La bête avait affronté la meute d'Alasker et de Deydreus. Et la bête avait été battue. Brisée. Déchirée. En fuite. Pourtant, cela ne marquait pas la fin du combat, pas le fin de cette chasse qui ne faisait que commencer. Le prédateur était devenue la proie. Et ses cibles étaient impitoyables.

Se rappelant des mots de Kaelinn concernant le fait que plus ils s'enfonceraient dans les profondeurs et plus ils se rapprocheraient du but, à l'instar d'une infection qu'un corps tentait de purger sans réussite, le vampire ne comptait pas en rester là et reprendre la route à l'aveugle tandis qu'un ennemi potentiel était encore en vie. Potentiellement, la bête pouvait partir pour se restaurer. Se reconstruire. Ou pire, pour chercher de l'aide. Et cela, ce n'était pas acceptable. Dans sa fuite cependant, le lycan avait tenté un ultime assaut, projetant avec férocité un lopin de terre sur la Griffe et son groupe. En réaction, Ersa s'élança pour briser le projectile, assisté par la Griffe lui même qui généra un mur sanglant pour stopper ce dernier. Une fois sécurisé, le groupe s'observa quelques instants afin de vérifier l'état général des combattants. Puis, Deydreus donna ses ordres.

- On y va. Traquons cette insulte à votre espèce. Alasker, tu prends la tête. Usha, n'hésite pas à protéger les flancs et l'arrière du groupe, potentiellement avec un barrage télékinésique ou je ne sais quoi en cas d'attaques. Ersa, vous l'aiderez également tout en nous assistant sur la traque. La bête pourrait s'être camouflée d'une quelconque façon, alors nous allons utiliser notre flair pour la chasser.

Il s'approcha alors de la valkyrie, la fixant de ses yeux vairons avant de lui tapoter l'épaule, malgré leur différence de taille, et comme s'il pouvait comprendre la potentielle inquiétude qui traversait celle dont la race avait été modelée par Exia. L'avantage d'avoir autant combattu à ses côtés, probablement.

- Avant que nous partions, peux-tu essayer de soigner le mal qui me ronge, j'ai l'impression qu'ils se sont un peu intensifiés, même si ce n'est rien de gênant pour le moment.

C'est ainsi que le groupe se mit en route en direction de sa nouvelle cible, une fois les dernières vérifications effectuées. Guidé par les indications du lycanthrope tovyr tandis que la griffe et l'autre lycan aidaient à repérer l'odeur, le but était clair: trouver et éliminer définitivement cette créature avant de pouvoir continuer la route. Avec de la chance d'ailleurs, la tanière de la bête serait indispensable aux recherches qu'ils devaient mener. Une chose était sûr cependant, avec l'assistance d'Usha qui progressait derrière eux et avec les scientifiques, les potentiels pièges seraient analyser à vue et signalés. Sans connaître la nature magique de la magie utiliser par l'adversaire, les senseurs magiques ne seraient d'aucune aide alors, il fallait se fier aux sens les plus "classiques". Fort heureusement, ceux de ce groupe étaient particulièrement améliorés.

Assez rapidement, la bête fut retrouvée. Tapissant le sol végétal de son sang à cause de blessures peinant à se refermer, elle avait offert un littéral tapis rouge au groupe la pourchassant. La queue entre les jambes et cherchant désespérément à fuir, la bête ne s'était sans doute pas attendue à ce qu'on lui retombe dessus aussi vite. Et, surtout, à ce qu'un nouvel assaut ne se déclenche dans la même suite. Cherchant à assister son ami qui réclamait un trophée particulièrement glorieux, le vampire invoqua de nouveau sa magie sanguine, projetant une nuée de pieux et chaines vermeils qui avaient pour but de venir percer et accrocher les membres inférieurs de la bête. Le but était simple: la blesser grièvement et l'empêcher de continuer sa fuite. Pour le reste... Alasker allait pouvoir réclamer son dut. Et prouver à Puantrus que malgré toutes les mutations qu'il voudrait engendrer, rien ne pourrait entraver la résilience des reikois présents. Et cette leçon, le lycanthrope albinos l'apprendrait bientôt dans le sang, la douleur, les larmes et la mort. Son attaque lancé, Deydreus se positionna ensuite près des autres combattants, ses lames toujours au clair et teintées d'un sang bestial. Pour peu, les runes présentes sur les lames semblèrent briller plus intensément qu'à leur habitude. Elles aussi, semblaient se délecter du raisiné que leur offrait le vampire.

Foutu lac, foutu pont et foutues vapeurs toxiques, chaque respiration était un défi au-dessus de ce précipice aqueux qui n'était séparé d'eux que par une construction qui pouvait disparaître à tout moment. A y mieux réfléchir, ils avaient été plus que téméraires à tenter la traversée dans de telles conditions, mais il fallait prendre des décisions difficiles, la course contre la montre était désormais double entre le groupe qui s'intoxiquait inexorablement et l'attaque sur le quartier général. Louées soient les chambres magmatiques, le tas de chair avait visiblement tenu parole et ils parvinrent péniblement à l'autre bout de ce lac rance. Le pont ne daigna même pas disparaître, pour l'instant tout du moins...

Et un peu plus loin, un passage s'ouvrait pour les laisser passer, comme si cette expédition maudite n'était qu'une série de tests sadiques. Plus ils avançaient et plus le nain avait peur qu'ils ne fassent ça pour rien, que tout cet endroit n'était qu'une immense farce destinée à tourmenter les mortels assez impétueux pour défier le Titan de la maladie. Ça ne pouvait pas être si facile n'est-ce pas ? La réponse ne tarda pas à se faire connaître, à peine le passage s'était-il formé qu'ils étaient aspirés vers l'autre côté, puis repoussés brutalement. De loin ce n'était qu'un simple coup de vent un peu brutal, mais plus ils s'approchaient et plus ils comprenaient que le passage était impraticable sans réfléchir à un plan d'action. Encore fallait-il réussir à réfléchir pendant que le monde même essayait de lui arracher la barbe avec cette succion périodique.

- Saleté de... Je vais finir par croire que Puantrus déteste les nains, même d'ici c'est pas agréable alors pile devant l'entrée ? Ma barbe va y passer à ce rythme. Et même sans ça... Je pense pouvoir passer en force mais je doute que quelqu'un arrive à me suivre, et vu la tronche que ça a je sais pas s'il y a un moyen d'arrêter ces bourrasques de mort.

Il fallait trouver un moyen de passer mais comment ? Et pourquoi est-ce que toutes les solutions se résumaient systématiquement à arracher des murs ? Il devait vraiment perdre la tête à force de s'aventurer dans ces galeries de chair, ce n'était pourtant pas une stratégie habituelle de son arsenal de chasse. Mais d'un autre côté, à moins qu'un autre membre du groupe ait une solution à proposer il n'avait pas mieux à part enfoncer une paroi adjacente ou passer en force seul et prier de trouver quelque chose. Mais heureusement pour lui, il n'était pas seul et une fois de plus, un autre membre de l'expédition allait prouver sa valeur. Tout comme Zéphyr, Elia pouvait invoquer des objets et elle avait une corde ainsi qu'une idée.

- Voyons ça... Trois, quatre... Six de mètres de corde à vue de nez. je peux peut-être en tirer quelque chose mais je promets pas que ça va marcher.

Tenant toujours sa hache en main, il prit une extrémité du rouleau de corde. D'abord, trouver un nœud qui ne risquerait pas de se sectionner sur le fer de hache tout en étant assez solide pour ne pas lâcher sous la pression, ça c'était la partie simple, il en avait fait des nœuds dans sa vie. Mais la suite...

- Ok. écartez-vous, ce serait con que je décapite quelqu'un avec ça, je sais pas à quel point le mur est épais de l'autre côté, si ça passe à travers je vais devoir la rattraper cette hache et c'est pas dit que j'y arrive, d'habitude je fais ça avec un modèle réduit.

Il vérifia une dernière fois qu'il avait bien ficelé sa hache de combat en serrant la corde, puis il se rapprocha du mieux qu'il le pouvait du passage tempétueux. Ce n'était qu'un lancer comme un autre, s'il savait toucher une cible en plein vol, réussir à ficher sa hache à revers c'était dans ses cordes. Plantant fermement son pied en avant, il déroula toute son épaule en sentant l'aspiration partir. La hache siffla en fendant les airs de biais avec la corde qui claquait dans son sillage. La force du lancer suffit à lui faire passer l'ouverture et à disparaître derrière les parois, ne restait plus qu'à prier qu'elle se plante dans le mur, plus qu'un instant avant que le souffle ne parte dans l'autre sens... Maintenant ! S'appuyant de tout son poids sur sa jambe arrière pour encaisser le contrecoup, il tira d'un coup sec sur l'extrémité de la corde qu'il avait encore en main. Et merde, il l'avait empoignée trop loin, elle était encore lâche. Il fallait faire vite, de son autre main il se mit à traîner la corde jusqu'à ce qu'elle se tende. Un, deux, trois, quatre mouvements successifs, allez... Ça y est ! Elle était tendue et visiblement il avait remporté son pari, ils avaient un moyen de passer. Il ne fallait plus qu'espérer que ce grappin de fortune ne tienne le coup le temps que tout le monde passe l'embouchure.

- Wooow ! L'aspiration avait repris et il devait maintenant se battre pour garder une corde solidement attachée, et il devrait continuer à supporter cette respiration infernale jusqu'à ce qu'ils passent tous. - Ça a l'air de tenir mais si vous voulez passer comme ça, dépêchez-vous, je sais pas combien de temps on pourra tenir ma hache et moi !

Alors qu’ils étaient prêts à en découdre, le fléau d’écorce cessa des assauts contre eux si brusquement que Dimitri resta quelques seconds interdits. S’enfonçant dans les ombres de la forêt, les ennemis en morceaux disparaissaient un à un. Les questions se bousculaient mais il restait alerte au moindre bruissement de feuilles et craquements du bois. Le sol y passait, en bons souvenirs des fleurs qui avaient manqué de mettre leur groupe au tapis en quelques secondes. La forêt chargée en poison leur cachait d’autres méfaits. Pour cela, il préférait rester alerte. Les sens ouverts, son regard se posa sur Ellana qui prodiguait des soins sur la télépathe. Dimitri n’était pas certain qu’il y ait grand-chose à récupérer. Non qu’il ne croit pas aux capacités de la soigneuse. Disons que les racines s’étaient si profondément ancrées dans la tête de la télépathe qui supposait qu’ils avaient endommagé salement son cerveau. Mais qui sait, paraît que la médecine magique faisait des miracles. Tout le monde croyait aux miracles hm.

La transformation du paysage le plongea dans un silence complet. De défraîchis et noircis, le lieu était devenu coloré et éclatant de vie. Rien à voir avec les forêts qu’il connaissait. Les couleurs explosaient la rétine comme si un soleil de midi se reflétait sur chacun des fruits écarlates. Des fleurs de toutes les couleurs sortaient de chaque pousse d’herbe. Les buissons étaient chargés de feuilles si vertes qu’il était persuadé que la chlorophylle des végétaux était en surdose d'énergie lumineuse. Cet endroit était un berceau paradisiaque proche de ce qui se faisait du lieu où vivait les Fae. Un lieu chargé en couleur et remplit de paillettes. En somme, un endroit dont il fallait à tout prix se méfier.
Son attention toutefois, fut happée par les remarques de ses coéquipiers.
Sur le qui-vive, son regard glissa sur Kahl. Son point de vue détaché et froid dévoilait une réalité effrayante. Sur certains aspects, il possédait un point de vue similaire. Il avait pensé à terminer les douleurs de la jeune femme en voyant dans l’état où les racines avaient mis son corps. Les trous béants réparés ne signifiaient pas qu’elle était hors de danger ni qu’elle ne serait pas un danger pour eux. Mais s’il commençait à penser de cette façon, il ne faudrait pas longtemps pour que la forêt les retourne les uns contre les autres sans effort.

Si on suivait simplement les ordres de la Directrice ? Cela disait, ramener des échantillons, protégez-les, soyez de bonne escorte, et tentez de revenir entier. Grosso merdo. Pour l’heure, ils étaient tous contaminés. Après des heures passées dans cette forêt maléfique, il n’était pas surpris. Il avait eu l’impression qu’il avait évité le pire, et que le groupe avait évolué dans le bon sens, mais pour y trouver quoi ? La forêt était devenue verdoyante et charmante, comme si tout à coup, elle souhaitait faire baisser leur vigilance et se montrer sous son meilleur jour.

La colère d’Ellana par rapport au choix démesuré de Kahl d’éliminer proprement la télépathe était compréhensible. Il vit Lars la retenir, et resta un spectateur silencieux face à la scène qu’il trouva risible. Kahl. Je suis d’accord sur un seul point. Dans tous les cas elle devient un poids et elle risque de nous ralentir. Je peux me charger de prendre le risque de la porter s’il le faut. Toutefois, si nous partons du principe qu’ils ont injecté quelque chose en elle, qui ne nous dit qu’ils n’ont pas fait la même chose à Ellana ? Les propos de Lars lui semblaient plus posés et réfléchis sur la situation. Ellana aurait pu détecter quelque chose de magique dans l’esprit de la jeune femme. Kahl n’avait pas l’air de céder à la panique, mais la méfiance apporterait son lot de problème. S’ils devaient tous exploser avec la télépathe, ou qu’ils devaient être blessés, ce serait effectivement horriblement malheureux. Mais il ne pourrait pas accepter d’avoir enfreint une règle si importante qui était de protéger les deux petites choses fragiles de leur formation. Cela même si cela ne lui déplaisait et qu’il avait pesté à ce sujet à plusieurs reprises. À ce stade, nous ne pouvons-nous permettre de nous tirer dans les pattes à la moindre suspicion. Sinon, la forêt gagne. L'idée de parler de la forêt comme une personne le fit grimacer.

Après quelques secondes, face aux propos de Lars, le chasseur hocha brièvement la tête. La direction prise allait les emmener droit sur un élément inconnu et possiblement dangereux. Rester sur place dans un tel endroit n’était pas une solution à envisager. Il craignait que les fruits se mettent à exploser et les infectes encore plus. Avec les échanges houleux que le groupe venaient d’avoir et la présence oppressante de verdures gracieuses et chatoyantes, Dimitri se rappelait soudain que son bras le démangeait. Il ne put s’empêcher de gratter la zone quelques secondes, créant des marques rouges qui s’effacèrent aussitôt. Nous ne devrions pas trop nous attarder. Nous devrions éviter de courir cette fois. Avec l’attaque surprise de tréants, il n’était pas prêt à recommencer. Leur vigilance ne leur avait pas permis d’éviter cette catastrophe. Marcher lentement allait peut être les aider à prévoir les actions de la forêt lumineuse.

Il s’approcha ensuite de la télépathe. Le filet de bave figé sur sa lèvre et ses yeux révulsés lui donnaient une expression de profonde agonie. Malgré les soins, elle semblait être dans un état second. Pourtant, son cœur battait toujours. Le brun fouilla dans sa besace, guettant les alentours, ses sens ouverts pour ne perdre aucune information, puis il sortit sa gourde, but une gorgée en s’agenouillant près de la malade, et fit couler un fin filet sur son visage en espérant la réveiller.

Allez belle au bois dormant, on se réveille. J'ai même de la viande séchée si tu veux. Disait-il comme on appâtait un chien. Etait-elle devenue un légume ? Était-elle en train de mourir ? Dans tous les cas, il allait porter son poids mort et il voulait décoller de suite. Il n’allait pas attendre que la maladie continue de ronger sa chair.

Spoiler:

POSTE 8

Donc, le pont tenait.
Zéphyr n’allait pas s’en plaindre. Quoique cette arche de fortune était… particulière, vu sa composition de chair et d’organes en tout genre, les Reikois étaient vifs et ce n’était pas cela qui allait les ralentir. Enfin. Le nain crut bon de se repositionner plutôt à l’arrière de la troupe et le maître-espion ne lui en tint pas offense. Son raisonnement était logique, et le principal, c’était que leur troupe progresse au plus vite. Même si le Duc ne comptait pas les trahir, plus vite les combattants du désert sortiraient de là, au mieux ils se porteraient.

Du coin de l’œil, l’assassin aperçut quelques mouvements en provenance du lac, pas menaçant de prime abord, mais cela ne l’encourageait en rien à rester au-dessus de l’eau. Bien sûr, l’Oreille avait beau être préparé à tout, il écarquilla néanmoins de grands yeux quand un animal marin – qui ressemblait davantage à un requin ou une baleine, tel qu’il en avait déjà vu dans des livres – sauta hors de l’eau et passa au-dessus d’eux pour retomber dans le lac acide. Ce monde était de plus en plus… étonnant, et ce n’était pas quelque chose que le bretteur voyait d’un bon œil.

Il n’y avait pas que du négatif, cependant, puisque leur groupe finit par arriver sur l’autre rive. Un sphincter les attendait même, avec la promesse de passer dans une autre salle. Mais… Cette « porte » avait une particularité : celle de les repousser avec de fortes bourrasques de vent, puis celle de les aspirer pour les amener à elle. Résultat ? Ils faisaient littéralement du surplace et avaient chaque fois le risque d’atteindre l’eau acide derrière eux.

Non, ils ne laisseraient pas une telle chose arriver.

Zéphyr n’était naturellement pas infaillible et pouvait être pris de court. Toutefois, le maître-espion savait très vite s’adapter aux situations qui se présentaient à lui. Une qualité indéniable quand on doit contrecarrer des potentielles tentatives d’assassinat ou des complots parmi la noblesse et la Pègre reikoises. Aussi, lorsqu’il comprit que le sphincter recommencerait le même cycle, encore et encore, l’homme ne tarda pas à prendre des dispositions.

- Protégez le télépathe et le scientifique du RSAF !

Car manifestement, c’était eux qui étaient les plus grands poids morts de leur groupe. Zéphyr ponctue d’ailleurs sa parole en se retournant vers les intéressés, et d’une main ferme, il empoigne au moins le scientifique, pour ne pas qu’il ait la bonne idée de faire un plongeon dans le lac. Elia, elle, a eu une bonne réaction, et génère une corde de plusieurs mètres. Il n’en faut pas plus pour que Kérémir cherche à en tirer correctement parti, lui qui a le plus de force dans le groupe. Après avoir attaché son arme avec et constitué des nœuds solides, le nain essaye de viser pile comme il faut pour que son hache traverse l’ouverture et se plante dans un des murs. Voilà qu’ils ont donc de quoi progresser, et pour une fois, c’est le commandant des troupes spéciales qui prend le lead.

- Je passe en premier. Derrière moi vient le scientifique puis Elia, et ensuite le télépathe. Shaina, Miya, une de vous sera derrière le lui. L’idée était de prendre en étau les membres du RSAF pour combler leur manque de force et d’adresse et les « assister » au mieux lors de leur progression jusqu’au sphincter. Bien sûr, il allait falloir jouer avec les bourrasques de vent… Mais avec un bon rythme, ça devrait le faire.

Il ne restait plus, en parallèle, qu’à activer sa régénération pour lutter contre la propagation de la maladie.

Spoiler:

Le bruit des pas se fait à peine entendre dans l’immensité de la pièce, comme si le lac, par sa simple présence, avait quand même réussi à les atteindre. Même entre elles les jumelles ne parlent pas, les dernières révélations sont lourdes de sens et de conséquences chacun les traitants à sa manière. Ce résultat était une possibilité, elles le savaient, s’y étaient préparées et ont agi en conséquence. Il serait faux de dire que cela ne leur fait rien d’avancer sur ce pont sans savoir ce qui les attend, derrière et devant, pourtant c’est sans crainte qu’elles progressent. Un pas après l’autre, toujours dans ce silence relatif imposé par le lac et l’endroit. Un silence qui ne manquera pas de se briser de lui-même lorsqu’il le jugera opportun. C’est à ce moment qu’il faudra être prêt. Ne pas craindre ce qui leur fait face, répliquer sans douter et frapper juste. Car, si ce lieu est ce qu’il est, aussi grand, rempli de pièges et de gardiens, cela ne veut-il pas dire que, à sa manière, c’est lui a peur d’eux ? Aussi bien pour les dégâts qu’ils pourraient causer à l’intérieur que ce qu’ils pourraient trouver ?

Ce sont ces pensées qui les font avancer, ne pas se concentrer sur le temps qui passe, découvrir presque avec surprise qu’ils ont atteint la prochaine porte. Nouveau sphincter, nouvelle énigme, nouveau moyen de défense contre ces invités indésirables. Un souffle, fort, sec, malodorant… Puis une inspiration, tout aussi désagréable. Quelques regards sont échangés, rapidement l’espionne prend une première initiative, jetant tout aussi vite les responsabilités dans les mains du nain, s’attirant un sourire amusé de la part des jumelles. Par hasard ou par instant elle a choisi la bonne personne, si quelqu’un dans le groupe est en mesure de fournir un moyen de passer alors c’est bien lui, sans l’ombre d’un doute. Ce qu’il fait presque à la perfection. La corde pendouille un instant avant qu’il ne la tende, rattrapant aussi vite son erreur, si on peut parler d’erreur dans un tel cas. À son habitude Zéphyr avance, prend les devants, donne les directives.

“Je vais contrôler un peu le vent. Autant que je peux.
- Et… Moi je vous surveille…
- En cas de besoin on pourra vous aider mais attention.
- Si… Si vous avez… Ou pensez avoir un souci…
- Dites-le maintenant. Ne mettez pas tout le monde en danger par orgueil mal placé.”

Les rouquines fixent le chercheur et le télépathe. Si des gens ne sont pas en mesure de remonter la corde alors c’est eux. Pour le maître espion et le nain elles savent ce qu’ils valent, il n’y a aucun doute sur leurs capacités, une telle épreuve, même avec le vent, n’est rien pour eux. Concernant l’espionne… C’est une autre affaire, elles viennent de la rencontrer, difficile de se faire une idée sur ses capacités, mais si c’est un membre d’élite de Zéphyr alors de la même manière cette épreuve n’en est pas une. Les deux derniers en revanche c’est une autre histoire. Il n’y a qu’à espérer qu’ils aient conscience de leur capacité. Des solutions peuvent encore être trouvées, une deuxième corde, l’utilisation de la magie…

Alors que l’oreille avance, rapidement suivie par les membres du RSAF, Shaïna empoigne la corde et commence sa progression, sa sœur à quelques pas derrière elle, juste assez loin pour ne pas se gêner durant les bourrasques. Concentrée sur la corde, Miya crée un mince couloir d’air autour de cette dernière, faisant souffler le vent à l'opposé des bourrasques, amoindrissant autant que possible ces dernières. Pour le reste il ne s’agit plus que de technique et de force. Et d’un brin de chance pour que la hache ne lâche pas sous le poids du groupe qui avance en se reposant sur elle.