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Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 208
crédits : 591
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Ni une arme, ni un soldat. Le prototype républicain se reconnaissait parfaitement dans cette phrase prononcée par le Sénateur, mais ne se situait pas pour autant à la frontière entre les deux. Il avait essuyé lors de ses précédentes opérations divers échecs qu'il ressassait avec une infinie amertume. Incapable de remettre en cause la qualité des travaux du Docteur et encore moins les décisions de l'homme à l'origine de sa conception, il s'appropriait malgré lui l'entièreté des fautes commises et pour chaque instant de faiblesse qu'il avait ressenti, il ajoutait sur ses épaules un poids toujours plus lourd à porter.
Zelevas changea le décor, faisant voguer la conversation jusqu'aux sujets tout aussi épineux qu'étaient la morale, l'éthique, les réflexions sur l'humanité et ce qu'elles incombaient dans un cadre tel que celui dans lequel ils évoluaient. Mortifère, depuis peu, le Sénateur depuis des lustres. Si la République n'était pas en guerre ouverte avec ses voisins, il y avait dans cette pièce délabrée une atmosphère de minuscule conseil militaire. Ils se préparaient au pire et s'apprêtaient à affronter un ennemi plus farouche et vicieux que l'Empire du Dragon : ils s'en prenaient aux forces qui œuvraient dans l'ombre pour bouleverser l'équilibre intérieur de la noble Nation Bleue.
Puis vint la question, fatidique mais déjà trop souvent explorée par Mortifère pour le surprendre. Elle avait été la seule qui avait mérité que l'on s'y attarde lors de l'avènement du projet et, d'une façon détournée, elle était identique à celle qu'avait posé Abraham au Docteur. L'approche de ce sujet était d'ailleurs, d'une façon relativement surprenante, identique pour le chercheur et le politicien. Les enjeux pour l'un et l'autre, en revanche, n'étaient absolument pas les mêmes. Un silence s'installa à nouveau dans le manoir mais le cerbère tâcha de ne pas le laisser durer trop longtemps. Il devait se montrer confiant et assuré en toutes circonstances mais c'était d'autant plus vrai lorsqu'il était question du fondement de ses principes. Il marchait sur des œufs, toujours. Les yeux abaissés vers son verre, il répondit d'un air absent :
"Je devrais tuer celui dont les engagements sont les plus éloignés de l'avenir républicain. Le Docteur est pour moi un mentor, un père de substitution, un ami même... Il reste au demeurant une créature dont l'intellect dépasse de loin celui de l'Homme et dont les aspirations vont au delà de nos considérations politiques. Ses projets réels ne nous impliquent aucunement et même moi, je ne suis pour lui qu'une étape dans l'avènement scientifique qu'il s'évertue à mettre en marche."
Puis les iris luminescents se relevèrent pour plonger dans ceux du Sénateur :
"Vous êtes un homme, Sénateur. Grandiose et génial de par son parcours, mais un homme néanmoins; tout comme je l'ai été hier. La République vous a vu naître et grandir, vos racines sont les miennes. Chacune de vos inspirations est entièrement consacrée à redresser les torts de notre merveilleuse terre, chaque décision que vous prenez a vocation à nous faire aller de l'avant, nous, au détriment peut-être de nos voisins. Je n'ai pas été conçu pour offrir au monde entier un avenir meilleur, j'ai été pensé pour défendre la République des menaces qui planent sur elle. En ce sens, et en l'absence de tout contexte, j'exécuterais le Docteur sans une once d'hésitation."
Sans hésitation oui, mais pas sans regret.
Zelevas changea le décor, faisant voguer la conversation jusqu'aux sujets tout aussi épineux qu'étaient la morale, l'éthique, les réflexions sur l'humanité et ce qu'elles incombaient dans un cadre tel que celui dans lequel ils évoluaient. Mortifère, depuis peu, le Sénateur depuis des lustres. Si la République n'était pas en guerre ouverte avec ses voisins, il y avait dans cette pièce délabrée une atmosphère de minuscule conseil militaire. Ils se préparaient au pire et s'apprêtaient à affronter un ennemi plus farouche et vicieux que l'Empire du Dragon : ils s'en prenaient aux forces qui œuvraient dans l'ombre pour bouleverser l'équilibre intérieur de la noble Nation Bleue.
Puis vint la question, fatidique mais déjà trop souvent explorée par Mortifère pour le surprendre. Elle avait été la seule qui avait mérité que l'on s'y attarde lors de l'avènement du projet et, d'une façon détournée, elle était identique à celle qu'avait posé Abraham au Docteur. L'approche de ce sujet était d'ailleurs, d'une façon relativement surprenante, identique pour le chercheur et le politicien. Les enjeux pour l'un et l'autre, en revanche, n'étaient absolument pas les mêmes. Un silence s'installa à nouveau dans le manoir mais le cerbère tâcha de ne pas le laisser durer trop longtemps. Il devait se montrer confiant et assuré en toutes circonstances mais c'était d'autant plus vrai lorsqu'il était question du fondement de ses principes. Il marchait sur des œufs, toujours. Les yeux abaissés vers son verre, il répondit d'un air absent :
"Je devrais tuer celui dont les engagements sont les plus éloignés de l'avenir républicain. Le Docteur est pour moi un mentor, un père de substitution, un ami même... Il reste au demeurant une créature dont l'intellect dépasse de loin celui de l'Homme et dont les aspirations vont au delà de nos considérations politiques. Ses projets réels ne nous impliquent aucunement et même moi, je ne suis pour lui qu'une étape dans l'avènement scientifique qu'il s'évertue à mettre en marche."
Puis les iris luminescents se relevèrent pour plonger dans ceux du Sénateur :
"Vous êtes un homme, Sénateur. Grandiose et génial de par son parcours, mais un homme néanmoins; tout comme je l'ai été hier. La République vous a vu naître et grandir, vos racines sont les miennes. Chacune de vos inspirations est entièrement consacrée à redresser les torts de notre merveilleuse terre, chaque décision que vous prenez a vocation à nous faire aller de l'avant, nous, au détriment peut-être de nos voisins. Je n'ai pas été conçu pour offrir au monde entier un avenir meilleur, j'ai été pensé pour défendre la République des menaces qui planent sur elle. En ce sens, et en l'absence de tout contexte, j'exécuterais le Docteur sans une once d'hésitation."
Sans hésitation oui, mais pas sans regret.
”Et je suis un homme Mortifère. Donc je suis faillible, mais je te félicite tout de même fiston, tu es bien avisé sur une ribambelle de points. Tu as raison en disant qu’il est de ton devoir d'occir celui qui se dressera contre les intérêts de la Nation, cependant tu ne dois pas occulter de tes pensées la possibilité que je sois la bonne réponse. Le Docteur n’a effectivement pas d’attache particulière envers la République, mais moi, moi je pourrai perdre les miennes. Le pouvoir, Mortifère, corrompt les hommes quel qu’en soit sa forme. Quelles sont les valeurs clés de notre République? Qu’est-ce qui définit l’identité de ce que nous nous acharnons à défendre, qu’est-ce qui vaut exactement dans ce pays la peine de donner sa vie pour le protéger?” Le Sénateur, emporté et galvanisé par ses propres propos, se lève en titubant légèrement, il est vrai que le mélange de fatigue et d’alcool commence à peser un peu sur lui. ”La démocratie Mortifère. Le peuple. La République appartient aux républicains, à ses concitoyens. Ce sont eux qui font de ce pays ce qu’il est, c’est pour les protéger que ton armement est non-létal, c’est pour protéger leur droits et surtout leur droit à la parole, leur droit d’avoir le droit, que je me bats contre la tyrannie. La morale qui doit te régir fiston, est à la fois terriblement complexe et incroyablement simple. Protège le peuple, il n’y aura pas de démocratie si tout le monde est mort, et ensuite protège la démocratie. Ceux qui cherchent à s’accaparer la totalité du pouvoir sont les ennemis de la République.” Il s’appuie sur la poutre de soutènement de la cheminée, il s’est relevé un peu trop vite et a la tête qui tourne. ”Regarde moi, je concours pour les présidentielles, mais mon gouvernement planifié possède des représentants de tout les Courants politiques, tu comprends? Mirelda Goldheart représente l’inverse stricte, elle a placé son fils au pouvoir à la Vice-Président sans qu’il n’en ai les épaules, elle a hissé son nom dans les Grandes Familles par la force, en emprisonnant ses opposants les uns après les autres.” Zelevas se dirige pas à pas vers le cadre de la porte du salon. ”Elle est une des plus grandes ennemies de la République. Peut-être qu’un jour je me perdrai moi aussi Mortifère. Mais tant que ce jour n’est pas venu, tant que tu me vois défendre la démocratie, tu sers la République, et pour l’instant nous ne pouvons savoir qui d’autre la défend que moi. Compris fiston?”
Le sol commence à tanguer légèrement, combien de verres avait-il pris déjà? Il y avait les deux de l’attente du Baron… pendant l’entrevue combien de fois s’était-il resservi… euhmm, deux? Trois? Et là il venait d’en prendre eu….
Il perd son équilibre momentanément et manque de s'affaler contre le cadre de la porte, mais c'est quelque chose d'autre que le dur bois d'amaranthe qui le rattrape.
”Je fais ce qui doit être fait.” Son discours se transforme en marmonnements pathétiques d’un vieux croulant bercé d’illusions. ”Je mènerai le peuple à la morale que je ne peux posséder, tant pis. La République triomphera, c’est tout ce qui compte.” Péniblement, Zelevas se laisse aider par Mortifère. ”Compris? Fiston?”
Le sol commence à tanguer légèrement, combien de verres avait-il pris déjà? Il y avait les deux de l’attente du Baron… pendant l’entrevue combien de fois s’était-il resservi… euhmm, deux? Trois? Et là il venait d’en prendre eu….
Il perd son équilibre momentanément et manque de s'affaler contre le cadre de la porte, mais c'est quelque chose d'autre que le dur bois d'amaranthe qui le rattrape.
”Je fais ce qui doit être fait.” Son discours se transforme en marmonnements pathétiques d’un vieux croulant bercé d’illusions. ”Je mènerai le peuple à la morale que je ne peux posséder, tant pis. La République triomphera, c’est tout ce qui compte.” Péniblement, Zelevas se laisse aider par Mortifère. ”Compris? Fiston?”
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 208
crédits : 591
crédits : 591
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Se crispant un peu sur son fauteuil lorsque le Sénateur tituba au cours de ses explications, Mortifère fut alors pris dans un étrange flux de pensées. Les modifications qu'il avait subi étaient certes ignobles et les épreuves qu'il avait surmonté pouvaient paraître impensables, mais il était au demeurant devenu un véritable surhomme et il se surprenait parfois à se faire des réflexions selon lesquelles la faiblesse du corps organique avait quelque chose de... déplaisant, en dépit de meilleurs termes. La douleur, la peur paralysante, la vieillesse... la faiblesse de l'âme, également. Zelevas, monument républicain prêt à s'écrouler à tout moment, était de ces êtres magnifiques mais éphémères dans lesquels Mortifère peinait de plus en plus à se reconnaître. Au fil des modifications, des ajouts d'implants mécaniques et des innombrables transmutations, il avait vraisemblablement dépassé un cap et se sentait désormais moins homme que monstre de fer.
"Compris, Sénateur."
Par respect pour son mentor, le géant mécanisé s'interdisait pour l'heure de venir en aide à son interlocuteur qui n'était pas grabataire malgré son instant de fébrilité. La lentille suivait pourtant avec attention chacun des faux mouvements, le moindre signe trahissant l'imminence d'une chute potentielle. L'entretien avec le Baron s'était sûrement fait plus éprouvant que le politicien ne voulait bien l'admettre et en l'absence d'inhibiteurs émotionnels administrés au besoin, Zelevas avait sans doute fait usage de stimulants moins bien dosés que les cocktails alchimiques circulant dans les veines du géant d'acier. Le discours du Sénateur vint s'interrompre lorsqu'il s'approcha de la porte, une occasion que Mortifère vint saisir pour prononcer quelques mots :
"Et vous aurez dans cette entreprise tout mon soutien. Les ennemis qui se dissimulent au sein de nos remparts n'auront plus l'occasion de vous atteindre."
Une promesse particulièrement difficile à tenir, en vue des enjeux politique et de la véritable fosse à serpents qu'était devenue l'Assemblée Sénatoriale. Espionnage, menaces, assassinats, tous les moyens étaient devenus bons pour faire prévaloir un parti sur un autre. L'opportunité d'échanger avec le Sénateur à ce sujet se fit cependant inaccessible car un mouvement plus incontrôlé que les précédents poussa cette fois-ci Mortifère à agir. Avec la douceur et le silence d'une ombre, le colosse se dressa brusquement pour venir empêcher son mentor de choir, lui offrant un appui sans mot dire en tâchant précautionneusement de ne pas blesser son vis-à-vis à l'aide des lames affutées qui ornaient ses griffes.
L'œil mécanisé s'ajusta, inspectant les traits du vieil homme à la recherche de quelconques symptômes inquiétants. Traits tirés, tressaillements infimes, le signes d'une fatigue extrême à laquelle se cumulait une anxiété grimpante. L'habituel tic de langage du Sénateur se fit entendre à nouveau et Mortifère laissa un fébrile sourire apparaître sur ses lèvres masquées. Fiston... disait-il. Fils, entendait la chimère. Le discours de triomphe s'achevait dans l'apaisement et Mortifère, convaincu par les propos du politicien, se contenta d'acquiescer respectueusement avant de raccompagner le Sénateur jusqu'à l'assise qu'il venait de quitter. Après l'y avoir confortablement installé, le monstre se redressa puis salua celui qui était déjà trop assoupi pour le voir :
"A vos ordres, Sénateur."
Laissant Zelevas à ses pensées obscurcies par le bourbon, Mortifère fit volte-face et s'éclipsa doucement dans un crépitement électrique. Se drapant d'un voile d'invisibilité, il vint clore la porte derrière lui et disparut en silence.
Le réveil est difficile.
Non seulement il a trop bu hier et sa langue est outrageusement sèche, mais il a dormi dans son fauteuil au coin du feu et habillé.
”Ouuh. Aïe.”
Le Sénateur se relève dans sa chaise, il se sent légèrement inconfortable, sa chemise est trempée après avoir transpiré dedans et il a beaucoup trop chaud. Zelevas retire ses gants et passe une main sur son visage, en caressant sa barbe hirsute, il se frotte les yeux alors que sa vision peine à faire le point, les muscles de son visage sont raides, il a presque l’impression qu’il va se déchirer une lèvre en ouvrant la bouche. Il opte d’abord pour ouvrir ses paupières, plissant les yeux fortement à cause de la lumière trop agressive qui attaque ses iris bleues, suivi d’un gémissement léger arraché par son dos récalcitrant.
”Hmm, oui, non.” Il repose sa tête quelques minutes sur le dossier, soupirant d’exaspération.
Il n’a de toute façon pas le choix, il y a trop de choses à faire et il doit partir pour Liberty au plus tard ce soir. Quand il faut y aller, il faut y aller. Ramassant donc toute la volonté du monde simplement pour pouvoir se tirer de sa chaise, le Sénateur s’extirpe du piège de velour dans lequel son séant s’était ancré, debout sur ses pieds, légèrement fatigué par l’engourdissement rémanente du réveil, il se dirige à pas lents vers la cuisine. Il pousse légèrement la porte entre ouverte et regarde les poussières virevolter dans les raies de lumière qui s’infiltrent à travers les carreaux sales. Zelevas met sa main en visière pour se cacher les yeux et avance à tâtons jusqu’au foyer. Deux bûches et trois gouttes d’alcool plus tard pour ne pas s’embêter, le vieux place une casserole d’eau sur le feu naissant et y jette des grains de café. Maintenant que c’est fait, il peut attendre que l’eau chauffe en allant faire sa toilette.
Le Z retourne donc dans le hall d’entrée, il est toujours un peu engourdi tant dans ses mouvements que dans ses pensées, sa main se pose sur la rambarde de l’escalier et il commence à gravir les marches pour monter jusqu’à sa chambre, les yeux baissés vers le tapis qui drape les planches de l’escalier pour éviter de se prendre les pieds dedans et de tomber. Son regard s’arrête sur les différentes marques d’usure, les tâches du bois, du tapis, les entailles, les fissures dans les dalles du carrelage. Couplé à son propre état las, il se sent aussi fatigué que la bâtisse qui porte son nom, et en même temps c’est aussi la base de sa réflexion pour laisser le Manoir d’Élusie décrépir. N’est-ce pas? Il pourrait l’expliquer à Séraphin, ça ferait peut-être réfléchir le jeune homme… qu’il est navrant de constater que son neveu peine encore à saisir des valeurs bien fondamentales de sa propre Famille. Zelevas pince sa lèvre d’un rictus amer, arrivé en haut il se retourne pour faire face aux escaliers et adresse un regard à la baie vitrée terne, à la pourriture des murs, aux toiles d’araignée et à la couche de poussière omniprésente. Oui. Il entretient l’espoir un jour de pouvoir restaurer cet endroit à la splendeur qu’était sienne autrefois, mais ce n’est pas encore pour tout de suite. Patience. Il s’en va dans sa chambre et ouvre la salle de bain.
Le miroir écaillé au dessus de la coiffeuse reflète ses traits à peine reposés et, pris d’un soudain doute, Zelevas sourit à sa propre image, tentant de lui adresser le meilleur profil et de recoiffer vite fait ses cheveux blancs en les plaquant en arrière. Est-ce lui, la fatigue, le stress de l’intensité de ces derniers temps, ou est-ce qu’il a perdu en charisme? Le vieillard s’approche du meuble, pose ses mains sur les bords en se penchant par dessus et s’ausculte des yeux attentivement. Il passe un doigt dans ses oreilles, se frotte le nez, il masse brièvement ses pommettes, son visage plus raide en sensation lui paraît pourtant paradoxalement plus flasque devant la glace, ce n’est pas la vieillesse, ça ne peut pas être simplement la vieillesse. Impossible. Non. Il se fixe lui-même dans les yeux, la tête subtilement inclinée vers l’avant, il fronce doucement les sourcils et fléchit imperceptiblement ses lèvres, ce regard, ce regard inflexible, ce regard de tueur qu’il a toujours arboré dans les moments les plus difficiles de Limier, de Juge, de négociateur, d’homme politique, ce regard est toujours là. Il se déshabille et prépare un baquet d’eau et des serviettes.
Propre et de retour dans la cuisine, Zelevas retire l’eau bouillante du feu et la verse dans un bol coiffé d’un torchon, l’eau teinté de café s’y déverse et ne reste bientôt dans le tissus que les graines de café éclatées par la chaleur. Le vieux s’équipe d’un moulin à vis et récupère les grains qu’il moud sommairement avant de les rajouter dans la boisson. Il ouvre après le compartiment à sel pendant que le café tiédi et fouille pour retirer un jambon cru. Le vieil homme récupère ensuite un couteau, la lame glisse avec difficulté sur la viande, il y a longtemps qu’elle n’a pas été aiguisée et le morceau de porc date également donc il est aussi dur que les cristaux de sel dans lequel il a été stocké. Après avoir préparé une paire de tranches, Zelevas ouvre le placard au dessus de sa tête, ses mains fouillent à l’aveuglette pour y sonder les différents pots en verre et s’attarde sur celui déjà entamé, plus léger que les autres. Il sort un pot de confiture de figues sur la surface duquel une fine pellicule de moisi a commencé à se développer, à l’aide d’une cuillère à soupe le vieil homme retire donc grossièrement le champignon, essuie le couvert et commence à badigeonner des tartines de pain de seigle. Zelevas tourne enfin son attestation sur la grande porte à l’opposée de l’entrée de la cuisine et tourne la poignée pour révéler les quelques marches qui descendent au cellier. La pièce est terriblement poussiéreuse et le sol est jonché d’une couche de sciure à cause des termites qui dévorent les poutres du plafond, mais de toute façon le propriétaire des lieux n’utilise plus que les premières étagères à droite de la porte donc il s’en fiche éperdument. Le d’Élusie récupère donc un pot de crème montée et pioche dans une panière de fruits secs pour récupérer quelques framboises, des fraises et des amandes. Posant le tout sur un plateau, Zelevas toujours en chemise vient d’abord ouvrir la porte d’entrée pour se libérer le passage avant d’aller rechercher son petit-déjeûner dans la cuisine. Le soleil radieux à l’extérieur lui donne envie de manger sur la table du jardin, en espérant que la lumière contre sa peau l’extirpe de sa gueule-de-bois indésirable.
”Bonjour Mortifère. Repos.”
Le cerbère l’avait attendu à l’extérieur de la porte d’entrée, pendant combien de temps? Peu importe, mais il l’avait fait. Un sourire de satisfaction décore le visage du Sénateur, Abraham s’améliore avec le temps, c’était une de ses grandes peur par rapport à la dimension psychologique du Projet, que le sujet ne devienne un très mauvais élève, mais Mortifère avait fini par être tout le contraire.
”Attends moi un instant.”
Le Sénateur dépose donc le plateau sur la table, tire deux chaises et retourne dans la cuisine pour doubler les portions.
”Viens, attable toi avec moi et mangeons ensemble. Il fait beau, c’est l’occasion d’en profiter.” Tandis que les tartines font trempettes dans les cafés et que les fruits sont mélangés aux crèmes, Zelevas reprend la parole sans lever les yeux de son petit-déjeûner, ”Si jamais ton existence est révélée au public, il nous faudra faire extrêmement attention, toi comme moi, nous ne pourrons plus nous déplacer avec autant de liberté. Pour l’instant mon alliance avec les Sénateurs Aiwenor et Goldheart tient bon, il y a fort à parier que les Primaires nous seront favorables, donc je vais naturellement attirer beaucoup d’attention et de curiosité mal placée.” Zelevas relève la tête mais au lieu de dévisager Mortifère, il laisse ses yeux bleus pâles regarder le ciel de la même couleur. ”J’ai dit hier que la Présidente Mirelda est l’ennemie de la République… Ce n’est pas exactement vrai, elle est une menace pour le pays. Une énorme menace, mais elle n’est pas encore son ennemi. Du moins tant que je ne possède aucune preuve du contraire. Elle souhaite asseoir son monopole sur tout ce qu’elle touche, que ce soit l’immobilier, l’économie, la politique… le pays. C’est à nous de la surveiller, et d’agir en conséquence, nous essayons de réparer un système aux rouages si complexes qu’il ne peut être vu dans son ensemble par un seul homme, ce système dantesque est piloté par ses représentants, et si ceux-ci sont eux aussi pourris jusqu’à la moelle et retourne la République contre elle-même, alors nous n’aurons d’autre choix que de le raser pour le reconstruire. C’est aussi à ça que peut servir le Baron.” Il boit une gorgée de son café un peu trop corsé pour sa gorge irritée. ”Ahem. Nous allons prier pour ne pas en arriver là n’est-ce pas? Dis moi Mortifère, est-ce qu’il y a des affectations qui t’intéresseraient ou que tu trouves pour l’instant lacunaire dans ta formation?”
Non seulement il a trop bu hier et sa langue est outrageusement sèche, mais il a dormi dans son fauteuil au coin du feu et habillé.
”Ouuh. Aïe.”
Le Sénateur se relève dans sa chaise, il se sent légèrement inconfortable, sa chemise est trempée après avoir transpiré dedans et il a beaucoup trop chaud. Zelevas retire ses gants et passe une main sur son visage, en caressant sa barbe hirsute, il se frotte les yeux alors que sa vision peine à faire le point, les muscles de son visage sont raides, il a presque l’impression qu’il va se déchirer une lèvre en ouvrant la bouche. Il opte d’abord pour ouvrir ses paupières, plissant les yeux fortement à cause de la lumière trop agressive qui attaque ses iris bleues, suivi d’un gémissement léger arraché par son dos récalcitrant.
”Hmm, oui, non.” Il repose sa tête quelques minutes sur le dossier, soupirant d’exaspération.
Il n’a de toute façon pas le choix, il y a trop de choses à faire et il doit partir pour Liberty au plus tard ce soir. Quand il faut y aller, il faut y aller. Ramassant donc toute la volonté du monde simplement pour pouvoir se tirer de sa chaise, le Sénateur s’extirpe du piège de velour dans lequel son séant s’était ancré, debout sur ses pieds, légèrement fatigué par l’engourdissement rémanente du réveil, il se dirige à pas lents vers la cuisine. Il pousse légèrement la porte entre ouverte et regarde les poussières virevolter dans les raies de lumière qui s’infiltrent à travers les carreaux sales. Zelevas met sa main en visière pour se cacher les yeux et avance à tâtons jusqu’au foyer. Deux bûches et trois gouttes d’alcool plus tard pour ne pas s’embêter, le vieux place une casserole d’eau sur le feu naissant et y jette des grains de café. Maintenant que c’est fait, il peut attendre que l’eau chauffe en allant faire sa toilette.
Le Z retourne donc dans le hall d’entrée, il est toujours un peu engourdi tant dans ses mouvements que dans ses pensées, sa main se pose sur la rambarde de l’escalier et il commence à gravir les marches pour monter jusqu’à sa chambre, les yeux baissés vers le tapis qui drape les planches de l’escalier pour éviter de se prendre les pieds dedans et de tomber. Son regard s’arrête sur les différentes marques d’usure, les tâches du bois, du tapis, les entailles, les fissures dans les dalles du carrelage. Couplé à son propre état las, il se sent aussi fatigué que la bâtisse qui porte son nom, et en même temps c’est aussi la base de sa réflexion pour laisser le Manoir d’Élusie décrépir. N’est-ce pas? Il pourrait l’expliquer à Séraphin, ça ferait peut-être réfléchir le jeune homme… qu’il est navrant de constater que son neveu peine encore à saisir des valeurs bien fondamentales de sa propre Famille. Zelevas pince sa lèvre d’un rictus amer, arrivé en haut il se retourne pour faire face aux escaliers et adresse un regard à la baie vitrée terne, à la pourriture des murs, aux toiles d’araignée et à la couche de poussière omniprésente. Oui. Il entretient l’espoir un jour de pouvoir restaurer cet endroit à la splendeur qu’était sienne autrefois, mais ce n’est pas encore pour tout de suite. Patience. Il s’en va dans sa chambre et ouvre la salle de bain.
Le miroir écaillé au dessus de la coiffeuse reflète ses traits à peine reposés et, pris d’un soudain doute, Zelevas sourit à sa propre image, tentant de lui adresser le meilleur profil et de recoiffer vite fait ses cheveux blancs en les plaquant en arrière. Est-ce lui, la fatigue, le stress de l’intensité de ces derniers temps, ou est-ce qu’il a perdu en charisme? Le vieillard s’approche du meuble, pose ses mains sur les bords en se penchant par dessus et s’ausculte des yeux attentivement. Il passe un doigt dans ses oreilles, se frotte le nez, il masse brièvement ses pommettes, son visage plus raide en sensation lui paraît pourtant paradoxalement plus flasque devant la glace, ce n’est pas la vieillesse, ça ne peut pas être simplement la vieillesse. Impossible. Non. Il se fixe lui-même dans les yeux, la tête subtilement inclinée vers l’avant, il fronce doucement les sourcils et fléchit imperceptiblement ses lèvres, ce regard, ce regard inflexible, ce regard de tueur qu’il a toujours arboré dans les moments les plus difficiles de Limier, de Juge, de négociateur, d’homme politique, ce regard est toujours là. Il se déshabille et prépare un baquet d’eau et des serviettes.
Propre et de retour dans la cuisine, Zelevas retire l’eau bouillante du feu et la verse dans un bol coiffé d’un torchon, l’eau teinté de café s’y déverse et ne reste bientôt dans le tissus que les graines de café éclatées par la chaleur. Le vieux s’équipe d’un moulin à vis et récupère les grains qu’il moud sommairement avant de les rajouter dans la boisson. Il ouvre après le compartiment à sel pendant que le café tiédi et fouille pour retirer un jambon cru. Le vieil homme récupère ensuite un couteau, la lame glisse avec difficulté sur la viande, il y a longtemps qu’elle n’a pas été aiguisée et le morceau de porc date également donc il est aussi dur que les cristaux de sel dans lequel il a été stocké. Après avoir préparé une paire de tranches, Zelevas ouvre le placard au dessus de sa tête, ses mains fouillent à l’aveuglette pour y sonder les différents pots en verre et s’attarde sur celui déjà entamé, plus léger que les autres. Il sort un pot de confiture de figues sur la surface duquel une fine pellicule de moisi a commencé à se développer, à l’aide d’une cuillère à soupe le vieil homme retire donc grossièrement le champignon, essuie le couvert et commence à badigeonner des tartines de pain de seigle. Zelevas tourne enfin son attestation sur la grande porte à l’opposée de l’entrée de la cuisine et tourne la poignée pour révéler les quelques marches qui descendent au cellier. La pièce est terriblement poussiéreuse et le sol est jonché d’une couche de sciure à cause des termites qui dévorent les poutres du plafond, mais de toute façon le propriétaire des lieux n’utilise plus que les premières étagères à droite de la porte donc il s’en fiche éperdument. Le d’Élusie récupère donc un pot de crème montée et pioche dans une panière de fruits secs pour récupérer quelques framboises, des fraises et des amandes. Posant le tout sur un plateau, Zelevas toujours en chemise vient d’abord ouvrir la porte d’entrée pour se libérer le passage avant d’aller rechercher son petit-déjeûner dans la cuisine. Le soleil radieux à l’extérieur lui donne envie de manger sur la table du jardin, en espérant que la lumière contre sa peau l’extirpe de sa gueule-de-bois indésirable.
”Bonjour Mortifère. Repos.”
Le cerbère l’avait attendu à l’extérieur de la porte d’entrée, pendant combien de temps? Peu importe, mais il l’avait fait. Un sourire de satisfaction décore le visage du Sénateur, Abraham s’améliore avec le temps, c’était une de ses grandes peur par rapport à la dimension psychologique du Projet, que le sujet ne devienne un très mauvais élève, mais Mortifère avait fini par être tout le contraire.
”Attends moi un instant.”
Le Sénateur dépose donc le plateau sur la table, tire deux chaises et retourne dans la cuisine pour doubler les portions.
”Viens, attable toi avec moi et mangeons ensemble. Il fait beau, c’est l’occasion d’en profiter.” Tandis que les tartines font trempettes dans les cafés et que les fruits sont mélangés aux crèmes, Zelevas reprend la parole sans lever les yeux de son petit-déjeûner, ”Si jamais ton existence est révélée au public, il nous faudra faire extrêmement attention, toi comme moi, nous ne pourrons plus nous déplacer avec autant de liberté. Pour l’instant mon alliance avec les Sénateurs Aiwenor et Goldheart tient bon, il y a fort à parier que les Primaires nous seront favorables, donc je vais naturellement attirer beaucoup d’attention et de curiosité mal placée.” Zelevas relève la tête mais au lieu de dévisager Mortifère, il laisse ses yeux bleus pâles regarder le ciel de la même couleur. ”J’ai dit hier que la Présidente Mirelda est l’ennemie de la République… Ce n’est pas exactement vrai, elle est une menace pour le pays. Une énorme menace, mais elle n’est pas encore son ennemi. Du moins tant que je ne possède aucune preuve du contraire. Elle souhaite asseoir son monopole sur tout ce qu’elle touche, que ce soit l’immobilier, l’économie, la politique… le pays. C’est à nous de la surveiller, et d’agir en conséquence, nous essayons de réparer un système aux rouages si complexes qu’il ne peut être vu dans son ensemble par un seul homme, ce système dantesque est piloté par ses représentants, et si ceux-ci sont eux aussi pourris jusqu’à la moelle et retourne la République contre elle-même, alors nous n’aurons d’autre choix que de le raser pour le reconstruire. C’est aussi à ça que peut servir le Baron.” Il boit une gorgée de son café un peu trop corsé pour sa gorge irritée. ”Ahem. Nous allons prier pour ne pas en arriver là n’est-ce pas? Dis moi Mortifère, est-ce qu’il y a des affectations qui t’intéresseraient ou que tu trouves pour l’instant lacunaire dans ta formation?”
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Enfin sorti de sa fiévreuse torpeur, le Sénateur se présenta au petit matin face à son gardien qui, quant à lui, avait évidemment veillé toute la nuit pour assurer la sécurité de Zelevas. A bien y songer et en inspectant de plus près ce dernier, Mortifère réalisait que dormir n'avait pas suffi à rendre à celui qu'il protégeait sa prestance habituelle et qu'il se remettait bien durement d'un excès d'alcool. Offrant une révérence courtoise à celui qui venait de le saluer, le soldat mécanisé suivit le vieil homme du regard et le laissa s'adonner à ses tâches matinales en le suivant de loin. Après l'inquiétante visite du Baron, un peu d'accalmie bien méritée s'avérait salvateur même pour celui qui n'avait pas eu le loisir de jouir des bienfaits d'une bonne nuit de sommeil.
Quelque peu surpris d'être invité à déjeuner en compagnie de l'illustre personnage qu'il accompagnait, Mortifère obtempéra et tâcha de faire une démonstration aussi académique que possible de ce qui lui avait été enseigné dans ses cours visant à le rendre présentable. Du fait de la longueur anormale de ses prothèses, s'attabler était un exercice particulièrement compliqué et le soldat s'était donc formé par obligation à s'alimenter exclusivement à l'aide de sa télékinésie lorsqu'il était en présence d'individus influents, tout en conservant ses griffes monstrueuses bien à l'abri sous la table. En l'attente de prothèses plus raffinées et discrètes, c'était la seule option qu'avaient trouvé ses formateurs pour venir à bout de ce problème certes anecdotique, mais néanmoins handicapant lorsque l'on évoluait dans la haute société. Tirant sa chaise, il jeta un œil au ciel magnifique lorsque Zelevas l'y invita, avant d'ajouter :
"En effet, cela fait d'ailleurs bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion d'en profiter."
Une remarque sordide qui contrastait atrocement avec la beauté du moment. Se flagellant intérieurement pour sa maladresse, Mortifère décida qu'il tournerait désormais sa langue sept fois dans sa bouche avant de l'ouvrir. S'installa avec élégance malgré les immenses prothèses dont il était équipé, il vint s'assoir face à Zelevas qui semblait déjà trop porté sur le sujet du jour pour se soucier des propos attristants du jeune militaire. Malheureusement pour Mortifère, son interlocuteur disposait d'une mémoire particulièrement affutée et savait identifier les failles de sa création. Priant pour que sa furtive complainte ne soit pas ramenée sur le tapis, il fut soulagé de découvrir que le prochain thème de conversation portait sur des enjeux qu'il maîtrisait davantage et ce fut donc avec intérêt qu'il écouta le Sénateur tout en abaissant son masque d'une faible impulsion télékinétique.
Tandis que le soldat mettait tout en œuvre pour se servir convenablement sans avoir à rattraper une maladresse par l'utilisation de ses mains métalliques, de nombreux points suscitant l'inquiétude de Zelevas furent ramenés sur le tapis. Les alliances, les oppositions, le risque que représentait Mirelda pour l'intégrité de la Nation. Des aspects de sa nouvelle profession que Mortifère connaissait sur le bout des doigts pour les avoir longuement étudié lors de sa conversion en arme patriotique et sur lesquels il n'éprouvait aucun mal pour rebondir. La question qui suivit les explications, pourtant, eut quant à elle le mérite de le sortir de ses habitudes. Sans avoir encore eu l'occasion de toucher à son assiette, il reposa par télékinésie les couverts maintenus en l'air par sa volonté pour réfléchir plus posément, puis il répondit :
"Comme je l'ai fait sous-entendre hier, j'ai été confronté lors de certaines opérations à des ensorceleurs dotés de facultés permettant de manier l'esprit de leurs victimes. N'ayant pas été formé à faire face à de tels assauts, j'ai découvert que j'y étais... tout aussi sensible que n'importe qui."
Il lui coûtait d'admettre qu'il souffrait encore de faiblesses aussi misérablement humaines que celle-ci, mais ses facultés d'analyse couplées à son honnêteté intellectuelle demeuraient une part des atouts qu'il souhaitait mettre en avant auprès du Sénateur. Avec sincérité malgré les risques que représentaient une telle annonce, il lança :
"Je souhaite me délester du poison que sont les émotions humaines, Sénateur. Ma mission l'exige. Est-ce en votre pouvoir ?"
Quelque peu surpris d'être invité à déjeuner en compagnie de l'illustre personnage qu'il accompagnait, Mortifère obtempéra et tâcha de faire une démonstration aussi académique que possible de ce qui lui avait été enseigné dans ses cours visant à le rendre présentable. Du fait de la longueur anormale de ses prothèses, s'attabler était un exercice particulièrement compliqué et le soldat s'était donc formé par obligation à s'alimenter exclusivement à l'aide de sa télékinésie lorsqu'il était en présence d'individus influents, tout en conservant ses griffes monstrueuses bien à l'abri sous la table. En l'attente de prothèses plus raffinées et discrètes, c'était la seule option qu'avaient trouvé ses formateurs pour venir à bout de ce problème certes anecdotique, mais néanmoins handicapant lorsque l'on évoluait dans la haute société. Tirant sa chaise, il jeta un œil au ciel magnifique lorsque Zelevas l'y invita, avant d'ajouter :
"En effet, cela fait d'ailleurs bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion d'en profiter."
Une remarque sordide qui contrastait atrocement avec la beauté du moment. Se flagellant intérieurement pour sa maladresse, Mortifère décida qu'il tournerait désormais sa langue sept fois dans sa bouche avant de l'ouvrir. S'installa avec élégance malgré les immenses prothèses dont il était équipé, il vint s'assoir face à Zelevas qui semblait déjà trop porté sur le sujet du jour pour se soucier des propos attristants du jeune militaire. Malheureusement pour Mortifère, son interlocuteur disposait d'une mémoire particulièrement affutée et savait identifier les failles de sa création. Priant pour que sa furtive complainte ne soit pas ramenée sur le tapis, il fut soulagé de découvrir que le prochain thème de conversation portait sur des enjeux qu'il maîtrisait davantage et ce fut donc avec intérêt qu'il écouta le Sénateur tout en abaissant son masque d'une faible impulsion télékinétique.
Tandis que le soldat mettait tout en œuvre pour se servir convenablement sans avoir à rattraper une maladresse par l'utilisation de ses mains métalliques, de nombreux points suscitant l'inquiétude de Zelevas furent ramenés sur le tapis. Les alliances, les oppositions, le risque que représentait Mirelda pour l'intégrité de la Nation. Des aspects de sa nouvelle profession que Mortifère connaissait sur le bout des doigts pour les avoir longuement étudié lors de sa conversion en arme patriotique et sur lesquels il n'éprouvait aucun mal pour rebondir. La question qui suivit les explications, pourtant, eut quant à elle le mérite de le sortir de ses habitudes. Sans avoir encore eu l'occasion de toucher à son assiette, il reposa par télékinésie les couverts maintenus en l'air par sa volonté pour réfléchir plus posément, puis il répondit :
"Comme je l'ai fait sous-entendre hier, j'ai été confronté lors de certaines opérations à des ensorceleurs dotés de facultés permettant de manier l'esprit de leurs victimes. N'ayant pas été formé à faire face à de tels assauts, j'ai découvert que j'y étais... tout aussi sensible que n'importe qui."
Il lui coûtait d'admettre qu'il souffrait encore de faiblesses aussi misérablement humaines que celle-ci, mais ses facultés d'analyse couplées à son honnêteté intellectuelle demeuraient une part des atouts qu'il souhaitait mettre en avant auprès du Sénateur. Avec sincérité malgré les risques que représentaient une telle annonce, il lança :
"Je souhaite me délester du poison que sont les émotions humaines, Sénateur. Ma mission l'exige. Est-ce en votre pouvoir ?"
La lame du couteau s’enfonce dans le moelleux de la mie de pain pour y déposer la confiture granuleuse, le vieil homme a la bouche qui salive un peu devant l’onctuosité du brun sucré qu’il coupe en rajoutant un peu de crème à la va-vite sur la tartine. Puis il trempe le bout de pain agrémenté dans son café en écoutant la réponse du Cerbère d’un air attentif, surveillant également ce qu’il faisait pour éviter que le seigle ne se désagrège dans sa boisson pour ruiner son petit-déjeuner. Il hausse les sourcils avec une moue approbatrice en laissant un léger humement s’échapper de sa bouche fermée comme pour à la fois signifier son accord avec le soldat mais aussi l’inviter à en dire plus, mais la phrase suivante du militaire contrarie légèrement le Sénateur. Son front se plisse faiblement et ses arcades se rabattent au dessus de ses yeux devant l’information rapportée par Mortifère, le problème des émotions humaines est effectivement un des enjeux principaux de l’éthique déjà discutable autour du Projet Palladium. Un point qui mérite une réflexion que Zelevas n’est malheureusement pas sûr de pouvoir partager avec le principal concerné, de peur d’une réaction imprévue avec les inhibiteurs qui coulent dans le sang du jeune homme. Laissant peser un instant de silence entre la fin de la prise de parole du Premier-Né et sa propre réponse, d’Élusie prend une bouchée de sa tartine pour apprécier le contraste chaud entre l’amer du café et le sucré de la crème-confiture. Le tout fond presque sur la langue avec une harmonie imparfaite mais satisfaisante, ça reste un petit-déjeûner à la bonne franquette. Après avoir dégluti et posé le reste du pain sur le bord de son assiette, Zelevas lâche un soupir avant de répondre enfin:
”Pour ce qui est des magies psychiques, il existe des matériaux capables de palier à ce problème. Les masques du Razkaal sont fabriqué dans un alliage bien particulier et bardés d’enchantements de résistance mentales mais leur fonction est surtout orientée contre la corruption de la forteresse maudite. La fabrication des masques est un secret bien gardé, même moi en tant qu’ancien Garde des Sceaux et Limiers je n’ai jamais eu accès à la méthode de forgeage. Je vais tout de même jeter un oeil pour voir si j’arrive à récupérer un peu de l’alliage ou à carrément t’obtenir un masque, j’aurai pu te prêter le mien mais ils sont liés à l’âme du porteur donc il ne fonctionnera pas avec toi. On a aussi d’autres alternatives, certains métaux permettent d’affaiblir les magies, ils sont coûteux et difficiles à obtenir mais ça méritera un peu d’investigation de ma part. J’utiliserai le carnet d’adresse de la Societas, je ne devrai pas avoir trop de mal à obtenir de résultat concluant.”
Il pense notamment à l’adamantine, un métal hors de prix qu’il n’a que très rarement eu l’occasion de voir passer dans les caisses de voyage de la SSG. Apparemment sa capacité à absorber la mana en fait un nécessaire pour les traqueurs de mages et les pièces de défense anti-magie. À ce qu’il paraît un peu de ce métal est inclu dans la fabrication des fameux masques du Razkaal ou encore dans les coffres de la Banque des Chaînes fabriqués par les Ironsouls, quant à savoir comment la famille d’élémentaire aurait potentiellement pu mettre la main sur une quantité aussi énorme de ce dérivé du diamant, ça restait à voir.
”Et pour le reste…” les muscles de sa mâchoire se crispent un peu alors qu’il adopte un ton plus dur et critique. ”... est-ce que tu t’es déjà demandé pourquoi tu as encore ces émotions Mortifère? Quand j’ai retravaillé les plans de Palladium avec le Doc’, la question s’est posée de savoir quoi en faire, parce que tu te doutes bien que ce n’est pas par limitation technique que tu es encore émotionnellement sensible n’est-ce pas? Le Doc est tout à fait capable de t’opérer ou je ne sais quoi, d’augmenter la dose pour que tu n’en éprouves plus, sauf qu’on ne l’a sciemment pas fait. Il y a une raison pour laquelle nous avons finalement opté pour ce compromis et je veux que tu réfléchisses, tu es encore jeune fiston, peut-être encore un peu immature sur certains aspects, donc je veux que tu prennes du temps, et que tu te poses la question. Il y a toute une équipe qui surveilles ton évolution et nous procéderons à une intervention si cela sera nécessaire, mais ce sera par dépit que nous le ferons. En attendant je ne veux plus en entendre parler pendant au moins trois ou quatre mois, c’est une introspection qui demande du temps pour pouvoir internaliser certaines choses et ton point de vue ne pourra pas changer du tout au tout en l’espace de quelques semaines seulement, alors prend ton mal en patience, réfléchis, et souffre.” Sa voix devient bien plus grave. ”C’est un point commun que nous avons fiston, et en cela tu es un des rares qui puisse me comprendre quand je te dis ceci: la souffrance…” Il s’avance vers le visage scarifié du soldat, ses yeux bleus aciers soudainement assombris alors que le soleil est pourtant radieux. Dans ses pupilles défilent les années de traque pour le Razkaal, de condamnation en justice et de décisions torturées. ”... la souffrance forge.”
Le vieillard se redresse sur sa chaise de jardin, sans lâcher des yeux le soldat il apporte le bol de café chaud à sa bouche et le vide en silence, laissant le jeune homme intégrer ce qu’il vient d’entendre.
”Pour ce qui est des magies psychiques, il existe des matériaux capables de palier à ce problème. Les masques du Razkaal sont fabriqué dans un alliage bien particulier et bardés d’enchantements de résistance mentales mais leur fonction est surtout orientée contre la corruption de la forteresse maudite. La fabrication des masques est un secret bien gardé, même moi en tant qu’ancien Garde des Sceaux et Limiers je n’ai jamais eu accès à la méthode de forgeage. Je vais tout de même jeter un oeil pour voir si j’arrive à récupérer un peu de l’alliage ou à carrément t’obtenir un masque, j’aurai pu te prêter le mien mais ils sont liés à l’âme du porteur donc il ne fonctionnera pas avec toi. On a aussi d’autres alternatives, certains métaux permettent d’affaiblir les magies, ils sont coûteux et difficiles à obtenir mais ça méritera un peu d’investigation de ma part. J’utiliserai le carnet d’adresse de la Societas, je ne devrai pas avoir trop de mal à obtenir de résultat concluant.”
Il pense notamment à l’adamantine, un métal hors de prix qu’il n’a que très rarement eu l’occasion de voir passer dans les caisses de voyage de la SSG. Apparemment sa capacité à absorber la mana en fait un nécessaire pour les traqueurs de mages et les pièces de défense anti-magie. À ce qu’il paraît un peu de ce métal est inclu dans la fabrication des fameux masques du Razkaal ou encore dans les coffres de la Banque des Chaînes fabriqués par les Ironsouls, quant à savoir comment la famille d’élémentaire aurait potentiellement pu mettre la main sur une quantité aussi énorme de ce dérivé du diamant, ça restait à voir.
”Et pour le reste…” les muscles de sa mâchoire se crispent un peu alors qu’il adopte un ton plus dur et critique. ”... est-ce que tu t’es déjà demandé pourquoi tu as encore ces émotions Mortifère? Quand j’ai retravaillé les plans de Palladium avec le Doc’, la question s’est posée de savoir quoi en faire, parce que tu te doutes bien que ce n’est pas par limitation technique que tu es encore émotionnellement sensible n’est-ce pas? Le Doc est tout à fait capable de t’opérer ou je ne sais quoi, d’augmenter la dose pour que tu n’en éprouves plus, sauf qu’on ne l’a sciemment pas fait. Il y a une raison pour laquelle nous avons finalement opté pour ce compromis et je veux que tu réfléchisses, tu es encore jeune fiston, peut-être encore un peu immature sur certains aspects, donc je veux que tu prennes du temps, et que tu te poses la question. Il y a toute une équipe qui surveilles ton évolution et nous procéderons à une intervention si cela sera nécessaire, mais ce sera par dépit que nous le ferons. En attendant je ne veux plus en entendre parler pendant au moins trois ou quatre mois, c’est une introspection qui demande du temps pour pouvoir internaliser certaines choses et ton point de vue ne pourra pas changer du tout au tout en l’espace de quelques semaines seulement, alors prend ton mal en patience, réfléchis, et souffre.” Sa voix devient bien plus grave. ”C’est un point commun que nous avons fiston, et en cela tu es un des rares qui puisse me comprendre quand je te dis ceci: la souffrance…” Il s’avance vers le visage scarifié du soldat, ses yeux bleus aciers soudainement assombris alors que le soleil est pourtant radieux. Dans ses pupilles défilent les années de traque pour le Razkaal, de condamnation en justice et de décisions torturées. ”... la souffrance forge.”
Le vieillard se redresse sur sa chaise de jardin, sans lâcher des yeux le soldat il apporte le bol de café chaud à sa bouche et le vide en silence, laissant le jeune homme intégrer ce qu’il vient d’entendre.
Citoyen de La République
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De prime abord, Zelevas n'offrit en réponse à son jeune gardien qu'un silence paisible et se contenta de savourer ses tartines. L'imitant au risque de se montrer impoli, Mortifère recentra une part de son attention sur les ustensiles qu'il maniait et vint, par des gestes sciemment ordonnés à la perfection, reproduire précisément la composition de ce qu'avait le Sénateur dans son assiette avec une étonnante similitude en matière de dosage et de forme. Portée par une main invisible, sa tartine remonta à sa bouche et lorsqu'il put enfin déguster ce qu'avait préparé le Sénateur; Mortifère se mit à observer la beauté des alentours et sentit alors une vague de plaisir légère mais néanmoins réelle lui parvenir. Regretterait-il l'entière perte de ces joies fébriles lorsque l'acier aurait enfermé son esprit dans un inextricable donjon ? Peut-être.
Mâchonnant son repas distraitement, il réhaussa son regard lorsque Zelevas lui octroya de premiers éléments de réponse satisfaisants. Le politicien traitait la chose avec une nonchalance certaine mais il reconnaissait toutefois l'importance d'une protection face aux arcanes de la corruption. Hochant vivement la tête tout en finissant d'avaler sa bouchée, il confirma silencieusement que l'idée d'un masque emprunté aux Limiers avait de quoi lui plaire, même s'il avait espéré une solution plus drastique qu'un simple accessoire enchanté. Se frayant un chemin dans son esprit comme un véritable poison, une fantaisie obscure s'immisça en lui et sa gorge se serra un peu tandis que ses yeux lumineux se perdaient un instant dans le vide.
Mangeant presque machinalement malgré cette tension grimpante, il se vit en compagnie de Takhys, enfermé dans cette diligence bien trop exiguë à son goût. Il la vit quitter son assise avec cette douceur prédatrice. Il se remémora la froideur de ses doigts effilés qui dansaient le long de son torse, puis jusqu'à son cou maculé de cicatrices. Il imagina alors une issue différente à cette rencontre, un baiser intime, les délices qu'il avait cru vouloir obtenir en se faisant bannière des progrès de la glorieuse République. Il se remémora enfin la réalité de son refus, l'écrasant effroi qui avait ensserré son cœur meurtri et la douleur de l'humiliation suscitée par ses craintes infantiles. C'était pour être respecté et aimé qu'il s'était ainsi transformé, bien qu'il ne l'ait jamais admis face aux tortionnaires à l'origine de sa renaissance. Pourtant, aujourd'hui, il demandait à sacrifier définitivement les rêves e lendemain meilleur qui lui avaient permis de tenir jusqu'ici.
Le Sénateur reprit la parole, plus froidement qu'auparavant; et cela tira à ses songes le jeune militaire perdu. S'extrayant de ses sinistres pensées, il se focalisa entièrement sur les dires du vieil homme dont il avait bu les paroles depuis toujours mais lorsque le discours adopta un aspect plus dur à entendre qu'il ne l'aurait escompté, ses yeux s'assombrirent un peu et il sentit le poids de la honte s'installer sur ses épaules. Pendu aux lèvres du vieil homme, Mortifère avait appris à identifier au fil du temps les quelques signaux traduisant la déception ou l'agacement de son mentor et lorsqu'il les voyait apparaître, il ressentait vis-à-vis de lui-même un dégoût profond dont il avait bien de la peine à se défaire. Il y eut toutefois à l'issue de son discours une note qui ne manqua pas d'éveiller l'attention du soldat. Ils avaient un "point commun" et Mortifère était l"l'un des rares" à pouvoir le comprendre. C'était revigorant, au moins un peu.
"...Bien, Sénateur."
Ressentant malgré tout le malaise qu'avait déclenché son impudence, le jeune homme dissimulé derrière la masse d'acier fit une nouvelle démonstration de l'immaturité que relevait son supérieur et vint ajouter dans une balbutiante tentative de rattraper le coup :
"Je suis navré de m'être montré aussi pressant. Cela ne se reproduira plus."
Puis il retourna à ses tartines.
Mâchonnant son repas distraitement, il réhaussa son regard lorsque Zelevas lui octroya de premiers éléments de réponse satisfaisants. Le politicien traitait la chose avec une nonchalance certaine mais il reconnaissait toutefois l'importance d'une protection face aux arcanes de la corruption. Hochant vivement la tête tout en finissant d'avaler sa bouchée, il confirma silencieusement que l'idée d'un masque emprunté aux Limiers avait de quoi lui plaire, même s'il avait espéré une solution plus drastique qu'un simple accessoire enchanté. Se frayant un chemin dans son esprit comme un véritable poison, une fantaisie obscure s'immisça en lui et sa gorge se serra un peu tandis que ses yeux lumineux se perdaient un instant dans le vide.
Mangeant presque machinalement malgré cette tension grimpante, il se vit en compagnie de Takhys, enfermé dans cette diligence bien trop exiguë à son goût. Il la vit quitter son assise avec cette douceur prédatrice. Il se remémora la froideur de ses doigts effilés qui dansaient le long de son torse, puis jusqu'à son cou maculé de cicatrices. Il imagina alors une issue différente à cette rencontre, un baiser intime, les délices qu'il avait cru vouloir obtenir en se faisant bannière des progrès de la glorieuse République. Il se remémora enfin la réalité de son refus, l'écrasant effroi qui avait ensserré son cœur meurtri et la douleur de l'humiliation suscitée par ses craintes infantiles. C'était pour être respecté et aimé qu'il s'était ainsi transformé, bien qu'il ne l'ait jamais admis face aux tortionnaires à l'origine de sa renaissance. Pourtant, aujourd'hui, il demandait à sacrifier définitivement les rêves e lendemain meilleur qui lui avaient permis de tenir jusqu'ici.
Le Sénateur reprit la parole, plus froidement qu'auparavant; et cela tira à ses songes le jeune militaire perdu. S'extrayant de ses sinistres pensées, il se focalisa entièrement sur les dires du vieil homme dont il avait bu les paroles depuis toujours mais lorsque le discours adopta un aspect plus dur à entendre qu'il ne l'aurait escompté, ses yeux s'assombrirent un peu et il sentit le poids de la honte s'installer sur ses épaules. Pendu aux lèvres du vieil homme, Mortifère avait appris à identifier au fil du temps les quelques signaux traduisant la déception ou l'agacement de son mentor et lorsqu'il les voyait apparaître, il ressentait vis-à-vis de lui-même un dégoût profond dont il avait bien de la peine à se défaire. Il y eut toutefois à l'issue de son discours une note qui ne manqua pas d'éveiller l'attention du soldat. Ils avaient un "point commun" et Mortifère était l"l'un des rares" à pouvoir le comprendre. C'était revigorant, au moins un peu.
"...Bien, Sénateur."
Ressentant malgré tout le malaise qu'avait déclenché son impudence, le jeune homme dissimulé derrière la masse d'acier fit une nouvelle démonstration de l'immaturité que relevait son supérieur et vint ajouter dans une balbutiante tentative de rattraper le coup :
"Je suis navré de m'être montré aussi pressant. Cela ne se reproduira plus."
Puis il retourna à ses tartines.
Ils finirent leur collation tranquillement, profitant du silence et du calme qui précède souvent les tourmentes. Zelevas sait que ce paisible instant sera le dernier qu’il pourra s’accorder avant quelques semaines au moins, si ce n’est plus. Quelle que soit l’issue de l’assemblée sénatoriale le 22 juillet il n’aurait plus une seconde de répit, entre le rythme de sa campagne présidentielle qui augmenterait drastiquement et la potentielle confection des Effraies d’Acier et des Bastions Civils il était certain que le travail ne manquerait pas, alors jongler entre tout ceci et la continuité de son activité de Directeur et du Projet Palladium, ça allait relever de l’exploit. Il comptait bien évidemment démissionner de la Societas s’il devait également endosser la casquette de Consul, à un moment donné les journées ne font que vingt quatre heures et son coeur a aussi besoin de sommeil. Déposant ses couverts dans l’assiette, il range sommairement le pot de crème saucé sur le plateau avec son bol de café vide et se permet de rompre la tranquillité du moment pour conclure leur discussion:
”Regarde fiston, tu dois être un peu plus indulgent avec toi-même pour ce qui relève de ton apprentissage, mais il y a une différence entre le laxisme dû à la complaisance et la vraie tolérance.” Il tape mollement du plat de la main sur la table. ”En six mois nous avons révolutionné la médecine et repoussé les barrières de la science, tout ça est uniquement possible parce que tu as réussi.” Il s’essuie la bouche avec sa serviette et la jette sur le plateau. ”Tu as une idée -je ne sais pas si le Docteur te l’a un jour montré- du calibre de candidats qu’on a envoyé à Palladium? Parmis les candidats il y avait des héros de guerre, des gens qui se sont battus à Kaizoku, des anciens SPECTREs, des mercenaires talentueux. Ils ne l’étaient pas tous, mais c’est pour te donner une idée de ce qu’a été ta concurrence, et pourtant…” le vieillard ouvre ses mains vers le ciel. ”... où sont-ils actuellement? Mmh? C’est toi qui a réussi là où eux ont systématiquement tous échoué. Mortifère tu as accomplis l’impossible parce que tu avais en toi cette volonté d’en démordre, d’avancer quel que soit l’obstacle, de continuer à mettre un pieds devant l’autre qu’importe ce que ça pouvait en coûter. Cette détermination que tu portes est la raison de notre succès et peut-être un des meilleurs atouts de la République. Ce n’est pas que tu échoues qui me frustre, c’est que tu ne te donne pas le temps de réussir. Liberty ne s’est pas faite en un jour, Courage et les terres de la Sterne n’ont pas rejoint la République avant plus de six cent ans après sa création, la Grande Ère Réformatrice a duré plus de quatorze siècles avant de parvenir à changer en profondeur les institutions. Nous sommes des hommes Mortifère, notre temps est compté, certes, mais il faut te donner le temps de grandir un peu fiston.”
Il prend quelques instants pour scruter la réaction de Mortifère, son visage démasqué au teint pâle et parsemé de cicatrices couturées demeure toujours capable d’afficher des réactions sincères. Zelevas espère justement que ces émotions restent bien là, utilisables pour alimenter le feu combattif de son soldat de chair et d’acier tout comme son propre amour de la République l’avait toujours guidé à travers les années. Perdre ça… le vieillard doutait fortement de l’efficacité potentielle d’un soldat qui ne sait pas pourquoi il se bat, lui et le Docteur avaient longuement débattu sur le sujet, et ils avaient conclu qu’il valait mieux garder la possibilité sous le coude en inhibant tout d’abord simplement les émotions du sujet plutôt que de réaliser l’ablation directement sans possible retour arrière en cas de disfonctionnement. Se relevant de sa chaise pour remporter la vaisselle, Zelevas retourne à l’intérieur de la demeure en se demandant s’il devra être poussé à cet extrême un jour. Il dépose le plateau sur la table de la cuisine et réapparaît dans le cadre de la porte d’entrée pour dire au colosse qui attend sur le péron qu’il se prépare à lever l’ancre, ce soir ils prendront la diligence enchantée trainée par les griffons pour rejoindre le Sénat à Liberty, une occasion pour lui de montrer au soldat qui viendra avec lui le panorama de la ville vue du dessus. Une vue rare que certains ne pourront jamais admirer malgré sa resplendissante beauté.
”Regarde fiston, tu dois être un peu plus indulgent avec toi-même pour ce qui relève de ton apprentissage, mais il y a une différence entre le laxisme dû à la complaisance et la vraie tolérance.” Il tape mollement du plat de la main sur la table. ”En six mois nous avons révolutionné la médecine et repoussé les barrières de la science, tout ça est uniquement possible parce que tu as réussi.” Il s’essuie la bouche avec sa serviette et la jette sur le plateau. ”Tu as une idée -je ne sais pas si le Docteur te l’a un jour montré- du calibre de candidats qu’on a envoyé à Palladium? Parmis les candidats il y avait des héros de guerre, des gens qui se sont battus à Kaizoku, des anciens SPECTREs, des mercenaires talentueux. Ils ne l’étaient pas tous, mais c’est pour te donner une idée de ce qu’a été ta concurrence, et pourtant…” le vieillard ouvre ses mains vers le ciel. ”... où sont-ils actuellement? Mmh? C’est toi qui a réussi là où eux ont systématiquement tous échoué. Mortifère tu as accomplis l’impossible parce que tu avais en toi cette volonté d’en démordre, d’avancer quel que soit l’obstacle, de continuer à mettre un pieds devant l’autre qu’importe ce que ça pouvait en coûter. Cette détermination que tu portes est la raison de notre succès et peut-être un des meilleurs atouts de la République. Ce n’est pas que tu échoues qui me frustre, c’est que tu ne te donne pas le temps de réussir. Liberty ne s’est pas faite en un jour, Courage et les terres de la Sterne n’ont pas rejoint la République avant plus de six cent ans après sa création, la Grande Ère Réformatrice a duré plus de quatorze siècles avant de parvenir à changer en profondeur les institutions. Nous sommes des hommes Mortifère, notre temps est compté, certes, mais il faut te donner le temps de grandir un peu fiston.”
Il prend quelques instants pour scruter la réaction de Mortifère, son visage démasqué au teint pâle et parsemé de cicatrices couturées demeure toujours capable d’afficher des réactions sincères. Zelevas espère justement que ces émotions restent bien là, utilisables pour alimenter le feu combattif de son soldat de chair et d’acier tout comme son propre amour de la République l’avait toujours guidé à travers les années. Perdre ça… le vieillard doutait fortement de l’efficacité potentielle d’un soldat qui ne sait pas pourquoi il se bat, lui et le Docteur avaient longuement débattu sur le sujet, et ils avaient conclu qu’il valait mieux garder la possibilité sous le coude en inhibant tout d’abord simplement les émotions du sujet plutôt que de réaliser l’ablation directement sans possible retour arrière en cas de disfonctionnement. Se relevant de sa chaise pour remporter la vaisselle, Zelevas retourne à l’intérieur de la demeure en se demandant s’il devra être poussé à cet extrême un jour. Il dépose le plateau sur la table de la cuisine et réapparaît dans le cadre de la porte d’entrée pour dire au colosse qui attend sur le péron qu’il se prépare à lever l’ancre, ce soir ils prendront la diligence enchantée trainée par les griffons pour rejoindre le Sénat à Liberty, une occasion pour lui de montrer au soldat qui viendra avec lui le panorama de la ville vue du dessus. Une vue rare que certains ne pourront jamais admirer malgré sa resplendissante beauté.
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