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Citoyen du monde
Rêve
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La bête mythique souriait. Pas au sens traditionnel de la chose, rien dans son visage à peine compréhensible n'assimilant ses traits à une éventuelle risette. C'était pourtant clairement perceptible, dans sa posture comme dans l'aspect subitement aérien et dansant de ses mouvements distraits. Face à la Griffe, il avait feint la satisfaction. Face à Iratus, il lutterait contre sa propre frustration. Cette interaction avec l'Oreille, en revanche; contentait véritablement Rêve et c'était en cela qu'elle l'inquiétait davantage que les autres.
L'Empire n'appréciait aucune influence, pas la moindre contradiction sur le plan moral ou spirituel; il était donc difficile de croire qu'un être aussi profondément clivant que le Voyageur puisse y trouver sa digne place et les engagements que prenait le maître-espion paraissaient pourtant favoriser l'idéal d'une coopération véritable. Tisseur de fantasmes et dresseur de jeunes mensonges, Rêve savait mieux que quiconque que les promesses étaient parfois porteuses d'un puissant venin : la naïve espérance. Peu désireux de figurer parmi les victimes d'une telle toxine, il choisit de n'accorder à l'Oreille qu'une sommaire confiance et sut d'instinct qu'il serait imité dans cette approche.
Les mots de conclusion de Zephyr furent tout d'abord ceux des conquérants, en parfaite adéquation avec l'image que l'on se faisait du bellicisme des suivants de l'Empereur Dragon. Il y eut cependant dans la suite du discours de plus complaisantes avances, à savoir l'assurance de lendemains faits de mutuel respect et d'alliances. Ecartant finalement sa main de l'épaule de son vis-à-vis, Rêve retourna loger ses serres sous les replis de sa mystérieuse cape faite de plumes métamorphes puis tout en sondant l'indéchiffrable espion, il reprit posément :
"Tu en auras prestement, à n'en point douter."
Bien que Rêve ne fut nullement doté de prescience, il devinait sans mal que les drastiques changements qu'allaient subir les terres shoumeïennes n'en étaient pour l'heure qu'à leurs sinistres balbutiements et qu'en vue des évènements futurs, la grimpante corruption aurait tôt fait de devenir bien plus qu'une éventualité redoutable. Que feraient ils alors, ces pauvrets déjà trop démunis pour se sustenter par eux-mêmes, lorsque de divines aberrations viendraient détruire le maigre solde de leurs efforts et que le mal le plus primordial qui fut retournerait les frapper dans le dos ?
Rêve était puissant, mais pas assez pour faire front en solitaire face à toute une armada de guerriers saints et de zélés rendus aussi terribles qu'implacables par les dons de leurs maîtres. Le Diable avait la longévité, l'espérance et la sagesse en guise d'armes; rien au demeurant pour s'opposer face à l'insondable terreur qu'incarnaient les fils des Titanides. Devait il entièrement se fier à son simulacre d'alliance avec l'Empire draconique ? Il n'y croyait pas lui-même.
Zephyr maîtrisait la langue avec élégance et soin mais son discours n'avait su persuader son vis-à-vis de la plus grande inquiétude du Voyageur. Il se souvenait des mots de Deydreus et, plus important encore, de ce sens tordu de la justice qu'aucun Reikois ne cherchait à dissimuler et qu'ils embrassaient d'ailleurs avec fougue. Les faibles ne méritaient que d'être égorgés par les forts et seuls les loups devaient subsister. Ne valait il pas mieux alors se ranger du côté du Divin ? Le soutien du Reike était, après tout; plutôt relatif...
Il s'interrogerait à ce sujet, en temps voulu.
"Merci, Oreille du Reike. Ta visite fut appréciée."
Appréciée à sa juste valeur et donc traitée avec méfiance. Les espions se détournèrent du Démon et de son peuple et tandis que les silhouettes des impériaux s'éloignaient, de timides salutations furent accompagnées par de béats sourires. Indifférents aux angoisses de leur Prophète, les fidèles voyaient dans cet échange au sommet une lueur de félicité. Leur insouciance leur couterait terriblement cher mais Rêve, néanmoins, leur ferait croire à ces douces fantaisies jusqu'à leurs derniers instants.
L'Empire n'appréciait aucune influence, pas la moindre contradiction sur le plan moral ou spirituel; il était donc difficile de croire qu'un être aussi profondément clivant que le Voyageur puisse y trouver sa digne place et les engagements que prenait le maître-espion paraissaient pourtant favoriser l'idéal d'une coopération véritable. Tisseur de fantasmes et dresseur de jeunes mensonges, Rêve savait mieux que quiconque que les promesses étaient parfois porteuses d'un puissant venin : la naïve espérance. Peu désireux de figurer parmi les victimes d'une telle toxine, il choisit de n'accorder à l'Oreille qu'une sommaire confiance et sut d'instinct qu'il serait imité dans cette approche.
Les mots de conclusion de Zephyr furent tout d'abord ceux des conquérants, en parfaite adéquation avec l'image que l'on se faisait du bellicisme des suivants de l'Empereur Dragon. Il y eut cependant dans la suite du discours de plus complaisantes avances, à savoir l'assurance de lendemains faits de mutuel respect et d'alliances. Ecartant finalement sa main de l'épaule de son vis-à-vis, Rêve retourna loger ses serres sous les replis de sa mystérieuse cape faite de plumes métamorphes puis tout en sondant l'indéchiffrable espion, il reprit posément :
"Tu en auras prestement, à n'en point douter."
Bien que Rêve ne fut nullement doté de prescience, il devinait sans mal que les drastiques changements qu'allaient subir les terres shoumeïennes n'en étaient pour l'heure qu'à leurs sinistres balbutiements et qu'en vue des évènements futurs, la grimpante corruption aurait tôt fait de devenir bien plus qu'une éventualité redoutable. Que feraient ils alors, ces pauvrets déjà trop démunis pour se sustenter par eux-mêmes, lorsque de divines aberrations viendraient détruire le maigre solde de leurs efforts et que le mal le plus primordial qui fut retournerait les frapper dans le dos ?
Rêve était puissant, mais pas assez pour faire front en solitaire face à toute une armada de guerriers saints et de zélés rendus aussi terribles qu'implacables par les dons de leurs maîtres. Le Diable avait la longévité, l'espérance et la sagesse en guise d'armes; rien au demeurant pour s'opposer face à l'insondable terreur qu'incarnaient les fils des Titanides. Devait il entièrement se fier à son simulacre d'alliance avec l'Empire draconique ? Il n'y croyait pas lui-même.
Zephyr maîtrisait la langue avec élégance et soin mais son discours n'avait su persuader son vis-à-vis de la plus grande inquiétude du Voyageur. Il se souvenait des mots de Deydreus et, plus important encore, de ce sens tordu de la justice qu'aucun Reikois ne cherchait à dissimuler et qu'ils embrassaient d'ailleurs avec fougue. Les faibles ne méritaient que d'être égorgés par les forts et seuls les loups devaient subsister. Ne valait il pas mieux alors se ranger du côté du Divin ? Le soutien du Reike était, après tout; plutôt relatif...
Il s'interrogerait à ce sujet, en temps voulu.
"Merci, Oreille du Reike. Ta visite fut appréciée."
Appréciée à sa juste valeur et donc traitée avec méfiance. Les espions se détournèrent du Démon et de son peuple et tandis que les silhouettes des impériaux s'éloignaient, de timides salutations furent accompagnées par de béats sourires. Indifférents aux angoisses de leur Prophète, les fidèles voyaient dans cet échange au sommet une lueur de félicité. Leur insouciance leur couterait terriblement cher mais Rêve, néanmoins, leur ferait croire à ces douces fantaisies jusqu'à leurs derniers instants.
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