailler à vos côtés.

    Entière, têtue, elle avait fait un choix dont elle ne démordrait pas. Elle laissait Soren et Orifa gérer avec les autres l'arrestation de Zelevas. A Azura elle glissa un "vous devriez quitter cet endroit Azura, si vous avez besoin d'un toit, j'ai un appartement à Justice et un autre à Courage, le Manoir de ma famille vous est ouvert à Liberty si vous le souhaitez aussi mais ne restez pas ici, tirez un trait sur cette amitié c'est le mieux que vous pouvez faire."
    Cela étant dit elle remercia tous les présents avant de tracer des symboles dans l'air et de disparaitre dans la foulée, téléportée à la ville la plus proche pour donner ses ordres que personne ne lui coupe l'herbe sous le pied.
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