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Sur le départ pour le rassemblement du FRN, Zelevas regardait la foule réunie pour honorer la mort de Mirelda et Koraki avec un grain de dégoût, il n’apprécie guère se montrer aussi hypocrite, mais il a tout de même pu limiter le mensonge au minimum grâce à l’accord de silence des différents candidats. Le vieil homme regarde d’un air mélancolique la tête argentée de Kirin qui orne sa canne de marche, dissimulée sous ses doigts abîmés qui la caresse rêveusement. Les mots récents de Soren à son discours résonnent encore une fois dans son esprit, le meurtre de Mirelda ne sera pas impuni et le demi-ange fera régner la justice sur les perpétrateurs du crime. Les. Bien que d’Élusie soit au fait de l’existence d’une enquête en cours dont il ne se doute pas d’être un des suspects, puisqu’il est inévitablement le coupable, il ne connaît pas encore tout les tenants et aboutissants de sa progression. La question qui se pose pour lui est actuellement plus de l’ordre de ‘quand’ ils remonteront jusqu’à lui que du ‘si’. Son acte régicide n’a pas été aussi bien maquillé qu’il ne l’espérait, et malheureusement pour eux les timings des différents évènements qui se sont déroulés dans les sous-sols de la Maison Bleue n’ont pas été autant en leur faveur qu’il ne l’avait premièrement envisagé. Son regard bleu acier soupèse les différents facteurs à prendre en compte pour naviguer ces prochains jours tandis que Mortifère vérifie que les derniers préparatifs pour leur départ sont assurés, il erre entre les nuages et les remparts de Liberty, observant vaguement les reliques de la bataille dans les marques portées par les épaisses murailles. Il soupire.
Rabaissant ses yeux pour les reporter sur la foule amassée près de l’estrade et qui ne cessait de s’accroître au fur et à mesure que les gens passaient porter hommage au défunts chefs de l’état, Zelevas jeta un oeil triste aux divers visages qu’il reconnaissait ou non, la capitale était sauvée, mais cette fois encore, la victoire ne s’était pas faite sans faire peser un tribu si lourd qu’il était difficile de se réjouir de ce qui avait échappé à la destruction. Tout autour d’eux les différents bâtiments de Liberty avaient soufferts de lourds dommage suite à la violence inouïe de l'inondation titanesque, les morts étaient si nombreux que le bilan prendrait du temps à venir et le moral républicain était bas. Tout comme celui de la Consule.
Azura vir GBJA n’avait pas prononcé un mot depuis le début de la cérémonie, et c’était bien là ce qui affectait le plus le Sénateur en cette journée endeuillée, son éclat naturel était éteint, son visage d’habitude si jovial et sa physionomie allègre avaient cédés leurs places à un abattement notable et Zelevas peinait à reconnaître en elle la Lumina qu’il connaissait. Son mutisme affligeant lui laisse un pincement amer au coeur bien supérieur encore aux inquiétudes de sa propre condition précaire.
”Un instant, je reviens.” murmure-t’il à l’adresse de son conducteur avant de se diriger vers la candidate.
Il approche doucement d’elle, le son de sa canne de marche contre le pavé dénotant distinctement son arrivée à ses côtés, et lorsque la femme relève la tête, le vieillard lui adresse un faible sourire, les lèvres arquées timidement à cause du ton morose à l’ordre du jour. Sans rien dire, il pose sa main contre son épaule, serrant dans sa dextre le bras de la Lumina pour tenter de l’inviter à reprendre un peu de sa prestance usuelle, avant de laisser sa main gantée revenir dans la poche de son lourd manteau.
”Nous n’avons pas le droit de nous laisser abattre.” Sa voix est nouée par l’émotion de la voir si affectée, même si au retour de Kaizoku la jeune Lumina semblait bouleversée, elle était demeurée expressive. La voir ainsi éteinte était plus alarmant pour Zelevas. ”La République… le peuple de la République, va avoir besoin de nous, et surtout de vous Azura. Le temps que le Conseil Constitutionnel organise les élections il y aura un laps de temps pendant lequel vous devrez prendre le relai, quand ça arrivera la nation aura besoin que vous soyez au meilleur possible de votre forme, je sais qu’il y a beaucoup à faire, mais croyez moi vous n’aiderez personne sans un peu de repos d’abord.” Ses bleus aciers rencontrent les yeux verdoyants de la Consule qui paraissent plus sombres sous le soleil hivernal. ”Prenez quelques jours pour vous, avant que le Conseil Con ne vous mette sous les feux des lustres, vous pourriez me rejoindre à Justice, vous y seriez au calme, ça vous changerait peut-être un peu les idées.”
Il se retourna juste un instant pour observer ce que Mortifère faisait, il avait apparemment croisé des connaissances à lui et semblait occupé.
”Je dois aller au rassemblement du FRN, mais je pars sitôt après pour Justice, j’y resterai quelques jours alors si vous souhaitez passer, vous y serez la bienvenue.”
Noble de La République
Azura Aiwenor
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Après la tragédie qui avait frappé Liberty, Azura n'avait plus prononcée la moindre parole, bien que la victoire était criée à chaque coin de rue, Azura se murait dans un silence accablé. Elle ne voyait que les milliers de morts là où les relativistes voyaient les dizaines de milliers de survivants. Et alors que la capitale avait perdue près d'un tiers de sa population, que ce soit dans les combats ou dans les inondations, la Consule ne pouvait que s'en vouloir de ne pas avoir pu en sauver d'avantage. Elle avait fait le serment de protéger sa population, de toujours être là pour la République, d'assurer la survie de son prochain. Et au lieu de ça, elle s'était retranchée dans la Maison Bleue, cachée parmi les puissants, là où elle avait les mains liées.
Elle revoyait en permanence le regard délavé de Phtonia Até, surgissant d'entre les morts pour y retourner derechef et le massacre des Cent Dorés, submergés par le nombre. Elle entendait toujours les cris des malheureux emportés dans le raz-de-marée, impuissants, implorant de l'aide. Une aide qui ne vint jamais. Alors qu'un nombre encore imprécis de citoyens se noyaient dans la ville, tous se concentraient sur l'offensive contre les sorcières et Kaiyo, aveuglés par le désir de vaincre. Un désir égotiste qui avait même aveuglé la Consule qui s'était lancée dans les combats là où elle aurait dû, comme à Kaizoku, déployer toute sa magie pour mettre un maximum de citoyens à l'abris.
Et si tous se perdaient dans cette triste victoire, Azura ne pouvait que déplorer l'enchainement de mauvais choix qu'elle avait fait. Elle n'avait pas été à la hauteur, encore une fois, et c'était les autres qui le payaient de leurs vies. La Lumina avait perdue de son éclat, non pas affligée du décès de la Présidente ou de Koraki, mais bien en deuil des milliers de victimes innocentes que ces deux trépassées avaient éclipsées. Azura n'avait même plus la tête à songer aux coupables de ce massacre, tant elle se voyait comme responsable de la perte de Liberty.
Les relativistes, là encore, verraient la possibilité de rebâtir ce qui avait été rasé. Azura ne pouvait que se morfondre sur le fait que plus rien ne serait pareil, même après reconstruction. Elle était donc là, à assister à des funérailles qui ne faisaient qu'accroitre son chagrin, bredouillant péniblement quelques consolations veines, là où c'était elle qui en avait le plus besoin.
Et comme pour répondre à son besoin viscéral, Zelevas, son plus proche soutien, s'approcha subrepticement d'elle. Azura n'avait même pas perçu la trille distinctive de son bâton - ce n'était pas faute d'y être habitué - tant elle s'abîmait dans les sombres remembrances des évènements. Elle esquissa tant bien que mal un sourire pour le vieil homme qui faisait partie des relativistes.- Vous pensez toujours à bien, Zel. Fit-elle, fluette. Je viendrai. Le réconfort que vous proposez-là... J'en ai besoin. Mais ne vous en faites pas trop, je m'en remettrai. Comme toujours. Ajouta-t-elle, s'essayant piteusement au relativisme.
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Thème musical d'Azura
20 Janvier de l'An 5 au soir...
Le Manoir d’Élusie n’avait pas connu un aussi bon jour depuis fort longtemps, si la façade était toujours ruinée et mal entretenue et que les jardins qui bordaient la propriété étaient tout aussi sauvages que d’habitude, l’intérieur de l’imposante bâtisse avait grandement gagné en salubrité. C’était la première fois qu’il y ferait venir la Consule de la République, et les lieux devaient être aussi accueillant que possible à défaut d’être à la hauteur. Grâce notamment à l’aide de Mortifère, le fin tapis de poussière qui recouvrait absolument tout les meubles d’une teinte grisonnante par endroit, carrément noir par d’autres, avait été entièrement retirée et brûlée à l’électricité. Les vitres avaient été récurées et laissaient désormais de nouveau passer la lueur du jour sans la troubler d’une opacité floue, les carreaux manquants avaient été recouverts non pas des quelques draps qui remplissaient d’ordinaire cet office, mais placardés avec des planches de bois pour protéger un peu l’isolation. Quelques surfaces marquetées avaient reçu un coup de vernissage, notamment la cage d’escalier et les meubles du salon au rez-de-chaussée, l’éternelle pièce à vivre du Sénateur. Ce salon a justement reçu une attention toute particulière aussi, dont le premier changement qui saute aux yeux était son ameublement: si avant l’arrivée du Sénateur l’endroit n’était riche que des deux fauteuils, d’une table et du canapé et table basse qui étaient autorisées à y demeurer, les meubles entreposés depuis plus de vingt ans dans la buanderie à l’arrière avaient fait leur grand retour. Lustrés et dépoussiérés, les chaises de la grande table à manger ornaient désormais les flancs de celle-ci, l’horloge à pendule et les différentes commodes en chêne et noyer accompagnent à nouveau les tapisseries des murs et surtout, le grand buffet imposant qui jadis donnait son caractère à la pièce avec sa grande glace centrale avait retrouvé sa place en miroir à l’âtre grâce aux talents télékinétiques et à la force de Mortifère.
Ce dernier est encore présent dans la demeure, mais séjourne à l’étage supérieur, celui réservé au personnel qui n’existe toujours pas au demeurant. Zelevas avait pesé l’option d’embaucher quelques personnes en empruntant des domestiques à des connaissances pour quelques jours, mais il y avait des choses entreposées chez lui qui méritaient un peu de discrétion, par secret professionnel pour la SSG. Il y en avait d’autres qui méritaient aussi beaucoup de discrétion, par secret d’état, mais celles-ci étaient bien au chaud dans le coffre de son bureau. Le vieux d’Élusie avait travaillé toute la journée pour rendre le Manoir présentable en compagnie du Premier-Né, et il se retrouve maintenant exténué alors que le soleil hivernal s’était déjà couché depuis une bonne heure. Avachi dans son fauteuil, il apprécie la chaleur du foyer qui a tourné sans interruption depuis deux jours à plein régime pour redonner au murs froids un semblant de chaleur. Son regard bleu acier vogue le long des tapisseries dressées contre les murs pour dissimuler la moisissure et le délavement des revêtements, quelque chose qu’ils ne pouvaient pas changer en si peu de temps mais qu’ils avaient quand même réussi à camoufler. L’endroit n’est pas propre, mais il en donne l’impression, c’était là tout le résultat escompté. Enfin, c’était surtout le cas pour le salon, la cuisine, la cage d’escalier et les chambres à l’étage, le reste des lieux faisait toujours délaissé, mais ils n’étaient qu’humains ou presque et ne pouvaient pas accomplir de miracles.
Alors qu’il se repose en laissant ses yeux se fermer tout seuls devant les flammes dansantes de la cheminée, Zelevas sent sa respiration s’affaiblir et trouver un rythme calme et tranquille. Il s’en étonne un peu, les jambes tendues vers la douce aura de chaleur, les doigts croisés sur son abdomen et la tête déposée contre le dossier il parvient à se détendre à un degré qu’il avait oublié atteignable. Où sont les fantômes? pense-t’il avec un rictus de satisfaction. Ces dernières années avaient été particulièrement éprouvantes parfois physiquement, mais surtout mentalement, il repense aux pressions qui ont pesé et qui pèse pour certaines encore sur ses épaules, les responsabilité de la SSG, de Sénateur, de chef de parti, le Projet Palladium, les agissements du Docteur, les jeux d’ombre avec les Fraternitas, la mort d’Artorne, les toiles d’influences avec les autres Grandes Familles, la campagne présidentielle, les Effraies d’Acier, l’assassinat de Mirelda, l’enquête en cours. Soren. Comment les choses avaient-elles pu tourner ainsi? D’habitude en repensant seul chez lui à tout cela, il aurait commencé à avoir des sueurs froides, à se sentir cloîtré, coincé, à sentir son coeur s’accélérer, mais il n’y avait rien de tout ça. Il ressent à la place un grand apaisement, celui des dés jetés, celui de la vengeance accomplie, de la justice rendue dans son âme pervertie. Il ferme les yeux et apprécie le moment de quiétude.
Il les rouvre précipitamment quand le heurtoir de la porte d’entrée résonne avec force, Zelevas se relève et s’extirpe aussi vite que faire se peut de son fauteuil, pour se ruer vers le vestibule. Il s’inspecte un peu dans le miroir à l’entrée, se recoiffe sommairement en vitesse en plaquant quelques mèches renégates vers l’arrière et tire un peu les plis de la chemise blanche un peu froissée. Son pantalon en toile noir a une petite marque de poussière au genou qu’il retire en léchant son doigt et en frottant énergiquement, et quand il entend fatalement les planches de l’escalier grincer à sa droite, il fait un signe de la main sans regarder pendant que le son d’un crépitement électrique lui parvient du palier intermédiaire. Zelevas se râcle la gorge et ouvre enfin la porte. Elle est venue. Elle semble en meilleur état qu’il y a encore quelques jours à la cérémonie mais ce n’est toujours pas la grande forme, à force de la côtoyer pendant les nombreuses heures de campagne qu’ils ont mené ces derniers mois, il s’est bien habitué à son éclat naturel, à cette aura subtile qui se dégage d’elle et traduit le filigrane de ses émotions. Un sourire pincé de tristesse naît sur les lèvres du vieil homme alors qu’il s’avance pour saluer la Consule d’une bise et d’une accolade, il lui frotte vigoureusement le dos en la prenant dans ses bras, avant de s’écarter du passage pour l’inviter à l’intérieur.
”Entrez, il y a du chauffage vous y serez mieux à l’intérieur.”
Refermant la porte derrière eux, Zelevas l’invite à se débarrasser sur le porte-manteau et entre dans le salon pendant qu’elle dépose ses affaires. Il va jusqu’au cabinet d’argentier au fond du salon et l’ouvre pour fouiller à l’intérieur.
”Souhaitez-vous boire quelque chose Azura? J’ai du thé, des infusions, de l’alcool.” Il y a même une bouteille neuve de champagne, on lui avait récemment fait remarquer que l’ancienne n’était plus tout à fait buvable. Il les sert tout les deux et reviens vers la Consule. ”J’espère que vous avez fait bonne route jusqu’ici?”
Déposant les verres sur la table en écoutant sa réponse, il parcours de ses yeux le visage de cette femme si forte et pourtant si abattue, même au retour de Kaizoku elle n’avait pas eu autant d’affect, ou du moins elle n’avait pas semblé en avoir. Est-ce qu’elle l’avait alors caché et que cette fois, la fatigue des élections à rallonge et de son post de Consul avaient eu raison de sa façade? Peut-être. Zelevas s’avance dans son fauteuil pour adresser un regard empathique à la jeune Lumina, il tend vers elle son verre de bourbon de Courage et lui dit avec le peu de conviction qu’il parvient à rassembler:
”À…” la République? À une vie meilleure? Maladroit. Il trinque finalement avec elle en concluant. ”À ce qui vaut encore la peine d’être trinqué. À ce qu’il reste.” prenant une gorgée du bourbon de Courage qu’il s’était versé, Zelevas dépose son verre et murmure avec le regard vague sur le feu à l’âtre, ”Ce furent dix très long mois… j’ai l’impression que l’An quatre a duré une décennie entière.” Fait-il en rigolant amèrement. Les choses avaient tant changé, entre le retour des Titans à Sable-d’Or et maintenant à Liberty, l’ampleur que la menace de l’Assemblée avait pris en l’espace de si peu de temps et les différentes crises que la nation avait traversé, l’octennat avait été bien mouvementé. Redirigeant un regard doux vers la Consule il lui dit, ”Je… je vous ai préparé une chambre à l’étage, vous pourrez y déposer vos affaires, quant au repas du soir… avez-vous déjà dîné? Donc quant au repas, je m’en remet à votre choix, nous pouvons très bien sortir, il y a une bonne auberge à moins d’une lieue d’ici, elle n’est pas très chic, la cuisine y est simple mais c’est un endroit pittoresque et chaleureux, ou nous pouvons rester ici, j’ai de quoi préparer un repas dans les réserves… je fais un très bon ragoût de volaille.” Il parle avec un sourire forcé, essayant d’égayer un peu ces temps moroses. Marquant une pause, il lui demande ensuite doucement, ”Comment vous sentez-vous? Azura?”
Noble de La République
Azura Aiwenor
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Le temps était certe pas à son beau fort, mais quelques éclaircies éparses perçant d'entre la nappe grisâtre permettaient au monde de profiter d'un brin de douceur dans le froid hivernal. Les choucas et freux ne manquaient pas de rappeler la saison, perchés sur les cimes décharnées des hêtres enserrant le domaine d'une ceinture verdoyante une fois le printemps de retour. Mais pour l'heure, la demeure était tout à fait raccord avec le décor.
Et si les rayons du disque solaire peinaient à apporter le moindre brin de chaleur, la lueur chaleureuse d'une Lumina y palliait sans effort. Et si l'aura d'Azura Aiwenor était subrepticement moins éclatante qu'à l'accoutumé, elle s'était nettement réchauffée, comparée à sa dernière rencontre avec Zelevas E. Fraternitas. Sans le savoir, elle se rendait tout droit dans l'antre du loup, celui-là même qui manipulait la République comme quelqu'un règlerait un clepsydre.
L'architecte d'un futur que la Consule ne pouvait ne serait-ce qu'envisager ouvrit la porte alors qu'elle se présenta à l'entrée du triste manoir dans lequel il l'avait convié. Par le passé, si elle lui avait accordé une confiance aveugle, elle avait appris à se méfier des requins qui lui tournaient autour. De facto, on ne pouvait être trahis que par ses alliés. En dépit de tout cela, elle n'avait foi qu'en Zelevas, Dorylis, et peut-être Hélénaïs et Soren. Or, d'entre les quatre personnalités suscitées, seul Zelevas "Zel" avait cherché à la réconforter, les autres se noyant dans leur gloire, ou disparaissant dans la plus discrète des modesties.
Pour ce qui était d'Azura, elle faisait honnêtement partie de la seconde catégorie. Ce fut avec la tout aussi morose modestie qu'elle rendit l'étreinte de son hôte, avec la même sobriété qu'elle accepta un verre d'eau de sa part, et avec la même atonie qu'elle trinqua avec le sénateur. Peu importe qu'il fut mal vu de trinquer à l'eau, tant les codes moraux devenaient dérisoires au sein d'une société décadente. Ceci-dit, la Lumina écouta avec la plus grande des déférences son interlocuteur, prêtant une oreille attentive à son discours moralisateur quoiqu'optimiste. Elle qui avait toujours pris le vieil homme pour un réaliste.- Zel... Elle s'éclaircit la voix. Je reprend lentement, quoique surement, du poil de la bête. Et même si le sommeil me fait défaut, vous serez surement soulagé d'apprendre que l'appétit me reviens, d'autant plus à l'écoute du menu fait maison que vous me dépeignez là. Elle posa son verre vide. Merci encore de m'avoir invité chez vous, cela me permet notamment d'ôter un temps mon regard du paysage désolé de Liberty... Surtout que je n'ai plus nul part où aller. Orlogne a été rasé, comme vous avez dû l'apprendre, à l'instar de la région au sud de Liberty. Son regard s'intensifia.
Comme pour supporter le poids de ses paroles, elle s'assit sur l'accoudoir d'un divan.
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En apprenant le triste sort du village d’Orlogne, Zelevas ferme un instant ses yeux et remue la tête de droite à gauche en accusant la nouvelle, ce village était si paisible, ses habitants y menaient une vie simple, une vie véritable, loin des préoccupations infernales de la ville avec ses rouages d’intrigues et de machinations que le Sénateur avait pleinement embrassé. Orlogne était un lieu franc, où la vie y prenait tout son sens en revenant aux bases importantes, le travail de la terre, la relation de l’homme à la nature, la culture, le bois, la cuisine, tout y reprenait une valeur viscérale terre à terre et brute qui ne pouvait être qualifiée de rafraîchissante, mais plutôt de réelle. Savoir cet endroit rasé en un claquement de doigt par des ennemis que dont ses habitants n’avaient probablement jamais entendu parlé, pour des motifs qui ne les avaient jamais concerné, à cause d’enjeux dans lesquels ils n’ont jamais pesé, c’était une perte civile qui constituait un drame plus grand encore que les martyrs qui avaient sciemment donné leur vie pour défendre la patrie. Zelevas a le coeur lourd, mais accroché, si nulle larme de crocodile ne coule pour ces gens qu’ils n’avait vu qu’une ou deux fois tout au plus, il lâche un profond soupir d’abattement en rouvrant les yeux.
”C’est horrible, je… je suis désolé Azura.” Savoir également qu’en tant que dirigeant des Effraies ils auraient tout les deux pu organiser une évacuation des circonscriptions jouxtant Liberty… enfin, la rétrospective était toujours facile à faire, ils n’avaient jamais pesé l’option tant le nombre d’hommes à leur disposition était dérisoire devant la taille dantesque de la tâche. La GAR aurait pu le faire… et soudainement son regard s’assombrit encore un peu en repensant à Mirelda. Il balaye cette pensée biaisée et continue, ”Le Conseil devrait vous nommer en charge de la République pendant le laps de temps qui nous sépare des élections, enfin je crois, c’est un peu flou puisque mes cours de droit remontent à une époque où Soren n’était même pas né. En attendant qu’ils délibèrent, vous pouvez rester ici comme chez vous si vous le souhaitez. Je reconnais que ce n’est pas exactement aussi accueillant et chaleureux que votre maison d’Orlogne, mais… enfin, vous êtes la bienvenue.” Il regarde la Consule assise sur l’accoudoir du canapé, s’empressant d’ajouter. ”Eeet vous le serez toujours!”
Il affiche un petit sourire mitigé pour tenter d’inviter la Consule à s’égayer un peu, mais après quelques instants de blanc, il plonge son regard dans le feu de bois qui réchauffe plus la pièce que les temps ne réchauffent leur coeur, et dit d’un air chargé de remords:
”L’Assemblée a subit une perte incommensurable à Liberty, leur groupuscule de dissidents terroristes ne se relèvera sans doute pas d’un tel échec, mais… mais de notre côté il est impossible de parler de victoire, nous avons trop perdu.” Zelevas soupire une fois de plus en déposant son verre sur la table, les flammes qui projettent leur lueur à travers le bourbon et le cristal étalent sur le meuble une farandole prismatique de couleurs dansantes. ”Il est difficile de reprendre un semblant de vie civil après tout ça, même si ce n’est que pour quelques jours, la… la moindre trivialité de la vie paraît dérisoire en comparaison des atrocités et de la gravité des faits qui se sont déroulés.” Le Sénateur prononce ces mots comme s’il en souffrait lui-même. ”C’est un syndrome qui m’a beaucoup travaillé quand j’ai quitté les Limiers. Je n’avais de plaisir ni dans la nourriture, ni dans les relations sociales les plus agréables. Ça me révoltait de considérer quoi que ce soit comme grave en sachant pertinemment que dehors, il y avait encore des centaines et des milliers de dangereux criminels fous à lier qui courraient les rues en toute impunité. Je ne pouvais pas apprécier quoi que ce soit. J’étais obnubilé par mon inaction, par le fait que si je ne faisais rien de ma vie pour empêcher l’injustice du monde je gâchais tout simplement mon temps.” Il marque une pause contemplative, reprenant à l’adresse de la Consule. ”Il m’a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que ce n’est pas à moi de me battre pour permettre aux autres de vivre leur vie, mais qu’en réalité, tout le monde fait ça. Nous le faisons tous. Nous aussi nous avons le droit de vivre, de sentir le parfum d’une fleur, de… de profiter de la chaleur d’un feu, ou de la fraîcheur revigorante du froid… ou de savourer un ragoût.”
Il se relève de son siège en s’appuyant sur les accoudoirs et tend une main à la Consule.
”En parlant de ragoût, je vais m’y mettre, si vous souhaitez dormir un peu il y a votre chambre sinon je vous propose de le cuisiner avec moi, vous avez beau être plus âgée, je ne suis pas à l’abri de vous faire découvrir une petite astuce ou deux.” Fait-il avec toujours le même sourire triste.
Noble de La République
Azura Aiwenor
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Azura jaugeait du regard son interlocuteur, il semblait bien optimiste et surtout bien informé sur ce qu'il allait advenir de la République. Elle savait que le vieux sénateur avait toujours eu un coup d'avance sur tous ses pairs, elle avait put le constater à maintes reprises. Mais que Zelevas parvienne à entrevoir le futur là où Azura, aussi clairvoyante soit-elle, ne voyait qu'une épais voile de brouillard, était pour le moins surprenant. L'aura lumineuse qui l'enserrait sembla s'accroitre imperceptiblement, de quelques lux tout au plus, alors que son hôte lui tendait la main.
La lumina la pris pour se redresser et fit signe à Zelevas de procéder, prête à lui emboiter le pas.- Vous ne tarissez pas de paroles pour me remonter le moral, Zel. Mais vous n'avez plus à me prouver vos talents de rhétoricien, je suis bien au fait de votre art de la transition que vous venez de me démontrer une nouvelle fois. Elle esquissa un sourire. Pour y faire honneur, je viendrai superviser votre cuisine, n'ayant guère besoin de repos, mais de compagnie. Et je dis bien "superviser", car vous serez bien étonné de mes compétences culinaires. Comme vous l'avez si bien dit, je vous surpasse en expérience de vie. Discret clin d'œil pour appuyer le trait.
Ce n'était que lorsqu'elle se tenait près de lui qu'Azura constatait qu'il était grand, ou tout du moins bien plus haut qu'elle. Là-bas, sur son banc du mouvement Réformateur, il était amenuit par le gigantisme du Sénat, mais à ses côtés, la Consule devait bien lever les yeux. De surcroit, outre sa bonne santé et sa stature au dos bien droit, son manteau le rendait plus large qu'il ne l'était, accroissant un peu plus cette prestance naturelle. Peut-être était-ce cela qu'elle appréciait tout particulièrement chez lui, ça et sa barbe soyeuse. Elle suivit donc le vieil homme jusqu'aux cuisines, là aussi désertées par les valets, commis et bonnes. Zelevas était-il capable de gérer un tel logis à lui seul ? Ou bien les avait-il tous renvoyés pour gagner en intimité avec Azura ?
Il fallait reconnaitre que même délaissés, les lieux étaient tout à fait habitables, bien que peu au gout de la lumina. Elle qui se contentait de peu, vivant dans une simple maison de campagne, parmi les plus modestes, une bâtisse aussi vaste était à même de la désorienter. Si jamais elle devait se lever la nuit, elle doutait de pouvoir trouver son chemin en l'absence de guide, en dépit de son très bon sens de l'orientation.
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Guidant donc Azura à travers le salon, retraversant le vestibule dans l’autre sens pour aller rejoindre la cuisine, Zelevas emmène la Consule et l’écoute tout en marchant, il sourit lorsqu’elle souligne sa transition peu subtile puis, quand elle prétend vouloir non seulement le surveiller, mais surtout examiner la préparation il soulève un sourcil interrogateur avec un air joueur. Il se penche en avant, accordant une révérence lorsque madame affirme que son aptitude gastronomique le surpasse.
”Ha ha! Je vous préviens, j’ai plus d’un tour dans mon sac aussi.” Il esquisse un sourire carnassier, et délaisse la main de la Lumina une fois arrivé devant le plan de travail. ”Je vais d’abord sortir la volaille.”
Zelevas se penche sous le meuble, ouvrant les placards nonchalamment pour soulever un pot couvert devant, à en croire le bruit qu’il fait en se redressant pour le déposer sur l’établi, peser au moins une quinzaine de kilos. Il dévoile ainsi la préparation. Zelevas avait déjà laissé la poule mariner depuis un bon moment, lui donnant un avant-goût enivrant qu’il espérait magnifier ce soir.
”Vin blanc sec de Casteille, cardamome, gingembre, maniguette et macis, et la volaille est de chez moi.”
Il s’empare de son couteau de cuisine et l’applique délicatement contre le sot-l’y-laisse qui ressort, maculée de marinade, la chair épouse tendrement la pointe de la lame et se laisse parcourir, laissant dans son sillage une marque éphémère. Les légumes tournés remontent délicieusement dans le vin pour accompagner la viande et le Sénateur met le tout de côté après en avoir fait humer le parfum à son invitée.
”Je vais aller chercher un peu de crème et de quoi allumer le feu.”
Le vieillard ouvre le cellier et descend les quelques marches qui le mènent à la chambre froide, ses vieux doigts parcourent les étagères à la lumière d’une bougie et il retire des rangements un pain de beurre salé, un pot de crème et deux oeufs frais. Sans vouloir s’encombrer à la fois des ingrédients et des bûches, il décide de revenir déposer ce qui lui encombre les bras avant de prendre le bois. En remontant, il constate que la magie de la Consule suffit à nourrir l’âtre, il adresse un sourire à la Lumina:
”Pratique.” Il lui adresse un hochement de tête. ”J’ai toujours eu l’habitude de tout faire à la main, je dois avouer que les dons arcaniques sont hors de ma portée, qu’importe les efforts que j’ai pu mettre pour les apprendre. Mais… ça a du bon. Chez les Limiers j’ai toujours dû me forger une place à la seule force de mon corps et de mon esprit, je trouve que ça forge, et en plus…” Pour appuyer ses dires, il reprend l’outil de cuisine et d’une impulsion de son poignet il envoie le couteau virevolter en cercle dans les airs, avant de tendre subitement son coude en dessous, laissant le manche de l’objet rebondir sur le creux de son articulation et revenir presque magiquement dans sa main. Ses muscles auront beau fondre avec la vieillesse, il y a certaines choses qui ne se perdent pas. Il contemple le reflet de la Consule dans le métal de son outil. ”... Je suis très bon avec ma lame.”
Le vieil homme organise rapidement son plan de travail en y disposant les outils, une planche de découpe, ses ingrédients et commence à sortir un par un les morceaux de volaille. Il réserve enfin les légumes et les extraits de plantes dans un bol pour plus tard.
”Si Madame la Consule m’y autorise, je souhaiterai passer la marinade à l’épuisette afin de la débarrasser de ses impuretés, et ensuite la faire doucement frémir pour qu’elle fonde lentement.” Il adresse un regard interrogateur à la concernée avec une expression joueuse, soulevant le pot dans lequel il ne restait plus que le jus pour le placer sur le feu. Zelevas rajoute également un morceau de pain dans le bouillon. ”Le parfum du seigle, mais surtout la texture, il n’y aura pas besoin d’ajouter de farine parce que c’est celle du pain qui épaissira le tout.”
Accordant maintenant un peu d’amour à la poule qui se languit de son manque d’attention, Zelevas en saisit délicatement une poitrine d’une main, et de l’autre découpe un petit morceau de beurre salé. La peau est hérissée de ses vallons caractéristiques mais à la chaleur de la cuisson elle prendra une magnifique couleur dorée après avoir sué. Particulièrement investi dans sa recette, le vieillard détourne son regard un bref instant pour observer du coin de l’oeil la réaction de sa méticuleuse juge, et alors qu’il revient sur ce qu’il fait il tique subitement, il se retourne maintenant complètement vers Azura.
”...”
Elle lui sourit avec un air innocent, mais il aurai juré qu’elle le regardait lui tantôt. Un silence s’installe un cours moment et il se sent d’humeur plus narquoise devant la Lumina, craquant donc un rictus sur ses lèvres, il soulève la poitrine de volaille d’une main, abaisse l’autre sous son torse en se courbant et lui demande d’un ton moqueur:
”Est-ce que mes méthodes malgré leur barbarie primitive conviennent aux standards des compétences culinaires de Madame? Je vous en prie, si je fais fausse route honorez moi de votre savoir.” Toujours courbé, il relève la tête pour la toiser dans les yeux.
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Azura Aiwenor
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Azura observait avec une attention toute religieuse le chef cuistot qui se révélait sous ses yeux. Force est de constater que le sénateur était un politicien de renom, un Limiers de première classe et un administrateur qui n'avait plus rien à prouver, il s'était bien gardé de cacher ses talents culinaires. Ou tout du moins il ne les réservaient qu'à ceux capables de passer au delà de ses premières qualités professionnelles. Toutefois, si la lumina était là uniquement pour qu'ils se tiennent mutuellement compagnie pendant la préparation, elle donna un peu du sien en alimentant doucement l'âtre nécessaire à la cuisson. Elle était de nature peu encline à rester passive trop longtemps.
Azura peinait à ôter son regard du vieil homme, scrutant le moindre de ses gestes comme elle observerait une pièce de théâtre. Tout ce que faisait Zelevas lui paraissait méticuleux et précis mais à la fois chargé de sentiments, comme s'il se prenait à la chose avec dévotion. Cette dimension n'échappa pas à la Consule empathique qui avait appris à comprendre les autres mieux qu'eux mêmes parfois. Enfin, lorsque leurs regards se croisèrent, Azura afficha un sourire authentique, tant ça lui faisait plaisir d'être là, avec lui. Enfin, ils partageaient une activité autre que professionnelle. Et si la lumina afficha un air gêné, ce ne fut que parce qu'elle réalisa que toutes les personnes avec qui elle était capable de passer du temps comme ça, sans se soucier du passé comme du futur, n'étaient plus de ce monde.
Et si la mélancolie aurait pu la prendre en une poignée de secondes pour la fondre de nouveau dans de sombres réminiscences, le sourire et le cabotinage burlesque de son hôte la sauva in extremis. Elle afficha alors un sourire amusé, s'approchant de lui pour examiner la viande avant de jeter un coup d'œil à la préparation qui mijotait sur le feu. La fragrance qui envahissait peu à peu la pièce la ravissait au point que l'appétit lui revenait pour de bon. Elle avait bien fait de répondre à l'invitation de Zelevas.- Zel, je dois dire que vous m'avez bien caché ce talent, combien d'autres me dissimulez-vous encore ? Elle afficha un sourire adventice avant d'ajouter avec empressement : Vous comprendrez que je trouve cela surprenant, surtout que vous ne devez pas avoir souvent le temps de cuisiner, ni beaucoup de personnes à qui en faire profiter. Vous n'avez donc aucune famille proche ? Personne avec qui vivre dans cet immense manoir ? Elle arqua un sourcil avant de raviver le feu d'un coup d'œil.
Mais son regard ambré revint aussitôt sur son interlocuteur, peinant toujours à l'ôter de la silhouette du vieil homme qu'elle découvrait sous un nouveau jour, bien qu'elle avait toujours décelée cette douceur latente chez Zelevas.
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Thème musical d'Azura
En voyant le sourire d’Azura, Zelevas le sait indubitablement sincère. D’instinct, il le sait, il n’a pas besoin de se le prouver, de chercher de signe supplémentaires, il parvient à en voir la différence profonde pour l’avoir suffisamment côtoyé pendant ces derniers mois, la Lumina possède deux modes de fonctionnements très distincts: elle est sincère ou d’un marbre chaleureux. Il l’avait déjà remarqué à la séance du 22 Juillet quand la représentante humaniste avait pris la parole sur l’estrade, qu’elle avait animé le débat, qu’elle avait fait l’objet de la candidature au Consulat. Dès lors qu’elle devient la politicienne elle affiche toujours une expression avenante, finement contente et aimable, mais la Azura du quotidien il la savait sincère avec ses émotions jusqu’à les afficher sur son visage, c’est ce qui rendait difficile parfois de savoir si la Consule souriait par politesse ou par véritable gaieté, et cette fois Zelevas ne se pose pas la question.
Quand la Lumina lui demande alors combien de bottes secrètes lui reste-t’il encore à dévoiler, il affiche une mine d’auto-satisfaction palpable, profitant du bon jour sous lequel il apparaît pour hausser un sourcil approbateur tout en faisant planer le mystère d’un geste de la main qui veut éclipser la réponse. Il l’écoute parler et faire mouche quand à une judicieuse interrogation concernant ses apparents talents de petit chef, mais le rictus d’orgueil qu’il commence tout juste à esquisser se tord momentanément de gêne quand elle finit par deux questions qu’il n’a pas anticipé, du moins pas maintenant.
”Ha! Hé hé.” Un rire amer.
Il entrouvre la bouche pour lui répondre instinctivement, mais se ravise, y a-t’il seulement une réponse correcte à de telles interrogations qui ne jettent pas un pesant voile d'opprobre sur l’ambiance de cette soirée? Il cache sa gêne tant bien que mal en souriant, ses yeux s’abaissent d’abord vers la jeune femme mais ne soutiennent pas longtemps ses ambres curieuses. Il tente d’abord d’amorcer un semblant de début de réponse mais pareillement, ses lèvres se closent à nouveau quand il ne parvient pas à formuler quoi que ce soit sans paraître lugubre. Le Manoir est un sujet toujours un peu épineux, raison pour laquelle il ne reçoit que très rarement ici, généralement il n’y a que deux raisons qui amènent les gens à être conviés au sein de ces ruines, les affaires sombres du Sénateur ou celles plus sombres encore du d’Élusie. Quant à la famille… Zelevas réprime un début d’émotion, l’assassinat encore récent de Mirelda lui revient à l’esprit et il chasse les pensées qui reviennent au galop, la vieille peau, Falconi, ses parents, la SSG…
”Euhm… je…”
Il se détourne de la Consule et s’adosse à moitié assit sur le plan de travail, ses mains posées sur les rebords du meuble avec le couteau de cuisine toujours dans sa dextre. Il souffle du nez devant son manque brusque de verve et bredouille:
”Euh… non.” Pataud. Il cherche quelque chose pour relancer la conversation, et réussi finalement à dire, ”Ah ha! Vous m’avez percé à jour Azura, je l’avoue, je ne sais cuisiner que cette recette là.” Il éclate d’un rire un tantinet forcé. ”C’était une recette de ma mère, elle faisait souvent ce ragoût et j’ai appris sa recette un jour, d’ailleurs chez les Limiers lorsque nous travaillons par groupe pendant les semaines de planque ou de surveillance, c’était moi qui préparais à manger pour l’escouade, et bien je peux vous dire que mes coéquipiers de l’époque se souviennent encore de la saveur de ce ragoût vu qu’ils n’ont mangé que ça pendant six ans ha ha ha.” Il prend un air faussement sérieux, commençant à se sentir moins mal à l’aise en continuant à parler. ”Blague à part, c’est vraiment le seul plat que je maîtrise. Pour le reste, je me débrouille. Niveau passable, satisfaisant. Ha.”
Il pince ses lèvres devant l’aveux d’une gravité feinte et reporte son attention sur la viande qui ne s’est pas découpée toute seule, pressant doucement les suprêmes dans un chiffon pour les débarrasser du surplus de marinade, il incise finement les pièces pour diminuer leurs temps de cuisson et donc la durée qu’elles passeront dans la crème, la volaille perdra le goût des épices au fur et à mesure qu’elle baignera plutôt dans le gras donc plus vite elles arriveront à point meilleur en sera le résultat. Il essaie de se concentrer un peu mais cette fois le regard observateur de la Consule le dérange, il sait que sa réponse était loin d’être satisfaisante, aussi il tente une manoeuvre plus classique: contrer une question par une question, posant le manche du couteau contre le bois de la table il demande, les yeux dans le vague:
”Et… et vous?” Il toise ses yeux ambrés dans lesquels dansent la lumière du foyer. ”Je veux dire, est-ce que… est-ce que vous avez une quelconque famille, des amis proches hors de, de la politique?”
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Azura Aiwenor
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Azura n'avait jamais encore constaté la vulnérabilité de Zelevas, l'ayant toujours perçu comme ayant un coup d'avance et quelques cartes en poche. Il savait en permanence quoi dire et avec justesse, un grand rhétoricien qui visait juste. Or, le voilà en train de chercher ses mots, un brin gêné, peinant à trouver une réponse adéquate avant de fuir la conversation par une passe maladroite.
Là où Azura aurait pu se voir désolé d'avoir poussé le vieil homme dans ses retranchements si vite et sans le vouloir, elle ne ressentait pas de contrition. Au contraire, elle était bien contente de le voir sous ce jour. Ce n'était que lorsqu'on avait vu quelqu'un dans sa vulnérabilité qu'on pouvait réellement dire le connaitre. En plus d'en apprendre d'avantage sur le personnage, elle pouvait embrasser toute la palette de sa personnalité, touchée qu'il s'expose de la sorte pour elle.
Toutefois, elle se devait de lui rendre la pareille, et si le renvoi de la question la pris quelque peu de cour, elle était elle aussi une rhétoricienne, et contrairement à Zelevas, elle avait eut plus d'une famille durant sa longue vie, lui permettant une réponse étayée. Ceci-dit, à la remontée de bien des remembrances mélancoliques, la lumina fuit le regard de son interlocuteur, feignant de s'intéresser au morne paysage de l'autre côté de la fenêtre de la cuisine. Ce fut d'une voix faible qu'elle lui répondit.- J'ai de nombreux amis, au point que je ne les compte même plus. Elle souriait avec les yeux. Pour ce qui est de la famille, je crains d'être dans le même cas que vous, Zel. Tout du moins actuellement je ne peux pas dire d'avoir une famille, aucune à vrai dire. Mais j'ai déjà fondé un foyer par le passé, entourée d'une famille aimante et soudée... C'était le bon vieux temps. Il était étrange de voir Azura parler ainsi, alors que ce devrait être le vieil homme. Elle s'en rendit compte. Enfin, j'ai un passé tout aussi étoffé que le votre, à ceci près qu'il ne m'en reste rien. Tout à coup, elle changea de sujet, son regard se ravivant. Mais dites-moi, il serait temps de dresser la table, si vous m'indiquez où nous dinerons, je m'en chargerai. Nouveau sourire, cette fois avec les lèvres.
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Thème musical d'Azura
Quand il avait posé sa question à l’instant, c’était surtout pour pouvoir se débarrasser de la figurative patate chaude, figurative car il est important de préciser que le ragoût de poulet de Zelevas contient aussi des féculents mais que les pommes de terres, bien que pré-cuites, sont encore froides en attendant d’être plongées dans le bouillon réduit. Il réalise lorsqu’elle lui répond avec un regard fuyant qu’il a gaffé, il avait pourtant déjà entendu des rumeurs sur les Luminas, il devait donc être vrai que cette race naissait spontanément sans aucune intervention procréatrice, sans famille ni parents. Zelevas ne peut que difficilement concevoir une telle vie, mais ce qu’il a encore plus de mal à comprendre, c’est comment une femme qui grandit sans l’amour de ses parents, sans la volonté ni la nécessité de protéger les siens, sans la rivalité d’un frère ou la douceur d’une soeur, vient à fleurir en une personne si empathique et humaine. Il rejoint les yeux d’Azura perdus dans l’obscurité nocturne de la fenêtre, bien que les faibles lueurs de la cuisine parviennent à éclairer quelques buissons à l’extérieur, le fouilli du jardin est camouflé par le drap des ombres qui s’est déposé dessus. Il l’écoute lorsqu’elle fait mention d’une famille qu’elle avait fondé jadis, un pan du passé d’Aiwenor qu’il ne connaissait pas, et il se réprime la curiosité d’en savoir plus à ce sujet. Qui étaient-ils? Avait-elle eu des enfants? Un fratrie adoptive? Qui exactement avait-elle perdu? Des questions qui brûlaient irrémédiablement les lèvres du vieil homme mais qu’il ne pouvait se résoudre à poser, son respect pour l’intimité de la Lumina dépasse de loin sa curiosité mal placée. Ça ne le regarde de toute façon pas, n’est-ce pas?
Une famille aimante et soudée… il ressent un petit pincement au coeur. Si, si ça le regarde. C’est exactement ce qu’il veut non? Pas vraiment, il veut la postérité de la République, c’est ce qu’il a toujours voulu, c’est la raison pour laquelle il n’a jamais baissé les bras dans un quelconque combat, c’est la raison pour laquelle il a toujours pris toutes les actions nécessaires à l’accomplissement de cet objectif quelles qu’en soient les conséquences. Une vie de famille, ce n’est pas pour lui. Ce n’est plus pour lui, il en avait eu une et ça lui avait été arraché avec une froideur cruelle. Ses yeux bleus descendent sur le couteau qui repose dans sa main, sur le métal à l’acier luisant de graisse, il avait commis beaucoup trop d’horreurs pour pouvoir prétendre à une vie de famille paisible. Ce n’est pas le sempiternel discours égocentrique de l’accablé qui s’accuse, mais plutôt de la crainte. Une crainte profonde de ce qu’il est devenu, Zelevas se sait froid parce qu’il n’a trouvé aucune chaleur dans la haute noblesse, il se sait cruel parce qu’il n’a trouvé aucune pitié dans les rues sombres et il se sait inflexible parce qu’il n’a trouvé aucune tolérance dans les tribunaux de Justice. Quand la Consule change ensuite abruptement de sujet pour revenir sur le fil rouge de leur soirée jusqu’à présent, le repas, le Sénateur s’extirpa soudainement de sa contemplation et accorda un sourire un peu moins mitigé à son amie:
”Euh… eh bien, oui, je- nous pouvons manger à votre convenance ici-même ou à la salle à manger, sur la grande table. Les assiettes sont dans le placard en bas, non celui là, à droite, encore, voilà. Il y a des couverts dans le tiroir juste au dessus, prenez les couteaux avec le manche en ivoire ils coupent mieux, et pour les verres, j’ai le mien sur la table basse. Vous en voulez un autre? Je crois que j’ai encore un peu de cidre doux, si vous voulez changer de l’eau.”
Le temps que la jeune femme passa à dresser, il vérifia la texture du bouillon dont le niveau avait bien réduit, Zelevas se dirige ensuite vers le poulet, finit de le badigeonner de beurre et le dépose avec la crème et les légumes tournés dans le bouillon. Il épaissit encore un peu le tout pour obtenir la texture typique du ragoût et dépose la louche sur l’établi avant de revenir vers Azura:
”Plus qu’à attendre une quinzaine de minutes, les grosses pièces de volaille sont meilleures lorsqu’elles jouissent d’une cuisson lente et à feu doux.” Une fois encore, c’est un savoir qui lui donne des airs de fin connoisseur alors qu’il ne sait en réalité que ce qui concerne sa recette fétiche. Il avance vers la jeune femme en regardant le feu de la cheminée, se demandant s’il doit rajouter une bûche alors qu’il s’essuie les mains dans un chiffon. ”Ce pavois…” fait-il en pointant du doigt l’armoirie au dessus du foyer. ”... me vient de mon ancêtre Beldurande d’Élusie, c’est une version modifiée de l’héraldique des Fraternitas. Je n’ai pas spécialement d’affection pour les Kirins mais on m’a souvent répété qu’ils me porteraient bonheur si j’en voyais un. Heh, je n’en ai jamais vu de mes yeux.” Il marque une pause, dévisageant d'abord les deux têtes d'animal qui encadrent le blason, puis le visage d'Azura qui semble avoir repris une bien meilleure physionomie qu'à son arrivée ici, gagné d'une certaine fierté à l'idée d'avoir réussi à lui remonter un peu le moral, il laisse machinalement s'échapper, ”Je suis content que vous soyez venue.”
Il est si rare qu'il soit transparent et sincère.
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Azura Aiwenor
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Et alors que Zelevas perfectionnait son plat, le préparant à dernière ligne droite de cuisson, la lumina entreprit de dresser le couvert, avec l'aide du vieil homme qui la guida. Elle déclina l'offre d'un cidre pour se resservir un verre d'eau, n'ayant pas parlé autant depuis longtemps. Azura employa alors ses pouvoirs télékinétiques pour faire voler les assiettes et leurs couverts hors des placards désignés et aller se poser doucement sur la table de la cuisine qui fut choisi comme lieu pour le dîner aux chandelles. Il était bien moins risqué de mettre la table ainsi, tant la casse était impossible, mais aussi plus silencieux, évitant le tintements de les ustensiles de vaisselle entre eux. Pour le coup, Zelevas ne pouvait être impressionné par ce tour de passe-passe lorsqu'on le comparait à ce qu'il avait vu quelques jours auparavant...
La Consule alla alors chercher le verre du sénateur dans le séjour avant de revenir au si sec, ne voulant pas se séparer trop longtemps de lui. Satisfaite de la présentation de la modeste tablée, elle se concentra de nouveau sur son interlocuteur qui parla un instant de ses armoiries fixées au dessus du foyer de la pièce. Elle n'était pas nécessairement experte en héraldique, mais elle connaissait au moins les blasons des grandes familles séculaires, ayant déjà vu celui de son collègue. Toutefois, elle non plus n'avait pas vu de Kirins, même en deux-cent ans de voyage de part le Sekaï. Elle s'apprêta à rebondir la dessus avant que le vieil homme ne lâche une petite phrase qui racontait d'avantage de choses qu'une homélie.
Azura fit les yeux ronds en tournant le regard vers Zelevas avant d'afficher un fin sourire.- Plaisir partagé, Zel. Plaisir partagé. Répéta-t-elle avec sincérité. Vous avez prévu de rester un moment chez vous, j'imagine ? Vous aussi vous attendez que la tempête s'apaise ? Elle zieuta les mains caleuses de l'ancien limier, observant son regard dans le reflet du couteau de cuisine, se rendant compte alors qu'elle avait en effet plus mauvaise mine qu'à l'habituée, sans parler de son aura diminuée. Toutefois, un éclat perdurait dans ses pupilles, lui rappelant ce qu'elle avait traversé et qui elle était mais surtout qui elle ne devait pas cesser d'être. Et Zelevas contribuait beaucoup à ce qu'elle ne change pas.
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Thème musical d'Azura
D’abord le feu, maintenant la table, Zelevas n’a que très rarement eu l’occasion au fil de sa vie de remarquer des utilisations mondaines de la magie dans la vie civile, lui-même dépourvu de potentiel arcanique, il a grandit dans la Famille d’Élusie dans un foyer sans magie avec des domestiques tout ce qu’il y avait de plus normal. La Famille Fraternitas contrairement aux Ironsouls, aux Génova ou aux Fallensword, ne faisait pas non plus énormément dans les dons surnaturels et c’est un des points supplémentaires qui les rapprochait du peuple, bien que selon Zelevas c’est plutôt un des seuls. Lors de son instruction à la GAR, la grande majorité des soldats se rompaient uniquement aux arts martiaux traditionnels et seules quelques unités privilégiées avaient accès aux services de mages de temps à autre pour des opérations particulières de terrassement, de reconstruction ou pour des tâches de génie militaire. Chez les Limiers ce fut un peu différent, la quasi totalité de ses collègues étaient alors rompus aux ars magus et c’était cette fois Zelevas lui-même qui se retrouva être l’exception au milieu de la norme, il avait eu toutes les difficultés du monde à intégrer l’Ordre à cause de la difficultés à passer les épreuves ardues d’entrée sans l’aide de magie. S’il y était parvenu ce fut uniquement à l’aide de sa détermination à se surpasser coûte que coûte, à accepter qu’il devait faire sans parce qu’il n’y avait tout simplement pas d’autre solution, il avait au final développé une forme d’appréciation pour son absence de talent magique, considérant que c’était justement parce qu’il n’a jamais eu accès à cette “solution de facilité” qu’il avait réussi à gravir l’échelle aussi haut.
En regardant maintenant Azura mettre la table c’est donc tout naturellement qu’il est contemplatif de la petite démonstration de pouvoir, il connaît suffisamment bien le caractère d’Azura pour savoir à quel point elle est douce, il y a quelques mois encore il l’aurait même qualifiée de naïve mais les temps ont changés depuis… et la Consule aussi. Il regarde ces yeux tout ronds à l’éclat doré et ce sourire fin, ces délicates lèvres rosées, elle a retenue la même apparence, à quelques petits détails près. De petits cernes faisaient leur apparition sous ses paupières quand elle souriait et la peau de son front se faisait légèrement plus marquée que l’année dernière, ses mains portaient également quelques signes discret de stress mais physiquement, c’est surtout sa posture qui avait mûri. Elle fait aujourd’hui plus sure d’elle, plus confiante, plus à sa place que la Sénatrice inconfortable qui était rentrée pour la première fois dans l’hémicycle il y a deux ans. Cette petite façade enjolivée de douceur cache une part bien plus décisive de sa mentalité, la représentante Humaniste a manipulé ses propres cordes à travers le pays pour parvenir non seulement à rester d’aplomb, mais aussi à se hisser dans la sphère politique comme une des pièces maîtresses de l’échiquier contemporain, et en considérant les acteurs qui le peuplent aujourd’hui c’est un sacré tour de force. Une femme forte, mais qui ne joue pas les garçons manqués pour autant, une féminité qui ne s’apparente pas inévitablement à de la vulnérabilité, une empathie qui n’est plus aveugle aux maux du monde… Rendant le sourire à la jeune femme, Zelevas baisse les yeux, regardant absentément un défaut du tapis au pieds d’un meuble en disant d’un ton mélancolique:
”Peut-être bien oui… Peut-être bien.”
L’odeur alléchante du ragoût qui commence à envahir le salon l’extirpe de sa rêverie abstraite, il n’arrive pas à se défaire de l’amertume qu’il ressent au plus profond de lui, celui de voir ses espoirs les plus chers à deux doigts de sa portée, être talonnés par les menaces pesantes de l’ombre des Goldheart. À deux doigts d’effleurer un rêve, à deux doigts d’accomplir son but, de justifier la démarche de toute une vie… à deux doigts de transformer les victimes en martyrs morts pour la cause. Un voile obscure passe devant la vision du vieillard et son sourire s’efface, il détourne la tête pour ne pas croiser le regard d’Azura et prétexte:
”La cuisson devrait être bonne.” Revenant donc se poster à côté du pot sur le feu, il soulève le couvercle et voit la sauce bouillir à grosse bulle. ”Ah non, mince… aïe, ah, hgn!” Il retire précipitamment la marmite du foyer et la dépose avec un effort prononcé sur le plan de travail, il secoue vivement la préparation pour l’éventer et empêcher la crème de brûler contre le récipient, prenant soin de faire des mouvements de cuillérées pour faire circuler le bouillon de haut en bas. Il goûte enfin, pas le plus réussi qu’il ait fait mais ça se laisse manger. Reste à voir ce qu’en dit la cheffe. ”Bon, euh… je me dois de faire une concession, il n’est pas aussi fameux que je vous l’avez promis.” Plaçant sa main en coupole, il tend une cuillère en bois remplie de bouillon chaud par dessus à la Consule à ses côtés pour l’inviter à goûter. ”Alors?”
Sur le visage de Zelevas se mélangent à la fois son air joueur de tout à l’heure, mais aussi la pointe palpable de la véritable attente d’un verdict. Ses yeux ne quittent pas ceux de la Lumina, espérant impatiemment y lire son opinion avant même de pouvoir l’entendre.
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Azura Aiwenor
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Par pur réflexe altruiste, la lumina esquissa un pas en avant lorsque le vieux sénateur se fit mal en se saisissant de la marmite. Elle perçut bien qu'il retint une imprécation tout en posant le récipient sur le plan de travail, mais elle l'observa en silence gouter son plat, et s'il ne parut pas totalement satisfait, elle décida d'en faire fi pour sa propre dégustation. Elle gouta à son tour le bouillon et s'il était bien chaud, c'était un fait, il était tout à fait raisonnable. Ce n'était pas de la haute gastronomie d'une part, mais Azura n'était clairement pas difficile d'un autre côté. Elle afficha donc un sourire satisfait tout en levant un pouce en l'air.- Si, pour vous, il n'est pas à la hauteur de ce que vous espériez, je n'attend que de gouter le plus réussi encore. Complimenta-t-elle. Mais pour l'heure, installez-vous, ça fera amplement l'affaire. La quintessence d'un repas ne réside pas dans la chère, mais dans ceux avec qui il est partagé, n'est-ce pas ? Oh, laissez-moi le plat, installez-vous, Zel. Fit-elle doucement.
Un petit tour de télékinésie et la marmite était sur la table, reposant sur son dessous de plat en vannerie. A l'aide d'une louche, Azura entreprit de servir le plat, mais se ravisa, estimant que le cuistot était tout désigné pour faire le service à sa sauce. Elle tendit alors l'ustensile à Zelevas avant de s'installer en face de lui, allumant au passage le candélabre sis en bord de table. Elle l'observa attentivement alors qu'il servait le met préparé par ses soins. Azura avait longtemps voyagé par le passé, elle avait bien fait la moitié du Sekaï avant de s'installer à Liberty. Elle avait eut l'occasion de gouter bien des cuisines et de s'y exercer au passage. Quelques fois elle avait même rien eut à se mettre sous la dent et avait appris à se contenter de tout, alors lorsqu'on lui servait un tel plat, aussi modérément réussi selon les dires du chef, elle était aux anges, et de manière authentique, point hypocrite.- Dites-moi, Zel, bien que j'ai eu des échos de votre réputation, ainsi que quelques indices et faits isolés glissés au détour de discussions mondaines à votre sujet, je n'ai jamais eut l'occasion d'avoir un récit de vos exploits et de vos échecs de votre propre bouche. Parlez-moi un peu de vous, de ce qui vous a forgé et de ce qui vous a mené jusqu'ici. Pardonnez cette curiosité, mais j'ai envie de mieux vous connaitre, maintenant que nous partageons un moment purement convivial. Expliqua-t-elle, lui accordant un clin d'œil.
Et la dégustation commença. Il ne faisait aucun doute que ce qui faisait la qualité d'un repas était vraiment la personne qu'on avait en face...
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Thème musical d'Azura
Il se sent rassuré de savoir le plat ne serait-ce que convenable aux papilles de son invitée, Zelevas laisse donc la Lumina s’installer et saisit la louche pour portionner généreusement les assiettes.
”Comme ceci? Un petit peu plus?”
Le hochement de tête de la Consule lui répondit et il lui servi donc son assiette à la lueur des bougies nouvellement allumées. Il se rationna également et vint s’asseoir lourdement en face de la Lumina, grimaçant légèrement sous le contre-coup de ses genoux. L’attaque de Liberty et surtout la cavalcade à laquelle ils avaient dû se livrer lui et Mortifère pour s’extraire de la colère de Limos, s’ils n’avaient pas réussi à sonner le glas du Sénateur, avaient au moins eu la victoire contre son corps arthritique. Depuis quelques jours maintenant ses articulations le faisaient souffrir à chaque effort un peu trop important, raison pour laquelle il avait failli se blesser tantôt avec le pot du bouillon, tandis que les anti-douleurs à la Belle de Jour du Docteur peinaient à faire effet. Il maquilla son malaise derrière un sourire peu trompeur et découpa quelques morceaux d’un pain de campagne pour agrémenter son assiette, en en proposant également à la jeune femme. Zelevas écoute aussi attentivement Azura lorsqu’elle prend la parole d’entrée de jeu, un sourire joueur et un sourcil flatté se hausse quand elle dit avoir eu vent de certains de ses faits mais en réalité, il ne prend pas la remarque avec tant de légèreté. Les bruits qui peuvent courir sur lui sont nombreux, trop nombreux. Certains se perdent dans les couloirs de la SSG pour finir dans les diasomes du Sénat, d’autres s’approchent très dangereusement de la réalité, tandis que les dernières lui prêtent des haut-faits ou des exactions inexistantes. Qu’Azura lui présente la chose comme un compliment implique qu’il la réceptionne comme telle, mais une part de lui ne peut s’empêcher de se demander curieusement la teneur des rumeurs qui seraient parvenus à la Consule.
Une curiosité qui se retrouve bien rapidement éclipsée par la surprise de la demande qui lui est faite. Zelevas paraît hébété l’espace d’un instant, ne sachant vraiment que dire, par où commencer, ni même s’il se doit réellement de répondre à cette question. Ses yeux bleus descendent dans sa soupe comme s’ils espéraient y trouver une amorce de réponse, et un pincement de ses lèvres exprime à l’inverse sa réflexion en cours. Il souffle du nez et ses épaules se secouent d’un unique ricanement.
”Vraiment?” La cuillère du d’Élusie se prélasse pensivement dans son assiette, tandis que le Sénateur la regarde d’un air absent.
D’un côté, parler de lui pourra certainement distraire la Consule un moment des souvenirs trop récents de la bataille, mais de l’autre il hésite franchement: son parcours n’est pas vraiment des plus joyeux non plus, sans doute bien éloigné de la souffrance que la Consule a pu éprouver à perdre une famille entière et à confronter l’annihilation de la nation qui l’a vu grandir, mais… Il pousse un soupir mélancolique alors qu’il relève la tête et perds son regard dans le vague du plafond, observant les taches noires qui décorent les planches irrégulières, masquant les noeuds dans les motifs de la frisette. Cette question le renvoie inévitablement en arrière, une rétrospective cependant bien moins désagréable que celles qui l’ont accablé ces derniers jours à la Maison Bleue, au laboratoire du Doc’ ou au conglomérat de la Societas.
”Ce qui m’a forgé hein… Haha. Pour être entièrement franc avec vous Azura je ne saurai pas dire ce qui m’a lancé dans la politique, parce que du plus loin que je remonte dans les méandres de mes souvenirs, dont je vous l’accorde la fraicheur n’est plus tout à fait première, je crois bien que j’ai toujours visé cette vocation.” Il enfourne machinalement un morceau et prend le temps de mâcher une paire de fois avant de continuer. ”Je pense que ça doit être mon père qui m’a transmis ceci.” Son regard devient nostalgique alors qu’une pointe de regrets se fraye un chemin sur son visage. ”C’était quelqu’un de bien.” S’enchaîne un silence respectueux pendant qu’il pousse du bout de son couvert un morceau de viande flottant dans la soupe. ”Maximilian. Il s’appelait Maximilian d’Élusie, il était Gouverneur de la SSG au comptoir ouest de Justice, celui près de la Mairie. Un homme remarquable dans bien des aspects, je crois… je crois que c’est lui qui m’a donné beaucoup de ce que je suis aujourd’hui, il avait un amour certain pour son pays, une âme combattive et je crois que de mémoire je ne l’ai jamais vu baisser les bras une seule fois… sauf face à moi ha ha.”
Zelevas marque une profonde inspiration, les mots qui se font d’habitude son glaive et son égide se retournent subitement contre lui, chaque phrase supplémentaire nourrit progressivement un trouble grandissant, il faut dire que c’est bien la première fois depuis le décès de ses parents qu’il se livre ainsi à ce sujet. En même temps, il n’y a personne avec lequel il ait jamais eu ce genre d’interaction depuis bien longtemps.
”J’ai fait les Limiers, enfin j’ai d’abord fait mon service militaire à la GAR et ensuite seulement j’ai fait les Limiers. Je crois que l’intégration dans l’Ordre et les épreuves d’admission à la forteresse ont été les instants les plus éprouvants de toute ma vie, sans exagération aucune. Intégrer leurs rangs sans magie ça a été un calvaire titanesque, mais j’y suis arrivé, oh j’ai bien cru que mon coeur allait lâcher à plusieurs reprises à l’époque, mais j’y ai survécu.” Il prononce ces mots avec un ton de rigolade léger qui trahit pourtant la lourdeur du propos. ”Il y a des épreuves… ” Il avale un morceau de pain trempé dans la sauce à la va vite avant de continuer dans ses explications, illustrant ses descriptions avec de grands gestes des bras. ”Par exemple, on vous colle entièrement nu dans un puit aménagé et évidé, il fait noir, un froid glacial, et il y a des vannes d’eau gelée qui vous déferlent soudainement dessus, vous n’avez qu’un tuyau d’aération pour y tirer un souffle et ensuite vous devez trouver la sortie, il y a un tunnel inondé dans la paroie mais vous n’y voyez strictement rien, il faut ramper à la nage là dessous sur une dizaine de mètres et remonter. Et derrière il y a une course à faire immédiatement après en un temps imparti! Entre l’hypothermie et…” Se disant soudainement qu’étaler les détails pourrait sonner un peu lugubre dans le contexte d’une soirée de détente, il passe à la suite. ”... le reste, c’est quelque chose, et ce n’est qu’une seule épreuve. C’est une expérience d’une vie vraiment.”
Il essuie sa bouche avec la serviette et passe doucement sur les poils de sa barbe pour s’assurer qu’aucune goutte du bouillon n’ait trouvé bon d’y élir domicile. Zelevas observe maintenant la Consule avec un air pensif, et il sourit en la regardant, un sourire qui se transforme lentement en une petite quinte de rire.
”Veuillez m’excuser, je… ça me fait étrange de partager ça devant un dîner chez moi. Je…” j’ai perdu l’habitude d’un moment aussi simple. a-t’il failli dire, mais lui vient soudainement une autre réalisation qui éclipse complètement celle-ci, il n’a jamais pris cette habitude en premier lieu. Son sourire s’efface subitement et sa mine devient grave. Sa main repose doucement contre la table alors que ses yeux fuient son invitée. ”En fait… vous vouliez entendre de ma bouche mes exploits et mes échecs, si j’en parle aussi rarement c’est parce que pour moi, la balance penche bien plus d’un côté que de l’autre. J’ai… j’ai essuyé beaucoup trop de défaites à mon goût pour pouvoir me vanter de mes victoires. Personnelles j’entends.” Il fixe un point inexistant sur un mur. ”C’est peut-être pour ça aussi que je dédie tout ce que je fais au pays, c’est sans doute plus facile de vivre par procuration à travers le pays.”
Arrivé à cette dernière remarque, il ne peut que constater avec consternation qu’il s’est laissé porter par le flot de ses pensées sans retenue, lui qui voulait éviter de faire dans la lourdeur pour distraire la Lumina avait au contraire bien alourdi le ton de la conversation. Abruti. Zelevas ne se reconnaît pas en cet instant, c’était bien trop irréfléchi de sa part pour être sorti de sa bouche et pourtant. Il cherche un moyen de rebondir habilement en partant de là mais il se dit qu’écarter le sujet avec légèreté sonnerait sans doute trop faux, alors il choisit l’autre option:
”Tout à l’heure vous m’aviez demandé si personne d’autre ne vivait ici dans le Manoir. Et bien non. Ça fait plus de vingt ans que j’y habite seul, je me suis interdit de le rénover pour une raison très précise, son délabrement me rappelle tout les jours que le combat que je mène n’est pas terminé.” Il sourit maintenant, ravivant un peu la gaieté de la conversation, ”Je me suis débrouillé pour avoir un coup de main pour le remettre autant sur pieds que possible pour votre arrivée, donc rassurez-vous votre chambre est un petit nid douillet, mais ne vous trompez pas de porte parce que ce ne sera pas le cas des autres chambres d’invité!”
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