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  • Sam 13 Jan - 3:20
    Là, où s'échouent les étoiles

    Le crépitement sonnait comme une douce mélodie face au sifflement des vents alpins. Les mains à quelques centimètres des flammes, Neve pouvait ressentir la chaleur lui caresser la peau, relâchant ainsi ses muscles refroidit. De temps à autre, des étincelles mourantes venaient terminer leurs folles courses entre les doigts de la pyromancienne à travers un dernier brasier de joie. Amusée, elle les faisait alors revivre en frictionnant ses paumes avant de les observer disparaitre une nouvelle fois dans le ciel nocturne. Chaque éclats, aussi bref soit-il, ne manquait pas d’éclairer la clairière d’une timide lumière orangée pour finir par replonger le lieu au sein des ténèbres les plus sommaires. Neve répétait le processus encore et encore, s’amusant d’une candeur d’enfant avec les résidus magiques de ses pouvoirs. Et une fois sur deux, son regard se posait sur la frêle silhouette blanc lunaire qui se dessinait parmi les courbes du feu de camp.

    – C’est comme si je relâchais des étoiles dans le ciel. S’amusa-t-elle en reproduisant son petit tour de magie.

    La religieuse rejoignit ses mains, frotta vigoureusement, puis les rouvrit afin de libérer de nouvelles étincelles. Celles-ci, plus bleutés que les précédentes, vinrent se dissiper juste haut-dessus des deux faes, ne laissant derrière elles que le souvenir d’une envolée flamboyante.

    – Ça ne me fait pas vraiment mal. Juste un léger picotement. À force, j’ai appris à supporter la douleur de ma propre magie. En revanche les autres flammes, celles qui ne sont pas miennes, ne manquent pas de me blesser.

    Un sourire oscillant entre amusement et gêne vint se dessiner sur le visage de Neve. Timide de nature, la jeune diviniste n’avait, à ce jour, jamais eu l’occasion de s’exercer à la conversation avec une personne de son âge. Les autres sœurs du couvent étant plus âgées qu’elle, cette dernière avait appris à laisser les adultes parler entre eux ; se réfugiant parmi les vieux bouquins de la bibliothèque de l'aile ouest. Neve manquait ainsi d’une habileté sociale qui lui aurait été bien utile avant son voyage. Maladroite dans ses paroles, la croyante avait l’étrange impression que ses mots n’exprimaient que rarement l’entièreté de ses pensées, comme une toile inachevée au papier martelé d’esquisses hasardeuses. Pourtant, il lui fallait surmonter ce manque si elle souhaitait réellement connaître sa compagne muette. Une fae au nom astral de Lune.

    Lune était une énigme en porcelaine, défendue par une créature au plume d’encre. Une rencontre tout aussi fortuite que mystérieuse. Et malgré la valse d’interrogations que Neve lui posait régulièrement, la religieuse semblait n’avoir gratté que la surface nébuleuse de sa nouvelle amie.

    Elles avaient beaucoup en commun, à commencer par leur évidente nature de fae en passant par une condition de Shoumeïenne orpheline. Pourtant la vérité ne se lisait qu’à demi-mot. Flou et disparate, les jours qui suivirent le début de ce périple à trois furent similaire à un rêve laconique. De longues marches à s’échanger un passé trouble et douloureux, sans jamais en évoquer plus que le nécessaire. Neve avait toutefois une centaine de questions qui lui brûlaient les lèvres–  à commencer par le lien étroit qui unissait la petite et son fidèle corbeau, ou bien la cause de ce châtiment partagé, néanmoins certaines choses demeuraient parfois sans réponse et la pyromancienne s’en accommodée. La seule compagnie de cette fae et de sa gardienne, lui suffisait d’une certaine manière. Même à travers le silence ou le mutisme, il y avait quelque chose de rassurant de se savoir accompagné.

    – Au couvent, il n’y a pas grand-chose pour s’occuper, surtout pour une fae de mon âge.[/b] Reprit-elle, brisant à nouveau le calme des bois montagneux. Alors j’allume des mèches, je brûle des choses et j’invente une vie aux flammes. Ou sinon je prie. Je prie beaucoup en ce moment. Elle plaça une main devant sa bouche après un bâillement. Ça t’arrive ? Je veux dire, de t’adresser aux… Elle souleva sa tête avant de plonger son regard dans la pleine lune. Aux titans ?

    Neve grimaça légèrement comme si elle venait d’invoquer un mot interdit. La religieuse ne fut pas certaine de sa question, pleinement consciente qu’un sujet pareil pouvait être ô combien houleux, même pour de bon shoumeïens élevés à travers la foi diviniste la plus pure. La guerre, encore inscrite dans le marbre, avait impacté sans exception la vie de tout un peuple. Lune, en quelque sorte, en était la preuve vivante.

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    Lune & Crow
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  • Jeu 18 Jan - 18:20



    Q uand les étincelles s’envolent doucement vers les cieux pour amener leur incandescence renouvelée vers les étoiles et s’ajouter dans la toile céleste, Lune ne peut s’empêcher d’ouvrir grand ses yeux émerveillés, son coeur renfermé s’ouvre lentement et une confiance nouvelle naît en elle. Les deux ronds de noirceur pareil au plumage de son compagnon colossal contre lequel elle se blottit observent avec fascination la magie de la prêtresse en action. Elle qui n’a jamais su maîtriser d’arcane élémentaire ressent une pointe de jalouse amertume en regardant sa semblable séduire les flammes primaires avec tant d’assurance. Alors qu’une énième particule éphémère se meurt en prétendant rejoindre les astres, la fae au contraire baisse sa tête pour contempler ses mains. Les affirmations de sa compagne, tout comme ses propos ces derniers jours, travaillent dans l’esprit de la petite, elles l’habitent, cette sensation qui l’accable en répétant ces mots aux sens lourds la taraude. Elle se sent perdue, penaude. En croisant la route de Neve, Lune avait cru briser la solitude qui l’accablait ces derniers temps, elle pensait rompre cet esseulement maudit mais la réalité est rude et son fardeau attend. Impassible, il est là, il sait ce qu’elle se dit, la différence flagrante de caractère entre la petite transfigurée et la religieuse de toute beauté a accentué ce sentiment d’isolement, cette croyance qu’elle était incompatible, différente et vouée à être seule.

    Alors que la prêtresse affirme s’être habituée à la douleur de sa magie, Lune redresse la tête et peut-être même son teint a-t’il blêmit, elle tente de ne rien en laisser paraître, mais sa détresse efferve, est-ce qu’elle s’est trahit? Non, elle repasse ses rares discussions avec la fae ces quelques jours et elle jure de n’avoir rien dit, le sourire timide de l’étrangère du même âge qu’elle rassure la petite fae sur sa conviction. Elle ne sait toujours rien de ce que Lune et Crow partagent, elle avait esquivé à ce sujet nombre de questions qui avaient même finit par ne plus être posées tant le mutisme progressif de la jeune femme avait exprimé son malaise.

    Les pensées de Lune se redirigent sur son Gardien, elle tend vers lui un bras et le caresse de sa main, est-il réellement possible qu’il puisse s’habituer à la souffrance causée par son don? La fae ressent envers la prêtresse encore trop de méfiance pour oser lui poser la question, mais il y a bien un autre sujet qui arrive sur la table et cette fois il est de matière plus intime, plus personnel. Lune plonge son regard d’ébène dans le brasier affable, pensive, la religion possédait auparavant dans sa vie une part minime, mais depuis le mal qui l’a frappé il y a de ça quatre ans, elle n’a eu de cesse de ressasser dans sa tête le sujet des Titans. La fae discrète pèse méticuleusement son option, elle sait que sa solitude perdurera si elle s’entête à ne pas prononcer le moindre son, alors elle décide de s’exprimer pour la première fois de cette soirée:

    ”Je… Je me demande si…” Peut-être n’avait-elle en fin de compte pas assez réfléchi à son phrasé? ”Neve.” Le nom de l’inconnue est étrangement musical sur ses lèvres. Lune s’en surprend, amusée. ”Tu m’as dit que… que tu avais suivi les enseignements des dieux, n’est-ce pas? Est-ce que… Est-ce que tu penses que cela t’aide à les comprendre mieux?” La fae au teint hivernal recroqueville ses frêles jambes contre elle, apparaissant comme un flocon sur le plumage bestial. ”Je, j’y pense parfois, aux Titans et aux croyances je veux dire, mais je n’ai jamais appris à prier et j’ai toujours eu peur qu’à essayer sans savoir je ne parviendrai qu’à aggraver leur ire. C’est pour ça que je voulais savoir, si… si…” sa voix se tait, morte dans sa gorge assassinée par sa timidité elle ne sait plus parler. Elle baisse les yeux, attristée par le doute et accablée par son anxiété. Lorsqu’elle rouvre ses lèvres murées sa voix n’est qu’un murmure à peine prononcé. ”J’ai tant de questions Neve. Mais j’ai tellement peur de leur réponses que je ne sais plus si je les attends ou les redoute.”
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  • Jeu 25 Jan - 3:29
    Là, où s'échouent les étoiles
    La question de la petite demoiselle albâtre résonna à travers Neve jusqu'à venir assécher ses lèvres de réponses positives. La prêtresse avait souvent porté cette même interrogation à ses ainés sans obtenir de quoi la satisfaire. Elle devait se résoudre à l’évidence : malgré quinze longues et fastidieuses années de théologie, les Huits se dressaient comme de véritables manifestations dérisoires dont l'esprit purement insondable ne peut se faire comprendre d'une malheureuse fidèle dans son genre. Pire, son apprentissage fit germer en son for intérieur bien plus de mystères que d’éclaircissements concernant le Divinisme. Sa foi, elle, en restait néanmoins inchangée. Neve était persuadée de peu de chose, mais cela lui suffisait amplement. Les Titans existent, ceci est un fait. Ils insufflent la vie parmi le Sekaï, puis finissent toujours par la reprendre. Depuis leur piédestal céleste, ils observent le monde se produire à l'aide de lucarnes extra-dimensionnelles qui relient les univers. Ils patientent jusqu’au tintement du glas, et quand le temps est venu de faire table rase, ils soustraient ce qui doit disparaître pour que le renouveau se fasse. « C’est un cycle », lui affirmait sa mère supérieure, « Tu te fatigueras à vouloir trouver morale et vertu, des concept si propre aux mortels, à des êtres qui ne peuvent connaître de fin tangible… »–

    On dit que la force de Lothab est tel, qu’il peut briser ce monde avec une aisance rare. Pourtant il ne le fait pas. Même en temps de guerre ou de reconquête, il laisse ces terres subsister. Est-ce par pur sadisme, afin de se nourrir de la souffrance ? Ou au contraire, cède-t-il une chance à l’orgueil des vivants de se battre pour réclamer la vie ? Je ne peux y répondre. Je n’ai jamais pu. Les Titans sont des énigmes qui nous hantent jusqu’à la fin, Lune. Et les arcanes des textes sacrés ne font que creuser ce besoin de saisir un axiome qui n’est pas de notre porté.

    Neve grimaça, alors que son regard succinct oscilla parmi les ombres amorphes des flammes, la cime acuminée des pins lilial, puis finalement, l’infini nocturne. Sa tirade lui parut affreusement indigeste, comme si elle essayait de deviner ses propres craintes. La religieuse croyait en l’inconnu divin. C’était le cas de tout fidèle, même le plus érudit d’entre eux -le haut-prêtre sans doute- ne pouvait nier l’aveuglement tragique que formait cette constitution d’être éphémère. Leur savoir demeurait limité, toutes les hypothèses et interprétations liturgiques ne peuvent défier ce silence parfait.

    Pardonne-moi, ce n’est sans doute pas la réponse que tu espérais. Poursuivit-elle, tandis qu’un doux sourire éclipsa une frustration amère. Prier ne demande pas plus que d’être honnête avec ses intentions, tu sais.

    La pyromancienne se souleva du siège végétal dans lequel elle s’était déposée. Puis, à l'aide de délicats soubresauts, vint s’approcher de sa compagne. Pour la première fois de leur voyage, cette dernière parut particulièrement écrasée par la peur. Elle était semblable à un astre délogé de sa chambre stellaire.

    Je peux ?

    Neve s'allongea à quelques centimètres d’intervalle, tout en gardant un regard méfiant sur le géant de plume.

    Pense à ce qui te pèse juste ici.  Elle dirigea son doigt sur la poitrine opalescente de la vagabonde. Penses-y bien. Puis durant tes périodes de solitude, laisse ce poids s’envoler sur les paroles que tu formuleras. Dirige ces doutes avec gratitude vers le Royaume Divin. Parfois, ces messages se perdent et tombent dans l’oreille d’un sourd ; mais quelquefois, ils nous entendent et quand on prend la peine de leurs parler, ils ne nous punissent pas pour cela. Neve s’étendit parmi l'herbe fraîche de l'arrière saison. Lorsque ces réponses te seront accordées, crois-moi Lune, tu seras surprise de découvrir combien d’entre elles étaient déjà en ta possession. Ne craint pas cela. La vérité, on finit tous par la découvrir tôt ou tard, ne penses-tu pas ?

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  • Sam 27 Jan - 17:21



    L une trésaille quand l’autre fae commence à se rapprocher d’elle, elle n’est pas vraiment à l’aise avec la proximité, mais Neve est tout de même la première congénère qu’elle rencontre depuis tante Zenaka, alors elle n’ose pas refuser cette soudaine intimité. Elle ne peut s’empêcher de replier ses jambes contre son ventre et de replier ses bras autour de ses genoux, elle dépose délicatement sa tête sur son poignet et observe de ses yeux noirs la danse du feu avec une légère moue. Les réponses de la prêtresse sont peu satisfaisantes, bien que Lune ne s’attendait pas à ce qu’elle le soient, elle a entretenu un espoir dilettante et celui-ci une fois de plus la déçoit. Cependant sa compagne de trois jours la guide de ses conseils avisés et lui enseigne sa sagesse pour apprendre à prier, Lune écoute les mots doux de ces lèvres de velours. Bien aidée par les dires de la jeune Neve, la petite à la peau couleur neige affiche pourtant une expression contrariée au fil de l’homélie, il s’avère que les réponses viendraient de son for intérieur? Mais c’est justement d’elle-même qu’elle se méfie. Écouter les doutes dans sa tête qui lui susurrent ses craintes les plus redoutées c’est là sa plus grande peur, est-ce qu’elle devrait céder à ses incertitudes et admettre les seules vérités saisissables qui lui font tant horreur? L’indécision encore une fois fait vaciller son coeur.

    Neve s’étend confortablement sur l’herbe, sa magie ignescente paraît la protéger du froid et elle reste joyeusement allongée là, à côté de la petite fae et de son grand ami corvidé. Perdue dans son début d’introspection Lune n’avait même pas relevé que l’animal avait laissé leur compagnon s’approcher sans protestation, lui qui est d’ordinaire si méfiant voilà qu’il laissait la fae approcher sa protégée bien sereinement. C’est ce détail que la jeune fille relève qui fait toute la différence, elle a toujours cru en Crow tout au long de son existence, alors si celui-ci décide que Neve est digne de confiance c’est qu’elle aussi peut lui laisser sa chance. Acceptant de suivre la croyante dans la voie qui lui est indiquée elle relève sa tête vers la voûte céleste, joint ses mains, ferme les yeux, se concentre avec un effort appliqué, réfléchis, formule ses voeux:

    ”Je…”

    Lune avorte bien vite ce simulacre de première tentative, elle réalise non sans frustration qu’elle ne sait pas à quelles réponses s’attendre, parce qu’elle n’est même pas sure du fond de ses questions. Prétendre savoir s’adresser au divin devant la prêtresse, elle se sent bien naïve, mais c’est elle qui a insisté pour qu’elle s’essaye alors elle met de côté sa détresse et reprend la formulation de son interrogation:

    ”Je-je veux savoir… pourquoi est-ce que je… nous, Crow et moi… non surtout Crow, pourquoi est-ce qu’il…” Elle rouvre ses yeux subitement et ses épaules s’affaissent, le dépit se lit dans sa voix comme des lettres d’encre sur du papier de soie. ”C’est trop dur. Je n’y arrive pas. Je… J’ai peur d’empirer les choses. Vraiment.” Lune toujours recroquevillée tourne sa tête vers Neve et la regarde de côté. ”Neve? Est-ce que… est-ce que je peux te poser une question? Sais-tu si les écrits des Titans interdisent certaines magies?”

    Elle écoute la réponse, pensive. Une telle inquiétude est peut-être une once tardive, mais elle veut savoir, elle a besoin de savoir. À la faveur de la tranquillité nocturne Lune se surprend à un sentiment nouveau qui éclot en elle, la petite fae ne comprend pas vraiment d’où lui provient cet effet, peut-être est-ce dans la douceur avenante de sa compagne ou dans le calme olympien du silence de la campagne, peut-être est-ce le délicat crépitement du feu de foyer ou ce semblant de promiscuité, mais elle se sent d’humeur à parler avec Neve, elle a envie de s’ouvrir. Quelque chose en elle, quelque chose qu’elle ne parvient pas à manifester en mots lui donne envie de partager son propos. Crow respire doucement à ses côtés mais il ne dort pas, il regarde au contraire les deux jeunes femmes discuter avec un oeil appaisé, comme si l’instant est trop parfait, comme s’il n’y avait nul besoin de surveiller mais simplement d’apprécier. Lune alterne son regard entre celui de la prêtresse dont la chevelure fait écho à sa propre peau, et le corbeau dont la parure noire lui renvoie l’image de ses propres pupilles. Elle réfléchis, ses lèvres se crispent sous l’effort et tandis qu’elle amasse son courage, elle tend une main vers Crow comme pour se rassurer par ce contact familier et laisse ses doigts blancs contraster sur les sombres vexilles:

    ”Tu sais, je n’ai pas toujours été… comme ça, et Crow non plus. J’avais des cheveux comme les tiens, longs et soyeux, ils étaient gris avec des reflets argentés, c’est pour ça que je m’appelle Lune. Crow, c’était mon corbeau de compagnie, c’était un vrai corbeau. Un normal, un tout petit. Et puis…” Elle interrompt sa confidence et inspire un grand coup, elle sent que s’effrite sa confiance mais elle continue malgré tout, moins sure d’elle, ”Le jour où les Titans sont descendus sur Bénédictus, j’ai failli mourir, c’est la magie des dieux qui ont interférer avec la mienne quand j’ai tenté de me protéger.” La voix de la petite s’étrangle dans sa gorge, elle a du mal à continuer et son discours bat de l’aile. ”Et c’est ça qui nous a changé. Je veux savoir pourquoi les Titans nous ont infligé ça, parce que… s’ils avaient voulu nous tuer ils auraient pu le faire non? Si Lothab peut détruire le Sekaï c’est qu’il voulait que nous soyons en vie n’est-ce pas?” Le reflet des flammes commence à se faire plus éclatant dans les yeux noirs de Lune alors qu’ils se teintent de ses larmes mélancoliques. ”Je… Je veux leur demander ce qu’on a fait pour mériter ça.”

    La petite fae semble à deux doigts de se décomposer, ses mains jouent nerveusement avec une plume de son Gardien pour s’occuper et détourner ses pensées des doutes et des critiques de son propre esprit qu’elle ne saurait duper.
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  • Mar 30 Jan - 0:23
    Là, où s'échouent les étoiles
    Le souffle des rocheuses du sud chassait les quelques timides nuages qui parsemaient encore le ciel nocturne, permettant ainsi à la voûte de révéler l’entièreté de son ballet stellaire. Entre-cachées sous les chauds tissus de sa longue tunique, les pupilles de la prêtresse brûlaient d’enchantement. Quelque chose parmi la fraîcheur alpine ou la lueur des astres vint collecter les précieux souvenirs de son couvent. Elle songea aux craquements des étagères en bois de la bibliothèque, puis à la fraîche odeur des nordiques durant le bourgeonnement de janvier, ou à la nacre poussiéreuse qui se dépose sur la statue de la sainte titanide. De tout cela, il ne lui restait plus que l’amertume du passé. Un cycle lunaire entier s’était écoulé depuis le grand départ, pourtant la nostalgie des Perce-Neiges ne l’avait jamais vraiment quitté. Et si son maigre corps se ballottait de contrée en contrée ; son âme demeurait toujours dans les couloirs sinueux du temple, baignant à travers la lumière des vitraux et les éclats d’une innocence condamné.

    Le sourire de Neve se décomposa peu à peu, alors que les regrets de son départ survenaient à travers son esprit. Son jeune cœur anémique ne se trouvait que très peu galvanisé par le début de ce pèlerinage. Désenchantée, la demi-fae s’était vite rendu compte de l’étendue des dégâts des batailles. Si Célestia avait été épargné par sincère clémence ou simple autolâtrie des titans, le reste du pays demeurait dans le néant les plus total. Shoumeï dépérissait depuis que Bénédictus, ancienne capitale d’une fédération altière, s’était écroulé sur elle-même tel un château de cartes. Seule persistaient les quelques rescapés, à l'instar de Lune et de Crow, de cette douloureuse ordalie. À présent chargée de venir en aide aux désœuvrés, la prêtresse percevait tout ceci comme une épreuve. Concéder aux dieux n’avait jamais été chose facile, mais la guerre muait le Divinisme en un courant de pensée bien trop archaïque pour notre époque. Comment prêcher la bonne parole aux survivants d’un cataclysme démiurge ? Particulièrement, lorsque Neve elle-même avait été prémunie du pire par le berceau de ses créateurs.

    La pyromancienne se laissa basculer vers sa consœur nymphale dont la voix tremblotante semblait vouloir percer un mutisme dogmatique. Elle l’invita à continuer par un simple hochement de tête, toutefois le courage oscillant de la vagabonde retenait le contrepoids de ses paroles. Neve connaissait que trop bien ce sentiment d’incapacité oratoire. Si ses compagnons n’avaient pas été la petite et sa gardienne, alors ces trois derniers jours n’auraient probablement jamais eu lieu. Le duo éveillait chez la croyante une volonté de délier ces barrières invisibles. Peut-être était-ce cette peau d’argile qui s’émiettait dans ses mouvements, ou ces échos palpables et silencieux, mais Neve avait cru percevoir en Lune et Crow l’empreinte si singulière du Sekaï.

    Pas à ma connaissance… S’enquit-elle de répondre, les yeux plongés dans ceux de Lune. Quelque chose n’allait pas, Neve pouvait aisément le deviner. Mais quoi ? Les arcanes, la corruption et les éléments existaient bien avant les titans. En cosmologie, il est dit que c’est la fragmentation de ces derniers qui ont formé les plans de l’existence et de la pensée. Je ne vois pas quelle magie pourrait être considéré comme apostasse au divin… Elle porta sa main sur son menton, pensive. À moins qu’il ne s’agisse d’un sortilège encore inconnu à l’église. Le Sekaï est suffisamment vaste pour cela, après tout.

    La demi-fae se releva de son lit de verdure, et chercha le regard d’ancre de Lune qu'elle devinait toujours plus confuse qu’avant.

    Lune, tout va bien ? Tu sais que tu n’as rien à craindre, Crow est là. Moi aussi. Qu’est-ce qui ne va pas ?

    La réponse qui s’en suivit fit l’effet d’une masse sur Neve. Elle se tenait muette et attentive face à Lune. Les mots s’assemblèrent comme les pièces d’un puzzle, éclaircissant cette équation aphasique que Neve tentait vainement de résoudre jusqu’à présent. Lune avait jadis été une simple petite fae, et son géant de plume, un corbeau des plus commun. Mais les titans, par leur châtiment, n’ont épargné ni l’enfant, ni l’animal. Une douloureuse fin pour des miraculés qui n’avaient commis point affront, si ce n’est d’avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment.

    Vous n’avez rien fait pour mériter cela, Lune.

    Sa voix, bien que calme, était empreint d’une colère froide envers les titans. Un sentiment qu’elle avait déjà goûté plus d’une fois durant les affrontements de l’an un. Neve ne pouvait contenir cette indignation qu’elle éprouvait à l’encontre de ses dieux quand ceci venait à blesser leurs fidèles.

    Je… Je suis désolé.

    Puis sa poitrine se serra. Neve s’en voulait terriblement de ne pas avoir pu reconnaître les traces vengeresses du Courroux divin sur une victime des titans. Comment pouvait-elle enchaîner après de telles révélations ? La religieuse n'avait pas la prétention de pouvoir venir en aide à Lune, alors qu’elle-même priait ceux à l’origine de son mal.

    J’ignore les raisons qui ont animé les titans ce jour-là. Cependant, je suis convaincu d’une chose : tu n’y es pour rien. Les voies des dieux sont souvent impénétrables, toutefois si tu persistes parmi ta quête de réponse, ne les craint pas. Rare sont ceux qui ont été épargnés par la colère divine. Toi, Lune, tu es vivante et ce n’est pas anodin. Peut-être as-tu un rôle à jouer dans la suite des événements ? Peut-être que nos vies se doivent d'être les témoins de ce monde d’après...

    Neve hésita longuement puis retira une partie de sa tunique afin de faire transparaître ses ailes diaphanes. La membrane droite arborait une corrosion noirâtre qui persistait jusqu’à l’épaule et le reste du bras. L’organe semblait avoir été brûlé, toutefois la couleur qui teintait la peau se voulait violacer presque cramoisi, comme si l’origine de la blessure tendait à être magique.

    Je me suis infligé cela par moi-même. Avoua-t-elle, tremblante. Je vivais à Maël durant cette époque. Après le décès de mes parents, j’ai été envoyé à l’orphelinat, avant d’être adopté comme pupille par un riche dignitaire. Ça n’a pas été simple… Vivre là-bas, je veux dire. Il voulait faire de moi sa femme. Et moi, je le haïssais. Il était répugnant, il me maltraitait. Neve serra les dents tout en replongeant dans l’opacité de sa mémoire. Je devais m'enfuir. Mais ils m’ont rattrapé, lui et ses hommes de la Pègre. Alors je me suis défendu. Le feu… Celui qui est apparu de mes mains cette nuit-là, il a brûlé l’entièreté de mon bras jusqu’à la pointe de mon aile droite. J'étais encore inexpérimenté et maladroite. C’était le prix à payer pour ma liberté, je pense. Plus tard, j’ai trouvé refuge auprès des sœurs du couvent, et auprès des dieux. Et d’une certaine manière, je crois que ce sont eux qui m'ont sauvé. Voilà, tu sais tout de moi, et moi de toi.

    Neve vint sécher ses paupières humides d’émotions tout en profitant du calme astral qu’avait fomenter ses aveux. À présent les deux faes n’avaient plus rien à se cacher.

    Tu sais, Lune… C’est drôle, quand j’y pense. Je vivais aussi à Bénédictus durant mon enfance. Si tout cela ne s’était pas produit, peut-être serions-nous devenus amies bien avant aujourd’hui.

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  • Lun 12 Fév - 15:52



    Q uelques peu déçue par cette réponse navrante qui ne la soulage qu’à peine de son mal profond, Lune sait tout de même apprécier l’empathie démontrée par sa compagnon. Elle sait que la tristesse s’affiche sur son visage et elle fait de son mieux, elle essaie de la cacher, elle l'abscons, ses yeux deviennent tout de même larmoyants quand elle reçoit un peu de compassion. Habituée dès son plus jeune âge à vivre seule parmis les livres de la bibliothèque et les arbres de la nature, elle n’a que très rarement eu l’opportunité d'interagir avec autrui, sa première rencontre avec la civilisation s’était soldé par des stigmates qui la hantent encore aujourd’hui, elle devait l’admettre, laisser Neve l’accompagner était pour elle un moyen de mettre un terme à ses traumatismes, de l’aider à conclure. Elle admire l’optimisme et la sagesse de la prêtresse, Lune ne saurait mettre de côté son désarroi avec toute la facilité que Neve laisse paraître, c’est sans doute là le fruit de son éducation divine, peu à peu ses mots calment sa détresse, Lune sent sa respiration se calmer mais son coeur est toujours empoigné par un profond mal-être et elle tourne son regard vers la fae pour l’écouter parler de ses origines.

    Une histoire morbide que Lune ne peut même pas commencer à imaginer, elle qui ne connait rien des mœurs de la société elle écoute du mieux qu’elle peut l’histoire de Neve, comme elle conte son passé avec une légèreté si innocente et optimiste! Elle fait presque passer l’horreur de son propos pour la douceur onirique d’un rêve. Quand elle l’écoute expliquer la source de sa grande brûlure et qu’elle lui dévoile l’atrophie de ses ailes, Lune écarquille les yeux tant cette vision ravive de douloureux souvenirs en elle. La petite opaline se revoit marcher sur les terres désolées de Shoumeï en laissant dans ses pas un sillon macabre de miettes vermeilles, son dos maintenant caressé seulement par la faible brise du soir, commence à réveiller des picotements anxiogènes à la vue de cette silhouette qui se fait son miroir. L’angoisse, le pincement des lèvres, Lune épie discrètement du coin de l’oeil l’expression de sa camarade, Neve semble plongée dans sa propre mélancolie et regarde le ciel d’un air rêveur, alors la fae blanche continue de se faire toute petite et dissimule sa tristesse avec un sourire fade. Quand celle-ci ajoute enfin qu’elles auraient pu devenir amies depuis bien plus longtemps, sa phrase pourtant anodine extirpe Lune l’espace d’un instant de son abattement. Nous sommes amies? Une foule de question s’enchaîne dans son esprit comme un déferlement. Elle n’a aucune idée de ce que cela implique, elle aimerait bien lui poser une myriade de questions mais elle n’a même pas le début de sa réplique, cela est-il seulement important en présence de la prêtresse? Lune repense à sa sincérité et à sa gentillesse, son coeur s’inspire pour s’ouvrir et elle a soudainement envie de parler en toute franchise. Ce dont elle ne se rend pas encore compte, c’est qu’il s’agit de l’appel de son coeur esseulé qui découvre pour la première fois la douceur de l’amitié. La mignonne sent le courage qui lui monte et après un silence pourtant paisible, elle commence à parler:

    ”Neve…” Une fois de plus, sa tirade se meurt dans sa gorge, malhabile avec les mots elle se rend compte qu’ici encore elle ne sait trouver les termes pour formuler ses maux. Frustrée, elle continue malgré tout à s’exprimer pour assouvir sa soif de propinquité. ”... tu es très gentille.” Sa peau pâle déjà teintée par l’orange des flammes rougit un peu plus, elle se sent parfaitement ridicule mais continue son laïus, ”Je… Je n’ai jamais eu d’amis alors, je ne m’étais pas rendue compte que nous l’étions, mais je suis contente. C’est bien, c’est une bonne chose.” Elle sourit, bafouille un peu, sa mélancolie de tantôt balayée par un sentiment heureux. ”En fait, il y a vraiment beaucoup de choses que je ne connais pas, notamment avec les gens. J’ai grandie dans la tour de mes parents mais ma mère nous a rapidement abandonné et mon père n’était presque jamais là, enfin… si, il était là mais il restait jour et nuit au dernier étage de la tour et je n’avais pas le droit d’y entrer. Comme on avait une bibliothèque je passais beaucoup de temps à lire toute seule, mais la plupart des ouvrages traitaient surtout de la magie, donc au final je ne sais pas grand chose d’autre que ça.” Elle hésite un temps avant de continuer, semblant culpabiliser des propos qu’elle allait insinuer. ”J’ai une tante que je n’ai vue que quelques fois, elle est gentille, mais pas autant que toi, en fait je n’ai pas rencontré beaucoup de gens…” ses orteils se tortillent et elle resserre ses jambes contre sa poitrine. ”... et c’est la première fois que je parle avec quelqu’un, comme ça, et je suis contente que ce soit avec toi. Je dis ça parce qu’en fin de compte, nous avons beaucoup en commun! Tu sais, moi aussi j’-” Elle s’interrompt, les souvenirs repassent devant ses yeux et sa voix s’étouffe dans sa gorge, elle continue au mieux, ”Est-ce que… est-ce que je peux te poser une autre question?” Lune se relève et s’approche timidement de la sa nouvelle amie, allongée dans l’herbe celle-ci lui sourit en lui disant oui. La jeune fille opaline hésite encore un peu, puis elle s’accroupit. Elle tend une main irrésolue vers le poignet de Neve, redoutant le contact d’une autre peau contre la sienne, elle déteste son affliction, celle là même qui a fragilisé son derme en lui donnant cette apparence nacrée pleine de fissures, aussi frêle que des feuilles, aussi blanche que les neiges les plus pures. Pourtant, elle attrape l’avant-bras sain de la fae et se retourne aussitôt, guidant ses doigts entre ses omoplates, dans le creux délicat de son dos. ”Là. Ici. Est-ce que tu peux me décrire comment est-mon dos?”

    Sa nouvelle peau ne fait plus de cicatrices, chaque fois qu’elle se blesse, les ravines fraîches se referment et l'altération reprend ses droits, parfois elle peut encore sentir le relief d’une plaie quand elle y dépose une caresse mais depuis qu’elle a perdu ses ailes, elle n’avait plus approchée qui que ce soit.

    ”Je ne sais pas à quoi ça ressemble exactement, ma peau est très friable, alors je ne peux pas regarder derrière moi ou faire de mouvements trop exagérés… Je… Je me suis blessée récemment et j’y ai laissé mes ailes, je voulais savoir comment ça avait cicatrisé?”

    Elle frémit sous la douceur du touché, Crow redresse sa tête en roucoulant, son attention attrapée par la nouvelle proximité entre sa protégée et l’inconnue. Lune se penche un peu pour faire ressortir les plaies, et elle regarde l’autre bras bandé de Neve en l’écoutant, un énième point qui les rapprochaient était la sensibilité éprouvante de leurs peaux à nu.

    ”C’est aussi pour ça que je porte plus de vêtements, leurs frottements répétitifs finissent par me blesser, comme s’ils étaient abrasifs. Tes bandages ne te font jamais mal? Même quand tu bouges?”
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