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PNJ
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La révolte des Chapeaux
Mise en contexte
CHALLENGE : INSOLITE
PARTICIPANTS : @Ayna Yelcan @Kieran Ryven
Comptant environ 500 citoyens, le village de Hatshire, situé en bordure du fabuleux Lac Rebirth, est connu pour une tradition insolite : chaque année, lors du premier jour d'automne, les habitants organisent le "Festival des Chapeaux", où chacun porte le chapeau le plus extravagant qu'il puisse trouver ou fabriquer. C'est une célébration joyeuse et colorée qui attire des visiteurs de tout le pays. Cependant, cette année, le maire du village, sous l'influence du parti Goldheart, a décidé d'imposer une taxe de 15 % sur les chapeaux extravagants, arguant qu'ils étaient une distraction inutile et une perte de temps.
Alors que Kieran et Ayna arpentent le village, ils tombent sur une manifestation en cours. Les habitants, vêtus de leurs chapeaux les plus fous, protestent contre la nouvelle taxe. Mais ce qui était censé être une manifestation pacifique tourne rapidement au vinaigre lorsque des agents du gouvernement, envoyés pour "maintenir l'ordre", commencent à confisquer les chapeaux et à arrêter les manifestants.
Voici des idées d'objectifs à accomplir :
- Libérer les manifestants : Trouver un moyen de libérer les manifestants arrêtés sans causer de blessures ou de dommages.
- Récupérer les chapeaux confisqués : Localiser l'endroit où les chapeaux sont stockés et les récupérer.
- Apaiser le peuple : S'adresser à la foule, les rassurer et les encourager à célébrer le festival comme il se doit.
- Note:
- Hello,
Voici le contexte de base pour ce challenge ! Vous êtes libres de narrer l'histoire comme vous le désirez, tout en vous basant sur cette mise en situation. Je rappelle qu'il n'y aura pas d'intervention MJ sur ce rp. Have fun !
CENDRES
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Bien longtemps que je n'étais pas dans les parages. J'ai souvenir de m'être ramené dans les environs pour un bivouac lorsque j'avais à peine vingt ans. Vingt balais de bagarre, d'entraînement et de conditionnement au combat. Un gros débile avec une épée, un lézard avec des œillères, un adolescent qui se prenait pour un homme. Et... C'est ici que j'ai eu le déclic, réalisant que le monde ici bas, méritait une longue promenade sur ses sentiers, et peut-être un grand cornu comme moi pour tenter d'arranger les soucis, plutôt que de participer à un chaos engendré par la bêtise humaine. C'est comme réapprendre à marcher, on se sent bête, sur le coup. Et c'est à ma permission accordée par le Razkaal, que j'en profite, que j'apprends à avancer dans cette aventure.
Et pour cette permission, oui, encore une fois, je pars.
Un sentier sinueux me menant au village de Hasthire s'étend à travers un bois clairsemé et paisible, baigné de lueur dorée par les rayons du soleil filtrant à travers les feuilles. Les oiseaux chantent doucement, créant une symphonie naturelle. L'air est rempli de l'odeur fraîche de la terre humide et des feuilles tombées. À chaque pas, le murmure apaisant du ruisseau voisin berce mon âme qui attendait cruellement cette accalmie. Présentement, je n'avais pas envie de briser la gueule de quelqu'un, de carboniser qui que ce soit, ou bien d'enfermer pour l'éternité une crevure qui méritait un châtiment bien plus douloureux. Je pouvais embrasser la sérénité comme il se doit.
J'en avais entendu parlé de cet évènement, mais jamais vu de mes propres yeux. Déjà à l'entrée du village, les festivités s'annoncent en musique, avec des chapeaux décorant les remparts, d'autres flottant comme des cerfs-volants, attaché à des cheminées, gonflant au vent. Des musiciens se sont inventés des estrades, ça et là dans chaque place, si ce n'est pas le cas ce sont les établissements qui viennent chanter leur chansons depuis l'intérieur. Je connais un Drakyn qui va se pinter le museau pour quelques heures...
Un sourire amusé déforme légèrement mes traits, des personnes viennent me saluer au travers de révérence distinguée simplement pour avoir l'occasion d'exhiber leur couvre-chef. Et je dois avouer que c'est plutôt sympa à regarder. Je réponds avec une salutation brève mais polie et reprend ma marche pour rejoindre la grande place principale, pour découvrir le cœur du village mais aussi le nœud principal de la fête. C'est avec des yeux agréablement surpris que je constate qu'il y a une marre de monde, de tout le pays. Un carrefour de toutes les bannières qui sont là pour les mêmes raisons. Et, tous ces chapeaux... Un étable occupé par un chapelier me fera d'ailleurs un sourire.
« Vous avez la tête nue, monsieur ? Quel dommage, pour une journée comme celle-ci !
- Mes cornes suffiront, pour cette fois. Mais, qui sait ?
- N'hésitez pas à vous servir ici alors !
- J'y manquerais pas.
- Faites attention, on est taxé 15% sur les chapeaux maintenant...
- Comment ça ?
- Goldheart...
- ...Navré.
- Ils le paieront bien un jour.
- Tout se paie, un jour. Je vous le garantis. »
Un sourire, et je repars. Les ruelles se transforment alors en un défilé de couleurs éclatantes, de plumes, de rubans, et de tissus chatoyants. Les chapeaux prennent toutes les formes imaginables, depuis de larges chapeaux en forme de fruits jusqu'à des coiffures sculptées ornées de petits moulins à vent qui tournent au gré des mouvements. Les habitants se mêlent à la foule, riant et se complimentant mutuellement sur leurs créations ingénieuses, ou bien en se chapardant sur qui a la plus grosse. Eh, ouais, des fois c'est la taille qui compte. Alors que j'ai l'impression de me noyer dans un océan de champignons coiffés de toute sortes, une crinière étrangement familière va se distinguer. Le soleil vient mettre en exergue une peau hâlée et des yeux clairs. Ce regard trop familier, je ne l'ai vu qu'une fois durant toute mon existence. Sur le coup, un éclair de souvenir vient me foudroyer surplace. Non. J'ose pas le croire.
« ... Luciole ? »
Ma main passe nerveusement sur la dague. D'un coup, je venais de tomber sur mes dix-neuf ans. Mon palpitant commence à tabasser mon armure, et rapidement je commence à plonger dans la smala en laissant des coups d'épaules pour me frayer un chemin. Machinalement, sans prendre en considération que ça en valdingue quelques uns dans le décor.
« LUCIOLE ! »
Rugis avec force et désespoir. Est-ce qu'elle va me reconnaître ? Le chemin s'éclair brièvement, et enfin je peux distinguer sa silhouette. Une belle femme des îles, une créature enchanteresse, dont la beauté extérieure est le reflet de la richesse de son environnement tropical, et dont la personnalité rayonnante illumine chaque endroit où elle se trouve. Beaucoup d'années ont défilés. Et, j'étais qu'un jeune garçon. Autant dire que les sentiments se sont éteint depuis belle lurette. Tenant fermement le manche de ma dague comme pour lui demander de m'accompagner dans la manœuvre, je fais de grands pas avant de faire porter ma voix. Son prénom... Son prénom...
« Ineg ? »
La voilà, sous mes yeux, tandis que je la surplombe de toute ma masse. Un sourire long d'un centimètre à peu près s'étire sur mes lèvres. Plus rien n'avait l'air d'exister autour de ce moment. C'est vrai que maintenant que j'y pense, j'aurais pu revenir à Kaizoku à mon arrivée à la république, mais qu'est-ce que je vais retrouver, 13 ans plus tard ?
« Tu te souviens de moi ? Je suis le Reikois, Kieran, qui avait pris un bateau pour Kaizoku il y a plus de dix ans, et on a passé du temps ensemble... »
Je dégaine la lame devant ses yeux.
« J'ai... J'ai même gardé ton cadeau, Luciole. »
C'est le moment, de soit passer pour énorme gland, soit de vivre des retrouvailles digne de ce nom. Mais j'ai le sentiment qu'il y a quelque chose d'autre...
Et pour cette permission, oui, encore une fois, je pars.
Un sentier sinueux me menant au village de Hasthire s'étend à travers un bois clairsemé et paisible, baigné de lueur dorée par les rayons du soleil filtrant à travers les feuilles. Les oiseaux chantent doucement, créant une symphonie naturelle. L'air est rempli de l'odeur fraîche de la terre humide et des feuilles tombées. À chaque pas, le murmure apaisant du ruisseau voisin berce mon âme qui attendait cruellement cette accalmie. Présentement, je n'avais pas envie de briser la gueule de quelqu'un, de carboniser qui que ce soit, ou bien d'enfermer pour l'éternité une crevure qui méritait un châtiment bien plus douloureux. Je pouvais embrasser la sérénité comme il se doit.
J'en avais entendu parlé de cet évènement, mais jamais vu de mes propres yeux. Déjà à l'entrée du village, les festivités s'annoncent en musique, avec des chapeaux décorant les remparts, d'autres flottant comme des cerfs-volants, attaché à des cheminées, gonflant au vent. Des musiciens se sont inventés des estrades, ça et là dans chaque place, si ce n'est pas le cas ce sont les établissements qui viennent chanter leur chansons depuis l'intérieur. Je connais un Drakyn qui va se pinter le museau pour quelques heures...
Un sourire amusé déforme légèrement mes traits, des personnes viennent me saluer au travers de révérence distinguée simplement pour avoir l'occasion d'exhiber leur couvre-chef. Et je dois avouer que c'est plutôt sympa à regarder. Je réponds avec une salutation brève mais polie et reprend ma marche pour rejoindre la grande place principale, pour découvrir le cœur du village mais aussi le nœud principal de la fête. C'est avec des yeux agréablement surpris que je constate qu'il y a une marre de monde, de tout le pays. Un carrefour de toutes les bannières qui sont là pour les mêmes raisons. Et, tous ces chapeaux... Un étable occupé par un chapelier me fera d'ailleurs un sourire.
« Vous avez la tête nue, monsieur ? Quel dommage, pour une journée comme celle-ci !
- Mes cornes suffiront, pour cette fois. Mais, qui sait ?
- N'hésitez pas à vous servir ici alors !
- J'y manquerais pas.
- Faites attention, on est taxé 15% sur les chapeaux maintenant...
- Comment ça ?
- Goldheart...
- ...Navré.
- Ils le paieront bien un jour.
- Tout se paie, un jour. Je vous le garantis. »
Un sourire, et je repars. Les ruelles se transforment alors en un défilé de couleurs éclatantes, de plumes, de rubans, et de tissus chatoyants. Les chapeaux prennent toutes les formes imaginables, depuis de larges chapeaux en forme de fruits jusqu'à des coiffures sculptées ornées de petits moulins à vent qui tournent au gré des mouvements. Les habitants se mêlent à la foule, riant et se complimentant mutuellement sur leurs créations ingénieuses, ou bien en se chapardant sur qui a la plus grosse. Eh, ouais, des fois c'est la taille qui compte. Alors que j'ai l'impression de me noyer dans un océan de champignons coiffés de toute sortes, une crinière étrangement familière va se distinguer. Le soleil vient mettre en exergue une peau hâlée et des yeux clairs. Ce regard trop familier, je ne l'ai vu qu'une fois durant toute mon existence. Sur le coup, un éclair de souvenir vient me foudroyer surplace. Non. J'ose pas le croire.
« ... Luciole ? »
Ma main passe nerveusement sur la dague. D'un coup, je venais de tomber sur mes dix-neuf ans. Mon palpitant commence à tabasser mon armure, et rapidement je commence à plonger dans la smala en laissant des coups d'épaules pour me frayer un chemin. Machinalement, sans prendre en considération que ça en valdingue quelques uns dans le décor.
« LUCIOLE ! »
Rugis avec force et désespoir. Est-ce qu'elle va me reconnaître ? Le chemin s'éclair brièvement, et enfin je peux distinguer sa silhouette. Une belle femme des îles, une créature enchanteresse, dont la beauté extérieure est le reflet de la richesse de son environnement tropical, et dont la personnalité rayonnante illumine chaque endroit où elle se trouve. Beaucoup d'années ont défilés. Et, j'étais qu'un jeune garçon. Autant dire que les sentiments se sont éteint depuis belle lurette. Tenant fermement le manche de ma dague comme pour lui demander de m'accompagner dans la manœuvre, je fais de grands pas avant de faire porter ma voix. Son prénom... Son prénom...
« Ineg ? »
La voilà, sous mes yeux, tandis que je la surplombe de toute ma masse. Un sourire long d'un centimètre à peu près s'étire sur mes lèvres. Plus rien n'avait l'air d'exister autour de ce moment. C'est vrai que maintenant que j'y pense, j'aurais pu revenir à Kaizoku à mon arrivée à la république, mais qu'est-ce que je vais retrouver, 13 ans plus tard ?
« Tu te souviens de moi ? Je suis le Reikois, Kieran, qui avait pris un bateau pour Kaizoku il y a plus de dix ans, et on a passé du temps ensemble... »
Je dégaine la lame devant ses yeux.
« J'ai... J'ai même gardé ton cadeau, Luciole. »
C'est le moment, de soit passer pour énorme gland, soit de vivre des retrouvailles digne de ce nom. Mais j'ai le sentiment qu'il y a quelque chose d'autre...
Invité
Invité
Ces dernières semaines ont été dures pour Elnael et moi, depuis qu'on est rentrés à Liberty ensemble. C'était la principale raison pour laquelle on avait décidé de se faire ce petit périple, tous les deux. Pour se retrouver, se ressourcer, s'amuser. Mais j'avais probablement oublié que j'avais affaire à un adolescent. Quand bien même il a retrouvé les souvenirs de son ancienne vie, ma jeune pupille est avant tout un garçon de treize ans, aux hormones détraquées et aux humeurs changeantes. Et forcément, il a passé tout le trajet à soupirer et à râler. Merde, il est passé où le gosse curieux et émerveillé que j'élevais il y a un an, qui me l'a échangé contre cette version désabusée, qui a tout vu, tout lu, que tout ennuie... ? Si seulement Ineg ou Maman étaient là, elles sauraient le gérer, elles... Alors que moi, il m'énerve, je finis par lui rentrer dedans, et le joli moment familial qu'on devait passer tous les deux se transforme en randonnée boudage. Et ça, c'est quand on parle. Parce que sinon, il y a aussi les moments où il se tait et traîne la patte, comme si on l'emmenait passer un séjour au Razkaal...
J'ai peut-être pas choisi l'événement le plus adapté pour un garçon de son âge, il faut dire, mais bon, avant, tout l'intéressait, c'était pas dur. Comment savoir, maintenant, ce qu'un garçon de treize ans aime ? Surtout quand en réalité, il a deux cents ou trois ans de souvenirs derrière ? Je soupire. La fête est jolie, le village pittoresque, les chapeaux plus extravagants les uns que les autres, mais je pense qu'on va bientôt rentrer chez nous, en fait. Je me retourne pour proposer à Elnael de partir, mais il n'est pas là. Je fronce les sourcils. Est-ce qu'il est encore resté en arrière, absorbé par sa déprime d'ado à deux balles ? Kaiyo m'en garde, j'étais pas comme ça moi à cet âge-là ! Pas moyen ! Je tourne les talons et revient sur mes pas, pour le retrouver bien vite, planté au milieu de la rue, en train d'observer quelque chose.
« Allez Eli, viens, on va rentrer chez nous.
- Attends, regarde, il se passe quoi là-bas ? »
Il pointe du doigt, et mon regard le suit. Une petite assemblée de personnes portant des chapeaux comme ceux qu'on a pu voir un peu partout, mais les sourcils froncés, les bras levés, et les cris enragés. En face d'eux, un petit bonhomme avec un beau manteau et un grand chapeau vert. Vu le bâtiment devant lequel il se tient, il doit s'agir du maire, ou un assimilé, et il empêche les manifestants d'accéder à l'hôtel de ville. On demande à un marchand qui nous explique rapidement le conflit et la taxe, et je sers le poing. Quand on était encore à Kaizoku et que j'idolâtrais la République, j'imaginais que c'était les riches qui étaient taxés, et qu'ils partageaient volontiers leurs biens avec le reste du peuple. J'imaginais que les gens s'y entraidaient, que chacun était libre de suivre sa propre voie, mais en communauté. La liberté fait principe des principes moraux en République tout comme c'était le cas à Kaizoku, mais j'imaginais que la loi du plus fort qui régnait sur notre île n'avait pas sa place sur le continent, car les gens y étaient éduqués, civilisés. Il m'a fallu deux ans seulement de service militaire pour déchanter. Pour m'apercevoir que tout n'était pas tout rose ici non plus, et que si certains avaient une mentalité proche de la mienne, ceux qui étaient au pouvoir en profitaient tout autant que les Frères-des-Côtes.
Alors voir pareille injustice, une taxe qui apparaît sur une tradition régionale, qui ne fait de mal à personne, simplement pour enrichir un Etat suffisamment puissant et qui ne remettra pas une pièce de cuivre dans la poche du contribuable, ça me révolte. Vivement les élections. Même si ça ne va probablement rien changer, le clan Goldheart va trouver un moyen de retourner au pouvoir, et ce sera la même histoire. Je pose ma main sur l'épaule d'Elnael pour lui manifester mon émotion et le pousser à se déplacer.
« Tatayna ! On ne peut pas les laisser comme ça, on doit les aider !
- Et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? Qu'on aille manifester avec eux ?
- C'est toujours mieux que de rester là en les ignorant, oui ! »
Il se détache violemment de ma prise sur son épaule, et rageux, part en courant pour les rejoindre. Mais merde, je suis d'accord avec lui, pourquoi il prend la mouche ! Saloperie de gosse... Je lui emboite le pas, mais il a déjà disparu dans la foule. On lui tend un chapeau pointu à bords larges multicolore qu'il enfonce sur ses oreilles, et deux secondes après, des agents du gouvernement sortis de nulle part fondent sur la foule qui se met à crier, mais surtout, à se défendre. Ce qui devait être au départ une simple confiscation vire au règlement de compte quand des matraques sortent et mettent à terre les premiers manifestants. Je crie le nom d'Elnael, mais dans la foule, je n'arrive plus à le retrouver.
Je panique. Je ne peux pas le perdre à nouveau. J'ai passé deux mois à ses trousses, ça ne peut pas m'arriver à nouveau. Non. Non. Je refuse d'y croire. Elnael. Eli. Mon petit dragon. Où est-il. Pourquoi me fuit-il toujours. Je me fraie un chemin dans la foule en panique, bien trop tard, car je vois le chapeau multicolore sur les boucles brunes se faire embarquer par les agents au milieu des autres manifestants arrêtés. Je vais pour les poursuivre quand une main se pose sur mon épaule. Je me tourne vers un homme gigantesque, plus de deux mètres de muscles saillants, qui me regarde avec des étoiles plein les yeux. 'Tain mais qu'est-ce qu'il me veut celui-là encore ? Je tire une tête de dix pieds de long quand je l'entends m'appeler Ineg, et j'en perds mes mots. Le temps de me libérer de sa main, et je vois Elnael grimper dans un chariot avec les autres prisonniers, et le chariot se mettre en branle. Tous les jurons que je connais y passent, et je reviens me planter devant le géant, qui m'attend, pataud. Du haut de mon mètre soixante-dix, je ressemble à une chaloupe face à un clipper. Analogie de marin.
« Je sais pas d'où t'as connu ma soeur Ineg, le cornu, mais grâce à toi je viens de perdre mon neveu, à nouveau. Alors maintenant t'as plus qu'à m'aider à le retrouver et expliquer aux agents qu'un gamin de son âge n'a strictement rien à faire en prison. Peut-être que ces muscles serviront à leur faire peur, hein. Et m'appelle pas Luciole, j'ai jamais vu ce couteau à beurre de ma vie. »
Bravo ma grande. Tu viens de te faire un Drakyn pour ennemi. Cette journée peut-elle encore empirer ?
J'ai peut-être pas choisi l'événement le plus adapté pour un garçon de son âge, il faut dire, mais bon, avant, tout l'intéressait, c'était pas dur. Comment savoir, maintenant, ce qu'un garçon de treize ans aime ? Surtout quand en réalité, il a deux cents ou trois ans de souvenirs derrière ? Je soupire. La fête est jolie, le village pittoresque, les chapeaux plus extravagants les uns que les autres, mais je pense qu'on va bientôt rentrer chez nous, en fait. Je me retourne pour proposer à Elnael de partir, mais il n'est pas là. Je fronce les sourcils. Est-ce qu'il est encore resté en arrière, absorbé par sa déprime d'ado à deux balles ? Kaiyo m'en garde, j'étais pas comme ça moi à cet âge-là ! Pas moyen ! Je tourne les talons et revient sur mes pas, pour le retrouver bien vite, planté au milieu de la rue, en train d'observer quelque chose.
« Allez Eli, viens, on va rentrer chez nous.
- Attends, regarde, il se passe quoi là-bas ? »
Il pointe du doigt, et mon regard le suit. Une petite assemblée de personnes portant des chapeaux comme ceux qu'on a pu voir un peu partout, mais les sourcils froncés, les bras levés, et les cris enragés. En face d'eux, un petit bonhomme avec un beau manteau et un grand chapeau vert. Vu le bâtiment devant lequel il se tient, il doit s'agir du maire, ou un assimilé, et il empêche les manifestants d'accéder à l'hôtel de ville. On demande à un marchand qui nous explique rapidement le conflit et la taxe, et je sers le poing. Quand on était encore à Kaizoku et que j'idolâtrais la République, j'imaginais que c'était les riches qui étaient taxés, et qu'ils partageaient volontiers leurs biens avec le reste du peuple. J'imaginais que les gens s'y entraidaient, que chacun était libre de suivre sa propre voie, mais en communauté. La liberté fait principe des principes moraux en République tout comme c'était le cas à Kaizoku, mais j'imaginais que la loi du plus fort qui régnait sur notre île n'avait pas sa place sur le continent, car les gens y étaient éduqués, civilisés. Il m'a fallu deux ans seulement de service militaire pour déchanter. Pour m'apercevoir que tout n'était pas tout rose ici non plus, et que si certains avaient une mentalité proche de la mienne, ceux qui étaient au pouvoir en profitaient tout autant que les Frères-des-Côtes.
Alors voir pareille injustice, une taxe qui apparaît sur une tradition régionale, qui ne fait de mal à personne, simplement pour enrichir un Etat suffisamment puissant et qui ne remettra pas une pièce de cuivre dans la poche du contribuable, ça me révolte. Vivement les élections. Même si ça ne va probablement rien changer, le clan Goldheart va trouver un moyen de retourner au pouvoir, et ce sera la même histoire. Je pose ma main sur l'épaule d'Elnael pour lui manifester mon émotion et le pousser à se déplacer.
« Tatayna ! On ne peut pas les laisser comme ça, on doit les aider !
- Et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? Qu'on aille manifester avec eux ?
- C'est toujours mieux que de rester là en les ignorant, oui ! »
Il se détache violemment de ma prise sur son épaule, et rageux, part en courant pour les rejoindre. Mais merde, je suis d'accord avec lui, pourquoi il prend la mouche ! Saloperie de gosse... Je lui emboite le pas, mais il a déjà disparu dans la foule. On lui tend un chapeau pointu à bords larges multicolore qu'il enfonce sur ses oreilles, et deux secondes après, des agents du gouvernement sortis de nulle part fondent sur la foule qui se met à crier, mais surtout, à se défendre. Ce qui devait être au départ une simple confiscation vire au règlement de compte quand des matraques sortent et mettent à terre les premiers manifestants. Je crie le nom d'Elnael, mais dans la foule, je n'arrive plus à le retrouver.
Je panique. Je ne peux pas le perdre à nouveau. J'ai passé deux mois à ses trousses, ça ne peut pas m'arriver à nouveau. Non. Non. Je refuse d'y croire. Elnael. Eli. Mon petit dragon. Où est-il. Pourquoi me fuit-il toujours. Je me fraie un chemin dans la foule en panique, bien trop tard, car je vois le chapeau multicolore sur les boucles brunes se faire embarquer par les agents au milieu des autres manifestants arrêtés. Je vais pour les poursuivre quand une main se pose sur mon épaule. Je me tourne vers un homme gigantesque, plus de deux mètres de muscles saillants, qui me regarde avec des étoiles plein les yeux. 'Tain mais qu'est-ce qu'il me veut celui-là encore ? Je tire une tête de dix pieds de long quand je l'entends m'appeler Ineg, et j'en perds mes mots. Le temps de me libérer de sa main, et je vois Elnael grimper dans un chariot avec les autres prisonniers, et le chariot se mettre en branle. Tous les jurons que je connais y passent, et je reviens me planter devant le géant, qui m'attend, pataud. Du haut de mon mètre soixante-dix, je ressemble à une chaloupe face à un clipper. Analogie de marin.
« Je sais pas d'où t'as connu ma soeur Ineg, le cornu, mais grâce à toi je viens de perdre mon neveu, à nouveau. Alors maintenant t'as plus qu'à m'aider à le retrouver et expliquer aux agents qu'un gamin de son âge n'a strictement rien à faire en prison. Peut-être que ces muscles serviront à leur faire peur, hein. Et m'appelle pas Luciole, j'ai jamais vu ce couteau à beurre de ma vie. »
Bravo ma grande. Tu viens de te faire un Drakyn pour ennemi. Cette journée peut-elle encore empirer ?
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
crédits : 1004
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Naïf. Un vrai pigeon heureux.
J'ai pourtant un bon sens de l'observation. Quand je traque quelqu'un, je suis capable d'aviser son poids, sa taille, son bras ou sa jambe forte en fonction des indices que je trouve. Reconnaître un Reikois, citoyen du Sekai ou bien un Républicain. Mais là, c'est comme si ma raison m'avait échappé. Posté devant elle, ses yeux s'écarquillent, après une grimace assez embêtée. Comme si j'étais... Un espèce de parasite. Ineg a ses yeux, mais pas son regard. Ineg a cette bouche, mais pas cette manière de l'ouvrir. Ineg a ce corps, mais pas cette posture.
C'est qui, elle.
Réponse rapide. Alors elle avait une sœur. Oui, c'est vrai. Ca me revient. On en discutait de sa petite famille. Elle avait une sœur, et ça m'est sorti de la tête. Un père contremaître, aussi, de souvenir. L'éclat de bonheur qui étincelait mes mirettes se ternis dans un regard de plus en plus sinistre. Un neveu ? Beaucoup trop de questions commencent à me marteler l'esprit. J'hausse un sourcil, essayant de piger comment elle peut primo essayer de me mettre en rogne et deuzio me demander un service. Cette histoire avec Ineg remonte il y a maintenant 13 ans. J'ignore si se sont les astres de Shierak qui veulent me montrer un signe, mais j'ai le sentiment qu'il y a des réponses que je dois savoir.
Deux doigts écailleux finissent sur son buste, l'écartant de deux bons pas. Elle n'est pas Ineg, donc, je veux mon espace vital. De ma hauteur, je surplombe la foule et observe effectivement les remontées de poussières dans un brouhaha conflictuel. Un chariot file dans une direction. Puis, je regarde ma dague une dernière fois, comme un salut silencieux avant de la rengainer. Mes traits se durcissent, ma bouche s'ouvre, le ton grave. Mon insigne de Limier du Razkaal s'échappant de mon plastron comme un avertissement silencieux lorsque je me penche dans sa direction.
« On va trouver ton neveu, bouclette. Puis, je te questionnerais. Ensuite, tu vas me répondre. Et, quand j'aurais finis, tu partiras. Et si je dois t'amputer les deux jambes pour te garder comme un sac humain sur une chaise jusqu'à ce que j'ai terminé, je le ferais. En route. »
Pas certain qu'Ineg serait très jouasse de voir sa sœur ressembler à une madeleine avec des cheveux, et ce n'est pas mon but, mais cette supposée sœur ne le sait pas. Mais revenons à nos dragons. Un neveu, donc. Luciole serait devenue une maman ? Elle a refait sa vie alors... Bon, ça suffit. J'y réfléchirais plus tard. Je la contourne, et mes ailes se déploient, plongeant ma main à l'arrière de son col, et sortir ensemble de la foule d'un bond. Les ailes claquent dans le vent et poussent des bourrasques vers la smala tandis qu'on prend de la hauteur. Assez haut, je descends en piquet pour prendre de l'accélération. Dans le panorama, je vais remarquer des manifestants en proie à des violences, et comprends bien que Goldheart a son lot de détracteurs, à raison.
Comment une histoire de chapeaux et de taxes peut aller aussi loin dans les conflits. Je suis las, des conflits. Tout ça pour du pognon, le pouvoir et l'influence. Quand est-ce qu'ils vont comprendre qu'on peut vivre et coexister ensemble sans passer par des situations aussi inutiles ? Je grogne ma frustration et retrouve rapidement le sol en relâchant évidemment cette Yelcan. Pas envie de prendre des flèches au vol, le but étant de réduire la distance, vaut mieux rester discret. De là, j'ai pu distinguer les prisonniers, des chapeaux confisqués dans un coffre ouvert, mais aussi le jeune garçon.
Le chemin est fraîchement marqué par leur passage. Il n'y a plus qu'à les suivre.
« Par là. »
Pas besoin de Portecendres, cette fois, si le Razkaal apprend que je descends des membres d'une autorité sans raison valable, c'est moi qui ne revois plus la lumière du jour.
« Discret, furtif, on disloque leur plan et on récupère le petit. Si on peut calmer le village par la suite, ça permettra aux habitants de reprendre leur petite fête. »
Et tout est bien qui finira bien.
J'ai pourtant un bon sens de l'observation. Quand je traque quelqu'un, je suis capable d'aviser son poids, sa taille, son bras ou sa jambe forte en fonction des indices que je trouve. Reconnaître un Reikois, citoyen du Sekai ou bien un Républicain. Mais là, c'est comme si ma raison m'avait échappé. Posté devant elle, ses yeux s'écarquillent, après une grimace assez embêtée. Comme si j'étais... Un espèce de parasite. Ineg a ses yeux, mais pas son regard. Ineg a cette bouche, mais pas cette manière de l'ouvrir. Ineg a ce corps, mais pas cette posture.
C'est qui, elle.
Réponse rapide. Alors elle avait une sœur. Oui, c'est vrai. Ca me revient. On en discutait de sa petite famille. Elle avait une sœur, et ça m'est sorti de la tête. Un père contremaître, aussi, de souvenir. L'éclat de bonheur qui étincelait mes mirettes se ternis dans un regard de plus en plus sinistre. Un neveu ? Beaucoup trop de questions commencent à me marteler l'esprit. J'hausse un sourcil, essayant de piger comment elle peut primo essayer de me mettre en rogne et deuzio me demander un service. Cette histoire avec Ineg remonte il y a maintenant 13 ans. J'ignore si se sont les astres de Shierak qui veulent me montrer un signe, mais j'ai le sentiment qu'il y a des réponses que je dois savoir.
Deux doigts écailleux finissent sur son buste, l'écartant de deux bons pas. Elle n'est pas Ineg, donc, je veux mon espace vital. De ma hauteur, je surplombe la foule et observe effectivement les remontées de poussières dans un brouhaha conflictuel. Un chariot file dans une direction. Puis, je regarde ma dague une dernière fois, comme un salut silencieux avant de la rengainer. Mes traits se durcissent, ma bouche s'ouvre, le ton grave. Mon insigne de Limier du Razkaal s'échappant de mon plastron comme un avertissement silencieux lorsque je me penche dans sa direction.
« On va trouver ton neveu, bouclette. Puis, je te questionnerais. Ensuite, tu vas me répondre. Et, quand j'aurais finis, tu partiras. Et si je dois t'amputer les deux jambes pour te garder comme un sac humain sur une chaise jusqu'à ce que j'ai terminé, je le ferais. En route. »
Pas certain qu'Ineg serait très jouasse de voir sa sœur ressembler à une madeleine avec des cheveux, et ce n'est pas mon but, mais cette supposée sœur ne le sait pas. Mais revenons à nos dragons. Un neveu, donc. Luciole serait devenue une maman ? Elle a refait sa vie alors... Bon, ça suffit. J'y réfléchirais plus tard. Je la contourne, et mes ailes se déploient, plongeant ma main à l'arrière de son col, et sortir ensemble de la foule d'un bond. Les ailes claquent dans le vent et poussent des bourrasques vers la smala tandis qu'on prend de la hauteur. Assez haut, je descends en piquet pour prendre de l'accélération. Dans le panorama, je vais remarquer des manifestants en proie à des violences, et comprends bien que Goldheart a son lot de détracteurs, à raison.
Comment une histoire de chapeaux et de taxes peut aller aussi loin dans les conflits. Je suis las, des conflits. Tout ça pour du pognon, le pouvoir et l'influence. Quand est-ce qu'ils vont comprendre qu'on peut vivre et coexister ensemble sans passer par des situations aussi inutiles ? Je grogne ma frustration et retrouve rapidement le sol en relâchant évidemment cette Yelcan. Pas envie de prendre des flèches au vol, le but étant de réduire la distance, vaut mieux rester discret. De là, j'ai pu distinguer les prisonniers, des chapeaux confisqués dans un coffre ouvert, mais aussi le jeune garçon.
Le chemin est fraîchement marqué par leur passage. Il n'y a plus qu'à les suivre.
« Par là. »
Pas besoin de Portecendres, cette fois, si le Razkaal apprend que je descends des membres d'une autorité sans raison valable, c'est moi qui ne revois plus la lumière du jour.
« Discret, furtif, on disloque leur plan et on récupère le petit. Si on peut calmer le village par la suite, ça permettra aux habitants de reprendre leur petite fête. »
Et tout est bien qui finira bien.
Invité
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Merde, mais il me veut quoi à la fin le grand lézard là ? C'est lui qui m'a approché et maintenant il veut me découper en morceaux ? C'est quoi son problème ?! Je sais que j'ai pas été très polie mais faut me comprendre, j'ai passé trois mois à la poursuite de mon neveu, je suis un peu sur les nerfs quand on me l'enlève à nouveau. Et puis il est quoi, à la fin ? Il me parle du Reike, ça fait sens, les gens avec des écailles, ou bodybuildés, ou particulièrement violents, semblent plutôt se trouver de ce côté-là de la frontière, et il a toutes les qualités d'un bon reikois, à ce sens. Mais il s'amuse aussi à bien faire pendouiller son insigne du Razkaal devant moi. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de rencontrer des Limiers jusqu'à présent, mais j'ai fait mes classes militaires, je suis pas complètement ignorante, je sais de quoi il s'agit. Alors quoi, il l'a volé, ou il a déserté sa contrée ? A vrai dire, je m'en fous, et j'apprécie absolument pas le contact de ses griffes sur mon buste. On va vite récupérer Elnael et se barrer de là tous les deux. Loin des écailles bleues de ce malade.
J'ai même pas le temps de l'insulter que je me retrouve à cinq ou six mètres au-dessus du sol, portée comme un chiot par sa mère par l'autre cornu. Je ne me rappelle pas avoir donné ma permission pour ça. Je me retiens de crier et de le frapper, et je m'empresse surtout de retenir les volants de ma robe qui ont décidé que le vol, c'était parfait pour se faire la malle et se déployer dans tous les sens. Pourquoi je me suis dit que porter une robe ce serait une bonne idée, aujourd'hui ? Heureusement j'ai été prévoyante, surtout vu le chemin qu'on avait à parcourir, je porte des braies ainsi que mes bottes en cuir dessous. Rien à voir pour les passants qui nous zyeutent depuis le sol, mais ça reste désagréable. Et puis il manquerait plus que ça remonte jusqu'aux yeux de mon porteur et qu'on s'écrase tous les deux.
L'avantage, de là-haut, surtout avec ma vue augmentée, c'est que je vois tout ce qui se passe. Et je comprends vite que l'événement auquel nous venons d'assister n'est pas isolé. Dans toute la bourgade, des chariots embarquent des villageois, et les plus avancés semblent sortir des murs pour se diriger vers l'extérieur de la ville. Curieux. Ils contiennent tous leurs lots de chapeaux, et les prisonniers sont bien des manifestants, mais il est étonnant de noter qu'ils ne les amènent pas vers un commissariat local, et qu'ils les embarquent sans réfléchir. En regardant bien les fameux agents de sécurité escortant les cortèges, je me rends rapidement compte qu'il ne s'agit pas du tout d'officiers de la République, ni même des membres de la GAR. Pas vraiment d'uniforme, aucun emblème, des armes souvent émoussées... C'est étrange.
Le cornu me pose enfin à terre et m'énonce son plan, enfin, si on peut appeler ça un plan. C'est vraiment un Limier, ce mec ? Il traque quoi, habituellement ? Des lapins ? Je pose ma main sur son épaule et suis surprise de la chaleur qui s'en dégage. C'est étrange comme sensation, je m'attendais au contact froid de la peau d'un serpent. Je reprends vite mes esprits et de mon autre main, je lui montre les fameux "agents de sécurité" qui ont attiré mon attention.
« Regarde bien, le Lézard. Je ne sais pas qui sont ces gars, mais ils ne bossent certainement pas avec la mairie locale. Ce sont des mercenaires. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, mais je doute qu'ils ne soient là que pour récupérer la taxe non payée par les manifestants. Qui au demeurant, étaient plutôt pacifiques... J'ai très envie de retrouver mon neveu, mais s'il y a d'autres gens que lui qui sont en danger, il faut qu'on arrive à tous les libérer d'un coup. »
Je soupire. Je ne peux pas laisser mon neveu dans ce traquenard, mais d'un autre côté, on ne peut pas non plus attaquer librement. Son chariot que nous suivons en silence se dirige effectivement vers la sortie du village, et ça attise encore plus ma curiosité.
« Ils les rassemblent quelque part. Mais où ? Si seulement je pouvais entrer en contact avec Elnael pour lui dire qu'on arrive... »
Une bonne petite télépathie, ça aurait été utile, dans ce genre de cas. Mais on va devoir faire sans.
« Suivons les jusqu'à leur repaire, on avisera ensuite. Ça te va, Lézard ? »
Heureusement pour nous, ça ne prends pas très longtemps pour arriver jusqu'à une petite ferme désaffectée, où les mercenaires sont en train de faire sortir des gens des chariots. On se cache derrière des mottes de blé avec le Limier pour observer leur petit remue-ménage. Au moment où c'est le tour d'Eli, j'imite le bruit d'une mouette. C'est un signal commun, pour les marins. Il le reconnaît tout de suite et regarde dans notre direction et nos regards se croisent. Je hoche de la tête pour lui faire comprendre que ça va aller, et il esquisse un sourire tout en obéissant à l'homme qui lui demande de descendre du chariot, mais qui ne semble s'être rendu compte de rien. Parfait. Bientôt, tous les chariots sont vidés et les malheureux manifestants, enfermés dans de grandes cages à bétail. Je ne comprends vraiment pas ce que ces mercenaires ont à gagner dans cette affaire, mais au moins maintenant, ils sont tous regroupés au même endroit.
« Ils nous ont simplifié la tâche en regroupant tout le monde. Tu pourrais faire diversion et attirer les gardes de l'autre côté, pendant que j'ouvre les cages et que je libère tout le monde, qu'est-ce que tu en penses ? Ça éviterait une grande effusion de sang pour pas grand chose. »
Ce serait si beau, si ça pouvait se résoudre aussi facilement. Mais voilà que sort de la ferme un gars qu'on avait pas encore vu. Il porte lui-même un chapeau extravagant, et un grand sourire charismatique, et il est entouré de deux de ces mercenaires qu'on a vu près des chariots. Je le vois s'approcher des cages, et pointer des gens dans chacune d'entre elles. Comme il ne prononce aucun mot, je n'arrive pas, même en puisant dans mon mana pour augmenter mon ouïe, à savoir pourquoi il fait ça, mais le voilà reparti avec un groupe de prisonniers, à l'intérieur de la ferme. Et évidemment, dans le lot, Elnael. J'inspire. J'expire. Je vais pour me lever et foncer dans le tas, oubliant tout de nos plans de discrétion, mais heureusement l'écailleux me rattrape à temps. Je vais lui péter la gueule. Je vais tous leur péter la gueule, s'ils font du mal à Eli.
J'ai même pas le temps de l'insulter que je me retrouve à cinq ou six mètres au-dessus du sol, portée comme un chiot par sa mère par l'autre cornu. Je ne me rappelle pas avoir donné ma permission pour ça. Je me retiens de crier et de le frapper, et je m'empresse surtout de retenir les volants de ma robe qui ont décidé que le vol, c'était parfait pour se faire la malle et se déployer dans tous les sens. Pourquoi je me suis dit que porter une robe ce serait une bonne idée, aujourd'hui ? Heureusement j'ai été prévoyante, surtout vu le chemin qu'on avait à parcourir, je porte des braies ainsi que mes bottes en cuir dessous. Rien à voir pour les passants qui nous zyeutent depuis le sol, mais ça reste désagréable. Et puis il manquerait plus que ça remonte jusqu'aux yeux de mon porteur et qu'on s'écrase tous les deux.
L'avantage, de là-haut, surtout avec ma vue augmentée, c'est que je vois tout ce qui se passe. Et je comprends vite que l'événement auquel nous venons d'assister n'est pas isolé. Dans toute la bourgade, des chariots embarquent des villageois, et les plus avancés semblent sortir des murs pour se diriger vers l'extérieur de la ville. Curieux. Ils contiennent tous leurs lots de chapeaux, et les prisonniers sont bien des manifestants, mais il est étonnant de noter qu'ils ne les amènent pas vers un commissariat local, et qu'ils les embarquent sans réfléchir. En regardant bien les fameux agents de sécurité escortant les cortèges, je me rends rapidement compte qu'il ne s'agit pas du tout d'officiers de la République, ni même des membres de la GAR. Pas vraiment d'uniforme, aucun emblème, des armes souvent émoussées... C'est étrange.
Le cornu me pose enfin à terre et m'énonce son plan, enfin, si on peut appeler ça un plan. C'est vraiment un Limier, ce mec ? Il traque quoi, habituellement ? Des lapins ? Je pose ma main sur son épaule et suis surprise de la chaleur qui s'en dégage. C'est étrange comme sensation, je m'attendais au contact froid de la peau d'un serpent. Je reprends vite mes esprits et de mon autre main, je lui montre les fameux "agents de sécurité" qui ont attiré mon attention.
« Regarde bien, le Lézard. Je ne sais pas qui sont ces gars, mais ils ne bossent certainement pas avec la mairie locale. Ce sont des mercenaires. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, mais je doute qu'ils ne soient là que pour récupérer la taxe non payée par les manifestants. Qui au demeurant, étaient plutôt pacifiques... J'ai très envie de retrouver mon neveu, mais s'il y a d'autres gens que lui qui sont en danger, il faut qu'on arrive à tous les libérer d'un coup. »
Je soupire. Je ne peux pas laisser mon neveu dans ce traquenard, mais d'un autre côté, on ne peut pas non plus attaquer librement. Son chariot que nous suivons en silence se dirige effectivement vers la sortie du village, et ça attise encore plus ma curiosité.
« Ils les rassemblent quelque part. Mais où ? Si seulement je pouvais entrer en contact avec Elnael pour lui dire qu'on arrive... »
Une bonne petite télépathie, ça aurait été utile, dans ce genre de cas. Mais on va devoir faire sans.
« Suivons les jusqu'à leur repaire, on avisera ensuite. Ça te va, Lézard ? »
Heureusement pour nous, ça ne prends pas très longtemps pour arriver jusqu'à une petite ferme désaffectée, où les mercenaires sont en train de faire sortir des gens des chariots. On se cache derrière des mottes de blé avec le Limier pour observer leur petit remue-ménage. Au moment où c'est le tour d'Eli, j'imite le bruit d'une mouette. C'est un signal commun, pour les marins. Il le reconnaît tout de suite et regarde dans notre direction et nos regards se croisent. Je hoche de la tête pour lui faire comprendre que ça va aller, et il esquisse un sourire tout en obéissant à l'homme qui lui demande de descendre du chariot, mais qui ne semble s'être rendu compte de rien. Parfait. Bientôt, tous les chariots sont vidés et les malheureux manifestants, enfermés dans de grandes cages à bétail. Je ne comprends vraiment pas ce que ces mercenaires ont à gagner dans cette affaire, mais au moins maintenant, ils sont tous regroupés au même endroit.
« Ils nous ont simplifié la tâche en regroupant tout le monde. Tu pourrais faire diversion et attirer les gardes de l'autre côté, pendant que j'ouvre les cages et que je libère tout le monde, qu'est-ce que tu en penses ? Ça éviterait une grande effusion de sang pour pas grand chose. »
Ce serait si beau, si ça pouvait se résoudre aussi facilement. Mais voilà que sort de la ferme un gars qu'on avait pas encore vu. Il porte lui-même un chapeau extravagant, et un grand sourire charismatique, et il est entouré de deux de ces mercenaires qu'on a vu près des chariots. Je le vois s'approcher des cages, et pointer des gens dans chacune d'entre elles. Comme il ne prononce aucun mot, je n'arrive pas, même en puisant dans mon mana pour augmenter mon ouïe, à savoir pourquoi il fait ça, mais le voilà reparti avec un groupe de prisonniers, à l'intérieur de la ferme. Et évidemment, dans le lot, Elnael. J'inspire. J'expire. Je vais pour me lever et foncer dans le tas, oubliant tout de nos plans de discrétion, mais heureusement l'écailleux me rattrape à temps. Je vais lui péter la gueule. Je vais tous leur péter la gueule, s'ils font du mal à Eli.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Une main finit sur mon épaule.
Doigts doux et filiformes, mais la poigne et la douceur sont bien différentes de sa sœur. J'essaie de me concentrer sur la situation, mais force est d'admettre que la "mission" est légèrement bousculée par mon passé qui me rattrape, comme une mauvaise farce, une scène de déjà-vu dont les figurants ont beaucoup trop changé, pour tenter de calquer sur le souvenir. Similaire, mais différent. Même température, mais pas la même chaleur. L'histoire se répète, celle d'un Drakyn et une humaine du nom Yelcan, mais cette fois elle prend un virage différent.
Où est-ce que je vais, exactement ?
Là, pour le moment, ça sera sur la récupération d'un nabot qui mérite une bonne correction pour ne pas avoir écouté sa tente. Mais, en même temps, si elle s'exprime avec moi comme elle s'exprime avec lui, moi aussi j'aurais pris la tangente. Mettant de côté que je viens d'être ramené au statut de simple lézard, je vais me concentrer sur le groupe. Il est clair qu'on ne va pas laisser des gens enfermés gratuitement, ou juste pour ce prétexte bidon sur les taxes. Quelque chose cloche, et ça va bien plus loin qu'une histoire de chapeau. Je pince les lèvres, embêté par la situation, tandis qu'elle soupire. Elle a l'air vraiment ennuyée par la situation. Puis, quelque chose m'interpelle.
« Entrer en contact ? »
Pas que le pouvoir me surprenne, mais sa portée est envisageable ? Ou bien parce que ça ne marche pas sur lui ? On aura d'autres moments pour se renseigner là-dessus, et puis, finalement, est-ce que j'en ai réellement quelque chose à faire ? Finalement le plan partira sur une proposition qui mettra tout le monde d'accord.
« On les suit, bouclette. »
Pas plus innocente qu'une bouclette, pas plus fragile qu'une bouclette, mais bien plus chiante qu'une simple bouclette. On garde une marche soutenue pour se rapprocher d'une ferme qui n'a pas l'air d'être en activité depuis la naissance de Vaenys Draknys, et si c'est pas le cas, je veux bien manger le carrosse qu'on poursuit et la roue de secours qui va avec. C'est une fois dissimulée derrière les mottes que je vais hausser un sourcil sur son imitation étonnamment bien fait. Un code ? Ouais, un code. Rapidement les réactions confirment l'identité du jeunot. Pas mal du tout. Mais les choses ne vont pas forcément s'arranger, rapidement tout le monde se retrouve enfermé dans une cellule, sans qu'on puisse faire quoi que ce soit. Elle prendra la parole vers moi.
« Ils nous ont simplifié la tâche en regroupant tout le monde. Tu pourrais faire diversion et attirer les gardes de l'autre côté, pendant que j'ouvre les cages et que je libère tout le monde, qu'est-ce que tu en penses ? Ça éviterait une grande effusion de sang pour pas grand chose.
- C'est dans quel conte de fées que t'as vu une fin aussi douce ? »
J'aimerais y répondre davantage mais on a comme qui dirait un nouvel invité de marque se mettre au devant de la scène, et ma corne me siffle qu'il est plus important qu'il en a l'air, si on met de côté ce chapeau vraiment ridicule. Je vais pouvoir sentir le pouls de Yelcan s'emballer, et je crois qu'elle a passé l'étape où il faut réfléchir pour directement aller se mesurer à tout ce beau monde. Parce que manifestement elle en a l'air tout à fait capable. Ca suffit les conneries. Ma main engloutit sa nuque pour la ramener rapidement contre moi, bien caché derrière les mottes.
« Tout doux. Le temps que tu cavales dans leur direction, tu ressembleras à un tas de viandes troués avant de pouvoir miauler "Lézard". »
Je prends une inspiration avant de plonger mes iris dans les siens.
« T'as raison ; on va jouer la diversion. Je vais me déporter, et trouver un endroit où je peux créer du grabuge. Si une partie des hommes se déplacent vers moi, profites-en pour te faufiler. Si tu sais crocheter c'est bien, sinon va falloir te débrouiller pour trouver les clefs et sortir ton môme ainsi que les autres. Si tu préfères la tenter "guerrière face au reste du monde", promis j'irais chercher ton cadavre pour le ramener à Kaizoku. »
Il faut que ça soit grand, spectaculaire, et suffisamment préoccupant pour faire sortir tout ce beau monde dans le feutré. Un signe de tête plus tard, je lâche l'emprise pour commencer mon infiltration. Pas évident de se cacher quand on avoisine les 2m40. Je rampe en longeant un muret qui ceigne la ferme, puis jette un œil à une fréquence régulière au-dessus pour tenter de trouver quelque chose d'intéressant. J'arrive rapidement vers des écuries, puis une grange. Trois mercenaires patrouillent autour. Un stock de foins à l'extérieur se trouve à l'arrière. Sur un angle mort je plonge dans une roulade pour m'enfouir à l'intérieur.
Tout cramer. J'ouvre la bouche, mon torse brille de l'intérieur, mes yeux deviennent incandescent, puis le flux gras d'une gerbée de flamme s'échappe de ma bouche, le pic de flammes commence déjà à dévorer la grange. Je profite du boucan ainsi que le mur ardent pour courir dans le sens opposé et me dissimuler 20 mètres plus loin derrière un rocher. Ca commence à gueuler dans tous les sens, des hommes rappliquent vers la structure qui se fait consumer doucement.
Allez bouclette, tu vois pas la fumée ?
Un Drakyn, une humaine, un gamin, des dizaines de captifs.
Et qu'une seule chance.
Doigts doux et filiformes, mais la poigne et la douceur sont bien différentes de sa sœur. J'essaie de me concentrer sur la situation, mais force est d'admettre que la "mission" est légèrement bousculée par mon passé qui me rattrape, comme une mauvaise farce, une scène de déjà-vu dont les figurants ont beaucoup trop changé, pour tenter de calquer sur le souvenir. Similaire, mais différent. Même température, mais pas la même chaleur. L'histoire se répète, celle d'un Drakyn et une humaine du nom Yelcan, mais cette fois elle prend un virage différent.
Où est-ce que je vais, exactement ?
Là, pour le moment, ça sera sur la récupération d'un nabot qui mérite une bonne correction pour ne pas avoir écouté sa tente. Mais, en même temps, si elle s'exprime avec moi comme elle s'exprime avec lui, moi aussi j'aurais pris la tangente. Mettant de côté que je viens d'être ramené au statut de simple lézard, je vais me concentrer sur le groupe. Il est clair qu'on ne va pas laisser des gens enfermés gratuitement, ou juste pour ce prétexte bidon sur les taxes. Quelque chose cloche, et ça va bien plus loin qu'une histoire de chapeau. Je pince les lèvres, embêté par la situation, tandis qu'elle soupire. Elle a l'air vraiment ennuyée par la situation. Puis, quelque chose m'interpelle.
« Entrer en contact ? »
Pas que le pouvoir me surprenne, mais sa portée est envisageable ? Ou bien parce que ça ne marche pas sur lui ? On aura d'autres moments pour se renseigner là-dessus, et puis, finalement, est-ce que j'en ai réellement quelque chose à faire ? Finalement le plan partira sur une proposition qui mettra tout le monde d'accord.
« On les suit, bouclette. »
Pas plus innocente qu'une bouclette, pas plus fragile qu'une bouclette, mais bien plus chiante qu'une simple bouclette. On garde une marche soutenue pour se rapprocher d'une ferme qui n'a pas l'air d'être en activité depuis la naissance de Vaenys Draknys, et si c'est pas le cas, je veux bien manger le carrosse qu'on poursuit et la roue de secours qui va avec. C'est une fois dissimulée derrière les mottes que je vais hausser un sourcil sur son imitation étonnamment bien fait. Un code ? Ouais, un code. Rapidement les réactions confirment l'identité du jeunot. Pas mal du tout. Mais les choses ne vont pas forcément s'arranger, rapidement tout le monde se retrouve enfermé dans une cellule, sans qu'on puisse faire quoi que ce soit. Elle prendra la parole vers moi.
« Ils nous ont simplifié la tâche en regroupant tout le monde. Tu pourrais faire diversion et attirer les gardes de l'autre côté, pendant que j'ouvre les cages et que je libère tout le monde, qu'est-ce que tu en penses ? Ça éviterait une grande effusion de sang pour pas grand chose.
- C'est dans quel conte de fées que t'as vu une fin aussi douce ? »
J'aimerais y répondre davantage mais on a comme qui dirait un nouvel invité de marque se mettre au devant de la scène, et ma corne me siffle qu'il est plus important qu'il en a l'air, si on met de côté ce chapeau vraiment ridicule. Je vais pouvoir sentir le pouls de Yelcan s'emballer, et je crois qu'elle a passé l'étape où il faut réfléchir pour directement aller se mesurer à tout ce beau monde. Parce que manifestement elle en a l'air tout à fait capable. Ca suffit les conneries. Ma main engloutit sa nuque pour la ramener rapidement contre moi, bien caché derrière les mottes.
« Tout doux. Le temps que tu cavales dans leur direction, tu ressembleras à un tas de viandes troués avant de pouvoir miauler "Lézard". »
Je prends une inspiration avant de plonger mes iris dans les siens.
« T'as raison ; on va jouer la diversion. Je vais me déporter, et trouver un endroit où je peux créer du grabuge. Si une partie des hommes se déplacent vers moi, profites-en pour te faufiler. Si tu sais crocheter c'est bien, sinon va falloir te débrouiller pour trouver les clefs et sortir ton môme ainsi que les autres. Si tu préfères la tenter "guerrière face au reste du monde", promis j'irais chercher ton cadavre pour le ramener à Kaizoku. »
Il faut que ça soit grand, spectaculaire, et suffisamment préoccupant pour faire sortir tout ce beau monde dans le feutré. Un signe de tête plus tard, je lâche l'emprise pour commencer mon infiltration. Pas évident de se cacher quand on avoisine les 2m40. Je rampe en longeant un muret qui ceigne la ferme, puis jette un œil à une fréquence régulière au-dessus pour tenter de trouver quelque chose d'intéressant. J'arrive rapidement vers des écuries, puis une grange. Trois mercenaires patrouillent autour. Un stock de foins à l'extérieur se trouve à l'arrière. Sur un angle mort je plonge dans une roulade pour m'enfouir à l'intérieur.
Tout cramer. J'ouvre la bouche, mon torse brille de l'intérieur, mes yeux deviennent incandescent, puis le flux gras d'une gerbée de flamme s'échappe de ma bouche, le pic de flammes commence déjà à dévorer la grange. Je profite du boucan ainsi que le mur ardent pour courir dans le sens opposé et me dissimuler 20 mètres plus loin derrière un rocher. Ca commence à gueuler dans tous les sens, des hommes rappliquent vers la structure qui se fait consumer doucement.
Allez bouclette, tu vois pas la fumée ?
Un Drakyn, une humaine, un gamin, des dizaines de captifs.
Et qu'une seule chance.
Invité
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Ses yeux bleus profondément ancrés dans mes iris ambrés et sa poigne ferme sur mon cou, je respire profondément, me retenant de lui lancer mon poing sur la gueule. Cette masse de muscles imposante a étrangement un côté apaisant. Pour un draconide, il est bon pour garder son calme, c'est étonnant. Et appréciable, dans cette situation. Je lui dirais merci après. Dès qu'il me sent sereine, il me lâche et part dans les fourrés, en se faufilant on ne sait trop comment. Difficile à cacher ce genre de gabarit. Je ne peux pas en dire autant pour moi, qui ait une formation dans cet art délicat qu'est la furtivité. Et un corps menu bien plus facile à masquer, on va pas se mentir.
Je me glisse comme une ombre pour m'approcher au plus près des cages, en observant les gardes qui se trouvent par là. J'ai pas répondu au Limier, mais je sais crocheter, évidemment, quelle ancienne pirate je serais sans ça. Mais j'ai peur de ne pas avoir le temps, il y a trop de cages, et il va falloir être rapide. Surtout qu'il faut aussi que je me débrouille pour retrouver Eli à l'intérieur, et j'ai aucune visibilité sur ce qu'il s'y passe. Ma vue augmentée, je cherche le petit détail en métal qui va me sauver, le trousseau de clés qui permet de libérer les cadenas. Mais la fumée commence déjà à s'élever, et je n'ai rien vu. Tant pis, il y a d'autres façons d'ouvrir un cadenas, surtout quand il est d'aussi mauvaise qualité que ceux-là.
Les mercenaires présents de ce côté ont tôt fait d'être alertés par les cris de leurs camarades, et de faire le tour de la bâtisse pour aller voir ce qu'il se passe. J'entends un "Va prévenir le patron !", et des gens qui courent en portant des seaux d'eau, mais ils ne reviennent pas dans cette direction. Parfait. Je sors alors de ma cachette et me saisis d'une fourche qui a été abandonné là par les anciens résidents de la ferme, ceux qui avaient dû avoir un métier plus respectable que les actuels occupants. Je me place devant la première cage, en ignorant les supplications de ses habitants, et étudie quelques secondes le cadenas. Toujours la même faiblesse, sur ce genre de modèle peu fiable. Je place stratégiquement la fourche, et d'un grand coup sec, je tape à la fragilité presque imperceptible de l'objet, qui tombe immédiatement en deux morceaux. Maintenant, il faut s'organiser.
« Courrez par là-bas, sans vous retourner, et prévenez les officiers une fois arrivés au village, qu'ils envoient des renforts.
- Ma femme ! Ma femme est à l'intérieur.
- Et mon frère !
- Je vais les sortir de là.
- Non, on vient avec vous.
- Ecoutez, que ceux qui peuvent et savent se battre prennent ce qu'ils trouvent, les autres, faites comme j'ai dit et courez vers le village. »
Ils ne sont pas nombreux, trois courageux, deux hommes et une femme, qui restent avec moi. Je leur montre comment ouvrir les autres cages, et le même schéma se répète à chaque fois, si bien que j'ai bientôt une troupe d'une petite dizaine de personnes armés d'outils de la ferme qui me suivent quand je me dirige vers la porte de la ferme.
A l'intérieur, les flammes ont commencé à lécher le mur du fond, et la chaleur est étouffante. Mais la pièce est vide. Merde. Une grande porte ouverte sur la gauche, que l'on ne voyait pas de là où étaient les cages, mène sur une cour où se débattent les quelques prisonniers qui ont été choisis, alors qu'on essaye de les embarquer dans une nouvelle charrette. Au fond, des mercenaires continuent à essayer d'éteindre les flammes, en vain. Dès que je vois la touffe de cheveux de mon petit dragon au milieu de la charrette, en train de se débattre comme un animal enragé, mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps et je m'élance vers eux. Derrière moi, mes camarades d'infortune crient en chargeant les mercenaires, afin de libérer leurs proches. J'arrête de justesse la lame émoussée d'un homme qui allait poignarder l'un des prisonniers, puis lui assène un coup de poing dans le thorax pour le mettre à terre. Une femme en armure légère s'interpose alors, une dague dans chaque main, et fond sur moi. J'évite quelques coups plus adroits que ceux de son compère avant de lui faucher les jambes pour la désarmer. Encore un autre gaillard avec un gourdin que je mets au sol, et quand j'arrive enfin à la charrette... elle n'est plus là.
Les chevaux au galop font de la poussière, déjà loin devant moi, et je m'apprête à entamer un sprint pour les suivre quand un coup sur mon épaule me fait plier un genou. Je me retourne pour voir une matraque enfoncée dans ma belle robe, maintenant déchirée et ensanglantée, et je me remets droite en tirant une grimace juste à temps pour éviter le deuxième coup. Un deuxième assaillant me fonce dessus sur le côté, et je dois faire un pas en arrière pour qu'il s'écrase contre le mur, avant de me concentrer à nouveau sur son camarade. Heureusement une pierre l'atteint à la tête, le sonnant suffisamment pour que je lance mon pied entre ses côtes puis dans son entrejambe, le faisant s'écrouler immédiatement. C'est alors que le toit de la ferme s'effondre dans un craquement horrible, et tout le monde, prisonniers comme mercenaires, prend ses pieds à son cou pour fuir la colonne de feu dévastatrice. Il y est pas allé de main morte, le Lézard.
J'aide plusieurs personnes à se relever et sortir de là, les ennemis devenant des victimes face à la catastrophe naturelle, et bien vite, des sifflets se font entendre au loin alors que les officiers républicains débarquent - enfin. Il était temps. Avec tout le respect que je leur dois, après tout, maintenant, je sais que j'ai un cousin qui fait partie de l'Office.
Je retrouve enfin mon gaillard de plus de deux mètres, et il doit chercher quelque chose, parce que ses yeux se dirigent vers le sol.
« Parti. Ils l'ont embarqué. Ils doivent vouloir une rançon, je sais pas. Merci pour ce que t'as fait, Lézard. Moi je dois y aller, je pars à sa poursuite. Je te laisse gérer ici, tu vas peut-être avoir des gens à amener dans ta jolie petite maison sur l'île. Allez, adieu. »
Et sur ces bons mots, je lui tourne le dos et je repars immédiatement. Pas le temps de tergiverser, pas le temps de respirer. Je ne le perdrai pas. Pas encore une fois.
Je me glisse comme une ombre pour m'approcher au plus près des cages, en observant les gardes qui se trouvent par là. J'ai pas répondu au Limier, mais je sais crocheter, évidemment, quelle ancienne pirate je serais sans ça. Mais j'ai peur de ne pas avoir le temps, il y a trop de cages, et il va falloir être rapide. Surtout qu'il faut aussi que je me débrouille pour retrouver Eli à l'intérieur, et j'ai aucune visibilité sur ce qu'il s'y passe. Ma vue augmentée, je cherche le petit détail en métal qui va me sauver, le trousseau de clés qui permet de libérer les cadenas. Mais la fumée commence déjà à s'élever, et je n'ai rien vu. Tant pis, il y a d'autres façons d'ouvrir un cadenas, surtout quand il est d'aussi mauvaise qualité que ceux-là.
Les mercenaires présents de ce côté ont tôt fait d'être alertés par les cris de leurs camarades, et de faire le tour de la bâtisse pour aller voir ce qu'il se passe. J'entends un "Va prévenir le patron !", et des gens qui courent en portant des seaux d'eau, mais ils ne reviennent pas dans cette direction. Parfait. Je sors alors de ma cachette et me saisis d'une fourche qui a été abandonné là par les anciens résidents de la ferme, ceux qui avaient dû avoir un métier plus respectable que les actuels occupants. Je me place devant la première cage, en ignorant les supplications de ses habitants, et étudie quelques secondes le cadenas. Toujours la même faiblesse, sur ce genre de modèle peu fiable. Je place stratégiquement la fourche, et d'un grand coup sec, je tape à la fragilité presque imperceptible de l'objet, qui tombe immédiatement en deux morceaux. Maintenant, il faut s'organiser.
« Courrez par là-bas, sans vous retourner, et prévenez les officiers une fois arrivés au village, qu'ils envoient des renforts.
- Ma femme ! Ma femme est à l'intérieur.
- Et mon frère !
- Je vais les sortir de là.
- Non, on vient avec vous.
- Ecoutez, que ceux qui peuvent et savent se battre prennent ce qu'ils trouvent, les autres, faites comme j'ai dit et courez vers le village. »
Ils ne sont pas nombreux, trois courageux, deux hommes et une femme, qui restent avec moi. Je leur montre comment ouvrir les autres cages, et le même schéma se répète à chaque fois, si bien que j'ai bientôt une troupe d'une petite dizaine de personnes armés d'outils de la ferme qui me suivent quand je me dirige vers la porte de la ferme.
A l'intérieur, les flammes ont commencé à lécher le mur du fond, et la chaleur est étouffante. Mais la pièce est vide. Merde. Une grande porte ouverte sur la gauche, que l'on ne voyait pas de là où étaient les cages, mène sur une cour où se débattent les quelques prisonniers qui ont été choisis, alors qu'on essaye de les embarquer dans une nouvelle charrette. Au fond, des mercenaires continuent à essayer d'éteindre les flammes, en vain. Dès que je vois la touffe de cheveux de mon petit dragon au milieu de la charrette, en train de se débattre comme un animal enragé, mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps et je m'élance vers eux. Derrière moi, mes camarades d'infortune crient en chargeant les mercenaires, afin de libérer leurs proches. J'arrête de justesse la lame émoussée d'un homme qui allait poignarder l'un des prisonniers, puis lui assène un coup de poing dans le thorax pour le mettre à terre. Une femme en armure légère s'interpose alors, une dague dans chaque main, et fond sur moi. J'évite quelques coups plus adroits que ceux de son compère avant de lui faucher les jambes pour la désarmer. Encore un autre gaillard avec un gourdin que je mets au sol, et quand j'arrive enfin à la charrette... elle n'est plus là.
Les chevaux au galop font de la poussière, déjà loin devant moi, et je m'apprête à entamer un sprint pour les suivre quand un coup sur mon épaule me fait plier un genou. Je me retourne pour voir une matraque enfoncée dans ma belle robe, maintenant déchirée et ensanglantée, et je me remets droite en tirant une grimace juste à temps pour éviter le deuxième coup. Un deuxième assaillant me fonce dessus sur le côté, et je dois faire un pas en arrière pour qu'il s'écrase contre le mur, avant de me concentrer à nouveau sur son camarade. Heureusement une pierre l'atteint à la tête, le sonnant suffisamment pour que je lance mon pied entre ses côtes puis dans son entrejambe, le faisant s'écrouler immédiatement. C'est alors que le toit de la ferme s'effondre dans un craquement horrible, et tout le monde, prisonniers comme mercenaires, prend ses pieds à son cou pour fuir la colonne de feu dévastatrice. Il y est pas allé de main morte, le Lézard.
J'aide plusieurs personnes à se relever et sortir de là, les ennemis devenant des victimes face à la catastrophe naturelle, et bien vite, des sifflets se font entendre au loin alors que les officiers républicains débarquent - enfin. Il était temps. Avec tout le respect que je leur dois, après tout, maintenant, je sais que j'ai un cousin qui fait partie de l'Office.
Je retrouve enfin mon gaillard de plus de deux mètres, et il doit chercher quelque chose, parce que ses yeux se dirigent vers le sol.
« Parti. Ils l'ont embarqué. Ils doivent vouloir une rançon, je sais pas. Merci pour ce que t'as fait, Lézard. Moi je dois y aller, je pars à sa poursuite. Je te laisse gérer ici, tu vas peut-être avoir des gens à amener dans ta jolie petite maison sur l'île. Allez, adieu. »
Et sur ces bons mots, je lui tourne le dos et je repars immédiatement. Pas le temps de tergiverser, pas le temps de respirer. Je ne le perdrai pas. Pas encore une fois.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Ça crame, ça brûle, ça prend feu.
C'est beau.
Quoi de mieux qu'un évènement naturel pour mettre tout le monde d'accord ? Je ne peux m'empêcher d'y penser. Pour moi, les Titans ne sont pas des maîtres ou des dieux de ce monde. Non, ce sont des entités qui sont gouvernées par lui. Toutes les consciences sont bêtes à partir du moment où elles se donnent une auto-proclamation. Titan, Souverains, Reine, Roi, Juge, Jugé, Bourreau. J'avais un élan d'espoir pour la République lorsqu'on m'a dit qu'on donnait du pouvoir au Peuple, puis j'ai vu et entendu toutes les magouilles, ainsi que certains de ces politiques pourris, des ronds-de-cuir pas foutus de faire leur boulot sans fomenter, soudoyer ou buter quelqu'un pour leurs affaires personnelles.
Je ne suis pas plus intelligent en me donnant la mission de dégommer le moindre salaud qui décide d'abîmer ce qu'il y a de beau, bon et vulnérable dans ce monde. Mais, à action bête, réponse bête. Je vais rester une longue minute à entendre le bois crépiter face aux morsures des flammes qui prennent une sacrée envergure. J'ai manifestement pas trop dosé le flux. Mais ces hurlements, c'était comme entendre la facture que notre civilisation mérite.
Un juste retour des choses. Allez-y, couinez. Hurlez. Vous étiez heureux quand vous teniez ces personnes en otages, puis en cellule. Ça me rappelle l'une de mes missions où j'ai été témoin d'une petite escarmouche entre deux groupes de bandits il y a un an. À se tirer des flèches et à se trucider avec des lames, la boucherie a duré au moins vingt minutes. Ils surgissaient depuis les rochers pour tirer un peu au pif, ils avaient bien trop peur de mourir. Le groupe d'en face s'est enfui, terrorisé. Je suis descendu pour jeter un œil, je devais attraper l'un d'entre eux pour le questionner au Razkaal. Un homme était au sol avec deux flèches dans l'estomac. Il m'a vu et m'a demandé en pleurnichant de l'achever. C'est marrant de voir des gens tirer sur d'autres délibérément parce qu'ils ont peur de mourir, et lorsqu'ils sont au sol... Ils ont tout d'un coup peur de survivre.
Quel bande d'abrutis, et ces enfoirés voleurs de chapeaux n'y échappent pas à la règle.
C'est avec un sourire que j'entends les civils partir dans le sens opposé. Puis, des sifflets, les couleurs des officiers sont facilement remarquables. Merde, le petit, où est-il ? J'essaie de renifler, puis cours vers les cellules. La question de le voir au sol à cause de l'incendie ou des scénarios plus dramatiques commence à germer dans mon crâne, mais rapidement court-circuitée par une voix familière.
Elle.
Dans toute sa splendeur, les yeux habités par la colère et certainement la détermination de retrouver le petit, voilà que nos chemins se séparent. J'en avais pas fini, elle a des réponses concernant sa sœur, et des réponses concernant le gamin. À peine le temps d'admirer effectivement les coupables interpellés par les officiers, qu'elle décampe des lieux, en courant. Comme une mère derrière son propre enfant, sa responsabilité.
Et, elle s'est évidemment dit que je vais lâcher le morceau. Par les Astres de Shierak, je ne sais foutrement pas ce que vous voulez me baver, mais si elle est bel et bien un signe et que vous voulez m'emmener là-bas, très bien. J'irai. Je commence à faire demi-tour, le pas lourd vers les complices de cet enlèvement. Il y a peut-être un grand chapelier dans cette affaire. D'ailleurs en parlant de chapeaux, on peut voir que tout le coffre contenant les couvre-chefs confisqués est également récupéré par les autorités. Je mets en évidence mon médaillon du Razkaal face aux agents, avant de soulever deux hommes par la gorge alors qu'ils ont tout juste les fers aux poignets.
« Où sont-ils allés ? Une réponse. Vite. Sinon je vous arrache la colonne, et je vous poignarde vos poumons avec vos propres côtes. Si vous me mentez, le Razkaal vous rendra honnête. »
Un sourire alors que la terreur ronge leurs traits, puis il s'étire davantage, carnassier, quand j'ai une réponse et le détail de la situation. Il y a bien un patron dans cette histoire. Un camp caché dans une grotte, il siège là-bas et prépare peut-être une tentative de demande de rançon, comme le suspecte ma compagne de fortune. Aussitôt relâchés, je bondis dans un saut vertical, avant de déployer mes ailes, et fendre l'air haut dans le ciel dans ladite direction. Ce sourire disparaît aussitôt, et je commence à imaginer ce petit chiard entre de mauvaises mains. Est-ce que la Bouclette va assurer ?
Est-ce que je veux vraiment attendre la réponse ?
Non.
Une dizaine de minutes plus tard, c'est en traversant une forêt de conifères qui s'arrête au pied d'une montagne, qu'un avant-poste attire mon attention. Il donne sur une petite caverne qui a l'air gardé. Je plonge dans un piqué diagonal et atterris en douceur à quelques centaines de mètres. Je réduis la distance, et commence à matérialiser un semblant de plan dans ma tête. Faut croire que les diversions marchent pas mal avec eux. Quand j'arrive à portée de ma vue augmentée, je peux observer que... Eh bordel de...
« En cage, hein. »
Elle est avec lui. Entre les barreaux de sa cage et son neveu. Deux hommes gardent l'avant-poste et effectivement, un autre homme un peu mieux habillé donne des directives aux trois fuyards qui ont pris le gamin. Utilisant mon ouïe augmentée cette fois, je panne à peu près la conversation. Ils veulent se servir d'eux pour récupérer les personnes enlevées au risque de mettre leur meurtre sur leur dos. Des gamins qui crèvent injustement, ça sonne sale dans les oreilles des républicains. Commencant ma diversion, je profite de l'écho de la forêt pour pousser un rugissement bestial. Avant de changer de position. L'archer de l'avant-poste commence à plonger dans le bois, il ne faudra pas longtemps pour que je le traque comme un prédateur sorti des feuillages pour l'étouffer, une pression légère sur la carotide pour l'endormir. Puis, je rugis, une deuxième fois.
Et change de position. Le feulement est omniprésent. Continuant de taper éternellement sur les parois de la montagne. Ce n'était pas qu'un simple son, mais une symphonie sauvage et draconique, un cri qui résonnait à travers les éons.
Ça commence à se disperser entre les arbres, hormis ce patron et un de ses sbires. Une arbalète pointée vers la cage. Je fronce le nez, ennuyé. Puis je remarque que le chef en question garde en confiance son épée dans son fourreau. Un des hommes a trouvé l'un des corps tandis que je m'approche doucement de ma cible. L'arbalète est visée ailleurs, j'en profite pour surgir dans son angle mort, mon ombre engloutissant ma proie comme un ciel noir. Sa gorge enfermée dans mon bras, l'arbalète finit braquée vers le commanditaire de cette histoire.
« Si tu dis à tes hommes que nous sommes là, ce carreau finit entre tes deux yeux, et je casse ton pote en six.
- Qu'est-ce que vous voulez.
- Le gosse et la demoiselle. Et vos armes au sol.
- On vous rattrapera.
- Le Razkaal sera informé avant que puissiez imaginer me traquer. Faites très attention à vos prochains mouvements. Vos hommes sont déjà interpellés par l'Office et certains finiront chez moi. On les questionnera, ils vous balanceront, et vous prendrez leur place. Sauf si vous abdiquez.
- Misérables... »
Un silence de réflexion s'étire, puis, il jette son arme, tandis que son sbire pleure sur mon avant-bras, ses pieds ne touchant plus le sol. Lancé à ses pieds, je ne vais pas attendre très longtemps avant de remettre l'arbalète à Yelcan pour me couvrir, de sauter les gonds de la cage en soulevant les barreaux, et arracher la porte d'un coup sec pour la projeter plus loin dans la caverne. Un regard inquiet vers le petit, puis cette brune qui me rappelle tellement ma Luciole. À priori, pas de blessures graves. Un soupir de soulagement me trahit.
« Traînez pas, ça urge encore dans le village. »
Je regarde ces enfoirés une dernière fois, Portecendres à l'épaule, laisse le temps au duo de récupérer leurs affaires, puis nous disparaissons dans un sentier et commençons à les distancer. Ce petit garçon m'intrigue de plus en plus, surtout son regard, ces yeux si bleus... Je secoue brièvement la tête pour retrouver ma concentration et bouscule sa tente, une fois que les kilomètres commencent à me donner la certitude que nous sommes dorénavant tranquilles. Pour le moment.
« Tu pensais m'échapper comme ça, Bouclette ? Il y a encore un paquet de questions qui me tardent de te poser. Mais ça attendra la fin de cette affaire. »
Je finis par lui tendre la main.
« Ryven. Kieran Ryven. Lézard, pour les intimes, apparemment. »
J'essaie de sourire à ce petit après ce trait d'humour, mais tout ce que j'aurais en échange c'est un regard aussi dur que celui de ma propre mère. Et il a bien raison. Après tout ce qui vient de se passer, avoir confiance en qui que ce soit hormis sa tente relève du miracle. Il doit rester aux aguets en toutes circonstances, espérer le meilleur, et anticiper le pire. Mais, il a été très impulsif aujourd'hui, mais je n'ai pas le sentiment que c'est le moment de lui faire la morale dessus.
Je ne suis pas son père.
Hm ?
C'est beau.
Quoi de mieux qu'un évènement naturel pour mettre tout le monde d'accord ? Je ne peux m'empêcher d'y penser. Pour moi, les Titans ne sont pas des maîtres ou des dieux de ce monde. Non, ce sont des entités qui sont gouvernées par lui. Toutes les consciences sont bêtes à partir du moment où elles se donnent une auto-proclamation. Titan, Souverains, Reine, Roi, Juge, Jugé, Bourreau. J'avais un élan d'espoir pour la République lorsqu'on m'a dit qu'on donnait du pouvoir au Peuple, puis j'ai vu et entendu toutes les magouilles, ainsi que certains de ces politiques pourris, des ronds-de-cuir pas foutus de faire leur boulot sans fomenter, soudoyer ou buter quelqu'un pour leurs affaires personnelles.
Je ne suis pas plus intelligent en me donnant la mission de dégommer le moindre salaud qui décide d'abîmer ce qu'il y a de beau, bon et vulnérable dans ce monde. Mais, à action bête, réponse bête. Je vais rester une longue minute à entendre le bois crépiter face aux morsures des flammes qui prennent une sacrée envergure. J'ai manifestement pas trop dosé le flux. Mais ces hurlements, c'était comme entendre la facture que notre civilisation mérite.
Un juste retour des choses. Allez-y, couinez. Hurlez. Vous étiez heureux quand vous teniez ces personnes en otages, puis en cellule. Ça me rappelle l'une de mes missions où j'ai été témoin d'une petite escarmouche entre deux groupes de bandits il y a un an. À se tirer des flèches et à se trucider avec des lames, la boucherie a duré au moins vingt minutes. Ils surgissaient depuis les rochers pour tirer un peu au pif, ils avaient bien trop peur de mourir. Le groupe d'en face s'est enfui, terrorisé. Je suis descendu pour jeter un œil, je devais attraper l'un d'entre eux pour le questionner au Razkaal. Un homme était au sol avec deux flèches dans l'estomac. Il m'a vu et m'a demandé en pleurnichant de l'achever. C'est marrant de voir des gens tirer sur d'autres délibérément parce qu'ils ont peur de mourir, et lorsqu'ils sont au sol... Ils ont tout d'un coup peur de survivre.
Quel bande d'abrutis, et ces enfoirés voleurs de chapeaux n'y échappent pas à la règle.
C'est avec un sourire que j'entends les civils partir dans le sens opposé. Puis, des sifflets, les couleurs des officiers sont facilement remarquables. Merde, le petit, où est-il ? J'essaie de renifler, puis cours vers les cellules. La question de le voir au sol à cause de l'incendie ou des scénarios plus dramatiques commence à germer dans mon crâne, mais rapidement court-circuitée par une voix familière.
Elle.
Dans toute sa splendeur, les yeux habités par la colère et certainement la détermination de retrouver le petit, voilà que nos chemins se séparent. J'en avais pas fini, elle a des réponses concernant sa sœur, et des réponses concernant le gamin. À peine le temps d'admirer effectivement les coupables interpellés par les officiers, qu'elle décampe des lieux, en courant. Comme une mère derrière son propre enfant, sa responsabilité.
Et, elle s'est évidemment dit que je vais lâcher le morceau. Par les Astres de Shierak, je ne sais foutrement pas ce que vous voulez me baver, mais si elle est bel et bien un signe et que vous voulez m'emmener là-bas, très bien. J'irai. Je commence à faire demi-tour, le pas lourd vers les complices de cet enlèvement. Il y a peut-être un grand chapelier dans cette affaire. D'ailleurs en parlant de chapeaux, on peut voir que tout le coffre contenant les couvre-chefs confisqués est également récupéré par les autorités. Je mets en évidence mon médaillon du Razkaal face aux agents, avant de soulever deux hommes par la gorge alors qu'ils ont tout juste les fers aux poignets.
« Où sont-ils allés ? Une réponse. Vite. Sinon je vous arrache la colonne, et je vous poignarde vos poumons avec vos propres côtes. Si vous me mentez, le Razkaal vous rendra honnête. »
Un sourire alors que la terreur ronge leurs traits, puis il s'étire davantage, carnassier, quand j'ai une réponse et le détail de la situation. Il y a bien un patron dans cette histoire. Un camp caché dans une grotte, il siège là-bas et prépare peut-être une tentative de demande de rançon, comme le suspecte ma compagne de fortune. Aussitôt relâchés, je bondis dans un saut vertical, avant de déployer mes ailes, et fendre l'air haut dans le ciel dans ladite direction. Ce sourire disparaît aussitôt, et je commence à imaginer ce petit chiard entre de mauvaises mains. Est-ce que la Bouclette va assurer ?
Est-ce que je veux vraiment attendre la réponse ?
Non.
Une dizaine de minutes plus tard, c'est en traversant une forêt de conifères qui s'arrête au pied d'une montagne, qu'un avant-poste attire mon attention. Il donne sur une petite caverne qui a l'air gardé. Je plonge dans un piqué diagonal et atterris en douceur à quelques centaines de mètres. Je réduis la distance, et commence à matérialiser un semblant de plan dans ma tête. Faut croire que les diversions marchent pas mal avec eux. Quand j'arrive à portée de ma vue augmentée, je peux observer que... Eh bordel de...
« En cage, hein. »
Elle est avec lui. Entre les barreaux de sa cage et son neveu. Deux hommes gardent l'avant-poste et effectivement, un autre homme un peu mieux habillé donne des directives aux trois fuyards qui ont pris le gamin. Utilisant mon ouïe augmentée cette fois, je panne à peu près la conversation. Ils veulent se servir d'eux pour récupérer les personnes enlevées au risque de mettre leur meurtre sur leur dos. Des gamins qui crèvent injustement, ça sonne sale dans les oreilles des républicains. Commencant ma diversion, je profite de l'écho de la forêt pour pousser un rugissement bestial. Avant de changer de position. L'archer de l'avant-poste commence à plonger dans le bois, il ne faudra pas longtemps pour que je le traque comme un prédateur sorti des feuillages pour l'étouffer, une pression légère sur la carotide pour l'endormir. Puis, je rugis, une deuxième fois.
Et change de position. Le feulement est omniprésent. Continuant de taper éternellement sur les parois de la montagne. Ce n'était pas qu'un simple son, mais une symphonie sauvage et draconique, un cri qui résonnait à travers les éons.
Ça commence à se disperser entre les arbres, hormis ce patron et un de ses sbires. Une arbalète pointée vers la cage. Je fronce le nez, ennuyé. Puis je remarque que le chef en question garde en confiance son épée dans son fourreau. Un des hommes a trouvé l'un des corps tandis que je m'approche doucement de ma cible. L'arbalète est visée ailleurs, j'en profite pour surgir dans son angle mort, mon ombre engloutissant ma proie comme un ciel noir. Sa gorge enfermée dans mon bras, l'arbalète finit braquée vers le commanditaire de cette histoire.
« Si tu dis à tes hommes que nous sommes là, ce carreau finit entre tes deux yeux, et je casse ton pote en six.
- Qu'est-ce que vous voulez.
- Le gosse et la demoiselle. Et vos armes au sol.
- On vous rattrapera.
- Le Razkaal sera informé avant que puissiez imaginer me traquer. Faites très attention à vos prochains mouvements. Vos hommes sont déjà interpellés par l'Office et certains finiront chez moi. On les questionnera, ils vous balanceront, et vous prendrez leur place. Sauf si vous abdiquez.
- Misérables... »
Un silence de réflexion s'étire, puis, il jette son arme, tandis que son sbire pleure sur mon avant-bras, ses pieds ne touchant plus le sol. Lancé à ses pieds, je ne vais pas attendre très longtemps avant de remettre l'arbalète à Yelcan pour me couvrir, de sauter les gonds de la cage en soulevant les barreaux, et arracher la porte d'un coup sec pour la projeter plus loin dans la caverne. Un regard inquiet vers le petit, puis cette brune qui me rappelle tellement ma Luciole. À priori, pas de blessures graves. Un soupir de soulagement me trahit.
« Traînez pas, ça urge encore dans le village. »
Je regarde ces enfoirés une dernière fois, Portecendres à l'épaule, laisse le temps au duo de récupérer leurs affaires, puis nous disparaissons dans un sentier et commençons à les distancer. Ce petit garçon m'intrigue de plus en plus, surtout son regard, ces yeux si bleus... Je secoue brièvement la tête pour retrouver ma concentration et bouscule sa tente, une fois que les kilomètres commencent à me donner la certitude que nous sommes dorénavant tranquilles. Pour le moment.
« Tu pensais m'échapper comme ça, Bouclette ? Il y a encore un paquet de questions qui me tardent de te poser. Mais ça attendra la fin de cette affaire. »
Je finis par lui tendre la main.
« Ryven. Kieran Ryven. Lézard, pour les intimes, apparemment. »
J'essaie de sourire à ce petit après ce trait d'humour, mais tout ce que j'aurais en échange c'est un regard aussi dur que celui de ma propre mère. Et il a bien raison. Après tout ce qui vient de se passer, avoir confiance en qui que ce soit hormis sa tente relève du miracle. Il doit rester aux aguets en toutes circonstances, espérer le meilleur, et anticiper le pire. Mais, il a été très impulsif aujourd'hui, mais je n'ai pas le sentiment que c'est le moment de lui faire la morale dessus.
Je ne suis pas son père.
Hm ?
Invité
Invité
C'est pas si dur que ça d'expliquer comment je me suis retrouvée dans ce bourbier. C'est ce qu'il se passe quand on fonce un peu trop la tête baissée, et quand en face, on vous attend embusqué. L'avantage au moins, c'est que j'ai retrouvé Elnael, qu'on est de nouveau ensemble tous les deux, et que maintenant il suffit juste de fomenter un plan d'évasion à deux. Rien d'ingérable. A moins qu'une solution encore plus simple arrive sous la présence d'un séduisant lézard cracheur de feu de plus de deux mètres. Alors celle-là, je ne m'y attendais pas. Je lui ai tellement mis un vent, un peu plus tôt, je n'imaginais pas qu'il reviendrait nous chercher, le Limier. Ça se fait rare, de nos jours, les gens concernés par le malheur des autres. Je verserai presque une petite larme, s'il fallait pas courir, maintenant, vite, et se barrer.
Je tiens fermement Elnael par la main, pour éviter de le lâcher une nouvelle fois, et aussi me retenir de courir en utilisant ma mana et le perdre à nouveau de vue. Ça m'a fait très plaisir qu'il refuse la main de l'inconnu mais prenne la mienne sans se poser de questions. Mon petit coeur de maman de substitution est touché par cette attention de mon adolescent instable. Ou alors, c'est juste de l'instinct de survie. Probablement ça. Mais au moins, il est au point. J'veux dire, après s'être fait capturer par des mercenaires, quoi. Hé, le Sekai, c'est pas un super endroit pour grandir en paix, faut qu'il s'y fasse. Peut-être qu'on ira se réfugier dans les Iles Paradisiaques, quand tout ça sera fini. On ira retrouver les cousins Brock, ceux qui ont réussi à survivre à la catastrophe de Kaizoku. Ça laissera le temps à Elnael de faire le tri dans ses souvenirs, entre les siens et ceux de son ancienne vie, loin des tracas de la République.
Pourquoi je pense à ça maintenant, moi ? On court, on a quitté le petit bosquet où étaient enfermés les mercenaires, et on se dirige vers la plaine qui mène au village. Un gros rocher nous cache encore les bâtiments, au loin, et je comprends pourquoi le Lézard ne s'est pas battu sur place avec les mercenaires à notre poursuite. Les officiers républicains sont postés là-bas, c'est notre tour de poser une embuscade. Bon plan, bien vu. Quand on les dépasse, je continue à courir avec Elnael, et le Lézard se place à leurs côtés, caché par le rocher, pour cueillir les malfrats qui tombent comme des mouches dans un piège au miel. Quand on passe les portes de la ville, la foule nous accueille avec des acclamations. Ah, oui. Les gens qu'on a sauvé.
On s'arrête net, avec Eli, impossible de courir devant la multitude de gens qui viennent me remercier. Pas la peine de leur expliquer que je n'ai pas fait ça que pour eux, que je n'étais pas seule, ils ne veulent rien entendre. Peu après, les officiers passent avec leurs prisonniers, et une caisse est déposée sur la place centrale par Ryven. Les chapeaux. Les gens se précipitent pour récupérer leurs possessions, et je suis ravie d'avoir ce petit interlude pour qu'on me lâche enfin. Puis une voix s'élève au milieu des autres.
« Ça règle pas le problème de la taxe ! »
Ah bah, ils perdent pas le Nord, dis donc. Ils pourraient pas juste être heureux d'avoir survécu, que l'affaire soit réglée et les malfrats emprisonnés ? Les gens sont d'éternels insatisfaits, c'est incroyable. A côté de moi, c'est Eli qui s'avance, le regard déterminé. Il vient se planter devant la caisse maintenant vidée de ses chapeaux, et du haut de ses treize ans, il grossit sa voix pour s'adresser à la foule qui reprend sa colère.
« Ecoutez moi ! Vous avez vu ce que la discorde crée ! N'importe quelle personne égoïste et malfaisante profite de la moindre brèche pour s'en prendre au peuple et au gouvernement ! Vous les avez entendu, quand nous y étions, ils comptaient demander des rançons, à vos familles, à l'Etat pour ceux qui n'auraient pas pu payer ! Alors quoi, vous allez retourner protester dans la rue contre cette taxe ? Et vous auriez bien raison ! Mais avez-vous essayé de discuter avec vos notables, avec votre maire ? Avez-vous seulement essayé de la comprendre, cette taxe ? Allez-vous vraiment gâcher cette fête que vous avez tant préparée, qui vous sort de votre quotidien et fait votre force, une fois par an ? L'heure n'est pas à la querelle, mais à la fête ! Organisez vous, montez un comité, choisissez des délégues, et envoyez les négocier en votre nom à tous ! La République est à son peuple ! Votre voix sera entendue, si vous choisissez les biais que le gouvernement vous offre ! Cessez donc de clamer votre colère dans le vide, et agissez en bonne intelligence ! »
La foule, d'abord énervée par ses mots, finit par se taire, et les habitants du village se dévisagent les uns les autres, se regardent en chuchotant, un murmure monte puis carrément des discussions, alors que des groupes se forment pour décider de quoi faire. L'énergie négative est transformée en construction, et bientôt une demie douzaine de personnes sortent de la foule, acclamés par les autres, pour se diriger vers la mairie. J'y reconnais certains de ceux qui ont décidé de combattre à mes côtés quand il a fallu sauver les autres dans la grange. Eli revient vers moi, et je passe une main bouffonne dans ses cheveux frisés.
« Qui es-tu, jeune homme ? Tu galvanises les foules, maintenant ?
- Il fallait bien faire quelque chose. Ça n'avançait à rien de protester dans le vide.
- Tu as raison. Je suis impressionnée.
- Allez, viens, il paraît qu'il y a une grande danse au centre du village, ils m'ont dit que c'est beau à voir avec les chapeaux qui virevoltent ! »
Je regarde autour de moi, mais pas de Lézard à vue. Il a dû partir vers le commissariat pour interroger les mercenaires. J'aurais voulu lui dire merci, malgré tout. Et puis il parait qu'il avait des questions, ça aurait permis de passer encore un peu de temps ensemble... Tant pis. Je suis mon neveu, un sourire sur les lèvres alors que je contemple à quel point il mûrit, ces temps-ci. Et on arrive au centre du village, où effectivement, une grande danse a commencé. Ça peut sembler chaotique, mais je comprends un schéma, quand le tambour sonne, on passe son chapeau à droite, où que l'on soit dans la foule, et ça fait effectiver virevolter les chapeaux dans une explosion de couleur et de tissus. Eli a vite fait d'y entrer, et je le surveille de loin en riant, alors qu'il danse tantôt avec une grand-mère, tantôt avec une jeune fille un peu plus vieille que lui et qui lui met du rose sur les joues. Puis, une voix puissante dans mon dos.
« M'accorderez-vous cette danse ? »
Je me retourne pour voir le Lézard, Kieran Ryven, affublé d'un couvre-chef ridicule qui me fait pouffer de rire immédiatement. Ce n'est que quand je vois qu'il en tient un autre tout aussi horrible à la main, qu'il me tend, que je retrouve mon sérieux.
« Tu ne veux quand même pas que je porte cette...
- Oh bah si, sinon, on ne pourra pas danser. »
Il me coupe en m'enfonçant le chapeau sur le front et m'entrainant dans la danse. On tente tant bien que mal de comprendre les mouvements, mais il apparaît bien vite qu'il n'y en a pas, et que chacun fait sa sauce. Tout en riant, on réussit malgré tout à avoir un semblant de discussion.
« Tu ne m'as toujours pas dit ton prénom.
- Ayna.
- Enchanté, Bouclette.
- Et alors, tu as fermé ton enquête ?
- Pas tout à fait. Mais je devais m'assurer que le calme était revenu ici, avant tout.
- Et bien, comme tu peux le voir... ce n'est pas vraiment le cas !
- Je préfère cette euphorie là, à celle d'avant.
- Je t'imaginais pas en train de faire la fête, je dois avouer.
- Hé, on sait s'amuser aussi au Razkaal.
- C'est pas... »
Dans le chaos ambiant, je suis bousculée par quelqu'un derrière moi, et j'atterris sur le torse musclé de Kieran, qui me rattrappe de justesse. Ses mains contre mon dos, les miennes sur ses pectoraux, nos yeux s'ancrent et pendant un instant, nous ne sommes plus que tous les deux dans ce tumulte. Il ne m'a clairement pas laissée indifférente, pendant toute cette aventure, et l'idée de l'embrasser est plus que tentante. Mes lèvres s'entrouvent, mes yeux se ferment et je me mets sur la pointe des pieds...
« Bouclette... Ayna... non... je... »
Je réouvre les yeux, et voit qu'il est gêné. Oh. Je ne lui plais pas. Tant pis.
« C'est pas que tu me plais pas hein, mais... »
Ah, donc je lui plais ! C'est quoi alors ? Je le vois débattre avec ses mots, il doit avoir une bonne excuse. Il est peut-être marié, ceci dit, je lui ai même pas posé la question. Je me suis juste laissée porter par le moment.
« Je suis désolée, c'est moi. Je n'aurais pas dû...
- Non, mais si... enfin... ça aurait pu... mais... Aaaah ! Ta soeur ne t'a jamais parlé de moi ?
- Hein ? »
Ma soeur ? Qu'est-ce qu'elle a à voir là-dedans, ma soeur ? Je tourne la tête par réflexe vers Eli, à ce moment-là. Juste au moment où je le vois chuter, dans une bousculade, tout en riant.
« Elnael !
- Hein ? Elnael, c'est qui Elnael ?
- Elnael, mon neveu !
- Elnael, c'est le nom de mon grand-père.
- Non, c'est le nom de mon neveu, je te dis ! »
Et là, on se regarde. Et je comprends. Oh merde. C'est son père.
Je tiens fermement Elnael par la main, pour éviter de le lâcher une nouvelle fois, et aussi me retenir de courir en utilisant ma mana et le perdre à nouveau de vue. Ça m'a fait très plaisir qu'il refuse la main de l'inconnu mais prenne la mienne sans se poser de questions. Mon petit coeur de maman de substitution est touché par cette attention de mon adolescent instable. Ou alors, c'est juste de l'instinct de survie. Probablement ça. Mais au moins, il est au point. J'veux dire, après s'être fait capturer par des mercenaires, quoi. Hé, le Sekai, c'est pas un super endroit pour grandir en paix, faut qu'il s'y fasse. Peut-être qu'on ira se réfugier dans les Iles Paradisiaques, quand tout ça sera fini. On ira retrouver les cousins Brock, ceux qui ont réussi à survivre à la catastrophe de Kaizoku. Ça laissera le temps à Elnael de faire le tri dans ses souvenirs, entre les siens et ceux de son ancienne vie, loin des tracas de la République.
Pourquoi je pense à ça maintenant, moi ? On court, on a quitté le petit bosquet où étaient enfermés les mercenaires, et on se dirige vers la plaine qui mène au village. Un gros rocher nous cache encore les bâtiments, au loin, et je comprends pourquoi le Lézard ne s'est pas battu sur place avec les mercenaires à notre poursuite. Les officiers républicains sont postés là-bas, c'est notre tour de poser une embuscade. Bon plan, bien vu. Quand on les dépasse, je continue à courir avec Elnael, et le Lézard se place à leurs côtés, caché par le rocher, pour cueillir les malfrats qui tombent comme des mouches dans un piège au miel. Quand on passe les portes de la ville, la foule nous accueille avec des acclamations. Ah, oui. Les gens qu'on a sauvé.
On s'arrête net, avec Eli, impossible de courir devant la multitude de gens qui viennent me remercier. Pas la peine de leur expliquer que je n'ai pas fait ça que pour eux, que je n'étais pas seule, ils ne veulent rien entendre. Peu après, les officiers passent avec leurs prisonniers, et une caisse est déposée sur la place centrale par Ryven. Les chapeaux. Les gens se précipitent pour récupérer leurs possessions, et je suis ravie d'avoir ce petit interlude pour qu'on me lâche enfin. Puis une voix s'élève au milieu des autres.
« Ça règle pas le problème de la taxe ! »
Ah bah, ils perdent pas le Nord, dis donc. Ils pourraient pas juste être heureux d'avoir survécu, que l'affaire soit réglée et les malfrats emprisonnés ? Les gens sont d'éternels insatisfaits, c'est incroyable. A côté de moi, c'est Eli qui s'avance, le regard déterminé. Il vient se planter devant la caisse maintenant vidée de ses chapeaux, et du haut de ses treize ans, il grossit sa voix pour s'adresser à la foule qui reprend sa colère.
« Ecoutez moi ! Vous avez vu ce que la discorde crée ! N'importe quelle personne égoïste et malfaisante profite de la moindre brèche pour s'en prendre au peuple et au gouvernement ! Vous les avez entendu, quand nous y étions, ils comptaient demander des rançons, à vos familles, à l'Etat pour ceux qui n'auraient pas pu payer ! Alors quoi, vous allez retourner protester dans la rue contre cette taxe ? Et vous auriez bien raison ! Mais avez-vous essayé de discuter avec vos notables, avec votre maire ? Avez-vous seulement essayé de la comprendre, cette taxe ? Allez-vous vraiment gâcher cette fête que vous avez tant préparée, qui vous sort de votre quotidien et fait votre force, une fois par an ? L'heure n'est pas à la querelle, mais à la fête ! Organisez vous, montez un comité, choisissez des délégues, et envoyez les négocier en votre nom à tous ! La République est à son peuple ! Votre voix sera entendue, si vous choisissez les biais que le gouvernement vous offre ! Cessez donc de clamer votre colère dans le vide, et agissez en bonne intelligence ! »
La foule, d'abord énervée par ses mots, finit par se taire, et les habitants du village se dévisagent les uns les autres, se regardent en chuchotant, un murmure monte puis carrément des discussions, alors que des groupes se forment pour décider de quoi faire. L'énergie négative est transformée en construction, et bientôt une demie douzaine de personnes sortent de la foule, acclamés par les autres, pour se diriger vers la mairie. J'y reconnais certains de ceux qui ont décidé de combattre à mes côtés quand il a fallu sauver les autres dans la grange. Eli revient vers moi, et je passe une main bouffonne dans ses cheveux frisés.
« Qui es-tu, jeune homme ? Tu galvanises les foules, maintenant ?
- Il fallait bien faire quelque chose. Ça n'avançait à rien de protester dans le vide.
- Tu as raison. Je suis impressionnée.
- Allez, viens, il paraît qu'il y a une grande danse au centre du village, ils m'ont dit que c'est beau à voir avec les chapeaux qui virevoltent ! »
Je regarde autour de moi, mais pas de Lézard à vue. Il a dû partir vers le commissariat pour interroger les mercenaires. J'aurais voulu lui dire merci, malgré tout. Et puis il parait qu'il avait des questions, ça aurait permis de passer encore un peu de temps ensemble... Tant pis. Je suis mon neveu, un sourire sur les lèvres alors que je contemple à quel point il mûrit, ces temps-ci. Et on arrive au centre du village, où effectivement, une grande danse a commencé. Ça peut sembler chaotique, mais je comprends un schéma, quand le tambour sonne, on passe son chapeau à droite, où que l'on soit dans la foule, et ça fait effectiver virevolter les chapeaux dans une explosion de couleur et de tissus. Eli a vite fait d'y entrer, et je le surveille de loin en riant, alors qu'il danse tantôt avec une grand-mère, tantôt avec une jeune fille un peu plus vieille que lui et qui lui met du rose sur les joues. Puis, une voix puissante dans mon dos.
« M'accorderez-vous cette danse ? »
Je me retourne pour voir le Lézard, Kieran Ryven, affublé d'un couvre-chef ridicule qui me fait pouffer de rire immédiatement. Ce n'est que quand je vois qu'il en tient un autre tout aussi horrible à la main, qu'il me tend, que je retrouve mon sérieux.
« Tu ne veux quand même pas que je porte cette...
- Oh bah si, sinon, on ne pourra pas danser. »
Il me coupe en m'enfonçant le chapeau sur le front et m'entrainant dans la danse. On tente tant bien que mal de comprendre les mouvements, mais il apparaît bien vite qu'il n'y en a pas, et que chacun fait sa sauce. Tout en riant, on réussit malgré tout à avoir un semblant de discussion.
« Tu ne m'as toujours pas dit ton prénom.
- Ayna.
- Enchanté, Bouclette.
- Et alors, tu as fermé ton enquête ?
- Pas tout à fait. Mais je devais m'assurer que le calme était revenu ici, avant tout.
- Et bien, comme tu peux le voir... ce n'est pas vraiment le cas !
- Je préfère cette euphorie là, à celle d'avant.
- Je t'imaginais pas en train de faire la fête, je dois avouer.
- Hé, on sait s'amuser aussi au Razkaal.
- C'est pas... »
Dans le chaos ambiant, je suis bousculée par quelqu'un derrière moi, et j'atterris sur le torse musclé de Kieran, qui me rattrappe de justesse. Ses mains contre mon dos, les miennes sur ses pectoraux, nos yeux s'ancrent et pendant un instant, nous ne sommes plus que tous les deux dans ce tumulte. Il ne m'a clairement pas laissée indifférente, pendant toute cette aventure, et l'idée de l'embrasser est plus que tentante. Mes lèvres s'entrouvent, mes yeux se ferment et je me mets sur la pointe des pieds...
« Bouclette... Ayna... non... je... »
Je réouvre les yeux, et voit qu'il est gêné. Oh. Je ne lui plais pas. Tant pis.
« C'est pas que tu me plais pas hein, mais... »
Ah, donc je lui plais ! C'est quoi alors ? Je le vois débattre avec ses mots, il doit avoir une bonne excuse. Il est peut-être marié, ceci dit, je lui ai même pas posé la question. Je me suis juste laissée porter par le moment.
« Je suis désolée, c'est moi. Je n'aurais pas dû...
- Non, mais si... enfin... ça aurait pu... mais... Aaaah ! Ta soeur ne t'a jamais parlé de moi ?
- Hein ? »
Ma soeur ? Qu'est-ce qu'elle a à voir là-dedans, ma soeur ? Je tourne la tête par réflexe vers Eli, à ce moment-là. Juste au moment où je le vois chuter, dans une bousculade, tout en riant.
« Elnael !
- Hein ? Elnael, c'est qui Elnael ?
- Elnael, mon neveu !
- Elnael, c'est le nom de mon grand-père.
- Non, c'est le nom de mon neveu, je te dis ! »
Et là, on se regarde. Et je comprends. Oh merde. C'est son père.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 321
crédits : 1004
crédits : 1004
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Ça commençait à devenir une belle journée.
Les mercenaires interceptés, les chapeaux restitués, le village qui commence à se calmer. D'ailleurs, je ne sais pas comment ces deux-là se sont débrouillés, mais ça a marché. Tout était là pour se dire que rien d'autre viendrait me préoccuper l'esprit. Plus vite que je le pensais, je vais finir par prendre ces maudits chapeaux un peu plus au sérieux et me dire qu'il serait peut-être temps de festoyer comme il se doit avec mes chers compagnons de fortunes qui comprennent un gosse et... La sœur d'Ineg.
Je disais quoi ? Ah, oui. Ça commençait à devenir une belle journée. Avant le malaise.
On dansait, la proximité suffisamment proche pour constater que son odeur est très agréable, que ses cheveux caressent mes doigts tenant son dos d'une douceur singulière. Ses yeux sont captivants. Je crève de chaud, et les choses ne vont pas s'améliorer lorsqu'elle se met sur la pointe des pieds, le visage apaisé, ses lèvres pulpeuses attendant sagement les miennes. Merde, là, maintenant ? Toute de suite ? Je ne sais même plus comment ça marche, ça remonte à des années. Et je ne suis pas certain que ça soit comme avec les filles de joie que je paie pour une soirée. Et puis, qu'est-ce que dirait Ineg si elle apprend que je séduis sa propre sœur ? J'ai cru perdre le souffle, mais tout ça finira aux oubliettes.
Elanel. Eli. Le gamin. Cette belle journée vient me frapper le museau avec une violence rarement atteinte. Dans le regard d'Ayna, j'avais bien pigé qu'on venait d'arriver à la même conclusion. Ce n'est pas un prénom qui est si commun. Et la dernière fois que j'ai mentionné son nom, c'était en passant la soirée avec Luciole sur la plage de Kaizoku. Avant que nous passions la nuit ensemble. Nous parlions de nos familles respectives quand j'ai raconté comment Elnael Ryven était si important pour mon père, en tout cas sur le plan de l'éducation, sur l'exemplarité, la loyauté, et l'importance de la famille. Un Drakyn extrêmement puissant qui portait ses pairs sur ses épaules sans sourciller. Je finis par retirer mon chapeau, doucement, avant de le laisser flotter pour tomber mollement au sol.
Je le vois rire, tandis qu'il se dépoussière avant de reprendre sa danse avec le même entrain. Moi, je suis resté planté comme un gadin, pantois, interdit. Il n'y avait pas d'autres questions à poser, sa seule existence venait d'éclaircir la situation. Peut-être une, en effet, certainement la plus importante. Mes deux mains finissent sur les épaules d'Ayna avant de la tirer vers moi pour avoir toute son attention, peut-être aussi d'être certain que la question ne soit pas évitée.
« Est-ce qu'il est au courant ? Est-ce que Ineg lui en a touché deux mots ? Comment elle va ? Dis-moi tout, Ayna. Absolument tout. »
Mon flegme naturel commence à se déformer sur des traits plus concernés, une étincelle d'émotion dans le regard me trahit. Deux directions sont maintenant possibles, soit je perds mes moyens et je ne garantis rien pour la sécurité du village, soit je me contiens, mais il faut absolument que je quitte les lieux. Ma respiration s'emballe, de la fumée blanche s'échappe des narines, mes prunelles deviennent incandescentes. Je m'écarte, pose un genou au sol, une main sur le torse pour reprendre mes moyens.
Mon palpitant s'emballe, une décharge électrique traversant tout mon être. Des frissons parcourent ma peau, mes prunelles s'embrasent d'une lueur fiévreuse. Un souffle haletant s'échappe de mes lèvres, et mes mains tremblent légèrement. L'air autour de moi semble s'alourdir, comme si une force invisible compressait ma poitrine. Je suis envahi par une sensation d'étourdissement, mes sens exacerbés par une panique grandissante.
« Ayna... Je... Je dois... Savoir... »
Mon corps réagit avec une intensité presque incontrôlable. Un vertige saisissant, des battements de cœur assourdissants, et le monde qui se tord autour de moi. Je me redresse doucement, avise la sœur de Luciole, les oreilles attentives, l'œil humide. Je suis le père d'un demi-Drakyn, et il n'est certainement pas au courant. J'ai raté toutes ces années où il avait besoin d'un père. J'ai échoué, et la culpabilité me ronge. Pourquoi Ineg n'a pas essayé de me trouver ? Est-ce que finalement elle a trouvé quelqu'un d'autre ? Un beau-père ? Est-ce que j'étais trop dangereux ? Trop... Reikois ? Mes deux poings se serrent alors que j'avise chaque détail, chaque particule qui constitue la silhouette de...
De mon fils ?
Oui... Mon petit garçon. Et Ineg a choisi un prénom absolument magnifique. Comme par magie, je reprends totalement le contrôle, comme si j'étais habité par un instinct de protection qui me permet de garder mon sang-froid.
Un instinct paternel.
Les mercenaires interceptés, les chapeaux restitués, le village qui commence à se calmer. D'ailleurs, je ne sais pas comment ces deux-là se sont débrouillés, mais ça a marché. Tout était là pour se dire que rien d'autre viendrait me préoccuper l'esprit. Plus vite que je le pensais, je vais finir par prendre ces maudits chapeaux un peu plus au sérieux et me dire qu'il serait peut-être temps de festoyer comme il se doit avec mes chers compagnons de fortunes qui comprennent un gosse et... La sœur d'Ineg.
Je disais quoi ? Ah, oui. Ça commençait à devenir une belle journée. Avant le malaise.
On dansait, la proximité suffisamment proche pour constater que son odeur est très agréable, que ses cheveux caressent mes doigts tenant son dos d'une douceur singulière. Ses yeux sont captivants. Je crève de chaud, et les choses ne vont pas s'améliorer lorsqu'elle se met sur la pointe des pieds, le visage apaisé, ses lèvres pulpeuses attendant sagement les miennes. Merde, là, maintenant ? Toute de suite ? Je ne sais même plus comment ça marche, ça remonte à des années. Et je ne suis pas certain que ça soit comme avec les filles de joie que je paie pour une soirée. Et puis, qu'est-ce que dirait Ineg si elle apprend que je séduis sa propre sœur ? J'ai cru perdre le souffle, mais tout ça finira aux oubliettes.
Elanel. Eli. Le gamin. Cette belle journée vient me frapper le museau avec une violence rarement atteinte. Dans le regard d'Ayna, j'avais bien pigé qu'on venait d'arriver à la même conclusion. Ce n'est pas un prénom qui est si commun. Et la dernière fois que j'ai mentionné son nom, c'était en passant la soirée avec Luciole sur la plage de Kaizoku. Avant que nous passions la nuit ensemble. Nous parlions de nos familles respectives quand j'ai raconté comment Elnael Ryven était si important pour mon père, en tout cas sur le plan de l'éducation, sur l'exemplarité, la loyauté, et l'importance de la famille. Un Drakyn extrêmement puissant qui portait ses pairs sur ses épaules sans sourciller. Je finis par retirer mon chapeau, doucement, avant de le laisser flotter pour tomber mollement au sol.
Je le vois rire, tandis qu'il se dépoussière avant de reprendre sa danse avec le même entrain. Moi, je suis resté planté comme un gadin, pantois, interdit. Il n'y avait pas d'autres questions à poser, sa seule existence venait d'éclaircir la situation. Peut-être une, en effet, certainement la plus importante. Mes deux mains finissent sur les épaules d'Ayna avant de la tirer vers moi pour avoir toute son attention, peut-être aussi d'être certain que la question ne soit pas évitée.
« Est-ce qu'il est au courant ? Est-ce que Ineg lui en a touché deux mots ? Comment elle va ? Dis-moi tout, Ayna. Absolument tout. »
Mon flegme naturel commence à se déformer sur des traits plus concernés, une étincelle d'émotion dans le regard me trahit. Deux directions sont maintenant possibles, soit je perds mes moyens et je ne garantis rien pour la sécurité du village, soit je me contiens, mais il faut absolument que je quitte les lieux. Ma respiration s'emballe, de la fumée blanche s'échappe des narines, mes prunelles deviennent incandescentes. Je m'écarte, pose un genou au sol, une main sur le torse pour reprendre mes moyens.
Mon palpitant s'emballe, une décharge électrique traversant tout mon être. Des frissons parcourent ma peau, mes prunelles s'embrasent d'une lueur fiévreuse. Un souffle haletant s'échappe de mes lèvres, et mes mains tremblent légèrement. L'air autour de moi semble s'alourdir, comme si une force invisible compressait ma poitrine. Je suis envahi par une sensation d'étourdissement, mes sens exacerbés par une panique grandissante.
« Ayna... Je... Je dois... Savoir... »
Mon corps réagit avec une intensité presque incontrôlable. Un vertige saisissant, des battements de cœur assourdissants, et le monde qui se tord autour de moi. Je me redresse doucement, avise la sœur de Luciole, les oreilles attentives, l'œil humide. Je suis le père d'un demi-Drakyn, et il n'est certainement pas au courant. J'ai raté toutes ces années où il avait besoin d'un père. J'ai échoué, et la culpabilité me ronge. Pourquoi Ineg n'a pas essayé de me trouver ? Est-ce que finalement elle a trouvé quelqu'un d'autre ? Un beau-père ? Est-ce que j'étais trop dangereux ? Trop... Reikois ? Mes deux poings se serrent alors que j'avise chaque détail, chaque particule qui constitue la silhouette de...
De mon fils ?
Oui... Mon petit garçon. Et Ineg a choisi un prénom absolument magnifique. Comme par magie, je reprends totalement le contrôle, comme si j'étais habité par un instinct de protection qui me permet de garder mon sang-froid.
Un instinct paternel.
Invité
Invité
Autour de nous, le monde danse, le monde chante, le monde crie, le monde rit. Mais dans l'espace électrique qui nous sépare, nos mondes s'effondrent. Je vois dans les yeux bleus de mon vis-à-vis la même dégringolade qu'il doit voir dans l'ambre des miens. En même temps, ils brillent d'une autre lueur. Presque effrayante. Mais rassurante à la fois. Le regard qu'il pose sur le garçon aux cheveux bouclés n'est plus le même. Je ne me permettrais pas de deviner, je ne le connais pas assez. Mais je comprends malgré tout, que quelque chose s'est réveillé en lui, quelque chose de viscéral, quelque chose qui inaugure de bonnes choses pour Elnael. Et une nouvelle révolution dans nos vies.
Les questions se bousculent, dans ma tête et dans sa bouche, et il mérite des réponses. Sur Ineg, pour commencer. Il ne sait rien, comment pourrait-il ? Ses yeux ne veulent plus quitter Eli, mais je le tire à l'écart, je le sors de la foule. On ne peut pas parler de ça ici, pas comme ça. Un instant, je repense à ce frisson que j'ai ressenti, ce désir. Je les écarte. Je les enfouis, je les enterre. Il va indéniablement faire partie de notre quotidien, maintenant, je dois oublier ce moment. Me concentrer sur l'essentiel. Me concentrer sur Elnael.
Assis à une table, un peu plus loin, à l'abri du tumulte, je lui raconte tout. Notre vie, à Ineg et moi, après la mort de nos parents. Nos premiers temps avec la tante. Les maladies de ma soeur. Mon départ sur la mer, et mon retour pour la trouver enceinte. L'isolation, sans famille, sans amis. Les premières années d'Eli avec sa maman. Sa... sa mort. Et les temps d'après, juste tous les deux. Je ne rentre pas dans les détails de mes affaires avec le SCAR, mais je lui raconte notre arrivée en République, les difficultés d'Eli à s'adapter, et la dernière crise en date, le retour des souvenirs de son ancienne longue vie, et sa fugue. Il fait nuit, quand je finis, et mon neveu est en train de discuter avec un groupe d'adolescents de son âge, un peu plus loin. On le regarde tous les deux.
« Elle n'est jamais vraiment rentrée dans les détails, à ton sujet. Je savais que tu étais un Drakyn. Eli a des écailles dans la nuque, et deux embryons de cornes sous sa touffe de cheveux, d'ailleurs. Je savais que tu avais été doux avec elle, et que tu ne reviendrais probablement jamais. Mais qu'elle ne t'en voulait pas, et qu'elle ne chercherait pas à te trouver. Tu as été l'amour de sa vie, je crois. Enfin, non. C'est lui, c'est Elnael, qui l'a été. Mais tu le lui as offert, et c'est le plus beau présent que tu aies pu lui faire. Si tu savais comme elle l'aimait. Comme il l'aime encore. »
J'essuie une larme qui a roulé sur ma joue sans que je ne m'en rende compte. Ça doit faire beaucoup pour lui.
« Nous n'avons besoin de rien, Kieran, et ça ne change rien. Tu n'es pas obligé de le voir, de nous voir, tu n'es pas obligé de t'impliquer. Mais si tu le souhaites, tu le peux. Le choix est à toi. »
Je n'ose pas lui dire qu'Eli a désespérément besoin d'une figure paternelle, d'un modèle masculin. Je ne veux pas lui mettre la pression. Et puis les retrouvailles récentes avec mon cousin Gunnar ont au moins permis de mettre un homme dans notre famille, dans notre cercle proche, quelqu'un à qui, dans un avenir proche, je l'espère, il pourra se confier. En plus, Kieran est un Limier. Je sais à quel point leur emploi du temps est compliqué. Leur santé mentale et physique sont constamment mises à l'épreuve. Fera-t-il un bon père pour mon protégé ? Est-il vraiment celui qu'il lui faut ? En aucun cas je ne lui refuserai ce droit. Ineg m'a toujours parlé de lui avec tendresse. Mais ils étaient jeunes, comment a-t-il évolué ? Devenir Limier, c'est un choix important. Qu'est-ce qui l'a poussé à ça ? Va-t-il l'aider, ou le faire souffrir ? Comment puis-je le protéger, tout en lui accordant le droit d'avoir un père ?
Je ferme les yeux, et j'inspire. Quand je les rouvre, les voilà de nouveau ancrés dans l'océan profond et bienveillant du regard du Drakyn. Mes doutes s'évaporent, et une ombre de sourire passe sur mon visage.
Ce sera difficile. Mais ça va aller. On va y arriver.
Tous les trois.
En famille.
Les questions se bousculent, dans ma tête et dans sa bouche, et il mérite des réponses. Sur Ineg, pour commencer. Il ne sait rien, comment pourrait-il ? Ses yeux ne veulent plus quitter Eli, mais je le tire à l'écart, je le sors de la foule. On ne peut pas parler de ça ici, pas comme ça. Un instant, je repense à ce frisson que j'ai ressenti, ce désir. Je les écarte. Je les enfouis, je les enterre. Il va indéniablement faire partie de notre quotidien, maintenant, je dois oublier ce moment. Me concentrer sur l'essentiel. Me concentrer sur Elnael.
Assis à une table, un peu plus loin, à l'abri du tumulte, je lui raconte tout. Notre vie, à Ineg et moi, après la mort de nos parents. Nos premiers temps avec la tante. Les maladies de ma soeur. Mon départ sur la mer, et mon retour pour la trouver enceinte. L'isolation, sans famille, sans amis. Les premières années d'Eli avec sa maman. Sa... sa mort. Et les temps d'après, juste tous les deux. Je ne rentre pas dans les détails de mes affaires avec le SCAR, mais je lui raconte notre arrivée en République, les difficultés d'Eli à s'adapter, et la dernière crise en date, le retour des souvenirs de son ancienne longue vie, et sa fugue. Il fait nuit, quand je finis, et mon neveu est en train de discuter avec un groupe d'adolescents de son âge, un peu plus loin. On le regarde tous les deux.
« Elle n'est jamais vraiment rentrée dans les détails, à ton sujet. Je savais que tu étais un Drakyn. Eli a des écailles dans la nuque, et deux embryons de cornes sous sa touffe de cheveux, d'ailleurs. Je savais que tu avais été doux avec elle, et que tu ne reviendrais probablement jamais. Mais qu'elle ne t'en voulait pas, et qu'elle ne chercherait pas à te trouver. Tu as été l'amour de sa vie, je crois. Enfin, non. C'est lui, c'est Elnael, qui l'a été. Mais tu le lui as offert, et c'est le plus beau présent que tu aies pu lui faire. Si tu savais comme elle l'aimait. Comme il l'aime encore. »
J'essuie une larme qui a roulé sur ma joue sans que je ne m'en rende compte. Ça doit faire beaucoup pour lui.
« Nous n'avons besoin de rien, Kieran, et ça ne change rien. Tu n'es pas obligé de le voir, de nous voir, tu n'es pas obligé de t'impliquer. Mais si tu le souhaites, tu le peux. Le choix est à toi. »
Je n'ose pas lui dire qu'Eli a désespérément besoin d'une figure paternelle, d'un modèle masculin. Je ne veux pas lui mettre la pression. Et puis les retrouvailles récentes avec mon cousin Gunnar ont au moins permis de mettre un homme dans notre famille, dans notre cercle proche, quelqu'un à qui, dans un avenir proche, je l'espère, il pourra se confier. En plus, Kieran est un Limier. Je sais à quel point leur emploi du temps est compliqué. Leur santé mentale et physique sont constamment mises à l'épreuve. Fera-t-il un bon père pour mon protégé ? Est-il vraiment celui qu'il lui faut ? En aucun cas je ne lui refuserai ce droit. Ineg m'a toujours parlé de lui avec tendresse. Mais ils étaient jeunes, comment a-t-il évolué ? Devenir Limier, c'est un choix important. Qu'est-ce qui l'a poussé à ça ? Va-t-il l'aider, ou le faire souffrir ? Comment puis-je le protéger, tout en lui accordant le droit d'avoir un père ?
Je ferme les yeux, et j'inspire. Quand je les rouvre, les voilà de nouveau ancrés dans l'océan profond et bienveillant du regard du Drakyn. Mes doutes s'évaporent, et une ombre de sourire passe sur mon visage.
Ce sera difficile. Mais ça va aller. On va y arriver.
Tous les trois.
En famille.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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crédits : 1004
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Plus rien ne sera pareil désormais. Je le sais. Je le sens.
Dans mon regard, c'était comme si j'étais dans un long couloir resserré sur ce garçon, qui porte le nom d'un Drakyn qui a tout le respect de notre famille, en ignorant tout le reste. La fête, les gens, et même Ayna. Elnael Ryven était un valeureux guerrier, noble, juste, loyal et très érudit sur les connaissances du monde, de son vivant. J'essaie de me rappeler à quel moment j'ai pu en parler à Ineg, et il me semble que c'était lorsque nous voulions faire plus ample connaissance. Connaître un passé sur un visage aussi beau que ma Luciole bien-aimée. Aujourd'hui, je fais la paix avec une partie de mon passé, en éclaircissant un point qui pour moi ne paraissait pas aussi important. Je suis resté si peu de temps à Kaizoku. Je n'ai jamais promis de revenir, même si mon cœur le désirait de toutes ses forces. J'avais besoin de faire la paix avec moi-même, j'avais besoin de réponses quant à la raison de mon existence ici.
Parce que, s'il y a des mystères dans cet univers qui ne sont pas appelés à être percés, qui nous sommes et pourquoi nous sommes là n'en font pas partie. Ces réponses, on les porte en nous, mais il faut croire que d'autres peuvent nous en donner, et c'est le cas aujourd'hui. Sa main se lie à la mienne dans toute ma surprise, réalisant que j'avais totalement perdu le contrôle, de mes sens, de ma vigilance, ayant presque le sentiment qu'on pourrait aisément m'attaquer par surprise. Seul, vulnérable, désarmé.
Sans éveiller des doutes, on finit par trouver un coin, et j'ai rapidement pigé que d'autres réponses allaient encore me bousculer. Et pour la première fois, je n'avais aucunement la force de préparer mon esprit. J'observe sa main dans la mienne, et ce contact continu me fait ressentir quelque chose. Est-ce que je mélange nostalgie amoureuse et attirance ? J'en sais foutre rien. Je crois que ce n'est pas le moment de se poser une telle question. Les deux coudes sur la table, mon silence laisse la place à tout le témoignage d'une femme qui est en train de bouleverser ma vie à tout jamais. Ineg m'a parlé de sa famille, mais n'a jamais fait de grandes descriptions sur sa sœur. Et quand je regarde Ayna et son souci de protection avec... mon fils, j'ai désormais une idée sur la raison. Ce qu'elles ont dû faire après la mort de leur parent, d'abord le père, puis la mère. Cette arrivée avec leur tante, et évidemment quand Ineg est tombée enceinte. Je m'en veux. Terriblement. Pas une seule fois, je n'ai trouvé de moment pour la retrouver. On s'était dit au revoir, sans promesses, mais une partie de moi regrettait cette séparation. Et je vais vivre avec ça jusqu'à la fin de ma vie.
Elle est donc morte. Mes yeux se ferment, et mes traits se durcissent, mon poing se ferme, mon cœur se brise.
Elnael a l'air d'être un garnement difficile à cadrer, impétueux et regardant toujours l'horizon avec un engouement compréhensible. Pas bien différent de sa mère, pas bien différent de sa tante, et pas bien différent de son père non plus. Qui sommes-nous pour lui en vouloir ? Je n'ai pas vu les heures défiler, je n'ai pas vu la lune nous observer comme un œil sans iris. Je vais regarder ce petit garçon avec un sourire timide qui me trahit, tandis qu'il joue avec des jeunes de son âge, insouciant encore de ce qui l'attend. Ineg a parlé à sa sœur de moi. De ma nature, de mes origines, mais rien de plus. Là aussi, elle cherchait à protéger quelqu'un qu'elle aimait ? Elle n'a jamais vu notre enfant comme un fardeau à porter, et c'est ce dernier point qui me rassure un peu. Beaucoup d'hommes laissent des femmes enceintes sans prendre la responsabilité de s'occuper de leur famille, comme un homme digne de ce nom. Ineg sait pertinemment que j'aurais tout mis de côté pour elle. Mais elle ne l'a pas fait. Elle m'a protégé pour me laisser terminer ma quête, ma propre quête personnelle qui fait que j'en suis là aujourd'hui.
J'entends Ayna renifler, essuyer une larme perlant sur sa joue, je n'ose même pas la réconforter. Et sa dernière réplique sera coupée par une main levée dans sa direction pour l'interrompre.
« Je viens du clan Ryven, Ayna. Les Ryven se protègent, restent soudés et ensemble quoi qu'il arrive. Elnael est un Ryven, j'ai donc des responsabilités. Et je ne pourrais jamais me regarder dans le miroir si je n'honore pas mon rôle. »
Je finis par saisir sa main avec un courage qui me surprend. Ses yeux s'ouvrent, et c'est avec impuissance que je me noie dans ses iris.
« Quand un enfant arrive au monde, des plans doivent changer, et je le ferais. »
J'ai d'énormes chaînes qui me retiennent fermement depuis le Razkaal. Je suis en sursis. Mais je suis un ami du Prévot et j'ai fait mes preuves. Peut-être que finalement, être Limier n'était qu'une étape dans ma vie, et qu'il est désormais temps de tourner une nouvelle page, celle de l'accomplissement d'un homme. Pas un guerrier, un aventurier, un punisseur de criminels ou bien un combattant rêveur qui veut marquer l'histoire.
Mais bien d'être père. Ayna ne le sait peut-être pas encore, mais elle est face à un Drakyn qui est capable de sacrifier énormément pour une cause.
Et il n'y a pas de cause plus importante que la famille.
Nous sommes une famille.
Ça ne sera pas facile, mais on va y arriver.
Ensemble.
Dans mon regard, c'était comme si j'étais dans un long couloir resserré sur ce garçon, qui porte le nom d'un Drakyn qui a tout le respect de notre famille, en ignorant tout le reste. La fête, les gens, et même Ayna. Elnael Ryven était un valeureux guerrier, noble, juste, loyal et très érudit sur les connaissances du monde, de son vivant. J'essaie de me rappeler à quel moment j'ai pu en parler à Ineg, et il me semble que c'était lorsque nous voulions faire plus ample connaissance. Connaître un passé sur un visage aussi beau que ma Luciole bien-aimée. Aujourd'hui, je fais la paix avec une partie de mon passé, en éclaircissant un point qui pour moi ne paraissait pas aussi important. Je suis resté si peu de temps à Kaizoku. Je n'ai jamais promis de revenir, même si mon cœur le désirait de toutes ses forces. J'avais besoin de faire la paix avec moi-même, j'avais besoin de réponses quant à la raison de mon existence ici.
Parce que, s'il y a des mystères dans cet univers qui ne sont pas appelés à être percés, qui nous sommes et pourquoi nous sommes là n'en font pas partie. Ces réponses, on les porte en nous, mais il faut croire que d'autres peuvent nous en donner, et c'est le cas aujourd'hui. Sa main se lie à la mienne dans toute ma surprise, réalisant que j'avais totalement perdu le contrôle, de mes sens, de ma vigilance, ayant presque le sentiment qu'on pourrait aisément m'attaquer par surprise. Seul, vulnérable, désarmé.
Sans éveiller des doutes, on finit par trouver un coin, et j'ai rapidement pigé que d'autres réponses allaient encore me bousculer. Et pour la première fois, je n'avais aucunement la force de préparer mon esprit. J'observe sa main dans la mienne, et ce contact continu me fait ressentir quelque chose. Est-ce que je mélange nostalgie amoureuse et attirance ? J'en sais foutre rien. Je crois que ce n'est pas le moment de se poser une telle question. Les deux coudes sur la table, mon silence laisse la place à tout le témoignage d'une femme qui est en train de bouleverser ma vie à tout jamais. Ineg m'a parlé de sa famille, mais n'a jamais fait de grandes descriptions sur sa sœur. Et quand je regarde Ayna et son souci de protection avec... mon fils, j'ai désormais une idée sur la raison. Ce qu'elles ont dû faire après la mort de leur parent, d'abord le père, puis la mère. Cette arrivée avec leur tante, et évidemment quand Ineg est tombée enceinte. Je m'en veux. Terriblement. Pas une seule fois, je n'ai trouvé de moment pour la retrouver. On s'était dit au revoir, sans promesses, mais une partie de moi regrettait cette séparation. Et je vais vivre avec ça jusqu'à la fin de ma vie.
Elle est donc morte. Mes yeux se ferment, et mes traits se durcissent, mon poing se ferme, mon cœur se brise.
Elnael a l'air d'être un garnement difficile à cadrer, impétueux et regardant toujours l'horizon avec un engouement compréhensible. Pas bien différent de sa mère, pas bien différent de sa tante, et pas bien différent de son père non plus. Qui sommes-nous pour lui en vouloir ? Je n'ai pas vu les heures défiler, je n'ai pas vu la lune nous observer comme un œil sans iris. Je vais regarder ce petit garçon avec un sourire timide qui me trahit, tandis qu'il joue avec des jeunes de son âge, insouciant encore de ce qui l'attend. Ineg a parlé à sa sœur de moi. De ma nature, de mes origines, mais rien de plus. Là aussi, elle cherchait à protéger quelqu'un qu'elle aimait ? Elle n'a jamais vu notre enfant comme un fardeau à porter, et c'est ce dernier point qui me rassure un peu. Beaucoup d'hommes laissent des femmes enceintes sans prendre la responsabilité de s'occuper de leur famille, comme un homme digne de ce nom. Ineg sait pertinemment que j'aurais tout mis de côté pour elle. Mais elle ne l'a pas fait. Elle m'a protégé pour me laisser terminer ma quête, ma propre quête personnelle qui fait que j'en suis là aujourd'hui.
J'entends Ayna renifler, essuyer une larme perlant sur sa joue, je n'ose même pas la réconforter. Et sa dernière réplique sera coupée par une main levée dans sa direction pour l'interrompre.
« Je viens du clan Ryven, Ayna. Les Ryven se protègent, restent soudés et ensemble quoi qu'il arrive. Elnael est un Ryven, j'ai donc des responsabilités. Et je ne pourrais jamais me regarder dans le miroir si je n'honore pas mon rôle. »
Je finis par saisir sa main avec un courage qui me surprend. Ses yeux s'ouvrent, et c'est avec impuissance que je me noie dans ses iris.
« Quand un enfant arrive au monde, des plans doivent changer, et je le ferais. »
J'ai d'énormes chaînes qui me retiennent fermement depuis le Razkaal. Je suis en sursis. Mais je suis un ami du Prévot et j'ai fait mes preuves. Peut-être que finalement, être Limier n'était qu'une étape dans ma vie, et qu'il est désormais temps de tourner une nouvelle page, celle de l'accomplissement d'un homme. Pas un guerrier, un aventurier, un punisseur de criminels ou bien un combattant rêveur qui veut marquer l'histoire.
Mais bien d'être père. Ayna ne le sait peut-être pas encore, mais elle est face à un Drakyn qui est capable de sacrifier énormément pour une cause.
Et il n'y a pas de cause plus importante que la famille.
Nous sommes une famille.
Ça ne sera pas facile, mais on va y arriver.
Ensemble.
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