Invité
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L’elfe en face de moi ouvre une nouvelle page de son énorme registre, laissant glisser son doigt sur les caractères écrits en lettres minuscules. Je sens une pointe d’agacement dans sa voix alors qu’il s’adresse à moi sans même daigner me regarder.
- Vous avez dit Shayla’Heidi c’est bien ça ?
Je me retiens de ne pas taper du poing sur son bureau alors que cela fait quoi… une dizaine de fois que je répète le nom de la croyance la plus sacrée de mon peuple. Ma voix se fait légèrement grinçante.
- Non, c’est la Faya’Edei, la voie du feu.
Pourtant mon séjour à Melorn avait si bien commencé…
********************
J’avais besoin de réponses après avoir mené une opération suicidaire dans les ruines de Sancta. Je n’étais pas morte, épargnée par une archiliche plurimillénaire car, selon elle, j’avais un rôle à jouer en tant que Flamme Éternelle, dernière de mon clan et le titan X’o m’avait apparemment laissé en vie pour une bonne raison. Cette idée m’était insupportable, pouvoir penser qu’un être divin puisse décider pour moi de ma destinée allait à l’encontre de tout ce que je croyais.
Mais une chose était sure, j’étais la gardienne de la mémoire de mon clan et mourir ne ferait que les plonger tous dans l’oubli de limbes éternelles.
Alors il fallait que je sache réellement ce que j’étais. Ma mère m’appelait la Flamme Éternelle et je lui ai souvent demandé pourquoi elle m’affublait de ce surnom. Elle éludait ma question, répondant que c’était car je serai toujours présente dans son cœur. Mais aujourd’hui je sais que c’était faux, elle avait lu dans les flammes, elle avait prévu que le titan massacrerait les miens, faisant de moi une survivante. Mon père m’avait appris à me battre et à survivre, ma mère m’avait enseigné les bases de la Faya’Edei, les anciens du clan m’avaient transmis leur savoir et cela ne pouvait être le fruit du hasard.
J’ai essayé moi aussi de lire dans le feu, mais je ne suis pas arrivé à percevoir les motifs me permettant de déterminer ce que je devais faire.
Je suis perdue, moi la jeune chasseresse devant aujourd’hui porter sur mes épaules des millénaires de traditions et de coutumes ancestrales sans plus personne pour me guider.
Gerda m’avait parlé de Melorn, de sa beauté sans pareille, mais surtout de l’érudition de ses habitants. Elle me disait parfois en souriant que leur bibliothèque contenait toutes les réponses possibles et imaginables. Cela était incompréhensible pour moi, mon peuple ne connaissant pas l’écriture et pratiquant la tradition orale. La naine avait bien essayé de m’apprendre, mais essayer de décrypter ses pattes de mouche jetées sur du vélin me donnait mal à la tête.
Ce qui est sûr c’est que Melorn est un joyau perdu au milieu d’un environnement hostile. Un endroit où semble vivre l’harmonie qui manque aux cités des hommes, un endroit où on ne combat pas contre la nature et j’ai compris pourquoi Gerda m’en parlait avec des étoiles dans les yeux.
********************
Le bruit de l’épais grimoire que l’on referme me sort de ma rêverie. Je me suis rendue à la grande bibliothèque car c’est là que l’on conserve toutes les connaissances. Mais mes espoirs sont visiblement en train d’être douchés.
- Ecoutez mademoiselle, il n’y aucune référence à ce que vous cherchez dans mes registres et des gens attendant.
Je me retourne, voyant la file, des étudiants pour la plupart, qui s’est constituée peu à peu derrière moi.
- Je suis désolé, mais je ne peux pas vous aider.
Je sens la colère monter en moi, née de la déception bien sûr, mais aussi de la désagréable impression que l’on ne veut pas vraiment m’assister. D’ailleurs, j’entends bien les murmures étouffés dans mon dos se moquant de mon accoutrement et de mon aspect sauvage.
Je me penche vers lui, posant mes poings serrés sur son bureau, faisant saillir les muscles puissants de mes bras. Il a un léger mouvement de recul. Il faut dire que je suis impressionnante du haut de mes deux mètres et je dégage une impression de puissance physique qui impose souvent une forme de respect teinté de crainte. L’elfe semble s’écraser dans son siège, ajoutant d’une voix blanche.
- Mais vous pouvez vous rendre à la section 22B au deuxième étage. C’est là que sont regroupés les ouvrages concernant la magie du feu, vous y trouverez sans nul doute votre bonheur.
Je regarde dans la direction qu’il pointe d’un index tremblant, avant de répondre, dépitée.
- Je ne sais pas lire.
Aveu d’impuissance alors que des gloussements nerveux résonnent dans mon dos, accompagnés d’autres remarques désobligeantes sur ma personne.
Je me redresse, abandonnant ma colère car le pauvre elfe en face de moi ne semble rien pouvoir faire pour moi. Je suis venue dans l’espoir de trouver des réponses, mais il semblerait qu’il n’y en ait aucune qui me soit accessible en ce lieu…
- Vous avez dit Shayla’Heidi c’est bien ça ?
Je me retiens de ne pas taper du poing sur son bureau alors que cela fait quoi… une dizaine de fois que je répète le nom de la croyance la plus sacrée de mon peuple. Ma voix se fait légèrement grinçante.
- Non, c’est la Faya’Edei, la voie du feu.
Pourtant mon séjour à Melorn avait si bien commencé…
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J’avais besoin de réponses après avoir mené une opération suicidaire dans les ruines de Sancta. Je n’étais pas morte, épargnée par une archiliche plurimillénaire car, selon elle, j’avais un rôle à jouer en tant que Flamme Éternelle, dernière de mon clan et le titan X’o m’avait apparemment laissé en vie pour une bonne raison. Cette idée m’était insupportable, pouvoir penser qu’un être divin puisse décider pour moi de ma destinée allait à l’encontre de tout ce que je croyais.
Mais une chose était sure, j’étais la gardienne de la mémoire de mon clan et mourir ne ferait que les plonger tous dans l’oubli de limbes éternelles.
Alors il fallait que je sache réellement ce que j’étais. Ma mère m’appelait la Flamme Éternelle et je lui ai souvent demandé pourquoi elle m’affublait de ce surnom. Elle éludait ma question, répondant que c’était car je serai toujours présente dans son cœur. Mais aujourd’hui je sais que c’était faux, elle avait lu dans les flammes, elle avait prévu que le titan massacrerait les miens, faisant de moi une survivante. Mon père m’avait appris à me battre et à survivre, ma mère m’avait enseigné les bases de la Faya’Edei, les anciens du clan m’avaient transmis leur savoir et cela ne pouvait être le fruit du hasard.
J’ai essayé moi aussi de lire dans le feu, mais je ne suis pas arrivé à percevoir les motifs me permettant de déterminer ce que je devais faire.
Je suis perdue, moi la jeune chasseresse devant aujourd’hui porter sur mes épaules des millénaires de traditions et de coutumes ancestrales sans plus personne pour me guider.
Gerda m’avait parlé de Melorn, de sa beauté sans pareille, mais surtout de l’érudition de ses habitants. Elle me disait parfois en souriant que leur bibliothèque contenait toutes les réponses possibles et imaginables. Cela était incompréhensible pour moi, mon peuple ne connaissant pas l’écriture et pratiquant la tradition orale. La naine avait bien essayé de m’apprendre, mais essayer de décrypter ses pattes de mouche jetées sur du vélin me donnait mal à la tête.
Ce qui est sûr c’est que Melorn est un joyau perdu au milieu d’un environnement hostile. Un endroit où semble vivre l’harmonie qui manque aux cités des hommes, un endroit où on ne combat pas contre la nature et j’ai compris pourquoi Gerda m’en parlait avec des étoiles dans les yeux.
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Le bruit de l’épais grimoire que l’on referme me sort de ma rêverie. Je me suis rendue à la grande bibliothèque car c’est là que l’on conserve toutes les connaissances. Mais mes espoirs sont visiblement en train d’être douchés.
- Ecoutez mademoiselle, il n’y aucune référence à ce que vous cherchez dans mes registres et des gens attendant.
Je me retourne, voyant la file, des étudiants pour la plupart, qui s’est constituée peu à peu derrière moi.
- Je suis désolé, mais je ne peux pas vous aider.
Je sens la colère monter en moi, née de la déception bien sûr, mais aussi de la désagréable impression que l’on ne veut pas vraiment m’assister. D’ailleurs, j’entends bien les murmures étouffés dans mon dos se moquant de mon accoutrement et de mon aspect sauvage.
Je me penche vers lui, posant mes poings serrés sur son bureau, faisant saillir les muscles puissants de mes bras. Il a un léger mouvement de recul. Il faut dire que je suis impressionnante du haut de mes deux mètres et je dégage une impression de puissance physique qui impose souvent une forme de respect teinté de crainte. L’elfe semble s’écraser dans son siège, ajoutant d’une voix blanche.
- Mais vous pouvez vous rendre à la section 22B au deuxième étage. C’est là que sont regroupés les ouvrages concernant la magie du feu, vous y trouverez sans nul doute votre bonheur.
Je regarde dans la direction qu’il pointe d’un index tremblant, avant de répondre, dépitée.
- Je ne sais pas lire.
Aveu d’impuissance alors que des gloussements nerveux résonnent dans mon dos, accompagnés d’autres remarques désobligeantes sur ma personne.
Je me redresse, abandonnant ma colère car le pauvre elfe en face de moi ne semble rien pouvoir faire pour moi. Je suis venue dans l’espoir de trouver des réponses, mais il semblerait qu’il n’y en ait aucune qui me soit accessible en ce lieu…
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Ah, enfin ! Cette grande femme qui n’en finissait pas de questionner le pauvre guichetier finit par quitter la file, et à laisser leur tour aux autres à commencer par moi. Je crois que c’est une malédiction qui me poursuit, et qui me condamne à toujours choisir la plus longue des files d’attente ! Je me demande si ça a un rapport avec ces menaces que m’avait proféré ce sorcier tribal lors de ma dernière expédition sur les îles paradisiaques ? Peut-être qu’il faudrait que je prenne cette histoire au sérieux un jour. Ou bien mieux encore, il faudrait que je remette sur le tapis ma proposition de donner des passe coupe file aux professeurs de l’université…
Gratifiant l’employé si patient d’un de mes sourires rayonnants, je lui annonce :
« - Bonjour Falafel ! Dure journée à ce que je vois ? Je suis venue rendre les livres que j’ai empruntés. »
J’échange quelques mots polis avec l’elfe qui commence à bien me connaître depuis les décennies que je viens ici, tout en déposant sur son comptoir un traité sur Melorn intitulé Voyage au centre de l’univers, puis Mes Vacances à Liberty, un roman semi-autobiographique aussi fantaisiste que riche en informations sur la culture cosmopolite de la capitale de la république, et Traité des Confitures Tome 2, mon livre de chevet de ces derniers jours.
Ayant rendu mes ouvrages avec une rapidité exemplaire dont certaines devraient prendre exemple, je quitte le guichet et m’apprête à me plonger entre les rayonnages de la bibliothèque à la recherche de ma prochaine lecture, lorsque je remarque la présence de l’onie. Elle se démarque sans mal, dans sa tenue tribale, au milieu de cette bibliothèque merveilleuse et magique, fruit du plus grand savoir-faire elfique, concentration et centaines de milliers d’ouvrages recueillant la sagesse millénaire de notre peuple. Un calme surnaturel règne ici, à peine troublé par les pas feutrés des usagers et les murmures provenant des guichets. Une lumière chaude et apaisante se répand à grands flots par les nombreuses fenêtres, se diffusant entre les rayonnages de bois blanc, illuminant le sol en marbre et les tapis épais, les meubles à l’ouvrage délicat et les tapisseries d’une grande beauté qui ornent les quelques rares espaces dans les murs qui ne sont pas recouverts soit d’étagères garnies de livres, soit de fenêtres. On y retrouve également quelques statues de marbre clair représentant de grands et sage elfes d’un autre temps, figés dans une posture érudite, le visage neutre et, de mon point de vue, à la fois ennuyeux et ennuyés, comme si ils auraient rêvé mieux pour passer l’éternité que de rester là à contempler des gens qui souvent ne daignent même pas leur adresse un regard, ou de servir d’objet de défi à des étudiantes qui, la nuit venue, jouent à “qui mettra ses doigts dans le nez de Golgondor le sage”.
Je suis prise de sympathie pour cette pauvre étrangère perdue au milieu de tout ça. Le fait qu’elle puisse se sentir perdue et rejetée dans un lieu qui m’est si familier et que j’affectionne tant me peine un peu. Et puis ayant parfois moi aussi, au cours de mes voyages, eu à subir ce choc des cultures et cette méfiance instinctive envers ceux qui ne maîtrisent pas les bons codes (encore qu’un sourire étincelant brise souvent les barrières ! Et puis moi je sais lire !), je ne peux qu’éprouver de l’empathie pour sa situation et pour la détresse qu’elle peut ressentir. Je viens donc à sa rencontre, lui adresse une salutation de la tête et la gratifie d’un sourire aussi rayonnant qu’au guichetier. Puis, avec un chuchotement (on est dans une bibliothèque !) qui contraste avec mes gestes très démonstratifs qui vont virevolter autour de moi les pans de ma longue et élégante robe constituée de bandes de tissu vert et de mousseline transparente, je lui dis :
« - Ma pauvre, vos espoirs ont l’air d’avoir été déçus. »
Ayant pu échanger avec elle un regard de sympathie sincère (et également de m’assurer que sa colère s’était suffisamment atténuée pour qu’elle ne risque pas de la décharger sur moi), j’ajoute :
« - J’ai bien peur que les gens d’ici ne vous soient pas d’un grand secours. Les gens d’ici disent que la sagesse doit se mériter, pas se donner, et ils sont trop élitistes pour faciliter le travail d’une étrangère qui n’aura pas fait ses preuves. Encore moins si c’est une étrangère, d’ailleurs... »
Je ne suis pas en désaccord avec ce principe, mais il y a selon moi une différence entre protéger les secrets qui le méritent et laisser une pauvre personne dans l’ignorance alors qu’elle a soif de connaissances ! Mon sourire revient aussi vite qu’il s’était effacé, pour rayonner plus que jamais :
« - Mais vous avez de la chance, je suis une héroïne ! »
Je remarque le regard légèrement courroucé de la professeure doyenne Sylyra qui passe à côté de nous dans un bruissement de cape, et m’empresse de contrôler l’enthousiasme de ma voix et de la ramener à un volume sonore plus discret :
« - Je me nomme Aëlwenn Eléiréa, héroïne, aventurière devant l’éternel, mais également professeure entre ces murs. Enchantée ! Je peux certainement vous aider à chercher ce que vous voulez ? Et en échange, si ça vous intéresse, vous pourrez me raconter ce qui a poussé une femme telle que vous à venir braver la torture de la bureaucratie ? »
Ce n’est pas comme si j’étais pressée de toute manière ! Mon prochain cours est dans au moins… oh, dix minutes déjà ? Evidemment, je n’avais pas prévu de passer plus de vingt minutes dans la file d’attente… Mais peu importe ! Après tout, je n'imagine pas que ce que recherche cette guerrière soit si compliqué que je ne puisse pas le trouver avec elle, le lui expliquer rapidement, et arriver malgré tout à l’heure pour accueillir mes élèves ! A quelques minutes près. Comme d’habitude !
Gratifiant l’employé si patient d’un de mes sourires rayonnants, je lui annonce :
« - Bonjour Falafel ! Dure journée à ce que je vois ? Je suis venue rendre les livres que j’ai empruntés. »
J’échange quelques mots polis avec l’elfe qui commence à bien me connaître depuis les décennies que je viens ici, tout en déposant sur son comptoir un traité sur Melorn intitulé Voyage au centre de l’univers, puis Mes Vacances à Liberty, un roman semi-autobiographique aussi fantaisiste que riche en informations sur la culture cosmopolite de la capitale de la république, et Traité des Confitures Tome 2, mon livre de chevet de ces derniers jours.
Ayant rendu mes ouvrages avec une rapidité exemplaire dont certaines devraient prendre exemple, je quitte le guichet et m’apprête à me plonger entre les rayonnages de la bibliothèque à la recherche de ma prochaine lecture, lorsque je remarque la présence de l’onie. Elle se démarque sans mal, dans sa tenue tribale, au milieu de cette bibliothèque merveilleuse et magique, fruit du plus grand savoir-faire elfique, concentration et centaines de milliers d’ouvrages recueillant la sagesse millénaire de notre peuple. Un calme surnaturel règne ici, à peine troublé par les pas feutrés des usagers et les murmures provenant des guichets. Une lumière chaude et apaisante se répand à grands flots par les nombreuses fenêtres, se diffusant entre les rayonnages de bois blanc, illuminant le sol en marbre et les tapis épais, les meubles à l’ouvrage délicat et les tapisseries d’une grande beauté qui ornent les quelques rares espaces dans les murs qui ne sont pas recouverts soit d’étagères garnies de livres, soit de fenêtres. On y retrouve également quelques statues de marbre clair représentant de grands et sage elfes d’un autre temps, figés dans une posture érudite, le visage neutre et, de mon point de vue, à la fois ennuyeux et ennuyés, comme si ils auraient rêvé mieux pour passer l’éternité que de rester là à contempler des gens qui souvent ne daignent même pas leur adresse un regard, ou de servir d’objet de défi à des étudiantes qui, la nuit venue, jouent à “qui mettra ses doigts dans le nez de Golgondor le sage”.
Je suis prise de sympathie pour cette pauvre étrangère perdue au milieu de tout ça. Le fait qu’elle puisse se sentir perdue et rejetée dans un lieu qui m’est si familier et que j’affectionne tant me peine un peu. Et puis ayant parfois moi aussi, au cours de mes voyages, eu à subir ce choc des cultures et cette méfiance instinctive envers ceux qui ne maîtrisent pas les bons codes (encore qu’un sourire étincelant brise souvent les barrières ! Et puis moi je sais lire !), je ne peux qu’éprouver de l’empathie pour sa situation et pour la détresse qu’elle peut ressentir. Je viens donc à sa rencontre, lui adresse une salutation de la tête et la gratifie d’un sourire aussi rayonnant qu’au guichetier. Puis, avec un chuchotement (on est dans une bibliothèque !) qui contraste avec mes gestes très démonstratifs qui vont virevolter autour de moi les pans de ma longue et élégante robe constituée de bandes de tissu vert et de mousseline transparente, je lui dis :
« - Ma pauvre, vos espoirs ont l’air d’avoir été déçus. »
Ayant pu échanger avec elle un regard de sympathie sincère (et également de m’assurer que sa colère s’était suffisamment atténuée pour qu’elle ne risque pas de la décharger sur moi), j’ajoute :
« - J’ai bien peur que les gens d’ici ne vous soient pas d’un grand secours. Les gens d’ici disent que la sagesse doit se mériter, pas se donner, et ils sont trop élitistes pour faciliter le travail d’une étrangère qui n’aura pas fait ses preuves. Encore moins si c’est une étrangère, d’ailleurs... »
Je ne suis pas en désaccord avec ce principe, mais il y a selon moi une différence entre protéger les secrets qui le méritent et laisser une pauvre personne dans l’ignorance alors qu’elle a soif de connaissances ! Mon sourire revient aussi vite qu’il s’était effacé, pour rayonner plus que jamais :
« - Mais vous avez de la chance, je suis une héroïne ! »
Je remarque le regard légèrement courroucé de la professeure doyenne Sylyra qui passe à côté de nous dans un bruissement de cape, et m’empresse de contrôler l’enthousiasme de ma voix et de la ramener à un volume sonore plus discret :
« - Je me nomme Aëlwenn Eléiréa, héroïne, aventurière devant l’éternel, mais également professeure entre ces murs. Enchantée ! Je peux certainement vous aider à chercher ce que vous voulez ? Et en échange, si ça vous intéresse, vous pourrez me raconter ce qui a poussé une femme telle que vous à venir braver la torture de la bureaucratie ? »
Ce n’est pas comme si j’étais pressée de toute manière ! Mon prochain cours est dans au moins… oh, dix minutes déjà ? Evidemment, je n’avais pas prévu de passer plus de vingt minutes dans la file d’attente… Mais peu importe ! Après tout, je n'imagine pas que ce que recherche cette guerrière soit si compliqué que je ne puisse pas le trouver avec elle, le lui expliquer rapidement, et arriver malgré tout à l’heure pour accueillir mes élèves ! A quelques minutes près. Comme d’habitude !
Invité
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Le lieu est absolument magnifique, la lumière jouant subtilement avec les formes et les matériaux du mobilier et des tapisseries chatoyantes pour les mettre en valeur. Mais je ne suis pas dans l’état émotionnel adéquat pour réellement en profiter. Je me sens perdue au milieu de cet endroit si différent des espaces naturels dans lesquels j’ai grandi, l’impression de ne pas être à ma place. A vrai dire cela fait un moment que ce sentiment me hante, plus précisément depuis que ma tribu a été massacrée par le titan X’o, depuis qu’il m’a privé du lieu où je suis née, qu’il m’a ôté les gens que j’aimais et qu’il m’a jeté sur les routes… seule…
Je soupire bruyamment, trop à priori et je perçois le souffle réprobateur d’un elfe qui passe à côté de moi en accélérant. L’avantage est que personne n’ose vraiment me dire en face ce qu’il pense de moi. D’ailleurs c’est assez étrange, mais j’ai l’impression qu’une clairière d’indifférence m’entoure alors que tout le monde dévie sa route en approchant de moi pour faire un détour et ne pas approcher trop près de « cette sauvage qui n’a rien à faire ici ». Il faut dire que je suis impressionnante en comparaison de la constitution fragile des elfes qui m’entourent et je pense qu’aucun d’eux ne tient à savoir ce qui se passerait si je m’énervais vraiment…
Cela ne résout cependant pas mon problème. Je ne sais pas lire et par la même je suis incapable de profiter des éventuelles connaissances archivées dans cet endroit. Et vu l’enthousiasme dont fait preuve la faune locale à mon égard… Je soupire de dépit, prête à repartir bredouille de cette quête plus difficile que je ne l’aurai imaginé, lorsque je perçois une présence qui vient d’entrer dans la zone d’indifférence qui s’est créé autour de moi.
Je me retourne, posant un regard curieux sur l’intruse qui vient d’oser franchir la limite établie par les siens. L’apparition est absolument charmante, longs cheveux blonds, regards verts et rieurs, haute taille supérieure à la moyenne des siens, silhouette sculptée par un maître artiste et surtout un sourire à même de faire fondre la banquise elle-même. Une véritable héroïne en chair et en os.
Je reste un instant interdite, surprise qu’une telle créature puisse s’adresser à moi, me retenant de me retourner craignant de voir un farfadet taquin qui me joue un bien mauvais tour. Mais non, il semblerait que cet ange tombé du ciel s’adresse bel et bien à moi. D’ailleurs, peut-être qu’il serait judicieux que je ferme la bouche…
Un silence gênant s’installe lorsqu’elle stoppe sa longue tirade et il faut quelques longues secondes à mon cerveau pour se rendre compte que, oui, c’est bien à moi de répondre.
- Je…
Tu quoi ? J’essaie de mettre de l’ordre dans mes idées et lâche d’un trait.
- ..mappellethylie.
Je bredouille deux trois mots, avant de prendre une profonde respiration.
- Wildfire !
Voilà, çà c’est fait, je me suis présentée, reste maintenant à expliciter le pourquoi de ma visite. Brusquement je retrouve la capacité de parler normalement, un peu plus vite que d’habitude cependant. Surtout je compte bien saisir ma chance car c’est la seule et unique personne de cet endroit qui semble porter un minimum d’attention pour moi.
Cependant, je dois vous avouer que j’ai déjà oublier les trois-quarts de ce qu’elle m’a dit.
Bref…
- Il faut que j’aille à la section 22B.
Mon index qui pointe les escaliers à droite.
- Par là.
Avant d’opérer un brusque demi-tour à gauche manquant d’assommer la pauvre elfe.
- Non par là.
En fait, je ne sais plus trop, perdue dans ma déception j’en ai même oublié ce que l’elfe archiviste m’avait dit.
Je soupire en levant les yeux au ciel.
- Je ne sais plus trop mais c’est au deuxième étage.
Une lueur s’allume dans mon regard charbonneux.
- Je recherche des renseignements concernant le Faya’Edei, la voie du feu.
Je parle de plus en plus fort, emportée par mon enthousiasme ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des personnes alentours sur nos deux personnes risquant par la même de plonger ma pauvre interlocutrice dans l’embarras.
- Maman était la Faya’Shaïla et elle m’a dit un jour que j’étais la Flamme Éternelle.
Ma voix se teinte de tristesse et se fait presque suppliante.
- Je dois vraiment découvrir ce que cela signifie, c’est très important pour moi.
Je m’approche légèrement d’elle. Elle sent vraiment très bon, un mélange subtil de senteurs florales délicates qui s’épanouit au milieu de l’odeur fraîche de la mousse baignée par la rosée du matin. Je chuchote presque, comme si j’avais honte.
- Mais je ne sais pas lire.
Tout simplement car l’écriture n’a jamais été un besoin pour mon peuple. Nous transmettons notre savoir par les contes et nous tatouons sur nos corps les grandes étapes de notre histoire personnelle, faisant de nos corps un livre ouvert qui ne se referme qu’au crépuscule de notre vie. Mais dans ce lieu, cela ne me sert à rien et il m’est impossible d’exploiter ces connaissances seule.
Alors peut-être que…
Je soupire bruyamment, trop à priori et je perçois le souffle réprobateur d’un elfe qui passe à côté de moi en accélérant. L’avantage est que personne n’ose vraiment me dire en face ce qu’il pense de moi. D’ailleurs c’est assez étrange, mais j’ai l’impression qu’une clairière d’indifférence m’entoure alors que tout le monde dévie sa route en approchant de moi pour faire un détour et ne pas approcher trop près de « cette sauvage qui n’a rien à faire ici ». Il faut dire que je suis impressionnante en comparaison de la constitution fragile des elfes qui m’entourent et je pense qu’aucun d’eux ne tient à savoir ce qui se passerait si je m’énervais vraiment…
Cela ne résout cependant pas mon problème. Je ne sais pas lire et par la même je suis incapable de profiter des éventuelles connaissances archivées dans cet endroit. Et vu l’enthousiasme dont fait preuve la faune locale à mon égard… Je soupire de dépit, prête à repartir bredouille de cette quête plus difficile que je ne l’aurai imaginé, lorsque je perçois une présence qui vient d’entrer dans la zone d’indifférence qui s’est créé autour de moi.
Je me retourne, posant un regard curieux sur l’intruse qui vient d’oser franchir la limite établie par les siens. L’apparition est absolument charmante, longs cheveux blonds, regards verts et rieurs, haute taille supérieure à la moyenne des siens, silhouette sculptée par un maître artiste et surtout un sourire à même de faire fondre la banquise elle-même. Une véritable héroïne en chair et en os.
Je reste un instant interdite, surprise qu’une telle créature puisse s’adresser à moi, me retenant de me retourner craignant de voir un farfadet taquin qui me joue un bien mauvais tour. Mais non, il semblerait que cet ange tombé du ciel s’adresse bel et bien à moi. D’ailleurs, peut-être qu’il serait judicieux que je ferme la bouche…
Un silence gênant s’installe lorsqu’elle stoppe sa longue tirade et il faut quelques longues secondes à mon cerveau pour se rendre compte que, oui, c’est bien à moi de répondre.
- Je…
Tu quoi ? J’essaie de mettre de l’ordre dans mes idées et lâche d’un trait.
- ..mappellethylie.
Je bredouille deux trois mots, avant de prendre une profonde respiration.
- Wildfire !
Voilà, çà c’est fait, je me suis présentée, reste maintenant à expliciter le pourquoi de ma visite. Brusquement je retrouve la capacité de parler normalement, un peu plus vite que d’habitude cependant. Surtout je compte bien saisir ma chance car c’est la seule et unique personne de cet endroit qui semble porter un minimum d’attention pour moi.
Cependant, je dois vous avouer que j’ai déjà oublier les trois-quarts de ce qu’elle m’a dit.
Bref…
- Il faut que j’aille à la section 22B.
Mon index qui pointe les escaliers à droite.
- Par là.
Avant d’opérer un brusque demi-tour à gauche manquant d’assommer la pauvre elfe.
- Non par là.
En fait, je ne sais plus trop, perdue dans ma déception j’en ai même oublié ce que l’elfe archiviste m’avait dit.
Je soupire en levant les yeux au ciel.
- Je ne sais plus trop mais c’est au deuxième étage.
Une lueur s’allume dans mon regard charbonneux.
- Je recherche des renseignements concernant le Faya’Edei, la voie du feu.
Je parle de plus en plus fort, emportée par mon enthousiasme ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des personnes alentours sur nos deux personnes risquant par la même de plonger ma pauvre interlocutrice dans l’embarras.
- Maman était la Faya’Shaïla et elle m’a dit un jour que j’étais la Flamme Éternelle.
Ma voix se teinte de tristesse et se fait presque suppliante.
- Je dois vraiment découvrir ce que cela signifie, c’est très important pour moi.
Je m’approche légèrement d’elle. Elle sent vraiment très bon, un mélange subtil de senteurs florales délicates qui s’épanouit au milieu de l’odeur fraîche de la mousse baignée par la rosée du matin. Je chuchote presque, comme si j’avais honte.
- Mais je ne sais pas lire.
Tout simplement car l’écriture n’a jamais été un besoin pour mon peuple. Nous transmettons notre savoir par les contes et nous tatouons sur nos corps les grandes étapes de notre histoire personnelle, faisant de nos corps un livre ouvert qui ne se referme qu’au crépuscule de notre vie. Mais dans ce lieu, cela ne me sert à rien et il m’est impossible d’exploiter ces connaissances seule.
Alors peut-être que…
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La voie du feu, la flamme éternelle, la dernière survivante de son clan et une belle femme troublante et troublée aux allures de guerrière tribale ? Je ne sais rien de tout ça mais je peux garantir une chose : ça sent le parfum de l’aventure !! J’oriente ma recherche sur deux thèmes principaux : les ouvrages traitant de la magie des flammes d’une part, et ceux évoquant les légendes, l’histoire et le folklore des régions de Shoumeï, d’où ma nouvelle amie est originaire, d’autre part. Malgré mon efficacité due à une certaine expertise dans l’art de me plonger dans les recherches littéraires, la tâche est vaste car nous partons de presque rien, et ce n’est pas la pauvre Mappellethylie Wildfire qui peut beaucoup m’aider. Je gagnerais peut être du temps en prenant d’abord un moment pour lui apprendre à lire ? Au moins les bases…
« - Mon cours ! »
Cette pensée m’a échappé tout haut, alors que mon cerveau défilait naturellement de lire à apprendre, d’apprendre à élève, et d’élève à ceux qui doivent m’attendre depuis longtemps déjà !
Je rosis légèrement :
« - J’étais censée donner un cours et… je crois que je me suis légèrement laissée dépasser par le temps. »
Je ramasse ma pile de livre, range précieusement mes notes et lui propose :
« - Vous… tu n’as qu’à venir avec moi ! Comme ça on reprendra nos recherches sitôt le cours expé… terminé. Et puis ça nous fera une pause. »
Je retrouve ma douzaine d’étudiants sagement assis dans la salle de classe, sous la direction d’une surveillante (une doctorante en fin de cursus qui justifie qu’on la laisse encore étudier sans lui demander de faire un vrai travail en contrepartie de ce service, qui consiste à jouer occasionnellement la larbine pour ses aînés ; oui c’est un peu injuste mais on est tous passés par là !). Je ne constate pas la moindre surprise de la part de mes élèves, tranquillement installés sur leurs fauteuils de travail et leurs coussins, qui semblent habitués à mon respect tout relatif des horaires. De mon côté, je ne manifeste pas non plus le moindre signe de gêne qui pourrait laisser entendre que je me crois en retard !
La classe a de quoi surprendre un peu en comparaison de ce que l’on peut trouver au Reike ou en République, en ce qu’elle ne ressemble pas du tout à une salle dédiée aux cours magistraux. C’est une petite pièce confortablement aménagée, d’où il se dégage une atmosphère intime et apaisante. Le mobilier et les décors typiquement elfiques se mêlent aux accessoires de travail, schémas, outils de calculs et d’entraînement, mais surtout, mon élément préféré, un plafond peint représentant avec exactitude la voie lactée.
En voyant toutes ces mines studieuses et ces érudits en herbe qui ne demandent qu’à apprendre de nouvelles choses, une idée me vient :
« - Mes chers enfants » (certains ont à peine quarante ou cinquante ans de moins que moi, mais j’avoue beaucoup m’amuser à les appeler ainsi !) « changement de programme pour aujourd’hui, notre cours se fera à la bibliothèque ! »
Je vois les regards s’illuminer. Je n’ai certainement pas la réputation d’une professeure ponctuelle ni assidue à sa tâche, mais j’ai ce don de retenir l’attention par les sujets de mes cours et ma manière ludique de les mener, par ma propension à innover, et à aller dans des directions où l’on ne m’attend pas.
« - Je vous présente la très honorable Mappellethylie Wildfire » (je me rends compte de ma bêtise en prononçant le nom à voix haute, mais pas question de me mettre à bafouiller, à me reprendre où à assumer d’avoir bêtement mal compris son prénom ! ) « c’est une aventurière qui nous vient de loin » (le mot vagabonde est bien trop connoté, et celui de mercenaire fait moins rêver !) « pour nous soumettre un problème : qu’est-ce que le Faya’Edei, la voie du feu ? »
Ma voix et mon sourire enthousiaste sont très vite communicatifs. C’est pour ça que j’aime mes élèves : ils ne sont pas du genre à refuser un défi ! Avec une petite larme de fierté et d’amour, je les vois s’empresser de ramasser leurs affaires et de prendre le chemin de la bibliothèque. Une fois sur place, se répandant telle une colonie de souris à l’assaut d’un garde-manger, ils se lancent à l’ouvrage ! Avec le sérieux et la méthode que je leur ai transmis, les voilà qui s’organisent en petits groupes efficaces pour ratisser tout ce qui peut être susceptible de nous aider.
Les regardant faire, gonflée de fierté, j’adresse un clin d’œil à Thylie :
« - Voilà les cerveaux qui nous manquaient. Si il y a un indice à dénicher dans cette bibliothèque, ils le trouveront ! »
Et vive la main d’œuvre gratuite et corvéable à merci, hihihi !
« - Mon cours ! »
Cette pensée m’a échappé tout haut, alors que mon cerveau défilait naturellement de lire à apprendre, d’apprendre à élève, et d’élève à ceux qui doivent m’attendre depuis longtemps déjà !
Je rosis légèrement :
« - J’étais censée donner un cours et… je crois que je me suis légèrement laissée dépasser par le temps. »
Je ramasse ma pile de livre, range précieusement mes notes et lui propose :
« - Vous… tu n’as qu’à venir avec moi ! Comme ça on reprendra nos recherches sitôt le cours expé… terminé. Et puis ça nous fera une pause. »
Je retrouve ma douzaine d’étudiants sagement assis dans la salle de classe, sous la direction d’une surveillante (une doctorante en fin de cursus qui justifie qu’on la laisse encore étudier sans lui demander de faire un vrai travail en contrepartie de ce service, qui consiste à jouer occasionnellement la larbine pour ses aînés ; oui c’est un peu injuste mais on est tous passés par là !). Je ne constate pas la moindre surprise de la part de mes élèves, tranquillement installés sur leurs fauteuils de travail et leurs coussins, qui semblent habitués à mon respect tout relatif des horaires. De mon côté, je ne manifeste pas non plus le moindre signe de gêne qui pourrait laisser entendre que je me crois en retard !
La classe a de quoi surprendre un peu en comparaison de ce que l’on peut trouver au Reike ou en République, en ce qu’elle ne ressemble pas du tout à une salle dédiée aux cours magistraux. C’est une petite pièce confortablement aménagée, d’où il se dégage une atmosphère intime et apaisante. Le mobilier et les décors typiquement elfiques se mêlent aux accessoires de travail, schémas, outils de calculs et d’entraînement, mais surtout, mon élément préféré, un plafond peint représentant avec exactitude la voie lactée.
En voyant toutes ces mines studieuses et ces érudits en herbe qui ne demandent qu’à apprendre de nouvelles choses, une idée me vient :
« - Mes chers enfants » (certains ont à peine quarante ou cinquante ans de moins que moi, mais j’avoue beaucoup m’amuser à les appeler ainsi !) « changement de programme pour aujourd’hui, notre cours se fera à la bibliothèque ! »
Je vois les regards s’illuminer. Je n’ai certainement pas la réputation d’une professeure ponctuelle ni assidue à sa tâche, mais j’ai ce don de retenir l’attention par les sujets de mes cours et ma manière ludique de les mener, par ma propension à innover, et à aller dans des directions où l’on ne m’attend pas.
« - Je vous présente la très honorable Mappellethylie Wildfire » (je me rends compte de ma bêtise en prononçant le nom à voix haute, mais pas question de me mettre à bafouiller, à me reprendre où à assumer d’avoir bêtement mal compris son prénom ! ) « c’est une aventurière qui nous vient de loin » (le mot vagabonde est bien trop connoté, et celui de mercenaire fait moins rêver !) « pour nous soumettre un problème : qu’est-ce que le Faya’Edei, la voie du feu ? »
Ma voix et mon sourire enthousiaste sont très vite communicatifs. C’est pour ça que j’aime mes élèves : ils ne sont pas du genre à refuser un défi ! Avec une petite larme de fierté et d’amour, je les vois s’empresser de ramasser leurs affaires et de prendre le chemin de la bibliothèque. Une fois sur place, se répandant telle une colonie de souris à l’assaut d’un garde-manger, ils se lancent à l’ouvrage ! Avec le sérieux et la méthode que je leur ai transmis, les voilà qui s’organisent en petits groupes efficaces pour ratisser tout ce qui peut être susceptible de nous aider.
Les regardant faire, gonflée de fierté, j’adresse un clin d’œil à Thylie :
« - Voilà les cerveaux qui nous manquaient. Si il y a un indice à dénicher dans cette bibliothèque, ils le trouveront ! »
Et vive la main d’œuvre gratuite et corvéable à merci, hihihi !
Invité
Invité
Autant vous dire que je suis ravie lorsque la jolie elfe me propose son aide. Finalement, elle a raison, c’est une véritable héroïne, le genre à vous sauver d’une bibliothèque effrayante pour une illettrée telle que moi et à vous tirer des griffes d’elfes retords et condescendants !
Je l’accompagne jusqu’à la section 22B et je suis impressionnée par sa capacité à trouver des informations dans cette masse intimidante de documents écrits, allant du simple feuillet de parchemin à l’épais grimoire ! Mais apparemment les choses ne sont pas si simples, et les références directes à la Faya’Edei inexistantes, ce qui vient confirmer l’échec précédent de l’elfe archiviste.
« - Mon cours ! »
Je sursaute à cette exclamation. A priori l’elfe est une sorte de professeure, mais cela me semble étrange car elle paraît bien jeune pour assumer le rôle d’ancien et transmettre son savoir !
Je la suis à son invitation, sans trop savoir quoi penser, mais de toute manière je n’ai pas vraiment le choix vu que je ne sais toujours pas lire. Je pénètre dans la petite pièce légèrement gênée par la situation. Je ne me sens pas du tout dans mon élément, le lieu est intimiste, rempli d’objets divers et variés dont je ne connais même pas la fonction et les regards des étudiants se posent invariablement sur moi. Cependant j’y vois plus de curiosité qu’autre chose, signe surement que leur enseignante est suffisamment ouverte d’esprit pour leur permettre de ne pas cataloguer directement un individu dans une case en se basant uniquement sur son apparence. A vrai dire cela me fait penser à la salle commune de mon clan, là où nous nous réunissions étant jeunes pour écouter les anciens nous parler de nos ancêtres, de nos coutumes et de nos croyances. Des moments que j’ai toujours appréciés, moi, Thylie la petite curieuse toujours avide d’histoires, de contes et de légendes qui m’aidaient à m’évader lorsque je fermais les yeux. Une période révolue, et aujourd’hui je suis la seule à être capable de transmettre la mémoire des miens car je suis la dernière de mon clan…
Mais je n’ai pas vraiment le temps de broyer du noir que l’enseignante change brusquement le programme de son cours et de nouveau l’attention se porte sur moi, catapultée aventurière qui vient de loin ! Je n’ai pas le temps de répondre, emportée par l’enthousiasme communicatif de l’elfe et surtout par ses étudiants qui se ruent en direction de la bibliothèque brisant un peu la monotonie sérieuse du lieu.
Aëlwenn leur expose rapidement les axes de recherche et je vois, émerveillée, les étudiants s’organiser en groupe de travail pour ratisser le plus efficacement possible la documentation disponible. Je ne reste cependant pas bien longtemps les bras croisés, car l’enseignante me présente les pistes qui semblent les plus encourageantes pour trier entre celles à approfondir et celles à ignorer. Mine de rien c’est une tâche bien inhabituelle pour moi et véritablement épuisante alors que je dois me concentrer pour faire appel à mes souvenirs et trouver des liens éventuels avec mes propres croyances. Et autant dire que les cultes dédiés aux flammes sont légion à travers les âges ce qui montre l’importance de l’élément feu pour de nombreuses cultures primitives.
Nous écartons rapidement toutes les références aux croyances considérant le feu comme une force purement destructrice pour nous concentrer sur des aspects plus positifs car le feu permet de réchauffer, d’éclairer mais aussi de purifier. L’importance de la permanence de l’âme est un autre marqueur fort de ma culture, l’âme rejoignant le royaume du feu après la mort et nos cultes funéraires étant intimement lié à l’incinération du corps pour le purifier.
Malgré tout la somme de documentation qui s’accumule est véritablement effrayante et je sens le découragement s’emparer de moi devant l’ampleur de la tâche.
Je baille à m’en décrocher la mâchoire alors que l’elfe me montre un énième document apparemment vieux de plusieurs siècles. Je regarde distraitement les signes qui défilent sous son doigt alors qu’elle lit l’histoire d’un obscur barbare devenu roi grâce à la puissance des flammes il y a de cela des milliers d’années. Un parmi tant d’autres, mais mon attention est attirée par la reproduction d’une gravure sur la page suivante. Un homme à l’aspect sauvage et puissant brandissant une épée enflammée au-dessus de sa tête.
Je sors brusquement de ma torpeur en pointant l’épée du doigt.
- Là !
Je me lève en criant.
- C’est l’épée de papa !
Attirant par la même le regard courroucé des personnes présentes déjà dérangées par la présence de tout ce petit monde dans cette section.
Mais cela ne semble pas affecter outre mesure mon enthousiasme et je pose mon regard brillant sur la jolie elfe.
- Attends !
Je pars alors à grandes enjambées vers le hall d’accueil, dévalant les escaliers quatre à quatre en bousculant au passage un pauvre archiviste portant une pile trop grande de parchemins anciens qui roulent jusqu’en bas. Je balbutie une espèce d’excuse avant de reprendre ma course jusqu’au vestiaire où j’ai dû laisser mes armes et ma cape avant de pouvoir pénétrer dans ce lieu de savoir.
- Je viens récupérer mes affaires.
L’elfe au comptoir me regarde de travers après m’avoir vu accourir jusque-là en brisant la solennité sacrée de ce lieu. Mais finalement elle se dépêche de rassembler mon épée, mon sceptre et ma cape, visiblement ravie de me voir enfin quitter cet endroit.
Mais contre toute attente je repars en sens inverse provoquant sa stupeur alors qu’elle hurle.
- Non ! Vous ne pouvez pas entrer avec des armes !
La stupéfaction semble s’emparer de tout le monde avant que des employés tentent de me barrer la route, s’accrochant à mon corps puissant pour tenter de me stopper alors que je brandis l’épée en criant à tue-tête en direction de l’étage.
- Regarde, c’est la même !
Effectivement, mon arme est véritablement spéciale car la lame est courte, crénelée et véritablement unique avec sa garde en pointe comme celle que porte l’homme sur la gravure. Et pour bien marquer la ressemblance j’en appelle au pouvoir du feu pour enflammer la lame sous le regard effaré et effrayé de toutes les personnes présentes.
Visiblement, introduire du feu dans ce lieu n’est pas vraiment une bonne idée aux vues des parchemins et autres ouvrages extrêmement inflammables qu’il contient.
Encore un travail pour une véritable héroïne…
Je l’accompagne jusqu’à la section 22B et je suis impressionnée par sa capacité à trouver des informations dans cette masse intimidante de documents écrits, allant du simple feuillet de parchemin à l’épais grimoire ! Mais apparemment les choses ne sont pas si simples, et les références directes à la Faya’Edei inexistantes, ce qui vient confirmer l’échec précédent de l’elfe archiviste.
« - Mon cours ! »
Je sursaute à cette exclamation. A priori l’elfe est une sorte de professeure, mais cela me semble étrange car elle paraît bien jeune pour assumer le rôle d’ancien et transmettre son savoir !
Je la suis à son invitation, sans trop savoir quoi penser, mais de toute manière je n’ai pas vraiment le choix vu que je ne sais toujours pas lire. Je pénètre dans la petite pièce légèrement gênée par la situation. Je ne me sens pas du tout dans mon élément, le lieu est intimiste, rempli d’objets divers et variés dont je ne connais même pas la fonction et les regards des étudiants se posent invariablement sur moi. Cependant j’y vois plus de curiosité qu’autre chose, signe surement que leur enseignante est suffisamment ouverte d’esprit pour leur permettre de ne pas cataloguer directement un individu dans une case en se basant uniquement sur son apparence. A vrai dire cela me fait penser à la salle commune de mon clan, là où nous nous réunissions étant jeunes pour écouter les anciens nous parler de nos ancêtres, de nos coutumes et de nos croyances. Des moments que j’ai toujours appréciés, moi, Thylie la petite curieuse toujours avide d’histoires, de contes et de légendes qui m’aidaient à m’évader lorsque je fermais les yeux. Une période révolue, et aujourd’hui je suis la seule à être capable de transmettre la mémoire des miens car je suis la dernière de mon clan…
Mais je n’ai pas vraiment le temps de broyer du noir que l’enseignante change brusquement le programme de son cours et de nouveau l’attention se porte sur moi, catapultée aventurière qui vient de loin ! Je n’ai pas le temps de répondre, emportée par l’enthousiasme communicatif de l’elfe et surtout par ses étudiants qui se ruent en direction de la bibliothèque brisant un peu la monotonie sérieuse du lieu.
Aëlwenn leur expose rapidement les axes de recherche et je vois, émerveillée, les étudiants s’organiser en groupe de travail pour ratisser le plus efficacement possible la documentation disponible. Je ne reste cependant pas bien longtemps les bras croisés, car l’enseignante me présente les pistes qui semblent les plus encourageantes pour trier entre celles à approfondir et celles à ignorer. Mine de rien c’est une tâche bien inhabituelle pour moi et véritablement épuisante alors que je dois me concentrer pour faire appel à mes souvenirs et trouver des liens éventuels avec mes propres croyances. Et autant dire que les cultes dédiés aux flammes sont légion à travers les âges ce qui montre l’importance de l’élément feu pour de nombreuses cultures primitives.
Nous écartons rapidement toutes les références aux croyances considérant le feu comme une force purement destructrice pour nous concentrer sur des aspects plus positifs car le feu permet de réchauffer, d’éclairer mais aussi de purifier. L’importance de la permanence de l’âme est un autre marqueur fort de ma culture, l’âme rejoignant le royaume du feu après la mort et nos cultes funéraires étant intimement lié à l’incinération du corps pour le purifier.
Malgré tout la somme de documentation qui s’accumule est véritablement effrayante et je sens le découragement s’emparer de moi devant l’ampleur de la tâche.
Je baille à m’en décrocher la mâchoire alors que l’elfe me montre un énième document apparemment vieux de plusieurs siècles. Je regarde distraitement les signes qui défilent sous son doigt alors qu’elle lit l’histoire d’un obscur barbare devenu roi grâce à la puissance des flammes il y a de cela des milliers d’années. Un parmi tant d’autres, mais mon attention est attirée par la reproduction d’une gravure sur la page suivante. Un homme à l’aspect sauvage et puissant brandissant une épée enflammée au-dessus de sa tête.
Je sors brusquement de ma torpeur en pointant l’épée du doigt.
- Là !
Je me lève en criant.
- C’est l’épée de papa !
Attirant par la même le regard courroucé des personnes présentes déjà dérangées par la présence de tout ce petit monde dans cette section.
Mais cela ne semble pas affecter outre mesure mon enthousiasme et je pose mon regard brillant sur la jolie elfe.
- Attends !
Je pars alors à grandes enjambées vers le hall d’accueil, dévalant les escaliers quatre à quatre en bousculant au passage un pauvre archiviste portant une pile trop grande de parchemins anciens qui roulent jusqu’en bas. Je balbutie une espèce d’excuse avant de reprendre ma course jusqu’au vestiaire où j’ai dû laisser mes armes et ma cape avant de pouvoir pénétrer dans ce lieu de savoir.
- Je viens récupérer mes affaires.
L’elfe au comptoir me regarde de travers après m’avoir vu accourir jusque-là en brisant la solennité sacrée de ce lieu. Mais finalement elle se dépêche de rassembler mon épée, mon sceptre et ma cape, visiblement ravie de me voir enfin quitter cet endroit.
Mais contre toute attente je repars en sens inverse provoquant sa stupeur alors qu’elle hurle.
- Non ! Vous ne pouvez pas entrer avec des armes !
La stupéfaction semble s’emparer de tout le monde avant que des employés tentent de me barrer la route, s’accrochant à mon corps puissant pour tenter de me stopper alors que je brandis l’épée en criant à tue-tête en direction de l’étage.
- Regarde, c’est la même !
Effectivement, mon arme est véritablement spéciale car la lame est courte, crénelée et véritablement unique avec sa garde en pointe comme celle que porte l’homme sur la gravure. Et pour bien marquer la ressemblance j’en appelle au pouvoir du feu pour enflammer la lame sous le regard effaré et effrayé de toutes les personnes présentes.
Visiblement, introduire du feu dans ce lieu n’est pas vraiment une bonne idée aux vues des parchemins et autres ouvrages extrêmement inflammables qu’il contient.
Encore un travail pour une véritable héroïne…
Invité
Invité
L’illustration est affligeante par son contenu : un homme exagérément musculeux aux cheveux longs et noirs, dont la nudité seulement dissimulée par un simple slip en fourrure laisse apparaître des cuisses épaisses et dessinées, un torse glabre, viril et pourvu d’au moins quatre abdominaux de trop ; il bombe une poitrine volontaire, plus généreuse que celles que peuvent arborer la plupart des femmes, et ses bras puissants brandissent le véritable intérêt de cette gravure de barbare toute fantaisiste : son épée.
Ah oui effectivement, il a un visage aussi. Je crois que le qualificatif qui lui correspondrait le mieux serait « homme de Tautavel ».
Bref, l’épée donc ! Elle est le fruit d’un artisanat tout à fait singulier comme on a pas l’habitude d’en voir ici ! Tout l’aspect de sa lame semble avoir été étudié pour infliger les blessures les plus horribles à ses victimes ! Elle est à l’opposé de la finesse et du raffinement que l’on peut trouver en ces lieux : rien à voir, par exemple, avec les épées des deux gardes qui s’approchent de Thylie avec un air sévère…
« - Madame, vous perturbez la sérénité de ces lieux. Veuillez nous remettre cette arme et nous suivre. »
Hé ho, n’embarquez pas ma précieuse oni !
Ne laissant rien paraître de ma panique intérieure, je gratifie les deux gardes, un homme et une femme, d’un de ces sourires dont j’ai le secret. L’homme je ne le connais pas. La femme en revanche…
Nos regards se croisent, et je me perds un instant dans ses iris noisette encadrés par de magnifiques yeux en amandes. Je vois ses lèvres s’étirer, me rappelant le souvenir de rires aux éclats, et conversations enthousiastes prononcées en chuchotant, et d’un échange de baisers tendres et timides. Je vois à son regard qu’elle pense à ça elle aussi, et c’est à elle que je choisis de m’adresser :
« - Amariaë ? »
Je me lève et m’avance vers elle. Je sens plusieurs paires d’yeux suivre mon mouvement et fais mine de les ignorer alors que saisis délicatement sa main entre les doigts tout en la dévorant du regard.
« - Je suis heureuse de te revoir. Ta chaleur m’avait manqué tu sais ?
- Aëlwenn… ce n’est… »
Elle rosit, tandis que par-dessus son épaule je capte le regard légèrement réprobateur de son comparse. J’échange avec lui un regard taquin avant de revenir vers ma jolie garde :
« - Tu me présentes ton compagnon ?
- C’est… euh… Galeon. Il est…
- “Il” est ici à la demande de la bibliothécaire en chef pour faire sortir une perturbatrice. D’ailleurs Amariaë est également ici pour ça, madame … ?
- Aëlwenn, enchantée mon cher Galeon. »
Je relâche mon étreinte sur Amariaë pour saisir du bout des doigts la main de ce garde aux cheveux blonds très clairs, presque argentés, et pour l'hameçonner avec mes yeux verts et perçants, et mon sourire Colgate plein de joie et de saveur.
Je fais sciemment virevolter mes cheveux en mode poseuse tout en me retournant vers la ‘’fauteuse de troubles’’ et en indiquant aux deux autres :
« - C’est mon amie, Thylie, une collaboratrice indispensable pour mes recherches. Grâce à elle, nous sommes sur le point de faire une découverte majeure ! »
Je vous mes deux interlocuteurs partagés entre l’incrédulité, la perplexité, une grosse dose d’abandon des réflexions superflues. J’ajoute à l’intention d’Amariaë:
« - Tu sais comment je suis pendant mes recherches. Lorsque la passion m’emporte, et que plus rien n’a d’importance si ce n’est la folie du moment… »
Le regard rêveur (et toujours aussi adorable !) de la garde s’illumine d’une lueur pétillante, du genre qui me fait craquer ; elle secoue la tête et me répond :
« - Aëlwenn, tu n’as pas changé ! » Elle glousse, et tente de reprendre un brin de sérieux. « Mais ton amie a causé beaucoup de remue-ménage aujourd’hui. La bibliothécaire nous a demandé de la faire sortir et de lui prendre son arme.
« - Cet objet ? Certainement pas n’est pas une arme, c’est un artefact ancien ! Et également un outil d’étude très précieux ! »
Mon regard se fait mi penaud mi espiègle :
« - Amariaë, autant m’arracher le cœur directement ! »
Elle semble sur le point d’abandonner mais son compagnon, visiblement désireux d’arrêter de me voir échanger des regards intenses avec sa collègue, prend le relai :
« - Allons bon… dans ce cas madame, admettons qu’elle est sous votre responsabilité. Veuillez s’il vous plaît demander à votre amie de cesser de perturber la tranquillité de ces lieux, et d’emmener avec elle son ‘’artefact magique’’.
- Evidemment… »
Je hausse la voix :
« - De toute manière le cours est fini : allez les enfants » (certains ont l’air de se faire arracher à une étrange rêverie, et d’autres prennent un air exagérément outrés en m’entendant les qualifier ainsi ; mais ils savent très bien que ça ne fait que décupler mon amusement !) « vous pouvez me remettre vos notes et rentrer chez vous. Nous ferons un bilan du travail d’aujourd’hui lors de notre prochain cours. »
Je récupère papiers, livres intéressants, artefact magique et barbare mystérieuse, et nous quittons la bibliothèque sous les regards suspicieux mais un brin soulagés des autres usagers. J’échange également un dernier coup d’œil un peu appuyé avec Amariaë, puis Thylie et moi nous nous retrouvons dehors.
« - Hé bien, quelle histoire ! »
Je me retourne vers la robuste oni :
« - Je crois qu’ils ne sont pas près de vous oublier ! »
Je me laisse aller à rire joyeusement avant de proposer :
« - J’imagine que tu dois en avoir plus qu’assez des livres et des recherches. Que dirais-tu d'un bon repas ? Et ensuite, si tu en as l’énergie, tu pourrais me montrer ce que fait cette épée quand tu la manipules… loin de toute bibliothèque et autre réserve d’objets précieux et inflammables ? »
Je la prends par la main et l’entraine, toute joyeuse :
« - Allez c’est décidé, je t’invite à la maison ! »
Ah oui effectivement, il a un visage aussi. Je crois que le qualificatif qui lui correspondrait le mieux serait « homme de Tautavel ».
Bref, l’épée donc ! Elle est le fruit d’un artisanat tout à fait singulier comme on a pas l’habitude d’en voir ici ! Tout l’aspect de sa lame semble avoir été étudié pour infliger les blessures les plus horribles à ses victimes ! Elle est à l’opposé de la finesse et du raffinement que l’on peut trouver en ces lieux : rien à voir, par exemple, avec les épées des deux gardes qui s’approchent de Thylie avec un air sévère…
« - Madame, vous perturbez la sérénité de ces lieux. Veuillez nous remettre cette arme et nous suivre. »
Hé ho, n’embarquez pas ma précieuse oni !
Ne laissant rien paraître de ma panique intérieure, je gratifie les deux gardes, un homme et une femme, d’un de ces sourires dont j’ai le secret. L’homme je ne le connais pas. La femme en revanche…
Nos regards se croisent, et je me perds un instant dans ses iris noisette encadrés par de magnifiques yeux en amandes. Je vois ses lèvres s’étirer, me rappelant le souvenir de rires aux éclats, et conversations enthousiastes prononcées en chuchotant, et d’un échange de baisers tendres et timides. Je vois à son regard qu’elle pense à ça elle aussi, et c’est à elle que je choisis de m’adresser :
« - Amariaë ? »
Je me lève et m’avance vers elle. Je sens plusieurs paires d’yeux suivre mon mouvement et fais mine de les ignorer alors que saisis délicatement sa main entre les doigts tout en la dévorant du regard.
« - Je suis heureuse de te revoir. Ta chaleur m’avait manqué tu sais ?
- Aëlwenn… ce n’est… »
Elle rosit, tandis que par-dessus son épaule je capte le regard légèrement réprobateur de son comparse. J’échange avec lui un regard taquin avant de revenir vers ma jolie garde :
« - Tu me présentes ton compagnon ?
- C’est… euh… Galeon. Il est…
- “Il” est ici à la demande de la bibliothécaire en chef pour faire sortir une perturbatrice. D’ailleurs Amariaë est également ici pour ça, madame … ?
- Aëlwenn, enchantée mon cher Galeon. »
Je relâche mon étreinte sur Amariaë pour saisir du bout des doigts la main de ce garde aux cheveux blonds très clairs, presque argentés, et pour l'hameçonner avec mes yeux verts et perçants, et mon sourire Colgate plein de joie et de saveur.
Je fais sciemment virevolter mes cheveux en mode poseuse tout en me retournant vers la ‘’fauteuse de troubles’’ et en indiquant aux deux autres :
« - C’est mon amie, Thylie, une collaboratrice indispensable pour mes recherches. Grâce à elle, nous sommes sur le point de faire une découverte majeure ! »
Je vous mes deux interlocuteurs partagés entre l’incrédulité, la perplexité, une grosse dose d’abandon des réflexions superflues. J’ajoute à l’intention d’Amariaë:
« - Tu sais comment je suis pendant mes recherches. Lorsque la passion m’emporte, et que plus rien n’a d’importance si ce n’est la folie du moment… »
Le regard rêveur (et toujours aussi adorable !) de la garde s’illumine d’une lueur pétillante, du genre qui me fait craquer ; elle secoue la tête et me répond :
« - Aëlwenn, tu n’as pas changé ! » Elle glousse, et tente de reprendre un brin de sérieux. « Mais ton amie a causé beaucoup de remue-ménage aujourd’hui. La bibliothécaire nous a demandé de la faire sortir et de lui prendre son arme.
« - Cet objet ? Certainement pas n’est pas une arme, c’est un artefact ancien ! Et également un outil d’étude très précieux ! »
Mon regard se fait mi penaud mi espiègle :
« - Amariaë, autant m’arracher le cœur directement ! »
Elle semble sur le point d’abandonner mais son compagnon, visiblement désireux d’arrêter de me voir échanger des regards intenses avec sa collègue, prend le relai :
« - Allons bon… dans ce cas madame, admettons qu’elle est sous votre responsabilité. Veuillez s’il vous plaît demander à votre amie de cesser de perturber la tranquillité de ces lieux, et d’emmener avec elle son ‘’artefact magique’’.
- Evidemment… »
Je hausse la voix :
« - De toute manière le cours est fini : allez les enfants » (certains ont l’air de se faire arracher à une étrange rêverie, et d’autres prennent un air exagérément outrés en m’entendant les qualifier ainsi ; mais ils savent très bien que ça ne fait que décupler mon amusement !) « vous pouvez me remettre vos notes et rentrer chez vous. Nous ferons un bilan du travail d’aujourd’hui lors de notre prochain cours. »
Je récupère papiers, livres intéressants, artefact magique et barbare mystérieuse, et nous quittons la bibliothèque sous les regards suspicieux mais un brin soulagés des autres usagers. J’échange également un dernier coup d’œil un peu appuyé avec Amariaë, puis Thylie et moi nous nous retrouvons dehors.
« - Hé bien, quelle histoire ! »
Je me retourne vers la robuste oni :
« - Je crois qu’ils ne sont pas près de vous oublier ! »
Je me laisse aller à rire joyeusement avant de proposer :
« - J’imagine que tu dois en avoir plus qu’assez des livres et des recherches. Que dirais-tu d'un bon repas ? Et ensuite, si tu en as l’énergie, tu pourrais me montrer ce que fait cette épée quand tu la manipules… loin de toute bibliothèque et autre réserve d’objets précieux et inflammables ? »
Je la prends par la main et l’entraine, toute joyeuse :
« - Allez c’est décidé, je t’invite à la maison ! »
Invité
Invité
Mes exploits pyrotechniques semblent mettre un sacré bazar dans le calme habituellement feutré de l’endroit et je me retrouve bientôt bloquée dans ma progression par l’apparition de deux gardes vindicatifs qui m’ordonnent de leur remettre l’arme de papa. Mon regard charbonneux se pose sur eux et rien dans mon attitude ne laisse paraître que je compte accéder à leur demande. Cependant, je calme les flammes qui ont embrasé ma lame, au grand soulagement de ceux qui imaginait déjà voir partir en fumée ce précieux lieu de la connaissance. Comme si j’étais incapable de maîtriser mes pouvoirs.
J’évalue rapidement la situation. Ils sont deux, je suis seule, mais que comptent-ils vraiment faire avec leur cure-dents ? Mon épée est bien plus lourde, plus massive, le genre d’arme qui brise les crânes et les os en provoquant des hémorragies internes bien plus graves que les quelques petites coupures qu’ils pourraient m’infliger. A vrai dire, elle est à mon image, brutale et sans subtilités lorsque le temps du combat est venu.
Heureusement l’elfe virevoltante arrive à la rescousse, telle une flamboyante héroïne de cape et d’épée débarquant toujours au bon moment pour éviter que les choses tournent mal. Elle s’interpose, offrant à l’agressivité latente un sourire désarmant et une grâce enchanteresse. Il semble qu’elle connaisse intimement l’une des gardes et que cette dernière en garde un souvenir… ému. Même moi, pourtant prête à me battre pour défendre ma possession, je me détends imperceptiblement, bercée par le son de sa voix et rassurée par son regard malicieux.
Enfin, après un long moment partagé entre négociations et œillades appuyées, les deux gardes semblent se satisfaire de l’explication d’Aëlwenn concernant le fait que mon arme soit… un artefact ancien. Le dénommé Galeon en profite cependant pour me placer sous la responsabilité de la jolie elfe ! Alors oui, elle est mignonne et charmante, mais je suis la Flamme Éternelle. Je n’ai besoin de personne pour prendre soin de moi et encore moins pour me surveiller. Je me retiens de ne pas faire ravaler ses paroles à l’outrecuidant personnage à coup d’artefact ancien, mais cela risque de ne pas arranger nos affaires. Je m’abstiens donc, ruminant une vengeance ignoble si un jour je me retrouve de nouveau nez à nez avec ce Galeon.
Quoiqu’il en soit nous voilà de nouveau seules, surtout que la professeure vient de congédier ses élèves. J’essaie vainement d’en placer une, mais le moulin à paroles devant moi ne m’en laisse pas le temps et voilà que je me retrouve avec une main douce et fine calée dans la mienne.
« - Allez c’est décidé, je t’invite à la maison ! »
Pour être franche je ne m’attendais vraiment pas à ça, surtout pas dit avec une spontanéité aussi désarmante de fraîcheur. J’essaie de balbutier une excuse…
- Mais on ne devrait pas plutôt…
Avant que mon estomac se réveille pour donner son avis, à savoir un gargouillement peu élégant signifiant que l’invitation à dîner lui convient parfaitement et que les recherches encyclopédiques n’ont jamais rempli un ventre vide.
Malheur à la pauvre elfe d’ailleurs qui ne se doute surement pas de ce qu’une onie affamée est capable d’engloutir…
Je me laisse donc conduire à travers les rues de la cité des elfes. Mon regard se perd souvent sur les bâtiments gracieux, les places verdoyantes et les rues animées. Les architectes ont fait preuve d’une ingéniosité remarquable pour amplifier les jeux de lumière d’un soleil déclinant et laisser à la nature le droit de s’épanouir malgré les constructions. Moi qui n’aime pas les villes et les cités, je dois dire que je suis séduite par ce que je vois, l’air ébahi parfois devant tant de grâce.
Mais mon attention est régulièrement attirée par l’enthousiasme communicatif de l’elfe qui ne cesse pas de parler tout le long du chemin. Il faut dire que sa beauté éclipse toutes les autres et que son sourire charmant est capable de faire fondre même le cœur le plus gelé. D’ailleurs je l’écoute distraitement, plus attiré par le mouvement de ses lèvres que par les mots qui en sortent. Oui je sais, cela n’est pas très poli, surtout avec une future hôtesse, mais que voulez-vous j’ai toujours aimé les belles choses.
C’est donc un sourire sur les lèvres et l’esprit léger que j’arrive enfin chez elle…
J’évalue rapidement la situation. Ils sont deux, je suis seule, mais que comptent-ils vraiment faire avec leur cure-dents ? Mon épée est bien plus lourde, plus massive, le genre d’arme qui brise les crânes et les os en provoquant des hémorragies internes bien plus graves que les quelques petites coupures qu’ils pourraient m’infliger. A vrai dire, elle est à mon image, brutale et sans subtilités lorsque le temps du combat est venu.
Heureusement l’elfe virevoltante arrive à la rescousse, telle une flamboyante héroïne de cape et d’épée débarquant toujours au bon moment pour éviter que les choses tournent mal. Elle s’interpose, offrant à l’agressivité latente un sourire désarmant et une grâce enchanteresse. Il semble qu’elle connaisse intimement l’une des gardes et que cette dernière en garde un souvenir… ému. Même moi, pourtant prête à me battre pour défendre ma possession, je me détends imperceptiblement, bercée par le son de sa voix et rassurée par son regard malicieux.
Enfin, après un long moment partagé entre négociations et œillades appuyées, les deux gardes semblent se satisfaire de l’explication d’Aëlwenn concernant le fait que mon arme soit… un artefact ancien. Le dénommé Galeon en profite cependant pour me placer sous la responsabilité de la jolie elfe ! Alors oui, elle est mignonne et charmante, mais je suis la Flamme Éternelle. Je n’ai besoin de personne pour prendre soin de moi et encore moins pour me surveiller. Je me retiens de ne pas faire ravaler ses paroles à l’outrecuidant personnage à coup d’artefact ancien, mais cela risque de ne pas arranger nos affaires. Je m’abstiens donc, ruminant une vengeance ignoble si un jour je me retrouve de nouveau nez à nez avec ce Galeon.
Quoiqu’il en soit nous voilà de nouveau seules, surtout que la professeure vient de congédier ses élèves. J’essaie vainement d’en placer une, mais le moulin à paroles devant moi ne m’en laisse pas le temps et voilà que je me retrouve avec une main douce et fine calée dans la mienne.
« - Allez c’est décidé, je t’invite à la maison ! »
Pour être franche je ne m’attendais vraiment pas à ça, surtout pas dit avec une spontanéité aussi désarmante de fraîcheur. J’essaie de balbutier une excuse…
- Mais on ne devrait pas plutôt…
Avant que mon estomac se réveille pour donner son avis, à savoir un gargouillement peu élégant signifiant que l’invitation à dîner lui convient parfaitement et que les recherches encyclopédiques n’ont jamais rempli un ventre vide.
Malheur à la pauvre elfe d’ailleurs qui ne se doute surement pas de ce qu’une onie affamée est capable d’engloutir…
Je me laisse donc conduire à travers les rues de la cité des elfes. Mon regard se perd souvent sur les bâtiments gracieux, les places verdoyantes et les rues animées. Les architectes ont fait preuve d’une ingéniosité remarquable pour amplifier les jeux de lumière d’un soleil déclinant et laisser à la nature le droit de s’épanouir malgré les constructions. Moi qui n’aime pas les villes et les cités, je dois dire que je suis séduite par ce que je vois, l’air ébahi parfois devant tant de grâce.
Mais mon attention est régulièrement attirée par l’enthousiasme communicatif de l’elfe qui ne cesse pas de parler tout le long du chemin. Il faut dire que sa beauté éclipse toutes les autres et que son sourire charmant est capable de faire fondre même le cœur le plus gelé. D’ailleurs je l’écoute distraitement, plus attiré par le mouvement de ses lèvres que par les mots qui en sortent. Oui je sais, cela n’est pas très poli, surtout avec une future hôtesse, mais que voulez-vous j’ai toujours aimé les belles choses.
C’est donc un sourire sur les lèvres et l’esprit léger que j’arrive enfin chez elle…
Invité
Invité
Je guide ma nouvelle compagne dans un petit quartier résidentiel non loin de l’université. L’endroit ressemble plus à un parc qu’à un quartier citadin, et les maisons aux élégants murs de pierre blanche alternent avec les parterres d’herbe et de fleur, les bancs de pierre ou aiment à venir s’installer les promeneurs (et, à certaines heures, les étudiants oisifs qui fuient pour un moment la charge de l’université), mais également de vastes arbres dont les feuillages, qui s’élèvent en bouquets verts en direction du ciel artificiel de la cité, atténuent quelque peu la lumière éternelle qui l’illumine.
Je guide Thylie vers un de ces arbres, un chêne épais et si ancien qu’il ferait passer les plus vieux des elfes eux-mêmes pour de jeunes enfants. Un bel escalier blanc aux rambardes en forme de feuilles, modelé à même le tronc, fait grimper ses marches en colimaçon jusqu’au sommet
« - Ma maison se trouve en haut. Normalement il faut emprunter l’escalier, mais il existe une astuce lorsqu’on est trop chargées ou fatiguées. »
Ou lorsqu’on a la flemme, mais une héroïne n’a jamais la flemme ! Elle… optimise son temps, et met des étoiles dans les yeux aux petits et aux grands !
Adoptant une posture aussi superflue qu’élégante, les bras étendus devant moi, paumes vers le sol, je fais appel à ma magie. Un cercle de lumière se forme à nos pieds, que l’on dirait formé de fils d’ors et brillants entrelacés ; je prends le temps de tisser un bouton central, et une vingtaine de pétales qui se matérialisent tout en volume autour de nous. La fleur de lumière ainsi créée nous soulève très légèrement Thylie et moi, et je la prends par la main pour lui éviter de glisser tandis que je lui adresse un sourire rassurant. Je me surprends à être troublée, et à apprécier ce contact improvisé. Je dois avouer que jusqu’ici j’avais surtout aidée l’onie parce que je suis une héroïne, et que c’est ce que font les héroïnes. Mais aurais-je passé autant de temps avec elle, au point de l’inviter chez moi, s’il n’y avait que ça ? Ça aurait pu être innocent, et ça l’était jusqu’à ce que quelques pensées troublées ne bousculent le paisible lac de certitudes qui occupait la place jusque-là.
Ça se voit que je rosis ? Oh, sûrement que non, on doit pouvoir prendre ça pour les reflets de ma magie !
Tandis que je me laisse happer par mes pensées, ma création se met doucement à prendre de la hauteur, tandis que sa base pousse à la manière d’une tige. Notons que, alors que je pourrais me contenter d’une forme simple, j’ai pris grand soin de donner à l’ensemble l’allure soignée et élégante d’une marguerite dont la tige, que l’on dirait tissée en fil d’or pour lui donner une consistance, se mettrait à croître en direction de la cime de l’arbre.
La fleur-ascenseur nous dépose sans effort sur le pas de la porte. Nous prenons pied sur le rebord du large balcon où l’on peut se faire un plaisir de dîner une fois le soir venu, et d’observer le ciel à la nuit tombée. Ravie, je montre à Thylie la vue qui se présente à nous : une marée de toits, d’arbres, de tours, de reflets magiques et de lumières qui scintillent ! Des pierres blanches à ne plus savoir quoi en faire, un océan de tuiles, bref, un panorama sur toute la cité !
« - En vivant ici, on profite de la ville d’une toute autre façon ! Et ça permet de prendre un peu de distance -physiquement et mentalement- par rapport à la cohue qui y règne parfois »
Cohue toute relative : on est chez les elfes après tout, pas chez n’importe quelle cité républicaine grouillante !
La maison, un peu comme l’escalier, est fait de formes harmonieuses et typiquement elfiques (sans aucune modestie encore une fois !) (vivent les elfes, les garants du bon goût !), et a été modelée à même l’arbre. C’est un bâtiment aéré, conçu pour une ville où il règne un printemps éternel.
J’invite ma -soudainement- charmante compagne à prendre place dans le salon tandis que je me dirige vers la cuisine attenante.
« - Installe toi, je vais préparer le repas. Qu’aiment manger les guerrières oni aux origines mystérieuses ? »
J’ai un instant de réflexion, et puis :
« - Au-delà de la nourriture d’ailleurs : on a beaucoup parlé de ton pays d’origine, de ton épée et du reste. Mais toi, la Thylie du présent, comment vis-tu et que fais-tu quand tu ne mets pas en panique les bibliothécaires ? Hihi ! »
Je guide Thylie vers un de ces arbres, un chêne épais et si ancien qu’il ferait passer les plus vieux des elfes eux-mêmes pour de jeunes enfants. Un bel escalier blanc aux rambardes en forme de feuilles, modelé à même le tronc, fait grimper ses marches en colimaçon jusqu’au sommet
« - Ma maison se trouve en haut. Normalement il faut emprunter l’escalier, mais il existe une astuce lorsqu’on est trop chargées ou fatiguées. »
Ou lorsqu’on a la flemme, mais une héroïne n’a jamais la flemme ! Elle… optimise son temps, et met des étoiles dans les yeux aux petits et aux grands !
Adoptant une posture aussi superflue qu’élégante, les bras étendus devant moi, paumes vers le sol, je fais appel à ma magie. Un cercle de lumière se forme à nos pieds, que l’on dirait formé de fils d’ors et brillants entrelacés ; je prends le temps de tisser un bouton central, et une vingtaine de pétales qui se matérialisent tout en volume autour de nous. La fleur de lumière ainsi créée nous soulève très légèrement Thylie et moi, et je la prends par la main pour lui éviter de glisser tandis que je lui adresse un sourire rassurant. Je me surprends à être troublée, et à apprécier ce contact improvisé. Je dois avouer que jusqu’ici j’avais surtout aidée l’onie parce que je suis une héroïne, et que c’est ce que font les héroïnes. Mais aurais-je passé autant de temps avec elle, au point de l’inviter chez moi, s’il n’y avait que ça ? Ça aurait pu être innocent, et ça l’était jusqu’à ce que quelques pensées troublées ne bousculent le paisible lac de certitudes qui occupait la place jusque-là.
Ça se voit que je rosis ? Oh, sûrement que non, on doit pouvoir prendre ça pour les reflets de ma magie !
Tandis que je me laisse happer par mes pensées, ma création se met doucement à prendre de la hauteur, tandis que sa base pousse à la manière d’une tige. Notons que, alors que je pourrais me contenter d’une forme simple, j’ai pris grand soin de donner à l’ensemble l’allure soignée et élégante d’une marguerite dont la tige, que l’on dirait tissée en fil d’or pour lui donner une consistance, se mettrait à croître en direction de la cime de l’arbre.
La fleur-ascenseur nous dépose sans effort sur le pas de la porte. Nous prenons pied sur le rebord du large balcon où l’on peut se faire un plaisir de dîner une fois le soir venu, et d’observer le ciel à la nuit tombée. Ravie, je montre à Thylie la vue qui se présente à nous : une marée de toits, d’arbres, de tours, de reflets magiques et de lumières qui scintillent ! Des pierres blanches à ne plus savoir quoi en faire, un océan de tuiles, bref, un panorama sur toute la cité !
« - En vivant ici, on profite de la ville d’une toute autre façon ! Et ça permet de prendre un peu de distance -physiquement et mentalement- par rapport à la cohue qui y règne parfois »
Cohue toute relative : on est chez les elfes après tout, pas chez n’importe quelle cité républicaine grouillante !
La maison, un peu comme l’escalier, est fait de formes harmonieuses et typiquement elfiques (sans aucune modestie encore une fois !) (vivent les elfes, les garants du bon goût !), et a été modelée à même l’arbre. C’est un bâtiment aéré, conçu pour une ville où il règne un printemps éternel.
J’invite ma -soudainement- charmante compagne à prendre place dans le salon tandis que je me dirige vers la cuisine attenante.
« - Installe toi, je vais préparer le repas. Qu’aiment manger les guerrières oni aux origines mystérieuses ? »
J’ai un instant de réflexion, et puis :
« - Au-delà de la nourriture d’ailleurs : on a beaucoup parlé de ton pays d’origine, de ton épée et du reste. Mais toi, la Thylie du présent, comment vis-tu et que fais-tu quand tu ne mets pas en panique les bibliothécaires ? Hihi ! »
Invité
Invité
Lumineuse.
J’ai mis du temps à m’en rendre compte, mais c’est ce mot qui la caractérise le mieux. Elle est lumineuse et pas seulement parce qu’elle tisse une fleur magnifique à l’aide de sa magie de lumière, mais surtout à cause de son sourire si chaleureux et de l’aura positive qu’elle dégage. Un vrai remède à la morosité, le genre de personne qui chasse vos idées noires en un simple battement de cils.
Elle glisse sa main dans la mienne, une main fine et douce que je serre instinctivement. Oh, pas parce que je crains de tomber, non, surtout que notre montée se fait toute en douceur. C’est juste agréable en fait et elle se rapproche de moi jusqu’à me frôler pour tenir sur cet ascenseur magique. Je suis émerveillée par le spectacle qui s’offre à moi de cette cité qui s’élève majestueusement vers le ciel. Tout semble avoir été construit pour respecter une harmonie complexe et un équilibre subtil. Si la perfection existe en ce monde, alors Melorn s’en rapproche sans l’ombre d’un doute.
J’ai vu tant de douleurs et de souffrances dans ma vie, traversé tant d’horreurs, foulé du pied tant de champs de bataille, perdant peu à peu pied face à la noirceur de ce monde que cette beauté trouve en moi un écho puissant. Je me prends à m’imaginer vivre en ce lieu même si au premier abord je ne semble pas être faite pour ça, oubliant pour un temps que même les endroits les plus lumineux ont leur côté sombre.
Mais pour l’instant je me sens juste légère, soulevée par la magie de cette elfe qui m’offre l’hospitalité avec une spontanéité désarmante. Mon regard noir se pose soudain sur elle. Le sien se détourne et il me semble percevoir un rose charmant colorer ses joues. Je détourne à mon tour les yeux, perturbée par sa présence, en proie à mon tour à une brusque poussée de chaleur.
Perdue dans ma quête de mes origines, je ne me suis pas rendu compte de sa beauté pure et fraîche. Elle est magnifique elle aussi, tout comme cet endroit, et la sentir si proche de moi ne me laisse clairement pas indifférente.
Nous arrivons en haut et elle m’entraîne à l’intérieur. Un intérieur subtilement décoré, propre et parfaitement rangé. J’ai l’impression que chaque objet est à la place qu’il doit occuper pour dégager un sentiment général de plénitude et de sérénité. Rien à voir avec les endroits sordides des casernes que j’ai pu côtoyer, même si j’adore dormir à la belle étoile en pleine nature sur un moelleux tapis de mousse.
Elle me propose de me mettre à l’aise et de nouveau j’ai le sentiment désagréable de ne pas être à ma place. Je me sens trop gauche, trop grande, trop sauvage pour avoir le droit d’être dans un tel endroit. A vrai dire depuis que mon clan a été massacré, je me sens étrangère partout où je vais et certains ne se gênent pas pour me le faire remarquer avec plus ou moins de subtilité. En tout cas je dois avouer que le logis de l’elfe est des plus charmants et j’ai l’impression de pouvoir m’y faire pour un temps.
« - Installe toi, je vais préparer le repas. Qu’aiment manger les guerrières oni aux origines mystérieuses ? »
C’est mon estomac qui répond le premier dans un gargouillement sans équivoque me ramenant à des choses plus… terre à terre.
Je balbutie une réponse maladroite alors que je me débarrasse de ma lourde cape sans trop savoir où la poser pour ne pas briser l’équilibre du lieu.
- Euh, rien… tout... enfin je veux dire que je ne suis pas difficile.
Je me mordille la lèvre inférieure, me tançant intérieurement d’être aussi ridicule, ma cape toujours dans les bras.
De toute manière je sais déjà que tout ce qu’elle pourra m’offrir sera juste délicieux. Et si elle savait le goût de l’espèce de gruau infame que l’on doit ingurgiter dans l’armée… En revanche, elle risque d’être surprise par mon appétit. Je suis une grosse mangeuse, consommant beaucoup d’énergie pour maintenir une température corporelle supérieure à la normale et satisfaire mon imposante carcasse.
J’essaie de répondre à sa dernière question…
- Je…
…mais j’abandonne, un air dépité s’inscrivant sur mon visage. Je trouve enfin une chaise y déposant ma cape en la pliant du mieux possible.
Je parle rarement de moi. A vrai dire mes amis se comptent sur le doigt d’une main, et encore, à part Gerda je n’en ai pas vraiment. Juste des connaissances croisées lors de mes périples, mais jamais de relations durables. Sûrement car je n’ai pas envie de de trop m’attacher et perdre de nouveau quelqu’un. J’ai tellement souffert de la perte des miens, que je ne suis pas sûr de pouvoir affronter une autre épreuve de ce genre.
Je m’adosse contre le mur, croisant mes bras sur ma poitrine, laissant mon regard charbonneux se perdre sur le plafond aux ornements délicats.
- J’ai combattu les sbires du titan X’o près de Mael au sein des armées du Reike.
Un long silence alors que je me remémore des horreurs de cette guerre où nous affrontions des êtres morts qui n’avaient aucun respect pour la vie.
- La guerre s’est arrêtée…
De l’amertume dans ma voix, car j’espérais pouvoir assouvir ma vengeance.
- …et je suis devenue mercenaire, une épée à louer naviguant au gré des contrats.
Sans but et sans attaches.
Je pose de nouveau mon regard sur elle, un regard dans lequel se mêlent des souffrances depuis longtemps refoulées. La puissante onie semble soudain étrangement fragile et vulnérable.
- J’ai besoin de savoir d’où je viens. Besoin de trouver un nouveau but dans ma vie.
Un sourire faible à son attention.
- Je ne sais pas comment te remercier de ce que tu as déjà fait pour moi. C’est tellement important, j’en ai besoin car je me sens dépérir à petit feu. Je suis la dernière de mon clan, porteuse de la mémoire des miens et cela est tellement lourd à assumer. J’ai besoin de retrouver de la force pour continuer à avancer, pour ne pas me faire happer par cette vengeance qui me pousse à faire des folies. Je…
Je détourne brusquement les yeux, effaçant rageusement quelques larmes qui osent perler à mes yeux.
- Excuse-moi. Je ne devrai pas t’ennuyer avec ça…
J’ai mis du temps à m’en rendre compte, mais c’est ce mot qui la caractérise le mieux. Elle est lumineuse et pas seulement parce qu’elle tisse une fleur magnifique à l’aide de sa magie de lumière, mais surtout à cause de son sourire si chaleureux et de l’aura positive qu’elle dégage. Un vrai remède à la morosité, le genre de personne qui chasse vos idées noires en un simple battement de cils.
Elle glisse sa main dans la mienne, une main fine et douce que je serre instinctivement. Oh, pas parce que je crains de tomber, non, surtout que notre montée se fait toute en douceur. C’est juste agréable en fait et elle se rapproche de moi jusqu’à me frôler pour tenir sur cet ascenseur magique. Je suis émerveillée par le spectacle qui s’offre à moi de cette cité qui s’élève majestueusement vers le ciel. Tout semble avoir été construit pour respecter une harmonie complexe et un équilibre subtil. Si la perfection existe en ce monde, alors Melorn s’en rapproche sans l’ombre d’un doute.
J’ai vu tant de douleurs et de souffrances dans ma vie, traversé tant d’horreurs, foulé du pied tant de champs de bataille, perdant peu à peu pied face à la noirceur de ce monde que cette beauté trouve en moi un écho puissant. Je me prends à m’imaginer vivre en ce lieu même si au premier abord je ne semble pas être faite pour ça, oubliant pour un temps que même les endroits les plus lumineux ont leur côté sombre.
Mais pour l’instant je me sens juste légère, soulevée par la magie de cette elfe qui m’offre l’hospitalité avec une spontanéité désarmante. Mon regard noir se pose soudain sur elle. Le sien se détourne et il me semble percevoir un rose charmant colorer ses joues. Je détourne à mon tour les yeux, perturbée par sa présence, en proie à mon tour à une brusque poussée de chaleur.
Perdue dans ma quête de mes origines, je ne me suis pas rendu compte de sa beauté pure et fraîche. Elle est magnifique elle aussi, tout comme cet endroit, et la sentir si proche de moi ne me laisse clairement pas indifférente.
Nous arrivons en haut et elle m’entraîne à l’intérieur. Un intérieur subtilement décoré, propre et parfaitement rangé. J’ai l’impression que chaque objet est à la place qu’il doit occuper pour dégager un sentiment général de plénitude et de sérénité. Rien à voir avec les endroits sordides des casernes que j’ai pu côtoyer, même si j’adore dormir à la belle étoile en pleine nature sur un moelleux tapis de mousse.
Elle me propose de me mettre à l’aise et de nouveau j’ai le sentiment désagréable de ne pas être à ma place. Je me sens trop gauche, trop grande, trop sauvage pour avoir le droit d’être dans un tel endroit. A vrai dire depuis que mon clan a été massacré, je me sens étrangère partout où je vais et certains ne se gênent pas pour me le faire remarquer avec plus ou moins de subtilité. En tout cas je dois avouer que le logis de l’elfe est des plus charmants et j’ai l’impression de pouvoir m’y faire pour un temps.
« - Installe toi, je vais préparer le repas. Qu’aiment manger les guerrières oni aux origines mystérieuses ? »
C’est mon estomac qui répond le premier dans un gargouillement sans équivoque me ramenant à des choses plus… terre à terre.
Je balbutie une réponse maladroite alors que je me débarrasse de ma lourde cape sans trop savoir où la poser pour ne pas briser l’équilibre du lieu.
- Euh, rien… tout... enfin je veux dire que je ne suis pas difficile.
Je me mordille la lèvre inférieure, me tançant intérieurement d’être aussi ridicule, ma cape toujours dans les bras.
De toute manière je sais déjà que tout ce qu’elle pourra m’offrir sera juste délicieux. Et si elle savait le goût de l’espèce de gruau infame que l’on doit ingurgiter dans l’armée… En revanche, elle risque d’être surprise par mon appétit. Je suis une grosse mangeuse, consommant beaucoup d’énergie pour maintenir une température corporelle supérieure à la normale et satisfaire mon imposante carcasse.
J’essaie de répondre à sa dernière question…
- Je…
…mais j’abandonne, un air dépité s’inscrivant sur mon visage. Je trouve enfin une chaise y déposant ma cape en la pliant du mieux possible.
Je parle rarement de moi. A vrai dire mes amis se comptent sur le doigt d’une main, et encore, à part Gerda je n’en ai pas vraiment. Juste des connaissances croisées lors de mes périples, mais jamais de relations durables. Sûrement car je n’ai pas envie de de trop m’attacher et perdre de nouveau quelqu’un. J’ai tellement souffert de la perte des miens, que je ne suis pas sûr de pouvoir affronter une autre épreuve de ce genre.
Je m’adosse contre le mur, croisant mes bras sur ma poitrine, laissant mon regard charbonneux se perdre sur le plafond aux ornements délicats.
- J’ai combattu les sbires du titan X’o près de Mael au sein des armées du Reike.
Un long silence alors que je me remémore des horreurs de cette guerre où nous affrontions des êtres morts qui n’avaient aucun respect pour la vie.
- La guerre s’est arrêtée…
De l’amertume dans ma voix, car j’espérais pouvoir assouvir ma vengeance.
- …et je suis devenue mercenaire, une épée à louer naviguant au gré des contrats.
Sans but et sans attaches.
Je pose de nouveau mon regard sur elle, un regard dans lequel se mêlent des souffrances depuis longtemps refoulées. La puissante onie semble soudain étrangement fragile et vulnérable.
- J’ai besoin de savoir d’où je viens. Besoin de trouver un nouveau but dans ma vie.
Un sourire faible à son attention.
- Je ne sais pas comment te remercier de ce que tu as déjà fait pour moi. C’est tellement important, j’en ai besoin car je me sens dépérir à petit feu. Je suis la dernière de mon clan, porteuse de la mémoire des miens et cela est tellement lourd à assumer. J’ai besoin de retrouver de la force pour continuer à avancer, pour ne pas me faire happer par cette vengeance qui me pousse à faire des folies. Je…
Je détourne brusquement les yeux, effaçant rageusement quelques larmes qui osent perler à mes yeux.
- Excuse-moi. Je ne devrai pas t’ennuyer avec ça…
Invité
Invité
Je pose la main sur la sienne, et lui murmure avec douceur :
« - Tu ne m’ennuies pas. La raison qui t’anime, qui te met dans un tel état et qui t’a poussée à voyager aussi loin ne peut pas être un sujet barbant ! »
Touchée par sa tristesse, je la prends entre mes bras, la serre contre ma poitrine et essuie les larmes de sa joue du bout de mon doigt.
« - Tu n’es plus toute seule à chercher maintenant. Et nous trouverons ce que tu cherches, j’en suis certaine ! Et nous ne laisserons pas la mémoire de ton clan s’éteindre !»
J’ai beaucoup de compassion et de sympathie pour la pauvre Oni. J’ai assez vu de la guerre contre les titans pour savoir qu’elle ne laisse personne indemne, et Thylie en avait déjà bien assez vu avant ça ! J’ai envie de la garder contre moi, de sécher ses larmes, de voir un sourire se redessiner sur son visage. La vulnérabilité qu’elle affiche soudainement, et qui contraste avec son apparente robustesse, ne fait que souligner son charme et la complexité de sa personne.
Un sourire digne d’une publicité pour soins dentaires illumine mon visage alors que je poursuis :
« - Découvrir tout ça ne changera pas la personne remarquable que tu es, mais je sais que ça peut t’aider à te comprendre un peu mieux et à avancer plus sereinement. »
Mon sourire compatissant s’étire avec espièglerie :
« - Et puis c’est ce qui nous a permis de nous rencontrer aujourd’hui ! »
Je ne peux pas ignorer à quel point je me sens bien à ses côtés. A quel point son toucher est doux, agréable et apaisant pour moi. A quel point mon corps m’envoie un feu d’artifices de signaux frémissants, alors que je la touche et que mes mains semblent naturellement attirées par sa peau toute douce…
Ce qui nous interrompt, c’est le bruit inopportun d’un ventre qui gargouille. Je vais devoir me mettre à la tâche si je ne veux pas décevoir mon invitée ! Je relâche mon étreinte, et semble sur le point de la gratifier d’un geste tendre de la main, ou d’autre chose, mais me contente finalement d’un clin d’œil ouvert à toutes les interprétations.
Je guide l’onie jusqu’à sa chambre pour la nuit (qui est en réalité celle de ma sœur, mais comme elle ne devrait pas rentrer avant demain ou après-demain j’ai le temps de trouver une autre solution !), et lui donne ce qu’il faut pour se rafraîchir. Je lui indique qu’elle peut se servir dans la garde-robe si elle le souhaite. Même si je ne suis pas tout à fait certaines de disposer de vêtements à sa taille, Bronwynn est plus sportive que moi, et elle doit bien disposer de quelques vêtements un peu amples dans ses placards ; je suis sûre que je pourrais vêtir ma jolie Thylie d’une élégante tenue elfique si elle en a envie !
De mon côté, je troque ma robe de professeure contre une tunique d’intérieur plus légère, faite d’un tissu fin et doux comme un ruissellement d’eau, dont la coupe et le motif évoquent de larges feuilles. Puis je m’affaire à la cuisine.
Faisant appel à ma magie j’invoque à mes côtés Awengalion, chevalier dragon des étoiles, triomphateur du chaos et gardien des sept ordres, l’une des créatures de lumière que je suis capable de façonner au prix d’un certain effort et d’une certaine dépense d’énergie magique. Le chevalier en armure dorée, fait entièrement du même maillage de lumière qui lui donne un aspect mi-fantomatique, mi-divin, que la fleur-ascenseur, apparaît à mes côtés et me salue bien bas. Je lui rend son salut, et l’habille sans plus de manières d’un tablier :
« - Au travail vaillant héros, j’ai besoin d’un assistant de cuisine ! »
J’ignore si me servir de lui comme larbin pour les tâches ingrates le contrarie. Sans doute pas, puisqu’il est limité à des instructions et des actions simples, quoi qu’il en soit c’est déjà très satisfaisant d’arriver à me servir de lui pour découper les légumes, éplucher les fruits, ouvrir les fruits secs et me remplir un pichet d’eau chaque fois que j’en ai besoin !
Je n’ai certainement pas le talent des cuisiniers qui président à la préparations des grands banquets de Melorn, mais il s’agit de l’un de mes talents insoupçonnés. Voyager, parfois seule ou en compagnie de ma petite sœur qui a des goûts culinaires parfois discutables incite à apprendre à faire les choses soi-même, et l’un de mes péchés mignons réside en la découverte des habitudes et spécialités culinaires des autres contrées. Enfin plus précisément, pour classer les choses dans l’ordre :
1- Leur patrimoine
2- Leurs pratiques thermales
3- Leur cuisine !
La table a été dressée sur la terrasse, et nous pouvons apprécier la beauté de la ville dans le jour déclinant tandis qu’Awengalion, toujours vêtu de son tablier « C’est moi le chef ! », nous sert les plats un par un. S’alignent sur la table des œufs pochés à l'eau de rose, de la crème de haricots aux figues, une tourte de courge, un pâté de poissons, une salade de saison aux herbes, un bouillon de pommes à la cannelle, et pour finir une tarte aux pommes moelleuse.
Je me rends compte que j’ai peut être fait une erreur ce calcul en privilégiant la variété à la quantité quand je constate avec effroi ce que peut engloutir en oni en une seule bouchée ! Comment fait-elle pour rester svelte et musclée en engloutissant en une minute ce qui serait pour moi un repas de deux heures ?! Et je lis dans son regard que cette petite entrée en matière lui a servi, au mieux, d’apéritif !
Je commande un peu en panique à mon serviteur improvisé de m’apporter tout ce qu’il peut trouver en réserve : pains entiers, légumes frais, pâtés de légumes ou de viandes que je gardais pour plus tard, et tout ce qui peut assouvir l’appétit insatiable de mon invitée !
« - Tu ne m’ennuies pas. La raison qui t’anime, qui te met dans un tel état et qui t’a poussée à voyager aussi loin ne peut pas être un sujet barbant ! »
Touchée par sa tristesse, je la prends entre mes bras, la serre contre ma poitrine et essuie les larmes de sa joue du bout de mon doigt.
« - Tu n’es plus toute seule à chercher maintenant. Et nous trouverons ce que tu cherches, j’en suis certaine ! Et nous ne laisserons pas la mémoire de ton clan s’éteindre !»
J’ai beaucoup de compassion et de sympathie pour la pauvre Oni. J’ai assez vu de la guerre contre les titans pour savoir qu’elle ne laisse personne indemne, et Thylie en avait déjà bien assez vu avant ça ! J’ai envie de la garder contre moi, de sécher ses larmes, de voir un sourire se redessiner sur son visage. La vulnérabilité qu’elle affiche soudainement, et qui contraste avec son apparente robustesse, ne fait que souligner son charme et la complexité de sa personne.
Un sourire digne d’une publicité pour soins dentaires illumine mon visage alors que je poursuis :
« - Découvrir tout ça ne changera pas la personne remarquable que tu es, mais je sais que ça peut t’aider à te comprendre un peu mieux et à avancer plus sereinement. »
Mon sourire compatissant s’étire avec espièglerie :
« - Et puis c’est ce qui nous a permis de nous rencontrer aujourd’hui ! »
Je ne peux pas ignorer à quel point je me sens bien à ses côtés. A quel point son toucher est doux, agréable et apaisant pour moi. A quel point mon corps m’envoie un feu d’artifices de signaux frémissants, alors que je la touche et que mes mains semblent naturellement attirées par sa peau toute douce…
Ce qui nous interrompt, c’est le bruit inopportun d’un ventre qui gargouille. Je vais devoir me mettre à la tâche si je ne veux pas décevoir mon invitée ! Je relâche mon étreinte, et semble sur le point de la gratifier d’un geste tendre de la main, ou d’autre chose, mais me contente finalement d’un clin d’œil ouvert à toutes les interprétations.
Je guide l’onie jusqu’à sa chambre pour la nuit (qui est en réalité celle de ma sœur, mais comme elle ne devrait pas rentrer avant demain ou après-demain j’ai le temps de trouver une autre solution !), et lui donne ce qu’il faut pour se rafraîchir. Je lui indique qu’elle peut se servir dans la garde-robe si elle le souhaite. Même si je ne suis pas tout à fait certaines de disposer de vêtements à sa taille, Bronwynn est plus sportive que moi, et elle doit bien disposer de quelques vêtements un peu amples dans ses placards ; je suis sûre que je pourrais vêtir ma jolie Thylie d’une élégante tenue elfique si elle en a envie !
De mon côté, je troque ma robe de professeure contre une tunique d’intérieur plus légère, faite d’un tissu fin et doux comme un ruissellement d’eau, dont la coupe et le motif évoquent de larges feuilles. Puis je m’affaire à la cuisine.
Faisant appel à ma magie j’invoque à mes côtés Awengalion, chevalier dragon des étoiles, triomphateur du chaos et gardien des sept ordres, l’une des créatures de lumière que je suis capable de façonner au prix d’un certain effort et d’une certaine dépense d’énergie magique. Le chevalier en armure dorée, fait entièrement du même maillage de lumière qui lui donne un aspect mi-fantomatique, mi-divin, que la fleur-ascenseur, apparaît à mes côtés et me salue bien bas. Je lui rend son salut, et l’habille sans plus de manières d’un tablier :
« - Au travail vaillant héros, j’ai besoin d’un assistant de cuisine ! »
J’ignore si me servir de lui comme larbin pour les tâches ingrates le contrarie. Sans doute pas, puisqu’il est limité à des instructions et des actions simples, quoi qu’il en soit c’est déjà très satisfaisant d’arriver à me servir de lui pour découper les légumes, éplucher les fruits, ouvrir les fruits secs et me remplir un pichet d’eau chaque fois que j’en ai besoin !
Je n’ai certainement pas le talent des cuisiniers qui président à la préparations des grands banquets de Melorn, mais il s’agit de l’un de mes talents insoupçonnés. Voyager, parfois seule ou en compagnie de ma petite sœur qui a des goûts culinaires parfois discutables incite à apprendre à faire les choses soi-même, et l’un de mes péchés mignons réside en la découverte des habitudes et spécialités culinaires des autres contrées. Enfin plus précisément, pour classer les choses dans l’ordre :
1- Leur patrimoine
2- Leurs pratiques thermales
3- Leur cuisine !
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La table a été dressée sur la terrasse, et nous pouvons apprécier la beauté de la ville dans le jour déclinant tandis qu’Awengalion, toujours vêtu de son tablier « C’est moi le chef ! », nous sert les plats un par un. S’alignent sur la table des œufs pochés à l'eau de rose, de la crème de haricots aux figues, une tourte de courge, un pâté de poissons, une salade de saison aux herbes, un bouillon de pommes à la cannelle, et pour finir une tarte aux pommes moelleuse.
Je me rends compte que j’ai peut être fait une erreur ce calcul en privilégiant la variété à la quantité quand je constate avec effroi ce que peut engloutir en oni en une seule bouchée ! Comment fait-elle pour rester svelte et musclée en engloutissant en une minute ce qui serait pour moi un repas de deux heures ?! Et je lis dans son regard que cette petite entrée en matière lui a servi, au mieux, d’apéritif !
Je commande un peu en panique à mon serviteur improvisé de m’apporter tout ce qu’il peut trouver en réserve : pains entiers, légumes frais, pâtés de légumes ou de viandes que je gardais pour plus tard, et tout ce qui peut assouvir l’appétit insatiable de mon invitée !
Invité
Invité
Elle me prend dans ses bras dans un geste de tendre compassion. C’est vraiment inhabituel pour moi il faut dire que je montre rarement de signes de faiblesse comme en ce moment. Ses doigts viennent essuyer mes larmes avec une légèreté et une douceur presque irréelle et son sourire, si lumineux, chasse d’un seul coup toutes mes sombres pensées. Je souris en retour, me perdant dans l’émeraude de ses yeux pétillants et espiègles, comme happée dans un tourbillon de sensations positives.
Une de mes mains se pose instinctivement sur son flanc, descendant lentement en suivant la courbure de sa taille pour venir se poser dans le creux de ses reins. Subitement mon cœur s’emballe, alors que mon corps ne reste pas insensible à sa présence, à son odeur, au moelleux de sa poitrine. Un petit moment hors du temps soudainement brisé par les récriminations bruyantes d’un estomac affamé !
Gêne palpable alors que nous détournons les yeux, ma main s’envole et la jolie elfe relâche son étreinte me gratifiant d’un clin d’œil mystérieux. Je la suis, légèrement honteuse et encore perturbée par les sensations si agréables ressenties lorsqu’elle me tenait dans ses bras. Mais cela ne peut pas être partagé, il s’agissait juste d’une simple preuve de compassion et de compréhension envers ma tristesse. Rien de plus, d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Elle est si délicate et élégante alors que je suis…
Sa voix me tire de mes réflexions alors qu’elle me présente ma chambre pour la nuit. Un seul coup d’œil au lit et je me pâme de bonheur tant celui-ci semble confortable. L’endroit est lui aussi décoré avec soin et un goût indéniable pour les belles choses. Quant à la garde-robe, je reste bouche-bée devant la qualité des étoffes, la justesse des coupes, la profusion de couleurs, même si la plupart des tenues me semblent assez légères.
Je balbutie quelques mots pour signifier que je ne veux pas déranger, que c’est trop, mais l’elfe me gratifie de nouveau d’un sourire enjôleur qui me fait littéralement fondre et me rend incapable de protester…
Je me retrouve donc seule dans cette chambre, avec la sensation désagréable d’être un caillou dans une chaussure.
Un soupir et je me déshabille. Je dois avouer que je suis éreintée et affamée après un long voyage et des sommeils agités alors que je ne cesse de m’interroger sur ce que je suis, sur ce que je dois être. Épreuve éprouvante qu’un bon repas et un lit confortable finiront surement d’effacer. Je fais une rapide toilette avant de m’arrêter devant la garde-robe d’une personne que je ne connais même pas. Mes doigts courent sur les tissus au soyeux délicat et je retrouve un peu de cette innocence qui était la mienne avant que le titan ne massacre les miens. Des temps bénis où je m’extasiais avec mes amies devant les jolies choses que nous ramenait à intervalles irréguliers, Gerda, la marchande ambulante naine qui osait s’aventurer jusque sur les terres des miens. Un nouveau soupir, alors que je sens une profonde tristesse m’envahir de nouveau.
Je jette un coup d’œil sur mon paquetage en grimaçant. Je n’ai rien de vraiment élégant ou seyant à me mettre, si ce n’est une tenue de voyage propre. Pourtant j’ai envie d’entre chose, envie de me sentir belle, envie qu’elle me trouve agréable à regarder. Le rouge me monte aux joues alors que je me rends compte une nouvelle fois que la présence de la jolie elfe ne me laisse pas insensible alors que j’entends sa voix chantante à travers la cloison.
Je cherche donc quelque chose que je puisse enfiler, tâche au combien ardue car mon anatomie puissante n’a rien à voir avec celle de la propriétaire des vêtements. Soudain j’extrais une robe de chambre. Le tissu est soyeux comme le pétale d’une rose et la couleur d’un rouge flamboyant s’accorde parfaitement à ma chevelure de feu. De délicates broderies dorées s’égaient sur les manches, semblant s’enrouler comme des flammes. Mais surtout, elle est suffisamment ample pour que je puisse l’enfiler, même si elle m’arrive au-dessus des genoux et si elle est très proche du corps. J’ajuste la ceinture du mieux possible, avant de lisser le tissu, apparemment ravie d’avoir trouvé quelque chose de convenable à me mettre.
Je lisse ensuite mes cheveux, qui ondulent jusque sur mes épaules et rendent mon visage plus doux et moins austère qu’à l’habitude. Puis j’extrais de mon paquetage des bijoux de cornes, des créations uniques de mon amie Gerda. Le genre de chose que j’adore, mais que je n’ai malheureusement jamais l’occasion de porter. Jusqu’à aujourd’hui. L’avantage est que je possède quatre cornes fines qui offrent une multitude de possibilité pour un esprit créatif. Et Gerda est très créative et habile de ses mains, comme tous les nains. J’attache donc les boucles dorées sur mes cornes, les reliant par de délicates chaînettes qui retombent sur mes épaules en un rideau doré qui scintille à chaque fois que je bouge la tête. Tout cela me prend bien plus de temps que prévu et j’espère que celle pour qui je le fais sera séduite…
Les mets sont succulents, les saveurs et les textures se mêlent dans ma bouche en un feu d’artifice de délices. Tout est tellement bon que je me confonds en compliment, mais le meilleur, pour tout cuisinier, est de voir avec quel appétit joyeux j’engloutis ce que le chevalier de lumière dépose devant moi.
La vue sur la ville au crépuscule est absolument magnifique, mais je dois dire que c’est une autre forme de beauté qui attire invariablement mon regard, celle de mon hôte qui s’évertue à me satisfaire du mieux possible. Entre deux plats, je redécouvre cette forme de curiosité enfantine qui l’anime alors qu’elle me pose des questions sur mon peuple, sur ma culture, sur nos traditions. Cela me met en joie et une part de moi espère secrètement que ce n’est pas uniquement pour satisfaire sa soif de connaissance, mais aussi par curiosité envers ma propre personne.
- Les miens suivent ce que l’on appelle la Faya’Edei, la voie du feu. Ma mère était une Faya’Shila, gardienne du feu sacré, une forme de grande prêtresse. Elle était capable de lire dans les flammes pour guider mon peuple. Le sceptre que je porte était le sien, il attestait de sa fonction et de son importance. Elle…
Parfois mon récit est entrecoupé d’instant mélancolique qui rappelle la tragédie qui a frappé les miens.
- …m’a enseigné ce qu’elle savait, même si je n’ai jamais pensé pouvoir lui succéder. A vrai dire, je me considérai plus comme une guerrière, une chasseresse et ça c’était le rôle de mon père de m’apprendre à me battre pour survivre. L’épée que je porte lui appartenait car il était le chef de notre clan. Encore une fois je ne pensais pas un jour en hériter.
De nouveau je me perds dans mes souvenirs et mon regard s’abandonne dans le lointain.
- Ma mère me disait que j’étais la flamme éternelle. Je ne comprenais pas pourquoi elle m’appelait ainsi, et elle éludait dans un sourire mes questions en me disant que c’était comme ça.
Un soupir soulève ma poitrine.
- Je sais maintenant qu’elle avait vu ce qui allait se passer. Elle savait que j’étais la dernière de mon clan, la flamme éternelle, porteuse des souvenirs et des traditions de tout un peuple. C’est pour cela qu’ils étaient si durs avec moi, me poussant pour que je sois forte. Même nos anciens m’enseignaient leur savoir pour que j’en sois le réceptacle.
Ma voix qui tremble.
- Mais je me sens inutile maintenant, car je n’ai plus personne à qui les transmettre. Ils sont tous morts et je ne sais plus ce que je dois faire. C’est pour cela que je suis venue ici pour essayer d’y trouver des réponses.
Je me perds de nouveau dans son regard émeraude, un regard qui est un baume apaisant pour la peine que je ressens. Je ne la connais que depuis quelques heures et pourtant je me sens en confiance près d’elle.
- Il faut que je te montre quelque chose.
Je me lève et me mets à genoux à côté d’elle pour lui présenter mon dos. Je fais glisser le fin tissu sur mes épaules, l’étoffe dévoilant mon dos nu, révélant une musculature souple et puissante. Mais ce sont surtout les tatouages qui le couvrent qui attirent le regard. Des tatouages différents de ceux qu’on a l’habitude de voir. Pas de schémas symétriques ou de figures isolées aisément reconnaissables. Non, mais l’impression d’un ensemble de scènes qui s’enchaînent avec une étonnante fluidité, comme si on pouvait y lire une histoire…
Ma main se porte sur mon épaule gauche, là où tout commence.
- Là, c’est le cri, le moment où l’on nait, le souffle de vie qui anime notre flamme.
Je me tourne à demi vers elle, prenant une de ses mains pour la poser à cet endroit et l’inciter à suivre les courbes du tatouage.
- Nous inscrivons sur nos peaux les moments marquants de notre vie, pour toujours nous souvenir d’où nous venons et ce que nous sommes. Pour que notre histoire nous accompagne à notre mort dans le royaume des flammes.
Une manière de remplacer l’écriture inexistante dans ma culture.
Je sens ses doigts qui glisse lentement sur ma peau et de délicieux frissons viennent attiser le feu qui s’éveille dans mon bas ventre. Parfois elle s’arrête et je lui raconte ce que le dessin représente, la première fois où j’ai généré du feu, le jour où j’ai vaincu un ours à mains nues pour entrer dans l’âge adulte…
J’aimerai que cet instant n’ait pas de fin, pourtant il s’arrête abruptement sur mon flanc droit, là où les tatouages s’arrêtent.
- A la mort des miens j’ai cru que c’était la fin.
Ma gorge est nouée par l’émotion.
- J’étais dévorée par la vengeance et la haine, je voulais tuer celui qui avait fait ça et ma vie n’avait plus d’importance.
Une de mes mains vient envelopper la sienne, toujours posée sur mon flanc.
- J’avais perdu espoir en l’avenir. J’aurai dû mourir, terrassé par les sbires du titan. Mais quelqu’un m’a fait comprendre que la vengeance m’aveuglait, que je n’avais pas le droit de mourir car je porte en moi le souvenir des miens. Et si je meurs, alors ils mourront définitivement avec moi.
Le poids de cette responsabilité semble brusquement peser sur mes épaules et ma voix se fait souffle.
- Alors je dois vivre. Je dois me battre pour eux, je dois comprendre pourquoi je suis encore en vie, pourquoi le titan m’a épargné. C’est pour cela que je suis ici, pour trouver des réponses, pour trouver un but, une étincelle à même de raviver ma flamme et peut-être ouvrir un nouveau chapitre.
Ma main qui serre plus fortement la sienne.
- C’est pour ça que je suis avec toi en ce moment…
Une de mes mains se pose instinctivement sur son flanc, descendant lentement en suivant la courbure de sa taille pour venir se poser dans le creux de ses reins. Subitement mon cœur s’emballe, alors que mon corps ne reste pas insensible à sa présence, à son odeur, au moelleux de sa poitrine. Un petit moment hors du temps soudainement brisé par les récriminations bruyantes d’un estomac affamé !
Gêne palpable alors que nous détournons les yeux, ma main s’envole et la jolie elfe relâche son étreinte me gratifiant d’un clin d’œil mystérieux. Je la suis, légèrement honteuse et encore perturbée par les sensations si agréables ressenties lorsqu’elle me tenait dans ses bras. Mais cela ne peut pas être partagé, il s’agissait juste d’une simple preuve de compassion et de compréhension envers ma tristesse. Rien de plus, d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Elle est si délicate et élégante alors que je suis…
Sa voix me tire de mes réflexions alors qu’elle me présente ma chambre pour la nuit. Un seul coup d’œil au lit et je me pâme de bonheur tant celui-ci semble confortable. L’endroit est lui aussi décoré avec soin et un goût indéniable pour les belles choses. Quant à la garde-robe, je reste bouche-bée devant la qualité des étoffes, la justesse des coupes, la profusion de couleurs, même si la plupart des tenues me semblent assez légères.
Je balbutie quelques mots pour signifier que je ne veux pas déranger, que c’est trop, mais l’elfe me gratifie de nouveau d’un sourire enjôleur qui me fait littéralement fondre et me rend incapable de protester…
Je me retrouve donc seule dans cette chambre, avec la sensation désagréable d’être un caillou dans une chaussure.
Un soupir et je me déshabille. Je dois avouer que je suis éreintée et affamée après un long voyage et des sommeils agités alors que je ne cesse de m’interroger sur ce que je suis, sur ce que je dois être. Épreuve éprouvante qu’un bon repas et un lit confortable finiront surement d’effacer. Je fais une rapide toilette avant de m’arrêter devant la garde-robe d’une personne que je ne connais même pas. Mes doigts courent sur les tissus au soyeux délicat et je retrouve un peu de cette innocence qui était la mienne avant que le titan ne massacre les miens. Des temps bénis où je m’extasiais avec mes amies devant les jolies choses que nous ramenait à intervalles irréguliers, Gerda, la marchande ambulante naine qui osait s’aventurer jusque sur les terres des miens. Un nouveau soupir, alors que je sens une profonde tristesse m’envahir de nouveau.
Je jette un coup d’œil sur mon paquetage en grimaçant. Je n’ai rien de vraiment élégant ou seyant à me mettre, si ce n’est une tenue de voyage propre. Pourtant j’ai envie d’entre chose, envie de me sentir belle, envie qu’elle me trouve agréable à regarder. Le rouge me monte aux joues alors que je me rends compte une nouvelle fois que la présence de la jolie elfe ne me laisse pas insensible alors que j’entends sa voix chantante à travers la cloison.
Je cherche donc quelque chose que je puisse enfiler, tâche au combien ardue car mon anatomie puissante n’a rien à voir avec celle de la propriétaire des vêtements. Soudain j’extrais une robe de chambre. Le tissu est soyeux comme le pétale d’une rose et la couleur d’un rouge flamboyant s’accorde parfaitement à ma chevelure de feu. De délicates broderies dorées s’égaient sur les manches, semblant s’enrouler comme des flammes. Mais surtout, elle est suffisamment ample pour que je puisse l’enfiler, même si elle m’arrive au-dessus des genoux et si elle est très proche du corps. J’ajuste la ceinture du mieux possible, avant de lisser le tissu, apparemment ravie d’avoir trouvé quelque chose de convenable à me mettre.
Je lisse ensuite mes cheveux, qui ondulent jusque sur mes épaules et rendent mon visage plus doux et moins austère qu’à l’habitude. Puis j’extrais de mon paquetage des bijoux de cornes, des créations uniques de mon amie Gerda. Le genre de chose que j’adore, mais que je n’ai malheureusement jamais l’occasion de porter. Jusqu’à aujourd’hui. L’avantage est que je possède quatre cornes fines qui offrent une multitude de possibilité pour un esprit créatif. Et Gerda est très créative et habile de ses mains, comme tous les nains. J’attache donc les boucles dorées sur mes cornes, les reliant par de délicates chaînettes qui retombent sur mes épaules en un rideau doré qui scintille à chaque fois que je bouge la tête. Tout cela me prend bien plus de temps que prévu et j’espère que celle pour qui je le fais sera séduite…
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Les mets sont succulents, les saveurs et les textures se mêlent dans ma bouche en un feu d’artifice de délices. Tout est tellement bon que je me confonds en compliment, mais le meilleur, pour tout cuisinier, est de voir avec quel appétit joyeux j’engloutis ce que le chevalier de lumière dépose devant moi.
La vue sur la ville au crépuscule est absolument magnifique, mais je dois dire que c’est une autre forme de beauté qui attire invariablement mon regard, celle de mon hôte qui s’évertue à me satisfaire du mieux possible. Entre deux plats, je redécouvre cette forme de curiosité enfantine qui l’anime alors qu’elle me pose des questions sur mon peuple, sur ma culture, sur nos traditions. Cela me met en joie et une part de moi espère secrètement que ce n’est pas uniquement pour satisfaire sa soif de connaissance, mais aussi par curiosité envers ma propre personne.
- Les miens suivent ce que l’on appelle la Faya’Edei, la voie du feu. Ma mère était une Faya’Shila, gardienne du feu sacré, une forme de grande prêtresse. Elle était capable de lire dans les flammes pour guider mon peuple. Le sceptre que je porte était le sien, il attestait de sa fonction et de son importance. Elle…
Parfois mon récit est entrecoupé d’instant mélancolique qui rappelle la tragédie qui a frappé les miens.
- …m’a enseigné ce qu’elle savait, même si je n’ai jamais pensé pouvoir lui succéder. A vrai dire, je me considérai plus comme une guerrière, une chasseresse et ça c’était le rôle de mon père de m’apprendre à me battre pour survivre. L’épée que je porte lui appartenait car il était le chef de notre clan. Encore une fois je ne pensais pas un jour en hériter.
De nouveau je me perds dans mes souvenirs et mon regard s’abandonne dans le lointain.
- Ma mère me disait que j’étais la flamme éternelle. Je ne comprenais pas pourquoi elle m’appelait ainsi, et elle éludait dans un sourire mes questions en me disant que c’était comme ça.
Un soupir soulève ma poitrine.
- Je sais maintenant qu’elle avait vu ce qui allait se passer. Elle savait que j’étais la dernière de mon clan, la flamme éternelle, porteuse des souvenirs et des traditions de tout un peuple. C’est pour cela qu’ils étaient si durs avec moi, me poussant pour que je sois forte. Même nos anciens m’enseignaient leur savoir pour que j’en sois le réceptacle.
Ma voix qui tremble.
- Mais je me sens inutile maintenant, car je n’ai plus personne à qui les transmettre. Ils sont tous morts et je ne sais plus ce que je dois faire. C’est pour cela que je suis venue ici pour essayer d’y trouver des réponses.
Je me perds de nouveau dans son regard émeraude, un regard qui est un baume apaisant pour la peine que je ressens. Je ne la connais que depuis quelques heures et pourtant je me sens en confiance près d’elle.
- Il faut que je te montre quelque chose.
Je me lève et me mets à genoux à côté d’elle pour lui présenter mon dos. Je fais glisser le fin tissu sur mes épaules, l’étoffe dévoilant mon dos nu, révélant une musculature souple et puissante. Mais ce sont surtout les tatouages qui le couvrent qui attirent le regard. Des tatouages différents de ceux qu’on a l’habitude de voir. Pas de schémas symétriques ou de figures isolées aisément reconnaissables. Non, mais l’impression d’un ensemble de scènes qui s’enchaînent avec une étonnante fluidité, comme si on pouvait y lire une histoire…
Ma main se porte sur mon épaule gauche, là où tout commence.
- Là, c’est le cri, le moment où l’on nait, le souffle de vie qui anime notre flamme.
Je me tourne à demi vers elle, prenant une de ses mains pour la poser à cet endroit et l’inciter à suivre les courbes du tatouage.
- Nous inscrivons sur nos peaux les moments marquants de notre vie, pour toujours nous souvenir d’où nous venons et ce que nous sommes. Pour que notre histoire nous accompagne à notre mort dans le royaume des flammes.
Une manière de remplacer l’écriture inexistante dans ma culture.
Je sens ses doigts qui glisse lentement sur ma peau et de délicieux frissons viennent attiser le feu qui s’éveille dans mon bas ventre. Parfois elle s’arrête et je lui raconte ce que le dessin représente, la première fois où j’ai généré du feu, le jour où j’ai vaincu un ours à mains nues pour entrer dans l’âge adulte…
J’aimerai que cet instant n’ait pas de fin, pourtant il s’arrête abruptement sur mon flanc droit, là où les tatouages s’arrêtent.
- A la mort des miens j’ai cru que c’était la fin.
Ma gorge est nouée par l’émotion.
- J’étais dévorée par la vengeance et la haine, je voulais tuer celui qui avait fait ça et ma vie n’avait plus d’importance.
Une de mes mains vient envelopper la sienne, toujours posée sur mon flanc.
- J’avais perdu espoir en l’avenir. J’aurai dû mourir, terrassé par les sbires du titan. Mais quelqu’un m’a fait comprendre que la vengeance m’aveuglait, que je n’avais pas le droit de mourir car je porte en moi le souvenir des miens. Et si je meurs, alors ils mourront définitivement avec moi.
Le poids de cette responsabilité semble brusquement peser sur mes épaules et ma voix se fait souffle.
- Alors je dois vivre. Je dois me battre pour eux, je dois comprendre pourquoi je suis encore en vie, pourquoi le titan m’a épargné. C’est pour cela que je suis ici, pour trouver des réponses, pour trouver un but, une étincelle à même de raviver ma flamme et peut-être ouvrir un nouveau chapitre.
Ma main qui serre plus fortement la sienne.
- C’est pour ça que je suis avec toi en ce moment…
Invité
Invité
Je me laisse guider en silence, en prenant garde à ne pas l’interrompre tandis que mes doigts parcourent sa peau au rythme de son récit passionnant. Ses tatouages, qui n’étaient jusque-là rien d’autres que des motifs sur son corps, deviennent soudainement une histoire poignante et humaine (onienne devrait-on-dire), incarnée par celle qui en arbore les témoignages. Plus beaux et plus parlants que des cicatrices, plus intimes que de simples dessins sur un parchemin, j’ai l’impression de vivre son histoire avec elle !
Et puis que dire du frisson qui parcourt mon bras, jusque dans ma poitrine, alors que je me laisse happer par le doux contact de sa peau ?
« - Je n’aimerais être avec personne d’autre ce soir. »
Son récit est fini, et pourtant ma main libre continue de parcourir son dos. Elle erre parmi les motifs bien sûr, comme pour apprendre et relire encore une fois les différents évènements, mais pas seulement. Elle s’égare sur ses épaules, pour la délasser un peu du fardeau qui semble s’y abattre. Et puis mes doigts glissent sur ses côtés , là où sa peau est encore plus douce.
Mon autre main tient la sienne bien serrée, et elle non plus n’aimerait être nulle part ailleurs !
« - Tu peux être fière de l’histoire que racontent tes tatouages. Peu importe ce qui t’arrive ensuite, même si tu dois être la dernière de ton peuple, tu n’auras pas à rougir devant eux et personne ne pourra dire que tu as été indigne de porter leur mémoire ! »
Ma main glisse avec douceur sur son flanc, là où se termine son histoire.
« - Je ne crois pas que ton histoire devrait s’arrêter ici. J’ai hâte d’y lire le récit de ta redécouverte de la Faya’Edei si il te prend l’envie de la faire dessiner ! Et puis… »
Je glousse :
« - Ça me donnera à nouveau un prétexte pour te déshabiller ! »
Est-ce que mes doigts étaient censés s’aventurer aussi loin sur sa peau ? Il n’y a pourtant pas de dessins sur son ventre ou sur ses hanches ! Et puis d’ailleurs, peut-on vraiment mieux apprécier des tatouages lorsqu’on les lit avec des caresses tendes et appuyées, en savourant les frissons que cela fait naître sur tout mon corps ? Je réponds oui, madame la juge ! Plus je la caresse et moins j’ai envie d’arrêter ! J’ai envie de l’aimer et d’être aimée par elle. J’ai envie de nous laisser aller ensemble, oubliant toute forme de convenances et tout le reste, pour juste profiter de notre moment !
Je suis appuyée contre elle, ma poitrine reposant sur son dos et mon visage sur son épaule, tout près du sien. Mes mains viennent se poser sur sa poitrine pour la pétrir avec gourmandise, glissant parfois du bout des doigts sur ses pointes sensibles, découvrant à tâtons son corps qui me fascine et me fait me sentir toute autre, et en appréciant la douceur qui fait s’accélérer les battements de mon cœur et les frissons s’emparent de moi.
Je lui murmure simplement :
« - Tu me plais Thylie. »
Et puis que dire du frisson qui parcourt mon bras, jusque dans ma poitrine, alors que je me laisse happer par le doux contact de sa peau ?
« - Je n’aimerais être avec personne d’autre ce soir. »
Son récit est fini, et pourtant ma main libre continue de parcourir son dos. Elle erre parmi les motifs bien sûr, comme pour apprendre et relire encore une fois les différents évènements, mais pas seulement. Elle s’égare sur ses épaules, pour la délasser un peu du fardeau qui semble s’y abattre. Et puis mes doigts glissent sur ses côtés , là où sa peau est encore plus douce.
Mon autre main tient la sienne bien serrée, et elle non plus n’aimerait être nulle part ailleurs !
« - Tu peux être fière de l’histoire que racontent tes tatouages. Peu importe ce qui t’arrive ensuite, même si tu dois être la dernière de ton peuple, tu n’auras pas à rougir devant eux et personne ne pourra dire que tu as été indigne de porter leur mémoire ! »
Ma main glisse avec douceur sur son flanc, là où se termine son histoire.
« - Je ne crois pas que ton histoire devrait s’arrêter ici. J’ai hâte d’y lire le récit de ta redécouverte de la Faya’Edei si il te prend l’envie de la faire dessiner ! Et puis… »
Je glousse :
« - Ça me donnera à nouveau un prétexte pour te déshabiller ! »
Est-ce que mes doigts étaient censés s’aventurer aussi loin sur sa peau ? Il n’y a pourtant pas de dessins sur son ventre ou sur ses hanches ! Et puis d’ailleurs, peut-on vraiment mieux apprécier des tatouages lorsqu’on les lit avec des caresses tendes et appuyées, en savourant les frissons que cela fait naître sur tout mon corps ? Je réponds oui, madame la juge ! Plus je la caresse et moins j’ai envie d’arrêter ! J’ai envie de l’aimer et d’être aimée par elle. J’ai envie de nous laisser aller ensemble, oubliant toute forme de convenances et tout le reste, pour juste profiter de notre moment !
Je suis appuyée contre elle, ma poitrine reposant sur son dos et mon visage sur son épaule, tout près du sien. Mes mains viennent se poser sur sa poitrine pour la pétrir avec gourmandise, glissant parfois du bout des doigts sur ses pointes sensibles, découvrant à tâtons son corps qui me fascine et me fait me sentir toute autre, et en appréciant la douceur qui fait s’accélérer les battements de mon cœur et les frissons s’emparent de moi.
Je lui murmure simplement :
« - Tu me plais Thylie. »
Invité
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Frissons délicieux qui naissent partout où errent ses mains baladeuses. J’en oublie pour un temps mes tourments et mes doutes, me laissant juste porter par le doux son de sa voix, appréciant le contact de ses doigts agiles qui délaissent bientôt les tatouages pour explorer le reste de mon anatomie. Je la sens qui se presse contre moi, le contact de sa poitrine ferme contre mon dos à travers la mince étoffe qui la couvre et je peux surtout percevoir son cœur qui s’emballe tout comme le mien.
Ses mains se posent sur mes seins, ses doigts viennent jouer avec mes pointes fières et je laisse ma tête aller en arrière sur son épaule pour soupirer d’aise. Ses caresses sont envoutantes, son odeur est enivrante, sa beauté ensorcelante, elle est ce que la nature semble avoir fait de plus parfait sur cette terre et j’ai du mal à mesurer la chance qui m’est offerte de profiter d’un tel joyau.
« - Tu me plais Thylie. »
Sa voix résonne dans mon oreille comme une promesse et je réponds dans un soupir.
- Toi aussi.
Comment pourrait-il en être autrement…
Je souris et pose mes mains sur les siennes pour l’encourager à masser plus fermement encore ma poitrine durcit par le plaisir. Habituellement je prends la direction des opérations lors de mes ébats amoureux, j’aime imposer mon rythme à mes partenaires, mais là j’ai envie de m’abandonner à la douce symphonie que dictent ses doigts sur ma peau. Envie de lâcher prise, d’oublier le lourd fardeau qui pèse sur mes épaules, de me laisser emporter par ma délicieuse amante sur le tendre chemin d’une nuit étoilée qui s’annonce mémorable.
Je guide une de ses mains sur mon ventre, la laissant apprécier les formes des muscles puissants de mon abdomen alors qu’elle descend lentement plus bas, toujours plus bas. Un soupir plus long que les précédents s’échappe d’entre mes lèvres entrouvertes lorsque ses doigts atteignent ma toison rousse pour venir s’y perdre. Ma voix est un murmure chargé d’envie contenue.
- Embrasse-moi.
Je lui offre ma bouche pour qu’elle puisse s’y abreuver. J’ai tellement hâte de goûter à ses lèvres que j’en frisonne d’impatience. Et ma main qui la mène toujours plus bas sous l’étoffe qui couvre encore le bas de mon corps.
Jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin d’autres lèvres beaucoup plus sensibles qui n’attendent plus que ça…
Ses mains se posent sur mes seins, ses doigts viennent jouer avec mes pointes fières et je laisse ma tête aller en arrière sur son épaule pour soupirer d’aise. Ses caresses sont envoutantes, son odeur est enivrante, sa beauté ensorcelante, elle est ce que la nature semble avoir fait de plus parfait sur cette terre et j’ai du mal à mesurer la chance qui m’est offerte de profiter d’un tel joyau.
« - Tu me plais Thylie. »
Sa voix résonne dans mon oreille comme une promesse et je réponds dans un soupir.
- Toi aussi.
Comment pourrait-il en être autrement…
Je souris et pose mes mains sur les siennes pour l’encourager à masser plus fermement encore ma poitrine durcit par le plaisir. Habituellement je prends la direction des opérations lors de mes ébats amoureux, j’aime imposer mon rythme à mes partenaires, mais là j’ai envie de m’abandonner à la douce symphonie que dictent ses doigts sur ma peau. Envie de lâcher prise, d’oublier le lourd fardeau qui pèse sur mes épaules, de me laisser emporter par ma délicieuse amante sur le tendre chemin d’une nuit étoilée qui s’annonce mémorable.
Je guide une de ses mains sur mon ventre, la laissant apprécier les formes des muscles puissants de mon abdomen alors qu’elle descend lentement plus bas, toujours plus bas. Un soupir plus long que les précédents s’échappe d’entre mes lèvres entrouvertes lorsque ses doigts atteignent ma toison rousse pour venir s’y perdre. Ma voix est un murmure chargé d’envie contenue.
- Embrasse-moi.
Je lui offre ma bouche pour qu’elle puisse s’y abreuver. J’ai tellement hâte de goûter à ses lèvres que j’en frisonne d’impatience. Et ma main qui la mène toujours plus bas sous l’étoffe qui couvre encore le bas de mon corps.
Jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin d’autres lèvres beaucoup plus sensibles qui n’attendent plus que ça…
Invité
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- 18+:
- J’ignore comment ça s’est passé. L’instant d’avant nous étions sagement en train de bavarder sur la terrasse, et nous voilà soudainement en train de nous embrasser avec passion en roulant sur le lit moelleux de ma chambre ! (Enfin c’est la mienne, je crois. Je serais une drôle de grande sœur si j’avais attiré une belle oni à demi nue dans la chambre de ma petite sœur !). Peu importe : je ne désire rien d’autre que de goûter à ses lèvres fines, encore et encore, explorer son corps, la sentir frissonner de plaisir et partager avec elle cette extase !
Elle adossée sur le lit, enfoncée dans le matelas moelleux, moi au-dessus d’elle, mes cheveux détachés tombant en mèches blondes sur son visage, nous partageons une profonde étreinte. Nos lèvres se rencontrent avec avidité, tandis que mes mains se glissent sur sa peau en caresses enfiévrées. La droite retient son épaule et son dos, tandis que la gauche s’aventure sur son ventre ferme. Elle prend le temps de parcourir ses formes désirables, de profiter du toucher de sa peau si douce, puis elle se glisse dans son pantalon, et s’empare de son endroit le plus sensible et secret. Je la titille avec douceur, avec un doigté tout elfique, jouant à provoquer en elle toutes sortes de fourmillements et de frissons !
Lorsque nos lèvres se séparent, je couvre son corps de baisers tièdes : sa gorge, sa poitrine -j’ai une petite attention pour ses pointes frémissantes !-, son ventre ferme -son nombril à droit à un petit traitement spécial !-. Lorsque j’arrive à sa taille, je détache sa ceinture et fais glisser son pantalon le long de ses cuisses, gloussant lorsque celui-ci me résiste au moment de passer ses chevilles. Je profite d’ailleurs de ce que ses jambes soient à ma merci pour les attirer contre moi, allongeant Thylie sur le dos, et les gratifiant elles aussi de mes attentions.
Je lui murmure, un sourire gourmand sur les lèvres :
« - Mmmh… tu me plais… je te veux… »
Je me sens d’humeur gourmande et exigeante. Mes baisers se transforment en petites morsures sur ses mollets, tandis que je joue à y laisser de petites marques qui se teintent de rouge avant de disparaître.
Je ris à nouveau lorsque son regard croise le mien :
« - Je suis encore beaucoup trop habillée ! Tu m’aides avec ma robe ? »
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