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    Mercure
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  • Mar 7 Nov - 23:40
    Recollant son oeil à la lentille il continue sa surveillance tout en discutant de l’actualité avec son aîné, parlant de tout et de rien pour combler l’ennui, mais après trois jours passés ensemble en permanence et surtout deux ans de collaboration, ils arrivent bientôt à cours de sujet de conversation. Le silence retombe bientôt et Strase joue avec le trognon de sa pomme et la pointe d’une dague pour tenter d’y sculpter quelque chose. Le guetteur se retourne pour dévisager son camarade quand il l’entend renifler plusieurs fois bruyamment, il surprend son collègue à humer l’air frénétiquement en se couvrant le nez de sa main avec un air révulsé, comme si une forte odeur pestilentielle baignait dans le grenier. Pendant que Strase souffre d’une de ses crises d’hallucination olfactive, il est susceptible de devenir un tantinet violent alors il est bon de rester sur ses gardes, mais en fin de compte le gaillard se rassied et s’excuse, la tête dans ses mains. Un frisson de plus vient chercher Zelevas dans le creux du dos tandis qu’il contemple la paranoïa et la psychose qui gagne lentement son camarade depuis plus d’un an, il faut dire que Strase va parfois trop loin dans ses assignations et les affectations qu’il accepte, contrairement à lui. Lorsque le soleil approche sa course de l’horizon et qu’il fait maintenant trop sombre pour que Zelevas y voit quoi que ce soit, il interverti sa place avec Strase et sa magie visuelle pour ensuite aller réveiller leur troisième compère et s’allonger à son tour.

    ”Gunguir réveille toi, hé, hé!”

    Son collègue marmonne en ouvrant faiblement des petits yeux endormis.

    ”Hein? Ah, ouais je me lève attends…”

    D’un seul coup la voix alerte de Strase résonne dans le grenier, son ton alarmé instille immédiatement un coup de fouet chez ses collègues qui bondissent sur leurs jambes:

    ”Contact! Contact contact contact!”

    ”Quoi?” La voix du jeune homme s’étrangle dans sa gorge.

    ”Elle est d’jà à l’intérieur. On bouge ON BOUGE!!”

    ”QUOI?”


    Ils se précipitent sur leurs armes, Zelevas récupérant une arbalète à main il enfile ensuite ses cestes autour de ses poings et récupère son masque posé dans un coin. Il ne prête aucune attention à ses deux collègues, leur faisant entièrement confiance pour s’équiper de leur côté avant de se jeter tout les trois les uns à la suite des autres à travers la trappe qui descend au rez-de-chaussée.

    ”Mais qu’est-ce que t’as vu bon sang?”

    ”La Galeuse est à l’intérieur, j’l’ai vu c’est ses ch’veux, je pense même qu’elle était dedans d’puis l’début.”

    À ces mots il défonce la porte de leur planque et débarquent dans la rue désertique. La pluie bat le pavé avec force, leur bottes claquent dans une course effrénée pour remonter l’allée, les semelles projettent des gerbes d’eau à chaque pas et en quelques secondes ils sont déjà complètement trempés. La visibilité est extrêmement mauvaise entre la pluie drue et la luminosité exécrable, en courant Zelevas finit d’attacher l’arme de tir à son dos en bandoulière, s’il arrive déjà à viser quelque chose au corps à corps ce sera déjà bien. Ils arrivent devant la porte de la baraque concernée et Zelevas prend place sur le côté droit de l’entrée pour laisser Strase défoncer la porte. D’une charge de l’épaule ils font sauter le panneau de bois comme si c’était du liège et les trois spécialistes s’engouffrent à l’intérieur, Zelevas en premier. Ils envahissent le piètre salon et pendant que ses deux collègues ratissent le niveau du sol, le Fraternitas monte l’escalier qui mène à l’étage. Il ne perd pas de temps à faire dans la discrétion, leur entrée a déjà été fracassante et si la Galeuse est dans la maison ils ont tout intérêt à agir au plus vite de toute façon. En arrivant sur le palier il voit la silhouette obscure d’une femme ressortir de la pénombre au fond du couloir et alors qu’elle semblait venir vers lui, elle s’éclipse en l’apercevant, disparaissant dans une pièce adjacente.

    ”LIMIERS! TU BOUGES PLUS!” Zelevas cours à sa poursuite et écarte d’un coup de pieds la porte pour dégager sa vue.

    Une furie furieuse se jette immédiatement sur lui, elle tente de l’agripper à la gorge mais un coup de ceste à l’épaule la fait pivoter et dévie ses bras. L’odeur qui l’assaille en même temps que son adversaire le prend tellement au nez qu’il réprime un haut-le-coeur, et son corps pompe de l’adrénaline plein ses veines pour le maintenir focalisé dans le combat. Son attaquante qui perd l’équilibre lui tombe dessus et les envoie dans son élan tout les deux rouler au sol, et c’est avec le contact de sa peau contre la sienne que le Limier se rend compte que le combat sera bien plus difficile, l’intrusion mentale qu’il subit instantanément le perturbe fortement et il lève ses défenses mentales avec peine. Commence alors un jeu insidieux de contrôle où ils se battent chacun pour leur survie en tentant de s’étriper mutuellement, la folle tient dans sa main un éclat de verre enrobé dans un linge avec lequel elle essaie désespérément de poignarder Zelevas, mais celui ci ne lâche pas son poignet armé. Elle tente une première fois de le planter, avant de retrousser son bras subitement et de réessayer de plus belle, l’attaque mentale assaille toujours et encore le Fraternitas prit au piège. Un coup de genou dans l’entre-jambe lui lance une douleur sourde mais il tient bon, et quelques secondes plus tard, le corps de la Galeuse s’envole dans les airs, ses bras et ses jambes suivant le mouvement de son tronc comme des rubans dans le vent avant qu’elle n’atterrisse brutalement sur le sol.

    ”Rien de cassé Zelevas?”

    ”À TERRE! TU RESTES À TERRE! TU BOUGES PAS OU JE BUTE!”

    ”Ah la connasse, quelle sale pute…” Le jeune Limier se relève difficilement et masse son scrotum endolori en essayant de faire quelques pas. ”Vous avez trouvé Gamia?”

    Un hochement négatif de la tête indique à Zelevas que non, Gunguir le soutient et le remet d’aplomb pendant que Strase continue de clouer la Galeuse au sol, un genou sur sa nuque et forçant ses mains dans le dos. Ils passent des liens autour de ses mains avant d’enfin laisser la pression retomber. Les trois hommes se permettent de souffler, mais ce n’est pas terminé.

    ”Bonne chose qu’elle te soit tombée dessus en premier, saloperie de mentaliste.”

    La phrase pouvait paraître égoïste, mais elle était en réalité sincèrement pragmatique, c’était même la raison pour laquelle le jeune homme s’était engouffré dans la maison en premier et avait chargé à l’endroit le plus susceptible d’avoir la présence de la Galeuse. Zelevas est de loin le meilleur de ses trois collègues en terme de résistance psychique, sa détermination et la forte volonté qui l’anime lui permettent de soutenir de fortes intrusions et des attaques sérieuses, même s’il reste toujours plus susceptible que les rares légendes des Limiers doués de puissantes magies spécialisées. Si c’était Strase par exemple qui avait dû supporter l’assaut mental de la Galeuse ils l’auraient sans doute retrouvé entrain de pisser le sang.
    Mercure
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  • Mar 7 Nov - 23:44
    ”Je t’emmerde sale c-”

    ”Tu fermes ta putain d’gueule toi.” Un coup de pieds dans les côtes décharnées et apparentes joint l’utile à l’agréable. ”On est pas obligé de t’ramener vivante au Rara mais plus tu nous les brise plus on va être décidé à pas t’descendre.”

    ”Mmph, et crois moi que t’as vraiment envie qu’on te bute, vu ce qui t’attends. T’as un ticket gagnant ma cocotte.” Gunguir fait un mouvement de la main pour signifier à Zelevas qu’il compte investiguer la propriété, et il redescend les marches de l’escalier. Strase s’occupe de fouiller l’étage et laisse la prise avec le Fraternitas. Les questions se bousculent dans la tête du jeune homme mais il doit faire le tri pour sélectionner les plus importantes d’abord:

    ”Où est Gamia?”

    ”HAHAHAHA HA AAA HAHAHA”


    Son rire hystérique et son regard écarquillé dégoûte Zelevas, et ce n’est pas la seule chose de répugnante dans cette catin. La Galeuse ainsi surnommée par le préfectorat à cause de son apparence squelettique est une femme qui aurait pu être d’une beauté ravissante avant qu’elle n’afflige son corps d’une anorexie effroyable. Ses traits dessinés avec fermeté lui donnent un visage anguleux qui aurait eu son charme, une certaine droiture élégante mais qui désormais était saillant à en faire peur, donnant l’impression à ses pommettes de vouloir déchirer ses joues trop serrées pour sortir à l’air libre. Sa peau est tendue sur ses os, son menton, ses tempes, elle a un teint maladif et asséché, ses yeux sont irrités et meurtris, les paupières qui les protègent ont été arrachées et finement découpées, les croûtes qui les bordent ont frotté contre les sclérotiques maintenant injectées de sang. La Galeuse est effectivement bien nommée, et Zelevas sait que seul la folie la plus pure habite un corps si déchéant, la femme se tortille dans ses liens en riant, sa gorge déployée explose à chaque hoquet sordide avec un son qui habitera ses pensées pendant de longues années. Il soulève la captive à bout de bras et la plaque violemment contre un mur pour chasser l’air de ses poumons, le rire se transforme en glapissement de surprise sous la douleur et le Limier se penche à portée de son souffle pour lui susurrer tout doucement à l’oreille, mais en se faisant il plonge également son regard dans le sien et recommence à sentir de plus belle la présence mentale de sa proie:

    ”Où. Est. Gamia. La femme qui habite ici, où est-elle? Qu’est-ce que tu en as fait?” Il ne relâche pas sa concentration, ses défenses doivent tenir bon où il sombrera à la mercie de la Galeuse et risquerait de la libérer.

    ”Mmhm… Hm hmmm hmm! HA HAHAH AAAAH HAHA! Zelevas Zelevas, Zelevas Fraternitas!”

    Elle chante son nom avec un air de folie pure, amenant une rencontre véhémente supplémentaire entre ses omoplates décharnées et le mur de pierre. Zel se fait un peu plus ferme:

    ”RÉPONDS!”

    ”Du calme Zelevas! Zelevas d’Éééélusiiie! Elle eeest toujouuurs i-c-i”

    Ses jambes se tendent en dessous d’elle alors qu’elle semble s’amuser et le Limier les bloque immédiatement contre le mur par peur d’un nouvel assaut sur son bas-ventre. Alors qu’elle lui indique la porte de la chambre d’un mouvement du menton, il jette ensuite la prisonnière à plat ventre par terre, ne se souciant guère de préserver la sécurité de cette humaine qui a tout d’un démon. Dire qu’il y a encore quelques mois elle était une jeune femme parfaitement respectable de la société Républicaine, un brin de demoiselle qui trainait dans les soirées mondaines et composait des peintures et des pigments pour en faire des oeuvres d’art. Quelque chose avait drastiquement altéré cette nana, quelque chose de profondément corrupteur à moins que ça n’est toujours été là, pour Zelevas le résultat était le même qu’importe sa cause, et du jour au lendemain la femme avait liquidé sa famille proche et était partie dans une folie sanguinaire à s’attaquer principalement à des veuves dans les bas-quartiers de la ville. Le point d’orgue qui chiffonnait Zel, c’était ce qui advenait de ses victimes. Ils ne pouvaient tous que supposer qu’elle les tuait, parce qu’elles se volatilisaient dans la nature sans la moindre trace, la Galeuse ne laissant derrière ses crimes qu’une étrange signature que le Limier s’apprêtait une fois de plus à découvrir en ouvrant la porte de la chambre au bout du palier. Sauf que cette fois, ils l’ont pris la main dans le sac, cette fois, le cadavre serait toujours là.
    Lentement, prudemment, il s’approche de la porte à peine entrebaillée, il tend une main timide vers la poignée. Le bruit de ses propres pas sur les planches hurlantes du parquet agacent ses nerfs, il sent une tension insoutenable l’envahir devant l’anticipation morbide de ce qu’il va trouver de l’autre côté de la porte, jusque là ils ne savent absolument rien de ce que deviennent les proies de la Galeuse, impossible de prédire l’état dans lequel il allait retrouver Gamia. Par pitié, soit vivante. Une prière impossible dans ce monde dépourvu de clémence, il fondait des espoirs bien trop naïf, il sait pertinemment que leur fondement sera démonté en morceaux le moment où il mettra un pieds dans la pièce. Un pas de plus, sa main se pose sur le métal froid de la clanche de la porte, son coeur bat si fort dans ses tempes qu’il devient assourdissant, Zelevas ne sait pas si c’est son rythme cardiaque qui s’emballe sous l’anxiété crevant le plafond ou si c’est l’action psychique de sa proie à lui. Son souffle est archaïque, dans cet instant précis, le soulagement que lui et ses camarades avaient ressenti tantôt à la capture effective de la Galeuse est complètement effacé par la peur de pousser cette porte. Cette putain de porte. Juste un effort. Un mouvement de la main. Une action du doigt. Le rire aliéné de la Galeuse se réverbère de plus belle dans le couloir, inonde ses oreilles. La sueur coule sur son front. Zelevas donnerait n’importe quoi pour ne pas avoir à ouvrir cette porte, se retourner et partir, emmener cette pute au Razkaal et clore le dossier. Sa respiration laborieuse lui arrache un gémissement de panique.

    D’un coup il ouvre la porte.

    Rien. Juste une chambre. Pas de lit. Pas de commode. Pas d’armoire. Pas de chaise. Pas de table de chevet. Juste une boîte à outils. Le jeune homme à bout de souffle s’avance au milieu de la pièce, comme sur chaque scène de crime, les meubles ont été soigneusement retirés et sont probablement quelque part dans la salle voisine, comme à chaque scène de crime de la Galeuse, les murs de la pièce évidée sont fraîchement peints du même rouge clair homogène, et comme à chaque scène de crime, aucun cadavre en vue. Zelevas devrait se sentir soulagé. Il devrait.
    Pourtant ce n’est absolument pas un apaisement que ressent le jeune homme en se retournant vers la prisonnière hilare qui lui fait face, elle s’est tortillée dans ses liens pour le regarder les yeux dans les yeux, se mouvant au sol comme un vermisseau pour s’approcher un peu du pas de la porte. Elle ne cesse toujours pas de rire. C’est de la frayeur qui habite Zelevas. L’épouvante de la réponse à la question qui lui brûle les lèvres mais qu’il redoute par dessus tout de poser. Qu’est-ce qui est si drôle?
    Mercure
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  • Mar 7 Nov - 23:45
    Est-ce que c’est l’odeur de boucherie qui règne dans la pièce malgré l’absence totale de corps?
    Est-ce que c’est l’énigmatique pièce vide qu’ils trouvent à chaque signalement, mais dont la signification leur échape toujours?
    Est-ce que c’est le fait qu’une fois de plus ils soient arrivés trop tard?
    Ou est-ce que c’est la présence et par extension le contenu de la boîte à outil qu’elle n’a pas eu le temps de ranger parce qu’ils sont arrivés trop tôt?




    Zelevas met un genou à terre, il appose ses deux mains sur les pans de la boîte et l’ouvre soigneusement pour observer son contenu, ses doigts sortent de la boîte un mortier et son pilon dont le granit est tâché d’une couleur de sang séché hétérogène. En le portant devant la lueur d’une bougie, le jeune homme constate avec effarement la couche fraiche d’hémoglobine qui le macule, et c’est avec une terreur plus profonde qu’il relève la présence de couches plus vieilles. Son regard se baisse sur le reste de l’outillage. Des scies usées dont la teinte ocre des lames le fait hésiter entre le sang et la rouille. Un maillet. Des pigments. Des limes à la dentition inégale à cause de l’érosion. Un flacon d’huile. Un pinceau, rougi, encore humide, même dans le bol du mortier il reste un petit peu de poudre, une texture poussiéreuse blanchâtre, comme de la craie. Zelevas se tourne vers la Galeuse, ses propres yeux écarquillés par l’horreur de la réalité qu’il n’ose admettre avant de l’avoir entendue de sa bouche:

    ”Où est Gamia?”

    Et seul le rire de folie lui réponds.

    Ce pinceau qui avait un peu trop la couleur du sang sur ses poils un peu trop tendres pour ne pas être des cheveux, cette poussière fine qui ressemble un peu trop à de la poudre d’os, cette couche de peinture sur les murs… l’odeur dans la pièce… Gamia n’est pas dans la chambre. Elle est partout sur la chambre c’est ça? Les narines du jeune homme se retroussent de dégoût pendant qu’il comprend enfin le triste sort de la victime qu’ils ne surent pas protéger d’un esprit malade. Quand Strase revient vers eux après avoir passé au crible le reste de l’étage, il arrive enfin dans la chambre et reste interloqué par son confrère masqué qui reste debout sans rien faire au milieu de la pièce.

    ”Qu-, qu’est qui ne va pas Zel?”

    La voix grave du Fraternitas se fait attendre.

    ”Rien. On-” sa gorge se brise l’espace d’un instant. ”On… on y va.”

    Strase rappelle Gunguir à lui, et Zelevas vient ramasser leur capture par terre pour la remettre sur ses pattes. Il ne sait pas si c’est à cause de son trouble actuel, si c’est parce que la Galeuse a pris le temps de se concentrer ou si c’est parce que son regard trop proche est directement tombé dans le sien à travers son masque de Limier, mais cette fois l’intrusion passe ses barrières. Les effluves de mana s’insufflent dans son crâne et s’il parvient à lutter contre le contrôle mental, il est obligé d’ignorer la lecture de ses pensées profondes, le jeune bourreau rassemble sa psychée et envoie son poing dans le bas-ventre de la criminelle, déclanchant chez la jeune femme un vomissement en réaction. Zelevas sent l’influence néfaste se retirer de son esprit alors qu’il chevauche à califourchon la Galeuse pour l'assommer, mais quand il lève son poing:

    ”Ah haha ha, on a de la famille en commun mon garçon! HA HA HA HAAA. Mon petit Artorne!”

    Les trois Limiers s’arrêtent dans leurs mouvements, un instant de suspens demeure avant que Zelevas ne vocifère à la catin:

    ”Qu’est-ce que tu viens de dire?!?” Il se retire de la connasse et attrape Gunguir par le col. ”Demande lui! DEMANDE LUI!”

    ”OH ZEL! PAUVRE CON.” Son collègue lui saisit les poignets et le force à le lâcher en le calmant. ”Je vais le faire, mais te laisse pas prendre au jeu putain.”

    ”Vas-y.”

    ”Et je lui demande quoi exactement?”

    ”Est-ce qu’elle a un lien de parenté avec Artorne Fraternitas?”

    Gunguir prépare sa magie en se concentrant peu à peu, il tend deux doigts de sa main gauche, attrape la mâchoire de la Galeuse de sa droite pour la tenir tranquille et il enfonce ses doigts dans la gorge de la meurtrière avant de répéter à haute voix la question que son collègue lui a donné. La Galeuse répond, Zelevas attends le verdict, mais la réaction de Gunguir le lui donne avant même que son camarade ne prenne la parole.
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  • Mar 7 Nov - 23:46




    Plic.

    Une goutte d’eau pleine de calcaire tombe au sol, ça fait des dizaines de minutes qu’elle suinte des interstices des dalles dans le plafond et qu’elle accumule lentement l’humidité de la condensation pour enfin atteindre le volume nécessaire pour s’effondrer.

    Plic.

    Les talons de ses bottes claquent sur le sol au rythme de sa course dans les couloirs sombres, la lumière est un luxe dans cette forteresse gargantuesque à des dizaines de mètres sous la surface.

    Plic.

    L’humidité redoutable s’infiltre partout, mais la pierre ne s’effrite pas et les métaux ne rouillent pas. Le Limier fuse à travers le corridor interminable pour atteindre la cellule à l’origine des hurlements stridents de douleur qui se réverbèrent dans le dédal.

    Plic.

    Son masque le protège de l’invasion continuelle que le Razkaal fait peser sur ses détenus, dans le feu de l’action, il peut sentir son âme devenir un peu plus réceptive à la subversion de la forteresse, il redouble d’effort pour dévaler les marches d’un escalier et renforcer sa psychée au passage.

    Plic.

    Plus il descend, plus la corruption est pernicieuse.

    Plic.

    Il sait qu’il n’y a absolument personne dans le niveau inférieur, c’est donc à lui de descendre en tant que geôlier le plus proche. Il envoie valser la porte de l'Implacable et s’engouffre dans le couloir bordé de cellules barrées. Le poids de la folie devient plus perceptible, sa peau se recouvre d’une fine sueur froide, ses muscles se détendent un tout petit peu, incapable de pleinement concentrer son effort physique à cause de l’affaiblissement progressif qui l’accable un peu plus. À ce stade il espère juste ne pas tomber sur un spectre.

    Plic.

    Les hurlements de souffrance persistent à travers l'isolation sonore, des plaintes viscérales d’une douleur insupportable et plus pénible que tout, il ne s’agit pas d’une simple torture, la victime se déchire la voix comme si elle était aux portes de la mort. Les détenus trouvent parfois des moyens de s’auto-mutiler malgré leurs fers mais rarement souffrent-ils au point d’en hurler à la mort, en général ils sont arrêtés par les Limiers en patrouille qui passent par là, et ils ne parviennent qu’à s’égratigner ou à se lacérer des poignets, des chevilles, parfois la tête. Cette fois, il y a quelque chose d’étrange, alors que Zelevas se rapproche de l’origine des cris, il comprends pourquoi.

    Plic.

    Lorsqu’il empoigne la torche à l’entrée du couloir pour l’approcher de la porte de la cellule en question, il écarte brutalement le volet, Zelevas n’en croit pas ses yeux. La Galeuse est là, enchaînée dans ses fers, son corps décrépit à cause des trois mois d’incarcération arqué en arrière comme un pont lugubre tandis qu’elle soulève ses hanches au dessus d’une flaque ensanglantée.

    Plic.

    Le Razkaal est un mouroir, il l’a toujours été. Pendant des millénaires depuis la Guerre des Plumes, la forteresse a vu les âmes les plus souillées de Sekaï s’éteindre en son sein, accueillant ceux assez fous pour être condamnés à y finir leurs jours. Dans cette prison sans-retour, il est normal d’y entendre le dernier souffle d’un être humain.

    Plic.

    Pour la première fois, un son inconnu par le Razkaal habite ses murs.

    Plic.

    Les cris d’un nouveau-né.

    Plic.

    Plic.

    Plic.

    ***



    Zelevas s’arrête devant la porte des Potagers du Déterminisme, caché sous sa cape de voyage, il contemple le bambin fragile dans le panier qui pend à sa main droite, endormi. Il a passé les deux dernières nuits à réfléchir, mais plus il tarde et plus le gamin serait difficile à dissimuler, il avait dû jouer sur ses connections au sein des autres geôliers et du passeur qui l’avait ramené à Courage pour pouvoir arriver jusqu’ici avec son colis spécial sans qu’il en soit fait mention nul part. C’était beaucoup d’effort, et il n’était toujours pas sûr de ce qu’il était entrain de faire. Cet enfant représente bien plus qu’un miracle impossible de la vie sur le Razkaal, il est un outil dans les plans du jeune ambitieux, un pion de plus qu’il place sur l’échiquier en pleine partie. Malheureusement cette graine qu’il plante, il ne sait pas encore si elle donnera un arbre fructifiant ou une ronce sur laquelle il se piquera, peut-être que le gamin mourra avant même que son existence ne devienne un atout à son service, peut-être qu’il souhaitera venger la mort de sa perfide mère en tuant le Limier responsable de sa capture. Peut-être qu’il se rangera du côté des Fraternitas en endossant son héritage renié.
    En attendant les années, les décennies, Zelevas se tenait debout devant une haute porte en bois à tête voûtée, le bâtiment situé dans le coeur historique de Liberty est une anomalie si on le compare aux autres constructions bien plus modernes en pierre bleutée, ici point de couleur, le gris monotone de la simple pierre taillée coupe avec les tuiles dont il est difficile de déterminer la teinte dans la nuit pré-aube. Si l’ensemble paraît un peu austère pour un endroit sensé accueillir des enfants, la renommée de l’établissement est exactement ce que le jeune homme recherchait, un endroit correct, attentionné, mais sans un prestige grandiloquent. Sa main se resserre autour de l’anse, il n’est pas tout à fait prêt à abandonner le bébé pour qu’il démarre une aventure de lui-même, n’est-il pas un peu trop jeune? Seulement deux jours… c’est peu. Est-ce qu’il ne le livrait pas en le laissant ici, à une mort nouricière certaine? Outre la pointe d’humanité qui le saisissait en regardant le petit bout de chou assoupi, il comptait bien ne pas tuer cet enfant, il l’avait extirpé du Razkaal, ce n’était pas pour lui permettre de rendre l’âme comme ça.
    Zelevas fait quelques pas sur le côté pour dévier de l’entrée et oser son regard à travers une des fenêtres de l’établissement, une faible lumière attirant son attention, à espionner ainsi en plein milieu de Liberty à cinq heure et quelques du matin il ne trompait aucunement les rarissimes passants, habitués à ce genre de scène. Il s'attendait à trouver une chambre d'enfants assoupis en risquant son regard ainsi à travers les carreaux propres mais c'est une scène douce et attendrissante qui le surprend à la place. Une fae brune aux traits empathiques mais fatigués est endormie sur le lit d'un gamin, l'enfant sommeillant paisiblement entre ses bras. La scène est d'un tel calme, que Zelevas ne peut s'empêcher de réprimer un hoquet quand il la contraste avec l'horreur encore récente du Razkaal. Le nourrisson dans le panier babille de façon inintelligible et le jeune homme s'éloigne de la fenêtre, rassuré, il sait qu'il peut abandonner cet enfant entre de bonnes mains.
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  • Mar 7 Nov - 23:48
    ”Il va falloir fouiller dans ses archives ce coup-ci.”

    La lueur d’une allumette au souffre éclaire le bureau privé de Zelevas, le vieillard porte une main en coupole autour de la flammèche pour empêcher d’éventuelles étincelles de sauter sur la paperasse environnante et de l’autre, il approche le bout de bois incandescent de la chambre de sa pipe. Le tabac pilé à l’intérieur grésille imperceptiblement en s’embrasant, les bruns de fibre se rétractant au fur et à mesure qu’ils grisonnent et qu’un anneau de braise se forme sur le dessus de la bourre. Zelevas regarde la timide lueur rouge s’atténuer et attends que la température refroidisse avant de tirer sur le bec en marbre noir, contemplant simplement le corps amaranthe en peltogyne vernis de la pipe. La voix éraillée d’un Courtier agacé réplique:

    ”C’est de plus en plus dangereux ce que vous me faîtes faire. Ça va coûter plus cher, j’ai une prime de risque.”

    ”Tu as déjà été à l’intérieur de la maison non? Ce sera plus facile pour toi d’y retourner cette fois.”

    ”D’accord c’est très bien, ça me fait une belle jambe mais je n’ai pas été à l’intérieur de sa putain d’archive.”

    ”La clé de Séléna devrait pouvoir l’ouvrir, donc tu n’as qu’à l’utiliser.”

    Le Courtier a un mouvement de recul étonné avant de maugréer en empoignant son manteau.

    ”Bon, et qu’est-ce que je cherche exactement? Des trucs? Des bidules?”

    Zelevas lève le carnet de compte de l’An 3 de la société Vigeart et l’agite devant le nez de son complice.

    ”Le même, An 4.”

    ***


    Perché dans un arbre, la silhouette du Courtier se fond dans la masse des feuillages grâce à la pénombre du crépuscule, montre en main le criminel suit du regard le garde qui patrouille le long du périmètre de la demeure Fraternitas. Des heures qu’il est planqué dans l’arbre en passant inaperçu, le vioque avait raison ce sont des gros branleurs, il observe inlassablement le jardin, les fenêtres, la moindre indication qui lui permettrait de savoir que l’Intendante n’est pas dans sa chambre, mais elle ne s’est pas pointée depuis qu’il est arrivé en observation. Soudain la petite porte du manoir s’ouvre côté cour et la vieille femme en question sort avec un service à thé, suivie par deux autres personnes qui portent une nappe et des chaises. Un petit rafraîchissement en extérieur? Ha, peu importe, il vient d’avoir le signal qu’il attendait, canalisant donc sa magie avec patience, le Courtier entame l’incantation de sa téléportation, et une dizaine de secondes plus tard il se retrouve à l’intérieur de la chambre de Séléna Meillers. Son corps n’y avait jamais été, mais son âme si, à l’intérieur du corps de Séléna. Le Courtier ne perd pas de temps et marche tranquillement jusqu’à la porte de la chambre, prenant soin de mettre les pieds uniquement sur les bords de la pièce contre les plinthes des murs ou juste à côté des pieds de meubles pour éviter de faire grincer les planches du parquet. Il colle son oreille au bois de la porte et attends. Il ne fait rien à part patienter ainsi, s’assurant qu’il n’y a personne dans le couloir, seul le bruit de son coeur qui bat la chamade résonne contre sa tempe. Cette fois ci il n’est pas dans le corps de l’intendante, il ne peut pas se permettre de croiser qui que ce soit, une fois qu’il estime satisfaisant la durée du silence qui règne dans le couloir, le Courtier sort de la chambre sans un bruit et referme derrière lui, d’après les indications de Zelevas, le bureau de Vigent doit se trouver au fond à droite. Marchant doucement le long des murs, il se fraye un chemin jusqu’à son objectif, collant à nouveau l’oreille à la serrure pour écouter attentivement, mais normalement Vigent n’est pas censé se trouver à l’intérieur de la demeure, il doit être à Liberty. Il ouvre la porte mais la serrure bloque, sortant la clé contre-faite nerveusement, il l’enfonce dans la serrure, le moment décisif, un quart de tour, la clé pivote sans rencontrer de résistance avant d’emporter le mécanisme de déverrouillage et de faire rétracter le loquet. Un soupir de soulagement et une fermeture plus tard, le Courtier se retrouve à l’intérieur. Bien, maintenant les choses seront beaucoup plus simples. Sortant de sa poche un porte-plume et une liasse de feuillets, il déverrouille également la porte de l’archive de Vigent et prend place à l’intérieur, allume la bougie, referme la porte à clé et commence à fouiller dans les affaires. Des étagères entières de dossiers empilés les uns sur les autres, certains plus récents que d’autres, ça se voit à la blancheur du papier. Le vioque voulait le carnet de l’An 4, donc ça doit être dans les derniers trucs ajoutés à l’archive, parcourant d’un doigt les documents, il lit les entêtes une par une avant de trouver son bonheur sur une des chemises un peu plus maigres que les autres. L’infiltré la retire précautionneusement de l’étagère et la dépose sur le bureau avant de s’y asseoir, appliquant délicatement de l’encre sur la plume, il commence à recopier le contenu du carnet sur les feuilles qu’il a apporté, prenant soin de numéroter les pages pour ne pas les mélanger. Il duplique ainsi les trois premières pages du carnet de compte, avant de tourner la quatrième et de tomber sur quelque chose d’inattendu: une lettre décachetée à l’écriture grossière insérée dans le carnet.

    ”Alors, qu’est-ce qu’on a?” Intrigué, le Courtier ouvre l’enveloppe et lit le contenu.
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  • Mar 7 Nov - 23:50
    Ce fut un plaisir de faire affaire avec vous… nos cargaisons ont été livrées sans accrocs… nos clients sont comblés grâce à votre service… terminer la transaction… prochaine fois seront plus risquées?!?

    ”Qu’est-ce que?”

    En arrivant en bas de la lettre, les yeux du Courtier se déposent sur le nom qui signe la lettre, ou plutôt le prénom pour être exact puisqu’il n’est pas accompagné d’un nom de famille, un simple Hervé. Étrange de ne signer qu’avec un prénom. Rangeant la bizarre lettre dans le carnet de compte il reprend le copiage où il en était, s’appliquant méthodiquement pour ne pas faire d’erreur. C’est un travail plutôt barbant en soit, bien loin de ce que le Courtier a l’habitude de faire, lire et écrire des chiffres c’est plutôt une mission pour un vrai courtier, pas pour lui! Plus mille sept cent, moins trois cent cinquante, plus sept cent soixante-douze, plus trois mille deux cent cinquante six, blah blah blah, malgré l’ennui barbant qui le gagne il se force à rester concentré pour ne pas transformer un moins en plus. Il se relit à chaque fin de page et s’assure que les noms et les dates sont également sans faute, et c’est justement en relisant qu’il remarque un détail singulier, il n’y avait pas prêté attention lorsqu’il l’avait écrit parce qu’il traite les données colonnes par colonnes mais maintenant qu’il lit les lignes une par une, il la voit. Une des transactions est bien plus grosses que toutes les autres, plus cinquante cinq mille neuf cent vingt-sept pièces d’or et quatre vingt deux pièces d’argent, ça fait un paquet de fric, mais ce qui l’interpelle c’est le nom qui accompagne cette vente si particulière, Hervé. Pas de prénom attaché. Le Courtier reprend la lettre sous les yeux et la relit une fois de plus, il est certes question de “faire affaire”, mais la lettre ne dit pas que le fameux Hervé ait vendu quoi que ce soit à Vigeart, plutôt que Vigent aurait personnellement permis à Hervé d’effectuer des ventes… un peu comme… Hervé, Hervé… ça sonne comme… d’un seul coup les yeux du Courtier s’écarquillent sous la réalisation, Hervé ce n’est pas un prénom, ce sont des initiales: R.V. Des initiales bien trop reconnaissable pour quiconque passe ses journées dans les bas-fonds de Justice, Ryle Vemor, le parrain des Maquilleurs, ainsi surnommés parce qu’ils poudrent autant de nez que les fabricants de produits de beauté. La différence entre les Macs et les magasins de vrai maquillage, c’est que ce qu’ils vendent est hautement illégal, psychotrope, dangereux et diablement difficile à se procurer. Ryle mène sa petite guerre de territoire contre les autres barons de la drogue en République et disons qu'il ne fait pas bon vivre de se retrouver en face de lui. Il est surtout connu pour ses mises en scène lors de règlement de compte et de menace, c'est un type qui a le sens du spectacle, mais c'est surtout un type qui ne devrait rien avoir à faire avec un sénateur républicain, la présence d’une lettre de ce mec dans les affaires de Vigent intéressera sûrement le Sénateur non? Le Courtier prend donc la peine de recopier également le contenu de la missive avant de tout soigneusement remettre en place et de finir sa petite opération.

    ***

    Les pièces du puzzle commencent lentement à se mettre en place pendant que Zelevas lit les pages du recueil récupéré par le Courtier. Plusieurs versements d’origine douteuses sont venus à intervalles réguliers renflouer les caisses de la compagnie Vigeart notamment dans des périodes de crise. Le montant des versements étant sensiblement le même à quelques centaines de pièces près, sans doute par soucis de brouiller les pistes, il est tout de même aisé d’identifier les dates et les expéditeurs. Grâce à son accès privilégié aux dossiers de la SSG et aux informations qu’il a amassé, il se rend désormais compte de l’évidence qui s’étale sous ses yeux ravis: Vigent touche l’argent d’une grosse tête de la pègre républicaine. L’ancien Garde des Sceaux se lève de son fauteuil en déposant la pile de feuillets sur la petite table basse en verre, le cuir grince au même titre que son dos, mais aujourd’hui Zelevas ne sent pas le poids de la vieillesse sur ses épaules, il est comme porté par une brise nouvelle, un second souffle éphémère. Ses doigts s’attardent sur la poutre poussiéreuse au dessus de la cheminée, là où sont accrochées les armoiries de la Famille d’Élusie, un ornement auquel personne ne prête attention à cause de la saleté qui le recouvre tant et si bien que les dessins n’y sont plus visibles. Une couche d’un mélange de graisse, de suie et de poussière amalgamée donne l’impression que le pavois encadré par les deux têtes de Kirin en bronze forgé, n’est qu’un aplat de noir sans signification particulière, mais en dessous de cette crasse il y a pourtant toujours les armoiries de noblesse de sa Famille dérivée de celles des Fraternitas. Un doigt courageux se pose sur la plaque de saleté et en frotte du bout de l’ongle un petit morceau, détachant une petite boule de noirceur que le Sénateur fait ensuite rouler entre le pouce et l’index. Pendant qu’il fait quelques pas vers une des fenêtres troubles, Zelevas cherche la forme pâle de la Lune à travers les carreaux flous, et il contemple l’extérieur avec un sourire satisfait. L’argent du PFR, les mauvaises gestions de Vigent, les preuves accablantes de sa corruption mais surtout, le fils d’Artorne. Le. Putain. De fils. D’Artorne. Il va devoir précautionneusement examiner ses options avant d’agir, mais s’il tire correctement son épingle du jeu, il aurait de quoi complètement éclipser la Famille Fraternitas du paysage politique de la République, ne serait-ce que pour cette année, ne serait-ce que pour les élections présidentielles, il représenterait le seul espoir des partisans de la Famille, la plupart des votes Humanistes se redirigeraient vers lui. Ce serait un scénario idéal, la porte ouverte pour abattre les Conservateurs. Et peut-être… peut-être qu’à terme avec un tel coup sur la Famille Fraternitas, il pourrait même… changer les choses. L’ordre des classes, un rêve un sans doute peu fou, mais qu’il caresse encore du bout des doigts, comme la crasse sur la cheminée.

    Zelevas se retourne subitement, finit son whiskey et se dirige immédiatement vers son bureau après avoir ramassé ses feuillets. Il a une lettre à écrire et un homme à rencontrer, une petite entrevue avec ce bon vieux Artorne ne lui fera pas de mal. Artorne Fraternitas est un homme de culture, un peu comme Dorylis de Rockraven il se soucie plus de l’épanouissement culturel, social et techno-magique de la République que de sa prospérité politique et économique. Là où Sylvestre a toujours plus mis les pieds dans le plat jusqu’à opposer une véritable force contre Mirelda aux dernières présidentielles, Artorne lui n’a jamais été intéressé par la sphère politique et son domaine de prédilection se situe plutôt autour du mécénat. Ensemble, les deux frères n’ont au premier regard pas grand chose en commun, mais ils sont au contraire complémentaires, Sylvestre est réfléchi et logique, Artorne est plus impulsif, dans l’instant et émotif. Sylvestre est calme et réservé, Artorne adore être sous la lueur des lustres et attache beaucoup d’importance à sa présentation. Sylvestre n’y connait rien en art, Artorne est complètement incollable sur le sujet que ce soit sculpture, architecture, peinture, musique, littérature ou arts de la scène. L’aîné en tant que Directeur, joue un rôle clé dans la gestion de l’association Fraternité Sans Frontière, mais le cadet quant à lui s’occupe principalement de fédérer le soutien des donateurs à l’oeuvre caritative, ce qui n’est pas très compliqué au vue des exemptions d’impôts qu’elles permettent. Au coeur de cette organisation, un capital propre à Sylvestre est réparti entre tout les participants de l’association sur un fonctionnement similaire au parts boursières d’une entreprise classique, c’est un système un peu spécial mais simple, les parts du groupe au lieu d’être disséminées entre des acheteurs lambda sur une place boursière sont distribuées équitablement entre tout les acteurs et permettent d’équilibrer le poids décisionnel des membres au sein de l’assoce en fonction des achats et des reventes. Un acteur riche mais possédant peu de temps peut donc acheter des parts aux autres pour augmenter son poids lors des assemblées générales de FSF, à contrario un participant peut gagner des parts en participant à la vie et au fonctionnement de l’association pour accumuler une part du capital et ensuite la revendre pour gagner de l’argent, c’est un moyen efficace pour l’organisation de préserver son statut associatif car aucun salaire n’est réellement versé, tout en rémunérant quand même les gens qui y travaillent et en permettant aux riches qui ne peuvent pas y consacrer leur temps de quand même avoir leur mot à dire. Cependant c’est là où le plan de Zelevas vient mettre un grain de sable dans un rouage millimétré, Sylvestre ne possède pas la majorité des parts de FSF, seulement près d’un tiers, à la création de ce système de capital il avait uniquement donné quarante pourcent des parts aux membres de l’assoce, conservant pour lui-même vingt pourcent des parts et le même montant étant donné à Vigent et à Artorne. Ce dernier, fidèle à lui même de se dédouaner de tout ce qui s’approchait de près ou de loin d’un système économique a très rapidement cédé à Sylvestre la totalité de ses parts, lui donnant une majorité assurée tant que Vigent ne vendait rien. Grâce au bras de levier que Zelevas possède sur le cadet avec l’existence de son fils caché et maintenant celui qu’il vient d’obtenir sur Vigent en apprenant son partenariat douteux, il va pouvoir exercer une forte pression sur Sylvestre Wendell Junior et potentiellement orienter la Famille dans une direction plus adaptée à celle dont la République a besoin. Il ne restait plus qu’à jouer correctement ses cartes et à devenir prudent, très prudent.
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  • Mar 7 Nov - 23:51


    Quand Artorne Fraternitas se réveille enfin, la douleur sourde qui lui martèle l’arrière du crâne est absolument insupportable, le vieux Artorne, du haut de ses soixante cinq et quelques, n’est physiquement pas très sportif. Il porte une main hagard à sa fontanelle pour explorer la bosse poisseuse qui s’y trouve et constate qu’il saigne légèrement. Mais où est-il? Il ne voit rien, l’obscurité est totale. Pas d’étoile, pas de lumière, même pas un fin rayon pour indiquer la présence d’une porte ou de quoi que ce soit, couplé avec sa céphalée retentissante, le noir absolu le désoriente fortement au réveil et il a besoin de quelques minutes pour pleinement retrouver ses sens, le temps que le brouillard de ses pensées se dissipe.

    ”Je… Hé! Oh-é! OH-É! Aaaïe!”

    Sa voix se réverbère et n’arrange pas son mal de tête, il est visiblement dans une grande pièce fermée aux murs de pierre, ça ne pourrait pas résonner comme ça autrement. Ses mains touchent le sol humide et il commence à remarquer de plus en plus de détails à propos de l’endroit dans lequel il se trouve. Pourquoi le sol est-il mouillé? Pourquoi y’a t-il des sons clairs de plicotis et un autre son plus étouffé, un grondement irrégulier, comme… un souffle, une sorte de grand vent ou… de chute d’eau. Les mains d’Artorne s’aventurent dans l’ombre à la recherche de quelque chose à attraper, suivant les surfaces vaseuses de pavés taillés, ça rappelle un carrelage sale ou un fond de piscine. Est-il dans une piscine vide? En intérieur? L’odeur qui assaille ses narines lui confirme que non, ça empeste beaucoup trop pour ça. Ça sent la pourriture moisie, c’est immonde. Lorsqu’enfin il perçoit des bruits de pas lointains à travers une paroie il arrive à se repérer un peu spatialement, la salle doit êtr-

    ”Taisez-vous et avancez.”

    Zelevas les mains en l’air prend garde à la marche devant la porte qui mène au conduit de service, la poignée de l’arbalète s’enfonçant dans son dos pour le pousser à faire les derniers pas qui le séparent de la pièce dans laquelle le Courtier lui a dit qu’il retenait Artorne. Si le criminel l’a trahi en déviant de ses directives puis en le poussant lui-même au chantage, il n’a au moins pas menti et le petit frère de Junior est bel et bien allongé par terre, une main devant ses yeux pour se protéger de la lumière de la torche tenue par le Courtier.

    ”Et maintenant? Qu’est-ce qu’il va se passer?”

    ”Maintenant c’est simple, d’abord, lui il voit ton visage…”

    Le mercenaire se poste entre Zelevas et Artorne, torche en main, la lueur dansante des flammes éclaire le couloir au plafond vouté, à l’architecture impeccable de la taille des pierres qui les surplombent. Artorne semble mettre du temps à s’habituer à la lumière, pas étonnant vu que la pièce n’était absolument pas éclairée. Le Sénateur se flagelle intérieurement, il avait pris ses précautions, il avait prudemment rédigé sa lettre d’extorsion, s’assurant à la fois que le contexte de sa réception, que le choix de ses mots et que les preuves apportées soient suffisamment convaincantes pour susciter une rencontre à l’écart de témoins avec le cadet de la fratrie, et soit suffisamment peu menaçante pour éviter de susciter une panique et une réponse irrationnelle de la part du vieux mécène. Pourtant malgré toutes ses mesures, le seul facteur qu’il n’avait pas anticipé était celui très littéral qui devait délivrer ladite lettre, le Courtier avait changé d’avis et était revenu quelques heures plus tard chercher Zelevas pour l’emmener de force au Barrage du Vès, là où il disait retenir le gaillard. Le Barrage est à plusieurs lieues de la ville de Justice, dans la circonscription adjacente, situé sur le fleuve du Vès il permet principalement l’évacuation et la filtration des égoûts de la grande ville. Actuellement, le couloir dans lequel se retrouvent les trois hommes est un couloir de maintenance permettant l’accès à la gueule d’évacuation du barrage pour les eaux usées, un endroit qui ne sert qu’une fois tout les dix ans en attendant la prochaine crise sanitaire.

    Le détail important de leur situation, c’est qu’Artorne est prisonnier du conduit d’écoulement, le couloir se terminant par la jonction entre la pièce et le tunnel de deux mètres de diamètres par lequel les eaux sales du barrage transitent dans la réserve de filtrage trente mètres plus bas. Une grille incurvée solidement implantée dans la structure assure l’écoulement de l’eau et une porte permet d’accéder à l’intérieur de l’enceinte du tunnel dans laquelle Artorne faiblard git au sol. Zelevas observe, interdit, tandis que son cousin ô combien éloigné le dévisage à la lueur de la torche du Courtier de ses yeux stupéfaits.

    ”Voilà, maintenant que ça c’est fait on va pouvoir discuter…”

    ”Est-ce que tu as ne serait-ce qu’une idée de ce qu-”

    ”Ta gueule.” Le claquement sec de langue du Courtier résonne contre les voûtes humides, le mercenaire s’avance de deux pas pour se planter juste devant la grille qui garde Artorne prisonnier. ”Toi, ton frangin trempe dans une sacrée merdasse, mais c’est ton jour de chance.”

    ”Oui c’est aussi ce que je me suis dit en me réveillant dans un endroit sombre avec la tête en miettes.”

    ”Fais pas trop le malin, si j’étais à ta place j’ouvrirai un peu plus mes oreilles de poudré, parce que c’est moi qui décide si tu sors en vie ou pas.” Le balafré sort une clé rouillée de sa poche en l’agitant sous le nez du Fraternitas pour qu’elle scintille faiblement à la lueur dansante des torches. Celui-ci tente de l’attraper mais le mercenaire la retire in-extremis de la portée du détenu, toujours sous les yeux observateurs de Zelevas. Le Courtier se retourne pour fixer ce dernier. ”Et toi, changement de plan du coup, je prend ma part du gâteau que t’allais encore garder pour toi. Parce que c’est qu’il aime bien bouffer, hein mon cochon? Bouffer la merde pour gagner toujours un peu plus de pouvoir parce que vous avez que ce mot à la bouche, argent, pouvoir, pouvoir, argent, il est fleuri votre vocabulaire de deux mots.” Le criminel balance sa tête en arrière, riant à gorge déployée tandis que le carreau encore encoché dans son arbalète tremble au rythme de son hilarité. ”Donc du coup j’ai réfléchi. Plutôt que faire comme le vieux a dit, le petit Artorne il va plutôt convaincre le vieux Sylvestre de revendre ses parts de la FSF à bibi, comme ça on sera bien mieux. ”

    ”La FSF? Mais attendez, de quoi vous parlez?”
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  • Mar 7 Nov - 23:52
    L’arme de tir enfonce la pointe de son projectile dans l’épaule d’Artorne à travers la grille pour appuyer le point de son manieur:

    ”Fraternité Sans Frontière coco, tu vas demander bien gentiment à Sylvestre de lui racheter les parts que tu avais vendu, tu vas dire que c’est parce que tu n’as plus confiance en Vigent, parce qu’il gère trop mal son pognon et celui de ton parti de con, et après…”

    Pendant que le Courtier posait ses exigences à Artorne en présence de Zelevas, celui ci était circonspect, il savait qu’il était ici pour une bonne raison, il devait y en avoir une, le Courtier tentait certainement de jouer double jeu peut-être? Tout était si confus dans la tête du vieillard devant la vitesse à laquelle les choses s’enchaînaient, le changement de tournure qu’avaient pris les évènements était bien trop éloigné du plan qu’il avait établi et le mouvement du Courtier vient mettre un coup de pieds dans l’échiquier. Si Artorne sait désormais que Zelevas est derrière le coup, les Fraternitas vont avoir le temps de riposter avant qu’il ne soit réellement en position de force par rapport à la Famille. Le plan initial était simplement de mettre Sylvestre sous pression pour le pousser à l’erreur et à le forcer dans une position de vulnérabilité où il serait plus manipulable, pas de positionner Zelevas directement comme ennemi de la Famille. Les Fraternitas ont en plus de ça des liens forts avec les autres Familles Réformatrices et beaucoup de membres éminents de la SSG ou de la Banque des Chaînes grâce à leur statut de derniers opposants en date, il est donc extrêmement dangereux de se déclarer pseudo-ouvertement comme leur adversaire. L’ancien Juge ronge son frein et l’ongle de son pouce en attendant d’en entendre plus de la part du Courtier, mais celui-ci n’apporte pas de précision sur l’implication qu’il attend de lui jusqu’à ce qu’il se détourne d’Artorne pour enfin lui dire:

    ”Et toi tu vas rappeler les chiens chiens à mamie dans leur ni-niche. Parce que sinon je bute ce fils de pute là maintenant et t’as plus rien à te mettre sous la dent.”

    ”C’est pour ça?” Zelevas écarte ses bras. ”C’est pour ça que tu me fais chanter?”

    ”Yep, tu t’es bien foutu de ma gueule à me dire que t’allais t’en occuper, pourtant ça devrait déjà être fait mais hier encore je suis tombé sur un masqué au tournant d’une ruelle, alors là je ne te laisse plus le choix vieux croûton. J’ai failli y laisser la peau mais il a juste dû se contenter de mes poils de fion.”

    ”T’es complè-”

    ”Attendez, j’ai du mal à comprendre…”

    Les regards étonnés des deux hommes se portent sur Artorne dans sa prison improvisée, le pauvre n’a pas l’air confus que de son traumatisme crânien, il cherche ses mots l’espace d’un petit instant, ses yeux bien attentifs à la pointe du carreau encoché dans l’arbalète qui brille à la lumière.

    ”C’est mes parts de la FSF que vous voulez? Y’a pas de soucis je vous les vend, je vous signe ça tout de suite si vous voulez, qu’est-ce que Sylvestre vient faire dans l’histoire?”

    L’hésitation confuse du Courtier alors que le balafré retourne son visage vers Zelevas d’un air interrogateur montre son manque de réponse à la question, c’est donc le sénateur qui prend la parole.

    ”Comment ça tu nous les vends? Tu as tes parts? Légalement?”

    ”Mais bien sûr, je ne les ai pas vendues à Sylvestre.”

    ”Tu mens, Sylvestre possède tes parts, il est actionnaire majoritaire.”

    ”Non il a seulement une procuration blanche de ma part, c’est pas légal oui mais je crois que t’es visiblement mal placé aussi pour me parler de légalité hein. Il utilise juste mes voix comme si c’étaient les siennes mais en réalité j’ai encore mes parts.”

    Suite à cette annonce les trois républicains se regardent l’espace d’un petit instant, se sentant chacun pris au dépourvu un peu à leur manière. Si dans la tête d’Artorne, le petit frère de Junior voit une porte de sortie inespérée dans ce quiproquo qui va peut-être lui permettre de s’en tirer, et que pour le Courtier, le criminel voit son argent venir bien plus tôt que prévu et la difficulté de sa trahison s’alléger grandement, pour Zelevas la réflexion est toute autre. Si Artorne possède actuellement ses parts, ça change tout. Ça change complètement tout…

    ”L’acte de propriété, tu l’as du coup n’est-ce pas? Si tu n’as pas vendu tes parts ça veut dire que tu as encore l’acte de propriété quelque part, sinon il serait déchiré ou tamponné, il est où? Le Courtier peut aller le chercher, téléportation, aller-retour. On sera fixés.”

    ”Oui bien sûr je l’ai.” Voyant Zelevas s’engager avec intérêt dans son sens, Artorne s’approche un peu des barreaux et agrippe la grille qui le retient prisonnier du conduit d’évacuation. ”Il doit être, euh… attends, il doit être dans mon bureau, chez moi, sur la troisième étagère, euh, un dossier gris.”

    ”Un petit feuillet avec un en-tête Fraternitas.”

    ”Oui bien sûr.”

    Le Courtier quant à lui, fait tourner la clé rouillée dans sa main, contemplant la proposition, la tension est palpable pendant qu’il réfléchit, les deux vieux sont suspendus à ses lèvres, n’osant même pas bouger d’un poil de peur que le moindre mouvement fasse changer d’avis le criminel insondable. Lorsqu’il relève enfin la tête vers Zelevas avec un air grave, il dit d’un ton menaçant:

    ”Ne bougez pas.” et l’instant d’après il disparaît.

    ”Il avait bien commencé à canaliser depuis une trentaine de secondes, peut-être même plus. Fumier.”

    ”Ça ne nous laisse qu’une minute avant son retour dans le pire des cas, vite sort m-”

    ”Que veut-tu que j’y fasses? Je n’ai rien pour forcer la porte et si nous partons il nous rattrapera, même à deux contre un nous ne faisons pas le poids contre lui et nous n’aurons pas le temps d’appeler à l’aide qu’il nous aura déjà mis le grappin dessus. Tu as juste intérêt à ne pas lui avoir menti pour gagner du temps.”

    Le silence retombe dans le couloir de maintenance, rompu seulement par le plicoti arythmique des gouttes d’eau qui s’écrasent au sol. L’air est anxiogène, lourd, le pieds de Zelevas commence à battre le pavé frénétiquement dans l’attente du retour de leur extorqueur.

    ”Roh merde.” Artorne s’affale sur son séant, se prenant les mains dans la tête. Il commence à ricaner nerveusement, comme si l’accalmie lui faisait pleinement prendre conscience de la gravité de la situation. ”Je vais m’en sortir, je vais m’en sortir, je… et toi? Pourquoi t’es là d’abord?” Son regard se relève subitement sur Zelevas, remarquant enfin que lui est derrière les barreaux mais pas le sénateur. ”C’est qui ce taré, d’où tu le connais? C’est toi qui me l’a envoyé dessus? Hein? Répond moi, RÉPOND MOI!” Zelevas ne dit rien, muré dans son mutisme arrogant, il regarde avec un sourire presque narquois la descente de son cousin dans la panique folle. ”QU’EST-CE QU’IL SE PASSE?” Le vieillard tente d’agiter avec véhémence la grille qui le retient prisonnier, ne parvenant à provoquer qu’un grincement d’une soudure. ”HEIN?”

    Après quelques secondes passées à regarder la mine ébouriffée d’Artorne avec un rictus aux lèvres, Zelevas prend enfin la parole, mais sa question n’est visiblement pas ce qu’attendais Artorne:

    ”Tu es vraiment toujours le propriétaire de tes parts FSF?”

    ”VA TE FAIRE FOUTRE ZEL!?!”
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  • Jeu 16 Nov - 1:43


    ”C’est à moi que tu dis ça?” Le Courtier réapparaît dans le dos de Zelevas et s’avance devant la grille pour rejoindre son ancien employeur. Il brandit un petit papier plié en deux pincé entre l’index et le majeur pour le lui donner. ”C’est ça?”

    Prenant connaissance du contenu du feuillet, Zelevas hoche la tête et le rend à Artorne à travers la grille.

    ”Vingt pourcents. Exact.”

    Sous les yeux bleus aciers de la Poigne de Mithril, le rictus s’élargit encore plus. Vingt pourcents, et il les possède encore à son nom. Les pièces s'agencent dans sa tête et s’emboîtent pour former un tableau encore plus avantageux que celui qu’il avait considéré tantôt. Il ne considère même pas le Courtier lorsque celui ci s’avance vers Artorne avec du papier et un porte-plume, le mercenaire commence à s’agenouiller devant la grille en argumentant avec Artorne pour le convaincre de rédiger l’acte de cession. Dès que les deux hommes se mettent à écrire et à se dicter mutuellement les documents, Zelevas s’approche discrètement du Courtier, pas à pas, faisant mine de s’intéresser au déroulement de l’opération. Il regarde calmement la posture du criminel, agenouillé à côté de la grille, tout son poids pesant sur ses chevilles, le visage à hauteur du genou du vieillard, il y a beaucoup de possibilités mais aucunes ne sont satisfaisantes. L’expérience de la rue, contre l’expérience. Le Courtier sait que Zelevas a été un militaire jadis, mais il ne se doute certainement pas qu’il soit capable de profiter d’un effet de surprise. Tout dépend de la patience et de la saisie du bon moment, c’est lorsque le mercenaire passe son arbalète sous son aisselle pour écrire que le vieux se décide lui, de passer à l’attaque.

    Frapper au visage c’est hors de question, sa cible aurait réagi trop vite et il aurait manqué son coup. Les appuis du Courtier sont trop solides pour qu’il tente d’agresser les chevilles ou les tibias. Par contre ses hanches, debout sur la pointe des pieds comme il est il minimise son contact avec le sol et Zelevas peut facilement le faire pivoter, un gros coup de pieds dans le bassin du Courtier tandis que d’une main il attrape les cheveux du mercenaire et tire vers le bas. Comme il s’y attendait, la réaction de sa victime est rapide, mais c’est ce qui le perd, en tentant de rester d’aplomb le Courtier pivote et le manche de l’arbalète vient maintenant du côté de Zelevas. Artorne crie de surprise en se recroquevillant au fond de sa cellule. Le sénateur se rue sur le manche de l’arme. Le Courtier tombe à terre, refermant son bras autour du corps de l’arbalète. Ils roulent ensemble au sol et le Courtier balance son poids par dessus son assaillant. Dans la chute des doigts se posent sur la gachette, la corde claque, les deux corps s’immobilisent.

    Un grognement sourd de surprise accompagne le bruit d’une respiration noyée, derrière la grille en métal, Artorne regarde horrifié les deux corps se détendre et s’affaler, les gouttes de calcaire se détachent du plafond, chutant dans de longs fragments de secondes interminables pour s’écraser sur la pierre et se mêler au sang rouge sombre qui tache le sol.

    Zelevas se relève, le corps sans vie du Courtier allongé à côté de lui. L’humeur rouge se mêle au feutre de sa chemise pour marbrer le tissu d’une teinte plus sombre, et les gants d’ordinaire blanc comme neige du vieillard font ressortir les gouttes de sang avec une force flagrante à la lueur fatiguée des torches qui s’épuisent. Artorne terrifié se rend compte de ce qu’il vient de se passer, mort d’homme. Devant lui. Témoin. Zelevas.

    Zelevas.

    ”Ze-Zzz-Zelevas. ZELEVAS!” Artorne se rue à la grille et se la prend presque en plein visage à la vitesse où il colle sa tête dans un des trous. ”Sors moi de là. Aller, sors moi de là par pitié, j-j-je ne dirai rien. Rien! Rien du tout je te jure.”

    Et pourtant malgré ses complaintes et le Courtier maintenant mort, le vieil homme ne semble pas se préoccuper d’Artorne, pas le moins du monde. Il continue de dévisager le cadavre au sol entrain de se vider de son sang, le rouge se déteignant en se mêlant à l’eau contaminée dans les pavés.

    ”Oh?”

    Leurs regards se croisent, l’espace d’un instant Artorne prend peur et recule d’un pas sans lâcher les barreaux qu’il tient, la froideur morbide dans les yeux bleus aciers lui envoie une onde glaçante parcourir le dos des omoplates aux fessiers. L’espace d’un instant, l’espace d’un instant il a l’impression que d’Élusie va l’éliminer lui-même. Les joues d’Artorne sont crispées, ses mâchoires rivées l’une à l’autre par la peur de dire un mot de travers, de précipiter son trépas, il tente tant bien que mal de cacher les tremblements nerveux qui s’emparent de lui autant à cause de la peur que du froid du conduit de maintenance, surtout qu’un air frais commence à légèrement souffler, le vent se lève doucement tandis que la nuit avance. Lui non plus ne prononce pas un mot, Zelevas est distant, comme plongé dans un état second, ou alors il semble réfléchir, difficile à dire pour Artorne en étant aussi loin avec aussi peu de lumière, ses yeux sont un peu fatigués par les années. Artorne doit se ressaisir, il doit ressaisir Zelevas aussi, il semble… absent.

    ”Zelevas?” Toujours aucune réaction, les yeux de givre du sénateur se perdent dans un point vague et ne semblent pas s’en décrocher. ”Eh dit, vieux frère, tu vas pas me laisser là hein? T’es pas entrain de devenir fou? Haha” Un petit rire nerveux échappe à Artorne, mais il disparaît bien vite en voyant enfin d’Élusie le regarder.”Zelevas?”
    Mercure
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  • Jeu 16 Nov - 1:43

    ”Qu’est-ce que tu viens de dire?”

    Artorne est surpris par la distance que le vieillard semble prendre avec lui, ils n’ont certes jamais été de grands amis, mais ce n’est pas ce genre de lien qui les avait jadis unis, ils étaient plutôt comme des frères, pas dans le sens fraternel fort, mais plutôt parce qu’ils avaient grandis côte à côte, en passant énormément de temps ensemble, en apprenant la vie tous ensemble, Zelevas et les trois frères Fraternitas, ils avaient eu une enfance construite de rivalités et de compétitions, mais ils avaient toujours étés en contact justement par cette volonté de se surpasser les uns les autres. Surtout Junior et Zelevas… enfin ça c’est comment Artorne voyait la chose parce qu-

    ”Moi? Moi devenir fou? Mais pour qui tu m’as pris Artorne? POUR QUI TU M’AS PRIS?”

    Artorne reste interdit, il a peur de l’animal furieux qu’est devenu Zelevas.

    ”Tu n’es plus rationnel, calm-”

    Quand Zelevas lui coupe à nouveau la parole, il devient furibond, ses cheveux se décoiffent tant il hurle à bras le corps après le prisonnier et les grands gestes qu’il fait achèvent de le faire passer pour un malade.

    ”JE SUIS PLUS QUE RATIONNEL ARTORNE!! JE SUIS OBLIGÉ DE L’ÊTRE PARCE QU’AUCUN DE VOUS NE L’ÊTES!” Il prend le temps de se recoiffer, avant de continuer, sa voix véhémente et cinglante: ”Parce que vous plongez votre tête dans le sable bande de fils de putes. Parce que vous êtes complètement inaptes à saisir la gravité de la situation, à comprendre l’urgence de notre nation, à vous con-cen-trer sur notre faction. Vous êtes tous les mêmes petits cons, des fourmis insignifiantes qui  macèrent dans le jus de leur branlette intellectuelle, à se croire meilleurs que tout le monde parce que, vous êtes les Humanistes, parce que, vous êtes attentionnés envers le petit peuple.”

    ”Ze-”

    ”TA GUEULE! TU FERMES TA PUTAIN DE GUEULE!! Vous vous pensez tellement supérieurs aux autres avec vos idéaux humains et empathiques, mais vous êtes les pires merdes que Sekaï ait porté. Vous êtes incapables de prendre la moindre décision impactante, de faire avancer le pays, parce que vous êtes prisonniers de vos carcans moraux idéalistes qui vous entravent fanatiquement à chaque tournant important! Regardez-vous, vous êtes ridicules, les solutions que vous proposez sont inadaptées à ce pays, à sa culture et à son peuple. Mais qu’est-ce que vous croyez? Que trois millions de républicains vont faire machine arrière sur des valeurs immuables nées il y a cinq mille ans? Juste parce qu’un connard endimanché leur demande d’être gentil au lieu de méchant? Vous me dégoûtez, votre inaction est la raison même de l’hégémonie conservatrice, vous protégez vos intérêts en préservant le status quo par votre oisiveté et votre lenteur démesurée et ça vous arrange bien, tant que le pays n’avance pas, tant que les choses demeurent les mêmes, vous continuez de parader en tête d’affiche comme les amis du peuple. Bien contents de toucher l’argent des désespérés en leur assurant que tout va s’arranger comme les meilleurs guérisseurs charlatan de campagne! Vous fracturez le paysage politique de la République pour rien, pour satisfaire votre petit égo personnel minable en vous disant à la fin de la journée que vous êtes le gentil de l’histoire parce que vous prônez l’éradication de la pauvreté ou des aides sociales exubérantes, pour pouvoir vous coucher le soir l’esprit tranquille pendant que des familles doivent se demander pourquoi leur putain de parent est mort dans un attentat. À part brasser de l’air et vous opposer à toutes les propositions un tant soit peu clivantes vous servez à quoi à part brasser de l’air dans l’hémicycle, à rien. VOUS N’ÊTES PAS L’ÉLITE DES HUMANISTES, VOUS ÊTES LA LIE DE L’HUMANITÉ!!!”

    ”Zelev-” Artorne s’alarme un peu, la stupéfaction tétanisante de l’emportement de son confrère cède sa place à la panique quand il se rend compte que le vent qu’il sentait naître dans le conduit d’évacuation n’est pas qu’un simple courant d’air de la météo. Des bruits de rouages commencent à se faire entendre à travers le barrage du Vès.

    ”Vous n’avez ni les couilles pour gouverner, ni les cerveaux pour commander, ni les idées pour présider, vous n’êtes rien de plus qu’un ramassis d’incapables, propulsés sur les devants de la scène par le hasard de la naissance, et dont l’éducation intrinsèque à votre caste vous a donné les outils pour agiter des promesses-sucettes devant des foules sans pourtant que vous n’en compreniez un traître mot. Si Junior n’avait pas été un tel abruti, peut-être qu’il n’aurait pas perdu les élections contre une gamine de ferme lambda sans histoire ni famille derrière elle. Mais tu sais quoi? Je suis plus heureux de voir cette vieille pute de Mirelda ruiner le pays que de m’imaginer la situation actuelle si Junior avait été aux commandes. Déjà que Mirelda est très forte pour faire l’autruche, s’eusse été pire avec Sylv, comment vous pouvez être aveugles à l’urgence de notre contexte? Vous êtes là à compter vos sous, à choisir dans quel restaurant dîner et à quelle soirée vous rendre, pendant que des centaines de milliers meurent de faim à l’extérieur de nos grande ville, que la criminalité n’a jamais été aussi élevée, que le pays cède peu à peu à la psychose du terrorisme, et surtout putain de merde, que les TITANS SONT CAPABLES DE DESCENDRE SUR SEKAÏ A TOUT MOMENT! ET VOUS NE FAITES RIEN? Comment, comment êtes vous capables de vous regarder dans une glace le matin et de vous dire que tout va bien, c’est une prouesse d’auto-persuasion ou de stupidité mais dans les deux cas vous n’avez rien à faire avec autant de pouvoir dans vos mains. La Famille Fraternitas est une aberration, et vous allez tous disparaître bande de sangsues avinées. De vos bureaux, vos manoirs et vos richesses vous n’avez aucune idée de ce qui gangrène cette nation, mais moi je sais, pendant mes années de limier et de juge j’ai été dans les tréfonds des quartiers voir les gens décharnés par l’addiction, prisonniers de leurs dettes, de leurs maladies, de la violence, de la jalousie, de la vie insipide qu’ils pourraient peut-être parvenir à surmonter si on daignait leur mettre une once d’espoir sous le nez en laquelle croire, mais vous avez tâché le symbole de la République.” Zelevas arrache la broche de la sterne de sa poitrine, la jettant violemment sur Artorne à travers les barreaux. ”Avec le sang des innocents morts sans aucune raison dans des invasions futiles, des attaques de titans sans queue ni tête et des attentats dont le SCAR n’est apparemment même pas foutu de prévoir l’existence. Et la Famille? La Famille dans tout ça? La Grande Famille républicaine que sont les Fraternitas, synonyme de fraternité, d’entraide, de partage. Vigent et Junior sont pas fichus de s’afficher publiquement avec moins de dix mètres de distances entre eux, t’es incapable de montrer le moindre soutien pour leurs prises de risque politiques parce que t’en as tellement rien à foutre d’eux, comme t’en as rien à foutre de ceux qui croupissent dans la merde pour faire pousser trois épis de blés pour manger l’hiver. On est la Famille la plus fracturée de la des Sept Grandes, mais tant qu’on tient les apparence tout va bien n’est-ce pas? J’ai honte de porter ce nom de famille de merde, mais je suis bien obligé, parce qu’en me présentant comme d’Élusie je ne rentre nul part. Par contre tout le monde est bien content de sucer mon soldat chauve quand je suis Zelevas Fraternitas n’est-ce pas? Et moi? Où est-ce que j’étais quand je me suis enrôlé dans les Limiers, où étaient mes invitations au manoir, où étaient mes invitations aux soirées, où étiez vous quand j’ai dû arrêter ma carrière et que j’ai dû aller à l’hôpital, où étiez vous quand Maximilian est mort? Je suis venu à l’enterrement du vieux Wendell, mais aucun Fraternitas ne s’est pointé pour les obsèques de mon père, parce que je ne suis pas un vrai Fraternitas, parce que je n’ai pas ce nom de famille de naissance.”

    ”Arrêtes tes conneries mer-” Le déplacement d’air au sein du tunnel d’évacuation se fait de plus en plus intense, un grondement sourd et montant résonne comme une protestation animale d’une force surpuissante, et c’est exactement de cela qu’il s’agit. Artorne comprend que le barrage effectue une vidange, le mécanisme de débordement a été actionné et le vrombissement qui fait trembler les murs et les barreaux de son piège lui dessinent un brouillon redoutable de ce qui va lui arriver.

    ”Alors oui, je crois bien que je vais te laisser crever ici, parce qu’avec ton fils j’ai de quoi faire pression sur Junior, et avec ce que je sais sur Vigent il ne va pas pouvoir rester très longtemps au Sénat de toute façon.” ”T’es complètement taré!” ”Exact, je ne peux être que fou pour avoir consacré l’intégralité de mon existence à ce pays que vous vous évertuez à traîner dans la boue, GAR, Razkaal, Tribunal, SSG, FRN, Sénat, toute ma vie, chaque respiration que j’ai prise, chaque pas que j’ai marché, je l’ai fait pour la République, je l’ai fait pour cette nation, pour pouvoir la changer, pour pouvoir faire en sorte que la République soit définie par un peuple, et non pas par une poignée de mégalomanes narcissiques pervertis par leur pécule. Et la première étape Artorne, c’est déjà de vous dire au revoir, au Fraternitas.”

    ”T’ES UN MALAD-”

    Malheureusement pour Artorne, ce ne fut cette fois pas Zelevas qui vint le couper net dans sa phrase, mais plutôt la pression écrasante de centaines de tonnes d’eau qui jaillissent de l’obscurité du conduit d’écoulement pour fuser à travers le cylindre dans lequel il est détenu, puis traverser la grille de la bouche pour s’écraser en bas de l’édifice, une vingtaine de mètres plus bas. Tandis que le cadavre d’Artorne, mort sur l’impact, continue d’être réduit à l’état d’une pulpe rougeâtre dont quelques lambeaux accrochent encore aux barreaux de la bouche de sortie, Zelevas continue de s’exclamer en restant debout devant, comme s’il y avait encore quelqu’un pour l’écouter dans ce lieu où seul les morts lui tiennent maintenant compagnie:

    ”Vous allez dégager, tout comme l’hypocrisie qui transpire par tout les fondements de notre société, vous allez être effacés. Fini l’oligarchie systémique qui monopolise à la fois notre politique, notre économie et notre culture, finie la noblesse dans une société qui se veut pourtant équitable et citoyenne, fini la corruption d’un pays pourtant construit sur plus de lois et de règles que le Shoumeï et le Reike n’en ont jamais eu réunis tout au long de leur histoire. Je vais purger cette nation, protéger son peuple, éduquer ses masses, élever ses travailleurs, rallier ses acteurs et abattre ses bourreaux. LA RÉPUBLIQUE SERA UNIE.”

    Les cris de Zelevas se perdent dans le vacarme assourdissant des eaux furieuses encore qu’il ne l’est lui-même, et quand il finit enfin de s’égosiller, le vieillard est haletant, ses yeux exorbités par tant d’agitation, sa respiration se fait plus laborieuse, il se sent presque un peu vertigineux du coup de sang qu’il vient de pousser. Alors prenant un instant pour se plier en deux et attraper ses genoux chancelants pour reprendre son souffle, le Sénateur maintenant seul dans le couloir de service redescend de l’adrénaline et réfléchis à la suite, il n’a pas besoin de réfléchir à ce qu’il vient de se passer. C’est une tournure d’évènement qu’il n’avait pas anticipé, mais qu’il a cependant lui-même instiguée, et il est parfaitement conscient que désormais avec Artorne mort, il va devoir redoubler de précaution dans toutes ses actions, faire attention aux espions capable d’user de transe, mesurer ses propos avec chacuns, éviter de tremper directement dans ses affaires les moins légales et surtout, bien s’entourer pour avancer, comme il vient de le hurler aux restes sanguinolents d’Artorne, l’unité fait la force de la nation. Il a besoin d’alliés.
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  • Mer 29 Nov - 16:25



    Une semaine et quelques plus tard, Zelevas dévale les marches de sa propriété en portant un plateau, le manoir d’Élusie, sur la façade duquel le soleil semble lancer un éclat plus doré qu’à l’accoutumée, tout comme le sourire du vieil homme paraît plus sincère qu’à l’ordinaire. La soudaine disparition d’Artorne Fraternitas n’est pas encore une nouvelle rendue publique, mais toute la haute sphère politique et les Sept Grandes sont déjà au courant que le petit frère de Wendell manque à l’appel et qu’en l’absence de signe de vie à ce stade, il est probable qu’il ait trouvé la mort quelque part ou que quelque chose de grave lui soit arrivé. La Famille Fraternitas a décidé de s’exprimer ouvertement sur la disparition d’ici encore cinq jours, le temps de laisser aux Officiers et aux équipes de recherche de la GAR potentiellement retrouver l’homme en question. Zelevas de son côté sait qu’on ne mettra pas beaucoup de temps à retrouver le corps du Fraternitas une fois que le barrage aura fait une vidange supplémentaire puisque le cadavre passera alors sur la rivière qui relie le Vès au Lac Rebirth, et qu’à ce moment là il sera difficile pour les pêcheurs de manquer son passage. Il a déjà prévu de rencontrer Vigent pour lui parler en face à face et le convaincre de démissionner de son post de Sénateur, ayant même préparé les grandes lignes d’un discours pour justement relier la démission non seulement à l’âge avancé du benjamin mais aussi à l’instabilité que provoque la perte de son petit frère chéri, bla bla bla qu’il est triste, qu’il a besoin de temps pour lui oh pauvre de lui. Il faudra cependant trouver un remplaçant, mais à l’inverse du Sénateur Monessa il y a un an ou de l’éternelle Dorylis de Rockraven, il va avoir le luxe de choisir lui-même la succession de Vigent. Il faudra quelqu’un de faible pour fragiliser le courant Humaniste, peut-être quelqu’un de peu expérimenté, voire un peu jeune et donc facilement impressionnable et influençable. Idéalement quelqu’un que Zelevas connaîtrait déjà, et ça tombe bien parce qu’il a déjà un candidat en tête, ou plus exactement une candidate, un petit brun de femme tout mignon tout frais qu’il connaît bien. Secrétaire et seconde de Vigent avec deux ans seulement d’expérience dans le domaine politique, un cursus de MAGIC sous le bras et vingt huit ans tout mouillés, la gamine de Casteille, la fille de ce bon vieux Bastian, les Gardiens aient son âme, fera parfaitement l’affaire.

    Le vieillard fatigué s’installe sur la table de jardin qui repose sur les gravillons qui bordent les pourtours de l’édifice. Le plateau en argent fait un bruit mat en se posant sur la table en marbre noir, le ménisque de la bouteille de bourbon oscille en venant à l’arrêt, et Zelevas saisi délicatement la bouteille en cristal pour l’ouvrir de l’autre main. Un alcool bien particulier, d’une cuvée très spécifique. Whiskey bourbon de l’An -97, ce n’est en raison de son âge trop avancé pas un alcool très fameux, son goût est un peu bâtard à cause des changements de fût dû à la pourriture du bois et le goût du maïs a dépéri pour remplacer la saveur initialement douce. Ce n’est cependant pas un alcool que Zelevas déguste pour sa saveur, mais plutôt pour le symbole qu’il représente, c’était son père Maximilian d’Élusie qui buvait religieusement un verre de ce vieux bourbon aux grandes occasions. À l’époque le spiritueux était encore bon, ou peut-être qu’il commençait tout juste à perdre son parfum, pourtant le père d’Élusie continuait de le boire, par goût ou par tradition ça Zelevas ne le saura jamais. En attendant il verse le liquide dans son verre, et apprécie les diffractions de la lumière qui se projettent sur la table noire au travers de la boisson. Par ce geste, il espère perpétuer la mémoire d’un homme bon. Par ses gestes, il espère perpétuer l’existence d’une nation.

    Zelevas regarde l’horizon, une ligne radieuse grâce au soleil timide du début de printemps, ses yeux bleus paraissent se réchauffer, l’espace d’un instant, l’espace d’un instant, il voit peut-être l’avenir de la République tel qu’il le voit se profiler, et devenir un tout petit peu plus atteignable.
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