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Ce que le miroir reflète
Feat Ultio
L'air était lourd, dense, pesant... Quelque chose de sinistre était à l’œuvre, Iris pouvait le sentir. Même sa propre lumière peinait à se frayer un passage dans cette atmosphère étouffante, comme si un voile sombre essayait de la brider. Troublée par la présence de cette aura, la voyageuse s'entoura d'un tourbillon sifflant qu'elle envoya dans toutes les directions, laissant les lames de vent déchirer cette fumée invisible qui alourdissait l'air. Le mal se dissipa quelque peu, permettant à Iris de respirer pleinement à nouveau. Mais elle sentait toujours que quelque chose n'allait pas, ses environs immédiats avaient été purifiés, mais la magie noire subsistait encore et semblait même s'épaissir devant elle comme si elle provenait de sa destination, signe d'un mauvais présage pour la nuit à venir. (Étrange, les rives étaient pourtant paisibles la dernière fois que je suis passée par ici. Que peut-il bien se passer ?)
Rien n'avait pourtant annoncé une telle tournure des événements, toute la journée s'était déroulée sans cérémonie. Le soleil avait brillé haut dans le ciel, la nature avait pleinement déployé ses feuilles, les oiseaux gazouillaient de concert sur les branches ou à la surface du lac, il n'y avait pas ne serait-ce qu'un nuage autour des cimes rocheuses annonçant les montagnes séparant Iris de Courage, alors comment ? Elle ne s'en était même pas rendue compte, alors qu'elle approchait du hameau où elle espérait passer la nuit et que l'astre solaire avait commencé à décliner, tout le paysage s'était terni alors qu'il virait lentement à l'orange, puis au rouge, et enfin à la grisaille du soir.
Mais il n'était plus vraiment concevable de faire marche arrière, les feux du village au loin étaient la seule source de civilisation sur cette partie du rivage et Iris n'avait pas vraiment envie de dormir une fois de plus à la belle étoile, surtout avec un paysage aussi lugubre qui n'était pas sans rappeler des choses qu'elle aurait préféré enterrer à jamais. Le mieux était encore d'aller s'informer auprès des habitants, peut-être auraient-ils un début de réponse à donner quand à cette prolifération de ténèbres. Elle agrippa fermement sa valise et pressa le pas, levant en même temps une série de bourrasques pour disperser l'obscurité poisseuse sur le chemin. Et son entrée dans l'enceinte du village aurait un événement si les gens n'étaient pas tous été cloîtrés chez eux, il n'y avait pour l'accueillir qu'une enseigne qui claquait sous le vent et des tuiles mal agencées qui menaçaient de s'envoler. Même si plusieurs lumières pouvaient être vues derrière les fenêtres sales des bâtisses, les rues étaient tristement désertes et Iris dut trouver seule la direction de l'auberge surplombant les eaux.
Prenant une dernière bouffée d'air frais sur le porche, elle passa la porte et déboula sur la petite salle commune. Quelques personnes ça et là sirotaient un breuvage, mais l'ambiance n'était pas des plus joyeuses, même le coup de vent annonçant l'entrée de la barde vagabonde ne provoqua aucune réaction notable, quelques regards se contentant de glisser brièvement dans sa direction avant de se détourner aussitôt. Elle rejoignit rapidement le comptoir pour demander une nuitée et s'enquérir de la situation auprès du réceptionniste, mais même ce dernier avait l'air morose et fatigué.
- Bonsoir messire, auriez-vous une chambre pour passer la nuit ? Le temps ne s'annonce pas clément pour les voyageurs ce soir.
- Ce n'est pas la place qui manque, mademoiselle. A part les pêcheurs des villages voisins on ne croise pas beaucoup de monde dans le coin... dit-il en sortant son registre. Ça fera trois pièces d'argent pour la nuit, les consommations se payent directement au bar.
- Naturellement. répondit-elle en posant sa valise par terre avant d'en sortir sa bourse pour payer son dû. Elle hésita un instant avant de continuer. - Dites-moi messire, le village est-il toujours dans un tel état ? Ce que j'ai vu était pour le moins troublant.
- Vous avez remarqué hein ? Il y a eu un litige au début du mois, une histoire de chalutier renversé. Le vieux Tom a vu rouge en revenant sur les quais et il est allé causer du grabuge avec ses gars chez les voisins au sud. On dit qu'il y a même eu des morts, je vous raconte pas la galère. Le commerce en a pâti pour ne pas dire qu'il est au point mort. Même les dieux semblent nous avoir tourné le dos.
(Priez pour que ce soit vraiment le cas, ce qui se passe actuellement ne saurait être pire...) - Peut-être bien... Prenez garde aux ombres dans la nuit, cette pénombre ne présage rien de bon.
Le réceptionniste leva un sourcil à cette remarque. - Allons allons, ce sont des histoires pour faire peur aux enfants ça, à part des pêcheurs en colère il n'y a pas grand chose de dangereux dans ce coin de la République, soyez sans crainte.
... - Si vous le dites. Bonne nuit, messire.
Iris préféra ne pas insister. La superstition concordait effectivement avec l'histoire du tenancier, mais la lumina refusait de croire au sort, le contraire étant trop douloureux à supporter. Elle le laissa à son registre et prit la direction des chambres, si ce voile en avait effectivement après le village, elle saurait s'en sortir, le reste ne la concernait pas tant qu'elle pouvait dormir sans être dérangée. Et si le pire était à venir, qu'à cela ne tienne, elle n'avait pas peur de cette obscurité qu'un coup de vent suffisait à balayer. Elle posa sa valise contre la table de chevet et délaça ses bottes avant de s'enfoncer dans la natte qui faisait office de lit et de laisser le sommeil la prendre.
CENDRES
Rien n'avait pourtant annoncé une telle tournure des événements, toute la journée s'était déroulée sans cérémonie. Le soleil avait brillé haut dans le ciel, la nature avait pleinement déployé ses feuilles, les oiseaux gazouillaient de concert sur les branches ou à la surface du lac, il n'y avait pas ne serait-ce qu'un nuage autour des cimes rocheuses annonçant les montagnes séparant Iris de Courage, alors comment ? Elle ne s'en était même pas rendue compte, alors qu'elle approchait du hameau où elle espérait passer la nuit et que l'astre solaire avait commencé à décliner, tout le paysage s'était terni alors qu'il virait lentement à l'orange, puis au rouge, et enfin à la grisaille du soir.
Mais il n'était plus vraiment concevable de faire marche arrière, les feux du village au loin étaient la seule source de civilisation sur cette partie du rivage et Iris n'avait pas vraiment envie de dormir une fois de plus à la belle étoile, surtout avec un paysage aussi lugubre qui n'était pas sans rappeler des choses qu'elle aurait préféré enterrer à jamais. Le mieux était encore d'aller s'informer auprès des habitants, peut-être auraient-ils un début de réponse à donner quand à cette prolifération de ténèbres. Elle agrippa fermement sa valise et pressa le pas, levant en même temps une série de bourrasques pour disperser l'obscurité poisseuse sur le chemin. Et son entrée dans l'enceinte du village aurait un événement si les gens n'étaient pas tous été cloîtrés chez eux, il n'y avait pour l'accueillir qu'une enseigne qui claquait sous le vent et des tuiles mal agencées qui menaçaient de s'envoler. Même si plusieurs lumières pouvaient être vues derrière les fenêtres sales des bâtisses, les rues étaient tristement désertes et Iris dut trouver seule la direction de l'auberge surplombant les eaux.
Prenant une dernière bouffée d'air frais sur le porche, elle passa la porte et déboula sur la petite salle commune. Quelques personnes ça et là sirotaient un breuvage, mais l'ambiance n'était pas des plus joyeuses, même le coup de vent annonçant l'entrée de la barde vagabonde ne provoqua aucune réaction notable, quelques regards se contentant de glisser brièvement dans sa direction avant de se détourner aussitôt. Elle rejoignit rapidement le comptoir pour demander une nuitée et s'enquérir de la situation auprès du réceptionniste, mais même ce dernier avait l'air morose et fatigué.
- Bonsoir messire, auriez-vous une chambre pour passer la nuit ? Le temps ne s'annonce pas clément pour les voyageurs ce soir.
- Ce n'est pas la place qui manque, mademoiselle. A part les pêcheurs des villages voisins on ne croise pas beaucoup de monde dans le coin... dit-il en sortant son registre. Ça fera trois pièces d'argent pour la nuit, les consommations se payent directement au bar.
- Naturellement. répondit-elle en posant sa valise par terre avant d'en sortir sa bourse pour payer son dû. Elle hésita un instant avant de continuer. - Dites-moi messire, le village est-il toujours dans un tel état ? Ce que j'ai vu était pour le moins troublant.
- Vous avez remarqué hein ? Il y a eu un litige au début du mois, une histoire de chalutier renversé. Le vieux Tom a vu rouge en revenant sur les quais et il est allé causer du grabuge avec ses gars chez les voisins au sud. On dit qu'il y a même eu des morts, je vous raconte pas la galère. Le commerce en a pâti pour ne pas dire qu'il est au point mort. Même les dieux semblent nous avoir tourné le dos.
(Priez pour que ce soit vraiment le cas, ce qui se passe actuellement ne saurait être pire...) - Peut-être bien... Prenez garde aux ombres dans la nuit, cette pénombre ne présage rien de bon.
Le réceptionniste leva un sourcil à cette remarque. - Allons allons, ce sont des histoires pour faire peur aux enfants ça, à part des pêcheurs en colère il n'y a pas grand chose de dangereux dans ce coin de la République, soyez sans crainte.
... - Si vous le dites. Bonne nuit, messire.
Iris préféra ne pas insister. La superstition concordait effectivement avec l'histoire du tenancier, mais la lumina refusait de croire au sort, le contraire étant trop douloureux à supporter. Elle le laissa à son registre et prit la direction des chambres, si ce voile en avait effectivement après le village, elle saurait s'en sortir, le reste ne la concernait pas tant qu'elle pouvait dormir sans être dérangée. Et si le pire était à venir, qu'à cela ne tienne, elle n'avait pas peur de cette obscurité qu'un coup de vent suffisait à balayer. Elle posa sa valise contre la table de chevet et délaça ses bottes avant de s'enfoncer dans la natte qui faisait office de lit et de laisser le sommeil la prendre.
CENDRES
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L’eau, paisible, d’un calme presque lunaire miroite son éclat alors qu’elle glisse sur la peau de la main qui s’y plonge. Le liquide, brillant sous le clair de lune se dépose aussi sur le museau de quelques animaux curieux. Serein, ceux-ci se dirigent aveuglement vers la lueur rouge et le bruit sourd qu’elle émet. Un cerf, vient même goûter ses doigts mouillés et s’y frotte ensuite le menton.
La paix, sous la grâce de la lueur de cette lune doublée sur le lac, enivrée par les seuls claquements et cliquetis de cette flamme cramoisie, semble confuse, anormale et mal placé. Pourtant, elle se couple parfaitement à la grâce d’un lieu comme celui-ci : simple et unique, éblouissant, même dans cette obscurité réfléchissante.
Une voix féminine vient alors fragiliser le charme de la nuit.
-« Sir, est-ce là vraiment nécessaire ? Ne sommes-nous pas venus pour chercher des informations plutôt que pour camper dans la nature ? Cela ne vous ressemble pas et cela ne m’accommode certainement pas. Erhghk, toute cette boue et ces bestioles puantes, je vais encore devoir laver mes bottes. »
Après une pause à peine perceptible elle continue, agacée :
-« Puis-ce que nous nous dirigeons au village, ne pouvons-nous pas y passer la nuit ? Un bain chaud et une couche passable sera bien plus agréable. Plus intéressant même encore que de les massacrer seulement parce qu’ils sont humains. »
Le cœur d’Ultio, qui jusqu’à présent a jumelé le paysage, s’emballe dans deux fracas qui viennent perturber l’harmonie du bassin géant. Le daim qui a demandé caresse et amour à l’ange s’enfuit, pris de panique. Les autres animaux deviennent silencieux, les quelques oiseaux s’envolent et l’elfe dans son dos baisse alors le regard en pinçant des lèvres.
-« Silence, Lycia. » Ordonne-t-il alors dans un timbre éthéré.
Une brume aussi épaisse qu’une purée de poix s’échappe alors de ses vêtements et suivent le vent. Bientôt les astres ne se feront plus écho dans l'eau.
-« Nous allons au village pendant que tu retournes en Shoumeï. » continue-t-il. « Nous trouverons le livre, ainsi que la source de cette magie qui dissipe notre ombre. »
La femme s’abaisse, saluant le géant pourtant agenouillé tout en réajustant son armure de cuir. Lui, fait ensuite un geste de la main pour lui indiquer de se redresser pendant qu’il plante son regard jaunâtre dans les iris au teint de lavande de sa protégée. Après un petit hochement de tête d’approbation, elle recule et repart de là où elle est venue.
La paix, sous la grâce de la lueur de cette lune doublée sur le lac, enivrée par les seuls claquements et cliquetis de cette flamme cramoisie, semble confuse, anormale et mal placé. Pourtant, elle se couple parfaitement à la grâce d’un lieu comme celui-ci : simple et unique, éblouissant, même dans cette obscurité réfléchissante.
Une voix féminine vient alors fragiliser le charme de la nuit.
-« Sir, est-ce là vraiment nécessaire ? Ne sommes-nous pas venus pour chercher des informations plutôt que pour camper dans la nature ? Cela ne vous ressemble pas et cela ne m’accommode certainement pas. Erhghk, toute cette boue et ces bestioles puantes, je vais encore devoir laver mes bottes. »
Après une pause à peine perceptible elle continue, agacée :
-« Puis-ce que nous nous dirigeons au village, ne pouvons-nous pas y passer la nuit ? Un bain chaud et une couche passable sera bien plus agréable. Plus intéressant même encore que de les massacrer seulement parce qu’ils sont humains. »
Le cœur d’Ultio, qui jusqu’à présent a jumelé le paysage, s’emballe dans deux fracas qui viennent perturber l’harmonie du bassin géant. Le daim qui a demandé caresse et amour à l’ange s’enfuit, pris de panique. Les autres animaux deviennent silencieux, les quelques oiseaux s’envolent et l’elfe dans son dos baisse alors le regard en pinçant des lèvres.
-« Silence, Lycia. » Ordonne-t-il alors dans un timbre éthéré.
Une brume aussi épaisse qu’une purée de poix s’échappe alors de ses vêtements et suivent le vent. Bientôt les astres ne se feront plus écho dans l'eau.
-« Nous allons au village pendant que tu retournes en Shoumeï. » continue-t-il. « Nous trouverons le livre, ainsi que la source de cette magie qui dissipe notre ombre. »
La femme s’abaisse, saluant le géant pourtant agenouillé tout en réajustant son armure de cuir. Lui, fait ensuite un geste de la main pour lui indiquer de se redresser pendant qu’il plante son regard jaunâtre dans les iris au teint de lavande de sa protégée. Après un petit hochement de tête d’approbation, elle recule et repart de là où elle est venue.
L’encapuché se relève enfin, laissant aussitôt flotter sa chevelure aussi blanche que le brillant de la lune. Peu à peu, sa grandeur diminue, ses muscles rapetissent et ses traits s’adoucissent. L’immense bosse dissimulée sous sa cape disparaît et l’ombre qui ondule en l’entourant semble s’estomper. Sa métamorphose achevée, il apparaît comme un humain de taille moyenne avec un peu d’années sur les traits faciaux. Ses pas, aussi harmonieux que le balancement dans sa poitrine le mène alors au village au bout du lac.
Esquivant astucieusement les gardes à l’entrée, il s’enferme un peu plus dans sa cape et s’aventure enfin dans les ruelles. Préférant éviter les torches placées ici et là, il se dépêche tant bien que mal alors qu’il tente de cacher le grognement de son cœur qui résonne contre les bâtisses.
Chaque seconde, chaque minute où il déambule sur le chemin représente une menace, non pas pour lui, mais pour les villageois. Car si sa présence venait à être découverte, si l’alerte venait à être sonnée, il n’aurait d’autre choix que de tous les taire.
Arrivé à un bâtiment évoquant une chapelle, il s’arrête pour regarder à travers les vitraux dont le flou est bien trop prononcé. Soupirant et grognant, il se dirige vers la porte où il plaque sa paume contre la serrure. De sa peau s’échappe alors une fumée vivante et noircie qui vient emplir le verrou. Lorsqu’il retire son bras, de ses doigts se créer le manche d’une clé qu’il tourne facilement. L’entrée ouverte, il se faufile à l’intérieur.
De large bibliothèques remplissent les différentes pièces et alors qu’il explore la tranche des livres de ses doigts, des murmures, des chuchots sans sens s’évadent de sa bouche. Sa tête secoue de gauche à droite alors qu’il lit aussi le titre un à un des livres, malgré ce noir complet.
Puis, ses doigts s’attardent sur un lexique taché de sang séché. Son nocturne, ces particules vivantes le mettent en garde. Elles sortent de sous ses ongles et viennent goûter le rouge du bouquin. Peu à peu, elles prennent la forme d’une main ténébreuse qui vient caresser le dos de celle d’Ultio, qui remontent le long de son avant-bras dans des mouvements séducteurs, passant à travers même ses habits. Elle se frotte et cogite sur sa peau sensuellement, atteignant le cou de la victime. Des clignotements rythmés animent les paupières de l’ange. Ses pupilles remplacent alors le jaune de ses yeux en même temps que la transe commence, en même temps que les griffes noires et éphémères atteignent sa lippe.
La lumière d’une bougie tape sur les lignes de la page cent soixante-quatre. Le sang coule sur un buste pâle et dénudé. Des oreilles pointues tremblotent. La suie, mélangée aux hématomes cache le fard à joue. Le rouge d’un vin qui met en évidence le mot :« impuissant ».
Ses yeux se ferment alors qu’il cherche à chasser son esprit, à retirer cet effleurement qui vient taquiner sa joue.
Un couteau vacille, une danse de souffrance. Et la page cent soixante-quatre, un champ de plantes mauves qui remplace bientôt son texte. Des bottes de cuir éparpillées dans une pièce, une goutte d’eau salée qui vient tacher le mot : « injuste ».
Et la page cent soixante-quatre.
Sa vision se restaure, les ténèbres se dissipent alors que les battements de son cœur correspondent à sa respiration qui prend en lourdeur. Sa colère grimpe, des frissons se manifestent derrière ses oreilles.
Les étagères oscillent, quelques ouvrages tombent au sol. Ses poings se serrent en même temps que ses dents.
Le vent projeté, se fracasse contre les meubles, la porte en bois du scriptorium s’ouvre et se referme dans un cognement puissant.
L’onde de choc brise alors l’enceinte de la librairie et se propage à travers le village. Fenêtres et chandelles se désintègrent pendant que les chiens et les gardes aboient en direction de l’explosion.
CENDRES
Esquivant astucieusement les gardes à l’entrée, il s’enferme un peu plus dans sa cape et s’aventure enfin dans les ruelles. Préférant éviter les torches placées ici et là, il se dépêche tant bien que mal alors qu’il tente de cacher le grognement de son cœur qui résonne contre les bâtisses.
Chaque seconde, chaque minute où il déambule sur le chemin représente une menace, non pas pour lui, mais pour les villageois. Car si sa présence venait à être découverte, si l’alerte venait à être sonnée, il n’aurait d’autre choix que de tous les taire.
Arrivé à un bâtiment évoquant une chapelle, il s’arrête pour regarder à travers les vitraux dont le flou est bien trop prononcé. Soupirant et grognant, il se dirige vers la porte où il plaque sa paume contre la serrure. De sa peau s’échappe alors une fumée vivante et noircie qui vient emplir le verrou. Lorsqu’il retire son bras, de ses doigts se créer le manche d’une clé qu’il tourne facilement. L’entrée ouverte, il se faufile à l’intérieur.
De large bibliothèques remplissent les différentes pièces et alors qu’il explore la tranche des livres de ses doigts, des murmures, des chuchots sans sens s’évadent de sa bouche. Sa tête secoue de gauche à droite alors qu’il lit aussi le titre un à un des livres, malgré ce noir complet.
Puis, ses doigts s’attardent sur un lexique taché de sang séché. Son nocturne, ces particules vivantes le mettent en garde. Elles sortent de sous ses ongles et viennent goûter le rouge du bouquin. Peu à peu, elles prennent la forme d’une main ténébreuse qui vient caresser le dos de celle d’Ultio, qui remontent le long de son avant-bras dans des mouvements séducteurs, passant à travers même ses habits. Elle se frotte et cogite sur sa peau sensuellement, atteignant le cou de la victime. Des clignotements rythmés animent les paupières de l’ange. Ses pupilles remplacent alors le jaune de ses yeux en même temps que la transe commence, en même temps que les griffes noires et éphémères atteignent sa lippe.
La lumière d’une bougie tape sur les lignes de la page cent soixante-quatre. Le sang coule sur un buste pâle et dénudé. Des oreilles pointues tremblotent. La suie, mélangée aux hématomes cache le fard à joue. Le rouge d’un vin qui met en évidence le mot :« impuissant ».
Ses yeux se ferment alors qu’il cherche à chasser son esprit, à retirer cet effleurement qui vient taquiner sa joue.
Un couteau vacille, une danse de souffrance. Et la page cent soixante-quatre, un champ de plantes mauves qui remplace bientôt son texte. Des bottes de cuir éparpillées dans une pièce, une goutte d’eau salée qui vient tacher le mot : « injuste ».
Et la page cent soixante-quatre.
Sa vision se restaure, les ténèbres se dissipent alors que les battements de son cœur correspondent à sa respiration qui prend en lourdeur. Sa colère grimpe, des frissons se manifestent derrière ses oreilles.
« Tukhhuhhk Tukhhuhhk »
Les étagères oscillent, quelques ouvrages tombent au sol. Ses poings se serrent en même temps que ses dents.
« Tukhhuhhk Tukhhuhhk »
Le vent projeté, se fracasse contre les meubles, la porte en bois du scriptorium s’ouvre et se referme dans un cognement puissant.
« Tukhhuhhk Tukhhuhhk »
L’onde de choc brise alors l’enceinte de la librairie et se propage à travers le village. Fenêtres et chandelles se désintègrent pendant que les chiens et les gardes aboient en direction de l’explosion.
CENDRES
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- Encore debout, Iris ? Ma pauvre, même après toutes ces années l'ombre du soir continue à te tracasser ? Oh viens par ici, que ta vieille mère puisse t'embrasser. La dame se releva sous les couvertures et tendit sa main droite aux traits ridés mais toujours autant emplis de tendresse. - Je n'y peux rien, mère. Il y a quelque chose au fond de moi qui tremble à chaque fois que la nuit tombe... Parfois c'est presque imperceptible, mais ce soir c'est horrible... répondit la lumina en s'avançant vers la main tendue. - Tu finiras par t'y faire un jour, sois sans crainte. Même les simples hommes naissent en craignant les ténèbres, alors un être de lumière ? Elle joignit ses vieux doigts à ceux de sa fille adoptive, l'incitant à se rapprocher encore un peu plus pour l'étreindre. - Est-ce que ça te dirait de réécouter "L’Étoile du Soir" ? Ça te fait toujours le plus grand bien quand tu es troublée. Iris, désormais nichée contre la poitrine de sa mère, hocha la tête en signe d'approbation. Cette dernière se racla alors la gorge et entonna son chant.
...
Le lit n'était plus qu'un tas de copeaux jonchant le sol et celle qui y reposait avait depuis longtemps rejoint les étoiles, mais quand l'éclat du jour faiblissait, sa voix pouvait encore se faire entendre à travers Iris qui reproduisait le morceau lors des chaudes soirées d'été du Doreï, réconfortant les enfants d'aujourd'hui comme elle l'avait été jadis. Sa peur de l'obscurité s'était dissipée au fil des décennies et elle ne représentait plus à présent qu'un lointain souvenir de son passé. Il n'y avait plus que sa propre tendresse face aux sourires des jeunes calcinés ?!
La vision d'Iris se troubla, une brume épaisse recouvrait peu à peu les lieux et cette vision de cauchemar. Effarée, elle cligna frénétiquement des yeux, priant qu'ils lui aient joué un mauvais tour, mais il n'y avait plus que des cadavres et des cendres ainsi que l'odeur de la mort. Cela ne pouvait être, pas encore ! Sa respiration se fit de plus en saccadée tandis que la panique la gagnait, et ce ne fut que trop tard qu'elle aperçut la masse ardente qui était en train de lui tomber dessus.
Un craquement sourd, suivi d'un réveil brutal...
Iris était en train de frissonner, des sueurs froides parcouraient tout le long de son corps comme si d'innombrables piques de glaces étaient en train de lui percer la peau, grignotant chaque parcelle de son être. Une sensation abominable dont elle mit quelques secondes à deviner la source, le temps de se remettre de sa stupeur. Le voile noir qu'elle avait senti en arrivant, il était bien plus fort, plus persistant, et il s'insinuait jusque dans les moindres recoins de la pièce. Ce cauchemar abject était-il dû à cette perturbation extérieure ? Peut-être bien, ou peut-être que ce n'était qu'une coïncidence malheureuse mais la sensation de rongement, elle, était bien réelle. Elle était si forte qu'Iris en était venue à grelotter, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Rassemblant ses forces encore diminuées par le réveil abrupt, elle se traina péniblement jusqu'à la fenêtre dont elle ouvrit le battant, avant de conjurer uns violente bourrasque qui manqua de peu d'arracher les volets en bois élimé, dispersant ainsi une nouvelle fois ce mal invisible qui s'attaquait à elle.
Mais comme la fois précédente, la sensation ne disparut pas complètement. La source du voile subsistait quelque part, et cette fois-ci elle était bien plus tangible, plus perceptible. Le mal a atteint le village, ça y est. Iris enfila ses bottes à la hâte, puis elle s'élança à travers l'ouverture de sa fenêtre, déployant par la même occasion ses éclatantes ailes éthérées. Le ciel était noir, aucune lumière des astres ne parvenait plus au sol dans ce lieu abandonné par la lumière, et c'était un village en effervescence qui apparut sous ses yeux encore légèrement bouffis. Des bruits étouffés de discussions pouvaient se faire entendre depuis les différentes maisons et plusieurs gardes pouvaient être aperçus en train de courir dans les rues, alertés par ce même bruit assourdissant qui l'avait tirée de son sommeil.
- Par ici, ça venait de la chapelle ! Bon sang, qu'est-ce qui est en train de se passer ?!
La lumina plissa les yeux à la recherche de la bâtisse évoquée par les soldats en train de courir frénétiquement, survolant les toits des maisons par la même occasion. Malheureusement pour elle, ses ailes ne passèrent pas inaperçues, dans cette dense pénombre, elles étaient un fanal de lumière pure visible à des dizaines de mètres. Plusieurs gardes se tournèrent dans sa direction avec une mine terrifiée, avant de se mettre à beugler des ordres et à sortir arcs et arbalètes pour la descendre depuis les airs.
- Un... Un Ange ! Abattez là avant qu'elle ne ravage le village ! Il faut à tout prix l'empêcher de détruire les maisons !
L'incompréhension, puis la consternation se succédèrent sur le visage d'Iris alors que plusieurs arcs étaient bandés dans sa direction et que des arbalètes étaient réarmées. Pourquoi était-elle la cible de ces villageois, l'explosion ne provenait-elle pas de la chapelle qu'ils cherchaient à rejoindre ? Il fallait qu'elle arrive à calmer ces gardes, autant pour sa propre sécurité que la leur, ils n'avaient aucune idée de ce qui s'était infiltré dans le village et ils avaient plus de chances de finir blessés qu'autre chose s'ils se mettaient en travers de sa route. Et juste avant que les flèches ne soient décochées, elle leva ses deux mains haut dans le ciel. Des spirales hurlantes se mirent à siffler dans les airs et dévièrent sans mal les projectiles pointus. Mais les flèches n'étaient pas la cible, l'obscurité s'était densifiée au point de cacher la lune et les étoiles, et Iris comptait bien y remédier. Les vents s'intensifièrent encore avant de monter en colonne haut dans le ciel, manquant de peu de vraiment arracher plusieurs briques de leurs murs. Le pilier de tempête perça sans mal les ténèbres, et bientôt de petits points de lumière réapparurent dans la toile céleste.
Elle se laissa ensuite retomber doucement sur le sol, faisant disparaitre ses ailes et soulevant un léger nuage de poussière devant les soldats les plus proches, hébétés devant une telle démonstration de force. Aucun d'entre eux n'osa parler, tétanisés par la peur, leurs mains arrivant à peine à empêcher les armes de tomber par terre. Elle s'approcha lentement de l'un d'entre eux, reflétant son aura dorée sur les pièces de fer recouvrant ses épaulières et ses casque, avant de prendre la parole.
- Inconscients, n'avez-vous jamais vu un véritable ange dans vos courtes vies ? Leurs ailes sont bien réelles contrairement aux miennes, et ils sont bien plus grands que ma courte stature. Et qu'en est-il de cette aura ténébreuse qui enserre le village, est-ce aussi de mon fait alors que la lumière brille à même ma peau ? Même si la panique vous gagne, réfléchissez mieux avant de choisir vos ennemis, je ne suis pas celle qui cherche votre trépas. Maintenant disparaissez si vous tenez à la vie, ce qui se cache dans cette chapelle dépasse vos compétences !
Il n'y eut aucune réponse, après plusieurs secondes de silence, le garde se contenta de baisser son arbalète et de faire signe à ses frères d'armes de la laisser passer. Le mot fut également transmis de bouche à oreille qu'il ne fallait surtout pas approcher le lieu de l'explosion, ou le fuir s'il avait été atteint. Le village entier tomba en suspens, retenant son souffle dans l'attente de ce qui allait se passer. Iris ne redéploya pas ses ailes, préférant marcher vers le clocher qu'elle voyait désormais quelques rues plus loin. Plusieurs regards curieux se tournèrent vers elles depuis l'abri d'un rideau, et même les chiens se turent en voyant cette silhouette brillante fendre la pénombre.
Des débris firent finalement leur apparition par terre. Des éclats de verre, quelques morceaux de bois qui avaient malencontreusement été emportés avec les vitraux, et même un coin d'étagère qui était venu se ficher entre deux pavés. La grande porte du bâtiment avait presque sauté de ses gonds sous la force de l'impact, et elle pendait tristement sur le côté, laissant entrevoir au fond une silhouette parmi les décombres. Il n'y avait plus aucun doute, c'était la source du sombre voile. Résolue, Iris entra elle aussi dans la chapelle, lumière solitaire face à l'immensité du noir. Mais avant de s'exprimer, une pensée lui traversa l'esprit... Est-ce possible ? Après tant de siècles, un ombra ?
- Rares sont ceux qui peuvent troubler mon aura, être des ombres. Dans quel but êtes-vous venu troubler mon sommeil et la sérénité de ces terres ?
CENDRES
...
Le lit n'était plus qu'un tas de copeaux jonchant le sol et celle qui y reposait avait depuis longtemps rejoint les étoiles, mais quand l'éclat du jour faiblissait, sa voix pouvait encore se faire entendre à travers Iris qui reproduisait le morceau lors des chaudes soirées d'été du Doreï, réconfortant les enfants d'aujourd'hui comme elle l'avait été jadis. Sa peur de l'obscurité s'était dissipée au fil des décennies et elle ne représentait plus à présent qu'un lointain souvenir de son passé. Il n'y avait plus que sa propre tendresse face aux sourires des jeunes calcinés ?!
La vision d'Iris se troubla, une brume épaisse recouvrait peu à peu les lieux et cette vision de cauchemar. Effarée, elle cligna frénétiquement des yeux, priant qu'ils lui aient joué un mauvais tour, mais il n'y avait plus que des cadavres et des cendres ainsi que l'odeur de la mort. Cela ne pouvait être, pas encore ! Sa respiration se fit de plus en saccadée tandis que la panique la gagnait, et ce ne fut que trop tard qu'elle aperçut la masse ardente qui était en train de lui tomber dessus.
Un craquement sourd, suivi d'un réveil brutal...
Iris était en train de frissonner, des sueurs froides parcouraient tout le long de son corps comme si d'innombrables piques de glaces étaient en train de lui percer la peau, grignotant chaque parcelle de son être. Une sensation abominable dont elle mit quelques secondes à deviner la source, le temps de se remettre de sa stupeur. Le voile noir qu'elle avait senti en arrivant, il était bien plus fort, plus persistant, et il s'insinuait jusque dans les moindres recoins de la pièce. Ce cauchemar abject était-il dû à cette perturbation extérieure ? Peut-être bien, ou peut-être que ce n'était qu'une coïncidence malheureuse mais la sensation de rongement, elle, était bien réelle. Elle était si forte qu'Iris en était venue à grelotter, il fallait qu'elle fasse quelque chose. Rassemblant ses forces encore diminuées par le réveil abrupt, elle se traina péniblement jusqu'à la fenêtre dont elle ouvrit le battant, avant de conjurer uns violente bourrasque qui manqua de peu d'arracher les volets en bois élimé, dispersant ainsi une nouvelle fois ce mal invisible qui s'attaquait à elle.
Mais comme la fois précédente, la sensation ne disparut pas complètement. La source du voile subsistait quelque part, et cette fois-ci elle était bien plus tangible, plus perceptible. Le mal a atteint le village, ça y est. Iris enfila ses bottes à la hâte, puis elle s'élança à travers l'ouverture de sa fenêtre, déployant par la même occasion ses éclatantes ailes éthérées. Le ciel était noir, aucune lumière des astres ne parvenait plus au sol dans ce lieu abandonné par la lumière, et c'était un village en effervescence qui apparut sous ses yeux encore légèrement bouffis. Des bruits étouffés de discussions pouvaient se faire entendre depuis les différentes maisons et plusieurs gardes pouvaient être aperçus en train de courir dans les rues, alertés par ce même bruit assourdissant qui l'avait tirée de son sommeil.
- Par ici, ça venait de la chapelle ! Bon sang, qu'est-ce qui est en train de se passer ?!
La lumina plissa les yeux à la recherche de la bâtisse évoquée par les soldats en train de courir frénétiquement, survolant les toits des maisons par la même occasion. Malheureusement pour elle, ses ailes ne passèrent pas inaperçues, dans cette dense pénombre, elles étaient un fanal de lumière pure visible à des dizaines de mètres. Plusieurs gardes se tournèrent dans sa direction avec une mine terrifiée, avant de se mettre à beugler des ordres et à sortir arcs et arbalètes pour la descendre depuis les airs.
- Un... Un Ange ! Abattez là avant qu'elle ne ravage le village ! Il faut à tout prix l'empêcher de détruire les maisons !
L'incompréhension, puis la consternation se succédèrent sur le visage d'Iris alors que plusieurs arcs étaient bandés dans sa direction et que des arbalètes étaient réarmées. Pourquoi était-elle la cible de ces villageois, l'explosion ne provenait-elle pas de la chapelle qu'ils cherchaient à rejoindre ? Il fallait qu'elle arrive à calmer ces gardes, autant pour sa propre sécurité que la leur, ils n'avaient aucune idée de ce qui s'était infiltré dans le village et ils avaient plus de chances de finir blessés qu'autre chose s'ils se mettaient en travers de sa route. Et juste avant que les flèches ne soient décochées, elle leva ses deux mains haut dans le ciel. Des spirales hurlantes se mirent à siffler dans les airs et dévièrent sans mal les projectiles pointus. Mais les flèches n'étaient pas la cible, l'obscurité s'était densifiée au point de cacher la lune et les étoiles, et Iris comptait bien y remédier. Les vents s'intensifièrent encore avant de monter en colonne haut dans le ciel, manquant de peu de vraiment arracher plusieurs briques de leurs murs. Le pilier de tempête perça sans mal les ténèbres, et bientôt de petits points de lumière réapparurent dans la toile céleste.
Elle se laissa ensuite retomber doucement sur le sol, faisant disparaitre ses ailes et soulevant un léger nuage de poussière devant les soldats les plus proches, hébétés devant une telle démonstration de force. Aucun d'entre eux n'osa parler, tétanisés par la peur, leurs mains arrivant à peine à empêcher les armes de tomber par terre. Elle s'approcha lentement de l'un d'entre eux, reflétant son aura dorée sur les pièces de fer recouvrant ses épaulières et ses casque, avant de prendre la parole.
- Inconscients, n'avez-vous jamais vu un véritable ange dans vos courtes vies ? Leurs ailes sont bien réelles contrairement aux miennes, et ils sont bien plus grands que ma courte stature. Et qu'en est-il de cette aura ténébreuse qui enserre le village, est-ce aussi de mon fait alors que la lumière brille à même ma peau ? Même si la panique vous gagne, réfléchissez mieux avant de choisir vos ennemis, je ne suis pas celle qui cherche votre trépas. Maintenant disparaissez si vous tenez à la vie, ce qui se cache dans cette chapelle dépasse vos compétences !
Il n'y eut aucune réponse, après plusieurs secondes de silence, le garde se contenta de baisser son arbalète et de faire signe à ses frères d'armes de la laisser passer. Le mot fut également transmis de bouche à oreille qu'il ne fallait surtout pas approcher le lieu de l'explosion, ou le fuir s'il avait été atteint. Le village entier tomba en suspens, retenant son souffle dans l'attente de ce qui allait se passer. Iris ne redéploya pas ses ailes, préférant marcher vers le clocher qu'elle voyait désormais quelques rues plus loin. Plusieurs regards curieux se tournèrent vers elles depuis l'abri d'un rideau, et même les chiens se turent en voyant cette silhouette brillante fendre la pénombre.
Des débris firent finalement leur apparition par terre. Des éclats de verre, quelques morceaux de bois qui avaient malencontreusement été emportés avec les vitraux, et même un coin d'étagère qui était venu se ficher entre deux pavés. La grande porte du bâtiment avait presque sauté de ses gonds sous la force de l'impact, et elle pendait tristement sur le côté, laissant entrevoir au fond une silhouette parmi les décombres. Il n'y avait plus aucun doute, c'était la source du sombre voile. Résolue, Iris entra elle aussi dans la chapelle, lumière solitaire face à l'immensité du noir. Mais avant de s'exprimer, une pensée lui traversa l'esprit... Est-ce possible ? Après tant de siècles, un ombra ?
- Rares sont ceux qui peuvent troubler mon aura, être des ombres. Dans quel but êtes-vous venu troubler mon sommeil et la sérénité de ces terres ?
CENDRES
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Poumons et cœur travaillent en harmonie pour attendrir la colère de l’homme qui fixe encore l’ouvrage biographique posé à présent dans ses mains. Dans son manque de contrôle explosif, il a chassé poussière, débris et même particules ombrées de la pièce. Alors que son calme refait surface, il frotte son menton tout en fermant le livre. Il ne reste plus que lui, le recueil et ses amères pensées.
Puis une aura vient éclairer la pièce dans un coup de vent, elle n’est pas réellement faite de lumière. Non, Ultio la voit plutôt comme un scintillement d’innocence, une lueur de compassion et d’une radiante bonté. Comme s’il ressent un écho de son passé, un sentiment amenant à jumeler son ombre angélique.
Humectant ses lèvres, il reste aussi immobile que confus. Dans le noir complet où seul le brasier dans son torse est visible, où ses yeux ocres reflètent la nouvelle venue comme un miroir inaccessible, interdit, impossible. « Est-ce la personne qui inhibe notre magie ? » se demande-t-il intérieurement alors que la femme prend parole.
Il se contente d’écouter tout en penchant légèrement la tête d’un côté, intéressé. Après un instant, il amène bras et papiers sous sa cape avant de faire un pas. Puis un autre. Et un dernier, restant suffisamment éloigné pour ne pas représenter de danger, mais assez proche pour finalement dévoiler son vil visage, laid et meurtri. Une autre dizaine de secondes passe avant que sa voix doublée et naturellement troublante résonne, prenant le dessus sur son métronome rougeoyant :
-« Notre musique annonce Justice, dans la nuit, une âme coupable s’éteindra. »
Les faibles rides et traits tirés autour de ses yeux contrastent avec son apparence globale, avec le bâtiment en ruine et la détonation passée. Ils énoncent sérénité et dévouement, paix et détermination.
-« Qu’êtes-vous, Lumière ? » interroge-t-il à son tour, respectueusement, exprimant une fois de plus son manque d’hostilité envers elle et ce, malgré ses intentions vengeresses.
Ses songes s’arrêtent sur l’inconnue et pendant une seconde il croit sentir la caresse d'un vent d'antan sur sa peau.
CENDRES
Puis une aura vient éclairer la pièce dans un coup de vent, elle n’est pas réellement faite de lumière. Non, Ultio la voit plutôt comme un scintillement d’innocence, une lueur de compassion et d’une radiante bonté. Comme s’il ressent un écho de son passé, un sentiment amenant à jumeler son ombre angélique.
Humectant ses lèvres, il reste aussi immobile que confus. Dans le noir complet où seul le brasier dans son torse est visible, où ses yeux ocres reflètent la nouvelle venue comme un miroir inaccessible, interdit, impossible. « Est-ce la personne qui inhibe notre magie ? » se demande-t-il intérieurement alors que la femme prend parole.
Il se contente d’écouter tout en penchant légèrement la tête d’un côté, intéressé. Après un instant, il amène bras et papiers sous sa cape avant de faire un pas. Puis un autre. Et un dernier, restant suffisamment éloigné pour ne pas représenter de danger, mais assez proche pour finalement dévoiler son vil visage, laid et meurtri. Une autre dizaine de secondes passe avant que sa voix doublée et naturellement troublante résonne, prenant le dessus sur son métronome rougeoyant :
-« Notre musique annonce Justice, dans la nuit, une âme coupable s’éteindra. »
Les faibles rides et traits tirés autour de ses yeux contrastent avec son apparence globale, avec le bâtiment en ruine et la détonation passée. Ils énoncent sérénité et dévouement, paix et détermination.
-« Qu’êtes-vous, Lumière ? » interroge-t-il à son tour, respectueusement, exprimant une fois de plus son manque d’hostilité envers elle et ce, malgré ses intentions vengeresses.
Ses songes s’arrêtent sur l’inconnue et pendant une seconde il croit sentir la caresse d'un vent d'antan sur sa peau.
CENDRES
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"Qu'êtes-vous, Lumière ?"
Une question si simple en apparence, et pourtant elle s'insinuait partout. Cachée dans les nuages de poussière dispersés, enroulée autour des pages décrépites jonchant les dalles, glissant subrepticement entre les briques. Répercutée dans la pièce, elle assaillait Iris de toutes parts, comme un picotement qui se propageait dans son corps, un écho qui résonnait encore et encore au fond de son être.
Elle était bien des choses, une artiste renommée, une puissante sorcière, une personne aimable et plus encore. Mais la question n'était pas de savoir qui, non... c'était de savoir quoi. Un fragment du passé, une âme errante, une anomalie magique, une erreur...
La silhouette devant elle attendait toujours une réponse, manifestement curieuse face à cet éclat doré qui avait interrompu ses affaires. Une curiosité accompagnée d'un visage défiant le reste de son apparence, un visage marqué et défiguré certes, mais qui n'avait pas sa place au sommet de ce corps mêlant pure obscurité et rougeoiement étouffé. Quoi que lui-même puisse être, il n'était pas une incarnation pure des éléments au même titre qu'elle, il était autre chose, quelque chose d'indescriptible. Mais la question flottait encore dans l'air suspendu et elle se devait d'y répondre, pour cette sombre figure certes, mais également pour elle, pour l'acceptation de sa propre nature.
- Je suis un fragment issu de Sa volonté, un fragment auquel Sekaï a donné un nom qui vous évoquera peut-être quelque chose. Je suis une lumina. dit-elle enfin d'une voix neutre. Dans cet espace confiné, la simple présence de cette créature corrompue suffisait à la mettre mal à l'aise, elle ne semblait pas hostile à son égard, mais cette aura ténébreuse qu'elle dégageait était une onde dévoreuse qui s'attaquait constamment à son être, qui grignotait chaque parcelle de lumière qu'elle pouvait atteindre. Elle était terriblement accablante et Iris sentait qu'elle ne pourrait pas y résister très longtemps sans menacer de détruire le peu de décoration qui subsistait encore dans la chapelle dévastée. Gardant son calme du mieux qu'elle le pouvait, elle lui retourna la question posée précédemment.
- Mais vous, vous êtes autre chose n'est-ce pas ? La pureté qui coule dans mes veines ne se reflète pas en vous, il y a quelque chose en plus que je ne peux discerner.
Pour le moment, rien ne se faisait entendre à l'extérieur de la bâtisse, mais ça ne saurait durer, le cœur des mortels finissait toujours par prendre le dessus sur leur raison, et Iris se doutait qu'ils ne pourraient se retenir beaucoup plus longtemps d'investiguer à leur tour. Peu importe le dessein de son interlocuteur, ils seraient bientôt forcés de sortir s'ils ne voulaient pas se retrouver encerclés par une bande de villageois affolés. Toutefois, quelque chose troublait la lumina. La créature face à elle avait parlé de justice, et pourtant elle était ici, et Iris l'avait vue ranger un livre relié sous sa cape. Si elle était réellement une manifestation de la justice venue châtier une âme perfide, ça ne pouvait être son seul but en venant dans cette librairie.
- La main arbitraire de votre musique a une bien curieuse façon d'abattre sa sentence, à moins que ces étagères ne soient la première étape de votre châtiment. Mais si une seule âme est effectivement à blâmer pour les tragédies qui ont eu lieu ici, je vous conseillerais de vous éclipser tant que vous le pouvez encore. D'ici peu, d'innombrables innocents viendront encercler cet endroit, et beaucoup d'âmes périront certainement dans l'altercation.
Elle n'avait pas particulièrement à cœur de l'aider, mais elle savait que si elle ne le faisait pas, elle devrait soit essayer de l'éliminer, soit subir une nouvelle fois le courroux du village, peut-être même les deux, et dans tous les cas des effusions de sang inutiles auraient lieu, ce qui ne l'enchantait guère. Et pourtant, une autre raison la poussait peut-être également à essayer de l'aider. Il l'intriguait, elle avait vu bien des choses dans sa longue existence, du plus petit insecte au plus massif des béhémoths, et même des créatures venues d'un autre monde quand les Titans avaient submergé sa bien aimée Shoumeï avec leurs légions. Iris reprit une dernière fois avant de tourner les talons.
- Si la Justice est bel et bien ce qui motive vos actes, je peux vous aider à quitter cet endroit sans parjurer vos principes. Quand je ressortirai, le monde portera son attention sur moi et vous pourrez vous glisser hors de la place sans effrayer les foules. S'il m'est donné de survivre, je vous retrouverai, ce voile qui vous accompagne m'ouvrira la voie.
CENDRES
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-« … Je suis une lumina. »
Une réponse inattendue, précise, descriptive. Ses frissons, résorbés par ses nouvelles pensées, calmes et attentives, disparaissent lentement alors que son corps s’immobilise. Ses yeux se figent sur l’être de lumière, ne clignent plus, ne jaugent plus. Soif de savoir, ils contemplent seulement alors qu’Ultio étanche ses connaissances, enfin, il est face à face avec son opposé, enfin il rencontre un être cristallin, une fontaine de pureté, une Lumina.
Continuant de boire ses paroles, ses questions, aussi fixe qu’une statue de marbre, aussi fragile qu’un château de sable, il s’érode à ses pensées. Oui, il est bien différent d’elle, les ténèbres ruisselant en lui ne sont pas naturelles, elles ne sont pas inviolées ou saines. Elles sont au contraire créer par un être vil et pernicieux, par des émotions sombres et malsaines, par des intentions lugubres et arides. Corrompue et vivante, son « Ombre » n’est autre que des particules sans libre arbitre, des marionnettes asséchées de sens, des outils, des esclaves dont il se sert pour agrandir ses plans. Mais il y a une vérité dans sa question. Il est bien une « chose », loin d’être seulement l’absence de lumière, il a l’essence d’une créature souillée et dépourvue de perfection. La réponse retentit alors en lui, ses paroles peuvent être formées. Pourtant, aucun son ne sort, sa bouche reste entre-ouverte, et lui se contente seulement de s’abreuver une fois de plus des phrases dites par l’être de noblesse. Son trouble irriguant son visage, laissant un trou, une Oasis sèche dans son tempo irrégulier et omniprésent.
Dehors, la panique grandit. Bien que lointaine, les voix prennent de l’ampleur. La populace fuit travers l’épais miasme pendant que les soldats naviguent aveuglement et bruyamment vers la bâtisse détruite. Un contraste qui diffère avec le calme de la librairie, avec la voix sereine et déterminée de la brillante invitée, avec le silence inadéquat de la source de cette calamité.
Un mutisme dont il compte se séparer depuis la mention de l’âme à blâmer, depuis qu’elle place Justice, Vengeance, à nouveau dans son cœur, dans ses aspirations. Sortant sa main vide de par-dessous sa cape et attendant la fin de son chant de diplomatie, Ultio inonde l’air de sa voix impure.
-« Nous ne sommes pas opposés, Lumina et Ombra, mais contraire de nature : Pureté et Dépravation, Lumière et Profanation, Innocence et Culpabilité, Dignité... Honte. »
Son bras accompagne son élocution de chantre qui est empli d’une douleur bien trop reconnaissable : La vérité.
-« Notre musique. » dit-il en amenant sa main contre son rythme de sang. « Elle est responsable du souffle dérobant tranquillité à ce lieu. »
Sa voix gagne en intonation, se déformant pour laisser place à une seconde, plus grave, plus inégale, venue d’un autre plan.
-« Ces grains qui flottent nous appartiennent, nécessaire à notre venue, à la confiscation de ce livre. » ajoute-t-il en le brandissant lentement. « Mais notre objectif a divergé depuis son acquisition. »
Transformé, son regard s’assombrit, ses sourcils froncent, sa mâchoire se resserre, son cou se crispe, son torse rougeoie et clignote plus intensément. Son aura, le dégagement de ses émotions dont la pièce a goûté auparavant reprend, pour passer d’une quiétude réservée à un danger prononcé.
-« Normalement, nous valorisons notre anonymat et aurons emporté avec nous ce village, ainsi que l’entièreté de ses habitants. Pour les crimes d’un seul, tous auront été puni. »
Quelques pas plus tard, son courroux diminue, l’avertissement exclamé n’en est pas un, mais plutôt une opportunité qu’il offre à l’être de grandeur.
-« Alors suivons-donc vos paroles, offrez-nous une chance de nous déplacer librement, d’offrir sentence à l’unique fautif et nuls autre seront perdus à la nuit. Retrouvons-nous ensuite à la lisière du lac, où nous nous ouvrirons à votre entière curiosité. » termine-t-il en présentant la sortie de sa paume libre.
CENDRES
Une réponse inattendue, précise, descriptive. Ses frissons, résorbés par ses nouvelles pensées, calmes et attentives, disparaissent lentement alors que son corps s’immobilise. Ses yeux se figent sur l’être de lumière, ne clignent plus, ne jaugent plus. Soif de savoir, ils contemplent seulement alors qu’Ultio étanche ses connaissances, enfin, il est face à face avec son opposé, enfin il rencontre un être cristallin, une fontaine de pureté, une Lumina.
Continuant de boire ses paroles, ses questions, aussi fixe qu’une statue de marbre, aussi fragile qu’un château de sable, il s’érode à ses pensées. Oui, il est bien différent d’elle, les ténèbres ruisselant en lui ne sont pas naturelles, elles ne sont pas inviolées ou saines. Elles sont au contraire créer par un être vil et pernicieux, par des émotions sombres et malsaines, par des intentions lugubres et arides. Corrompue et vivante, son « Ombre » n’est autre que des particules sans libre arbitre, des marionnettes asséchées de sens, des outils, des esclaves dont il se sert pour agrandir ses plans. Mais il y a une vérité dans sa question. Il est bien une « chose », loin d’être seulement l’absence de lumière, il a l’essence d’une créature souillée et dépourvue de perfection. La réponse retentit alors en lui, ses paroles peuvent être formées. Pourtant, aucun son ne sort, sa bouche reste entre-ouverte, et lui se contente seulement de s’abreuver une fois de plus des phrases dites par l’être de noblesse. Son trouble irriguant son visage, laissant un trou, une Oasis sèche dans son tempo irrégulier et omniprésent.
Dehors, la panique grandit. Bien que lointaine, les voix prennent de l’ampleur. La populace fuit travers l’épais miasme pendant que les soldats naviguent aveuglement et bruyamment vers la bâtisse détruite. Un contraste qui diffère avec le calme de la librairie, avec la voix sereine et déterminée de la brillante invitée, avec le silence inadéquat de la source de cette calamité.
Un mutisme dont il compte se séparer depuis la mention de l’âme à blâmer, depuis qu’elle place Justice, Vengeance, à nouveau dans son cœur, dans ses aspirations. Sortant sa main vide de par-dessous sa cape et attendant la fin de son chant de diplomatie, Ultio inonde l’air de sa voix impure.
-« Nous ne sommes pas opposés, Lumina et Ombra, mais contraire de nature : Pureté et Dépravation, Lumière et Profanation, Innocence et Culpabilité, Dignité... Honte. »
Son bras accompagne son élocution de chantre qui est empli d’une douleur bien trop reconnaissable : La vérité.
-« Notre musique. » dit-il en amenant sa main contre son rythme de sang. « Elle est responsable du souffle dérobant tranquillité à ce lieu. »
Sa voix gagne en intonation, se déformant pour laisser place à une seconde, plus grave, plus inégale, venue d’un autre plan.
-« Ces grains qui flottent nous appartiennent, nécessaire à notre venue, à la confiscation de ce livre. » ajoute-t-il en le brandissant lentement. « Mais notre objectif a divergé depuis son acquisition. »
Transformé, son regard s’assombrit, ses sourcils froncent, sa mâchoire se resserre, son cou se crispe, son torse rougeoie et clignote plus intensément. Son aura, le dégagement de ses émotions dont la pièce a goûté auparavant reprend, pour passer d’une quiétude réservée à un danger prononcé.
-« Normalement, nous valorisons notre anonymat et aurons emporté avec nous ce village, ainsi que l’entièreté de ses habitants. Pour les crimes d’un seul, tous auront été puni. »
Quelques pas plus tard, son courroux diminue, l’avertissement exclamé n’en est pas un, mais plutôt une opportunité qu’il offre à l’être de grandeur.
-« Alors suivons-donc vos paroles, offrez-nous une chance de nous déplacer librement, d’offrir sentence à l’unique fautif et nuls autre seront perdus à la nuit. Retrouvons-nous ensuite à la lisière du lac, où nous nous ouvrirons à votre entière curiosité. » termine-t-il en présentant la sortie de sa paume libre.
CENDRES
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Ainsi donc il savait, la nature de l'être de lumière ne lui était pas inconnue et il connaissait même son opposé. Mais comme Iris l'avait supposé, cette silhouette lugubre n'était pas un simple Ombra si même il leur était lié. Et pourtant, quelle autre explication aurait-il pu y avoir ? Nombre de créatures pouvaient manier l'ombre et la lumière mais avec une telle aisance ? En dehors des races issues d'une volonté supérieure à la simple poursuite générationnelle, un tel don était rare, si rare qu'Iris ne pourrait pas en aligner plus de représentants qu'elle n'avait de doigts sur ses mains. Était-ce un démon ? C'était l'explication la plus plausible, surtout avec des desseins à première vue aussi nobles que le soi-disant juste châtiment d'une âme mauvaise, mais la dévastation de la librairie ne concordait pas, les quelques entités démoniaques connues de Sekaï partageaient toutes une caractéristique fondamentale, leur obsession de l'aspect qui avait mené à leur naissance. Il n'était pas ordinaire de les voir s'encombrer d'ambitions secondaires, ambitions que la sombre silhouette lui confirmerait bien assez tôt.
Mais l'heure n'était plus à la réflexion, les murmures s'intensifiaient à l'extérieur, le temps leur était compté et l'être vengeur avait accepté de lui laisser une chance. - Les vitraux brisés sont votre porte de salut, mon pouvoir est grand mais je ne saurais dissimuler votre passage sur le palier de cette chapelle. Je peux en revanche vous aider à vous élever jusqu'à ces ouvertures si vous ne le pouvez point et jouer des charmes de cette aura dorée pour attirer et calmer les âmes troublées qui nous attendent. Je devrai certainement aussi lever une nouvelle fois une partie de votre voile pour faire bonne impression mais soyez sans crainte, je ne mettrai pas votre échappatoire en péril.
Tournant définitivement le dos à la figure encapuchonnée, elle leva sa main droite pour conjurer un tourbillon capable de lui faire atteindre les vitraux brisés de la façade droite du bâtiment dévasté, puis elle s'avança dans l'obscurité surnaturelle de la nuit, percée en points par quelques torches vacillantes.qui se rapprochaient inexorablement. Même avec ses talents intrinsèques, elle n'aurait qu'une occasion pour tenter de désamorcer le conflit bouillonnant sous la surface de ce hameau. Ces hommes et femmes étaient terrifiés, ils avaient besoin de réconfort... ou d'un bouc émissaire. Elle passa ce qui restait des portes pour faire face aux visages qui exigeaient une explication, leurs mains à nouveau agrippées à leur armes.
- Que se passe t-il ici ?! Répondez, créature !
Iris ferma les yeux et soupira avant de relever la tête. - Le mal a pris racine dans cette chapelle, voilà ce qu'il en est. Un mal informe qui semblait chercher des réponses dans votre bibliothèque, réponses qu'il n'a visiblement pas trouvées au vu de la dévastation. Qui que ça ait pu être, il n'est plus ici, il ne reste que ce voile damné qu'il a laissé derrière lui pour cacher ses traces. Maintenant écartez-vous que je puisse le disperser.
- Elle ment ! Elle s'apprête à tous nous tuer !
- Tais-toi imbécile, si elle le voulait on serait déjà tous des cadavres au fond du lac ! Tu n'as pas vu ce qu'elle a déjà fait tout à l'heure ?!
N'écoutant plus les accusations et les supplications des gardes, Iris joignit ses deux mains, insufflant lumière et spirales de vent autour de ses phalanges. Deux arbalètes tremblotantes se relevèrent pour essayer d'arrêter son incantation, mais comme précédemment, ce serait un effort futile. Prenant bien garde à ne pas diriger le sort dans son dos, Iris déploya une vaste onde de choc qui fit trembler les vitres et les pavés, forçant les gardes les plus lourds à mettre un pied en terre et soulevant proprement du sol le plus frêle de la compagnie, qui s'en alla atterrir lourdement quelques mètres plus loin non sans lâcher un râle de douleur. L'onde emporta autant la lueur des torches que l'obscurité du voile dans son sillage, ne laissant plus qu'un mélange chaotique de noir de la nuit et d'esprits déboussolés.
Il n'y avait plus que l'aura dorée de la lumina pour éclairer les lieux, et tous les yeux étaient désormais rivés sur elle, en bien comme en mal. - Ne méprenez pas ma violence pour de la haine à votre égard, comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas celle qui cherche votre trépas, je ne suis qu'une humble voyageuse de la République. Les grands maux requièrent les grands remèdes, je n'ai fait que vous aider depuis que je me suis relevée cette nuit.
- Nous... Nous ne pouvons pas le savoir, qui nous dit que vous n'essayez pas juste de gagner notre confiance, ou que le mal est vraiment parti ?
- Si ma présence vous gêne à ce point je peux me retirer, rien ne me retient plus ici maintenant que le voile et votre hospitalité ne sont plus. Permettez moi simplement de récupérer mes affaires et je cesserai de vous importuner.
- Vous voyez ce que vous venez de faire ? Notre bienfaitrice s'en va maintenant. Madame, restez je vous en prie. Le village saura vous récompenser.
- Pour des actes que la moitié d'entre vous refuse d'accepter ou de comprendre ? Votre générosité me touche mais je vois bien que je ne suis plus la bienvenue ici. Surtout que le mal est toujours présent, je n'ai fait qu'éviter le pire.
Devant la cohorte de villageois pour certains perplexes, d'autres admiratifs ou hargneux, Iris s'envola haut dans les airs, inondant les rues de sa présence éclatante alors qu'elle se dirigeait vers la fenêtre de sa chambre pour récupérer les maigres possessions qu'elle avait laissées derrière elle. Elle laissa une pièce d'argent supplémentaire pour les dégâts causés aux volets lors de son premier passage et elle prit la direction de la sortie du village. D'abord dense, la foule de villageois à sa suite se dissipa peu à peu, finissant par accepter qu'elle les quittait et que dans le pire des cas, elle ne serait plus une source de troubles.
Quelle forme de justice sauvage justifiait de mettre à mort les témoins de la sentence ? Alors même qu'elle clamait servir une cause juste, la figure voilée de la chapelle avait présenté des moyens dignes du plus cruel des bourreaux. Mais était-il seulement seul ? Sa voix était étrange, comme si deux harmoniques se contredisaient tout en se battant pour écraser l'autre. Sa valise désormais en main, Iris avait suivi le sentier longeant la rive jusqu'à s'éloigner suffisamment du village pour qu'elle puisse dissimuler son aura aux yeux du public derrière une cape de voyage élimée. Une fois assez loin, elle s'assit sur un écueil pour ruminer ses pensées en attendant le retour de cet être sinistre qu'elle avait aidé à s'échapper. De nature contraire ? N'ai je pas accepté de soutenir sa cause ? Suis-je vraiment aussi pure qu'il le prétend ? De toutes les comparaisons qu'il avait soulevé, une était définitivement fausse. Il n'y avait plus une once de dignité dans l'existence d'Iris, il n'y avait qu'une indifférence forcée et un soupçon de honte, la honte d'avoir abandonné les principes qui la motivaient naguère, jusqu'à ce que l'injuste main du destin ne décide d'abattre sa sentence.
CENDRES
Mais l'heure n'était plus à la réflexion, les murmures s'intensifiaient à l'extérieur, le temps leur était compté et l'être vengeur avait accepté de lui laisser une chance. - Les vitraux brisés sont votre porte de salut, mon pouvoir est grand mais je ne saurais dissimuler votre passage sur le palier de cette chapelle. Je peux en revanche vous aider à vous élever jusqu'à ces ouvertures si vous ne le pouvez point et jouer des charmes de cette aura dorée pour attirer et calmer les âmes troublées qui nous attendent. Je devrai certainement aussi lever une nouvelle fois une partie de votre voile pour faire bonne impression mais soyez sans crainte, je ne mettrai pas votre échappatoire en péril.
Tournant définitivement le dos à la figure encapuchonnée, elle leva sa main droite pour conjurer un tourbillon capable de lui faire atteindre les vitraux brisés de la façade droite du bâtiment dévasté, puis elle s'avança dans l'obscurité surnaturelle de la nuit, percée en points par quelques torches vacillantes.qui se rapprochaient inexorablement. Même avec ses talents intrinsèques, elle n'aurait qu'une occasion pour tenter de désamorcer le conflit bouillonnant sous la surface de ce hameau. Ces hommes et femmes étaient terrifiés, ils avaient besoin de réconfort... ou d'un bouc émissaire. Elle passa ce qui restait des portes pour faire face aux visages qui exigeaient une explication, leurs mains à nouveau agrippées à leur armes.
- Que se passe t-il ici ?! Répondez, créature !
Iris ferma les yeux et soupira avant de relever la tête. - Le mal a pris racine dans cette chapelle, voilà ce qu'il en est. Un mal informe qui semblait chercher des réponses dans votre bibliothèque, réponses qu'il n'a visiblement pas trouvées au vu de la dévastation. Qui que ça ait pu être, il n'est plus ici, il ne reste que ce voile damné qu'il a laissé derrière lui pour cacher ses traces. Maintenant écartez-vous que je puisse le disperser.
- Elle ment ! Elle s'apprête à tous nous tuer !
- Tais-toi imbécile, si elle le voulait on serait déjà tous des cadavres au fond du lac ! Tu n'as pas vu ce qu'elle a déjà fait tout à l'heure ?!
N'écoutant plus les accusations et les supplications des gardes, Iris joignit ses deux mains, insufflant lumière et spirales de vent autour de ses phalanges. Deux arbalètes tremblotantes se relevèrent pour essayer d'arrêter son incantation, mais comme précédemment, ce serait un effort futile. Prenant bien garde à ne pas diriger le sort dans son dos, Iris déploya une vaste onde de choc qui fit trembler les vitres et les pavés, forçant les gardes les plus lourds à mettre un pied en terre et soulevant proprement du sol le plus frêle de la compagnie, qui s'en alla atterrir lourdement quelques mètres plus loin non sans lâcher un râle de douleur. L'onde emporta autant la lueur des torches que l'obscurité du voile dans son sillage, ne laissant plus qu'un mélange chaotique de noir de la nuit et d'esprits déboussolés.
Il n'y avait plus que l'aura dorée de la lumina pour éclairer les lieux, et tous les yeux étaient désormais rivés sur elle, en bien comme en mal. - Ne méprenez pas ma violence pour de la haine à votre égard, comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas celle qui cherche votre trépas, je ne suis qu'une humble voyageuse de la République. Les grands maux requièrent les grands remèdes, je n'ai fait que vous aider depuis que je me suis relevée cette nuit.
- Nous... Nous ne pouvons pas le savoir, qui nous dit que vous n'essayez pas juste de gagner notre confiance, ou que le mal est vraiment parti ?
- Si ma présence vous gêne à ce point je peux me retirer, rien ne me retient plus ici maintenant que le voile et votre hospitalité ne sont plus. Permettez moi simplement de récupérer mes affaires et je cesserai de vous importuner.
- Vous voyez ce que vous venez de faire ? Notre bienfaitrice s'en va maintenant. Madame, restez je vous en prie. Le village saura vous récompenser.
- Pour des actes que la moitié d'entre vous refuse d'accepter ou de comprendre ? Votre générosité me touche mais je vois bien que je ne suis plus la bienvenue ici. Surtout que le mal est toujours présent, je n'ai fait qu'éviter le pire.
Devant la cohorte de villageois pour certains perplexes, d'autres admiratifs ou hargneux, Iris s'envola haut dans les airs, inondant les rues de sa présence éclatante alors qu'elle se dirigeait vers la fenêtre de sa chambre pour récupérer les maigres possessions qu'elle avait laissées derrière elle. Elle laissa une pièce d'argent supplémentaire pour les dégâts causés aux volets lors de son premier passage et elle prit la direction de la sortie du village. D'abord dense, la foule de villageois à sa suite se dissipa peu à peu, finissant par accepter qu'elle les quittait et que dans le pire des cas, elle ne serait plus une source de troubles.
Quelle forme de justice sauvage justifiait de mettre à mort les témoins de la sentence ? Alors même qu'elle clamait servir une cause juste, la figure voilée de la chapelle avait présenté des moyens dignes du plus cruel des bourreaux. Mais était-il seulement seul ? Sa voix était étrange, comme si deux harmoniques se contredisaient tout en se battant pour écraser l'autre. Sa valise désormais en main, Iris avait suivi le sentier longeant la rive jusqu'à s'éloigner suffisamment du village pour qu'elle puisse dissimuler son aura aux yeux du public derrière une cape de voyage élimée. Une fois assez loin, elle s'assit sur un écueil pour ruminer ses pensées en attendant le retour de cet être sinistre qu'elle avait aidé à s'échapper. De nature contraire ? N'ai je pas accepté de soutenir sa cause ? Suis-je vraiment aussi pure qu'il le prétend ? De toutes les comparaisons qu'il avait soulevé, une était définitivement fausse. Il n'y avait plus une once de dignité dans l'existence d'Iris, il n'y avait qu'une indifférence forcée et un soupçon de honte, la honte d'avoir abandonné les principes qui la motivaient naguère, jusqu'à ce que l'injuste main du destin ne décide d'abattre sa sentence.
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