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Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Nicée n’était pas connue pour être la sœur Noirvitrail la plus expressive et la plus enjouée. Timide de nature et effacée, la demoiselle représentait la part innocente de sa sœur jumelle. Portant dans ses cheveux un ruban cyan, elle était pourtant toute aussi compétente que ses sœurs dans les arts de la fabrication d’objets magiques et se montrait toute aussi surprenante que la virtuose Chrysabelle quand il s’agissait de façonner. Mais contrairement à Chrysabelle, dont l’attitude revêche et parfois mutine pouvait échauder son entourage, Nicée, elle, devenait toute confuse sitôt que les choses commençaient à dégénérer et que le ton montait. Ne sachant jamais où se mettre, elle finissait régulièrement par se confondre en excuses, même quand la situation ne l’exigeait pas.
Elle était cependant la plus agréable et la plus douce des sœurs Noirvitrail, pour peu qu’elle surmonte temporairement sa timidité. Mais surtout, Nicée était matinale, très matinale. Ayant fait ses ablutions matinales bien avant ses feignasses de sœurs, la jeune femme s’était attelée à préparer un petit déjeuner frugal constitué de pain blanc, de figues et de jus de fruit et l’avait consommé dans le plus grand silence tout en lisant un épais ouvrage sur l’affutage des armes.
Vêtue d’une robe de lin à ses couleurs et chaussée de ballerines dorées, Nicée serra sa tunique avec une fine ceinture brillante et se prépara à accueillir le nouveau jour avec bonne humeur. Mais …
C’était sans compter cette drôle d’invitée qui dormait dans l’alcôve.
Elle s’était levée en même temps que Nicée et était restée dans son espace, sans perturber la jeune femme. Nicée l’avait observée discrètement depuis le seuil de la porte, ses yeux grands ouverts pour comprendre les us et les coutumes de la dénommée Parwan Sahriki. Malheureusement pour elle, Nicée avait beau être timide, elle n’en était pas pour autant discrète. Rien ne pouvait tromper les sens affutés de Parwan, même sur une terre étrangère comme la République.
Sa grande sœur avait accepté qu’elle puisse se reposer dans leur sanctuaire, sans leur demander leur avis. Nicée partageant la psyché de sa grande sœur, elle connaissait parfaitement les raisons qui l’avait poussée à l’accepter dans sa maisonnée. Mais si les intentions d’Athénaïs étaient claires, qu’en était-il de ses sœurs ?
Nicée n’avait pas eu l’occasion de reparler aux autres depuis la nuit dernière. Les demoiselles Noirvitrail semblaient bouder dans les tréfonds de l’esprit d’Athénaïs, méditant sur leurs actions. Pour Nicée, le principal sentiment était l’appréhension, mâtiné de curiosité. Si les sœurs partageaient leurs souvenirs, elles restaient des êtres indépendants, bien que nés du potentiel magique d’Athénaïs. Au fil du temps, chaque sœur était devenue un esprit capable de ses propres choix et de ses propres actions, si bien que leur créatrice leur laissait une totale initiative … sauf lorsqu’elles tentaient de faire les chipies.
Il n’en restait pas moins que Nicée, toute clone qu’elle fut, restait curieuse à l’égard de la nomade…
Elle était cependant la plus agréable et la plus douce des sœurs Noirvitrail, pour peu qu’elle surmonte temporairement sa timidité. Mais surtout, Nicée était matinale, très matinale. Ayant fait ses ablutions matinales bien avant ses feignasses de sœurs, la jeune femme s’était attelée à préparer un petit déjeuner frugal constitué de pain blanc, de figues et de jus de fruit et l’avait consommé dans le plus grand silence tout en lisant un épais ouvrage sur l’affutage des armes.
Vêtue d’une robe de lin à ses couleurs et chaussée de ballerines dorées, Nicée serra sa tunique avec une fine ceinture brillante et se prépara à accueillir le nouveau jour avec bonne humeur. Mais …
C’était sans compter cette drôle d’invitée qui dormait dans l’alcôve.
Elle s’était levée en même temps que Nicée et était restée dans son espace, sans perturber la jeune femme. Nicée l’avait observée discrètement depuis le seuil de la porte, ses yeux grands ouverts pour comprendre les us et les coutumes de la dénommée Parwan Sahriki. Malheureusement pour elle, Nicée avait beau être timide, elle n’en était pas pour autant discrète. Rien ne pouvait tromper les sens affutés de Parwan, même sur une terre étrangère comme la République.
Sa grande sœur avait accepté qu’elle puisse se reposer dans leur sanctuaire, sans leur demander leur avis. Nicée partageant la psyché de sa grande sœur, elle connaissait parfaitement les raisons qui l’avait poussée à l’accepter dans sa maisonnée. Mais si les intentions d’Athénaïs étaient claires, qu’en était-il de ses sœurs ?
Nicée n’avait pas eu l’occasion de reparler aux autres depuis la nuit dernière. Les demoiselles Noirvitrail semblaient bouder dans les tréfonds de l’esprit d’Athénaïs, méditant sur leurs actions. Pour Nicée, le principal sentiment était l’appréhension, mâtiné de curiosité. Si les sœurs partageaient leurs souvenirs, elles restaient des êtres indépendants, bien que nés du potentiel magique d’Athénaïs. Au fil du temps, chaque sœur était devenue un esprit capable de ses propres choix et de ses propres actions, si bien que leur créatrice leur laissait une totale initiative … sauf lorsqu’elles tentaient de faire les chipies.
Il n’en restait pas moins que Nicée, toute clone qu’elle fut, restait curieuse à l’égard de la nomade…
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Parwan ouvre les yeux et se redresse sur le carrelage du manoir en se frottant la paupière. Elle est un instant surprise de cet environnement si peu commun pour un réveil.
Quatre murs, un plafond haut, ce silence incroyable... Pas de vent, ni de bruissement de feuilles, ni de cris d'animaux. Et ce sol ; Parwan n'avait jamais dormi sur quelque chose d'aussi plat et lisse. Quel régal, quel privilège, pense-t-elle en passant ses doigts sur les carreaux en céramique. Loués soient les sédentaires et leurs grandes maisons.
Elle glisse hors de sa couverture, l'enroule soigneusement et pose son coussin dessus, ravie d'avoir profité de telles commodités pour la nuit. A genoux sur le sol, elle passe les premiers moments du jour les jambes repliées sous elle
Elle s'arrête un instant. On la regarde. La personne qui va-et-vient entre les appartements l'observe dans l'encadrement obscur de la porte. Parwan fait mine de n'en savoir rien, envahissant ses oreilles de mana par réflexe. Ce n'est pas exactement Athénaïs ; sa respiration est différente, sa façon de marcher aussi. Une de ses clones ? L'impression est familière.
Personne n'est encore levé dans le manoir. Athénaïs dort encore à quelques couloirs de là, des pas résonnent dans les aile adjacentes, à l'autre bout du domaine.
Nul besoin d'alarme. Nonobstant ce regard furtif, elles étaient entre femmes.
La Sahriki délace sa tunique et entreprend de se laver dans la vasque qu'on lui a prodigué la veille, passant le chiffon blanc sur elle avec l'application religieuse qui la caractérisait.
Pour Parwan, chaque geste était un geste de foi, et laver ce corps offert par Dieu n'y faisait pas exception.
Une fois rhabillée, son chapeau circulaire et son voile viennent coiffer son chef et sa longue tresse très noire. Parwan se penche en avant, touche le sol de son front et présente ses paumes au ciel. Elle psalmodie en Qiya.
C'est une pose frappante. Une soumission, un abandon absolu à son dieu.
Des murmures quittent sa bouche, inintelligibles, mais d'une captivante passion. On y devine des éloges, des mercis, des suppliques. Parwan prie, persuadée d'être écoutée.
Le court rituel achevé, elle se redresse, ses grands yeux en amande voyant bien au delà du mur qui lui faisait face.
En attendant qu'Athénaïs vienne la trouver pour prier et rompre le jeûne, elle décide de méditer, croisant les jambes sous sa robe et inspirant profondément.
Mais quelque chose la démange.
Elle grimace, peinant à se concentrer.
…
Finalement elle ouvre les yeux, se tourne droit vers l'encadrement de la porte et fronce les sourcils :
« Ma sœur. »
Sa voix claire brise le silence matinal comme si elle avait crié.
« Je t'en prie, viens t'asseoir avec moi. »
Sa main ouverte reste tendue pour désigner le carrelage juste en face d'elle et ses prunelles magnétique ferment l'espace qui sépare les deux femmes.
Il s'agit autant d'un ordre que d'une invitation.
C'était bien la double délicate de la veille.
Alors lorsqu'elle s'approche, Parwan retrouve la tendresse qu'elle avait eu pour elle la veille, ses yeux cherchant toujours les siens sans succès. Elle sourit.
« Déplaisent aux dieux ceux qui se cachent, ma sœur. » La nomade marque une pause et penche la tête. Sans sa vaste cape pour venir l'envelopper, sans sa large capuche pour venir la coiffer, Parwan dégageait une aura très différente de la veille. Moins solennelle et mystique, plus frêle et domestique, la silhouette de ses épaules se découpant clairement sur sa chemise blanche.
« Gentille copie. Tu as peur de moi. »
Quatre murs, un plafond haut, ce silence incroyable... Pas de vent, ni de bruissement de feuilles, ni de cris d'animaux. Et ce sol ; Parwan n'avait jamais dormi sur quelque chose d'aussi plat et lisse. Quel régal, quel privilège, pense-t-elle en passant ses doigts sur les carreaux en céramique. Loués soient les sédentaires et leurs grandes maisons.
Elle glisse hors de sa couverture, l'enroule soigneusement et pose son coussin dessus, ravie d'avoir profité de telles commodités pour la nuit. A genoux sur le sol, elle passe les premiers moments du jour les jambes repliées sous elle
Elle s'arrête un instant. On la regarde. La personne qui va-et-vient entre les appartements l'observe dans l'encadrement obscur de la porte. Parwan fait mine de n'en savoir rien, envahissant ses oreilles de mana par réflexe. Ce n'est pas exactement Athénaïs ; sa respiration est différente, sa façon de marcher aussi. Une de ses clones ? L'impression est familière.
Personne n'est encore levé dans le manoir. Athénaïs dort encore à quelques couloirs de là, des pas résonnent dans les aile adjacentes, à l'autre bout du domaine.
Nul besoin d'alarme. Nonobstant ce regard furtif, elles étaient entre femmes.
La Sahriki délace sa tunique et entreprend de se laver dans la vasque qu'on lui a prodigué la veille, passant le chiffon blanc sur elle avec l'application religieuse qui la caractérisait.
Pour Parwan, chaque geste était un geste de foi, et laver ce corps offert par Dieu n'y faisait pas exception.
Une fois rhabillée, son chapeau circulaire et son voile viennent coiffer son chef et sa longue tresse très noire. Parwan se penche en avant, touche le sol de son front et présente ses paumes au ciel. Elle psalmodie en Qiya.
C'est une pose frappante. Une soumission, un abandon absolu à son dieu.
Des murmures quittent sa bouche, inintelligibles, mais d'une captivante passion. On y devine des éloges, des mercis, des suppliques. Parwan prie, persuadée d'être écoutée.
Le court rituel achevé, elle se redresse, ses grands yeux en amande voyant bien au delà du mur qui lui faisait face.
En attendant qu'Athénaïs vienne la trouver pour prier et rompre le jeûne, elle décide de méditer, croisant les jambes sous sa robe et inspirant profondément.
Mais quelque chose la démange.
Elle grimace, peinant à se concentrer.
…
Finalement elle ouvre les yeux, se tourne droit vers l'encadrement de la porte et fronce les sourcils :
« Ma sœur. »
Sa voix claire brise le silence matinal comme si elle avait crié.
« Je t'en prie, viens t'asseoir avec moi. »
Sa main ouverte reste tendue pour désigner le carrelage juste en face d'elle et ses prunelles magnétique ferment l'espace qui sépare les deux femmes.
Il s'agit autant d'un ordre que d'une invitation.
C'était bien la double délicate de la veille.
Alors lorsqu'elle s'approche, Parwan retrouve la tendresse qu'elle avait eu pour elle la veille, ses yeux cherchant toujours les siens sans succès. Elle sourit.
« Déplaisent aux dieux ceux qui se cachent, ma sœur. » La nomade marque une pause et penche la tête. Sans sa vaste cape pour venir l'envelopper, sans sa large capuche pour venir la coiffer, Parwan dégageait une aura très différente de la veille. Moins solennelle et mystique, plus frêle et domestique, la silhouette de ses épaules se découpant clairement sur sa chemise blanche.
« Gentille copie. Tu as peur de moi. »
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Lorsque la nomade l’interpela, la jeune femme ne put s’empêcher d’émettre un « hiiip ! » de surprise. Découverte dans sa tentative d’espionnage, Nicée envisagea l’espace d’un instant prendre ses jambes à son cou et s’enfuir prestement. Mais la main tendue de Parwan était une invitation qu’elle ne pouvait décemment refuser. Il aurait été parfaitement impoli et impropre de la part d’une hôte de se soustraire à ses devoirs.
Mademoiselle Nicée de Noirvitrail obéit gentiment à l’injonction de Parwan, s’avançant à pas feutrés dans son sanctuaire, tentant vainement de soutenir le regard de la nomade. Elle se pinça les lèvres, incertaine de la marche à suivre, mais se rendit compte – un peu tard – qu’elle était déjà à genoux sur le carrelage, ses yeux toujours plongés dans ceux de Parwan. Lorsque cette dernière inclina la tête sur le côté, Nicée se surprit à l’imiter, tel un miroir, penchant la tête sur le côté.
Un vieux réflexe de clone, sans doute.
Comprenant que les remontrances de Parwan n’étaient pas pour la réprimander, mais plutôt pour la conseiller, la demoiselle prit un air contrit. Nicée ne pensait jamais à mal, mais sa timidité pouvait la rendre très maladroite dans ses relations au quotidien. Mais quiconque la connaissait un peu – quand elle ne s’enfuyait pas en courant – savait qu’il s’agissait d’une crème aux œufs. Le sourire de la nomade la rassura. Il y avait chez elle à la fois cette assurance tranquille et cette force d’âme qu’elle chérissait tant.
Les mains posées sur ses genoux, la jeune femme contempla Parwan dans la lumière matinale, espérant saisir dans cette image quelque enseignement précieux sur cette énergie sereine qui émanait d’elle. Elle se pinça les lèvres, ne sachant trop quoi répondre à l’affirmation de Parwan quant à sa supposée peur.
Pour toute réponse, Nicée secoua la tête, les yeux fermés, de gauche à droite. Non, elle n’avait pas peur … enfin … pas vraiment … Elle était très courageuse d’abord !
Le silence s’installa tandis que la demoiselle tentait de soutenir le regard de la nomade. Cela demandait un effort particulier à Nicée, qui aurait très clairement préféré utiliser ses forces pour d’autres tâches si elle n’avait pas été piquée au vif par la remarque de Parwan.
« Nicée … mon nom est Nicée … » articula-t-elle toute rouge.
Mademoiselle Nicée de Noirvitrail obéit gentiment à l’injonction de Parwan, s’avançant à pas feutrés dans son sanctuaire, tentant vainement de soutenir le regard de la nomade. Elle se pinça les lèvres, incertaine de la marche à suivre, mais se rendit compte – un peu tard – qu’elle était déjà à genoux sur le carrelage, ses yeux toujours plongés dans ceux de Parwan. Lorsque cette dernière inclina la tête sur le côté, Nicée se surprit à l’imiter, tel un miroir, penchant la tête sur le côté.
Un vieux réflexe de clone, sans doute.
Comprenant que les remontrances de Parwan n’étaient pas pour la réprimander, mais plutôt pour la conseiller, la demoiselle prit un air contrit. Nicée ne pensait jamais à mal, mais sa timidité pouvait la rendre très maladroite dans ses relations au quotidien. Mais quiconque la connaissait un peu – quand elle ne s’enfuyait pas en courant – savait qu’il s’agissait d’une crème aux œufs. Le sourire de la nomade la rassura. Il y avait chez elle à la fois cette assurance tranquille et cette force d’âme qu’elle chérissait tant.
Les mains posées sur ses genoux, la jeune femme contempla Parwan dans la lumière matinale, espérant saisir dans cette image quelque enseignement précieux sur cette énergie sereine qui émanait d’elle. Elle se pinça les lèvres, ne sachant trop quoi répondre à l’affirmation de Parwan quant à sa supposée peur.
Pour toute réponse, Nicée secoua la tête, les yeux fermés, de gauche à droite. Non, elle n’avait pas peur … enfin … pas vraiment … Elle était très courageuse d’abord !
Le silence s’installa tandis que la demoiselle tentait de soutenir le regard de la nomade. Cela demandait un effort particulier à Nicée, qui aurait très clairement préféré utiliser ses forces pour d’autres tâches si elle n’avait pas été piquée au vif par la remarque de Parwan.
« Nicée … mon nom est Nicée … » articula-t-elle toute rouge.
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Parwan Sahriki
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Dès l'instant où elle lui en donne l'occasion, le regard de Parwan s'amarre véritablement à celui de Nicée, l'aspire et y plonge tout à la fois. Ses pupilles vertigineuses semblent y voir tant de choses dans le silence de l'alcôve.
Pourtant, que comprendre, elles qui avaient à peine parlé ?
Mais des forums silencieux se tiennent déjà derrière ses yeux pour parler de ce qu'ils perçoivent, des colloques s'assemblent pour peindre une image de la demoiselle bleu-clair, assise derrière leurs fenêtres d'ambre.
Nicée lui donne timidement son nom... et Parwan doit lutter pour éteindre les instincts protecteurs qui enflamment sa poitrine. A nouveau lui vient cet élan consolatoire, cette envie de lui caresser vigoureusement la tête et lui assurer que tout irait bien. Mais la nomade était femme à contrôler ses pulsions
Lui reviennent en mémoire ses chaudes larmes d'hier, le geste identique à celui d'Athénaïs pour tenter de les cacher.
« Marche en paix dans Sa lumière, Nicée. » souhaite prudemment Parwan qui préférait éviter de bénir une 'chose' qu'elle ne comprenait pas. « Je m'appelle Parwan Sahriki. Du clan Sahriki. Je viens du Reike, loin à l'Ouest. »
...
La nomade, toujours scrutatrice, marque une pause et fronce les sourcils. Elle étend le bras et presse trois doigts contre le front de Nicée.
Quand la copie ne disparaît pas brusquement comme la veille, Parwan frotte son pouce contre ses phalanges, comme lorsqu'on effleure une pierre qui s'effrite.
« Tu es réelle. Je t'avais bien touchée hier... »
« Comment faites-vous pour apparaître, toi et les autres ? Tu n'es pas un simple esprit malin, je sens une âme au fond de tes yeux.
Tu l'as prise à Athénaïs ? Vous vous en êtes toutes découpées une part ? »
La Sahriki menait l'enquête à présent, résolue à exorciser le 'problème' de sa jeune hôtesse. Car c'est ainsi qu'elle considérait ce dédoublement. Nicée et les autres étaient un problème à résoudre. Car leur existence soulevait plusieurs questions d'ordre religieux dans les croyances du shierak Sahriki.
L'âme était unique, intouchable et inaltérable. Y contrevenir relevait du péché. Elle s'inquiétait aussi de ce clonage parfait, car nul ne devait reproduire la création du Soleil et le corps qu'il nous avait donné, de peur de se prendre soit même pour dieu.
De loin en loin, on entendait des récits de possessions et de mauvais sorts dans le désert, les méthodes pour les résoudre.
A sa façon pensive de la toiser, Nicée pourrait penser que Parwan s'apprêtait à brandir des talismans un à un sous son nez, allumer des flambeaux et tracer des cercles à la craie autour d'elle. Une inquiétante exorciste en puissance.
Pourtant, que comprendre, elles qui avaient à peine parlé ?
Mais des forums silencieux se tiennent déjà derrière ses yeux pour parler de ce qu'ils perçoivent, des colloques s'assemblent pour peindre une image de la demoiselle bleu-clair, assise derrière leurs fenêtres d'ambre.
Nicée lui donne timidement son nom... et Parwan doit lutter pour éteindre les instincts protecteurs qui enflamment sa poitrine. A nouveau lui vient cet élan consolatoire, cette envie de lui caresser vigoureusement la tête et lui assurer que tout irait bien. Mais la nomade était femme à contrôler ses pulsions
Lui reviennent en mémoire ses chaudes larmes d'hier, le geste identique à celui d'Athénaïs pour tenter de les cacher.
« Marche en paix dans Sa lumière, Nicée. » souhaite prudemment Parwan qui préférait éviter de bénir une 'chose' qu'elle ne comprenait pas. « Je m'appelle Parwan Sahriki. Du clan Sahriki. Je viens du Reike, loin à l'Ouest. »
...
La nomade, toujours scrutatrice, marque une pause et fronce les sourcils. Elle étend le bras et presse trois doigts contre le front de Nicée.
Quand la copie ne disparaît pas brusquement comme la veille, Parwan frotte son pouce contre ses phalanges, comme lorsqu'on effleure une pierre qui s'effrite.
« Tu es réelle. Je t'avais bien touchée hier... »
« Comment faites-vous pour apparaître, toi et les autres ? Tu n'es pas un simple esprit malin, je sens une âme au fond de tes yeux.
Tu l'as prise à Athénaïs ? Vous vous en êtes toutes découpées une part ? »
La Sahriki menait l'enquête à présent, résolue à exorciser le 'problème' de sa jeune hôtesse. Car c'est ainsi qu'elle considérait ce dédoublement. Nicée et les autres étaient un problème à résoudre. Car leur existence soulevait plusieurs questions d'ordre religieux dans les croyances du shierak Sahriki.
L'âme était unique, intouchable et inaltérable. Y contrevenir relevait du péché. Elle s'inquiétait aussi de ce clonage parfait, car nul ne devait reproduire la création du Soleil et le corps qu'il nous avait donné, de peur de se prendre soit même pour dieu.
De loin en loin, on entendait des récits de possessions et de mauvais sorts dans le désert, les méthodes pour les résoudre.
A sa façon pensive de la toiser, Nicée pourrait penser que Parwan s'apprêtait à brandir des talismans un à un sous son nez, allumer des flambeaux et tracer des cercles à la craie autour d'elle. Une inquiétante exorciste en puissance.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
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Athénaïs de Noirvitrail
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La jeune sœur Noirvitrail frissonna lorsque Parwan posa ses doigts contre son front. Nicée, figée, la regarda telle la patiente d’une rebouteuse en train de préparer ses litanies et ses remèdes avant de sortir une scie à os. Pas bien rassurée par la perspective d’être frappée à coup de bâton sur la tête à la suite d’un malheureux test pour savoir si elle était bien réelle ou pas, la demoiselle aux douces mœurs gonfla les joues, vexé à l’idée qu’on puisse la confondre avec un esprit malin !
« Bien sûr que je suis réelle ! Aussi réelle que le sol sur lequel vous vous tenez. » déclara-t-elle d’un ton boudeur et mutin, ses grands yeux toujours fixés sur la nomade.
Nicée se rendit compte qu’elle avait élevé la voix plus que de raison et s’en voulut instantanément. Elle baissa les yeux et rougit, ses doigts jouant avec les plis de sa robe et trahissant son trouble intérieur. Athénaïs n’aurait pas été contente que Nicée soit inconvenante avec son invitée. La jeune femme se fit toute petite, comme une petite souris face à la montagne qu’était Parwan. Drapée dans ses vêtements, enveloppée dans son voile, elle apparaissait toujours à ses yeux comme une icone vibrante, dont les motifs colorés tissés à même le lin et le coton donnaient à sa présence un caractère presque sacré dans la lumière matinale.
Nicée, bien qu’encore un peu honteuse, sentait une véritable résonnance s’établir entre la nomade et elle. Athénaïs avait prononcé un vœu la veille et les sœurs n’avaient pas donné leur avis, mais Nicée était aussi curieuse que sa sœur ainée et bien que la nomade l’intimidât quelque peu, elle voyait en elle une figure d’autorité. Nicée avait toujours été la plus croyante des sœurs Noirvitrail, mais son Shierak était aussi imparfait que celui des autres, érodé par des siècles sur les terres de la République. Pourtant, en regardant Parwan, en admirant son aura et ses paroles à la fois fermes et douces, Nicée ne pouvait s’empêcher d’envier cette attitude.
« Je … enfin … nous sommes des âmes uniques … toutes nées de la même matrice : celle de ma grande sœur. Nous partageons nos souvenirs avec elle et inversement … même si je sais que certaines de mes sœurs en cachent certains. Les magiciens appellent ça du clonage, mais nous avons toujours été différentes des clones. Nous avons une … personnalité … et des pensées autonomes et nous pouvons apparaitre quand nous en avons envie. Je … je peux dire non à Athénaïs et refuser de disparaître … mais elle ne serait pas très contente. »
Nicée termina son monologue en espérant avoir été assez claire dans ses explications bredouillées. De toutes les sœurs, c’était Eulalie qui en savait le plus sur leur nature car elle était la première à être apparue. Mais la demoiselle était toujours restée très secrète avec sa sœur sur les conditions de son apparition. Instinctivement, ses doigts avaient saisi l’un des plis de la robe de Parwan et parcouru les délicates arabesques tissées dessus, tandis qu’elle se perdait dans ses explications. Lorsque Nicée s’en rendit compte, elle émit un « hip ! » étonné et retira ses mains.
« Je suis désolée, dame Sahriki … Je manque à tous mes devoirs. Mais … je n’ai pas pu m’empêcher … Les motifs de vos vêtements, la succession des tissus, … cela me rappelle quelque chose. »
Nicée avait instinctivement saisi quelque chose qui l’attirait dans l’apparence de Parwan. Quelque chose d’ancien et de sacré. Nicée ne pouvait savoir que les vêtements de la nomade ressemblaient à ceux que portaient ses propres ancêtres, lorsque les Noirvitrail formaient encore un clan évoluant dans les sables du désert. Sans le savoir, Nicée venait de trouver un lien avec ses origines, mais seule une impression troublée subsistait.
« Bien sûr que je suis réelle ! Aussi réelle que le sol sur lequel vous vous tenez. » déclara-t-elle d’un ton boudeur et mutin, ses grands yeux toujours fixés sur la nomade.
Nicée se rendit compte qu’elle avait élevé la voix plus que de raison et s’en voulut instantanément. Elle baissa les yeux et rougit, ses doigts jouant avec les plis de sa robe et trahissant son trouble intérieur. Athénaïs n’aurait pas été contente que Nicée soit inconvenante avec son invitée. La jeune femme se fit toute petite, comme une petite souris face à la montagne qu’était Parwan. Drapée dans ses vêtements, enveloppée dans son voile, elle apparaissait toujours à ses yeux comme une icone vibrante, dont les motifs colorés tissés à même le lin et le coton donnaient à sa présence un caractère presque sacré dans la lumière matinale.
Nicée, bien qu’encore un peu honteuse, sentait une véritable résonnance s’établir entre la nomade et elle. Athénaïs avait prononcé un vœu la veille et les sœurs n’avaient pas donné leur avis, mais Nicée était aussi curieuse que sa sœur ainée et bien que la nomade l’intimidât quelque peu, elle voyait en elle une figure d’autorité. Nicée avait toujours été la plus croyante des sœurs Noirvitrail, mais son Shierak était aussi imparfait que celui des autres, érodé par des siècles sur les terres de la République. Pourtant, en regardant Parwan, en admirant son aura et ses paroles à la fois fermes et douces, Nicée ne pouvait s’empêcher d’envier cette attitude.
« Je … enfin … nous sommes des âmes uniques … toutes nées de la même matrice : celle de ma grande sœur. Nous partageons nos souvenirs avec elle et inversement … même si je sais que certaines de mes sœurs en cachent certains. Les magiciens appellent ça du clonage, mais nous avons toujours été différentes des clones. Nous avons une … personnalité … et des pensées autonomes et nous pouvons apparaitre quand nous en avons envie. Je … je peux dire non à Athénaïs et refuser de disparaître … mais elle ne serait pas très contente. »
Nicée termina son monologue en espérant avoir été assez claire dans ses explications bredouillées. De toutes les sœurs, c’était Eulalie qui en savait le plus sur leur nature car elle était la première à être apparue. Mais la demoiselle était toujours restée très secrète avec sa sœur sur les conditions de son apparition. Instinctivement, ses doigts avaient saisi l’un des plis de la robe de Parwan et parcouru les délicates arabesques tissées dessus, tandis qu’elle se perdait dans ses explications. Lorsque Nicée s’en rendit compte, elle émit un « hip ! » étonné et retira ses mains.
« Je suis désolée, dame Sahriki … Je manque à tous mes devoirs. Mais … je n’ai pas pu m’empêcher … Les motifs de vos vêtements, la succession des tissus, … cela me rappelle quelque chose. »
Nicée avait instinctivement saisi quelque chose qui l’attirait dans l’apparence de Parwan. Quelque chose d’ancien et de sacré. Nicée ne pouvait savoir que les vêtements de la nomade ressemblaient à ceux que portaient ses propres ancêtres, lorsque les Noirvitrail formaient encore un clan évoluant dans les sables du désert. Sans le savoir, Nicée venait de trouver un lien avec ses origines, mais seule une impression troublée subsistait.
Citoyen du Reike
Parwan Sahriki
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Les rayons du Soleil matinal tombent sur les épaules de la Sahriki et le sol autour d'elle. Les poussières en suspension qui dansent lentement dans l'atmosphère semblent flotter par sa volonté.
La jeune demoiselle est touchante quand elle se vexe. Parwan se figure que, entourée de nomades veillant autour d'un feu, elle et les siens auraient mordu à l'hameçon et asticoté Nicée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Elle veut jouer avec elle comme elle le faisait autrefois avec ses sœurs et les jeunes naïves de sa tribu.
Nicée n'était pas une Sahriki, pourtant. Mais elle aurait put. Mais pourquoi cette réflexion maintenant, si loin de chez elle ?
« Bien sûr que je suis réelle ! Aussi réelle que le sol sur lequel vous vous tenez. »
La nomade pose rigoureusement le plat de sa main sur le carrelage pour comparer sa réalité avec celle de son front, comme on le ferait avec une patiente fiévreuse. Elle reste perplexe, les explications de Nicée ne faisant naître que plus de questions.
« Nées de la matrice d'Athénaïs ? Toutes les six ?» s'étonne Parwan en silence, considérant le ventre de Nicée du regard. Sa matrice. Identique à celle de sa grande sœur. La seule que les pieuses limites de son esprit nomade pouvait envisager: Le ventre d'une femme.
« Mais de quelle graine ? De quel père ? Le sien ? » s'interroge-t-elle sans s'émouvoir.
Pour une native du Reike, une fille s'offrant à son géniteur n'avait rien d'inédit. Mais cela restait le lot des sédentaires du désert profond, préférant briser un tabou plutôt que de sombrer dans l'oubli, le sort commun des faibles. On se tenait loin du lustre qu'associait Parwan au patronyme des Noirvitrail, la lignée de celle qui l'accueillait.
Alors (et cela lui demande un effort considérable), Parwan envisage une cause plus probable, plus étherée, bien qu'elle défie ses croyances les plus solidement ancrées.
« ...Par magie ? » accouche-t-elle en grimaçant de son moulin à pensées, fait de dogmes et d'enseignements religieux, souffrant d'imaginer un être humain n'ayant eu besoin d'une graine insuflée par Shehk afin de voir le jour. Plus qu'imaginer, si cela se révélait juste, elle devrait l'accepter car un exemple se tenait sagement assis face à elle. Si réel, si blasphématoire.
L'exercice lui demande tant de ressources qu'elle ne remarque la curiosité de Nicée pour sa robe que lorsque celle ci en lâche hâtivement le pan.
« Je suis désolée, dame Sahriki … Je manque à tous mes devoirs. Mais … je n’ai pas pu m’empêcher … Les motifs de vos vêtements, la succession des tissus, … cela me rappelle quelquechose.»
« Mh ? Ah, le cykl ? » S'étonne Parwan, soudain penchée sur le motif exact qu'avaient quittés les doigts de la demoiselle plutôt que l'ensemble qui l'intriguait; Un couple de traits parallèles s'entrecroisant à intervalles réguliers sur le liseré de son vêtement.
Le motif était d'une folle simplicité, mais il invitait le regard à suivre sa course au bord de sa robe plissée par sa posture en tailleur, effleurant le carrelage comme la fumée d'une pipe, décollant pour venir coiffer la malléole de ses chevilles nues.
« C'est un cykl. » répète Parwan sur un ton pédagogue « La course des Astres. »
Elle joint ses index ensemble et leur fait suivre le chemin des traits parallèles, les entrecroisant a chaque fois qu'une ligne passe au dessus de l'autre. « Un trait pour le Soleil, l'autre pour la Lune. Quand l'Un se lève, l'Autre se couche. Jour, nuit, jour, nuit... »
Nicée le sent. Elle vient de piquer un intérêt fondamental pour la nomade: La couture. Les broderies. L'art d'en faire, l'art de les lire.
«Les cykls sont partout sur nos vêtements. Ici, j'en ai vu davantage sur les huis et les bas de fenêtres.
Il y en a un sur votre porte, à droite de la serrure... »
Lance-t-elle avec un sourire énigmatique, insinuant que le motif parlait à Nicée car elle passait sans doute devant chaque jour en rentrant chez elle.
Sans lui laisser le temps de réaliser, la Sahriki s'approche davantage de Nicée, genoux contre genoux, pour lui expliquer ses vêtements de plus près. Elle entretient l'espoir que, par biais d'exhaustivité, la demoiselle bleu-clair comprenne pleinement les raisons de sa fascination pour eux.
«Chez les gens du désert, les vêtements permettent de se présenter sans parler. Regarde. » Elle désigne l'ourlet de sa tunique courant sur sa poitrine.
« La chèvre noire dit que je suis Sahriki, c'est le symbole de mon clan. Toujours sous un Soleil et une Lune. » Parwan pointe une étoile à quatre branches jouxtant un simple rond. En y regardant bien, les deux astres sont omniprésents où qu'elle regarde et servent souvent de marge aux autres motifs. Des emblèmes si abstraits qu'ils seraient impossibles à identifier sans les éclaircissements de celle qui les porte.
« Les deux diamants couchés disent que je suis une enfant de Keljus, lui même fils de Keljus mon aïeul, petit-fils de Keljus, mon bisaïeul. Dieu l'a béni car il a eu neuf enfants, dont trois après moi. » dit-elle en pointant son menton dignement tatoué des deux losanges de sa lignée.
La nomade poursuit sa visite d'elle-même, expliquant que son chapeau lui vient de son arrière-grande-mère, sa tunique de sa grand-tante, sa ceinture de son premier mariage, son foulard de sa mère, sa robe et son voile de ses propres mains. Quand à sa cape, elle est si vieille qu'elle date peut-être du temps où les Sahrikis étaient encore païens.
Parwan prend garde de ne pas perdre l'intérêt de la demoiselle, l'incluant dans ses explications et bientôt, Nicée pourrait presque lire chaque broderie portée par la Sahriki. Parwan avait demandé à Athénaïs de la rejoindre à l'aube. En son absence, la nomade semblait déjà consumée par son désir d'enseigner et Nicée s'en trouvait l'heureuse(?) récipiendaire.
« Ça, ça ne veut rien dire. Ca non plus. C'est beau, simplement. Ce sont des motifs qu'on apprend de sa famille et qu'on transmet à ses enfants. Celui là, c'est moi qui l'ai inventé. Celui ci aussi. »
Maintenant qu'elle le sait, Nicée peut deviner que les broderies sur une même pièce de vêtement viennent de différentes paires de mains. Peut-être est-ce uniquement parce Parwan les a désignées mais ses motifs paraissent inexplicablement plus "jeunes". Ses arabesques épousent résolument la tradition mais se déploient avec une fraîcheur qui manque à celles de ses aînées.
Parwan conclut en tirant sa cape restée à l'écart, vêtement protecteur aux mailles plus larges, déchirée et reprisée maintes fois.
Comme le reste de sa tenue, les motifs restent discrets mais la finition, de par la nature du support est naturellement plus grossière. Les broderies sont si usées et d'une couleur si semblable au support qu'on les manquerait à moins d'y prêter attention. Sur les bords de la cape, des suites de symboles se succèdent comme des chronologies, toutes de tailles différentes. Celles de ses ancêtres.
« En Qiyah, on appelle ça des parcours. Des symboles offerts par la tribu pour célébrer la vie d'une Sahriki. Voilà le mien, celui de ma mère, celui de mon aïeule, de ma bisaïeule, sans doute mon arrière-arrière-grand mère, etecetera... Chaque symbole raconte un événement. » finit-t-elle en glissant sa cape sur le côté.
L'invitée du manoir a beau l'avoir montré furtivement, Nicée l'a vu. Le parcours de Parwan est vide. Presque. Vide sur sa propre cape. Celui des ancêtres s'étire sur une vingtaine de symboles, parfois plus, celui de sa mère semblait en aligner une douzaine jusqu'à l'inévitable leg de ce vêtement à sa sixième fille.
Sur le parcours de Parwan, il n'y a que le symbole de la chèvre noire par lequel tous les parcours commencent, suivi de trois symboles, trois visages de mauvaise augure, émaciés comme les masques cérémoniels.
Le premier est usé par les décennies, les deux autres à peine. La vie de Parwan se résume en trois faces étranges et inquiétantes.
La jeune demoiselle est touchante quand elle se vexe. Parwan se figure que, entourée de nomades veillant autour d'un feu, elle et les siens auraient mordu à l'hameçon et asticoté Nicée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Elle veut jouer avec elle comme elle le faisait autrefois avec ses sœurs et les jeunes naïves de sa tribu.
Nicée n'était pas une Sahriki, pourtant. Mais elle aurait put. Mais pourquoi cette réflexion maintenant, si loin de chez elle ?
« Bien sûr que je suis réelle ! Aussi réelle que le sol sur lequel vous vous tenez. »
La nomade pose rigoureusement le plat de sa main sur le carrelage pour comparer sa réalité avec celle de son front, comme on le ferait avec une patiente fiévreuse. Elle reste perplexe, les explications de Nicée ne faisant naître que plus de questions.
« Nées de la matrice d'Athénaïs ? Toutes les six ?» s'étonne Parwan en silence, considérant le ventre de Nicée du regard. Sa matrice. Identique à celle de sa grande sœur. La seule que les pieuses limites de son esprit nomade pouvait envisager: Le ventre d'une femme.
« Mais de quelle graine ? De quel père ? Le sien ? » s'interroge-t-elle sans s'émouvoir.
Pour une native du Reike, une fille s'offrant à son géniteur n'avait rien d'inédit. Mais cela restait le lot des sédentaires du désert profond, préférant briser un tabou plutôt que de sombrer dans l'oubli, le sort commun des faibles. On se tenait loin du lustre qu'associait Parwan au patronyme des Noirvitrail, la lignée de celle qui l'accueillait.
Alors (et cela lui demande un effort considérable), Parwan envisage une cause plus probable, plus étherée, bien qu'elle défie ses croyances les plus solidement ancrées.
« ...Par magie ? » accouche-t-elle en grimaçant de son moulin à pensées, fait de dogmes et d'enseignements religieux, souffrant d'imaginer un être humain n'ayant eu besoin d'une graine insuflée par Shehk afin de voir le jour. Plus qu'imaginer, si cela se révélait juste, elle devrait l'accepter car un exemple se tenait sagement assis face à elle. Si réel, si blasphématoire.
L'exercice lui demande tant de ressources qu'elle ne remarque la curiosité de Nicée pour sa robe que lorsque celle ci en lâche hâtivement le pan.
« Je suis désolée, dame Sahriki … Je manque à tous mes devoirs. Mais … je n’ai pas pu m’empêcher … Les motifs de vos vêtements, la succession des tissus, … cela me rappelle quelquechose.»
« Mh ? Ah, le cykl ? » S'étonne Parwan, soudain penchée sur le motif exact qu'avaient quittés les doigts de la demoiselle plutôt que l'ensemble qui l'intriguait; Un couple de traits parallèles s'entrecroisant à intervalles réguliers sur le liseré de son vêtement.
Le motif était d'une folle simplicité, mais il invitait le regard à suivre sa course au bord de sa robe plissée par sa posture en tailleur, effleurant le carrelage comme la fumée d'une pipe, décollant pour venir coiffer la malléole de ses chevilles nues.
« C'est un cykl. » répète Parwan sur un ton pédagogue « La course des Astres. »
Elle joint ses index ensemble et leur fait suivre le chemin des traits parallèles, les entrecroisant a chaque fois qu'une ligne passe au dessus de l'autre. « Un trait pour le Soleil, l'autre pour la Lune. Quand l'Un se lève, l'Autre se couche. Jour, nuit, jour, nuit... »
Nicée le sent. Elle vient de piquer un intérêt fondamental pour la nomade: La couture. Les broderies. L'art d'en faire, l'art de les lire.
«Les cykls sont partout sur nos vêtements. Ici, j'en ai vu davantage sur les huis et les bas de fenêtres.
Il y en a un sur votre porte, à droite de la serrure... »
Lance-t-elle avec un sourire énigmatique, insinuant que le motif parlait à Nicée car elle passait sans doute devant chaque jour en rentrant chez elle.
Sans lui laisser le temps de réaliser, la Sahriki s'approche davantage de Nicée, genoux contre genoux, pour lui expliquer ses vêtements de plus près. Elle entretient l'espoir que, par biais d'exhaustivité, la demoiselle bleu-clair comprenne pleinement les raisons de sa fascination pour eux.
«Chez les gens du désert, les vêtements permettent de se présenter sans parler. Regarde. » Elle désigne l'ourlet de sa tunique courant sur sa poitrine.
« La chèvre noire dit que je suis Sahriki, c'est le symbole de mon clan. Toujours sous un Soleil et une Lune. » Parwan pointe une étoile à quatre branches jouxtant un simple rond. En y regardant bien, les deux astres sont omniprésents où qu'elle regarde et servent souvent de marge aux autres motifs. Des emblèmes si abstraits qu'ils seraient impossibles à identifier sans les éclaircissements de celle qui les porte.
« Les deux diamants couchés disent que je suis une enfant de Keljus, lui même fils de Keljus mon aïeul, petit-fils de Keljus, mon bisaïeul. Dieu l'a béni car il a eu neuf enfants, dont trois après moi. » dit-elle en pointant son menton dignement tatoué des deux losanges de sa lignée.
La nomade poursuit sa visite d'elle-même, expliquant que son chapeau lui vient de son arrière-grande-mère, sa tunique de sa grand-tante, sa ceinture de son premier mariage, son foulard de sa mère, sa robe et son voile de ses propres mains. Quand à sa cape, elle est si vieille qu'elle date peut-être du temps où les Sahrikis étaient encore païens.
Parwan prend garde de ne pas perdre l'intérêt de la demoiselle, l'incluant dans ses explications et bientôt, Nicée pourrait presque lire chaque broderie portée par la Sahriki. Parwan avait demandé à Athénaïs de la rejoindre à l'aube. En son absence, la nomade semblait déjà consumée par son désir d'enseigner et Nicée s'en trouvait l'heureuse(?) récipiendaire.
« Ça, ça ne veut rien dire. Ca non plus. C'est beau, simplement. Ce sont des motifs qu'on apprend de sa famille et qu'on transmet à ses enfants. Celui là, c'est moi qui l'ai inventé. Celui ci aussi. »
Maintenant qu'elle le sait, Nicée peut deviner que les broderies sur une même pièce de vêtement viennent de différentes paires de mains. Peut-être est-ce uniquement parce Parwan les a désignées mais ses motifs paraissent inexplicablement plus "jeunes". Ses arabesques épousent résolument la tradition mais se déploient avec une fraîcheur qui manque à celles de ses aînées.
Parwan conclut en tirant sa cape restée à l'écart, vêtement protecteur aux mailles plus larges, déchirée et reprisée maintes fois.
Comme le reste de sa tenue, les motifs restent discrets mais la finition, de par la nature du support est naturellement plus grossière. Les broderies sont si usées et d'une couleur si semblable au support qu'on les manquerait à moins d'y prêter attention. Sur les bords de la cape, des suites de symboles se succèdent comme des chronologies, toutes de tailles différentes. Celles de ses ancêtres.
« En Qiyah, on appelle ça des parcours. Des symboles offerts par la tribu pour célébrer la vie d'une Sahriki. Voilà le mien, celui de ma mère, celui de mon aïeule, de ma bisaïeule, sans doute mon arrière-arrière-grand mère, etecetera... Chaque symbole raconte un événement. » finit-t-elle en glissant sa cape sur le côté.
L'invitée du manoir a beau l'avoir montré furtivement, Nicée l'a vu. Le parcours de Parwan est vide. Presque. Vide sur sa propre cape. Celui des ancêtres s'étire sur une vingtaine de symboles, parfois plus, celui de sa mère semblait en aligner une douzaine jusqu'à l'inévitable leg de ce vêtement à sa sixième fille.
Sur le parcours de Parwan, il n'y a que le symbole de la chèvre noire par lequel tous les parcours commencent, suivi de trois symboles, trois visages de mauvaise augure, émaciés comme les masques cérémoniels.
Le premier est usé par les décennies, les deux autres à peine. La vie de Parwan se résume en trois faces étranges et inquiétantes.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Nicée avait réussi à détourner subtilement l’attention de la nomade sur des sujets plus intéressants que sa nature véritable. Les clones d’Athénaïs n’aimaient pas spécialement qu’on les prenne pour de petites bêtes curieuses. Elles étaient, à leur corps défendant, aussi réelles qu’un être humain, mais invariablement liées à Athénaïs, pour le meilleur et pour le pire. Les septuplées Noirvitrail s’étaient bien entendu intéressées à leur nature depuis la première apparition d’Eulalie et force était de constater qu’à part se faire des nœuds au cerveau, leurs réflexions n’avaient pas abouti à grand-chose. Nicée, comme ses sœurs, avait décidé de ne pas pousser plus loin ses enquêtes. Les choses étaient comme ça : six esprits dotés de six corps dérivés d’un même esprit-mère. Leurs interactions n’étaient pas des plus simples, mais les années passant, les humeurs de chacune s’étaient harmonisées pour former des relations suffisamment fraternelles et solides pour qu’aucune ne cherche à nuire aux autres.
Il n’était jamais plaisant de devoir expliquer à chaque fois sa nature et les raisons de son existence. Posait-on cette question aux oiseaux, ou aux arbres ? Nicée se pinça les lèvres, soucieuse, mais fut rapidement rattrapée par les explications riches et métaphoriques de dame Parwan.
A mesure que la nomade déroulait le fil de son récit et tissait dans l’imaginaire de Nicée de belles fresques imagées, Nicée ne pouvait que se sentir portée par un tel univers. Les Républicains étaient des artistes figuratifs : une pomme était dessinée comme une pomme. Il n’y avait dans l’esprit républicain que peu de place pour l’abstraction et les symboles. Les choses y étaient mises à nues, visibles et brillantes comme exposées au soleil ; ne laissant que peu de place à l’interprétation, aux sous-entendus et aux métaphores. A voir les arabesques tissées à même la toile et les symboles se déployer en une myriade de constellations filées, les yeux de Nicée dévoraient avec enthousiasme et délectation cet univers qu’elle ne connaissait pas.
Se présenter sans parler … Être à la fois visible, connu, et rester dans l’évocation, le suggéré, l’esquissé. Nicée la discrète ne pouvait que souscrire à une telle forme de représentation culturelle, elle pour qui les mots étaient des enclumes. Ces parcours, dont parlait Parwan, éclairaient d’un jour nouveau cette femme qu’elle connaissait à peine et dont sa sœur avait fait le vœu de tout apprendre. Ils révélaient, sans mot dire, la richesse d’un être et de ceux qui l’avaient précédé, comme autant de témoins discrets qui certifiaient de l’honneur de la nomade. Instinctivement, la jeune fille se sentit en phase avec cet univers de significations muettes, le désert depuis si longtemps oublié sourdant dans ses veines.
Elle ne put cependant questionner Parwan plus avant. Le parcours de Parwan était vide … et Nicée ne pouvait qu’imaginer le pire quant aux trois visages stylisés qui émaillaient son parcours … Ces visages émaciés inscrits sur le tissu étaient suffisamment évocateurs pour que Nicée en comprenne la signification sans avoir à poser la moindre question. Il y avait, dans le geste de Parwan et dans la révélation muette de ces faces blêmes un écho sinistre, qui fit frissonner la jeune fille. Il n’y avait pas besoin de mots … Chaque symbole semblait, sur le tissu, peser tel un boulet sur le corps de la nomade, comme si sa cape était une chaine qu’elle trainait, au lieu d’être portée par les esprits de ses ancêtres. Si la broderie, sublime au début, était une protection sensée porter chance à sa porteuse, elle devenait, au bout du parcours de Parwan, une chaine sinistre.
Par trois fois, le fardeau de la nomade s’était alourdi. Nicée le « sentait » … Mais que dire face à une telle solitude et à une telle détresse ?
Nicée fit alors ce que tout être humain touché par une telle démonstration aurait fait. Ses mains se posèrent sur celle de Parwan tandis qu’elle fixait de ses grands yeux ceux de la nomade.
« Dame Sahriki … Je vous en prie, vous avez le droit à vos secrets. Ne vous forcez pas à révéler ce qui vous est douloureux … »
La jeune femme n’en dit pas plus sur le sujet. Emerveillée par l’univers pictural et symbolique des nomades, elle voyait bien à quel point ces trois figures portaient une signification aux antipodes des belles arabesques qui se déployaient sur les vêtements de dame Sahriki. Par peur de réveiller quelque chose de douloureux, Nicée avait pris les devants, préférant confiner la douleur au silence, pour l’instant. Il y aurait d’autres temps et d’autres lieux pour évoquer ces histoires …
Nicée secoua ses longues boucles brunes et sourit timidement, cherchant à restaurer l’ambiance candide de la découverte des symboles des Sahrikis. Puis, elle mit le doigt sur sa bouche et cligna des yeux.
« Je veux tout savoir de votre univers aux milles fils tissés, mais ma sœur arrive et il me faut m’éclipser. A très vite … dame Sahriki. Ceci restera entre nous, je vous le promets. »
La belle Nicée offrit à Parwan un dernier sourire avant de disparaître dans un « pop » discret. Cet instant partagé resterait entre la nomade et elle et Athénaïs n’en saurait jamais rien. Nicée avait beau être la plus timide des sœurs, c’était aussi, à l’image de quelques autres, une petite cachotière qui avait son petit pré carré rien qu’à elle.
Il ne fallut que quelques secondes à Parwan pour voir émerger dans l’encadrement de la porte la tête ébouriffée de l’héritière des Noirvitrail, ses longues boucles brunes emmêlées comme un buisson d’épines. Elle marmonna quelque chose et se traina vers la nomade avant de s’assoir devant elle. Athénaïs n’était pas vraiment du matin … Les yeux mi-clos, la bouche pâteuse, elle adressa un sourire fatigué à Parwan.
« Bonjour … Votre sommeil a-t-il été agréable ? Désolée je …, dit-elle en baîllant. Je ne suis pas du matin … Par quoi commençons-nous ? »
Il n’était jamais plaisant de devoir expliquer à chaque fois sa nature et les raisons de son existence. Posait-on cette question aux oiseaux, ou aux arbres ? Nicée se pinça les lèvres, soucieuse, mais fut rapidement rattrapée par les explications riches et métaphoriques de dame Parwan.
A mesure que la nomade déroulait le fil de son récit et tissait dans l’imaginaire de Nicée de belles fresques imagées, Nicée ne pouvait que se sentir portée par un tel univers. Les Républicains étaient des artistes figuratifs : une pomme était dessinée comme une pomme. Il n’y avait dans l’esprit républicain que peu de place pour l’abstraction et les symboles. Les choses y étaient mises à nues, visibles et brillantes comme exposées au soleil ; ne laissant que peu de place à l’interprétation, aux sous-entendus et aux métaphores. A voir les arabesques tissées à même la toile et les symboles se déployer en une myriade de constellations filées, les yeux de Nicée dévoraient avec enthousiasme et délectation cet univers qu’elle ne connaissait pas.
Se présenter sans parler … Être à la fois visible, connu, et rester dans l’évocation, le suggéré, l’esquissé. Nicée la discrète ne pouvait que souscrire à une telle forme de représentation culturelle, elle pour qui les mots étaient des enclumes. Ces parcours, dont parlait Parwan, éclairaient d’un jour nouveau cette femme qu’elle connaissait à peine et dont sa sœur avait fait le vœu de tout apprendre. Ils révélaient, sans mot dire, la richesse d’un être et de ceux qui l’avaient précédé, comme autant de témoins discrets qui certifiaient de l’honneur de la nomade. Instinctivement, la jeune fille se sentit en phase avec cet univers de significations muettes, le désert depuis si longtemps oublié sourdant dans ses veines.
Elle ne put cependant questionner Parwan plus avant. Le parcours de Parwan était vide … et Nicée ne pouvait qu’imaginer le pire quant aux trois visages stylisés qui émaillaient son parcours … Ces visages émaciés inscrits sur le tissu étaient suffisamment évocateurs pour que Nicée en comprenne la signification sans avoir à poser la moindre question. Il y avait, dans le geste de Parwan et dans la révélation muette de ces faces blêmes un écho sinistre, qui fit frissonner la jeune fille. Il n’y avait pas besoin de mots … Chaque symbole semblait, sur le tissu, peser tel un boulet sur le corps de la nomade, comme si sa cape était une chaine qu’elle trainait, au lieu d’être portée par les esprits de ses ancêtres. Si la broderie, sublime au début, était une protection sensée porter chance à sa porteuse, elle devenait, au bout du parcours de Parwan, une chaine sinistre.
Par trois fois, le fardeau de la nomade s’était alourdi. Nicée le « sentait » … Mais que dire face à une telle solitude et à une telle détresse ?
Nicée fit alors ce que tout être humain touché par une telle démonstration aurait fait. Ses mains se posèrent sur celle de Parwan tandis qu’elle fixait de ses grands yeux ceux de la nomade.
« Dame Sahriki … Je vous en prie, vous avez le droit à vos secrets. Ne vous forcez pas à révéler ce qui vous est douloureux … »
La jeune femme n’en dit pas plus sur le sujet. Emerveillée par l’univers pictural et symbolique des nomades, elle voyait bien à quel point ces trois figures portaient une signification aux antipodes des belles arabesques qui se déployaient sur les vêtements de dame Sahriki. Par peur de réveiller quelque chose de douloureux, Nicée avait pris les devants, préférant confiner la douleur au silence, pour l’instant. Il y aurait d’autres temps et d’autres lieux pour évoquer ces histoires …
Nicée secoua ses longues boucles brunes et sourit timidement, cherchant à restaurer l’ambiance candide de la découverte des symboles des Sahrikis. Puis, elle mit le doigt sur sa bouche et cligna des yeux.
« Je veux tout savoir de votre univers aux milles fils tissés, mais ma sœur arrive et il me faut m’éclipser. A très vite … dame Sahriki. Ceci restera entre nous, je vous le promets. »
La belle Nicée offrit à Parwan un dernier sourire avant de disparaître dans un « pop » discret. Cet instant partagé resterait entre la nomade et elle et Athénaïs n’en saurait jamais rien. Nicée avait beau être la plus timide des sœurs, c’était aussi, à l’image de quelques autres, une petite cachotière qui avait son petit pré carré rien qu’à elle.
Il ne fallut que quelques secondes à Parwan pour voir émerger dans l’encadrement de la porte la tête ébouriffée de l’héritière des Noirvitrail, ses longues boucles brunes emmêlées comme un buisson d’épines. Elle marmonna quelque chose et se traina vers la nomade avant de s’assoir devant elle. Athénaïs n’était pas vraiment du matin … Les yeux mi-clos, la bouche pâteuse, elle adressa un sourire fatigué à Parwan.
« Bonjour … Votre sommeil a-t-il été agréable ? Désolée je …, dit-elle en baîllant. Je ne suis pas du matin … Par quoi commençons-nous ? »
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Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
« Dame Sahriki … Je vous en prie, vous avez le droit à vos secrets. Ne vous forcez pas à révéler ce qui vous est douloureux … »
Parwan, les mains recouvertes une fois de plus par les douces paumes de son hôtesse, est surprise, voire embarassée, par la vivacité de Nicée.
La copie avait su lire, déchiffrer et deviner son parcours en un claquement de doigt, bien que la nomade se soit efforcée de ne pas l'exposer assez longtemps.
« N... Non, non, ce n'était pas mon intention... » bafouille Parwan, craignant à la fois qu'on pense qu'elle ait voulu dissimuler cette part obscure de sa vie - Après tout, une Sahriki ne mentait jamais - et d'avoir seulement osé ennuyer la jeune femme avec ses vieilles histoires. Mais sa confusion s'estompe face à la gentillesse si prévenante de Nicée.
De toutes celles et ceux qui avaient su lire sa cape dans sa vie, nul n'avait eu telle réaction. Celle de l'empathie. Car ainsi allaient les choses au Reike et l'issue de chaque épreuve se trouvait dans l'acceptation.
Qu'on puisse couvrir une de ses blessure, aussi vieille soit elle, d'un baume de douceur était chose nouvelle pour Parwan.
Et que ce baume vienne d'une presque inconnue à qui elle venait à peine de donner leçon ?
« Je veux tout savoir de votre univers aux milles fils tissés, mais ma sœur arrive et il me faut m’éclipser. A très vite … dame Sahriki. Ceci restera entre nous, je vous le promets. »
Une rhyme ?! Le petit pop laisse la nomade hagarde, regardant autour d'elle en espérant voir une Nicée miniature s'enfuir sous un meuble. « J 'aurait aimé la mettre dans ma poche. » se surprend à penser la nomade. « Pour qu'elle puisse entendre la suite de mes leçons. »
Une image très vive de Nicée, debout dans le creux de sa main, les joues affectueusement pincées entre son pouce et son index, s'impose à son esprit avec tant de force qu'elle doit froncer les sourcils et secouer vigoureusement la tête pour s'en débarrasser.
Mais à quoi pensait-elle, enfin ? - se fâche-t-elle - Avait-elle perdu la raison ?
L'apparition d'Athénaïs l'aide à se recentrer sur elle-même.
Sa véritable élève arrivait.
« Bonjour … Votre sommeil a-t-il été agréable ? Désolée je … , dit-elle en baîllant. Je ne suis pas du matin … Par quoi commençons-nous ? »
La nomade lui rend son sourire, à la fois heureuse de la voir, amusée par sa grâce matinale mais surtout par le contraste entre leur échange de politesses et celui qui allait immédiatement suivre.
« D'abord, bonjour, ma disciple. » l'accueille-t-elle en inclinant légèrement la tête.
« J'ai très bien dormi, merci. Comme rarement. Ensuite... »
* KLACK *
Parwan frappe des mains si proche du visage d'Athénaïs que le souffle balaye ses joues et fait fuir ses cheveux.
Elle garde les mains jointes, laissant passer le choc de cette méthode de réveil, ses dix doigts braqués vers le nez de sa disciple.
Un reste de sourire s'efface de ses lèvres.
« Première leçon. Ne jamais faire attendre son maître.
Je t'avais dit de me rejoindre aux aurores pour la prière du Lever, et maintenant nous sommes en retard pour le saluer. »
Il n'y a aucune sévérité dans sa voix.
Pas même la plus petite trace d'agacement. Elle ne fait qu'énoncer des faits, pourtant son timbre intime le silence.
Ses mains retournent dans son giron puis elle dresse un index, le sourcil froncé, professorale.
« Retiens bien, ma soeur : Chaque matin, le Soleil se lève, prié par ses filles et ses fils. Le Tout-Puissant nous reconnaît car il nous éclaire les premières, avant même d'éclairer le sol sur lequel nous prions.
A partir d'aujourd'hui, tu vas suivre le chemin sur lequel je t'emmène. Vers le regard des Astres. Tu seras matinale. Et tu te lèveras à l'heure où les nuages saluent le Soleil.»
Elle hoche la tête. Ses mots ont l'épaisseur des lois qui ont fait de Parwan la femme qu'elle est. Des lois anciennes qui ont sculptées son moule et qui ne souffrent pas d'objection.
Et Athénaïs peut déjà sentir le poids de ce moule commencer à se former autour d'elle.
Une sensation de pression familière pour l'héritière Noirvitrail, soumise toute sa vie à une éducation étouffante, victime des attentes d'excellence monolithiques de ses parents au point d'en fracturer sa conscience.
Mais une certitude survit derrière l'exigence de la nomade : Celle de la bienveillance, d'une épaule pour la soutenir.
Parwan la guiderait sur le chemin qu'Athénaïs avait embrassé la veille, dans la vérité de l'instant, le soir où elle s'était agenouillée devant sa guide.
Et même elle en venait à regretter son choix, si cette voie s'avérait ne pas être la sienne, au moins était-ce elle qui s'y était engagée, loin des clairons inflexibles l’appelant à un avenir dicté entre quatre murs.
« Si tes copies le peuvent, tu le peux toi aussi. Viens. » glisse-t-elle, comme un indice, comme un exemple de créature qui, sans vraiment être sa disciple - et bien qu'elle en partage les traits - possédait déjà l'attitude que prêchait la guide.
___
Parwan se lève, endosse sa cape et quitte la pièce à grands pas. Elle se dirige vers le salon où elles avaient prêté serment la veille et, alors qu'elle s'approche de la poignée de l'appartement, ne peut retenir un regard prolongé sur l'alcôve concernée .
La porte gronde sur ses gonds, comme des tambours annonçant leur départ et une bouffée d'air s'engouffre dans les quartiers silencieux d'Athénaïs.
Parwan franchit le seuil et s'engage dans le manoir désert. Elle marche pieds nus comme dans les temples, libre de ses précautions de la veille.
Simple invitée discrète au crépuscule, le lendemain, elle enseignait les Astres pour une maîtresse de maison. Et allant au devant, elle évoluait avec naturel et dignité, drapée de cette légitimité nouvelle.
Un naturel tout à fait nomade, cela dit. Car la Sahriki traitait encore les longs couloirs comme les boyaux d'une grotte artificielle, offrant la même attention aux plafonds et aux murs qu'au sol sur lequel elle marchait.
Retraçant l'obscur chemin de la veille, Parwan semble chercher un lieu dont elle a le souvenir. Enfin, elle en voit les rambardes à travers une double porte : La terrasse Est du manoir.
Parwan se retourne enfin vers sa disciple et l'interroge du regard.
« Si c'est convenable, nous allons prier ici. »
Une hésitation. Elle considère son élève puis arrange hâtivement les bouclettes sauvages autour de son visage.
Elle passe ses doigts dans ses cheveux en espérant les dompter mais ils sont immédiatement fait prisonniers.
Parwan, défaite, extrait sa main très lentement pour ne pas faire mal à sa disciple. Son visage grimace de multiples insatisfactions, elles aussi trop nombreuses pour être démêlées maintenant.
« Funérailles... Chaque chose en son temps, je suppose. »
La Sahriki, allergique aux formes même les plus bénignes d'hypocrisie, se refuse à un « Tout va bien. » rassurant. Car ce n'était pas le cas. Alors, avant de se retourner, elle se contente d'un battement de cils anormalement long, espérant que le geste incongru amuse sa disciple sous l'effet de l'incompréhension.
Parwan marque un bref temps de pause, les mains sur les poignées. Les deux battants s'ouvrent en grand et elle fait quelques pas sur la terrasse dans la lumière matinale.
La nomade s'arrête, s'incline respectueusement et continue de marcher jusqu'au centre.
Après quelques instants encore, elle se retourne vers sa disciple et lui sourit, les mains serrées auspicieusement l'une dans l'autre à hauteur de ceinture.
Cette pose... Était ce une sorte d'encouragement silencieux ?
Pourquoi ? Parwan se comportait comme si son élève – qui n'était pourtant pas née de la dernière pluie - rencontrait le Soleil pour la première fois, comme si cette rencontre pouvait être effrayante.
Cette hésitation devant la porte, était de celles que l'on marque avant une audience royale.
Ce que voyait Athénaïs à cet instant, c'était une nomade du Reike devant leur divinité commune, introduisant en silence sa première disciple à l'entité qu'elle révérait plus que tout.
Le silence de la Sahriki n'est pas de ceux qui poussent à dire quelque chose ou à improviser. D'ailleurs Parwan se contente de baisser imperceptiblement la tête en fixant son élève, l'encourageant à s'incliner comme elle avant de la rejoindre.
Face à elle, Parwan annonce. « Tu as de la chance. Nous allons pouvoir être éclairées avant le sol sur lequel nous prions. »
En effet, tout autour d'elle, le Soleil zébrait la terrasse de la forme des balustrades. Mais au centre, une jardinière sculptée bloquait ses rayons obliques, maintenant les dalles à l'ombre et permettant d'appliquer techniquement la règle que Parwan venait d'enseigner.
La nomade sourit malicieusement. « Le Soleil n'est pas dupe. Il voit tous ceux qui le prient en retard. Mais chaque détail compte, chaque petite preuve de dévotion. Le Tout-Puissant se nourrit d'effort et de respect, et il n'en reçoit jamais trop. »
Parwan se met à genoux dans l'ombre et invite sa disciple à la suivre.
Elle lâche un bref soupir silencieux, serrant ses mains d'impatience.
« Jamais trop... » Répète-t-elle pour elle-même en relâchant ses membres.
La nomade se tourne vers son élève.
« Athénaïs. »
Elle n'avait encore jamais prononcé son nom comme ça.
« Je vais t'enseigner ma Vérité. L'ataki shierak Sahriki. Mon shierak.
Je ne te demande pas de l'adopter, simplement de l'apprendre.
Suis mon exemple, visualise ce que tu ressens ; concentre toi sur ce qui te semble juste... et retiens-le, c'est important. »
Elle se remet droite, face au Soleil qui commence à les éclairer. D'une voix feutrée, intime, elle lui décrit chaque geste juste avant de les exécuter elle-même.
« Expire...
...Baisse le regard. Puis la tête, entièrement. »
Quelques secondes passent.
« Tu dois ressentir un soulagement dans ta poitrine.
Ou sur tes épaules.
Car de toutes les actions du monde, tu es en train d'accomplir la plus juste.
Car rien n'est plus vertueux que de s'agenouiller pour saluer le lever de notre Père à toutes, celui qui nous a insufflé la vie. Celui qui règne sur toutes les forces existantes.
Laisse cette gratitude, ce soulagement grandir. Laisse la te remplir peu à peu.
Remercie Shekh pour tout ce qui vit. Remercie le pour toutes tes joies, tes bonheurs, mais surtout pour toutes tes douleurs, toutes tes détresses, toutes tes larmes. Il est à l'origine de chacune d'entre elles car sans lui, tout ne serait que néant.
Ensuite, remercie le pour chacune de tes respirations, chacun tes pas que tu as pris, chacun de tes battements de cils, chacun de tes battements de coeur. Car c'est lui qui t'en donne la force.
Remercie le encore, et quand la gratitude est trop grande à supporter... Prosterne-toi. »
La respiration brève de Parwan transmet l'exact débordement de gratitude qui la submerge alors même qu'elle le décrit.
Elle se penche en avant, le front à un centimètre du sol, les paumes a plat de part et d'autre et caresse de quelques mots le sol de la terrasse.
« Bienvenue de nouveau, Seigneur du Jour, sur le monde que tu as façonné. Ait pitié de ceux qui méritent tes dons et offre leur la force de pouvoir te prier demain. »
Parwan serre les mains sous son visage et pose ses lèvres sur la jointure de ses pouces. Elle a parlé vite, soucieuse de revenir à Athénaïs.
« Reste comme ça un instant.
Sens son regard lointain se poser sur ton dos.
Que tu sois femme libre, esclave ou reine, prosterne toi, car nul maître n'est plus juste que le Soleil.
Embrasse cette soumission, lave toi de toute fierté .
Toi et moi, nous sommes deux fils de laine, serrés dans un coin brumeux de sa tapisserie.
Quand tu seras prête, je t'amènerais au centre et là, tu comprendras. »
Toujours prosternée, Parwan a secrètement tourné son visage vers Athénaïs pour l'envelopper de son regard. Elle sourit fébrilement à la vue du contraste entre sa posture et la sauvage disposition de ses cheveux qu'elle présente à Celui qu'elle prie.
Après quelques instants de silence, assez pour se plonger en soi-même mais trop courts pour s'y abandonner...
« Tu peux te redresser. Le dos droit, regard toujours vers sa robe. Debout...
Recule de quelques pas en t'inclinant et... tu peux lever la tête.
La prière du Lever Sahriki.» Résume-t-elle en souriant vers sa disciple à ses côtés.
« Elle peut durer plus longtemps. Moins, si tu es poursuivie. Je t'apprendrais des versets demain, mais d'abord allons rompre le pain. » ordonne-t-elle vivement. La nomade pivote sur ses talons et rejoint l'entrée, ne laissant pas le temps à Athénaïs pour partager le moindre ressenti.
Son allure rend le trajet impropre à la conversation. Parwan semble vouloir créer une distance entre ses enseignements et les retours de son élève.
Laisser, la pulpe du fruit reposer au fond du verre après l'avoir pressé, ses mots et ses gestes maturer dans l'esprit de la jeune femme en quelques sortes.
La Sahriki finit par ralentir le pas.
« J'ai encore ces pigeons de la veille à plumer, ils devraient avoir un peu faisandé... »
Le serment de la veille résonne derrière ses mots. "...que disgrâce s’abatte sur le maître au ventre moins vide et à la gorge moins sèche que celles à qui elle enseigne."
Politesse ou respect des dogmes, Parwan en oublie son statut d'invitée.
Parwan, les mains recouvertes une fois de plus par les douces paumes de son hôtesse, est surprise, voire embarassée, par la vivacité de Nicée.
La copie avait su lire, déchiffrer et deviner son parcours en un claquement de doigt, bien que la nomade se soit efforcée de ne pas l'exposer assez longtemps.
« N... Non, non, ce n'était pas mon intention... » bafouille Parwan, craignant à la fois qu'on pense qu'elle ait voulu dissimuler cette part obscure de sa vie - Après tout, une Sahriki ne mentait jamais - et d'avoir seulement osé ennuyer la jeune femme avec ses vieilles histoires. Mais sa confusion s'estompe face à la gentillesse si prévenante de Nicée.
De toutes celles et ceux qui avaient su lire sa cape dans sa vie, nul n'avait eu telle réaction. Celle de l'empathie. Car ainsi allaient les choses au Reike et l'issue de chaque épreuve se trouvait dans l'acceptation.
Qu'on puisse couvrir une de ses blessure, aussi vieille soit elle, d'un baume de douceur était chose nouvelle pour Parwan.
Et que ce baume vienne d'une presque inconnue à qui elle venait à peine de donner leçon ?
« Je veux tout savoir de votre univers aux milles fils tissés, mais ma sœur arrive et il me faut m’éclipser. A très vite … dame Sahriki. Ceci restera entre nous, je vous le promets. »
Une rhyme ?! Le petit pop laisse la nomade hagarde, regardant autour d'elle en espérant voir une Nicée miniature s'enfuir sous un meuble. « J 'aurait aimé la mettre dans ma poche. » se surprend à penser la nomade. « Pour qu'elle puisse entendre la suite de mes leçons. »
Une image très vive de Nicée, debout dans le creux de sa main, les joues affectueusement pincées entre son pouce et son index, s'impose à son esprit avec tant de force qu'elle doit froncer les sourcils et secouer vigoureusement la tête pour s'en débarrasser.
Mais à quoi pensait-elle, enfin ? - se fâche-t-elle - Avait-elle perdu la raison ?
L'apparition d'Athénaïs l'aide à se recentrer sur elle-même.
Sa véritable élève arrivait.
« Bonjour … Votre sommeil a-t-il été agréable ? Désolée je … , dit-elle en baîllant. Je ne suis pas du matin … Par quoi commençons-nous ? »
La nomade lui rend son sourire, à la fois heureuse de la voir, amusée par sa grâce matinale mais surtout par le contraste entre leur échange de politesses et celui qui allait immédiatement suivre.
« D'abord, bonjour, ma disciple. » l'accueille-t-elle en inclinant légèrement la tête.
« J'ai très bien dormi, merci. Comme rarement. Ensuite... »
* KLACK *
Parwan frappe des mains si proche du visage d'Athénaïs que le souffle balaye ses joues et fait fuir ses cheveux.
Elle garde les mains jointes, laissant passer le choc de cette méthode de réveil, ses dix doigts braqués vers le nez de sa disciple.
Un reste de sourire s'efface de ses lèvres.
« Première leçon. Ne jamais faire attendre son maître.
Je t'avais dit de me rejoindre aux aurores pour la prière du Lever, et maintenant nous sommes en retard pour le saluer. »
Il n'y a aucune sévérité dans sa voix.
Pas même la plus petite trace d'agacement. Elle ne fait qu'énoncer des faits, pourtant son timbre intime le silence.
Ses mains retournent dans son giron puis elle dresse un index, le sourcil froncé, professorale.
« Retiens bien, ma soeur : Chaque matin, le Soleil se lève, prié par ses filles et ses fils. Le Tout-Puissant nous reconnaît car il nous éclaire les premières, avant même d'éclairer le sol sur lequel nous prions.
A partir d'aujourd'hui, tu vas suivre le chemin sur lequel je t'emmène. Vers le regard des Astres. Tu seras matinale. Et tu te lèveras à l'heure où les nuages saluent le Soleil.»
Elle hoche la tête. Ses mots ont l'épaisseur des lois qui ont fait de Parwan la femme qu'elle est. Des lois anciennes qui ont sculptées son moule et qui ne souffrent pas d'objection.
Et Athénaïs peut déjà sentir le poids de ce moule commencer à se former autour d'elle.
Une sensation de pression familière pour l'héritière Noirvitrail, soumise toute sa vie à une éducation étouffante, victime des attentes d'excellence monolithiques de ses parents au point d'en fracturer sa conscience.
Mais une certitude survit derrière l'exigence de la nomade : Celle de la bienveillance, d'une épaule pour la soutenir.
Parwan la guiderait sur le chemin qu'Athénaïs avait embrassé la veille, dans la vérité de l'instant, le soir où elle s'était agenouillée devant sa guide.
Et même elle en venait à regretter son choix, si cette voie s'avérait ne pas être la sienne, au moins était-ce elle qui s'y était engagée, loin des clairons inflexibles l’appelant à un avenir dicté entre quatre murs.
« Si tes copies le peuvent, tu le peux toi aussi. Viens. » glisse-t-elle, comme un indice, comme un exemple de créature qui, sans vraiment être sa disciple - et bien qu'elle en partage les traits - possédait déjà l'attitude que prêchait la guide.
___
Parwan se lève, endosse sa cape et quitte la pièce à grands pas. Elle se dirige vers le salon où elles avaient prêté serment la veille et, alors qu'elle s'approche de la poignée de l'appartement, ne peut retenir un regard prolongé sur l'alcôve concernée .
La porte gronde sur ses gonds, comme des tambours annonçant leur départ et une bouffée d'air s'engouffre dans les quartiers silencieux d'Athénaïs.
Parwan franchit le seuil et s'engage dans le manoir désert. Elle marche pieds nus comme dans les temples, libre de ses précautions de la veille.
Simple invitée discrète au crépuscule, le lendemain, elle enseignait les Astres pour une maîtresse de maison. Et allant au devant, elle évoluait avec naturel et dignité, drapée de cette légitimité nouvelle.
Un naturel tout à fait nomade, cela dit. Car la Sahriki traitait encore les longs couloirs comme les boyaux d'une grotte artificielle, offrant la même attention aux plafonds et aux murs qu'au sol sur lequel elle marchait.
Retraçant l'obscur chemin de la veille, Parwan semble chercher un lieu dont elle a le souvenir. Enfin, elle en voit les rambardes à travers une double porte : La terrasse Est du manoir.
Parwan se retourne enfin vers sa disciple et l'interroge du regard.
« Si c'est convenable, nous allons prier ici. »
Une hésitation. Elle considère son élève puis arrange hâtivement les bouclettes sauvages autour de son visage.
Elle passe ses doigts dans ses cheveux en espérant les dompter mais ils sont immédiatement fait prisonniers.
Parwan, défaite, extrait sa main très lentement pour ne pas faire mal à sa disciple. Son visage grimace de multiples insatisfactions, elles aussi trop nombreuses pour être démêlées maintenant.
« Funérailles... Chaque chose en son temps, je suppose. »
La Sahriki, allergique aux formes même les plus bénignes d'hypocrisie, se refuse à un « Tout va bien. » rassurant. Car ce n'était pas le cas. Alors, avant de se retourner, elle se contente d'un battement de cils anormalement long, espérant que le geste incongru amuse sa disciple sous l'effet de l'incompréhension.
Parwan marque un bref temps de pause, les mains sur les poignées. Les deux battants s'ouvrent en grand et elle fait quelques pas sur la terrasse dans la lumière matinale.
La nomade s'arrête, s'incline respectueusement et continue de marcher jusqu'au centre.
Après quelques instants encore, elle se retourne vers sa disciple et lui sourit, les mains serrées auspicieusement l'une dans l'autre à hauteur de ceinture.
Cette pose... Était ce une sorte d'encouragement silencieux ?
Pourquoi ? Parwan se comportait comme si son élève – qui n'était pourtant pas née de la dernière pluie - rencontrait le Soleil pour la première fois, comme si cette rencontre pouvait être effrayante.
Cette hésitation devant la porte, était de celles que l'on marque avant une audience royale.
Ce que voyait Athénaïs à cet instant, c'était une nomade du Reike devant leur divinité commune, introduisant en silence sa première disciple à l'entité qu'elle révérait plus que tout.
Le silence de la Sahriki n'est pas de ceux qui poussent à dire quelque chose ou à improviser. D'ailleurs Parwan se contente de baisser imperceptiblement la tête en fixant son élève, l'encourageant à s'incliner comme elle avant de la rejoindre.
Face à elle, Parwan annonce. « Tu as de la chance. Nous allons pouvoir être éclairées avant le sol sur lequel nous prions. »
En effet, tout autour d'elle, le Soleil zébrait la terrasse de la forme des balustrades. Mais au centre, une jardinière sculptée bloquait ses rayons obliques, maintenant les dalles à l'ombre et permettant d'appliquer techniquement la règle que Parwan venait d'enseigner.
La nomade sourit malicieusement. « Le Soleil n'est pas dupe. Il voit tous ceux qui le prient en retard. Mais chaque détail compte, chaque petite preuve de dévotion. Le Tout-Puissant se nourrit d'effort et de respect, et il n'en reçoit jamais trop. »
Parwan se met à genoux dans l'ombre et invite sa disciple à la suivre.
Elle lâche un bref soupir silencieux, serrant ses mains d'impatience.
« Jamais trop... » Répète-t-elle pour elle-même en relâchant ses membres.
La nomade se tourne vers son élève.
« Athénaïs. »
Elle n'avait encore jamais prononcé son nom comme ça.
« Je vais t'enseigner ma Vérité. L'ataki shierak Sahriki. Mon shierak.
Je ne te demande pas de l'adopter, simplement de l'apprendre.
Suis mon exemple, visualise ce que tu ressens ; concentre toi sur ce qui te semble juste... et retiens-le, c'est important. »
Elle se remet droite, face au Soleil qui commence à les éclairer. D'une voix feutrée, intime, elle lui décrit chaque geste juste avant de les exécuter elle-même.
« Expire...
...Baisse le regard. Puis la tête, entièrement. »
Quelques secondes passent.
« Tu dois ressentir un soulagement dans ta poitrine.
Ou sur tes épaules.
Car de toutes les actions du monde, tu es en train d'accomplir la plus juste.
Car rien n'est plus vertueux que de s'agenouiller pour saluer le lever de notre Père à toutes, celui qui nous a insufflé la vie. Celui qui règne sur toutes les forces existantes.
Laisse cette gratitude, ce soulagement grandir. Laisse la te remplir peu à peu.
Remercie Shekh pour tout ce qui vit. Remercie le pour toutes tes joies, tes bonheurs, mais surtout pour toutes tes douleurs, toutes tes détresses, toutes tes larmes. Il est à l'origine de chacune d'entre elles car sans lui, tout ne serait que néant.
Ensuite, remercie le pour chacune de tes respirations, chacun tes pas que tu as pris, chacun de tes battements de cils, chacun de tes battements de coeur. Car c'est lui qui t'en donne la force.
Remercie le encore, et quand la gratitude est trop grande à supporter... Prosterne-toi. »
La respiration brève de Parwan transmet l'exact débordement de gratitude qui la submerge alors même qu'elle le décrit.
Elle se penche en avant, le front à un centimètre du sol, les paumes a plat de part et d'autre et caresse de quelques mots le sol de la terrasse.
« Bienvenue de nouveau, Seigneur du Jour, sur le monde que tu as façonné. Ait pitié de ceux qui méritent tes dons et offre leur la force de pouvoir te prier demain. »
Parwan serre les mains sous son visage et pose ses lèvres sur la jointure de ses pouces. Elle a parlé vite, soucieuse de revenir à Athénaïs.
« Reste comme ça un instant.
Sens son regard lointain se poser sur ton dos.
Que tu sois femme libre, esclave ou reine, prosterne toi, car nul maître n'est plus juste que le Soleil.
Embrasse cette soumission, lave toi de toute fierté .
Toi et moi, nous sommes deux fils de laine, serrés dans un coin brumeux de sa tapisserie.
Quand tu seras prête, je t'amènerais au centre et là, tu comprendras. »
Toujours prosternée, Parwan a secrètement tourné son visage vers Athénaïs pour l'envelopper de son regard. Elle sourit fébrilement à la vue du contraste entre sa posture et la sauvage disposition de ses cheveux qu'elle présente à Celui qu'elle prie.
Après quelques instants de silence, assez pour se plonger en soi-même mais trop courts pour s'y abandonner...
« Tu peux te redresser. Le dos droit, regard toujours vers sa robe. Debout...
Recule de quelques pas en t'inclinant et... tu peux lever la tête.
La prière du Lever Sahriki.» Résume-t-elle en souriant vers sa disciple à ses côtés.
« Elle peut durer plus longtemps. Moins, si tu es poursuivie. Je t'apprendrais des versets demain, mais d'abord allons rompre le pain. » ordonne-t-elle vivement. La nomade pivote sur ses talons et rejoint l'entrée, ne laissant pas le temps à Athénaïs pour partager le moindre ressenti.
Son allure rend le trajet impropre à la conversation. Parwan semble vouloir créer une distance entre ses enseignements et les retours de son élève.
Laisser, la pulpe du fruit reposer au fond du verre après l'avoir pressé, ses mots et ses gestes maturer dans l'esprit de la jeune femme en quelques sortes.
La Sahriki finit par ralentir le pas.
« J'ai encore ces pigeons de la veille à plumer, ils devraient avoir un peu faisandé... »
Le serment de la veille résonne derrière ses mots. "...que disgrâce s’abatte sur le maître au ventre moins vide et à la gorge moins sèche que celles à qui elle enseigne."
Politesse ou respect des dogmes, Parwan en oublie son statut d'invitée.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Le *KLACK* sonore la fit sursauter. D’instinct, Athénaïs l’endormie émit un « hiiiiip ! » effrayé. Elle n’était pas du matin, mais le matin se rappelait à elle, sous la forme d’une nomade dont la patience était mise à l’épreuve. La jeune femme, les yeux écarquillés, mais toujours la tête enfarinée, battit des cils, essayant de rattraper ses idées dans les brumes de Néphélé. Le sourire de dame Sahriki s’était effacé et Athénaïs sentit qu’elle venait de commettre sa première – mais pas la dernière – bévue avec son mentor. Son ton n’était pas sévère, mais les faits étaient là et ils étaient indisputables : elle était en retard et avait manqué à sa parole. Honteuse, la jeune femme baissa les yeux sur le bout de ses ballerines marron et se pinça les lèvres. Devait-elle présenter immédiatement des excuses ? Devait-elle acquiescer sans broncher ? A vrai dire, à cet instant, elle aurait bien eu besoin d’un véritable manuel de traduction des us et coutumes sahrikis.
Parwan la sermonna avec fermeté, mais sans méchanceté, le tout dans sa langue chantante. L’accent était très différent de ce à quoi Athénaïs était habituée, mais la nomade parla lentement. Que ce fut pour qu’elle imprime correctement ses paroles ou par respect pour le fait que son Shierak Qiyah était un peu rouillé et aux sonorités différentes de celui des Reikois, Athénaïs apprécia le geste à sa juste valeur. Dans sa bouche, les mots prenaient une consistance bien plus grande que ceux qui émergeaient des ouvrages traitant de théologie. Il y avait dans son ton professoral, le timbre de celle qui désire instruire son étudiante et la faire méditer sur ses paroles. Malgré les remontrances, Athénaïs sentit qu’il y avait dans la voix de Parwan la même forme de pardon que l’on pouvait observer chez ces enseignants qui acceptaient que leurs étudiants commettent des erreurs, tout en les orientant vers la bonne réponse.
La bonne réponse … ou dans son cas, le bon comportement.
La demoiselle aux cheveux bouclés médita sur les paroles de Parwan, chaque mot l’enveloppant délicatement. Apprendre était une forme de métamorphose pour l’étudiant. A mesure que les leçons s’enchainaient, le professeur tissait la trame d’un cocon solide dans lequel l’étudiant se fondait, jusqu’à entamer sa mue et renaître en un être accompli. Lentement, les mots de Parwan tissaient des fils invisibles autour d’elle, des fils qui petit à petit, allaient former un cocon d’enseignements shierak qui orienteraient sa mue future. Athénaïs ne le savait pas encore, mais cette première leçon, une fois digérée, allait faire d’elle un témoin régulier de nombreux et magnifiques levers de soleil. Elle releva la tête et déclara penaude :
« Je suis désolé, soeur Palouane. Je tâcherai de faire mieux à présent. »
Elle l’avait appelé sœur, pour faire écho à ses propres mots. Avait-elle raison de l’appeler comme ça ? Parwan était son mentor, mais devait-elle déclarer une forme de respect plus prononcé ? Alors qu’elle méditait sur la question, la nomade lâcha d’un trait une phrase sibylline au sujet de ses sœurs. Ainsi donc, une de ces petites enquiquineuses s’était bel et bien levée plus tôt qu’elle et n’avait pas daigné partager ses souvenirs avec l’original. Foi de Noirvitrail, elle allait devoir cuisiner ces petites gourgandines bien assez tôt. Plissant les yeux pour essayer de capturer de nouveaux indices dans le regard impassible de Parwan, elle se rendit rapidement à l’évidence : plus elle tentait de plonger dans son regard et plus elle sentait qu’elle pouvait s’y noyer. Il lui manquait quelque chose pour en saisir toute l’intensité … Elle le ressentait au plus profond d’elle-même
La terrasse est du manoir allait servir de lieu de prière. Il en serait ainsi pendant de nombreux matins … Parwan, tissant toujours ses fils invisibles et délicats, venait de choisir un endroit adéquat pour prier. Athénaïs resta interdite devant le choix du lieu. Son Shierak s’accommodait de tous les lieux pour prier. Les exilés reikois ne disposaient pas de lieux de prière spécifiques. La précarité de leur situation n’avait pas permis de faire naître des temples ou des espaces ouverts nécessaires aux rituels les plus simples. Faute d’espace sacré dédié, les Shieraks exilés en République s’étaient réfugiés dans des rituels discrets, le plus souvent à l’intérieur des maisons, où le soleil n’entrait que par rayons. Les plus anciens et les plus croyants priaient généralement dans de petits espaces et généralement des patios peu éclairés, la prière à l’air libre et dans l’espace public étant mal vue dans les rues de Justice. Il existait en République une grande tolérance vis-à-vis des religions, mais ces pratiques devaient rester dans le cercle privé. Le Shierak républicain s’était adapté à ce nouveau monde … troquant une partie de ses rituels contre une tranquillité bien méritée et un refuge contre la barbarie reikoise … mais perdant une grande partie de son sens premier en cours de route.
L’univers de Parwan était un foisonnement de symboles et de convenances qui attisait la curiosité d’Athénaïs avec une vigueur renouvelée. Chaque geste de la nomade était d’une précision et d’une rigueur guidé par les enseignements de sa foi et d’une vie qu’Athénaïs imaginait aussi dure que le soleil écrasant du désert. Il y avait dans chacun de ces pas une foulée assurée et dans chacun de ses mots une économie de bavardage qui rendait chaque parole aussi précieuse que de l’eau de source. Qui était Parwan avant d’être métamorphosée par les enseignements du Shierak ? Etait-elle comme elle ? Quel avait été son parcours pour que cette montagne de sérénité paraisse aussi inébranlable et confiante dans sa propre existence et sa propre place dans le monde ?
Alors qu’un millier de questions se pressaient dans son esprit, la nomade se porta à la hauteur de sa disciple et entreprit de repousser les mèches de ses cheveux derrière ses oreilles, visiblement contrariée. Ces derniers répliquèrent comme une marée de serpents, tentant de piéger ses doigts pour les mordre et punir cet affront. Elle semblait insatisfaite, et Athénaïs se demanda pourquoi tandis que son mentor jurait dans sa langue. Elle pencha la tête sur le côté, ses longues boucles se retombant dans une cascade désordonnée sur ses épaules, se demandant si elle avait fait quelque chose de mal.
Un silence …
Les portes s’ouvrirent sur la terrasse encore baignée dans la clarté nocturne du ciel de Justice. Le soleil commençait à poindre, mais n’inondait pas encore de ses rayons le manoir des Noirvitrail. Les pierres fraiches, baignées dans la pénombre, n’arboraient pas cet aspect presque scintillant qu’on leur connaissait au petit jour. Il régnait sur la terrasse une impression de fraicheur agréable, qui mettait les sens en éveil et mit tout de suite la magicienne à l’aise. La nomade souriait, visiblement très satisfaite de ce qu’elle s’apprêtait à lui enseigner, et l’invita à se joindre à elle. Athénaïs, perplexe mais curieuse, imita Parwan et se déchaussa, ses pieds nus effleurant le sol frais de la terrasse et lui renvoyant un doux frisson.
« Je vous suis. »
Le Soleil commençait à peine à effleurer la terrasse lorsque Athénaïs s’agenouilla aux côtés de la nomade. Une légère brise venait jouer avec son voile et sa natte, cette même brise qui faisait flotter les cheveux bouclés de la magicienne avec souplesse. Curieuse, cette dernière hocha la tête d’un air compréhensif quand la nomade lui expliqua que l’astre solaire réclamait des marques de dévotion et de respect. Il était parfaitement normal pour une Shierak de considérer que les astres, en premier lieu le Soleil, étaient des divinités. Ses coreligionnaires républicains, voyaient dans les astres des puissances bienveillantes et l’expression divine de leurs ancêtres, qui veillaient sur eux depuis le firmament. Ils étaient des figures bienveillantes, que l’on louait à l’envie et que l’on célébrait pour leur présence au quotidien. Parwan et elle vénérait les mêmes astres, mais son ton et ses mots esquissaient une figure bien différente de celle à laquelle elle était habituée. Dans sa bouche, le Soleil se muait en « Tout-Puissant », une figure à la fois omniprésente et omnisciente ; bien loin de ce à quoi elle était habituée. Il y avait de la gravité dans sa voix, une attente solennelle … une forme de respect matinée de … crainte ?
C’est alors qu’elle lui demanda de calquer ses mouvements sur les siens. Sans pression, sans chercher à lui imposer quoi que ce soit, elle la guida, l’enjoignant à répéter ses gestes. Athénaïs resta interdite : c’était bien la première fois qu’on ne lui imposait pas quelque chose et qu’on lui demandait simplement de se concentrer sur ce qui lui paraissait important. Nulle pression, nulle injonction … simplement une simple incitation à suivre l’exemple, à sa manière. Elle finit par la rejoindre et s’agenouilla avant que les rayons du soleil ne viennent heurter son visage mat. Lentement, elle baissa le regard, et fit basculer sa tête vers l’avant jusqu’à ce que son front frôle le dallage frais.
Les longues boucles d’Athénaïs se déversèrent sur la terrasse en une multitudes de vagues brunes. Elle inspira profondément, calant sa respiration sur les battements de son cœur, puis expira son souffle chaud sur les pavés frais. Tranquillement, sa respiration l’apaisa et elle focalisa son esprit sur les mots de Parwan. La nomade prononçait un prélude à la prière sous la forme d’une leçon pour elle. Athénaïs se sentit quelque peu troublée par le ton employé par sa binôme. Celle-ci s’exprimait avec un ton qui trahissait une véritable crainte, matinée d’un amour sincère pour le Soleil. Sa force de conviction, de même que le vocabulaire employé, résonna dans le cœur et dans l’esprit d’Athénaïs. Elle n’était vraiment pas habituée à une telle volonté dans la prononciation liturgique, elle qui avait plutôt l’habitude des prières plus douces et plus enjouées. Pourtant … ses paroles restaient particulièrement puissantes et prenantes. C’était une leçon rien que pour elle, une initiation à un univers de symboles et de traditions que la jeune femme ne pouvait qu’imaginer. Il y avait là autant le plaisir de la découverte que l’appréhension de découvrir que la manière dont elle vénérait les astres s’avérait totalement fausse. Une pointe de doute vint se loger dans son esprit, la gênant momentanément. Et si sa manière d’adorer ses dieux était … fausse ? Et si depuis tout ce temps, le Shierak républicain se trompait de voie. La force de conviction qui jaillissait de Parwan avait de quoi semer les graines du doute. Aucun de ses coreligionnaires ne s’exprimait avec une telle confiance et une telle gratitude dans sa voix …
Athénaïs sentit que petit à petit, les fils tissés par Parwan formaient un cocon à la fois rassurant et cadrant, tant et si bien qu’elle ne pouvait que suivre avec attention son mentor. Alors elle fit ce que toute bonne disciple aurait fait et se mit à prier avec la nomade.
« Bienvenue de nouveau, Seigneur du Jour, sur le monde que tu as façonné. Ait pitié de ceux qui méritent tes dons et offre leur la force de pouvoir te prier demain. »
Les mains posées à plat sur le sol, Athénaïs resta quelques instants le temps de sentir les rayons du soleil caresser ses épaules et ses boucles. Le Soleil, contrairement à ce que Parwan laissait entendre, semblait particulièrement doux et accueillant en cette matinée. Il semblait accueillir la croyante avec douceur et volupté, tant et si bien qu’elle se sentit particulièrement à son aise entre ses rayons. Finalement, elle se redressa, laissa ses yeux trainer sur le sol et se releva lentement en faisant quelques pas en arrière, posture inclinée. Tête redressée, elle mit instinctivement la main devant ses yeux pour se protéger de l’astre qui émergeait de la canopée de la ville. Le Soleil, malgré son accueil, restait un astre dont il fallait détourner le regard.
Athénaïs rechaussa ses ballerines avant de rentrer à l’ombre et d’emboiter le pas à la nomade. Il lui sembla que le Soleil tentait de retenir ses boucles, comme si ses rayons s’accrochaient à ses cheveux ... à moins que ce ne fusse la brise. Un petit déjeuner s’imposait, mais à l’évocation d’un repas fait de pigeons urbains décédés, le sang de la demoiselle ne fit qu’un tour. Elle qui était restée d’une discrétion à toute épreuve se positionna comme une bourrasque devant Parwan, l’air courroucé !
« C’est hors de question, Palouane Sahriki ! Hors de question que notre petit-déjeuner soit constitué de pigeons crevés ! Nous allons manger, oui, mais nous mangerons des croissants, des figues et de la confiture ! Venez immédiatement et vous me ferez le plaisir de jeter ces pauvres créatures aux ordures. »
Quelques minutes plus tard, les deux femmes se retrouvèrent dans la cuisine de la veille. Entre elles, un pot de confiture, un bol de figue et des croissants livrés comme à leur habitude à domicile. La demoiselle affichait un large sourire, celui de celle qui s’apprêtait à faire un excellent casse-dalle pour entamer sa journée.
« Mangez, Palouane. dit-elle en enfournant un croissant dans sa bouche. Ch’est meilleur que le picheon ! Je fous montrerai la ville après ! »
Parwan la sermonna avec fermeté, mais sans méchanceté, le tout dans sa langue chantante. L’accent était très différent de ce à quoi Athénaïs était habituée, mais la nomade parla lentement. Que ce fut pour qu’elle imprime correctement ses paroles ou par respect pour le fait que son Shierak Qiyah était un peu rouillé et aux sonorités différentes de celui des Reikois, Athénaïs apprécia le geste à sa juste valeur. Dans sa bouche, les mots prenaient une consistance bien plus grande que ceux qui émergeaient des ouvrages traitant de théologie. Il y avait dans son ton professoral, le timbre de celle qui désire instruire son étudiante et la faire méditer sur ses paroles. Malgré les remontrances, Athénaïs sentit qu’il y avait dans la voix de Parwan la même forme de pardon que l’on pouvait observer chez ces enseignants qui acceptaient que leurs étudiants commettent des erreurs, tout en les orientant vers la bonne réponse.
La bonne réponse … ou dans son cas, le bon comportement.
La demoiselle aux cheveux bouclés médita sur les paroles de Parwan, chaque mot l’enveloppant délicatement. Apprendre était une forme de métamorphose pour l’étudiant. A mesure que les leçons s’enchainaient, le professeur tissait la trame d’un cocon solide dans lequel l’étudiant se fondait, jusqu’à entamer sa mue et renaître en un être accompli. Lentement, les mots de Parwan tissaient des fils invisibles autour d’elle, des fils qui petit à petit, allaient former un cocon d’enseignements shierak qui orienteraient sa mue future. Athénaïs ne le savait pas encore, mais cette première leçon, une fois digérée, allait faire d’elle un témoin régulier de nombreux et magnifiques levers de soleil. Elle releva la tête et déclara penaude :
« Je suis désolé, soeur Palouane. Je tâcherai de faire mieux à présent. »
Elle l’avait appelé sœur, pour faire écho à ses propres mots. Avait-elle raison de l’appeler comme ça ? Parwan était son mentor, mais devait-elle déclarer une forme de respect plus prononcé ? Alors qu’elle méditait sur la question, la nomade lâcha d’un trait une phrase sibylline au sujet de ses sœurs. Ainsi donc, une de ces petites enquiquineuses s’était bel et bien levée plus tôt qu’elle et n’avait pas daigné partager ses souvenirs avec l’original. Foi de Noirvitrail, elle allait devoir cuisiner ces petites gourgandines bien assez tôt. Plissant les yeux pour essayer de capturer de nouveaux indices dans le regard impassible de Parwan, elle se rendit rapidement à l’évidence : plus elle tentait de plonger dans son regard et plus elle sentait qu’elle pouvait s’y noyer. Il lui manquait quelque chose pour en saisir toute l’intensité … Elle le ressentait au plus profond d’elle-même
La terrasse est du manoir allait servir de lieu de prière. Il en serait ainsi pendant de nombreux matins … Parwan, tissant toujours ses fils invisibles et délicats, venait de choisir un endroit adéquat pour prier. Athénaïs resta interdite devant le choix du lieu. Son Shierak s’accommodait de tous les lieux pour prier. Les exilés reikois ne disposaient pas de lieux de prière spécifiques. La précarité de leur situation n’avait pas permis de faire naître des temples ou des espaces ouverts nécessaires aux rituels les plus simples. Faute d’espace sacré dédié, les Shieraks exilés en République s’étaient réfugiés dans des rituels discrets, le plus souvent à l’intérieur des maisons, où le soleil n’entrait que par rayons. Les plus anciens et les plus croyants priaient généralement dans de petits espaces et généralement des patios peu éclairés, la prière à l’air libre et dans l’espace public étant mal vue dans les rues de Justice. Il existait en République une grande tolérance vis-à-vis des religions, mais ces pratiques devaient rester dans le cercle privé. Le Shierak républicain s’était adapté à ce nouveau monde … troquant une partie de ses rituels contre une tranquillité bien méritée et un refuge contre la barbarie reikoise … mais perdant une grande partie de son sens premier en cours de route.
L’univers de Parwan était un foisonnement de symboles et de convenances qui attisait la curiosité d’Athénaïs avec une vigueur renouvelée. Chaque geste de la nomade était d’une précision et d’une rigueur guidé par les enseignements de sa foi et d’une vie qu’Athénaïs imaginait aussi dure que le soleil écrasant du désert. Il y avait dans chacun de ces pas une foulée assurée et dans chacun de ses mots une économie de bavardage qui rendait chaque parole aussi précieuse que de l’eau de source. Qui était Parwan avant d’être métamorphosée par les enseignements du Shierak ? Etait-elle comme elle ? Quel avait été son parcours pour que cette montagne de sérénité paraisse aussi inébranlable et confiante dans sa propre existence et sa propre place dans le monde ?
Alors qu’un millier de questions se pressaient dans son esprit, la nomade se porta à la hauteur de sa disciple et entreprit de repousser les mèches de ses cheveux derrière ses oreilles, visiblement contrariée. Ces derniers répliquèrent comme une marée de serpents, tentant de piéger ses doigts pour les mordre et punir cet affront. Elle semblait insatisfaite, et Athénaïs se demanda pourquoi tandis que son mentor jurait dans sa langue. Elle pencha la tête sur le côté, ses longues boucles se retombant dans une cascade désordonnée sur ses épaules, se demandant si elle avait fait quelque chose de mal.
Un silence …
Les portes s’ouvrirent sur la terrasse encore baignée dans la clarté nocturne du ciel de Justice. Le soleil commençait à poindre, mais n’inondait pas encore de ses rayons le manoir des Noirvitrail. Les pierres fraiches, baignées dans la pénombre, n’arboraient pas cet aspect presque scintillant qu’on leur connaissait au petit jour. Il régnait sur la terrasse une impression de fraicheur agréable, qui mettait les sens en éveil et mit tout de suite la magicienne à l’aise. La nomade souriait, visiblement très satisfaite de ce qu’elle s’apprêtait à lui enseigner, et l’invita à se joindre à elle. Athénaïs, perplexe mais curieuse, imita Parwan et se déchaussa, ses pieds nus effleurant le sol frais de la terrasse et lui renvoyant un doux frisson.
« Je vous suis. »
Le Soleil commençait à peine à effleurer la terrasse lorsque Athénaïs s’agenouilla aux côtés de la nomade. Une légère brise venait jouer avec son voile et sa natte, cette même brise qui faisait flotter les cheveux bouclés de la magicienne avec souplesse. Curieuse, cette dernière hocha la tête d’un air compréhensif quand la nomade lui expliqua que l’astre solaire réclamait des marques de dévotion et de respect. Il était parfaitement normal pour une Shierak de considérer que les astres, en premier lieu le Soleil, étaient des divinités. Ses coreligionnaires républicains, voyaient dans les astres des puissances bienveillantes et l’expression divine de leurs ancêtres, qui veillaient sur eux depuis le firmament. Ils étaient des figures bienveillantes, que l’on louait à l’envie et que l’on célébrait pour leur présence au quotidien. Parwan et elle vénérait les mêmes astres, mais son ton et ses mots esquissaient une figure bien différente de celle à laquelle elle était habituée. Dans sa bouche, le Soleil se muait en « Tout-Puissant », une figure à la fois omniprésente et omnisciente ; bien loin de ce à quoi elle était habituée. Il y avait de la gravité dans sa voix, une attente solennelle … une forme de respect matinée de … crainte ?
C’est alors qu’elle lui demanda de calquer ses mouvements sur les siens. Sans pression, sans chercher à lui imposer quoi que ce soit, elle la guida, l’enjoignant à répéter ses gestes. Athénaïs resta interdite : c’était bien la première fois qu’on ne lui imposait pas quelque chose et qu’on lui demandait simplement de se concentrer sur ce qui lui paraissait important. Nulle pression, nulle injonction … simplement une simple incitation à suivre l’exemple, à sa manière. Elle finit par la rejoindre et s’agenouilla avant que les rayons du soleil ne viennent heurter son visage mat. Lentement, elle baissa le regard, et fit basculer sa tête vers l’avant jusqu’à ce que son front frôle le dallage frais.
Les longues boucles d’Athénaïs se déversèrent sur la terrasse en une multitudes de vagues brunes. Elle inspira profondément, calant sa respiration sur les battements de son cœur, puis expira son souffle chaud sur les pavés frais. Tranquillement, sa respiration l’apaisa et elle focalisa son esprit sur les mots de Parwan. La nomade prononçait un prélude à la prière sous la forme d’une leçon pour elle. Athénaïs se sentit quelque peu troublée par le ton employé par sa binôme. Celle-ci s’exprimait avec un ton qui trahissait une véritable crainte, matinée d’un amour sincère pour le Soleil. Sa force de conviction, de même que le vocabulaire employé, résonna dans le cœur et dans l’esprit d’Athénaïs. Elle n’était vraiment pas habituée à une telle volonté dans la prononciation liturgique, elle qui avait plutôt l’habitude des prières plus douces et plus enjouées. Pourtant … ses paroles restaient particulièrement puissantes et prenantes. C’était une leçon rien que pour elle, une initiation à un univers de symboles et de traditions que la jeune femme ne pouvait qu’imaginer. Il y avait là autant le plaisir de la découverte que l’appréhension de découvrir que la manière dont elle vénérait les astres s’avérait totalement fausse. Une pointe de doute vint se loger dans son esprit, la gênant momentanément. Et si sa manière d’adorer ses dieux était … fausse ? Et si depuis tout ce temps, le Shierak républicain se trompait de voie. La force de conviction qui jaillissait de Parwan avait de quoi semer les graines du doute. Aucun de ses coreligionnaires ne s’exprimait avec une telle confiance et une telle gratitude dans sa voix …
Athénaïs sentit que petit à petit, les fils tissés par Parwan formaient un cocon à la fois rassurant et cadrant, tant et si bien qu’elle ne pouvait que suivre avec attention son mentor. Alors elle fit ce que toute bonne disciple aurait fait et se mit à prier avec la nomade.
« Bienvenue de nouveau, Seigneur du Jour, sur le monde que tu as façonné. Ait pitié de ceux qui méritent tes dons et offre leur la force de pouvoir te prier demain. »
Les mains posées à plat sur le sol, Athénaïs resta quelques instants le temps de sentir les rayons du soleil caresser ses épaules et ses boucles. Le Soleil, contrairement à ce que Parwan laissait entendre, semblait particulièrement doux et accueillant en cette matinée. Il semblait accueillir la croyante avec douceur et volupté, tant et si bien qu’elle se sentit particulièrement à son aise entre ses rayons. Finalement, elle se redressa, laissa ses yeux trainer sur le sol et se releva lentement en faisant quelques pas en arrière, posture inclinée. Tête redressée, elle mit instinctivement la main devant ses yeux pour se protéger de l’astre qui émergeait de la canopée de la ville. Le Soleil, malgré son accueil, restait un astre dont il fallait détourner le regard.
Athénaïs rechaussa ses ballerines avant de rentrer à l’ombre et d’emboiter le pas à la nomade. Il lui sembla que le Soleil tentait de retenir ses boucles, comme si ses rayons s’accrochaient à ses cheveux ... à moins que ce ne fusse la brise. Un petit déjeuner s’imposait, mais à l’évocation d’un repas fait de pigeons urbains décédés, le sang de la demoiselle ne fit qu’un tour. Elle qui était restée d’une discrétion à toute épreuve se positionna comme une bourrasque devant Parwan, l’air courroucé !
« C’est hors de question, Palouane Sahriki ! Hors de question que notre petit-déjeuner soit constitué de pigeons crevés ! Nous allons manger, oui, mais nous mangerons des croissants, des figues et de la confiture ! Venez immédiatement et vous me ferez le plaisir de jeter ces pauvres créatures aux ordures. »
Quelques minutes plus tard, les deux femmes se retrouvèrent dans la cuisine de la veille. Entre elles, un pot de confiture, un bol de figue et des croissants livrés comme à leur habitude à domicile. La demoiselle affichait un large sourire, celui de celle qui s’apprêtait à faire un excellent casse-dalle pour entamer sa journée.
« Mangez, Palouane. dit-elle en enfournant un croissant dans sa bouche. Ch’est meilleur que le picheon ! Je fous montrerai la ville après ! »
Citoyen du Reike
Parwan Sahriki
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
« C’est hors de question, Palouane Sahriki ! Hors de question que notre petit-déjeuner soit constitué de pigeons crevés ! Nous allons manger, oui, mais nous mangerons des croissants, des figues et de la confiture ! Venez immédiatement et vous me ferez le plaisir de jeter ces pauvres créatures aux ordures. »
"Grrr... Flûte." font les yeux de Parwan, fuyant sur le côté. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Elle attribue ce refus à une nouvelle divergence de mœurs qu'elle n'a pas la foi de questionner.
« D'accord... » se résigne-t-elle sans trop de dépit.
D'autant plus que l'alternative proposée vient de réveiller son estomac.
___
Assise à table, Parwan s'imprime de l'atmosphère de la cuisine, déjà chargée d'histoires bien que toutes datent de la veille. Face aux victuailles, la nomade conjugue son enthousiasme à celui de sa disciple, attendant gracieusement son invitation pour commencer.
Elle admire la forme de cette pâtisserie au beurre inconnue, le reflet de sa croûte brillante et dorée, avant d'en mordre une grosse moitié avec appétit.
« Mh ! ♪ » acquiesce-t-elle avec enthousiasme, la joue plus enflée encore que son hôtesse.
Elle petit-déjeune en silence et assiste Athénaïs dans l'anéantissement des viennoiseries, témoignant d'un appétit insoupçonné pour une femme aux apparences si réservées.
Le regard du maître dégage une approbation silencieuse pour la demoiselle: Elle n'avait décelé aucune retenue dans son abandon à la prière, plus tôt. Ce premier cours lui donnait foi au sujet de ce qui allait suivre.
« J'ai hâte que tu me montres. Je passerais bien au quartier des tisserands. Je voudrais vendre quelques choses. » dit-elle, juste comme ça, le noyau d'une datte entre ses doigts.
« Mais avant, viens t'asseoir. » l'invite-t-elle en se levant de sa chaise pour s'asseoir seulement deux mètres plus loin, sur le sol de la cuisine. La Sahriki semblait attachée à la modestie et au dénuement qu'inspirait cette position.
Parwan attend qu'Athénaïs se soit installée face à elle mais ne dit rien.
Elle l'observe calmement, sans sourire ni jugement, comme un arbre regarde son voisin, avec la constance des décennies.
Quelques secondes passent, et quand sa disciple avale sa salive, Parwan entame sa leçon :
« Le corps est la coquille de l'âme. Shekh nous offre un corps pour marcher sur Sekai.C'est son cadeau, et certains se complaisent dans les cadeaux des dieux. Ils le paradent, le montrent à tous, exposent leurs cheveux, découvrent leur peau. »
Avant qu'Athénaïs ne puisse se sentir accusée, elle nuance.
«Certaines tribus des sables découvrent leurs muscles pour rendre hommage à la force vitale et au courage. Certaines vont même nues et se peignent le corps pour sublimer sa création. » Elle pose ses doigts sur sa poitrine. « D'autres peuples embrassent la pudeur et chérissent son cadeau avec l'humilité de la Lune. C'est l'essence d'une femme Sahriki : Humble et soumise sous le regard absolu du Soleil. S'effacer pour que lui seul brille.
Pour tout te dire, je porte un pantalon sous ma robe, une cape par dessus ma tunique, une écharpe, un chapeau sous mon voile et chaque jour, je prie le Soleil de pardonner mon impudeur. » confesse-t-elle en souriant.
« Je ne te demande pas d'être comme moi, Athénaïs. Mais tu es mon élève, et je veux que tu empruntes la voie de l'humilité. »
Entre ses mains, Parwan tient un voile replié en triangle qu'elle a posé sur ses cuisses.
« A commencer par l'essentiel: Tes cheveux, ma soeur.
Tes cheveux sont ce qui font de toi une femme. Ils te racontent sans que tu ais besoin de parler.
Tu cherches la quiétude, pourtant, les tiens s'enflamment sur ta tête comme un air de défi. Ils vont libres et insoumis comme tes copies rebelles. Maîtrise les et tu te maîtriseras. »
Parwan place la pièce de tissu entre ses mains. Elle n'a rien de remarquable, elle ne paraît pas neuve, mais elle semble choisie par la nomade.
« Je veux que tu réalises ce que cela signifie de marcher sous Leur regard. Qu'Ils te voient. Qu'ils te jugent. Et qu'en fille des Astres, c'est ton devoir de leur rendre grâce. A chaque seconde.
Et alors seulement, nous pourrons sortir. ».
Elle sourit.
« Tes cheveux doivent refléter la femme que tu souhaites devenir, Athénaïs. »
La main sur sa poitrine pose une question silencieuse.
Que racontaient les cheveux d'une femme si elle les cachait ?
Derrière le visage paisible de Parwan, entre les plis du voile entre ses doigts, Athénaïs peut sentir la présence digne et mystérieuse d'une première réponse.
"Grrr... Flûte." font les yeux de Parwan, fuyant sur le côté. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Elle attribue ce refus à une nouvelle divergence de mœurs qu'elle n'a pas la foi de questionner.
« D'accord... » se résigne-t-elle sans trop de dépit.
D'autant plus que l'alternative proposée vient de réveiller son estomac.
___
Assise à table, Parwan s'imprime de l'atmosphère de la cuisine, déjà chargée d'histoires bien que toutes datent de la veille. Face aux victuailles, la nomade conjugue son enthousiasme à celui de sa disciple, attendant gracieusement son invitation pour commencer.
Elle admire la forme de cette pâtisserie au beurre inconnue, le reflet de sa croûte brillante et dorée, avant d'en mordre une grosse moitié avec appétit.
« Mh ! ♪ » acquiesce-t-elle avec enthousiasme, la joue plus enflée encore que son hôtesse.
Elle petit-déjeune en silence et assiste Athénaïs dans l'anéantissement des viennoiseries, témoignant d'un appétit insoupçonné pour une femme aux apparences si réservées.
Le regard du maître dégage une approbation silencieuse pour la demoiselle: Elle n'avait décelé aucune retenue dans son abandon à la prière, plus tôt. Ce premier cours lui donnait foi au sujet de ce qui allait suivre.
« J'ai hâte que tu me montres. Je passerais bien au quartier des tisserands. Je voudrais vendre quelques choses. » dit-elle, juste comme ça, le noyau d'une datte entre ses doigts.
« Mais avant, viens t'asseoir. » l'invite-t-elle en se levant de sa chaise pour s'asseoir seulement deux mètres plus loin, sur le sol de la cuisine. La Sahriki semblait attachée à la modestie et au dénuement qu'inspirait cette position.
Parwan attend qu'Athénaïs se soit installée face à elle mais ne dit rien.
Elle l'observe calmement, sans sourire ni jugement, comme un arbre regarde son voisin, avec la constance des décennies.
Quelques secondes passent, et quand sa disciple avale sa salive, Parwan entame sa leçon :
« Le corps est la coquille de l'âme. Shekh nous offre un corps pour marcher sur Sekai.C'est son cadeau, et certains se complaisent dans les cadeaux des dieux. Ils le paradent, le montrent à tous, exposent leurs cheveux, découvrent leur peau. »
Avant qu'Athénaïs ne puisse se sentir accusée, elle nuance.
«Certaines tribus des sables découvrent leurs muscles pour rendre hommage à la force vitale et au courage. Certaines vont même nues et se peignent le corps pour sublimer sa création. » Elle pose ses doigts sur sa poitrine. « D'autres peuples embrassent la pudeur et chérissent son cadeau avec l'humilité de la Lune. C'est l'essence d'une femme Sahriki : Humble et soumise sous le regard absolu du Soleil. S'effacer pour que lui seul brille.
Pour tout te dire, je porte un pantalon sous ma robe, une cape par dessus ma tunique, une écharpe, un chapeau sous mon voile et chaque jour, je prie le Soleil de pardonner mon impudeur. » confesse-t-elle en souriant.
« Je ne te demande pas d'être comme moi, Athénaïs. Mais tu es mon élève, et je veux que tu empruntes la voie de l'humilité. »
Entre ses mains, Parwan tient un voile replié en triangle qu'elle a posé sur ses cuisses.
« A commencer par l'essentiel: Tes cheveux, ma soeur.
Tes cheveux sont ce qui font de toi une femme. Ils te racontent sans que tu ais besoin de parler.
Tu cherches la quiétude, pourtant, les tiens s'enflamment sur ta tête comme un air de défi. Ils vont libres et insoumis comme tes copies rebelles. Maîtrise les et tu te maîtriseras. »
Parwan place la pièce de tissu entre ses mains. Elle n'a rien de remarquable, elle ne paraît pas neuve, mais elle semble choisie par la nomade.
« Je veux que tu réalises ce que cela signifie de marcher sous Leur regard. Qu'Ils te voient. Qu'ils te jugent. Et qu'en fille des Astres, c'est ton devoir de leur rendre grâce. A chaque seconde.
Et alors seulement, nous pourrons sortir. ».
Elle sourit.
« Tes cheveux doivent refléter la femme que tu souhaites devenir, Athénaïs. »
La main sur sa poitrine pose une question silencieuse.
Que racontaient les cheveux d'une femme si elle les cachait ?
Derrière le visage paisible de Parwan, entre les plis du voile entre ses doigts, Athénaïs peut sentir la présence digne et mystérieuse d'une première réponse.
- Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Ravie que son mentor apprécie les pâtisseries autant que la prière matinale, la jeune femme sourit à l’idée d’une belle balade dans le quartier des tisserands, ou tout simplement sur les bords du lac de la Renaissance. Il y avait tant à visiter à Justice … Et Myrthelle en connaissait toutes les bonnes adresses culinaires. De quoi saliver d’avance ! Elle se voyait déjà avec une bonne brochette à la main, un verre de jus de fruits des îles paradisiaques dans l’autre, tandis que les violonistes se pressaient sur le Pas des Défroqués pour divertir les badauds.
Elle n’eut malheureusement pas le temps de tisser plus avant son rêve de balade. La nomade venait de se lever pour un motif qui lui était encore inconnu et s’était placée à genoux sur le sol de la cuisine, laissant la magicienne interloquée. Elle sentait ses sœurs s’agiter, elles-aussi complètement confuses quant à l’envie soudaine de Palouane de se tenir ainsi. Les nomades n’aimaient peut-être pas les chaises ? Peut-être voulait-elle terminer son repas par terre, à la nomade ? Ses interrogations furent de courte durée puisque cette dernière lui demanda de la rejoindre. Athénaïs hésita quelques instants … Après tout … on pouvait discuter sur une chaise non ? C’était si important qu’il faille s’asseoir sur le sol ? Les coutumes des nomades étaient décidément bien étranges.
La demoiselle avala un dernier morceau de figue et s’assit à genoux face à son mentor, l’air interloqué. Athénaïs ne se rendait pas encore compte que pour Parwan, chaque instant de la vie était une mise à l’épreuve de sa foi et qu’à ce titre, chaque moment était savamment codifié et répondait à des rites répétés et perfectionnés pendant des générations. Il n’y avait aucun geste inutile chez Parwan, aucun hasard. Tout appartenait à un univers symbolique parfaitement ordonné, que la nomade avait appris depuis son enfance. Athénaïs n’en avait pas encore conscience à ce stade, mais la nomade mettrait des années à réévaluer avec un regard apaisé le dogme qui avait constitué la majeure partie de son existence. Athénaïs, par ses questionnements et son esprit ouvert, serait en partie responsable de cette métamorphose. Mais pour l’heure, elle était l’élève, et elle, le maître. A genoux devant elle, elle l’écouta attentivement prononcer sa nouvelle leçon, éprouvant ses mots avec gravité et essayant de pénétrer la sagesse qui imprégnait ses paroles.
Elle avait formulé sa leçon en en grande partie en commun, afin que le sens de ses paroles ne se perde pas dans les oreilles de la disciple. Evoquant le cas d’autres sociétés et d’autres tribus pour consolider son argumentaire, le maître adressa à sa disciple sa requête, afin qu’elle-même, marche dans ses pas. C’était un véritable honneur aux yeux d’Athénaïs, que de se voir accorder une telle confiance de la part de celle qui était la veille une parfaite inconnue. Toutefois, sa remarque sur ses cheveux la laissa quelque peu perplexe. Les cheveux de la belle Athénaïs étaient sa marque de fabrique. Libres et chaotiques, ils s’accrochaient, flottaient au vent et vivaient leur propre vie, de sorte que la demoiselle avait largement abandonné l’idée de les contraindre.
Athénaïs regarda attentivement l’étoffe bleutée pliée dans les mains de Parwan en méditant sur la manière dont elle pourrait répondre à sa demande. Elle n’était pas vraiment certaine que la nomade l’enjoignait à couvrir ses cheveux comme elle, mais à bien la regarder, il était clair qu’elle attendait une action de sa part. Athénaïs opina du chef, malgré l’indécision qui montait en elle et s’empara du tissu que lui tendait Parwan. L’étoffe coula entre ses doigts. Pas particulièrement soyeuse, ni particulièrement bien tissé, elle semblait toutefois robuste et sa teinte bleutée était plaisante. La jeune femme la fit jouer entre ses doigts, afin d’en apprécier l’épaisseur, la structure et la sensation.
« La femme que je souhaite devenir, hein, … ? » répéta-t-elle pensive.
En fait, elle n’en avait aucune idée. Ce n’était pas le genre de questions que l’on posait chez les Noirvitrail. Dans sa famille, chaque enfant devait servir la gloire familiale. Il n’y avait donc que peu de places pour les aspirations personnelles. Seuls ceux qui parvenaient à se hisser à des postes élevés pouvaient espérer pourvoir à leurs désirs sur leur temps libre. Pouvait-il en être autrement dans l’univers des Noirvitrail ? Il y avait tant à produire, tant à faire, et si peu à être qui l’on était.
La jeune femme déploya le tissu autour de ses mains. Elle n’avait pas à être comme Parwan, pas plus qu’elle n’avait à être la femme que ses parents rêvaient. Elle avait juste besoin d’être elle-même, quoique cela veuille dire. A vrai dire, Athénaïs n’avait aucune idée de la femme qu’elle voulait devenir, au-delà des besoins de sa famille. Sa curiosité et son intuition l’avaient conduite à demander conseil et assistance à une parfaite inconnue, dont elle sentait instinctivement qu’elle pourrait l’amener sur des chemins encore inexplorés. Athénaïs le sentait : cette personne pourrait l’aider à trouver ses propres réponses et à se construire en tant qu’individu.
Ses mains portèrent le tissu vers sa tête. Lentement, elle noua l’étoffe azuréenne autour de ses cheveux, en un bandana recouvrant le sommet de son crâne et rejetant ses cheveux vers l’arrière en une longue cascade. Elle n’avait aucune idée de la femme qu’elle voulait devenir, mais elle avait tout son temps et elle était prête à faire un premier pas dans une direction … quitte à se tromper. Elle rejeta d’un geste ses cheveux en arrière, l’étoffe devenue bandana canalisant quelque peu sa chevelure, suffisamment pour calmer quelques minutes sa tignasse désordonnée.
Elle pencha la tête sur le côté, ses mains sur les genoux. Un sourire timide apparut sur ses lèvres.
« Est-ce que cela suffira pour commencer ? »
Elle n’eut malheureusement pas le temps de tisser plus avant son rêve de balade. La nomade venait de se lever pour un motif qui lui était encore inconnu et s’était placée à genoux sur le sol de la cuisine, laissant la magicienne interloquée. Elle sentait ses sœurs s’agiter, elles-aussi complètement confuses quant à l’envie soudaine de Palouane de se tenir ainsi. Les nomades n’aimaient peut-être pas les chaises ? Peut-être voulait-elle terminer son repas par terre, à la nomade ? Ses interrogations furent de courte durée puisque cette dernière lui demanda de la rejoindre. Athénaïs hésita quelques instants … Après tout … on pouvait discuter sur une chaise non ? C’était si important qu’il faille s’asseoir sur le sol ? Les coutumes des nomades étaient décidément bien étranges.
La demoiselle avala un dernier morceau de figue et s’assit à genoux face à son mentor, l’air interloqué. Athénaïs ne se rendait pas encore compte que pour Parwan, chaque instant de la vie était une mise à l’épreuve de sa foi et qu’à ce titre, chaque moment était savamment codifié et répondait à des rites répétés et perfectionnés pendant des générations. Il n’y avait aucun geste inutile chez Parwan, aucun hasard. Tout appartenait à un univers symbolique parfaitement ordonné, que la nomade avait appris depuis son enfance. Athénaïs n’en avait pas encore conscience à ce stade, mais la nomade mettrait des années à réévaluer avec un regard apaisé le dogme qui avait constitué la majeure partie de son existence. Athénaïs, par ses questionnements et son esprit ouvert, serait en partie responsable de cette métamorphose. Mais pour l’heure, elle était l’élève, et elle, le maître. A genoux devant elle, elle l’écouta attentivement prononcer sa nouvelle leçon, éprouvant ses mots avec gravité et essayant de pénétrer la sagesse qui imprégnait ses paroles.
Elle avait formulé sa leçon en en grande partie en commun, afin que le sens de ses paroles ne se perde pas dans les oreilles de la disciple. Evoquant le cas d’autres sociétés et d’autres tribus pour consolider son argumentaire, le maître adressa à sa disciple sa requête, afin qu’elle-même, marche dans ses pas. C’était un véritable honneur aux yeux d’Athénaïs, que de se voir accorder une telle confiance de la part de celle qui était la veille une parfaite inconnue. Toutefois, sa remarque sur ses cheveux la laissa quelque peu perplexe. Les cheveux de la belle Athénaïs étaient sa marque de fabrique. Libres et chaotiques, ils s’accrochaient, flottaient au vent et vivaient leur propre vie, de sorte que la demoiselle avait largement abandonné l’idée de les contraindre.
Athénaïs regarda attentivement l’étoffe bleutée pliée dans les mains de Parwan en méditant sur la manière dont elle pourrait répondre à sa demande. Elle n’était pas vraiment certaine que la nomade l’enjoignait à couvrir ses cheveux comme elle, mais à bien la regarder, il était clair qu’elle attendait une action de sa part. Athénaïs opina du chef, malgré l’indécision qui montait en elle et s’empara du tissu que lui tendait Parwan. L’étoffe coula entre ses doigts. Pas particulièrement soyeuse, ni particulièrement bien tissé, elle semblait toutefois robuste et sa teinte bleutée était plaisante. La jeune femme la fit jouer entre ses doigts, afin d’en apprécier l’épaisseur, la structure et la sensation.
« La femme que je souhaite devenir, hein, … ? » répéta-t-elle pensive.
En fait, elle n’en avait aucune idée. Ce n’était pas le genre de questions que l’on posait chez les Noirvitrail. Dans sa famille, chaque enfant devait servir la gloire familiale. Il n’y avait donc que peu de places pour les aspirations personnelles. Seuls ceux qui parvenaient à se hisser à des postes élevés pouvaient espérer pourvoir à leurs désirs sur leur temps libre. Pouvait-il en être autrement dans l’univers des Noirvitrail ? Il y avait tant à produire, tant à faire, et si peu à être qui l’on était.
La jeune femme déploya le tissu autour de ses mains. Elle n’avait pas à être comme Parwan, pas plus qu’elle n’avait à être la femme que ses parents rêvaient. Elle avait juste besoin d’être elle-même, quoique cela veuille dire. A vrai dire, Athénaïs n’avait aucune idée de la femme qu’elle voulait devenir, au-delà des besoins de sa famille. Sa curiosité et son intuition l’avaient conduite à demander conseil et assistance à une parfaite inconnue, dont elle sentait instinctivement qu’elle pourrait l’amener sur des chemins encore inexplorés. Athénaïs le sentait : cette personne pourrait l’aider à trouver ses propres réponses et à se construire en tant qu’individu.
Ses mains portèrent le tissu vers sa tête. Lentement, elle noua l’étoffe azuréenne autour de ses cheveux, en un bandana recouvrant le sommet de son crâne et rejetant ses cheveux vers l’arrière en une longue cascade. Elle n’avait aucune idée de la femme qu’elle voulait devenir, mais elle avait tout son temps et elle était prête à faire un premier pas dans une direction … quitte à se tromper. Elle rejeta d’un geste ses cheveux en arrière, l’étoffe devenue bandana canalisant quelque peu sa chevelure, suffisamment pour calmer quelques minutes sa tignasse désordonnée.
Elle pencha la tête sur le côté, ses mains sur les genoux. Un sourire timide apparut sur ses lèvres.
« Est-ce que cela suffira pour commencer ? »
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