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Le Colosse Écarlate
Le Boucher
Messages : 114
crédits : 1186
crédits : 1186
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique Mauvais
Rang: C
La Prison Écarlate
Feat. Alasker (Dieu)
Assis sur la planche métallique aussi rouillée qu’ancienne lui servant de couche, le colosse écarlate voyait son regard rivé sur les chaînes l’attachant à un mur, comme un chien, condamné à errer perpétuellement dans les limbes de l’emprisonnement éternel. Enfermé entre ces quatre murs imbaisables, pour des crimes odieux dont il n’était pas même prouvé qu’il en était véritablement l’auteur, le Drakyn ne prit même plus la peine d’essayer de penser, de réfléchir, non, il ne prit plus la peine d’essayer de demeurer. Sachant qu’il ne fût probablement jamais relâché, la bête cornue voulut à tout prix trouver un moyen de mettre fin à son existence minable, oiseuse. Inutile de vivre entravé. De vivre enchaîné. Même se donner la mort, il ne le pouvait pas. Complexe, lorsque l’on fut enchaîné de la tête au pied, à longueur de temps, depuis une décennie tout entière. Pas un fracas pour le distraire un minimum, si ce n’étaient les gouttes d’eau provoquées par l’humidité persistante, frappant d’une faible onde le sol pierreux de la prison. Pas une présence vivante, si ce n’est les quelques rongeurs qui, parfois, avaient le courage de venir mordiller les écailles du mastodonte. Seuls les courants d’air inconfortables, parfois glacial, parfois ardent, venaient effleurer son épaisse cuirasse, le faisant vrombir.
Dix minutes. C’était le temps qui lui était accordé pour inhaler autre chose que la moiteur agressive de sa geôle, qui venait, à chaque instant de sa vie, léser ses poumons. Inhabitué face aux faisceaux du soleil, il les sentait comme des lames ardentes lorsque ces derniers venaient caresser sa peau. Inhabitué face à la luminosité de l’astre divin, la lumière perçante lui crevait ses prunelles, d’une couleur bien sombre. Le colosse écarlate profitait dès lors de ces dix minutes de liberté, si l’on pouvait appeler cela comme ça, pour s’infliger diverses douleurs. Par exemple, il usait d’une pierre tranchante qu’il trouvât sur le sol graveleux de la cour du pénitencier afin de forer son épaisse carapace, à la recherche d’un filament bleu empli de ce précieux liquide écarlate qu’il affectionnât tant. Mais, ce n’était pas tout. Avec ce tranchant morceau de roc, le fou tentait de pénétrer sa gorge, cette cavité qu’il appréciait tant sur autrui, de manière à faire jaillir son essence hors de son pitoyable corps. Toutefois, il était difficile de mettre à terre un être tel que le Drakyn à l’aide d’une simple roche, d’un objet de la nature n’ayant pas pour vocation d’être un assassin. Même lors de ce faible moment de liberté, le Drakyn ne pouvait pas tenter de se libérer de son entrave éternelle, de son enveloppe charnelle.
Contrairement à ce qui avait été dit plus tôt, le colosse écarlate était bien loin de vouloir mettre véritablement fin à son existence entravée par des chaînes imbrisable. Il se plaisait à s’infliger toutes ces souffrances pour un simple et bonne raison. Laissant la tranchante pierre faire son œuvre, la guidant à l’aide de son imposante main droite, le Drakyn trouvait un certain plaisir à libérer les ports composant l’intérieur de son bras gauche. Laissant un large sillon écarlate sur ce dernier, la bête cornue poussa un léger rugissement de plaisir, s’imaginant à l’œuvre sur la gorge de l’une de ces femmes qu’il avait pris plaisir à décapiter puis, à violer. N’ayant aucun être vivant à portée de bras, si ce n’étaient les rongeurs vivant dans l’enceinte de la prison écarlate, le colosse était obligé de se satisfaire sur lui-même. Se promenant dans la cour librement, ou presque, le Drakyn cherchait d’autres objets capables de faire le mal, soulevant, de ses pas lourds, la poussière rocailleuse du sol. À la fin de ces dix minutes de liberté quotidienne, le colosse était redirigé dans sa geôle, tel un esclave. Sans nul doute, il aurait préféré mener une vie d’esclave, plutôt qu’une vie de prisonnier.
De nouveaux enchaînés de la tête aux pieds, le regard du Drakyn se porta naturellement face à lui. Ne laissant aucune expression transparaître sur son visage ingrat, la bête cornue tentait tant bien que mal de ne pas succomber à la folie. Pourquoi la folie ? Était-ce ces chaînes rouillées qui le poussaient à bout ? Non, nullement. C’était bien pire que cela. Une goutte d’eau. Oui, une simple goutte d’eau, tombant à répétition entre les prunelles du Drakyn, d’un rythme régulier. Cette simple onde aquatique pouvait, à elle seule, faire sombrer n’importe quel être dans la folie, même le plus courageux et le plus brave. Ne pouvant point entrouvrir les lèvres pour pousser un cri, le colosse écarlate était condamné à vivre sous les violentes pressions de la goutte d’eau jusqu’au lendemain. Cependant, un brave gardien de prison vint jusqu’à lui, alors que l’astre lunaire brillait de mille feux au-dessus du pénitencier. Une faible lueur parvenait à passer en travers des multiples barreaux de la lucarne servant de fenêtre. L’étincelle d’une torche vint toutefois apporter un peu plus de lumière à ce lieu peu chaleureux, alors que la voix d’un homme résonna dans l’immense vide de la geôle du prisonnier.
- Hé, le monstre. Il y a un gars qui veut te voir. Un gars important. Je crois que ton heure est venue. Tu vas enfin crever comme la raclure de fond de chiotte que t’es. T’as pas idée d’à quel point je vais me délecter de la scène, de ton exécution. Enfant de pute.
Les chaînes retenant les monstres cornus cédèrent sous la pression des débattements instables du colosse. D’un mouvement aussi rapide qu’imprévisible, le Boucher fonda sur le geôlier, passant son imposant bras écailleux au travers des barreaux d’acier censés être imbrisables. La main imposante du colosse écarlate enlaça le cou chétif de sa victime, alors qu’il ramena son bras jusqu’à lui, bloquant le visage dessinant une expression de surprise contre les barreaux. Habituellement impassible, les traits du visage du Drakyn dansèrent à un rythme irrégulier, accentuant un manque de contrôle certain, le rendant d’autant plus terrifiant. Ses prunelles écarlates, perçant les ténèbres, ne quittèrent pas une seule seconde le pauvre homme qui était en train de se débattre comme un vulgaire insecte, face à l’imposant mastodonte. La voix grave et roque de ce dernier résonna dans toute la prison, alarmant aussitôt d’autres gardes qui ne tarderaient pas à arriver.
- Je vais t’étriper sur place, sale fils de pute. Imagine tes boyaux ressortir de ton misérable cadavre, dans lequel je plongerai volontiers mes mains à la recherche d’un organe pour nourrir mon appétit carnassier. L’étau mortel se resserra autour du cou du gardien. Je vais t’éviscérer lentement. Et après je te promènerai jusqu’à chez toi, avant de décapiter ta femme et de la violer comme la petite pute qu’elle est. La violer dans tes entrailles. T’imagines la scène ? Cédant sous la force impressionnante du colosse, la tête du garde finit par exploser. Le sang gicla de toute part, couvrant d’une nappe écarlate le visage du Boucher. La langue de ce dernier se promena brièvement sur son visage, venant se délecter de ce précieux liquide. Exquis.
CENDRESDix minutes. C’était le temps qui lui était accordé pour inhaler autre chose que la moiteur agressive de sa geôle, qui venait, à chaque instant de sa vie, léser ses poumons. Inhabitué face aux faisceaux du soleil, il les sentait comme des lames ardentes lorsque ces derniers venaient caresser sa peau. Inhabitué face à la luminosité de l’astre divin, la lumière perçante lui crevait ses prunelles, d’une couleur bien sombre. Le colosse écarlate profitait dès lors de ces dix minutes de liberté, si l’on pouvait appeler cela comme ça, pour s’infliger diverses douleurs. Par exemple, il usait d’une pierre tranchante qu’il trouvât sur le sol graveleux de la cour du pénitencier afin de forer son épaisse carapace, à la recherche d’un filament bleu empli de ce précieux liquide écarlate qu’il affectionnât tant. Mais, ce n’était pas tout. Avec ce tranchant morceau de roc, le fou tentait de pénétrer sa gorge, cette cavité qu’il appréciait tant sur autrui, de manière à faire jaillir son essence hors de son pitoyable corps. Toutefois, il était difficile de mettre à terre un être tel que le Drakyn à l’aide d’une simple roche, d’un objet de la nature n’ayant pas pour vocation d’être un assassin. Même lors de ce faible moment de liberté, le Drakyn ne pouvait pas tenter de se libérer de son entrave éternelle, de son enveloppe charnelle.
Contrairement à ce qui avait été dit plus tôt, le colosse écarlate était bien loin de vouloir mettre véritablement fin à son existence entravée par des chaînes imbrisable. Il se plaisait à s’infliger toutes ces souffrances pour un simple et bonne raison. Laissant la tranchante pierre faire son œuvre, la guidant à l’aide de son imposante main droite, le Drakyn trouvait un certain plaisir à libérer les ports composant l’intérieur de son bras gauche. Laissant un large sillon écarlate sur ce dernier, la bête cornue poussa un léger rugissement de plaisir, s’imaginant à l’œuvre sur la gorge de l’une de ces femmes qu’il avait pris plaisir à décapiter puis, à violer. N’ayant aucun être vivant à portée de bras, si ce n’étaient les rongeurs vivant dans l’enceinte de la prison écarlate, le colosse était obligé de se satisfaire sur lui-même. Se promenant dans la cour librement, ou presque, le Drakyn cherchait d’autres objets capables de faire le mal, soulevant, de ses pas lourds, la poussière rocailleuse du sol. À la fin de ces dix minutes de liberté quotidienne, le colosse était redirigé dans sa geôle, tel un esclave. Sans nul doute, il aurait préféré mener une vie d’esclave, plutôt qu’une vie de prisonnier.
De nouveaux enchaînés de la tête aux pieds, le regard du Drakyn se porta naturellement face à lui. Ne laissant aucune expression transparaître sur son visage ingrat, la bête cornue tentait tant bien que mal de ne pas succomber à la folie. Pourquoi la folie ? Était-ce ces chaînes rouillées qui le poussaient à bout ? Non, nullement. C’était bien pire que cela. Une goutte d’eau. Oui, une simple goutte d’eau, tombant à répétition entre les prunelles du Drakyn, d’un rythme régulier. Cette simple onde aquatique pouvait, à elle seule, faire sombrer n’importe quel être dans la folie, même le plus courageux et le plus brave. Ne pouvant point entrouvrir les lèvres pour pousser un cri, le colosse écarlate était condamné à vivre sous les violentes pressions de la goutte d’eau jusqu’au lendemain. Cependant, un brave gardien de prison vint jusqu’à lui, alors que l’astre lunaire brillait de mille feux au-dessus du pénitencier. Une faible lueur parvenait à passer en travers des multiples barreaux de la lucarne servant de fenêtre. L’étincelle d’une torche vint toutefois apporter un peu plus de lumière à ce lieu peu chaleureux, alors que la voix d’un homme résonna dans l’immense vide de la geôle du prisonnier.
- Hé, le monstre. Il y a un gars qui veut te voir. Un gars important. Je crois que ton heure est venue. Tu vas enfin crever comme la raclure de fond de chiotte que t’es. T’as pas idée d’à quel point je vais me délecter de la scène, de ton exécution. Enfant de pute.
Les chaînes retenant les monstres cornus cédèrent sous la pression des débattements instables du colosse. D’un mouvement aussi rapide qu’imprévisible, le Boucher fonda sur le geôlier, passant son imposant bras écailleux au travers des barreaux d’acier censés être imbrisables. La main imposante du colosse écarlate enlaça le cou chétif de sa victime, alors qu’il ramena son bras jusqu’à lui, bloquant le visage dessinant une expression de surprise contre les barreaux. Habituellement impassible, les traits du visage du Drakyn dansèrent à un rythme irrégulier, accentuant un manque de contrôle certain, le rendant d’autant plus terrifiant. Ses prunelles écarlates, perçant les ténèbres, ne quittèrent pas une seule seconde le pauvre homme qui était en train de se débattre comme un vulgaire insecte, face à l’imposant mastodonte. La voix grave et roque de ce dernier résonna dans toute la prison, alarmant aussitôt d’autres gardes qui ne tarderaient pas à arriver.
- Je vais t’étriper sur place, sale fils de pute. Imagine tes boyaux ressortir de ton misérable cadavre, dans lequel je plongerai volontiers mes mains à la recherche d’un organe pour nourrir mon appétit carnassier. L’étau mortel se resserra autour du cou du gardien. Je vais t’éviscérer lentement. Et après je te promènerai jusqu’à chez toi, avant de décapiter ta femme et de la violer comme la petite pute qu’elle est. La violer dans tes entrailles. T’imagines la scène ? Cédant sous la force impressionnante du colosse, la tête du garde finit par exploser. Le sang gicla de toute part, couvrant d’une nappe écarlate le visage du Boucher. La langue de ce dernier se promena brièvement sur son visage, venant se délecter de ce précieux liquide. Exquis.
Vrai Homme du Reike
Alasker Crudelis
Messages : 217
crédits : 2706
crédits : 2706
Info personnage
Race: Loup-Garou
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: B
“-Quel putain de tordu.”
C'était toujours la même rengaine, lorsque l'heure venait de laisser au Boucher le droit de sentir un semblant d'air frais. Les gars jouaient à la courte paille pour savoir qui allait devoir s'en approcher le plus, mais aussi pour déterminer qui allait devoir le surveiller pendant sa petite promenade. Manque de bol, Hughie avait dû, aujourd'hui, rejoindre la deuxième catégorie de malchanceux, en compagnie de Sleyvas, le Drakyn borgne. Ce dernier, en se replaçant sur le tabouret trop petit qui soutenait avec difficulté son poids, laissa un soupir blasé s'extirper de sa gueule à demi-ouverte.
“-Je ne sais même pas pourquoi tu regardes.”
Hughie ne chercha pas à rétorquer quelque chose de censé du style “c'est mon boulot”, parce que tout le monde était tombé d'accord sur le fait que si, par mégarde, ce gigantesque bâtard se décidait à s'ouvrir la gorge ou à faire une quelconque stupidité du genre, personne n'allait entrer dans la cour pour l'empêcher de claquer. A la place, il posa ses yeux fatigués sur l’épaisse silhouette du sadique et s’apitoya sur son propre sort :
“-Y’a rien de mieux à faire.
-Tout est mieux que le regarder, lui. Il me colle la gerbe. Jamais vu quelqu’un sourire autant en souffrant.”
On pouvait difficilement donner tort à son camarade d’infortune sur ce coup-là. Dès qu'il le pouvait, ce dégueulasse faisait couler son propre sang avec une satisfaction si manifeste qu'elle en venait à défier la décence. Ça n'avait rien d'étonnant vu ce qu'on savait de lui. Vu les accusations lui ayant valu sa petite chambre, à l'ombre, Hughie se félicitait de n'avoir jamais encore eu l'occasion de le raccompagner à sa foutue cellule.
Ses deux gantelets fermement refermés sur la hampe de la lance sur laquelle il s'appuyait sans cesser de surveiller le géant et ses facéties, le garde de prison grimaça.
“-Quel genre de malade voudrait volontairement lui rendre visite?”
Un rire accueillit sa réponse. Dépourvu de joie. Dépourvu d'humour. Le Drakyn a l'origine de cette manifestation de mauvaise humeur se fendit d'un sourire avant de se lever de son siège:
“-Le même genre que lui.”
Le fracas métallique de ses solerets heurtant la pierre tiède du sol de la prison se répercutait dans les couloirs, avertissant les rebuts dans leurs cellules comme les lâches chargés de les surveiller qu'il s'en venait vers eux. Les chaînes entourant son plastron d'airain cliquetaient à chacune de ses lourdes respirations, rappelant aux détenus leur sort et leur sombre futur. La hache qui pendait dans son dos, quant à elle, les incitait au respect et à la crainte.
Iratus préférait qu'on lui témoigne la seconde. Elle était plus naturelle, pour la bête. Un loup, au milieu d'un troupeau de brebis, n'avait que faire du respect des agneaux. Mais les hommes d'armes de tout bord, maintenant, s'enorgueillissaient de devoir se tenir au garde à vous et à saluer timidement son arrivée.
Même dans ce trou à rat, les foutus gardes lui donnaient du “Tovyr” et du “Sire”.
Derrière-lui, une chose faite de sueur et de trop longues paroles s'efforçait de suivre le rythme de ses gargantuesques enjambées. Un homme, dans la trentaine mais aux tempes déjà grisonnantes, qui portait sur son armure trop brillante les distinctions insipides que sa carrière sans surprise lui avait permis d'acquérir.
“-Par sûreté, nous le tenons à l'écart des autres prisonniers.”
Alasker rit et s'arrêta face à un croisement de plus. Pourquoi toutes les prisons avaient des prétentions labyrinthiques?
“-C'est à gauche, Tovyr.” Hésita stupidement son guide.
Le géant d'airain se remit en marche.
“-Il ne parle pas?
-Non sire.
-Et vous avez essayé de lui parler, au moins?”
Court silence. Un rictus né de son amusement demeura au coin de ses lèvres.
Il faisait chaud en ce jour. C'était presque toujours le cas à Taisen. La poussière, les maisons entassées, la population excessive et la chaleur assommante faisaient partie des principaux défauts de ce trou à rat. Ses petites prisons puaient la sueur des détenus comme des mâtons. Il y avait peu d'entrées de lumière naturelle mais le soleil du désert n'avait hélas jamais eu besoin de pénétrer dans un lieu pour le rendre irrespirable. Il lui suffisait de calciner un toit pour transformer une baraque de pierre en four.
Les ténèbres insondables siégeant dans ses yeux isolèrent une forme, au bout du couloir que son accompagnateur imbécile et lui-même remontaient. Un vieil homme, sec comme un coup de trique, debout au milieu des cellules, le menton haut, fier et défiant, malgré la crainte que son visiteur lui inspirait. Alasker connaissait son nom et son grade. Lorsqu’on ne pouvait pas simplement se débarrasser d’un obstacle en lui sortant les poumons par la poitrine, se renseigner sur ses rôles et fonctions restaient, hélas, la marche à suivre.
“-Tovyr Crudelis.” Bougonna le vieil homme en pointant son menton aussi aiguisé qu’une lame dans sa direction. Avant d’atterrir ici, il avait été un Akkelanak du berceau. Addict aux hurlements des prisonniers, l’ancêtre souhaitait maintenant passer son honorable retraite à superviser cet antre de la pourriture-ci jusqu’à ce que les gardiens l’accueillent dans leur domaine.
“-Sire Blücher.” Rétorqua le géant, tandis que son ombre venait recouvrir la frêle carcasse du vieux.
Aucune poignée de main, aucun salut d’aucune sorte ne furent échangés. L’inimitié fut ainsi marquée, silencieusement, de même qu’un certain respect mutuel.
“-Il nous reste quelques menus détails à régler avant que vous ne puissiez rendre visite à notre ami commun.”
Alasker accepta cet état de fait d’un hochement de tête, puis emboîta le pas du vieux Blücher, tandis qu’il ouvrait la porte de son bureau.
Son entrée dans la cellule du Boucher ne fut accompagnée d’aucune torche, puisque le loup comme l’homme qui se partageaient la carcasse bosselée d’Iratus voyaient mieux encore dans la nuit que dans le jour. Les gardes s’étaient retirés, dès son arrivée. Peut-être trouvaient-ils immoral qu’on puisse faire ce qu’il s’apprêtait à faire. Ou peut-être craignaient-ils simplement que leur croquemitaine personnel puisse trouver le moyen de s’enfuir, en se faufilant à travers la porte, dès le premier loquet déverrouillé. Le loup pénétra dans le capharnaüm, lieu de domicile d’un fou, et grimaça en percevant les effluves pestilentielles inhérentes à l’abandon de toute humanité, de toute retenue. Une antre de bête enragée. Une de plus. Tant mieux.
Il n’était, après tout, pas venu pour converser.
Trop de paroles. Le vieux était un habile salopard, son existence incroyablement longue lui avait permis d’acquérir un savoir certain sur les règles d’emprisonnement, sur les droits, et sur les passes-droits que pouvaient s’accorder sans trop de problème la hiérarchie. Un tourbillon de palabre avait été jeté au visage du belliqueux Père des Dévoreurs, qui y avait répondu en s’efforçant de conserver -dans un premier temps du moins- son calme. La situation, quoiqu’on en pensait, demandait à son principal instigateur d’être exemplaire, au moins dans son approche initiale.
Alors ils avaient parlé. Longtemps. Trop longtemps.
Le loup s’était montré plus endurant. Au mépris de ses propres tics nerveux ou du voile sanglant menaçant d’engloutir sa vision en déchirant au passage son visage d’un flot de douleurs insoutenables. Le front de l’ancêtre s’était plissé, de plus en plus, au fur et à mesure que les arguments de la brute venaient le frapper et mettre à bas sa rhétorique. Un exercice que l’aura de peur qui l’entourait avait facilité, bien sûr. Un tueur pathologique présidait rarement un débat, mais un général ayant déjà pris la tête de deux fils de dieu pouvait se découvrir des talents cachés pour l’éloquence.
Ou faire croire aux autres qu’il en possédait.
Bien sûr, l’objectif du vieux n’avait jamais été de le stopper ou de le dissuader. Seulement de lui rendre l’exercice de sa visite aussi pénible qu’il l’était pour lui. En cela, son succès restait modéré.
Puisqu’il n’avait pas su le faire sortir de ses gonds.
Maintenant, sa rage bouillonnante menaçait de crever la surface. Ses yeux pétillaient de malice alors qu’ils détaillaient la masse enchaînée au mur face à lui, dans ce trou à rat puant la sueur rance et le sang.
Les gantelets griffus attrapèrent les hachettes qui pendaient à sa ceinture pour les jeter, lames en avant, sur les entraves du monstre.
Le boucan du fer fracassant la rouille raisonna dans la pièce humide. Et puis la voix du libérateur tonna tandis qu’il faisait craquer ses articulations.
“-Debout.”
C'était toujours la même rengaine, lorsque l'heure venait de laisser au Boucher le droit de sentir un semblant d'air frais. Les gars jouaient à la courte paille pour savoir qui allait devoir s'en approcher le plus, mais aussi pour déterminer qui allait devoir le surveiller pendant sa petite promenade. Manque de bol, Hughie avait dû, aujourd'hui, rejoindre la deuxième catégorie de malchanceux, en compagnie de Sleyvas, le Drakyn borgne. Ce dernier, en se replaçant sur le tabouret trop petit qui soutenait avec difficulté son poids, laissa un soupir blasé s'extirper de sa gueule à demi-ouverte.
“-Je ne sais même pas pourquoi tu regardes.”
Hughie ne chercha pas à rétorquer quelque chose de censé du style “c'est mon boulot”, parce que tout le monde était tombé d'accord sur le fait que si, par mégarde, ce gigantesque bâtard se décidait à s'ouvrir la gorge ou à faire une quelconque stupidité du genre, personne n'allait entrer dans la cour pour l'empêcher de claquer. A la place, il posa ses yeux fatigués sur l’épaisse silhouette du sadique et s’apitoya sur son propre sort :
“-Y’a rien de mieux à faire.
-Tout est mieux que le regarder, lui. Il me colle la gerbe. Jamais vu quelqu’un sourire autant en souffrant.”
On pouvait difficilement donner tort à son camarade d’infortune sur ce coup-là. Dès qu'il le pouvait, ce dégueulasse faisait couler son propre sang avec une satisfaction si manifeste qu'elle en venait à défier la décence. Ça n'avait rien d'étonnant vu ce qu'on savait de lui. Vu les accusations lui ayant valu sa petite chambre, à l'ombre, Hughie se félicitait de n'avoir jamais encore eu l'occasion de le raccompagner à sa foutue cellule.
Ses deux gantelets fermement refermés sur la hampe de la lance sur laquelle il s'appuyait sans cesser de surveiller le géant et ses facéties, le garde de prison grimaça.
“-Quel genre de malade voudrait volontairement lui rendre visite?”
Un rire accueillit sa réponse. Dépourvu de joie. Dépourvu d'humour. Le Drakyn a l'origine de cette manifestation de mauvaise humeur se fendit d'un sourire avant de se lever de son siège:
“-Le même genre que lui.”
Le fracas métallique de ses solerets heurtant la pierre tiède du sol de la prison se répercutait dans les couloirs, avertissant les rebuts dans leurs cellules comme les lâches chargés de les surveiller qu'il s'en venait vers eux. Les chaînes entourant son plastron d'airain cliquetaient à chacune de ses lourdes respirations, rappelant aux détenus leur sort et leur sombre futur. La hache qui pendait dans son dos, quant à elle, les incitait au respect et à la crainte.
Iratus préférait qu'on lui témoigne la seconde. Elle était plus naturelle, pour la bête. Un loup, au milieu d'un troupeau de brebis, n'avait que faire du respect des agneaux. Mais les hommes d'armes de tout bord, maintenant, s'enorgueillissaient de devoir se tenir au garde à vous et à saluer timidement son arrivée.
Même dans ce trou à rat, les foutus gardes lui donnaient du “Tovyr” et du “Sire”.
Derrière-lui, une chose faite de sueur et de trop longues paroles s'efforçait de suivre le rythme de ses gargantuesques enjambées. Un homme, dans la trentaine mais aux tempes déjà grisonnantes, qui portait sur son armure trop brillante les distinctions insipides que sa carrière sans surprise lui avait permis d'acquérir.
“-Par sûreté, nous le tenons à l'écart des autres prisonniers.”
Alasker rit et s'arrêta face à un croisement de plus. Pourquoi toutes les prisons avaient des prétentions labyrinthiques?
“-C'est à gauche, Tovyr.” Hésita stupidement son guide.
Le géant d'airain se remit en marche.
“-Il ne parle pas?
-Non sire.
-Et vous avez essayé de lui parler, au moins?”
Court silence. Un rictus né de son amusement demeura au coin de ses lèvres.
Il faisait chaud en ce jour. C'était presque toujours le cas à Taisen. La poussière, les maisons entassées, la population excessive et la chaleur assommante faisaient partie des principaux défauts de ce trou à rat. Ses petites prisons puaient la sueur des détenus comme des mâtons. Il y avait peu d'entrées de lumière naturelle mais le soleil du désert n'avait hélas jamais eu besoin de pénétrer dans un lieu pour le rendre irrespirable. Il lui suffisait de calciner un toit pour transformer une baraque de pierre en four.
Les ténèbres insondables siégeant dans ses yeux isolèrent une forme, au bout du couloir que son accompagnateur imbécile et lui-même remontaient. Un vieil homme, sec comme un coup de trique, debout au milieu des cellules, le menton haut, fier et défiant, malgré la crainte que son visiteur lui inspirait. Alasker connaissait son nom et son grade. Lorsqu’on ne pouvait pas simplement se débarrasser d’un obstacle en lui sortant les poumons par la poitrine, se renseigner sur ses rôles et fonctions restaient, hélas, la marche à suivre.
“-Tovyr Crudelis.” Bougonna le vieil homme en pointant son menton aussi aiguisé qu’une lame dans sa direction. Avant d’atterrir ici, il avait été un Akkelanak du berceau. Addict aux hurlements des prisonniers, l’ancêtre souhaitait maintenant passer son honorable retraite à superviser cet antre de la pourriture-ci jusqu’à ce que les gardiens l’accueillent dans leur domaine.
“-Sire Blücher.” Rétorqua le géant, tandis que son ombre venait recouvrir la frêle carcasse du vieux.
Aucune poignée de main, aucun salut d’aucune sorte ne furent échangés. L’inimitié fut ainsi marquée, silencieusement, de même qu’un certain respect mutuel.
“-Il nous reste quelques menus détails à régler avant que vous ne puissiez rendre visite à notre ami commun.”
Alasker accepta cet état de fait d’un hochement de tête, puis emboîta le pas du vieux Blücher, tandis qu’il ouvrait la porte de son bureau.
***
Son entrée dans la cellule du Boucher ne fut accompagnée d’aucune torche, puisque le loup comme l’homme qui se partageaient la carcasse bosselée d’Iratus voyaient mieux encore dans la nuit que dans le jour. Les gardes s’étaient retirés, dès son arrivée. Peut-être trouvaient-ils immoral qu’on puisse faire ce qu’il s’apprêtait à faire. Ou peut-être craignaient-ils simplement que leur croquemitaine personnel puisse trouver le moyen de s’enfuir, en se faufilant à travers la porte, dès le premier loquet déverrouillé. Le loup pénétra dans le capharnaüm, lieu de domicile d’un fou, et grimaça en percevant les effluves pestilentielles inhérentes à l’abandon de toute humanité, de toute retenue. Une antre de bête enragée. Une de plus. Tant mieux.
Il n’était, après tout, pas venu pour converser.
Trop de paroles. Le vieux était un habile salopard, son existence incroyablement longue lui avait permis d’acquérir un savoir certain sur les règles d’emprisonnement, sur les droits, et sur les passes-droits que pouvaient s’accorder sans trop de problème la hiérarchie. Un tourbillon de palabre avait été jeté au visage du belliqueux Père des Dévoreurs, qui y avait répondu en s’efforçant de conserver -dans un premier temps du moins- son calme. La situation, quoiqu’on en pensait, demandait à son principal instigateur d’être exemplaire, au moins dans son approche initiale.
Alors ils avaient parlé. Longtemps. Trop longtemps.
Le loup s’était montré plus endurant. Au mépris de ses propres tics nerveux ou du voile sanglant menaçant d’engloutir sa vision en déchirant au passage son visage d’un flot de douleurs insoutenables. Le front de l’ancêtre s’était plissé, de plus en plus, au fur et à mesure que les arguments de la brute venaient le frapper et mettre à bas sa rhétorique. Un exercice que l’aura de peur qui l’entourait avait facilité, bien sûr. Un tueur pathologique présidait rarement un débat, mais un général ayant déjà pris la tête de deux fils de dieu pouvait se découvrir des talents cachés pour l’éloquence.
Ou faire croire aux autres qu’il en possédait.
Bien sûr, l’objectif du vieux n’avait jamais été de le stopper ou de le dissuader. Seulement de lui rendre l’exercice de sa visite aussi pénible qu’il l’était pour lui. En cela, son succès restait modéré.
Puisqu’il n’avait pas su le faire sortir de ses gonds.
Maintenant, sa rage bouillonnante menaçait de crever la surface. Ses yeux pétillaient de malice alors qu’ils détaillaient la masse enchaînée au mur face à lui, dans ce trou à rat puant la sueur rance et le sang.
Les gantelets griffus attrapèrent les hachettes qui pendaient à sa ceinture pour les jeter, lames en avant, sur les entraves du monstre.
Le boucan du fer fracassant la rouille raisonna dans la pièce humide. Et puis la voix du libérateur tonna tandis qu’il faisait craquer ses articulations.
“-Debout.”
Le Colosse Écarlate
Le Boucher
Messages : 114
crédits : 1186
crédits : 1186
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique Mauvais
Rang: C
Les chaînes retenant le colosse écarlate lui empêchaient tout mouvement, même pivoter la tête à quarante-cinq degrés. Ainsi, il n’avait pas la moindre possibilité de croiser le regard du garde qui vint lui adresser la parole. Mais, puisqu’il fut pris pour un monstre dénué de sentiments et qui, visiblement, était condamné à trouver la mort en ce triste jour, il laissa un long grognement résonner dans sa geôle, faisant trembler sa gorge, à tel point que les chaînes rouillées suivaient les tremblements incessants, crissant inlassablement. Le soupir suivant créait une légère condensation, accentuant sur l’humidité environnante de la cellule.
Au moins, s’il trouvait la mort aujourd’hui, il serait enfin libéré, pas seulement de cette prison dans laquelle il fut retenu depuis plus d’une décennie, mais aussi de cette enveloppe corporelle et, de cette psyché morbide. Les voyants, non, les hurlements résonnant dans sa tête allaient peut-être enfin cesser. Il n’allait plus être condamné à vivre dans cette pestilence et cette crasse environnante. Il serait enfin libre, libre de sortir de cette maudite prison, qui chaque jour, le rendait un peu plus fou. Une prison qui, chaque jour, lui remémorait les victimes de son passé et lui projetait les victimes de son futur.
Le garde, laissant son rire gras résonner dans la geôle du colosse, s’en alla, sans dire le moindre mot. De nouveau, le Boucher vint cueillir la solitude et, peut-être pour la dernière fois de sa vie. Il n’avait plus qu’à patienter, à attendre que son destin le frappât. Attaché au mur froid caressant son dos, il ne pouvait rien faire, même pas bouger un doigt. Il n’avait que sa psyché pour tuer le temps. Et, quoi qu’on en dît, personne ne voulait savoir ce que le Drakyn eût dans la tête en cet instant, ni en n’importe quel instant. Les gouttes d’eau, quant à elles, continuaient de frapper de plein fouet le colosse, lui donnant l’impression que des poids, de plus en plus lourds, l’écrasaient à chaque instant.
Dans la pénombre, le Drakyn entendit le grincement de la porte de sa cellule, indiquant que son heure était enfin venue. Mais, aucun objet, pas même une sacoche, ne venait éclairer l’entrée de cette présence encore inconnue pour le colosse écarlate. Il tentait de tourner la tête en direction de la porte, mais c’était impossible. Ouvrir la bouche, peut-être ? Non, sa gueule, emplie de dents pourries, était condamnée. Naturellement et, certainement par réflexe, il laissa ses prunelles sanguinaires glisser sur sa gauche, en direction de l’intrus.
Et, petit à petit, alors que les clapotements de pas résonnaient sur le sol pierreux, la silhouette de l’intrus commença à se dessiner dans le champ de vision du colosse écarlate. Un être bipède, bien plus petit que lui, avançait dans sa cellule, sur son territoire. Il s’avançait dans la pestilence de cette geôle à l’ambiance morbide, encore et, encore, jusqu’à enfin faire face au Drakyn. Ce dernier, de ses prunelles écarlates, ne le lâchaient pas une seule seconde du regard, le fusillant littéralement. L’accélération des ses battements de cœur faisait de nouveau vibrer les chaînes qui le retenaient attaché au mur.
Quand enfin le mystérieux individu lui faisait face, le Boucher le détailla du regard. Même dans la pénombre, ses traits étaient discernables grâce aux quelques rayons lunaires qui parvinrent à se faufiler entre la masse de barreaux implantée dans la lucarne de la cellule. Comme si un être aussi imposant que le colosse écarlate pouvait trouver un moyen de traverser une fenêtre de trente centimètres sur trente centimètres. Seulement, il ne parvint pas à reconnaître l’être lui faisant face, la nuit obstruant bien de trop son jugement.
Mais, Le Boucher, téméraire comme il était, ne démordait pas. Si son vis-à-vis était présent pour le mettre à mort, alors il lui ferait comprendre, avant de rendre son dernier souffle, que son fantôme viendrait le hanter nuit et jour. Un regard menaçant, presque meurtrier, rivé dans les supposées prunelles de la Mort. De longs grognements, montrant la férocité du monstre qui l’habitait. Il était prêt, prêt à recevoir le divin châtiment : La mise à mort. La seule chose qui pouvait le chagriner, c’était de ne pas voir le visage de son assassin. Mais, une chose était encore pire, il ne mourrait pas au combat. Il se sentait indigne.
Alors que le fer des armes de son vis-à-vis crissait, le Boucher gloussa une dernière fois puis, ferma ses prunelles, laissant l’écarlate de ses iris disparaître derrière ses paupières grisâtres. Il attendait, impatient. Une seconde, puis deux, puis trois. Il entendit enfin l’acier voler dans la geôle, la mort s’abattait sur lui, sans qu’il ne pût rien faire.
L’acier crissa.
Les chaînes s’écroulèrent, claquant contre le sol de pierre de la geôle.
Le Boucher s’écroula, tombant à genou devant l’intru.
Des hachettes, quatre au total, tombèrent de part et d’autre de la carcasse libérée du Boucher, ces dernières s’étant fracassées contre le mur. Il se demandait pourquoi il n’était pas encore mort, pourquoi son vis-à-vis se moquait de lui, en voulant certainement lui mettre une dérouillée avant de l’envoyer six pieds sous terre. Il patienta quelques instants, tandis que la voix grave du pseudo-libérateur résonna dans la vaste cellule humide. Debout ? Oui. Il se lèverait.
Il attendait, encore quelques secondes, avant d’user de sa vitesse surnaturelle pour ramasser les hachettes tombées à terre plus tôt. Continuant d’user de cette incroyable vitesse, le colosse écarlate se leva et, il se rua sur son vis-à-vis, dont il ne connaissait toujours pas l’identité. En un éclair, il se retrouva à un pas de lui, puis abattit les hachettes en direction du crâne de son adversaire. Les chaînes encore attachées à ses bras et à ses jambes claquèrent entre elles, tandis que la rouille étincelait sous les frottements incessants contre la pierre.
Seulement, son vis-à-vis, sans le moindre mal, parvint à bloquer son assaut, en levant simplement les bras. Il comprit que, celui qu’il pensât être plus tôt, la mort, était bien plus puissant que lui. Mais, fort heureusement, maintenant qu’il fût suffisamment proche du libérateur, il put distinguer les traits du visage de celui-ci. Sous ses prunelles écarlates ébahies, il vit l’apparence d’Alasker Crudelis, le chef des Dévoreurs.
En voyant ce visage si familier, le colosse écarlate cessa le moindre de ses assauts, puis tomba à genoux devant la grandeur de cette personne pour qui il éprouvait un profond respect. Il souhaitait s’excuser, en prononçant ses mots. Seulement, sa bouche était toujours obstruée par les chaînes. Il se contenta simplement de baisser la tête et de laisser ses armes tomber, claquant de nouveau contre le sol de sa geôle. Selon lui, il méritait la mort pour avoir osé lever la main sur son maître.
Au moins, s’il trouvait la mort aujourd’hui, il serait enfin libéré, pas seulement de cette prison dans laquelle il fut retenu depuis plus d’une décennie, mais aussi de cette enveloppe corporelle et, de cette psyché morbide. Les voyants, non, les hurlements résonnant dans sa tête allaient peut-être enfin cesser. Il n’allait plus être condamné à vivre dans cette pestilence et cette crasse environnante. Il serait enfin libre, libre de sortir de cette maudite prison, qui chaque jour, le rendait un peu plus fou. Une prison qui, chaque jour, lui remémorait les victimes de son passé et lui projetait les victimes de son futur.
Le garde, laissant son rire gras résonner dans la geôle du colosse, s’en alla, sans dire le moindre mot. De nouveau, le Boucher vint cueillir la solitude et, peut-être pour la dernière fois de sa vie. Il n’avait plus qu’à patienter, à attendre que son destin le frappât. Attaché au mur froid caressant son dos, il ne pouvait rien faire, même pas bouger un doigt. Il n’avait que sa psyché pour tuer le temps. Et, quoi qu’on en dît, personne ne voulait savoir ce que le Drakyn eût dans la tête en cet instant, ni en n’importe quel instant. Les gouttes d’eau, quant à elles, continuaient de frapper de plein fouet le colosse, lui donnant l’impression que des poids, de plus en plus lourds, l’écrasaient à chaque instant.
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Dans la pénombre, le Drakyn entendit le grincement de la porte de sa cellule, indiquant que son heure était enfin venue. Mais, aucun objet, pas même une sacoche, ne venait éclairer l’entrée de cette présence encore inconnue pour le colosse écarlate. Il tentait de tourner la tête en direction de la porte, mais c’était impossible. Ouvrir la bouche, peut-être ? Non, sa gueule, emplie de dents pourries, était condamnée. Naturellement et, certainement par réflexe, il laissa ses prunelles sanguinaires glisser sur sa gauche, en direction de l’intrus.
Et, petit à petit, alors que les clapotements de pas résonnaient sur le sol pierreux, la silhouette de l’intrus commença à se dessiner dans le champ de vision du colosse écarlate. Un être bipède, bien plus petit que lui, avançait dans sa cellule, sur son territoire. Il s’avançait dans la pestilence de cette geôle à l’ambiance morbide, encore et, encore, jusqu’à enfin faire face au Drakyn. Ce dernier, de ses prunelles écarlates, ne le lâchaient pas une seule seconde du regard, le fusillant littéralement. L’accélération des ses battements de cœur faisait de nouveau vibrer les chaînes qui le retenaient attaché au mur.
Quand enfin le mystérieux individu lui faisait face, le Boucher le détailla du regard. Même dans la pénombre, ses traits étaient discernables grâce aux quelques rayons lunaires qui parvinrent à se faufiler entre la masse de barreaux implantée dans la lucarne de la cellule. Comme si un être aussi imposant que le colosse écarlate pouvait trouver un moyen de traverser une fenêtre de trente centimètres sur trente centimètres. Seulement, il ne parvint pas à reconnaître l’être lui faisant face, la nuit obstruant bien de trop son jugement.
Mais, Le Boucher, téméraire comme il était, ne démordait pas. Si son vis-à-vis était présent pour le mettre à mort, alors il lui ferait comprendre, avant de rendre son dernier souffle, que son fantôme viendrait le hanter nuit et jour. Un regard menaçant, presque meurtrier, rivé dans les supposées prunelles de la Mort. De longs grognements, montrant la férocité du monstre qui l’habitait. Il était prêt, prêt à recevoir le divin châtiment : La mise à mort. La seule chose qui pouvait le chagriner, c’était de ne pas voir le visage de son assassin. Mais, une chose était encore pire, il ne mourrait pas au combat. Il se sentait indigne.
Alors que le fer des armes de son vis-à-vis crissait, le Boucher gloussa une dernière fois puis, ferma ses prunelles, laissant l’écarlate de ses iris disparaître derrière ses paupières grisâtres. Il attendait, impatient. Une seconde, puis deux, puis trois. Il entendit enfin l’acier voler dans la geôle, la mort s’abattait sur lui, sans qu’il ne pût rien faire.
L’acier crissa.
Les chaînes s’écroulèrent, claquant contre le sol de pierre de la geôle.
Le Boucher s’écroula, tombant à genou devant l’intru.
Des hachettes, quatre au total, tombèrent de part et d’autre de la carcasse libérée du Boucher, ces dernières s’étant fracassées contre le mur. Il se demandait pourquoi il n’était pas encore mort, pourquoi son vis-à-vis se moquait de lui, en voulant certainement lui mettre une dérouillée avant de l’envoyer six pieds sous terre. Il patienta quelques instants, tandis que la voix grave du pseudo-libérateur résonna dans la vaste cellule humide. Debout ? Oui. Il se lèverait.
Il attendait, encore quelques secondes, avant d’user de sa vitesse surnaturelle pour ramasser les hachettes tombées à terre plus tôt. Continuant d’user de cette incroyable vitesse, le colosse écarlate se leva et, il se rua sur son vis-à-vis, dont il ne connaissait toujours pas l’identité. En un éclair, il se retrouva à un pas de lui, puis abattit les hachettes en direction du crâne de son adversaire. Les chaînes encore attachées à ses bras et à ses jambes claquèrent entre elles, tandis que la rouille étincelait sous les frottements incessants contre la pierre.
Seulement, son vis-à-vis, sans le moindre mal, parvint à bloquer son assaut, en levant simplement les bras. Il comprit que, celui qu’il pensât être plus tôt, la mort, était bien plus puissant que lui. Mais, fort heureusement, maintenant qu’il fût suffisamment proche du libérateur, il put distinguer les traits du visage de celui-ci. Sous ses prunelles écarlates ébahies, il vit l’apparence d’Alasker Crudelis, le chef des Dévoreurs.
En voyant ce visage si familier, le colosse écarlate cessa le moindre de ses assauts, puis tomba à genoux devant la grandeur de cette personne pour qui il éprouvait un profond respect. Il souhaitait s’excuser, en prononçant ses mots. Seulement, sa bouche était toujours obstruée par les chaînes. Il se contenta simplement de baisser la tête et de laisser ses armes tomber, claquant de nouveau contre le sol de sa geôle. Selon lui, il méritait la mort pour avoir osé lever la main sur son maître.
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