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La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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crédits : 1232
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Octobre de l’An 4, Université d’Ikusa.
Une belle journée d’automne, où la lumière se faisait plus douce que pendant la période estivale. Assise devant une table à la bibliothèque de l’Université, Isolde détourna quelques instants les yeux du livre qu’elle étudiait. Elle observa par la fenêtre, le parc attenant le campus semblait si paisible. Les étudiants ne s’y promenaient pas en cette fin de journée, ils étaient sûrement occupés ailleurs. La fin des cours leur offrait le loisir de pouvoir savourer les sorties à l’extérieur, se délecter dans les nombreuses tavernes. La capitale possédait un quartier animé et festif, où les universitaires appréciaient se retrouver. Isolde ne s’y rendait qu’en de rares occasions, elle évitait la foule et les attroupements tumultueux. Ou encore, ils pouvaient réviser dans leur chambre ou en groupe, pour les plus studieux d’entre eux. Pour la brune, il s’agissait du moment le plus favorable de la journée pour profiter des jardins. Seulement pour savourer les dernières lueurs de l’astre et un climat plus tempéré, plus agréable. Sans tergiverser, l’étudiante décida de refermer son bouquin, de le glisser dans sa sacoche avant de ramasser le reste de ses affaires et quitter la pièce. La bibliothécaire, habituée à ce que la jeune femme empruntât des ouvrages, ne se formalisa pas sur ce point. À vrai dire, l’employée de l’établissement ne se doutait pas que la mage allait emporter le livre dans le parc. Elle n’apprécierait sûrement pas l’idée. Mais Isolde comptait en prendre soin, elle n’allait ni l’abîmer, ni le poser au sol. Elle se contenterait de le feuilleter tranquillement en extérieur, profitant de la sérénité de l’espace arboré.
Ainsi, elle marchait pour s’éloigner du campus, quelques feuilles mortes se froissaient sous ses pas. Une légère brise caressait délicatement sa peau. La brune au teint pâle avait ôté sa cape et elle s’en servait à présent de couverture. Elle posa le vêtement au sol, avant de s’asseoir dessus. Elle avait choisi un coin, à l’ombre d’un arbre magnifique et majestueux, qui dominait de loin les autres aux alentours. La lumière du jour déclinait doucement et semblait parfaite pour poursuivre sa lecture sereine. L’ouvrage représentait des siècles de recherches magiques. Il s’agissait d’un ancien grimoire, relié à la main, dont la couverture commençait à s’user. Les pages apparaissaient ternes, voire jaunies pour certaines. Mais qu’importait, ce livre restait une mine d’or pour la mage en soif de connaissances. Il traitait bien évidemment de magie noire. Le domaine demeurait enseigné sur le campus d’Ikusa, bien qu’il fût parfois mal perçu. Cette forme de magie, obscure et méconnue, possédait des secrets enfouis. Il fallait de nombreuses années d’études pour espérer en dévoiler quelques mystères. Et bien encore après, d’autres s’ajoutaient.
Elle se doutait que cette mise en situation l’éloignait une nouvelle fois d’une éventuelle sociabilité. Mais elle ne pouvait pas drastiquement changer la personne qu’elle était. Elle préférait la quiétude, la solitude aux comportements festifs et aux bruits qui troublaient sa sérénité. Surtout après une intense journée de cours, quoi de mieux que de se retrouver seule, en compagnie d’un excellent bouquin.
Toutefois, le calme ne fut que de courte durée. Elle fut troublée par le froissement des feuilles autour d’elle. Quelqu’un marchait non loin. La brune se retourna, puis de l’autre côté. Mais elle ne percevait personne. Elle n’avait pourtant pas rêvé, elle avait bien entendu des bruits de pas. L’étudiante se leva alors, prenant au préalable le soin de ranger soigneusement le grimoire dans sa sacoche. Elle laissa ses affaires en place, avant de partir à la recherche de l’individu. Elle s’était sentie observée et la sensation lui déplaisait fortement. S’il s’agissait d’une mauvaise blague ou d’un détraqué, dans tous les cas, la mage noire ne comptait pas se laisser faire. S’il pensait avoir en face de lui une innocente et naïve étudiante, il se trompait bien largement.
Tandis qu’elle arrivait dans le fond du parc, elle posa son regard émeraude sur une silhouette au loin. La carrure paraissait imposante, fortement musclée. Bien qu’il ne fît pas encore nuit, elle usa de sa vision nocturne pour détailler le visage dans les ombres. La reikoise fut étonnée de ce qu’elle y vit. Les traits de l’importun ne lui étaient finalement pas inconnus. Et étrangement, il s’agissait de la dernière personne qu’elle pensait trouver en ces lieux.
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Cinq minutes.
Ouais, cinq minutes. Sur le balcon de ma chambre d'auberge. Une auberge Reikoise. Où je sens l'air automnal toucher mes cheveux, comme une caresse maternelle retrouvant son enfant. Les odeurs des épices séduisent mes narines depuis les rues marchandes. Mes oreilles écoutent les langues et expressions Reikoises comme une berceuse familière. Mes mains, lourdes et abîmées, attrapent la rambarde de ce balcon comme une étreinte fraternelle. Le soleil lape timidement le bas de mon visage comme une donzelle contente de retrouver son compagnon.
Pour autant, j'ai bien la gueule d'un étranger.
Une longue cape noire avale toute ma stature, lèche le sol, et recouvre mon buste, épinglée par une tête de dragon en acier. Mes cornes traversent une capuche qui dissimule la moitié de mon visage. Portecendres est attaché à mon dos dissimulé, Luciole à ma taille ; une ceinture de cuir qui étrangle une tunique légère, grise, et des braies marron. Mes bottes longues à mi-tibia embrassent le sol Reikois avec une incertitude qui me surprend. Se sentir à la fois chez soi, et pourtant avec le sentiment qu'on n'est plus le bienvenu.
Quatre longues et éprouvantes années. Je suis parti comme un Pariat, accueilli à la République comme Réfugié, aujourd'hui je la défends comme un Gardien, et désormais je suis au Reike comme un Fantôme. Lâchant de longs sanglots discrets aux brises de l'automne. J'ai hésité avant de faire ce voyage. Peut-être que Nora m'a fait rappeler que je ne devais pas oublier mes racines, peut-être que j'étais trop curieux du conflit contre les Titans, peut-être que je me sentais bien trop inutile sur mon caillou dans la Forteresse du Razkaal.
Peut-être que c'est un peu tout ça réuni.
Ikusa, parce que ça me ramène à des souvenirs puissants. Dans lesquels je vais m'y engouffrer douloureusement en quittant la pièce, puis l'auberge en laissant une poignée de pièces. Le sol clair et sableux, couvrant des pavés soigneusement bien posés, dessine des veinures autour du puissant Palais du Reike. Je me rappelle encore, quand mon père avait plié le genou devant le couple Draknys, prêtant une nouvelle fois allégeance pour se dresser contre les hommes de Ryssen. Je me rappelle de Rosa, cette adolescente si jeune, qui avait des yeux envoûtants qui faisaient battre le cœur. Deux améthystes qui sublimaient un visage aux traits fins, des mains douces et filiformes qui n'ont jamais touché un outil de chantier ou une arme. Une chevelure blanche comme les sables fins du désert tressée dans une coiffure mêlant pratique et esthétique. Que j'aimais regarder, toucher, jouer entre mes doigts. Avec le temps, elle me rappelle Ayshara Draknys... Ryssen. Mais je ne pense pas qu'une personne de cette envergure se soit arrêtée un jour sur un Drakyn de mon genre.
Un gros lézard de l'armée.
Prenant une pomme dans un étal pour une autre pièce, mes yeux dissimulés dans l'ombre s'arrêtent à la splendeur de l'Université. Je pense à Shael et Roman qui sont morts aujourd'hui. Je pense aux gifles de mon père, et aux tirages d'oreilles de ma mère quand je n'avais pas une très bonne note. Des souvenirs piquants qui m'ont l'air bien plus beaux aujourd'hui. Le soleil commence à décliner, et ses rayons flamboyants mettent en exergue une silhouette familière, seule, se dirigeant quelque part.
Un dernier souvenir, et j'ai le sentiment qu'il se matérialise concrètement sous mes yeux.
Un doux souvenir, un agréable souvenir. L'armée, l'entraînement, la complicité, la chimie, et un climat qui mêlait exemplarité et affection mutuelle. Bien trop loin de mes massacres réguliers durant mes traques, de mes tortures fréquentes dans la Forteresse, de mes passages à tabac pour obtenir des informations et des tourments qui me rongent tous les jours depuis les obscurités du Razkaal, tout comme les rues encore étrangères à mes yeux de la Nation Bleue.
Je ne suis plus chez moi, nulle part.
Dans une furtivité dont j'ai l'habitude, j'essaie de me faire le plus discret possible. Mais bouger 235 kilos sur des feuilles mortes n'aide pas forcément. De mon niveau, je pouvais la voir. Oui. Elle. Elle se tenait là, dans un coin du parc, ses cheveux noirs de jais encadrant un visage doux et fin. Ses yeux verts, perçants comme des éclats d'émeraude, scrutaient l'assemblée après avoir rangé son bouquin, avec une intensité qui semblait défier toute tentative d'approche. Son teint pâle, contrastait brutalement avec la noirceur de sa robe. Dans son habit sombre, elle dégageait une aura de fermeté presque intimidante, imposant le respect sans même avoir à ouvrir la bouche. De jeune fille, elle est passée de jeune femme. Et faut reconnaître que ça bouscule.
Je l'ai senti sur moi, ce fameux regard. Vous êtes grillé, très cher Kieran, il est l'heure de se magner le cul. Alors, je m'approche, le pas lourd. Dans sa direction, avant de prendre une inspiration.
« Je t'ai aidé à tenir une arme, à te battre, à garder les jambes solides, et tu te jettes dans un livre dès que j'ai le dos tourné. »
Je fais glisser ma capuche, laissant entrevoir un sourire timide avec un regard bousillé qui se voulait doux, derrière un visage qui crache un flegme glacial malgré lui.
« Non, je ne suis pas mort. Oui, je suis parti. Non, je ne reste pas pour longtemps. Oui, je suis content de te voir. »
La surplombant de toute ma masse, je me laisse quelques secondes pour la détailler davantage. Et voir que le temps passe beaucoup trop vite. Si cette guerre ne s'en était pas mêlée, peut-être que j'aurais pu savourer chaque journée en compagnie de toutes ces personnes qui existent dans des souvenirs qui dansent encore dans mon esprit.
« Si je dérange, je disparais, t'en fais pas. »
Les seuls qui me souhaiteront la Bienvenue...
...Au Reike.
Ouais, cinq minutes. Sur le balcon de ma chambre d'auberge. Une auberge Reikoise. Où je sens l'air automnal toucher mes cheveux, comme une caresse maternelle retrouvant son enfant. Les odeurs des épices séduisent mes narines depuis les rues marchandes. Mes oreilles écoutent les langues et expressions Reikoises comme une berceuse familière. Mes mains, lourdes et abîmées, attrapent la rambarde de ce balcon comme une étreinte fraternelle. Le soleil lape timidement le bas de mon visage comme une donzelle contente de retrouver son compagnon.
Pour autant, j'ai bien la gueule d'un étranger.
Une longue cape noire avale toute ma stature, lèche le sol, et recouvre mon buste, épinglée par une tête de dragon en acier. Mes cornes traversent une capuche qui dissimule la moitié de mon visage. Portecendres est attaché à mon dos dissimulé, Luciole à ma taille ; une ceinture de cuir qui étrangle une tunique légère, grise, et des braies marron. Mes bottes longues à mi-tibia embrassent le sol Reikois avec une incertitude qui me surprend. Se sentir à la fois chez soi, et pourtant avec le sentiment qu'on n'est plus le bienvenu.
Quatre longues et éprouvantes années. Je suis parti comme un Pariat, accueilli à la République comme Réfugié, aujourd'hui je la défends comme un Gardien, et désormais je suis au Reike comme un Fantôme. Lâchant de longs sanglots discrets aux brises de l'automne. J'ai hésité avant de faire ce voyage. Peut-être que Nora m'a fait rappeler que je ne devais pas oublier mes racines, peut-être que j'étais trop curieux du conflit contre les Titans, peut-être que je me sentais bien trop inutile sur mon caillou dans la Forteresse du Razkaal.
Peut-être que c'est un peu tout ça réuni.
Ikusa, parce que ça me ramène à des souvenirs puissants. Dans lesquels je vais m'y engouffrer douloureusement en quittant la pièce, puis l'auberge en laissant une poignée de pièces. Le sol clair et sableux, couvrant des pavés soigneusement bien posés, dessine des veinures autour du puissant Palais du Reike. Je me rappelle encore, quand mon père avait plié le genou devant le couple Draknys, prêtant une nouvelle fois allégeance pour se dresser contre les hommes de Ryssen. Je me rappelle de Rosa, cette adolescente si jeune, qui avait des yeux envoûtants qui faisaient battre le cœur. Deux améthystes qui sublimaient un visage aux traits fins, des mains douces et filiformes qui n'ont jamais touché un outil de chantier ou une arme. Une chevelure blanche comme les sables fins du désert tressée dans une coiffure mêlant pratique et esthétique. Que j'aimais regarder, toucher, jouer entre mes doigts. Avec le temps, elle me rappelle Ayshara Draknys... Ryssen. Mais je ne pense pas qu'une personne de cette envergure se soit arrêtée un jour sur un Drakyn de mon genre.
Un gros lézard de l'armée.
Prenant une pomme dans un étal pour une autre pièce, mes yeux dissimulés dans l'ombre s'arrêtent à la splendeur de l'Université. Je pense à Shael et Roman qui sont morts aujourd'hui. Je pense aux gifles de mon père, et aux tirages d'oreilles de ma mère quand je n'avais pas une très bonne note. Des souvenirs piquants qui m'ont l'air bien plus beaux aujourd'hui. Le soleil commence à décliner, et ses rayons flamboyants mettent en exergue une silhouette familière, seule, se dirigeant quelque part.
Un dernier souvenir, et j'ai le sentiment qu'il se matérialise concrètement sous mes yeux.
Un doux souvenir, un agréable souvenir. L'armée, l'entraînement, la complicité, la chimie, et un climat qui mêlait exemplarité et affection mutuelle. Bien trop loin de mes massacres réguliers durant mes traques, de mes tortures fréquentes dans la Forteresse, de mes passages à tabac pour obtenir des informations et des tourments qui me rongent tous les jours depuis les obscurités du Razkaal, tout comme les rues encore étrangères à mes yeux de la Nation Bleue.
Je ne suis plus chez moi, nulle part.
Dans une furtivité dont j'ai l'habitude, j'essaie de me faire le plus discret possible. Mais bouger 235 kilos sur des feuilles mortes n'aide pas forcément. De mon niveau, je pouvais la voir. Oui. Elle. Elle se tenait là, dans un coin du parc, ses cheveux noirs de jais encadrant un visage doux et fin. Ses yeux verts, perçants comme des éclats d'émeraude, scrutaient l'assemblée après avoir rangé son bouquin, avec une intensité qui semblait défier toute tentative d'approche. Son teint pâle, contrastait brutalement avec la noirceur de sa robe. Dans son habit sombre, elle dégageait une aura de fermeté presque intimidante, imposant le respect sans même avoir à ouvrir la bouche. De jeune fille, elle est passée de jeune femme. Et faut reconnaître que ça bouscule.
Je l'ai senti sur moi, ce fameux regard. Vous êtes grillé, très cher Kieran, il est l'heure de se magner le cul. Alors, je m'approche, le pas lourd. Dans sa direction, avant de prendre une inspiration.
« Je t'ai aidé à tenir une arme, à te battre, à garder les jambes solides, et tu te jettes dans un livre dès que j'ai le dos tourné. »
Je fais glisser ma capuche, laissant entrevoir un sourire timide avec un regard bousillé qui se voulait doux, derrière un visage qui crache un flegme glacial malgré lui.
« Non, je ne suis pas mort. Oui, je suis parti. Non, je ne reste pas pour longtemps. Oui, je suis content de te voir. »
La surplombant de toute ma masse, je me laisse quelques secondes pour la détailler davantage. Et voir que le temps passe beaucoup trop vite. Si cette guerre ne s'en était pas mêlée, peut-être que j'aurais pu savourer chaque journée en compagnie de toutes ces personnes qui existent dans des souvenirs qui dansent encore dans mon esprit.
« Si je dérange, je disparais, t'en fais pas. »
Les seuls qui me souhaiteront la Bienvenue...
...Au Reike.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Sa vision nocturne ne l’avait pas trahie. Tandis que l’imposante silhouette s’approchait d’elle, Isolde comprenait que son ancien mentor d’entraînement se tenait devant elle. Suite aux conflits qui avaient opposé la dynastie Draknys à leur Empereur actuel, la jeune femme ne l’avait jamais revu. Cela lui laissait une étrange impression, de se retrouver debout face à cet homme. Comme un fantôme du passé qui surgissait de nouveau aux alentours de leur université. Il avait fait partie de ses murs, comme elle à présent. Ils n’appartenaient pas à la même promotion, Kieran étant âgé de quelques années de plus. Il étudiait déjà à l’Université lorsque Isolde effectuait son service militaire. Ce fut à cette occasion que les deux reikois s’étaient rencontrés. Rapidement, ils avaient sympathisé, parce que le Drakyn n’était pas de ces hommes qui pensaient les femmes inutiles et inefficaces dans l’art de la guerre. Au contraire, la brune se souvenait de la patience et du sérieux de son vis-à-vis lors de leurs entraînements. Elle se montrait studieuse et impliquée. Certes, ce n’était pas une guerrière tel que lui et ses aptitudes physiques se trouvaient limitées. Mais la jeune femme ne se démontait pas pour autant et elle s’appliquait.
Kieran se trouvait être un bon précepteur et elle lui doit sa maîtrise du combat. Si elle savait tenir une épée et rester solide sur ses appuis, comme il le précisait, cela restait en partie grâce à lui. Elle voulut sourire face à cette remarque, mais ce qu’elle vit dans les yeux et les traits de son interlocuteur l’en empêcha. Il paraissait marqué par sa nouvelle vie dont elle ignorait tout. Et son regard s’était fortement durci. Même s’il essayait de masquer ce changement brutal par son expression douce qu’elle reconnaissait, les modifications qu’il avait subi se reflétaient en son visage.
- « Tu fais donc les questions et les réponses… Hum. Il faut reconnaître que c’est pratique pour fuir une discussion. » Dit-elle, en se rapprochant de lui.
Le drakyn était presque devenu un étranger, tant elle ne reconnaissait pas les émotions contradictoires qu’elle lisait dans son regard. Pourtant, la nécromancienne s’avançait vers lui, en continuant de le fixer. Sans crainte et sans retenue. Elle sourit enfin lorsqu’il évoqua son éventuel dérangement.
- « Tu ne me déranges pas. Je suis simplement surprise, comme tu t’en doutes. Mais cela n’enlève rien au plaisir de te revoir. » lança-t-elle.
Elle était sincère, le plaisir se ressentait, ainsi qu’une vague mystérieuse en son cœur, comme le soulagement de constater qu’il n’était pas mort. Cela lui procurait également des sensations étranges, bien peu de personnes pouvaient se vanter de compter ne serait-ce qu’un peu pour la mage. Kieran en faisait partie. Du moins, il en avait fait partie. Cet homme-là, il était différent. Et elle semblait bien décidée à comprendre la nature de ce changement. Elle souhaitait évidemment le marteler de questions, mais elle y allait prudemment, pour ne pas le braquer. Le but étant de le faire parler.
- « Je ne te demanderai pas de te justifier. Puisque d’un côté, je peux comprendre une part des motivations qui t’ont poussé à t’éloigner. Cela dit, j’ai envie de t’entendre le dire. » Puis elle se stoppa, très proche à présent de lui. Elle voulut effleurer son visage de sa main, mais elle la laissa un bref instant suspendue, avant de finalement décider de la poser contre le torse du drakyn. « Raconte-moi Kieran. Je ne t’ai jamais jugé et je ne commencerai pas aujourd’hui. Où étais-tu tout ce temps ? » Elle ancrait son regard émeraude dans le bleu de son vis-à-vis.
Ses iris dans lesquels elle percevait auparavant le calme et la sérénité, tel une mer stable et tranquille sur laquelle se reposer. L’étudiante y voyait à présent une froideur et un détachement qu’elle ne lui connaissait pas. Ce contraste saisissant lui apportait une sensation douce amère, réconfortante et austère à la fois. Un paradoxe évidemment que la mage appréciait. Un mélange de perceptions et de sensibilités, reflétant toute la complexité des émotions intimes. Rien ne la captivait davantage que de les percer à jour, les mettre en lumière et éventuellement en tirer profit. Avait-elle besoin de jouer à ce jeu avec son ancien partenaire ? Elle l’ignorait. Ses actions semblaient être devenues automatiques tant elle en usait et abusait. Perdait-elle un peu chaque jour de son humanité, la rendant un peu plus apathique et indifférente… Elle n’avait pas basculé. Pas encore. Cela reposait également sur les personnes qui l’entouraient et ce qu’elles lui renvoyaient.
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Face à face. Je pensais être en face de retrouvailles, mais, finalement...
...C'est une nouvelle rencontre.
Si peu de temps dans la vie d'un homme, et tellement de choses ont changé. En tout cas, elle avait tapé dans le mille. Je voulais faire bref sur ce qui m'était arrivé en me faisant moi-même l'interrogatoire, mais le plan était trop simple face à une Isolde trop sur le qui-vive. La proximité s'est rapidement resserrée. Sans m'arrêter sur le temps qui défile, ou la foutue simple idée que je suis au Reike. Tout se disloque autour de moi pour embrasser ce souvenir. Peut-être que c'est un élan désespéré et désespérant. Mais il n'y avait pas de consignes aujourd'hui. Aucune mission, si ce n'est une curiosité notable sur une affaire qui traîne dans le Royaume, mais c'est une autre histoire.
« Je sais que ça peut paraître surprenant, mais c'est bien moi. »
J'en suis le premier surpris. Comme si finalement, j'avais renoncé à mon identité, retrouvant Kieran le Reikois en même temps qu'elle. Mon palpitant subit une douce caresse, lui qui agonise dans les gelures du Razkaal depuis des années, il retrouve enfin un brin de soleil avec le discours d'Isolde. Qui est heureux de me voir, en République ? Ma cousine ? Oui, mais elle est désormais loin dans ses occupations. Ayna ? Elle veut d'abord le bonheur de son neveu. Sixte ? Notre relation est professionnelle, tous nos échanges s'arrêtent sur ce qui est stipulé dans nos contrats. Séraphin ? Hélas, nous sommes tous les deux enfermés dans nos missions, et lui doit se battre contre ses démons en permanence.
Mais sourire, face à quelqu'un, de la plus simple des manières comme aujourd'hui, non, ce n'est jamais arrivé.
Je voyais dans ses yeux sa volonté de me sonder, comme pour essayer de trouver des repères familiaux en moi. Mais elle ne retrouvera qu'un Drakyn abîmé comme une porte de prison déjà bien trop utilisée. Sa main, flottant vers mon visage, mes yeux se ferment pour se concentrer sur le contact imminent, mais c'est mon buste qui finira flatté par son geste. Des doigts doux, filiformes, parfaits pour tenir un bouquin, mais qui savent tenir le manche d'une épée. Elle viendra disparaître, engloutie sous ma propre main qui la recouvre chaleureusement. Elle sait pourquoi je suis parti. Mais c'est bien de le rappeler. Aussi, ajouter des informations, en espérant que certaines nouvelles ne viennent pas détruire la fine ficelle qui nous lie.
Voyant plus loin qu'elle avait étalé une cape pour s'asseoir, je la guide en y allant, silencieusement, avant d'étaler la mienne de cape. Impossible de m'empêcher de regarder à droite et à gauche, furtivement, sur mes gardes. Mon tatouage Reikois sur l'omoplate est bien trop obsolète et je sais qu'il ne faut pas grand-chose pour finir en prison. Isolde, je lui faisais confiance. Une sœur d'armes, qui a toujours su rester discrète. Une part de moi demande de me taire, l'autre me demande de me mettre à nu pour la première fois.
Tant pis si le risque est trop grand. Je m'allonge sur la cape qui couvre une couche de feuilles mortes qui craquent à l'unisson dans une douce mélodie sous mon poids. Le regard vers le ciel, l'esprit dans le passé.
« Il y a quatre ans, on s'est pris la dérouillée du siècle. Père est mort, des amis à moi également. On s'est fait embusquer alors qu'on tenait un avant-poste plus loin dans le désert, on s'est fait décimer. On a fui, rencontré encore des hommes de Ryssen, mais nous sommes parvenus à nous enfuir. Un FMR a eu son élan de clémence, même si nous sommes parvenus à attaquer son camp pour des vivres et des ressources. »
Je me demande ce qu'est devenu cet homme. Est-ce qu'il a continué à obéir aux consignes de l'empereur actuel ? Est-ce qu'il est parti ? Aucune idée. Mes yeux se posent à nouveau sur elle, le regard morne.
« Je ne pouvais pas rester, j'étais un rebelle, Isolde. »
Croisant les bras derrière ma tête pour m'installer correctement, je renforce mon esprit pour la suite de mon histoire, en espérant ne pas la perdre dans mon récit.
« J'ai de la famille en République, bien placée. On a pu avoir un pied à terre. Cette nation est encore étrangère pour moi, mais je fais avec. »
Puis, je laisse traîner un silence, comme pour me préparer à sortir ce qui fait de moi aujourd'hui un individu de cet état.
« Je n'ai jamais supporté qu'on puisse faire du mal gratuitement à quelqu'un. Ni même à l'environnement, ou quoi que ce soit d'autre. Je n'ai jamais supporté qu'un Barbare tue nos seigneurs, notre Roi, avant de prendre sa fille comme du bétail. »
Deux griffes viennent sortir mon médaillon du Razkaal de ma tunique. Mes traits se durcissent dans un grognement caverneux qui bourdonne dans ma cage thoracique.
« Alors, je fais en sorte que toutes ces personnes là souffrent et crèvent en prison. Ma mission ne s'arrêtera peut-être jamais, mais j'ose espérer que le Sekai trouve des jours heureux, un jour. Ce n'est certainement pas dans la violence que je vais y arriver, mais c'est une étape nécessaire pour lever un bouclier contre eux. »
Ma main se détache du bijou pour se porter sur son visage, écarter ses cheveux pour avoir une vision nette de ses traits fins. Je la trouve plus éteinte qu'avant. J'ignore si c'est la fougue de l'adolescence qui s'éteint pour laisser place à une maturité plus solide, ou si c'est pour autre chose.
« Je fais beaucoup de mal, à beaucoup de gens qui le méritent, à mon sens. Et j'en paie le prix dans la Forteresse, tous les jours. Je ne suis pas bien différent du guerrier que tu as connu, Isolde, je suis simplement devenu un combattant qui ne se bat plus pour une bannière, mais pour une cause. Cette prison est un support, un outil qui me permet d'utiliser les armes de l'oppresseur pour défendre les opprimés. »
Cette décision peut être discutable, contestable, et même irrecevable. Mais pour le moment, c'est le crédo que j'ai choisi. Chaque traque, chaque torture, chaque exécution, est animée par une soif et une envie que la nature, les innocents, les personnes vulnérables, hommes, femmes puissent avoir leur moment. Se lever à côté de la personne qu'on aime, changer les couches de ses enfants, sortir avec eux. Laisser la nature fleurir sans les flammes d'un chaos que les civilisations étalent depuis la nuit des temps. On n'a pas attendu l'arrivée des Titans pour s'y mettre. Il a fallu malheureusement leur arrivée pour voir un semblant de paix et d'harmonie.
Le Reike m'a transformé en tueur, en machine à détruire. Alors autant l'utiliser contre les vrais problèmes.
« Je n'ai rien d'un Républicain, rassure-toi. Elle est devenue ma maison, faute de mieux. »
Mon regard s'éteint, mélancolique. Et rapidement je ferme toutes ces portes à mon émotivité pour retrouver mon vis-à-vis avec un visage toujours aussi placide.
« Et toi, tu es aujourd'hui une étudiante de l'université, j'imagine. Raconte-moi, tout ce que j'ai malheureusement raté. »
J'espérais qu'elle m'en dise plus. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose anime cette jeune femme et j'ignore quoi. Ou peut-être que je me fais des idées, et que c'est finalement le choc du changement, du temps qui passe et le nouveau cadre politique dans lequel elle a grandi.
Mais peut-être que j'essaie de me rassurer.
Arrivé au Reike, et je ne suis plus sûr de rien…
...C'est une nouvelle rencontre.
Si peu de temps dans la vie d'un homme, et tellement de choses ont changé. En tout cas, elle avait tapé dans le mille. Je voulais faire bref sur ce qui m'était arrivé en me faisant moi-même l'interrogatoire, mais le plan était trop simple face à une Isolde trop sur le qui-vive. La proximité s'est rapidement resserrée. Sans m'arrêter sur le temps qui défile, ou la foutue simple idée que je suis au Reike. Tout se disloque autour de moi pour embrasser ce souvenir. Peut-être que c'est un élan désespéré et désespérant. Mais il n'y avait pas de consignes aujourd'hui. Aucune mission, si ce n'est une curiosité notable sur une affaire qui traîne dans le Royaume, mais c'est une autre histoire.
« Je sais que ça peut paraître surprenant, mais c'est bien moi. »
J'en suis le premier surpris. Comme si finalement, j'avais renoncé à mon identité, retrouvant Kieran le Reikois en même temps qu'elle. Mon palpitant subit une douce caresse, lui qui agonise dans les gelures du Razkaal depuis des années, il retrouve enfin un brin de soleil avec le discours d'Isolde. Qui est heureux de me voir, en République ? Ma cousine ? Oui, mais elle est désormais loin dans ses occupations. Ayna ? Elle veut d'abord le bonheur de son neveu. Sixte ? Notre relation est professionnelle, tous nos échanges s'arrêtent sur ce qui est stipulé dans nos contrats. Séraphin ? Hélas, nous sommes tous les deux enfermés dans nos missions, et lui doit se battre contre ses démons en permanence.
Mais sourire, face à quelqu'un, de la plus simple des manières comme aujourd'hui, non, ce n'est jamais arrivé.
Je voyais dans ses yeux sa volonté de me sonder, comme pour essayer de trouver des repères familiaux en moi. Mais elle ne retrouvera qu'un Drakyn abîmé comme une porte de prison déjà bien trop utilisée. Sa main, flottant vers mon visage, mes yeux se ferment pour se concentrer sur le contact imminent, mais c'est mon buste qui finira flatté par son geste. Des doigts doux, filiformes, parfaits pour tenir un bouquin, mais qui savent tenir le manche d'une épée. Elle viendra disparaître, engloutie sous ma propre main qui la recouvre chaleureusement. Elle sait pourquoi je suis parti. Mais c'est bien de le rappeler. Aussi, ajouter des informations, en espérant que certaines nouvelles ne viennent pas détruire la fine ficelle qui nous lie.
Voyant plus loin qu'elle avait étalé une cape pour s'asseoir, je la guide en y allant, silencieusement, avant d'étaler la mienne de cape. Impossible de m'empêcher de regarder à droite et à gauche, furtivement, sur mes gardes. Mon tatouage Reikois sur l'omoplate est bien trop obsolète et je sais qu'il ne faut pas grand-chose pour finir en prison. Isolde, je lui faisais confiance. Une sœur d'armes, qui a toujours su rester discrète. Une part de moi demande de me taire, l'autre me demande de me mettre à nu pour la première fois.
Tant pis si le risque est trop grand. Je m'allonge sur la cape qui couvre une couche de feuilles mortes qui craquent à l'unisson dans une douce mélodie sous mon poids. Le regard vers le ciel, l'esprit dans le passé.
« Il y a quatre ans, on s'est pris la dérouillée du siècle. Père est mort, des amis à moi également. On s'est fait embusquer alors qu'on tenait un avant-poste plus loin dans le désert, on s'est fait décimer. On a fui, rencontré encore des hommes de Ryssen, mais nous sommes parvenus à nous enfuir. Un FMR a eu son élan de clémence, même si nous sommes parvenus à attaquer son camp pour des vivres et des ressources. »
Je me demande ce qu'est devenu cet homme. Est-ce qu'il a continué à obéir aux consignes de l'empereur actuel ? Est-ce qu'il est parti ? Aucune idée. Mes yeux se posent à nouveau sur elle, le regard morne.
« Je ne pouvais pas rester, j'étais un rebelle, Isolde. »
Croisant les bras derrière ma tête pour m'installer correctement, je renforce mon esprit pour la suite de mon histoire, en espérant ne pas la perdre dans mon récit.
« J'ai de la famille en République, bien placée. On a pu avoir un pied à terre. Cette nation est encore étrangère pour moi, mais je fais avec. »
Puis, je laisse traîner un silence, comme pour me préparer à sortir ce qui fait de moi aujourd'hui un individu de cet état.
« Je n'ai jamais supporté qu'on puisse faire du mal gratuitement à quelqu'un. Ni même à l'environnement, ou quoi que ce soit d'autre. Je n'ai jamais supporté qu'un Barbare tue nos seigneurs, notre Roi, avant de prendre sa fille comme du bétail. »
Deux griffes viennent sortir mon médaillon du Razkaal de ma tunique. Mes traits se durcissent dans un grognement caverneux qui bourdonne dans ma cage thoracique.
« Alors, je fais en sorte que toutes ces personnes là souffrent et crèvent en prison. Ma mission ne s'arrêtera peut-être jamais, mais j'ose espérer que le Sekai trouve des jours heureux, un jour. Ce n'est certainement pas dans la violence que je vais y arriver, mais c'est une étape nécessaire pour lever un bouclier contre eux. »
Ma main se détache du bijou pour se porter sur son visage, écarter ses cheveux pour avoir une vision nette de ses traits fins. Je la trouve plus éteinte qu'avant. J'ignore si c'est la fougue de l'adolescence qui s'éteint pour laisser place à une maturité plus solide, ou si c'est pour autre chose.
« Je fais beaucoup de mal, à beaucoup de gens qui le méritent, à mon sens. Et j'en paie le prix dans la Forteresse, tous les jours. Je ne suis pas bien différent du guerrier que tu as connu, Isolde, je suis simplement devenu un combattant qui ne se bat plus pour une bannière, mais pour une cause. Cette prison est un support, un outil qui me permet d'utiliser les armes de l'oppresseur pour défendre les opprimés. »
Cette décision peut être discutable, contestable, et même irrecevable. Mais pour le moment, c'est le crédo que j'ai choisi. Chaque traque, chaque torture, chaque exécution, est animée par une soif et une envie que la nature, les innocents, les personnes vulnérables, hommes, femmes puissent avoir leur moment. Se lever à côté de la personne qu'on aime, changer les couches de ses enfants, sortir avec eux. Laisser la nature fleurir sans les flammes d'un chaos que les civilisations étalent depuis la nuit des temps. On n'a pas attendu l'arrivée des Titans pour s'y mettre. Il a fallu malheureusement leur arrivée pour voir un semblant de paix et d'harmonie.
Le Reike m'a transformé en tueur, en machine à détruire. Alors autant l'utiliser contre les vrais problèmes.
« Je n'ai rien d'un Républicain, rassure-toi. Elle est devenue ma maison, faute de mieux. »
Mon regard s'éteint, mélancolique. Et rapidement je ferme toutes ces portes à mon émotivité pour retrouver mon vis-à-vis avec un visage toujours aussi placide.
« Et toi, tu es aujourd'hui une étudiante de l'université, j'imagine. Raconte-moi, tout ce que j'ai malheureusement raté. »
J'espérais qu'elle m'en dise plus. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose anime cette jeune femme et j'ignore quoi. Ou peut-être que je me fais des idées, et que c'est finalement le choc du changement, du temps qui passe et le nouveau cadre politique dans lequel elle a grandi.
Mais peut-être que j'essaie de me rassurer.
Arrivé au Reike, et je ne suis plus sûr de rien…
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Isolde restait effectivement sous l’effet de la surprise. Du fait de le voir certes, mais surtout de constater à quel point il semblait différent de l’époque où ils s’étaient connus. Cela ne faisait que quelques années, mais parfois le poids des situations complexes pesait beaucoup plus que celui des âges. Elle ressentait des émotions peut-être contradictoires, un mélange de ravissement et de nostalgie, mêlée à une incertitude évidente. Elle espérait obtenir des réponses satisfaisantes, qui étancheraient sa curiosité abondante. Enfin, cette situation lui offrait une expérience intéressante, elle qui appréciait observer la complexité des émotions humaines. Ainsi, elle en était actrice et spectatrice, quoi de mieux pour analyser l’évolution d’une relation marquée par le passage du temps.
Elle sentit la main du drakyn se refermant sur la sienne et elle comprit qu’une certaine douceur le définissait encore. Même si les épreuves rencontrées en chemin laissaient des marques indélébiles au corps et à l’esprit, l’âme restait fondamentalement la même. Chaque étincelle d’un individu pouvait être réanimée, en activant les bons leviers.
La nécromancienne se laissa entraîner vers l’endroit où elle reposait précédemment, avec son ouvrage pour seule compagnie. Elle l’observa doucement étaler à son tour sa cape et s’allonger dessus. Elle vint s’asseoir tout près de lui, observant les alentours rapidement. Des couleurs chaudes emplissaient le parc tandis que les dernières lueurs dorées transperçaient à travers le faible feuillage de l’arbre sous lequel ils reposaient. La lumière éclairait faiblement leur visage et la douce brise leur offrait l’odeur boisée du tapis de feuilles mortes. Les derniers étudiants semblaient être rentrés, les laissant profiter de ce cadre mélancolique et enchanteur. L’ambiance se révélait être propice à cet instant de douce nostalgie entre ces deux figures du passé. Isolde appréciait particulièrement ce genre de moment suspendu et indéfinissable, où elle ne pouvait qu’en contempler la beauté éphémère.
Les mots de Kieran la ramenèrent pourtant à la discussion et elle le scruta de nouveau de ses émeraudes. Il évoqua évidemment la guerre et la prise de pouvoir de Tensai. Elle savait qu’en tant que pro-Draknys, il se mettait en position de rébellion face au pouvoir instauré. Peu de personnes avaient fait ce choix, surtout face aux agissements du prince héritier. Silencieuse, elle l’écoutait avec attention poursuivre son récit.
- « La République. La Forteresse du Razkaal… Toi ? Je n’aurais jamais imaginé cela... » dit-elle, d’une voix monocorde.
La distance creusée par le temps et l’éloignement, puis ces nouvelles lâchées au vent... cela offrait un nouveau sentiment dans le cœur de la mage. De la déception ? Peut-être. Enfin, il ne lui devait rien et elle n’attendait rien de lui, alors pourquoi se sentait-elle déçue… Elle aurait peut-être apprécié qu’il choisît une autre voie. Enfin toutes sauf celles qui le menaient en République. Et pire encore, à devenir un chien enchaîné à la Forteresse de l’angoisse. Enfin, toute cette histoire ne paraissait pas livrer qu’un horrible tableau. La curiosité d’Isolde grandissait dans un même temps dans son esprit. La prison magique et hautement sécurisée, nichée au cœur de l’océan, était victime de bien de légendes et sinistres récits.
Tandis qu’elle sentit la main du drakyn venir se loger sur son visage, écartant une mèche de sa chevelure ébène afin de mieux visualiser son expression, elle lui offrit un léger sourire.
Il lui révélait le mal qu’il pouvait faire à l’intérieur de cette forteresse. Punir les coupables, interroger les suspects, traîner jour après jour dans un univers glauque. Elle tentait d’imaginer la rudesse de cette vie. Bien sûr, elle ne le pouvait pas. Elle espérait le faire parler davantage sur le sujet. Évidemment, une curiosité malsaine naquit en elle et la nécromancienne comptait bien se délecter d’anecdotes terribles et funestes.
- « Raconte-moi, Kieran. Je me doute que tu dois être tenu par le secret… Mais tu as bien quelques intrigues sous la main. Je suis curieuse de connaître la place que tu t’es forgé dans cette ambiance glauque et sinistre. Cela ne ressemble tellement pas à celui que j’ai connu. » avoua-t-elle en marquant une pause. Puis elle ancra son regard dans celui de son vis-à-vis. « Toutefois, je saisis à présent cette lueur étrange que je lis dans tes yeux. Cette Forteresse macabre agit sur toi de manière insidieuse Kieran... »
Cette prison sordide ne laissait personne en ressortir indemne, les rumeurs allaient dans ce sens. Et la jeune femme au teint pâle n’avait pas de peine à le croire, en scrutant son ancien partenaire.
Effectivement, il n’avait rien d’un républicain. Il ne possédait pas leur lâcheté. Il restait au contraire un homme de valeur, de principe. Bien qu’il fût considéré comme un rebelle et un traître aux yeux de l’Empire, Isolde ne le percevait pas de cette manière. Il ne dérogeait pas à ses idéaux.
- « Tes choix peuvent être discutables, cependant ils t’appartiennent entièrement. Et comme je l’ai dit, je ne te jugerai pas. Tu défends les causes auxquelles tu crois, celles qui te semblent justes. En quoi pourrais-je te blâmer pour cela... »
Certes, la brune ne possédait pas ce sens du dévouement et du sacrifice de soi, mais elle savait que c’était le cas du guerrier. Il mettait sa force et son expérience à profit, même si certains pouvaient percevoir cela comme un incroyable gâchis.
Elle crut percevoir une lueur changeante dans les prunelles de son interlocuteur, mais il se referma immédiatement et il changea de sujet. Isolde soupira.
- « Ne te ferme pas de la sorte Kieran, pas avec moi. » dit-elle d’une voix plus douce avec un brin de malice, pour le taquiner.
Aussi, une manière de lui faire comprendre qu’elle n’était pas dupe, tout en offrant un peu de légèreté à la conversation. Elle bougea un peu, de manière à étirer ses jambes. Elle s’allongea sur le côté, le coude appuyé contre la cape laissant reposer sa tête sur sa main.
- « En effet, Drakstrang est devenue ma maison depuis quatre ans. Et je n’ai pas poursuivi dans la pratique des techniques martiales. Triste pas vrai, avec un modèle tel que toi ? » dit-elle, toujours taquine. Elle ne savait comment il allait réagir à ses propres aveux. « J’ai au contraire suivi un cursus magique, plus particulièrement la magie noire. »
Puis elle l’observa, en guettant son éventuelle réaction.
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
J'ignore si c'était un jugement. Lorsqu'elle répète ma nouvelle fonction ainsi que ma maison d'adoption, de cette voix plate comme un lac sans courant. Mais pas une seule fois j'ai senti du regret dans la mienne.
J'ai quitté le Reike, à raison.
Les agissements du Prince Héritier et son implication avec la Pègre m'ont laissé un goût amer, aussi virulent que la défaite essuyée durant la guerre. C'était comme vivre un cauchemar, où toutes les lumières qui irradiaient le pays sont devenues des obscurités, dégageant des miasmes toxiques irrespirables. Ce qu'il s'est passé, et ses conséquences, poque du derche à mon sens. C'est l'une des premières claques qui m'a fait perdre confiance aux gouvernements et à leur projection ; les idéaux sont pacifistes, l'histoire est violente. Le Roi Draknys n'a rien à voir dans l'implication de son fils, et sa tête était déjà décapsulée comme une jarre de vin lorsque sa fille était vendue comme une brebis abandonnée.
Moi qui pensais un jour poser le genou devant Vaenys Draknys, maintenant je commence à réfléchir à comment l'enfermer dans les geôles du Razkaal et lui arracher toutes les réponses possibles en lien avec son réseau, et découper toutes les têtes qui gangrènent le Royaume et hors de ses frontières.
Toute la noblesse, les valeurs, les pensées pacifiques... Jetées à la poubelle par la porte de sortie. Et c'est pourtant tout ce qui me reste. Une petite lumière, semblable à une Luciole dans la nuit chaotique, dont le Sékaï y boit la tasse depuis des siècles. Sinon, je suis bon à devenir un Monstre du Razkaal, sans foi, ni lois, et écoutant uniquement mes envies. Je me demande quel genre de monstre je serais devenu. Qu'est-ce que j'aurais fait endurer à Isolde en la retrouvant.
Je préfère ne plus y réfléchir.
Non, je vais regarder le sourire caché derrière cette chevelure ébène, enfin dégagée. Un sourire dans ce monde pourri. Bien plus agréable que toutes les brises chaleureuses d'un printemps ensoleillé. Mais ce sourire, ce si joli sourire, va se ternir par une question cachant une curiosité sous-jacente, et j'ai du mal à la déceler comme saine. Isolde ne le sait probablement pas, mais j'ai interrogé et torturé des dizaines et des dizaines d'inculpés. On nous a entraînés à repérer les mensonges dégagés par le non-verbal de nos prisonniers. Avec le temps, sans devenir un total filtre anti-mensonge, je peux chercher ne serait-ce que dans le mouvement d'une paupière, la raideur d'une épaule ou le tapotement continu de l'index contre le bras, pour savoir si on me prend pour un lapin de trois semaines.
Chez Isolde, ce n'est pas compliqué, elle ne dégage qu'une chose : l'envie. Reste à savoir si c'est pulsé par quelque chose de bon... ou de mauvais. Gardant la douceur dans ma voix, les yeux partis dans tous les regards suppliant que j'ai mutilés, je prends le temps de choisir mes mots.
« Strictement. Confidentiel. Rien ne doit sortir de la Forteresse, il en va de ma vie. Et faudra me torturer pour ça, même si je pense avoir quelques années d'avance à ce niveau. » Que je finis par plaisanter en laissant un rictus discret et amer de moi-même.
Mais, en attendant, elle a mis en mots quelque chose d'important me concernant.
« Oui, j'ai bien conscience que cet endroit me bousille. Petit bout, par petit bout. Mais au moins, je fais le ménage dehors. »
Il n’y a pas grand-chose à faire de plus, à part patauger dans cette merde et espérer en avaler le moins possible. Ancien soldat, Limier actif, mais le Draknys que je transporte à droite comme à gauche n'a pas d'autres vies. Une vie d'accalmie saine et apaisante. Mais, pour le moment, des gens doivent être encore punis, des gens doivent encore mourir. Et les mots d'Isolde viendront cette fois comme une pommade. Elle aurait pu me voir comme un traître du Reike, comme un républicain potelé du bide qui ne lève pas le petit doigt. Sans être blâmé, sans forcément approuvé, ou condamné, elle me comprend. Et c'est tout ce que je lui demande.
Et elle me demande à son tour de ne pas me fermer. En tant normal, j'aurais été attendri par cette voix douce, et séduis par la taquinerie. Mais rien y fait malheureusement.
« Tu ne sais pas ce que tu me demandes. » Que je termine, morne.
De la même façon, je me repositionne pour être face à elle, la tête tenue par le poing, le poing tenu par le coude, le coude enfoncé dans la cape. Ma queue dorsale faisant de légères spirales sur le tissu tandis que j'écoute alors ce que ces quatre années ont fait d'une jeune fille devenue femme. Mes yeux se plissent comme un sourire invisible, lui confirmant qu'effectivement elle aurait fait une formidable soldate, épée à la main. Mais Isolde avait des subtilités qui m'ont toujours échappé, et c'est pourquoi je ne suis pas vraiment étonné de la branche qu'elle a choisie. Même si ça demande des précisions, la magie noire est vaste. Et je n'ai aucun jugement sur la pratique ; pour beaucoup, je suis une machine à tuer avec des techniques particulièrement discutables. Pourtant, je les utilise dans un prisme de bienveillance en orientant ces outils vers la vermine.
« Chaque fois que je t'ai vue bosser dans quelque chose qui te plaît, tu performes comme une Titan. Et, est-ce que tout comme moi, tu en paies le prix de quelque chose ? Pourquoi la magie noire, et qu'est-ce que tu espères en l'utilisant. »
Elle ne restera pas à l'université éternellement, sauf si elle veut devenir professeure, et je me demande quels desseins a-t-elle esquissés dans son esprit.
Qui est Isolde Malkyn, finalement.
J'ai quitté le Reike, à raison.
Les agissements du Prince Héritier et son implication avec la Pègre m'ont laissé un goût amer, aussi virulent que la défaite essuyée durant la guerre. C'était comme vivre un cauchemar, où toutes les lumières qui irradiaient le pays sont devenues des obscurités, dégageant des miasmes toxiques irrespirables. Ce qu'il s'est passé, et ses conséquences, poque du derche à mon sens. C'est l'une des premières claques qui m'a fait perdre confiance aux gouvernements et à leur projection ; les idéaux sont pacifistes, l'histoire est violente. Le Roi Draknys n'a rien à voir dans l'implication de son fils, et sa tête était déjà décapsulée comme une jarre de vin lorsque sa fille était vendue comme une brebis abandonnée.
Moi qui pensais un jour poser le genou devant Vaenys Draknys, maintenant je commence à réfléchir à comment l'enfermer dans les geôles du Razkaal et lui arracher toutes les réponses possibles en lien avec son réseau, et découper toutes les têtes qui gangrènent le Royaume et hors de ses frontières.
Toute la noblesse, les valeurs, les pensées pacifiques... Jetées à la poubelle par la porte de sortie. Et c'est pourtant tout ce qui me reste. Une petite lumière, semblable à une Luciole dans la nuit chaotique, dont le Sékaï y boit la tasse depuis des siècles. Sinon, je suis bon à devenir un Monstre du Razkaal, sans foi, ni lois, et écoutant uniquement mes envies. Je me demande quel genre de monstre je serais devenu. Qu'est-ce que j'aurais fait endurer à Isolde en la retrouvant.
Je préfère ne plus y réfléchir.
Non, je vais regarder le sourire caché derrière cette chevelure ébène, enfin dégagée. Un sourire dans ce monde pourri. Bien plus agréable que toutes les brises chaleureuses d'un printemps ensoleillé. Mais ce sourire, ce si joli sourire, va se ternir par une question cachant une curiosité sous-jacente, et j'ai du mal à la déceler comme saine. Isolde ne le sait probablement pas, mais j'ai interrogé et torturé des dizaines et des dizaines d'inculpés. On nous a entraînés à repérer les mensonges dégagés par le non-verbal de nos prisonniers. Avec le temps, sans devenir un total filtre anti-mensonge, je peux chercher ne serait-ce que dans le mouvement d'une paupière, la raideur d'une épaule ou le tapotement continu de l'index contre le bras, pour savoir si on me prend pour un lapin de trois semaines.
Chez Isolde, ce n'est pas compliqué, elle ne dégage qu'une chose : l'envie. Reste à savoir si c'est pulsé par quelque chose de bon... ou de mauvais. Gardant la douceur dans ma voix, les yeux partis dans tous les regards suppliant que j'ai mutilés, je prends le temps de choisir mes mots.
« Strictement. Confidentiel. Rien ne doit sortir de la Forteresse, il en va de ma vie. Et faudra me torturer pour ça, même si je pense avoir quelques années d'avance à ce niveau. » Que je finis par plaisanter en laissant un rictus discret et amer de moi-même.
Mais, en attendant, elle a mis en mots quelque chose d'important me concernant.
« Oui, j'ai bien conscience que cet endroit me bousille. Petit bout, par petit bout. Mais au moins, je fais le ménage dehors. »
Il n’y a pas grand-chose à faire de plus, à part patauger dans cette merde et espérer en avaler le moins possible. Ancien soldat, Limier actif, mais le Draknys que je transporte à droite comme à gauche n'a pas d'autres vies. Une vie d'accalmie saine et apaisante. Mais, pour le moment, des gens doivent être encore punis, des gens doivent encore mourir. Et les mots d'Isolde viendront cette fois comme une pommade. Elle aurait pu me voir comme un traître du Reike, comme un républicain potelé du bide qui ne lève pas le petit doigt. Sans être blâmé, sans forcément approuvé, ou condamné, elle me comprend. Et c'est tout ce que je lui demande.
Et elle me demande à son tour de ne pas me fermer. En tant normal, j'aurais été attendri par cette voix douce, et séduis par la taquinerie. Mais rien y fait malheureusement.
« Tu ne sais pas ce que tu me demandes. » Que je termine, morne.
De la même façon, je me repositionne pour être face à elle, la tête tenue par le poing, le poing tenu par le coude, le coude enfoncé dans la cape. Ma queue dorsale faisant de légères spirales sur le tissu tandis que j'écoute alors ce que ces quatre années ont fait d'une jeune fille devenue femme. Mes yeux se plissent comme un sourire invisible, lui confirmant qu'effectivement elle aurait fait une formidable soldate, épée à la main. Mais Isolde avait des subtilités qui m'ont toujours échappé, et c'est pourquoi je ne suis pas vraiment étonné de la branche qu'elle a choisie. Même si ça demande des précisions, la magie noire est vaste. Et je n'ai aucun jugement sur la pratique ; pour beaucoup, je suis une machine à tuer avec des techniques particulièrement discutables. Pourtant, je les utilise dans un prisme de bienveillance en orientant ces outils vers la vermine.
« Chaque fois que je t'ai vue bosser dans quelque chose qui te plaît, tu performes comme une Titan. Et, est-ce que tout comme moi, tu en paies le prix de quelque chose ? Pourquoi la magie noire, et qu'est-ce que tu espères en l'utilisant. »
Elle ne restera pas à l'université éternellement, sauf si elle veut devenir professeure, et je me demande quels desseins a-t-elle esquissés dans son esprit.
Qui est Isolde Malkyn, finalement.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Kieran ne répondit pas immédiatement, prenant certainement le temps de peser ses mots et l'impact qu'ils pouvaient avoir. Il ne souhaitait pas répondre à la question. Auparavant si complice, une barrière invisible semblait s'être dressée entre eux. Ils avaient changé, le temps et les épreuves avaient accompli leur œuvre et ils se comportaient en étrangers l'un pour l'autre. Il ne lui faisait absolument pas confiance et il n'avait aucune envie de lui révéler ses petits secrets. Isolde en était évidemment contrariée, elle n'aimait pas qu'on lui dît non. Il refusait de lui livrer ce qu'elle demandait et forcément, elle ne le prenait pas de la meilleure façon. Il put facilement le lire dans son regard, elle ne cherchait pas à le dissimuler. D'ailleurs, elle forçait volontairement son expression pour paraître plus vexée et blessée qu'elle ne l'était réellement. Peut-être pour obtenir plus de compassion à son égard.
Toutefois, ses aveux sur la torture eurent le mérite de développer davantage la curiosité malsaine de la nécromancienne. Elle appréciait imaginer les cris agonisants des criminels que son ancien frère d’armes écorchait. Elle se demandait comment il s’y prenait, par la force, la torture physique lente ou bien la torture psychologique… peut-être même tout cela à la fois. Voilà ce qui l’avait changé dans cette forteresse obscure. Et il le vivait mal, il semblait culpabiliser d’être devenu un monstre. Il ne devrait pas, au final cela restait louable d’agir ainsi. Mais elle comprenait, même si ce n’était qu’à moitié, les soucis moraux internes que de tels actes pouvaient engendrer. Pour la mage, tout n’était jamais noir ou blanc, elle vivait à travers les nuances et se fichait éperdument que ses actions pussent être considérées comme étant bonnes ou mauvaises. Il n’y avait que l’ambition, les forts et les faibles. Et la morale n’avait pas à venir interférer dans ses affaires. Enfin, elle savait que tous ne pensaient pas de la sorte. Sinon, le Sekai ressemblerait à une immense croûte de sang, perdu dans des limbes chaotiques. Ce qui n’était pas une pensée désagréable, mais là n’était pas la question.
Il refusait également d’ouvrir son âme à la mage noire et révéler l’étendue des émotions qui le submergeait. Elles grattaient à la surface, elle le sentait. Ses prunelles transparaissaient de ce débordement émotif, de cette querelle profonde et intérieure. Elle avait envie d’insister, de creuser. Voire d’utiliser ses pouvoirs en ce sens pour le faire parler, pour obtenir ce qu’elle désirait. Mais peut-être cela ne valait pas le coup. Aussi, en mémoire de leur ancienne complicité, elle se ravisa.
Il se montrait curieux lui aussi, il désirait en apprendre plus sur son choix d’études et sur ses aspirations. Elle resta face à lui et laissa ses traits s’adoucir de nouveau. Elle ne lui en tenait pas rigueur de ne pas se livrer, après tout un fossé s’était creusé durant ses années d’absence. Peut-être leur faudrait-il du temps, pour le resserrer. Ou au contraire, le laisser s’étendre pour que leur lien n’existât plus. Seul le temps le dirait.
- « La magie noire et plus globalement les sciences occultes sont très méconnues au Reike. Pourtant, lorsque Drakstrang a ouvert ce cursus sur Ikusa, c’était pour de bonnes raisons. Nous sommes très peu à tenter cette expérience et encore moins à la réussir. C’est une magie complexe et sournoise, mais qui sait livrer des secrets étonnants. J’ai appris à la manier et je continue chaque jour à m’employer à façonner cet art fascinant. » Elle ne cachait pas sa fascination et son intérêt, elle n’en avait pas envie. Et il était compliqué, même pour la reine de la manipulation, de dissimuler son attrait tant il était intense. « J’ai décidé d’y consacrer ma vie entière, tout mon univers tourne autour de la magie. Est-ce qu’il y a un prix à payer ? Je pourrais dire oui, celui de la solitude et de la stigmatisation. Tout ce qui est méconnu fait peur. Et la peur conduit les individus à adopter un comportement très hostile. Je n’inspire pas la confiance dans le cœur des personnes. » Son regard émeraude se fit plus perçant sur cette dernière phrase. Elle lui était particulièrement adressée. Il se méfiait d’elle et peut-être à raison. Ou peut-être se privait-il d’une alliée solide.
Elle se redressa, venant s’asseoir de nouveau. Elle contempla les alentours assombris du parc. La nuit tombait, elle usa de sa vision nocturne pour percer l’obscurité et voir plus loin. Plus aucun étudiant ne se baladait, la fraîcheur de cette nuit automnale se faisait sentir. Elle n’entendait plus que le doux bruit du vent à travers les branches de l’arbre sous lequel ils reposaient. Malgré ce calme apparent, une tension pouvait se lire entre les deux anciens confidents. Contemplative, Isolde laissa la nostalgie l’emporter un peu et elle frissonna doucement.
- « Toi aussi, tu agis comme un inconnu avec moi. Tu crains la personne que je suis devenue et tu ne m’accordes pas ta confiance. Alors que je ne te juge pas. Tu peux être la personne la plus dévouée et douce que je connaisse, comme le pire des bourreaux. Cela ne changerait pas la vision que j’ai de toi. La vie n’est pas toute rose, cela fait bien longtemps que je ne me berce plus d’illusions. Je t’accepte tel que tu es. Tel que tu es devenu. J’attends simplement qu’il en soit de même pour toi. » Il n’y avait aucune animosité dans sa voix. Au contraire, elle laissait parler un peu ses émotions et libre à lui d’y réagir comme il le sentait. Elle gardait sa franchise, il était important pour elle de faire la part des choses et ne pas se perdre systématiquement dans les mensonges. Elle pouvait l’aider à s’accepter lui-même, renforcer son âme et se sentir supérieur, mais encore fallait-il qu’il le voulût.
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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Info personnage
Race: Drakyn
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Il y a des mystères dans l'univers qui ne sont pas appelés à être percés. Mais, qui nous sommes, et pourquoi nous sommes ici, ces réponses n'en font pas partie, on les porte en nous. Je suis persuadé que nous sommes ici pour de bonnes raisons, et que chaque organisme vivant a le potentiel d'être une force pour le bien. Voilà ce que je veux incarner, voilà ce que je veux dégager, voilà ce que j'aspire. Ces réponses, elles se cachent derrière un serment scellé dans la Forteresse du Razkaal, où j'endosse la responsabilité d'être une ombre léthale pour les criminels que j'enferme, que j'abîme, et que je brise. Toute une subtilité qui est difficile de mettre en mots face à une jeune femme à qui j'ai toujours été transparent.
La guerre nous a séparés, et nos rôles dans ce monde nous maintiennent éloignés.
Un silence studieux alors qu'elle prend la parole sur ses aspirations. Isolde est de ceux qui regardent le trésor dans le tas de ferraille, l'étincelle dans les ténèbres, un battement d'aile à peine entendu dans un cyclone. Elle va donc pouvoir populariser une force et une magie oubliées et méconnues. Une petite voix dans ma tête me dit que si cette magie s'est rapidement retrouvée à part, ce n'est jamais pour de bonnes raisons. Mais nous vivons dans un monde de nuances, et les ténèbres peuvent être justement utilisées, tout comme la lumière atrocement appliquée. Je peux voir cette fascination dans ses yeux, et je vois bien qu'elle est dans un sentier qui répond à ce qu'elle est, intrinsèquement. Mes traits s'adoucissent, un peu rassuré de la savoir dans quelque chose qu'elle affectionne, et que le Reike lui offre la possibilité d'avancer dans ce voyage de perfectionnement magique. Bien plus compliqué que tenir une arme, la stratégie militaire ou bien cracher du feu, à mon sens. Et si le programme de l'université ne l'en empêche pas, c'est également pour de bonnes motivations.
« Voilà ta voie, aussi fascinante que toi. »
Arrive alors le premier point d'intersection des droites sécantes qui constituent nos vies. Nos choix, malgré nos bonnes aspirations, seront toujours vus par des personnes en proie au jugement, avec une arrogance doublée d'une ignorance alors qu'ils étalent leur savoir. Effectivement, la facture est salée, mais l'essentiel, c'est qu'elle ne devienne pas une souffrance sur le plaisir de faire ce qu'on aime.
« Je partage ton sentiment. Les Limiers ont une réputation qui les précède, et malheureusement j'en paie le prix, tout comme toi. Tout comme la magie noire et les sciences occultes, le Razkaal fait peur parce que personne ne sait ce qu'il s'y passe. Des rumeurs sombres, à raison, mais toutefois avec une volonté de Justice. Nous restons loin d'une inquisition religieuse qui se base sur la folie d'une tête pensante qui veut exterminer une hérésie fictive. Les mauvaises actions sont listées devant le coupable, et la loi s'applique. »
Et c'est malheureusement là où elle va en venir. Le silence regagne nos échanges tandis qu'elle se redresse, et je la suis des yeux. Je finis par faire de même, une jambe tendue, l'autre pliée pour accueillir mon bras comme accoudoir. Tout comme elle, mon regard se promène dans ces lieux, comme un enfant retrouvant sa maison. Alors qu'elle s'exprime, ma tête bouge doucement par la négative pour lui dire silencieusement que ce n'était pas une question de confiance, mais je me laisse emporter par le reste de ses propos qui mêlent une grande maturité et un regard juste sur la vie. Je finis par pouffer du nez, passant une mèche de cheveux derrière ma corne.
« Ce n'est pas une question de confiance, Isolde, mais de responsabilités. J'ai prêté allégeance et serment. Peu de gens restent lucides au Razkaal, et je ne sais pas encore pourquoi, mais je tiens encore le coup. Le secret doit rester gardé car c'est mon avenir qui peut être en péril, et je ne veux pas finir dans leurs cellules pour trahison. Même ma propre mère ne sait pas ce que j'y fais. »
Je me penche doucement dans sa direction.
« En aucun cas je ne crains la personne que tu es devenue. Je ne veux que ton bien. Et je suis très heureux que tu aies pu trouver un sentier dans lequel tu t'épanouis. Nous sommes deux bêtes de foire pour certains, mais le plus important c'est que nous trouvions ce que nous cherchons ; la satisfaction. »
Aussi bien nos envies que nos objectifs, en espérant faire le moins de dégâts possibles.
La guerre nous a séparés, et nos rôles dans ce monde nous maintiennent éloignés.
Un silence studieux alors qu'elle prend la parole sur ses aspirations. Isolde est de ceux qui regardent le trésor dans le tas de ferraille, l'étincelle dans les ténèbres, un battement d'aile à peine entendu dans un cyclone. Elle va donc pouvoir populariser une force et une magie oubliées et méconnues. Une petite voix dans ma tête me dit que si cette magie s'est rapidement retrouvée à part, ce n'est jamais pour de bonnes raisons. Mais nous vivons dans un monde de nuances, et les ténèbres peuvent être justement utilisées, tout comme la lumière atrocement appliquée. Je peux voir cette fascination dans ses yeux, et je vois bien qu'elle est dans un sentier qui répond à ce qu'elle est, intrinsèquement. Mes traits s'adoucissent, un peu rassuré de la savoir dans quelque chose qu'elle affectionne, et que le Reike lui offre la possibilité d'avancer dans ce voyage de perfectionnement magique. Bien plus compliqué que tenir une arme, la stratégie militaire ou bien cracher du feu, à mon sens. Et si le programme de l'université ne l'en empêche pas, c'est également pour de bonnes motivations.
« Voilà ta voie, aussi fascinante que toi. »
Arrive alors le premier point d'intersection des droites sécantes qui constituent nos vies. Nos choix, malgré nos bonnes aspirations, seront toujours vus par des personnes en proie au jugement, avec une arrogance doublée d'une ignorance alors qu'ils étalent leur savoir. Effectivement, la facture est salée, mais l'essentiel, c'est qu'elle ne devienne pas une souffrance sur le plaisir de faire ce qu'on aime.
« Je partage ton sentiment. Les Limiers ont une réputation qui les précède, et malheureusement j'en paie le prix, tout comme toi. Tout comme la magie noire et les sciences occultes, le Razkaal fait peur parce que personne ne sait ce qu'il s'y passe. Des rumeurs sombres, à raison, mais toutefois avec une volonté de Justice. Nous restons loin d'une inquisition religieuse qui se base sur la folie d'une tête pensante qui veut exterminer une hérésie fictive. Les mauvaises actions sont listées devant le coupable, et la loi s'applique. »
Et c'est malheureusement là où elle va en venir. Le silence regagne nos échanges tandis qu'elle se redresse, et je la suis des yeux. Je finis par faire de même, une jambe tendue, l'autre pliée pour accueillir mon bras comme accoudoir. Tout comme elle, mon regard se promène dans ces lieux, comme un enfant retrouvant sa maison. Alors qu'elle s'exprime, ma tête bouge doucement par la négative pour lui dire silencieusement que ce n'était pas une question de confiance, mais je me laisse emporter par le reste de ses propos qui mêlent une grande maturité et un regard juste sur la vie. Je finis par pouffer du nez, passant une mèche de cheveux derrière ma corne.
« Ce n'est pas une question de confiance, Isolde, mais de responsabilités. J'ai prêté allégeance et serment. Peu de gens restent lucides au Razkaal, et je ne sais pas encore pourquoi, mais je tiens encore le coup. Le secret doit rester gardé car c'est mon avenir qui peut être en péril, et je ne veux pas finir dans leurs cellules pour trahison. Même ma propre mère ne sait pas ce que j'y fais. »
Je me penche doucement dans sa direction.
« En aucun cas je ne crains la personne que tu es devenue. Je ne veux que ton bien. Et je suis très heureux que tu aies pu trouver un sentier dans lequel tu t'épanouis. Nous sommes deux bêtes de foire pour certains, mais le plus important c'est que nous trouvions ce que nous cherchons ; la satisfaction. »
Aussi bien nos envies que nos objectifs, en espérant faire le moins de dégâts possibles.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Elle l’écoutait silencieusement, le regard toujours absorbé par la nature environnante, doucement éclairée par la lueur pâle de la lune.
- « À vrai dire, je trouve cela fascinant, que tu te sois embarqué dans cette aventure au Razkaal, faite de serments et de devoirs solennels. Cette justice dont tu parles, même les plus forts peuvent s’y perdre. Chacun son rôle, chacun sa pièce à jouer. Les Astres nous guident, évitons simplement de nous perdre en route. » Parlait-elle simplement de la voie qu’ils avaient suivi, ou bien du fait de se perdre de vue ou que leur lien pût se briser définitivement… Sa phrase restait énigmatique et le drakyn pouvait bien l’interpréter comme il le souhaitait.
Puis la mage lui sourit légèrement, en entendant le dernier de ses paroles. La satisfaction. Là, ils se comprenaient. Isolde ne recherchait rien d’autre que cela. Elle était ravie qu’il m’émît pas de jugement et finalement acceptât la voie obscure qu’elle avait décidé de prendre. Même si ne lui livrait pas les secrets de la forteresse et ses occupations sinistres au sein de celle-ci, au moins il lui répondait avec une certaine bienveillance. Ce qui permit d’adoucir la conversation et laissa flotter des notes plus légères.
La nécromancienne sentait la fraîcheur et l’humidité de la terre la déranger. Elle n’était plus si à l’aise assise au sol. Elle se releva donc, épousseta rapidement sa robe et remis sa longue chevelure ébène en ordre.
- « Je ne sais pas ce que tu as prévu, mais reste encore un peu avec moi je te prie. » Elle ramassa sa cape, qu’elle secoua avant de la remettre sur son dos. Ainsi que sa sacoche avec l’ouvrage à l’intérieur. « Dissimuler un drakyn de plus de deux mètres, ce n’est pas la chose la plus aisée. Mais tachons d’être discret, à cette heure très peu de personnes rôdent sur le campus. Suis-moi. »
Puis la brune au teint pâle entraîna son acolyte vers les chambres universitaires. Ils traversèrent le parc dans l’obscurité, longèrent le bâtiment principal pour le contourner et passèrent par derrière pour accéder aux chambres du campus.
- « La fille qui partage ma chambre est en mission pour un mois, permets-moi donc de t’accueillir. » lança-t-elle, accompagné d’un petit sourire.
Elle poussa la porte de sa chambre et ôta sa cape et la déposa sur le petit bureau en bois sculpté qui occupait un coin de la pièce, divers parchemins y étaient posés, ainsi que sa plume et de l’encre. Avant de se diriger vers la table de bois, sur laquelle elle prit un linge qui renfermait un peu de pain. Elle le rompit, afin d’en tendre un bout à Kieran. Puis elle versa deux verres d’eau. Elle but quelques gorgées puis vint mordre dans le pain. La chandelle éclairait faiblement la pièce, offrant une lumière douce et tamisée. Son lit en bois orné de motifs finement sculptés trônait dans la pièce et elle vint s’asseoir dessus. Invitant Kieran à s’asseoir également où il le souhaitait, près d’elle ou sur l’autre lit peu importait. Les meubles étaient suffisamment grands pour l’accueillir. Kieran n’étant évidemment pas le seul drakyn, ou être d’une autre race à grande taille, qui occupait les locaux de l’Université. Le matériel était disposé de manière à recevoir le plus large panel d’étudiants.
- « Que comptes-tu faire dans les jours à venir ? Vas-tu rester à Ikusa ? » interrogea-t-elle, alors que ses émeraudes le scrutaient.
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Tout a été dit à ce niveau, et la conclusion est unanime : nous sommes devenus différents.
J'ignore s'il y avait autre chose à ajouter, si des facettes encore obscures attendaient d'être dévoilées pour se découvrir, encore. Il y avait une poésie dans l'environnement, les feuilles mortes ont l'air de symboliser la fin de quelque chose, l'hiver vient et j'ai des appréhensions. Est-ce que quelque chose se gèle pour de bon entre nous ? Ou bien le printemps viendra faire fleurir de nouveaux liens, puissants, épais, solides. L'avenir nous le dira, je reste persuadé que rien ne se joue au hasard, comme elle le dit si bien : les Astres nous guident. En tout cas, quelque chose de puissant le fait, reste à voir si ce sera avec bienveillance.
Je vais laisser un blanc, pour digérer les paroles de la brune. Piger la substance, assimiler sa symbolique, interpréter le sens. J'ai lu un livre dans les bibliothèques du Razkaal. Ça racontait l'histoire des hommes et ce qui les motive. C'est très simple en fait : "L'essence la plus intime de l'être est la volonté de puissance, la vie ne serait que vouloir et pouvoir, rien d'autre." Il finira par ajouter "tout homme est un criminel qui s'ignore" ; comprendre qu'un homme peut devenir criminel à partir du moment où l'Existence lui impose d'y mettre les yeux ou les mains, par le biais d'événements où un homme plonge dans ses abysses pour faire le choix, le mauvais choix.
Je ne suis pas d'accord avec ces deux citations.
Je suis persuadé qu'on peut traverser cette existence sans être forcé de passer à l'acte ou bien de se poser une telle question. Je suis persuadé que la vie n'est pas seulement la convoitise de la puissance et de ce qu'on veut embrasser comme envie. J'en suis persuadé parce que j'ai tout perdu au Reike, et je ne suis pas devenu un criminel qui a cherché une vendetta dégueulasse au profit de pognon et de bonnes femmes à relations tarifées. Au-delà de capturer des criminels, je prends le temps d'apprécier le battement d'aile d'un oisillon sur une branche, le vent doux de l'automne, l'eau fraîche d'un ruisseau, le rayon chaleureux du soleil, les rires d'une compagnie dans une taverne, la poignée de main d'un frère d'armes.
La chaleur d'une femme qu'on aime, le regard d'un fils qu'on éduque.
Tout cela constitue l'ennemi du Chaos. Et je compte bien en être le Némésis. Je vais tous déterrer de vos grottes obscures, bande d'enfoirés. Je vais vous traquer, vous trouver, et vous punir. Dans le meilleur des mondes, vous serez condamnés en justice, dans le pire, massacrés.
Les dégommer, tous.
« Chacun son rôle, chacun sa pièce à jouer. » Que je répète, pour moi-même.
Un rictus partagé sur un dernier mot qui a l'air de mettre tout le monde d'accord, le frisson de l'automne vient mordre l'étudiante tandis que je ne sens que finalement le confort des feuilles mortes me servir de lit de fortune. La suivant des yeux tandis qu'elle se redresse, j'en fais de même, machinalement, le regard à l'affût sur les éventuelles patrouilles qui pourraient rôder. Puis, je me dis que la guerre remonte à très longtemps, et que je ne suis pas l'ennemi du Reike, en tout cas rien de menaçant.
J'hausse un sourcil en écoutant sa proposition, puis mon regard s'adoucit.
« Je veux rester avec toi, ça tombe bien. »
Imitant Isolde de la même façon, ma cape est époussetée et remise sur mes épaules tandis que j'affiche un demi-rictus amusé. L'idée me plaît, un petit interdit à braver pour retrouver les couloirs du campus. Le souvenir est d'abord douloureux, car il reflète l'époque où Draknys était encore sur le trône et que j'avais une vie ici. Shael et Roman étaient vivants, et nous étions un trio inséparable. Aujourd'hui, il ne reste que moi, et je compte rendre hommage à ce souvenir, en passant par la petite porte derrière s'il le faut.
« Je saurais être discret. »
Peut-être quelque chose qui va certainement la surprendre, mais effectivement, mes déplacements furtifs perfectionnés par Simmond durant ma formation au Razkaal ont souvent fait leurs preuves. Encapuchonné, bougeant comme une grande ombre dans la nuit, je talonne la Magicienne comme un spectre silencieux. Je vais m'arrêter quelques instants sur le grand espace vert qui précède les chambres, plongeant une décennie en arrière, bien avant d'avoir rencontré Malkyn, et que mes cornes étaient bien plus courtes. Je devine l'invitation qu'elle met en mots, suivie d'un sourire que je renvoie pour lui répondre silencieusement d'un signe de tête, comme pour être certain de ne pas me faire entendre. Ça serait dommage de voir radiner un peloton d'élèves parce que j'ai fait du boucan, faut d'ailleurs espérer que rien ne me gratte sous le pif au risque d'éternuer comme une trompette débouchée.
Une porte plus tard, nous y voici. Le petit nid d'une mage noire.
L'odeur du papier et de l'encre saisit mes narines. La chaleur agréable de la pièce m'étreint dans un câlin familier. Les fameuses chambres où n'importe quel spécimen, y compris ceux de mon genre, peuvent jouir d'un confort de vie - en tout cas suffisamment confortable pour les études. J'ouvre ma cape pour laisser respirer mon col tout en la gardant aux épaules, marchant un peu dans la pièce pour l'aviser en détail. Un bout de pain est tendu dans ma direction, doucement saisi après un remerciement silencieux avant d'en prendre une bouchée. La voyant s'asseoir, je prends la liberté de m'installer à ses côtés en prenant un verre d'eau tout juste servi, ne voulant pas poser ma carcasse sur le lit d'une inconnue qui ne souhaite pas nécessairement recevoir de la visite, encore moins là où elle ronfle.
Forcément, la questionnette arrive à la partie la plus intrigante de mon histoire : qu'est-ce que j'fous ici. Prenant le temps de finir ce que j'ai en bouche, je cherche mes mots.
« Hm. Je voulais encore errer dans les rues par nostalgie, et peut-être aller à Kyouji. En fait, j'aimerais revisiter tout le Reike, j'ai besoin de savoir ce qu'il est devenu depuis tout ce temps. Mais, je t'avoue qu'il y a une petite rumeur qui m'intrigue et qui pourrait intéresser le Razkaal si tout s'avère être authentique. Tu connais le "Fléau de l'Eternité" ? »
Je termine mon morceau de pain en deux crocs.
« Et toi ? Ta vie ne s'arrête qu'autour d'Ikusa ou bien tu as également des projets ? Il t'arrive de quitter ces murs ? »
Mes paupières clignent doucement tandis que mes iris verticaux se resserrent sur elle, toujours plus curieux.
J'ignore s'il y avait autre chose à ajouter, si des facettes encore obscures attendaient d'être dévoilées pour se découvrir, encore. Il y avait une poésie dans l'environnement, les feuilles mortes ont l'air de symboliser la fin de quelque chose, l'hiver vient et j'ai des appréhensions. Est-ce que quelque chose se gèle pour de bon entre nous ? Ou bien le printemps viendra faire fleurir de nouveaux liens, puissants, épais, solides. L'avenir nous le dira, je reste persuadé que rien ne se joue au hasard, comme elle le dit si bien : les Astres nous guident. En tout cas, quelque chose de puissant le fait, reste à voir si ce sera avec bienveillance.
Je vais laisser un blanc, pour digérer les paroles de la brune. Piger la substance, assimiler sa symbolique, interpréter le sens. J'ai lu un livre dans les bibliothèques du Razkaal. Ça racontait l'histoire des hommes et ce qui les motive. C'est très simple en fait : "L'essence la plus intime de l'être est la volonté de puissance, la vie ne serait que vouloir et pouvoir, rien d'autre." Il finira par ajouter "tout homme est un criminel qui s'ignore" ; comprendre qu'un homme peut devenir criminel à partir du moment où l'Existence lui impose d'y mettre les yeux ou les mains, par le biais d'événements où un homme plonge dans ses abysses pour faire le choix, le mauvais choix.
Je ne suis pas d'accord avec ces deux citations.
Je suis persuadé qu'on peut traverser cette existence sans être forcé de passer à l'acte ou bien de se poser une telle question. Je suis persuadé que la vie n'est pas seulement la convoitise de la puissance et de ce qu'on veut embrasser comme envie. J'en suis persuadé parce que j'ai tout perdu au Reike, et je ne suis pas devenu un criminel qui a cherché une vendetta dégueulasse au profit de pognon et de bonnes femmes à relations tarifées. Au-delà de capturer des criminels, je prends le temps d'apprécier le battement d'aile d'un oisillon sur une branche, le vent doux de l'automne, l'eau fraîche d'un ruisseau, le rayon chaleureux du soleil, les rires d'une compagnie dans une taverne, la poignée de main d'un frère d'armes.
La chaleur d'une femme qu'on aime, le regard d'un fils qu'on éduque.
Tout cela constitue l'ennemi du Chaos. Et je compte bien en être le Némésis. Je vais tous déterrer de vos grottes obscures, bande d'enfoirés. Je vais vous traquer, vous trouver, et vous punir. Dans le meilleur des mondes, vous serez condamnés en justice, dans le pire, massacrés.
Les dégommer, tous.
« Chacun son rôle, chacun sa pièce à jouer. » Que je répète, pour moi-même.
Un rictus partagé sur un dernier mot qui a l'air de mettre tout le monde d'accord, le frisson de l'automne vient mordre l'étudiante tandis que je ne sens que finalement le confort des feuilles mortes me servir de lit de fortune. La suivant des yeux tandis qu'elle se redresse, j'en fais de même, machinalement, le regard à l'affût sur les éventuelles patrouilles qui pourraient rôder. Puis, je me dis que la guerre remonte à très longtemps, et que je ne suis pas l'ennemi du Reike, en tout cas rien de menaçant.
J'hausse un sourcil en écoutant sa proposition, puis mon regard s'adoucit.
« Je veux rester avec toi, ça tombe bien. »
Imitant Isolde de la même façon, ma cape est époussetée et remise sur mes épaules tandis que j'affiche un demi-rictus amusé. L'idée me plaît, un petit interdit à braver pour retrouver les couloirs du campus. Le souvenir est d'abord douloureux, car il reflète l'époque où Draknys était encore sur le trône et que j'avais une vie ici. Shael et Roman étaient vivants, et nous étions un trio inséparable. Aujourd'hui, il ne reste que moi, et je compte rendre hommage à ce souvenir, en passant par la petite porte derrière s'il le faut.
« Je saurais être discret. »
Peut-être quelque chose qui va certainement la surprendre, mais effectivement, mes déplacements furtifs perfectionnés par Simmond durant ma formation au Razkaal ont souvent fait leurs preuves. Encapuchonné, bougeant comme une grande ombre dans la nuit, je talonne la Magicienne comme un spectre silencieux. Je vais m'arrêter quelques instants sur le grand espace vert qui précède les chambres, plongeant une décennie en arrière, bien avant d'avoir rencontré Malkyn, et que mes cornes étaient bien plus courtes. Je devine l'invitation qu'elle met en mots, suivie d'un sourire que je renvoie pour lui répondre silencieusement d'un signe de tête, comme pour être certain de ne pas me faire entendre. Ça serait dommage de voir radiner un peloton d'élèves parce que j'ai fait du boucan, faut d'ailleurs espérer que rien ne me gratte sous le pif au risque d'éternuer comme une trompette débouchée.
Une porte plus tard, nous y voici. Le petit nid d'une mage noire.
L'odeur du papier et de l'encre saisit mes narines. La chaleur agréable de la pièce m'étreint dans un câlin familier. Les fameuses chambres où n'importe quel spécimen, y compris ceux de mon genre, peuvent jouir d'un confort de vie - en tout cas suffisamment confortable pour les études. J'ouvre ma cape pour laisser respirer mon col tout en la gardant aux épaules, marchant un peu dans la pièce pour l'aviser en détail. Un bout de pain est tendu dans ma direction, doucement saisi après un remerciement silencieux avant d'en prendre une bouchée. La voyant s'asseoir, je prends la liberté de m'installer à ses côtés en prenant un verre d'eau tout juste servi, ne voulant pas poser ma carcasse sur le lit d'une inconnue qui ne souhaite pas nécessairement recevoir de la visite, encore moins là où elle ronfle.
Forcément, la questionnette arrive à la partie la plus intrigante de mon histoire : qu'est-ce que j'fous ici. Prenant le temps de finir ce que j'ai en bouche, je cherche mes mots.
« Hm. Je voulais encore errer dans les rues par nostalgie, et peut-être aller à Kyouji. En fait, j'aimerais revisiter tout le Reike, j'ai besoin de savoir ce qu'il est devenu depuis tout ce temps. Mais, je t'avoue qu'il y a une petite rumeur qui m'intrigue et qui pourrait intéresser le Razkaal si tout s'avère être authentique. Tu connais le "Fléau de l'Eternité" ? »
Je termine mon morceau de pain en deux crocs.
« Et toi ? Ta vie ne s'arrête qu'autour d'Ikusa ou bien tu as également des projets ? Il t'arrive de quitter ces murs ? »
Mes paupières clignent doucement tandis que mes iris verticaux se resserrent sur elle, toujours plus curieux.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Il évoquait la nostalgie et elle comprenait ce sentiment. Isolde n’avait jamais quitté le Reike. Et pourtant, partir pour la capitale fut déjà un bouleversement à l’époque, lorsqu’elle dut quitter sa ville natale, qu’elle chérissait. Elle appréciait tant déambuler dans les rues familières de Kyouji. Une pointe de nostalgie envahissait toujours son cœur, lorsqu’elle y repensait. Les pavés de la cité, les douces lueurs de ses bougies quand venait la nuit. Les souvenirs de ce passé, parmi sa famille. Elle ne la voyait que rarement à présent. Pourtant, chaque ruelle, chaque haute bâtisse évoquait tant d’histoires passées. En revoyant ces lieux lorsqu’elle y retournait, c’était comme prendre une avalanche de moments inoubliables, qui ne pouvaient que la submerger d’émotions.
À cette époque, lorsqu’elle était plus jeune, tout était bien différent. Avant la guerre. Et Kieran le savait que trop bien également. Certains d’entre eux, suite aux ravages des conflits, n’étaient plus là pour en témoigner. Autant se souvenir des bonnes choses et laisser derrière elle les pensées plus sombres et plus funestes. Néanmoins, il arrivait souvent que ses pensées qui reflétaient des moments doux et agréables, se terminaient en une mélancolie amère. Le temps passait bien trop vite et les choses changeaient sans qu’elle ne pût agir réellement dessus. Des choix différents, une prise de décision à un moment donné, puis tout basculait rapidement.
- « Tu as eu une bonne idée, rien de tel qu’un retour aux sources. Te reconnecter à tes racines et ce qui t’a formé. Le passé, tu ne peux pas le changer, mais les souvenirs restent toujours. » dit elle en lui adressant un léger sourire et laissant glisser brièvement sa main sur la sienne, avant de la retirer.
Il y avait une certaine beauté dans les souvenirs. Le passé qui s’éloignait, tout en ayant posé pierre après pierre, en ayant construit les individus qu’ils étaient maintenant. La nostalgie renvoyait des sentiments contradictoires, mais qu’il fallait entièrement embrasser. Aussi bien la douleur, que la beauté. La mélancolie et la sagesse. Les ressentis faisaient grandir, s’élever et forgeaient le caractère. « Te rappeler d’où tu viens, même si tes pas t’ont mené jusqu’à la forteresse du Razkaal. » ajouta-t-elle. Peut-être que cela aussi l’aidait à tenir, dans ce lieu d’angoisse et de torture.
Puis la conversation dériva sur un tout autre sujet. Il mentionna une rumeur qui circulait à propos d’une organisation sectaire. Isolde en avait entendu parler, mais elle ne s’était pas particulièrement intéressée au sujet.
- « J’ai entendu des étudiants en parler dans les couloirs de l’Université. Mais je ne sais pas exactement de quoi il retourne. Il s’agit d’une secte c’est bien cela, peux-tu m’en dire davantage ? »
Elle le reconnaissait bien là, à toujours vouloir se lancer à l’aventure et défendre la justice. Elle ne lui demanda pas le lien direct avec le Razkaal, vu qu’il ne voulait pas s’étendre sur le sujet. Après tout, il s’agissait d’une affaire pour le moment qui concernait le Reike et se déroulait sur ce territoire.
Puis il l’interrogea à son tour, la scrutant. Elle lui rendit son regard, le perçant de son émeraude. S’il souhaitait obtenir des réponses ainsi, ce n’était pas certain qu’il pût y arriver. La mage gardait les secrets de son âme bien en sûreté. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de répondre partiellement aux interrogations du drakyn, avec honnêteté.
- « Je passe énormément de temps entre les murs de Drakstrang, comme tu peux t’en douter. Cela dit, oui, il m’arrive de quitter cet endroit. » dit-elle en riant doucement. « Par exemple, le mois dernier j’ai effectué un pèlerinage au temple du Soleil et de la Lune. Je me suis absentée un bon moment. Mais je trouve ces moments importants. En tant que croyant, je suis certaine que tu me comprends. As-tu pu t’y rendre dernièrement de ton côté ? J’imagine que cela ne doit pas être si évident avec le métier que tu exerces… Ravie de voir déjà qu’ils te laissent quitter la forteresse de temps en temps. » Elle marqua une pause. Le laissant déjà appréhender ses paroles puis éventuellement y réagir. Puis elle reprit. « J’ai également rencontré l’Impératrice. » lâcha-t-elle en riant une nouvelle fois. « Ce n’était absolument pas prévu, mais tu connais mon audace. » dit-elle avec malice.
Isolde restait une jeune femme audacieuse, elle se laissait porter tout en glissant subtilement plusieurs atouts dans sa manche. « Je n’ai pas de grands projets pourtant. Je sais que cela peut paraître contradictoire. Mais je vis au jour le jour. » Elle se pencha légèrement en avant, ses yeux toujours posés sur son interlocuteur et un sourire malicieux dessiné sur ses lèvres. « Plutôt que les prévoir, j’aime saisir les opportunités qui se présentent à moi. Et je trouve que l’imprévu offre de plus belles aventures. »
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Ce retour aux sources, comme elle le dit si bien, avait quand même un goût amer. C'était comme voir le fantôme d'un passé qui ne revivra plus jamais. L'empreinte de Ryssen est partout, avec toutes les décisions que ça implique. Avec ses cicatrices. Celles de la guerre, du renversement politique, et des nouvelles directions prises. Mais, les mots d'Isolde caressent agréablement cette amertume. S'il y a bien quelque chose qu'aucun Empereur ne peut arracher, c'est bien mes souvenirs. Et avoir eu la possibilité d'affronter ses soldats, comme je l'ai pu. Je peux sentir ses doigts doux et filiformes glisser sur ma main, mais à peine le temps de s'en rendre compte que je regrette de les voir partir aussi tôt. La facture, celle d'être un Limier souvent seul, en traque, qui a dû fermer un maximum de portes pour éviter d'être vulnérable. Le corps devient froid, indolore, mais une simple caresse devient le rayon puissant d'un soleil ardent.
« Merci, pour tes mots. »
Peut-être que le plus douloureux c'est de ne pas pouvoir retrouver ma maison. A Taisen. Mon père, toujours à retaper la clôture autour de notre maison en terre cuite. Mère, en train de le rouspéter avant de m'ordonner labourer le potager au lieu de m'entraîner contre le mannequin en bois. Les odeurs de sa tourte au champa le soir, ses confitures le matin. Chaque fois que je prenais la route pour retrouver Roman et Shael, il y avait un dattier pas loin de la maison. Toujours garnis, et délicieux. On partageait tous les trois cette petite cueillette hebdomadaire, sans jamais en abuser. Respectant l'équilibre de chaque chose naturellement, pour que cet arbre continue toujours d'offrir ces fruits.
Tout est désormais en Cendres. Père, Roman, Shael, trucidés et carbonisés. La maison, en ruine. Les arbres fruitiers, les potagers, incinérés par les flammes. Le monde Reikois renaît sur des massacres. Et par la poigne impériale et ses sujets, ils tiennent debout, agressifs, face à tous les dangers. Admirable, mais pas honorable. Mais qu'est-ce que l'honneur pour les gens aujourd'hui ? En tout cas, un vieux souvenir lugubre se balade aux travers de rumeurs, je profite de défaire totalement ma cape pour me mettre à l'aise dans le peu investigué par mes soins.
« C'est venu jusqu'aux couloirs de l'université ? Hm, intéressant. Le Fléau de l'Éternité, une vieille secte qui pue le trouble depuis des lustres. Originaire du Shoumeï, et ayant ramifié ses tentacules jusqu'au Reike, elle se nourrit des conflits qu'elle attise pour alimenter un espèce de Grand Guide. On les traque depuis des siècles, mais ils sont foutrement rusés, se cachant dans les coins les plus sombres, recrutant des crétins à la campagne, loin des regards indiscrets des grandes villes. »
Je croise les bras sous mon torse.
« La hiérarchie, tu peux la résumer en trois niveaux : le Grand Guide, les Grands Consuls et les consuls. Le Grand Guide, ce fantôme énigmatique, règne en maître sur ces enfoirés. Les Grands Consuls, qui sont apparemment ses sous-fifres de confiance. Et enfin, y a les Consuls, vingt-quatre connards qui dirigent chacun leur propre groupe de fanatiques, prêts à tout pour servir leur maître invisible. Y'en a un qui est dans les parages, si on croit un certain corps de l'armée du Reike. Ils proposent une petite chasse à l'homme et recrutent des gens motivés. Je vais tenter ma chance. »
Notre job ? Les démolir. Traquer ces rats dans leurs putains de trous et les écraser avant qu'ils ne fassent plus de dégâts. On les chassera jusqu'à ce qu'on découvre leur quartier général et qu'on les extermine tous. C'est pas une question de si, mais de quand. La colère déforme mes traits quelques secondes avant que je ne reprenne mon calme. Un calme pas bien difficile à récupérer puisque concentré sur le récit de la Mage Noire. Sans surprises, c'est effectivement une étudiante qui donne de son temps et son talent pour l'université. Elle en sortira certainement grandie, et fatalement puissante. Mes prunelles s'adoucissent lorsque le temple est mentionné, je crois que la dernière fois où j'y suis allé avec mes parents remonte à bien dix ans.
« Non, il y a bien longtemps que ce n'est pas arrivé. Que les Astres me pardonnent. J'espère en avoir l'occasion un jour. Le Razkaal doit me donner plus de temps, hélas, j'en aurais toujours pour les criminels, mais rarement pour moi. C'est un moment très important dans une vie religieuse, tu peux être fière. »
Puis, je vais marquer un blanc lorsqu'elle dit avoir rencontré la Reine en personne. Je finis par détourner le regard, fixant le vide, dans mes souvenirs. Cette chevelure claire, presque blanche, ses améthystes profonds, une partie de moi pense que Rosa et Ayshara sont la même personne, l'autre pense que j'ai un sacré problème. Pour en revenir à Malkyn, malgré son sourire malicieux, elle force le respect, m'obligeant à faire une courbette amusante, pas le moins sincère.
« Eh bien dit donc, tu sais bien t'entourer. Je suis certain qu'elle a su voir en toi une femme pleine de ressources et de talents. C'est comme ça qu'on se construit un nom, et de la réputation. Tu veux bien me parler d'elle ? »
Est-elle si belle qu'on le dit ? Est-elle vraiment la réincarnation de la Lune ? Était-elle cette fille d'un vendeur de pierres précieuses, proche et amoureuse d'un jeune Drakyn qui voulait devenir le meilleur soldat de l'Empire... J'essaie de mettre ça, loin, dans un coin de ma tête. J'ai fait le deuil de ce premier petit amour et il n'y a plus rien à creuser. Elle est partie, peu importe qui. Voilà en tout cas, le résumé de cette jeune étudiante. Une travailleuse acharnée, spirituelle, audacieuse, opportuniste, et qui manifestement vis chaque journée comme voyage. Et c'est une belle vision de la vie.
Puis, la proximité se resserre, son regard se rapproche, et sa dernière réplique emplie de malice m'intrigue. Comme si mille mots venaient de se noyer entre les lignes.
« Et, quelle opportunité se présente à toi, ce soir ? » Que je susurre, la voix grondante malgré moi.
Mon corps s’avance machinalement, comme pour trouver une petite bulle plus discrète qu’elle ne l’est déjà, et moi, j’avise mon vis-à-vis en me rappelant comment elle se décrivait. Je crois qu'elle a oublié un adjectif lui concernant.
Imprévisible. Aussi curieux que ça puisse paraître, j'ai l'impression que ça peut être... Dangereux.
Mais ce n’est pas désagréable.
« Merci, pour tes mots. »
Peut-être que le plus douloureux c'est de ne pas pouvoir retrouver ma maison. A Taisen. Mon père, toujours à retaper la clôture autour de notre maison en terre cuite. Mère, en train de le rouspéter avant de m'ordonner labourer le potager au lieu de m'entraîner contre le mannequin en bois. Les odeurs de sa tourte au champa le soir, ses confitures le matin. Chaque fois que je prenais la route pour retrouver Roman et Shael, il y avait un dattier pas loin de la maison. Toujours garnis, et délicieux. On partageait tous les trois cette petite cueillette hebdomadaire, sans jamais en abuser. Respectant l'équilibre de chaque chose naturellement, pour que cet arbre continue toujours d'offrir ces fruits.
Tout est désormais en Cendres. Père, Roman, Shael, trucidés et carbonisés. La maison, en ruine. Les arbres fruitiers, les potagers, incinérés par les flammes. Le monde Reikois renaît sur des massacres. Et par la poigne impériale et ses sujets, ils tiennent debout, agressifs, face à tous les dangers. Admirable, mais pas honorable. Mais qu'est-ce que l'honneur pour les gens aujourd'hui ? En tout cas, un vieux souvenir lugubre se balade aux travers de rumeurs, je profite de défaire totalement ma cape pour me mettre à l'aise dans le peu investigué par mes soins.
« C'est venu jusqu'aux couloirs de l'université ? Hm, intéressant. Le Fléau de l'Éternité, une vieille secte qui pue le trouble depuis des lustres. Originaire du Shoumeï, et ayant ramifié ses tentacules jusqu'au Reike, elle se nourrit des conflits qu'elle attise pour alimenter un espèce de Grand Guide. On les traque depuis des siècles, mais ils sont foutrement rusés, se cachant dans les coins les plus sombres, recrutant des crétins à la campagne, loin des regards indiscrets des grandes villes. »
Je croise les bras sous mon torse.
« La hiérarchie, tu peux la résumer en trois niveaux : le Grand Guide, les Grands Consuls et les consuls. Le Grand Guide, ce fantôme énigmatique, règne en maître sur ces enfoirés. Les Grands Consuls, qui sont apparemment ses sous-fifres de confiance. Et enfin, y a les Consuls, vingt-quatre connards qui dirigent chacun leur propre groupe de fanatiques, prêts à tout pour servir leur maître invisible. Y'en a un qui est dans les parages, si on croit un certain corps de l'armée du Reike. Ils proposent une petite chasse à l'homme et recrutent des gens motivés. Je vais tenter ma chance. »
Notre job ? Les démolir. Traquer ces rats dans leurs putains de trous et les écraser avant qu'ils ne fassent plus de dégâts. On les chassera jusqu'à ce qu'on découvre leur quartier général et qu'on les extermine tous. C'est pas une question de si, mais de quand. La colère déforme mes traits quelques secondes avant que je ne reprenne mon calme. Un calme pas bien difficile à récupérer puisque concentré sur le récit de la Mage Noire. Sans surprises, c'est effectivement une étudiante qui donne de son temps et son talent pour l'université. Elle en sortira certainement grandie, et fatalement puissante. Mes prunelles s'adoucissent lorsque le temple est mentionné, je crois que la dernière fois où j'y suis allé avec mes parents remonte à bien dix ans.
« Non, il y a bien longtemps que ce n'est pas arrivé. Que les Astres me pardonnent. J'espère en avoir l'occasion un jour. Le Razkaal doit me donner plus de temps, hélas, j'en aurais toujours pour les criminels, mais rarement pour moi. C'est un moment très important dans une vie religieuse, tu peux être fière. »
Puis, je vais marquer un blanc lorsqu'elle dit avoir rencontré la Reine en personne. Je finis par détourner le regard, fixant le vide, dans mes souvenirs. Cette chevelure claire, presque blanche, ses améthystes profonds, une partie de moi pense que Rosa et Ayshara sont la même personne, l'autre pense que j'ai un sacré problème. Pour en revenir à Malkyn, malgré son sourire malicieux, elle force le respect, m'obligeant à faire une courbette amusante, pas le moins sincère.
« Eh bien dit donc, tu sais bien t'entourer. Je suis certain qu'elle a su voir en toi une femme pleine de ressources et de talents. C'est comme ça qu'on se construit un nom, et de la réputation. Tu veux bien me parler d'elle ? »
Est-elle si belle qu'on le dit ? Est-elle vraiment la réincarnation de la Lune ? Était-elle cette fille d'un vendeur de pierres précieuses, proche et amoureuse d'un jeune Drakyn qui voulait devenir le meilleur soldat de l'Empire... J'essaie de mettre ça, loin, dans un coin de ma tête. J'ai fait le deuil de ce premier petit amour et il n'y a plus rien à creuser. Elle est partie, peu importe qui. Voilà en tout cas, le résumé de cette jeune étudiante. Une travailleuse acharnée, spirituelle, audacieuse, opportuniste, et qui manifestement vis chaque journée comme voyage. Et c'est une belle vision de la vie.
Puis, la proximité se resserre, son regard se rapproche, et sa dernière réplique emplie de malice m'intrigue. Comme si mille mots venaient de se noyer entre les lignes.
« Et, quelle opportunité se présente à toi, ce soir ? » Que je susurre, la voix grondante malgré moi.
Mon corps s’avance machinalement, comme pour trouver une petite bulle plus discrète qu’elle ne l’est déjà, et moi, j’avise mon vis-à-vis en me rappelant comment elle se décrivait. Je crois qu'elle a oublié un adjectif lui concernant.
Imprévisible. Aussi curieux que ça puisse paraître, j'ai l'impression que ça peut être... Dangereux.
Mais ce n’est pas désagréable.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Le Fléau de l’éternité représentait une menace potentielle pour le Reike. Toutefois, Isolde écoutait les explications de Kieran avec un certain détachement. Son visage ne trahissait aucune émotion particulière, elle se contentait d’absorber ses propos de manière silencieuse, impassible. Elle assimilait les informations et aucune préoccupation ne semblait se lire sur ses traits. L’étudiante habituait ceux qui la connaissaient un peu à son impassibilité, certains pouvaient le prendre pour de la désinvolture ou encore un excès de confiance. Peut-être qu’il s’agissait de tout cela à la fois. Elle avait pour habitude de ne pas se laisser distraire par tout ce qui pouvait avoir un impact sur ses objectifs personnels. Tant que rien n’était considéré comme une menace directe sur sa personne. Elle ne se laissait pas submergée par des craintes peut-être infondées, d’où son détachement évident.
Sa principale inquiétude restait ses études pour le moment et les moyens d’accéder à ses fins. C’était sa seule priorité. Son apprentissage, son propre développement et sa recherche dans les sombres arcanes. La secte était peut-être dérangeante, mais rien ne présageait un danger immédiat. Elle restait bien éloignée de toute manipulation conflictuelle ou agitation politique. À l’abri derrière les murs de l’Université de la capitale, qui pouvait bien venir l’embêter…
Elle acquiesça simplement aux propos du drakyn, laissant le sujet filer sur autre chose. Elle prenait le temps de réfléchir, son vis-à-vis semblait être tout à fait déterminé à agir pour cette cause.
En entendant la réponse de son interlocuteur quant au voyage de la brune au Temple, elle sourit faiblement. Elle comprenait ses mots, elle savait que la vie d’un Limier était souvent dévorée par les obligations. Ses responsabilités ne lui laissaient peu de temps pour ses moments personnels, ni pour sa spiritualité. Dans un sens, elle admirait son engagement professionnel, qui faisait écho à son propre dévouement dans l’étude des sciences occultes. Kieran paraissait sacrifier une part de lui-même au profit des autres, au service du bien. Des choses finalement bien éloignées de ses propres principes. Mais elle reconnaissait la nature exigeante de son métier.
- « Le devoir avant tout. » dit-elle d’une manière théâtralement protocolaire. « Les Astres comprendront certainement la nature de tes sacrifices. Tu agis pour rendre le monde meilleur. » Elle ne partageait pas sa vision des choses, mais elle n’avait pas envie de lui nuire ou se montrer condescendante. Elle respectait l’homme qu’il était et ses choix de vie.
Puis la brune au regard émeraude ria doucement à la courbette de son partenaire, avant d’écouter sa réponse concernant Ayshara. Il souhaitait en apprendre davantage sur elle et Isolde se remémora son entrevue avec l’Impératrice.
- « Elle est très belle, ses proportions feraient tourner la tête de n’importe quel homme… ou femme. » dit-elle en riant une nouvelle fois. Puis, plus sérieusement. « Elle est plus abordable que ce que j’imaginais, douce et avenante. Mais elle possède du mordant également, elle ne reculera devant rien pour faire passer ses idées. » dit-elle, sans entrer dans les détails confidentiels de son entretien avec l’Impératrice.
L’histoire de la secte revint dans l’esprit d’Isolde, tandis qu’elle sentait le drakyn se rapprocher doucement d’elle. Une idée germa et elle la laissa doucement fleurir. Leur proximité faisait monter une certaine tension. Le regard émeraude de la brune pétillait de malice, défiant presque son vis-à-vis. Les gestes de l’étudiante dégageaient une séduction palpable et maîtrisée, comme des secrets dont elle ne dévoilait que certains indices. Elle demeurait confiante, sûre d’elle et sensuelle, calculant ses mouvements pour susciter l’intérêt. Ses mains se déplaçaient avec une lenteur gracieuse, effleurant délibérément sa propre peau, ou frôlant celle de Kieran. Chaque contact doux était comme une invitation à explorer davantage. Le sourire qui s’étirait sur ses lèvres était taquin, laissant le drakyn découvrir une facette de sa personnalité qu’il ne connaissait pas. Elle usait de son charme pour établir une connexion, l’incitant à entrer dans son jeu. Elle savait comment pousser les limites sans les franchir, laissant à Kieran un avant-goût de ce qu’il pourrait être s’il se laissait emporter.
Plongée dans son regard, la mage laissa planer un instant de silence, avant de reprendre la parole.
- « Et si je te disais que je suis prête à te suivre dans cette chasse Kieran ? » Murmura-t-elle, d’une voix douce. Elle savait comment captiver son attention, en laissant traîner certaines syllabes prononcées. Son regard étincela d’une lueur audacieuse, mêlant le danger et son désir d’aventure. « Mes connaissances en magie pourraient être utiles. Et cela nous permettrait de prolonger nos retrouvailles. Qu’en dis-tu ? »
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Les conflits que la secte nourrit et depuis un paquet de temps résonne dans le Razkaal comme une menace, certes mineurs, mais qui peut se propager au Sekai et à termes, en République. La simple suspicion suffit à me faire radiner dans les parages, et en tant qu'ancien Reikois, le profil rêvé d'avoir une vision plus... "familière" de la région. Même si, après ces quelques années, j'ai juste le sentiment que tout à changé. Une quête qui correspond à mes aspirations, me disant que protéger la république n'est pas simplement que le seul objectif. Cette pensée sonne dans un écho motivant, mais j'ai bien vu que mes mots, eux, ricochent contre cette Isolde détachée. Oh, pleins de gens pensent que tout est perdu d'avance, qu'il faut vivre avec ce qui nous tourmente et nous détruit, d'autres les adorent, s'y soumettent, en espérant embrasser leur pouvoir un jour. Si je mets de côté son aspect théâtral dans ma procédure à nettoyer un peu cette crasse qui s'accumule plus vite qu'on l'a débarrassé, je pouvais au moins confirmer qu'elle ne me toisait pas comme une espèce de pigeon, heureux de s'envoler dans une direction inutile.
Sans approuver, ni me condamner, elle me comprend. Qu'elle le fasse n'est pas très important, je sais pertinemment qui je suis, ce que je veux et ce que je vaux. Mais peut-être que je cherchais inconsciemment une ancienne sœur d'armes dans le soutien et la compréhension. Peut-être par simple nostalgie. Peut-être par la lassitude d'être seul depuis des années, une solitude que j'aime pourtant embrasser.
Va savoir.
Et en parlant de passé, je vais avoir quelques mots sur l'Impératrice actuelle. C'est vrai, il est dit d'elle qu'elle peut chavirer le cœur de beaucoup. Une chevelure platine, ruisselant sur des épaules souples, un dos sensuel, une taille marquée par des hanches épousant des tissus de grandes valeurs. Une peau lisse et parfaite comme de la porcelaine, des prunelles d'une couleur rappelant l'éclat lumineux d'améthyste sous le soleil. Des bijoux qui subliment sa souveraineté, des jambes taillées dans la perfection. Rosa était très vêtue, je ne pouvais qu'apprécier la sensualité de sa nuque, la longueur et la douceur de sa chevelure tressée, et ses mains douces aux doigts fuselés. Mon regard se perd dans le vide, loin dans mes souvenirs de jeune Drakyn qui promettait une allégeance religieuse à la famille Draknys. Le temps a bien changé aujourd'hui.
« Je ne suis pas étonné. C'est une Draknys. »
Celui qui me fera l'appeler Ryssen n'est pas encore né. Ce nom n'est que le reflet d'une histoire sordide, barbare et criminelle. Loin des honneurs et de la noblesse. Orienter sa force brute pour dire qui c'est le patron est un argument de faible. Fermant les yeux pour reprendre contenance, je me suis laissé partir sur mon laïus de la secte, et me rend compte que le climat dans cette chambre avait changé. Impossible à définir, décrire, mais curieusement facile à ressentir. C'est avec une certaine surprise que je vois Isolde incarner cette posture séduisante, les mots léchés dans une intonation chirurgicale, une musicalité envoûtante dans la voix, un regard hypnotisant, elle n'était plus l'apprenti-soldate que je connaissais. Ses doigts filiformes partent dans un voyage parfaitement calculé, mes iris les suivant de près, aussi bien sur elle que sur ma peau qui ressent un frisson électrisant au contact.
Sa voix douce étant une invitation à partir dans un jeu dangereux.
« Me suivre ?... »
Impossible de savoir si la mission était dangereuse, trop dangereuse pour une étudiante. Mais Isolde est différente, par conséquent les règles aussi. Il y avait une curiosité à la voir sur le terrain, et bien sûr m'enrichir de ses connaissances pour en apprendre davantage sur son étude des arcanes de la magie noire. Ce ton envoûtant, ses mots qui bousculent à l'aventure, la promesse silencieuse de m'accompagner, j'avais le sentiment d'être face à ... Une sirène.
Désirable, et dangereuse.
« Avec plaisir. Si tu me promets de faire attention. » Que je coupe, ferme.
Ma voix tranche dans cette tension plus que palpable, à tel point qu'il m'est facile de sentir son souffle chaud vibrer mes écailles. Mais nous sommes au Reike. Et ce genre de danse, hors mariage, peut lui coûter. Ma main court sur son dos avant d'enserrer amicalement son épaule. Essayant de comprendre dans ses yeux toutes les nuances qu'elle observe dans ce monde et ce qu'elle en retient. Mais, rien. Pour la première fois, je me sentais comme le chassé, et pas le chasseur. Et, étrangement, c'est agréable.
« Mais, tu ne m'écouteras pas, hein ? » Que je suppute, avec un sourire en coin.
Il faut être aveugle pour ne pas remarquer qu'aucune emprise n'a l'air d'accrocher cette femme si ce n'est ses propres aspirations, ses envies, ses ambitions, et certainement ses caprices. Je finis par me lever, épinglant de nouveau ma cape sur les épaules.
« Il paraît que c'est au Palais que ça se passe pour le boulot. Tu pourras m'y emmener ? »
Une partie de moi aimerait presque imaginer une infiltration pour aller aux quartiers de la Reine. Et éclaircir mes suspicions une bonne fois pour toute. Mais, je crois que c'est un jeu qu'aucun mortel dans ce monde veut s'y prêter sans le payer lourdement de sa vie.
Mais malheureusement, la vie de Limier m'a donné de mauvaises habitudes.
Sans approuver, ni me condamner, elle me comprend. Qu'elle le fasse n'est pas très important, je sais pertinemment qui je suis, ce que je veux et ce que je vaux. Mais peut-être que je cherchais inconsciemment une ancienne sœur d'armes dans le soutien et la compréhension. Peut-être par simple nostalgie. Peut-être par la lassitude d'être seul depuis des années, une solitude que j'aime pourtant embrasser.
Va savoir.
Et en parlant de passé, je vais avoir quelques mots sur l'Impératrice actuelle. C'est vrai, il est dit d'elle qu'elle peut chavirer le cœur de beaucoup. Une chevelure platine, ruisselant sur des épaules souples, un dos sensuel, une taille marquée par des hanches épousant des tissus de grandes valeurs. Une peau lisse et parfaite comme de la porcelaine, des prunelles d'une couleur rappelant l'éclat lumineux d'améthyste sous le soleil. Des bijoux qui subliment sa souveraineté, des jambes taillées dans la perfection. Rosa était très vêtue, je ne pouvais qu'apprécier la sensualité de sa nuque, la longueur et la douceur de sa chevelure tressée, et ses mains douces aux doigts fuselés. Mon regard se perd dans le vide, loin dans mes souvenirs de jeune Drakyn qui promettait une allégeance religieuse à la famille Draknys. Le temps a bien changé aujourd'hui.
« Je ne suis pas étonné. C'est une Draknys. »
Celui qui me fera l'appeler Ryssen n'est pas encore né. Ce nom n'est que le reflet d'une histoire sordide, barbare et criminelle. Loin des honneurs et de la noblesse. Orienter sa force brute pour dire qui c'est le patron est un argument de faible. Fermant les yeux pour reprendre contenance, je me suis laissé partir sur mon laïus de la secte, et me rend compte que le climat dans cette chambre avait changé. Impossible à définir, décrire, mais curieusement facile à ressentir. C'est avec une certaine surprise que je vois Isolde incarner cette posture séduisante, les mots léchés dans une intonation chirurgicale, une musicalité envoûtante dans la voix, un regard hypnotisant, elle n'était plus l'apprenti-soldate que je connaissais. Ses doigts filiformes partent dans un voyage parfaitement calculé, mes iris les suivant de près, aussi bien sur elle que sur ma peau qui ressent un frisson électrisant au contact.
Sa voix douce étant une invitation à partir dans un jeu dangereux.
« Me suivre ?... »
Impossible de savoir si la mission était dangereuse, trop dangereuse pour une étudiante. Mais Isolde est différente, par conséquent les règles aussi. Il y avait une curiosité à la voir sur le terrain, et bien sûr m'enrichir de ses connaissances pour en apprendre davantage sur son étude des arcanes de la magie noire. Ce ton envoûtant, ses mots qui bousculent à l'aventure, la promesse silencieuse de m'accompagner, j'avais le sentiment d'être face à ... Une sirène.
Désirable, et dangereuse.
« Avec plaisir. Si tu me promets de faire attention. » Que je coupe, ferme.
Ma voix tranche dans cette tension plus que palpable, à tel point qu'il m'est facile de sentir son souffle chaud vibrer mes écailles. Mais nous sommes au Reike. Et ce genre de danse, hors mariage, peut lui coûter. Ma main court sur son dos avant d'enserrer amicalement son épaule. Essayant de comprendre dans ses yeux toutes les nuances qu'elle observe dans ce monde et ce qu'elle en retient. Mais, rien. Pour la première fois, je me sentais comme le chassé, et pas le chasseur. Et, étrangement, c'est agréable.
« Mais, tu ne m'écouteras pas, hein ? » Que je suppute, avec un sourire en coin.
Il faut être aveugle pour ne pas remarquer qu'aucune emprise n'a l'air d'accrocher cette femme si ce n'est ses propres aspirations, ses envies, ses ambitions, et certainement ses caprices. Je finis par me lever, épinglant de nouveau ma cape sur les épaules.
« Il paraît que c'est au Palais que ça se passe pour le boulot. Tu pourras m'y emmener ? »
Une partie de moi aimerait presque imaginer une infiltration pour aller aux quartiers de la Reine. Et éclaircir mes suspicions une bonne fois pour toute. Mais, je crois que c'est un jeu qu'aucun mortel dans ce monde veut s'y prêter sans le payer lourdement de sa vie.
Mais malheureusement, la vie de Limier m'a donné de mauvaises habitudes.
La Danse-Mort
Isolde Malkyn
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Les sanglots longs de l'automne
Feat Kieran
Lorsqu’elle sentit la main de Kieran parcourir son dos, un doux frisson glissa sur la peau de nacre d’Isolde. La sensation était chaude et agréable, elle lui sourit doucement tandis que ses doigts terminaient leur course sur son épaule. Dans son regard émeraude, il pouvait lire son amusement ainsi qu’une lueur de défiance. Joueuse, elle sourit à la nouvelle remarque du drakyn.
- « J’ajouterai une touche imprévisible dans ta quête. » lança-t-elle, taquine. « Mais ne t’inquiète pas, je promets de ne pas trop m’éloigner du chemin… » ajouta-t-elle, le regard pétillant de malice.
La nécromancienne, par sa nature audacieuse et indépendante, savait qu’elle pouvait être déconcertante pour certains. Elle ne pouvait s’empêcher de jouer avec les attentes des individus, les mener en bateau… De manière à créer un flou contrôlé. Ainsi, ils ne pouvaient pas savoir réellement où se situaient les désirs et les aspirations de la jeune femme. Elle ne se contentait pas de suivre des règles établies, mais au contraire, prenait un malin plaisir à les contourner, les ignorer ou les tourner à son avantage. Sa personnalité n’était pas simple, mais elle ajoutait volontairement plus d’ombres et de mystères autour de sa personne. Cela lui plaisait de semer le doute dans l’esprit des autres, de voir leur réaction, de créer à la fois un rapprochement et une distance maîtrisée. Une manière aussi peut-être de protéger les parties les plus vulnérables d’elle-même, tout en laissant entrevoir parfois des fragments de vérité. Un jeu subtilement dangereux.
Une façade habilement élaborée, qui dissimulait des facettes de sa personnalité, tout en laissant d’autres se dévoiler. Un équilibre fragile entre son besoin de solitude et de liberté et son désir de connexion avec l’esprit des autres. Isolde restait bien trop énigmatique et secrète, pour savoir réellement ce qui se tramait dans son âme tourmentée.
- « Je dois bien avouer que partir à l’aventure avec toi me tente bien. Hâte de découvrir ce qui nous attend. » dit-elle, en sentant Kieran se détacher d’elle. « Mais je ne pense pas que ce soit judicieux de débarquer en pleine nuit au palais. Reposons-nous au moins quelques heures, la route peut-être longue, ce ne sera pas de trop. Je t’emmène au palais dès les premières lueurs de l’aube. »
Il restait important de dormir un peu, avant de s’engager dans cette traque à l’hérétique. Partir sans être reposé et de plus, débouler au palais impérial en pleine nuit, n’était pas la meilleure chose à faire.
L’étudiante se leva et alla ouvrir les portes de son imposante armoire en bois, dans laquelle était entreposée ses vêtements. Elle en sortit une couverture et l’offrit à son ancien frère d’arme.
- « Fais-moi confiance, nous serons plus efficaces à l’aube et tu me remercieras. » dit-elle, alors qu’elle disparaissait derrière le paravent pour ôter sa robe et se changer, avant de se glisser dans les draps. Elle lui sourit doucement. « Repose-toi, nous aurons besoin de toute notre énergie demain. Bonne nuit. »
Et comme convenu, Isolde fut prête dès les premières lueurs de l’aube. La lumière douce éclairait faiblement la chambre de la brune aux yeux clairs. Un nouveau défi les attendait et leur prochaine destination se situait derrière les grandes portes du palais d’Ikusa.
CENDRES
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