La Peste Obscure [Event]

La Peste Obscure

Le Reike

Agitation ordonnée...

Le centre de commandement domicilié à Mael n'avait jamais vu pareil remue-ménage depuis l'annexion du Reike sur la belle ville appartenant autrefois à Shoumei. Nation déchue, il ne restait plus que cette ville, vestige d'une époque révolue mais aussi symbole de la résistance Reikoise face à la conquête des Titans. Ravagée par la maladie, la ville était devenue l'épicentre du séisme Peste Obscure. Mal incurable, aussi rapide que fatale, il avait déjà causé des milliers de morts sur son sillage et ne faisait que s’accroître au fil du temps malgré les protocoles établis.

Fléau du Titan Puantrus, il était devenu comme une évidence dans l'esprit de tous qu'on ne pourrait jamais s'affranchir de cette maladie, que l'on avait aucun espoir d'être débarrassé de cette emprunte que le Titan avait répandu comme une traînée de poudre. Et pourtant... Quelques semaines en arrière, suite à un effort organisé de la part de l'armée Reikoise et de ses scientifiques, des éléments de réponses avaient été trouvés face à cette menace. Des indices, des signes, un symbole que ce fléau n'était pas aussi inévitable que l'on pouvait le croire.

C'était dans cette volonté de reproduire ce miracle, que le Reike avait organisé cette nouvelle expédition qui regroupait les éléments les plus efficaces du Royaume. Prenant racine dans cette immense salle, l'idée de pouvoir enfin porter un nouveau coup fulgurant envers la menace représentée par les Titans laissait place à une émulation généralisée.

- Messieurs, Mesdames... Un peu de calme s'il vous plaît. Je me présente, je m'appelle Kaelinn et je suis la Directrice du RSAF.

Une voix ferme, autoritaire, qui appartenait pourtant à une femme qui en apparence n'en menait pas large. Une hybride qui avait réussi à s'approcher des sommets tant par son efficacité que par son dévouement envers la couronne. De plus, ce qu'elle prétendait être relevait presque du mythe. Hormis les plus hauts administrés et les hommes de confiance, personne n'était en mesure de savoir ce qu'il pouvait bien se passer au sein de ce Régiment dont les secret étaient très bien gardés. La directrice ayant néanmoins participé elle même aux précédents évènements qui avaient amené à cette réunion, elle semblait avoir tout le crédit nécessaire afin de présider celle-ci.

- Je vous remercie de votre présence. Vous n'êtes pas censés ignorer le mal qui frappe le continent depuis l'apparition des Titans. Une maladie que l'on appelle la Peste Obscure, synonyme de bien des malheurs dans nos esprits.

Elle marquait une nouvelle pause dans un élan presque théâtrale, jaugeant de son regard vide les occupants de la pièce. Des militaires, des chercheurs, des soigneurs, des chasseurs... Un panel de profils extrêmement variés qui ferait sans doute la réussite de cette entreprise.

- Sachez que j’agis avec l'autorité que m'a conféré la Couronne dans cette action. Cependant, je ne suis pas la seule à qui vous vous référerez. La Griffe ici présente a participé activement à l'élaboration de ce plan et possède une autorité totale sur toute l'opération.

Elle manquait bien de mentionner Zéphyr, un ami à elle mais aussi le Maitre-Espion de l'Empire. Pourtant, sans lui et ses unités, il aurait été impossible de cartographier Shoumei, à le recherche des divers nids infectieux qui parasitaient les entrailles des terres dévastées. Sans l'aide de la Griffe et de l'Oreille, il aurait été impossible d'espérer organiser quoi que ce soit.

- Pour faire simple, nous avons trouvés des pistes quant à une potentielle guérison totale de la Peste Obscure. Des créatures magiques ont été trouvées au sein d'un foyer Maelien ayant une particularité étonnante : celle de diminuer grandement les symptômes de la maladie. Grâce aux chercheurs du RSAF et aux soigneurs du FMR, il a été possible de développer un moyen efficace afin de protéger partiellement notre troupe de la Peste. Il vous sera d'ailleurs demandé à la fin de ce bilan de vous diriger vers la pièce d'à côté. Des soigneurs du FMR vous administrerons par voie orale un composé chimique visant à reproduire les défenses immunitaires de ces créatures face à la maladie.

Naturellement, elle vint à pointer de son regard vide l'endroit mentionné. Tous avaient intérêt à se plier à ce conseil. Qu'importe les craintes ou les superstitions, personne ne serait accepté au sein de l'expédition sans passer par cette étape cruciale. Même la Griffe et l'Oreille n'auraient su se soustraire à celle-ci.

- Ce remède nous permettra de pénétrer au sein des divers repères de Puantrus recensés par nos services de renseignements. Votre but à chacun sera de ressortir avec des échantillons de ce que vous trouverez là-bas. Pour cela, vous serez séparés en différents groupes, comportant tous un de nos chercheurs ainsi qu'un mage télépathe vous permettant de communiquer avec le centre de commandement en temps réel. Leurs protections est primordiale pour vous assurer de la bonne réussite de votre expédition. Notez que nous ne connaissons pas les menaces concrètes que vous trouverez une fois sur place, cependant, il est d'une évidence que malgré le remède administré, celui-ci ne sera pas suffisant pour vous permettre une surexposition trop longue à la maladie.

Évidemment, cette tentative était extrêmement risquée. Malgré avoir sélectionné des très bons éléments, il n'y avait aucune garantie qu'ils en ressortent vivant. Même les services de renseignement du Reike avaient leurs limites.

- On vous répartira demain dès l'aube, cela vous laissera la nuit pour vous référer à moi ou à notre Général des Armées. Si, une fois sur place, vous pensez être incapable de progresser plus loin dans votre expédition, alors sonnez l'alerte à l'aide de votre mage télépathe. Le régiment avec vous se chargera de vous extraire si vous êtes dans l'incapacité de le faire. Cependant notez que cela sonnera l'échec de votre opération, il sera sans doute impossible de pénétrer à nouveau au sein des nids une fois les défenses ennemies organisées. A cela, nous vous demanderons évidemment la plus grande des discrétions jusqu'à votre départ vers le lieu qui vous sera affecté.

Marquant un pas arrière, son visage se figeait dans une expression neutre pourtant teinté de tristesse. Elle même était dans l'incapacité de venir sur le terrain, elle ne pouvait que s'assurer de la logistique en amont. Naturellement, elle n'appréciait guère le fait d'envoyer des hommes et des femmes en enfer sans pouvoir y participer elle même. Heureusement, ce n'était pas elle qui porterait la charge de toute cette culpabilité, mais bel et bien la Griffe qui serait l'un des visages de cette opération aux yeux du public.

- Revenez victorieux, et gloire au Reike.

Règles Générales :

Règles pour ce tour:

CENDRES

Quelques mois. Quelques mois à peine avant qu'ils ne doivent de nouveau partir affronter une menace potentiellement fatale. Les ordres avaient été donnés à la suite d'un nouveau conseil. A la suite d'ordres du couple impérial lui même. Une opération d'envergure, et pourtant secrète. Un petit comité, chargé de s'élancer dans les pires horreurs. D'aller affronter un mal qui avait décimé une nation entière. Et pourtant, Deydreus n'avait pas peur tandis qu'il se trouvait sur sa monture et se dirigeait vers le futur quartier général.

Ce n'était pas de la folie, non. C'était simplement de la détermination. Agir pour le bien commun. Un léger rictus se dessina sur les lèvres de Deydreus tandis qu'il mettait finalement pied à terre. Il ne parvenait même pas à se convaincre lui même. Non. Il s'agissait d'une guerre, contre un ennemi divin et impitoyable. Et cette fois, le Reike comptait bien frapper le premier. A l'exception de quelques éléments missionnés ailleurs, l'ensemble des Serres Pourpres étaient présent. Tous ne participeraient pas à l'opération, mais serviraient au moins à la sécurisation du quartier général et à la sécurité du personnel. Le reste, se déchainerait bientôt pour remplir la mission qui leur serait donner. Tournant la tête vers Alasker et le reste de ses hommes qui se déployaient autour du centre de commandement, la Griffe fixa quelques instants son ami tandis qu'il laissait sa monture à Aki.

- Je vous laisse gérer tout cela, je vais retrouver Zéphyr et Kaelinn pour que nous discutions de l'opération.

Puis, sans attendre de réelle réponse, l'armure sombre s'élança dans le bâtiment. Les résumés furent alors faits, les rapports lus et les premiers plans établis. S'ils avaient déjà discuté de ce qui se ferait dans les heures suivantes, la directrice du RSAF apporta de nouveaux éléments que le vampire prit en compte pour la suite des événements. Après tout, ils allaient envoyer des hommes et des femmes potentiellement à la mort et il fallait bien mesurer le pour et le contre. Grattant sa barbe, la Griffe analysa intensément les plans avant de prendre la parole pour expliquer les potentielles répartitions. Pour ce qui était du gros des Serres, elles s'occuperaient de la protection du centre de commandement. Pour le reste... Kaelinn allait pouvoir donner son explication aux différents membres d'expédition.

Quand le discours de la directrice du RSAF fut achevé, Deydreus se dirigea vers les Serres et les Dévoreurs présents, l'air grave. Il leur fit signe de le suivre, les menant près de la pièce où la solution serait administré.

- Entrez la dedans et acceptez tout ce qu'ils comptent faire. Il serait stupide de vous voir mourir alors même que la mission n'a pas débutée. Et je refuse de voir la moindre objection sur cet état de fait. Si vous refusez, vous serez là à garder le bâtiment. Et je vous assure que n'importe lequel de vos frères voudra prendre votre place. Je vais moi même entrer à présent, on se revoit après.

Puis, la Griffe entra dans la pièce indiquée par Kaelinn, et suivit les instructions des scientifiques à la lettre. Tout ce que le vampire espérait, en réalité, c'était que son corps ne rejette pas simplement la solution et accepte la chose. Lui non plus, ne souhaitait pas mourir instantanément. Quand enfin il ressortit de la pièce, le chef des armées reikoises alla se plaquer contre la table où se trouvaient les plans et autres résumés de missions. Si quelqu'un voulait échanger un mot avec lui, c'était le moment.

Car une fois que la mission serait lancée, ils n'auraient éventuellement plus que les Astres à prier.

Résumé:

Dans le centre de commandement, un brouhaha s'intensifiait de plus en plus au vu du nombre de personnes grandissant. Toute cette agitation s'atténua à l'arrivée de Kaelinn et se tût complètement lorsque celle-ci appela au calme. Tous à l’affût de son discours.
Entre les guerriers courageux, se trouvait des personnes plus anxieuses. Tous savaient pourquoi ils avaient été appelés et ils connaissaient le danger qui les guetterait. Parmi les participants se trouvait Ellana. Elle avait été demandé par son supérieur de la branche des soins du RSAF, et donc, indirectement appelée par Kaelinn elle-même. Les membres du RSAF étaient demandés d'ordre primordial étant donné que la plupart de ses chercheurs étaient un atout majeur sur la découvertes des secrets de la Peste Obscure.
Pour Ellana, la Peste Obscure ne lui était certes pas inconnue, mais elle ne se serait jamais vu au sein même de la quête contre ce mal. Sans pour autant être prise par l'anxiété, une certaine pression se faisait ressentir. Elle connaissait les conséquences de multiples affreuses maladies et pourtant ce n'était pas cela qui lui faisait peur, mais le fait d'échouer. Mais elle était déterminée, d'autant plus qu'elle apprit avec le discours de Kaelinn, qu'il y avait une évolution conséquente face à la maladie. Un potentiel remède avait été découvert. Même si il servait en un premier temps de remède préventif, cela leur donné un avantage important pour cette mission. En tant que membre du RSAF, elle avait eu vent de ces recherches et de théories suites à leurs trouvailles mais elle n'avait pas été mise au courant du résultat jusqu'à maintenant. Elle avait confiance pour la suite, si l'on était capable d'avancer aussi vite, on aurait plus de faciliter pour aller de l'avant.

Après le bilan de Kaelinn, comme demandé, tous se dirigèrent vers la salle mentionnée pour recevoir le petit composé chimique. Certains manifestaient une opposition au fait de prendre ce médicament, ceux-ci se voyaient renvoyés sans même pouvoir participer à l'opération. Ils ne furent pas nombreux à avoir abandonnés. La plupart étaient des personnes déterminées, chacun avaient leur raison de participer, que ce soit par forme de vengeance, pour aider son prochain ou pour une quelconque raison du passé, la volonté était présente chez tous.
Ellana reçut elle aussi le médicament avant se faire remettre une feuille pour signer la preuve d'administration de la médication.

Elle rentra ensuite à l'auberge la plus proche où elle avait réservé une chambre. Elle médita sur tout ce qui avait été dit durant la journée. Tout en se préparant pour le lendemain, elle se posait des questions. Dans quel groupe serait-elle envoyé ? Elle n'avait aucune idée des formations émises par Kaelinn. Elle n'était pas une grande battante, mais elle s'imaginait dans les rangs des soins ou des recherches. S'il y en était autrement, elle n'en avait aucune idée.
Et puis, qu'elle était sa réelle motivation finalement ? Aux premiers abords, Ellana semblait seulement répondre au devoir, et pourtant la mise en garde sur la mort et sur les potentiels dangers ne la faisait pas broncher. Elle devait donc être plus déterminée que ce qu'elle ne pensait mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. En y méditant, elle repensait à son rôle durant la guerre. Oui... Depuis qu'elle était devenue vétérinaire, elle n'avait plus soigné de personnes. Elle repensait à son impuissance face aux maladies et surtout celle de la Peste obscure. C'est ça... Encore aujourd'hui elle se sentait faible et coupable de n'avoir rien pu faire et d'avoir laissé ces gens mourir malgré elle. Cette mission, c'était sa revanche.

Le lendemain à l'aube, au même endroit que la veille, l'elfe se trouvait quelques peu différentes. Son objectif était affirmé.

Résumé:

Kahl était tout bonnement superbe.

Selon ses propres critères, bien entendu, car il était si richement décoré désormais qu'il n'avait plus rien à envier à un lit à baldaquins trouvé dans les quartiers d'une quelconque princesse. Sa fierté déjà colossale paraissait ne pouvoir trouver aucune limite et après l'inondation de remerciements, de médailles et d'acclamations qu'il avait reçu après la bataille de Sable-D'Or, son égo démesuré crevait maintenant le plafond. Bras croisés et torse bombé, le géant azuré portait pour l'occasion l'armure intégrale des Dévoreurs mais s'était permis d'agrémenter celle-ci de quelques fantaisies de son crû. Chaînes dorées, épines et autres pierres incrustées n'étaient jamais trop belles ni trop criardes pour l'ancien brigand devenu riche comme un sultan en dépit de toute considération pour les lois du karma. Kahl trouverait sa punition divine un jour ou l'autre, se disait-il parfois, peut-être même demain.

Demain car aujourd'hui était paisible. Présenté comme tant d'autres face à la représentante en chef du RSAF -ce dont il avait à peine retenu la signification, et dont il mélangeait souvent les lettres- Kahl écoutait d'une oreille passablement attentive les ordres et conseils prodigués par l'étrangère. L'Ogre, d'un naturel nonchalant, consentait tout de même à se montrer à l'écoute lorsqu'il risquait de littéralement choper la mort à n'importe quel coin de rue, c'était donc avec un certain sérieux qu'il traitait cette introduction aux dangers et risques de leur future mission. Kirk, quant à lui, regardait ailleurs alors son compère cornu lui balança un coup de coude dans les reins pour le ramener sur Terre. A travers son armure pourpre, le choc fut cependant bien moindre et le son fut donc ce qui attira l'attention de ce dernier.

"Hm ?"

"Concentre-toi un peu."

"T'es mon père, connard ?"

"Si je l'étais, tu serais devenu autre chose qu'une putain."

"Ferme-la raclure, c'est pas moi qui suis paré comme une fille d'joie. Tant que j'y pense, c'est l'heure d'la sieste. Tu veux que j'te trouve une brouette, que t'ailles piquer un somme ?"

L'affaire se serait probablement réglée à coups de poings, dans d'autres circonstances, mais un simple balayage du regard de la part de la Griffe vint suffire à calmer les ardeurs des deux taureaux surexcités. Ils n'étaient pas sur les bancs des classes de Drakstrang et bien que leurs petites colères fussent tolérées par Iratus et Deydreus en temps normal, la situation ne s'y prêtait pas. Ce fut donc sans violence que les colosses acceptèrent de faire la paix, du moins pour le moment.

La Griffe, justement, se présenta finalement à eux au terme du discours de l'étrangère. Comme pour appuyer le trait, il leur rappela que se plier aux directives de cette dernière ne constituait pas une option pour leurs troupes. D'un simple salut, la plupart firent savoir qu'ils acceptaient, l'inverse étant impensable. Malgré la paranoïa qui tourmentait l'esprit de certains membres des Dévoreurs en temps normal, personne ne se risquait à refuser un ordre direct dans un contexte tel que celui-ci. Kahl, en bon petit soldat, ne fit pas exception à la règle et se dirigea sans objection jusqu'à la tente qu'on lui indiquait.

Il avait déjà l'habitude, à force. Entre les tatouages, les formations rigoureuses et maintenant les médicaments, Kahl commençait à se sentir dressé, ce qui ne lui convenait absolument pas évidemment, mais qu'il acceptait en contemplant les richesses procurées par sa fonction. Il était néanmoins contraint d'admettre qu'après tout ce temps, sa fidélité n'était plus conditionnée exclusivement par sa gloutonnerie. Il y avait beaucoup de bon à faire partie intégrante d'un groupe qui n'était pas composé que d'incapables et de lâches. Un pic de douleur le prit subitement à la nuque et lui força un léger spasme. Outre ses nouveaux compères, il s'était aussi trouvé une amie : sa fameuse malédiction qui ne le quittait plus d'une semelle. Celle-ci par contre, il ne s'y était pas encore fait.

Cette nuit, comme beaucoup d'autres, Kahl ne dormirait pas.

Attends, elle a bien parlé du fléau là ?

Le lourd heaume de Tulkas pivota doucement sur la droite, comme s’il tournait la tête pour répondre à la question de son frère d’arme sans quitter du regard la directrice de ce régiment secret qui énonçait les objectifs de cette opération pour laquelle ils avaient été choisis. L’ancien gladiateur avait un peu de mal à marier l’autorité dont elle usait avec son apparence. Ignorant un peu la question de son frère d’arme, il demanda à mi-voix :

Tu penses que si on lui frotte l’bas du dos elle miaule ?

Car oui, si l’individualisme et l’égo surdimensionné de Tulkas avaient été domptés à grand renforts de leçons d’humilité, il restait toujours un amateur des jolies femmes. Heureusement, il avait parlé avec un volume assez bas pour ne pas être entendus de tous, même s’il se doutait en observant ses officiers que sa remarque n’était pas passée inaperçue dans le brouhaha des chuchots. A force, il avait appris à ne pas sous-estimer l’ouïe d’Iratus et de la Griffe, se redressant un peu. Il se contenta d’écouter avec attention le déroulement de l’opération avant de grimacer sous son heaume. Même avec un traitement préventif, combien de temps allaient ils vraiment avoir dans l’un de ces nexus d’infections ? Et surtout, est-ce qu’il avait été déjà testé, ce traitement préventif ?

Est-ce qu’on lui demandait réellement de prendre une concoction testée sur des animaux ? Est-ce que c’était une mauvaise blague de la part de la directrice qui voulait se venger de sa nature de citoyenne de seconde zone ?

Enfin, qui était-il pour juger de tout cela en vérité ? Tulkas, qu’importe son érudition et sa culture n’était en rien un médecin. Et puis bon, les ordres de la Griffe, appuyés par le Tovyr, avaient été clairs. Engoncé dans son harnois noir aux accents dorés, retirant son heaume dont la plaque était décorée du visage d’une araignée monstrueuse, il récupéra de la part d’un médecin une des fioles de ce médicament préventif.

Sans un mot, il bascula la tête en arrière, avalant d’une traite ce médicament sans goût. Le liquide s’écoulait lentement dans son œsophage. Le gladiateur devenu soldat grimaça un instant, déglutissant à deux reprises et se tapotant le palais de sa langue. En fin de compte, ç’était pas la chose la plus dégueulasse qu’un médecin lui avait fait boire, un frisson d’horreur remonta le long de son échine tandis que le souvenir d’un purgatif qui lui avait été donné lors d’une éruption de la fièvre des camps dans le quartier des gladiateurs de Taisen. Assurément, le fléau de Puantrus ne pouvait pas être pire que ça.

Et pourtant si, les heures s’étaient écoulées et Tulkas, comme beaucoup des siens, avait du mal à trouver le sommeil.

Car à ses yeux, la mission à laquelle avaient été affectées les Serres était fondamentalement différente de tout ce qu’il avait pu vivre jusqu’ici. Chasser des hardes de morts qui marchent dans les opérations de nettoyage après Sable d’Or, repousser des pillards qui voulaient profiter de ce qu’ils pensaient être un moment de faiblesse de l’Empire du Dragon, pourchasser et éradiquer jusqu’au dernier des bandits, des rebelles et des parias. C’était du concret, le danger était matériel, visible, on pouvait le tenir à distance du bout d’une lance et le surmonter en la plantant dans le cœur. Ici, c’était une maladie, un mal insidieux qui se glisse dans le corps et le ronge de l’intérieur, d’abord la fièvre, puis les bubons et finalement…

- La mort.

Le livre claqua quand Tulkas le referma, l’abandonnant là près de sa tente avant de se lever. Il n’était pas en armure, enfin, si. Il portait ses tassettes, ses jambières et ses brassards mais pas son plastron, ni son heaume. Fouillant dans ses affaires, il tira un peu de vin épicé au maggi avant d’aller rejoindre les quelques hommes d’armes qui, comme lui, ne trouvaient pas le sommeil au feu de camp central.

Eh bien Tulkas, on n’arrive pas à dormir ? Ton matelas est trop dur ?
- Ta gueule Mitch.

Avait-il répondu du tac-au-tac, langage de l’amour parmi les Serres qu’il n’avait pas trop tardé à adopter. S’installant dans la terre sèche, soupirant lourdement. Il arracha le bouchon de liège qui tenait son outre fermée et posa ses lèvres autour du goulot avant de basculer la tête en arrière, buvant une, puis deux, voir trois gorgées de vin avant de s’ébrouer.

- Bordel. Lâcha-il dans un râle. Je n’avais toujours pas réussi à chasser c’gout merdique d’ma bouche.

Une Serre se mit à rire avant de tendre la main pour demander l’outre. L’ancien gladiateur eut une étrange de moue, un mouvement de sourcils assez particulier alors qu’il regardait son outre avant de finalement, la passer à contrecœur. Adieu, délicieux vin. Bonjour, les rires et les conversations autour du feu de camp.

- Vous en pensez quoi d’la mission les gars ? Demandait l’un des hommes d’armes.
- De ce que j’ai compris, on va protéger les chercheurs et les mages. Répondait un autre. Les chanceux restent au camp.
- Pas d’ça que j’parle. Rétorqua-il après avoir encore bu une goulée de vin au maggi. D’la Peste.
- Oh ça…

Un silence un peu lourd plomba l’ambiance. Pas que les Serres étaient terrifiées à l’idée d’être confronté à cette maladie, mais même les soldats d’élite de l’Empire ne prenaient pas ça à la légère.

- Ça va aller, les gars. Répondit Tulkas avant de se pencher un peu en arrière en s’appuyant sur ses paumes. La jolie directrice et ses gars nous ont quand même donné d’quoi pour nous protéger du fléau. Et puis bon, on a traversé pire qu’une incursion dans un nid remplis d’malades, non ? S'rez au chaud pendant qu'on ira chercher des trophées pour le RSAF.

Un bruit de pas par là-bas. Il tourna la tête et haussa les sourcils. « Ça c’est une femme. » avait-il pensé presque à voix haute avant de faire signe à l’administratrice des Serres de les rejoindre.

Dame Gavra, vous v’nez boire un coup ? Demandait-il avant de l’inviter et une fois installée, de lui tendre l’outre de vin en demandant. Vous pensez quoi d’tout c’qu’a dit la jolie femme chat ?

résumé:

Dans la salle de réunion, le silence s'était fait quand l'oratrice principal l'avait réclamé. Quand toutes les lèvres furent closes, elle commençait à résumer la raison de la présence de chacun, la mission, les consignes et quelques autres détails à son propos.
Lardon écoutait d'une oreille attentive car si l'introduction commençait par "vous n'êtes pas censés ignorer le mal, blablabla la Peste Obscure" alors l'hybride faisait partit des insensés, des rares à qui ce fléau leur était passé « au dessus » ou que cela laissait indifférent, loin des yeux loin du cœur, sans perte ni malheur, d'autant plus à Luxuriance située loin sous la surface et ses tracas, c'était parfois un cocon autarcique dans lequel vivait l'hybride.

Ramenez des échantillons d'une zone infectée. C'était la mission, ça au moins il l'avait bien compris.

Cependant le « vaccin » proposé était de loin l'une des choses qui l'inquiétait le plus.
Créé à partir du corps d'animaux qui ne faisait que « mieux résister en diminuant les symptômes », il permettrait de pénétrer dans les zones à risque mais serait obsolète face à une surexposition, Lardon voyait ça comme une grande cuillère d'eau avec un peu de sucre dedans et qui ne leur assurerait au mieux que de respirer une fois dans l'enfer de Puantrus, et pas trop fort ni de trop près des foyers infectieux, et certainement même que s'il y avait contact avec « quoi que ce soit » de contaminé c'était un aller simple pour rejoindre les créateurs.
Ailleurs et par un autre, cela aurait été une farce aigre dont se serait moqué les auditeurs, mais fallait-il qu'ici, par cette bouche et le soutien impérial, c'était un espoir fou brandit qui enjoignait à forcer la chance par cette tentative de trouver un remède concret et définitif.

Quand la directrice eut fini ses explications, Lardon se levait et rejoignait la file d'attente naissante qui se formait pour se faire administrer le vaccin, échangeant quelques mots avec certaines trognes qu'il reconnaissait, se contentant de saluer poliment ceux qu'il connaissait beaucoup moins.
L'hybride n'était pas bien loquace, c'était une mission très dangereuse et parfois la tension était palpable chez certains, même si d'autres parvenaient à gérer le stress efficacement, mais il y avait encore une chose qui le turlupinait salement, peut-être avait-il manqué l'information quelque part mais ; l'organisation des défenses ennemies ?
Si cette maladie extrêmement contagieuse était mortelle, qui donc « défendraient » les zones infectées ? Et à quelles fins ?
Voilà des questions qu'il devrait poser plus tard, quitte à passer pour un idiot de cochon.

Après que Lardon ait avalé son médicament, qui n'était d'ailleurs pas très au goût de ses papilles, il posait quelques questions aux soigneurs des FMR présents sur la nature des composants du vaccin et leur action précise. Ce savoir pourrait peut-être lui servir, d'une façon ou d'une autre, ou pas du tout.
L'hybride allait ensuite combler ses lacunes auprès des figures emblématiques de la réunion, à savoir la Griffe et la Directrice, le couple improbable.
Les présentations passées, il questionnait sa supérieure au sujet de ces fameuses créatures magiques qui avaient développés une résistance miraculeuse à la maladie du Titan, à propos de leur espèce et de comment elles étaient devenues un vaccin, ou du moins quel morceau d'elles en particulier.
Pour le chef des armées, le sujet portait d'avantage sur les « ennemis » en présence et leur nature, puisque le terme « nids » avaient été employé, l'hybride supposait que même si la responsable du RSAF avait évoqué l'absence d'informations concrètes sur les menaces, il devait y avoir des indices ou même quelques hypothèses sur lesquelles s'appuyer et établir un semblant de contre-mesures.

Une fois ses réponses obtenus, ou non, Lardon retournait à ses quartiers pour se préparer au déploiement du lendemain.
Prévoyant, et puisqu'on lui avait ENCORE refusé d'emporter avec lui ses Lancondas, Lardon avait emmené une grande sacoche contenant du matériel médical d'urgence. Les leçons de Sable d'Or avait été apprises et l'une d'elle était qu'il n'y avait jamais trop de bandage, de désinfectant, d'anesthésiant, de coagulant, de fil et d'aiguilles, de scalpel et de scie à os, etc etc. Peut-être que ça ne lui servirait pas, peut-être que ça sauverait une vie, dans tout les cas ce n'était ni lourd à porter ni encombrant à transporter et c'était mieux que d'être venu les mains dans les poches.

Une fois toutes ses affaires en ordre, matériel et tenue comprise, l'hybride se délestait de sa prothèse et s'allongeait sur son lit de camp, ressassant les informations apprises ce soir et se remémorant tout ce qu'il avait appris de ses cours sur les maladies et les consignes de sécurité qui leur était inhérent.
Face à une peste mortelle, l'erreur n'était pas permise.

Avant de s'endormir, une pensée allait à son amie restée à Ikusa qu'il ne pouvait même pas prévenir de quoi que ce soit, espérant que cette dernière s'en sorte durant son absence avec son protégé.

Résumé:

La Peste Obscure

Event

La Peste Obscure… Rizka savait pertinemment à quel point la mission était importante et ô combien périlleuse. Après tout, la guérisseuse avait été aux premières loges lorsqu’elle avait commencé à se répandre dans la cité de Maël. L’elfette avait affronté Qita, cette entité démoniaque. Plus, en tant que membre des FMR, la jeune femme avait participé avec les chercheurs à l’élaboration de ce fameux médicament. Elle y avait passé des jours et des nuits à observer les effets, tester des formules, puiser dans ses connaissances, approfondir son savoir, pousser toujours un peu plus… Ce fortifiant n’était certes pas parfait mais il était une réussite, c’est certain.

Malgré la fatigue excessive de ces mois de recherche, la jeune femme tenait à faire parti de l’expédition. Elle s’était également portée volontaire pour l’administration du comprimé et aurait un rôle de soutien pour les membres de l’expédition. Son savoir et sa maîtrise des malédictions, poisons et maladies serait probablement salvateur, sa magie protectrice également. Mais surtout, Rizka n’abandonnerait ce projet pour rien au monde, qu’importe le danger encouru.

Une fois le discours terminé, la guérisseuse fit partie des premiers à prendre le comprimé, montrant l’exemple sans sourciller. Elle alla ensuite aider l’équipe à faire administrer le médicament à chacun des participants, encourageant avec assurance et rassurant ceux qui doutaient de son efficacité.

Elle fut l’une des dernières à quitter les lieux. Retournant à l’auberge, elle prit le temps de se sustenter puis de terminer ses bagages, notamment son matériel médical comportant quelques fioles à administrer en cas d’urgence. Tout était prêt. Elle avait même fait parvenir à Cyradil et Lórindol une dernière missive, afin de les tenir au courant de ce qu’elle s’apprêtait à accomplir. En espérant qu’elle puisse les retrouver une fois de retour de l’expédition.

Advienne que pourra, comme on dit.

CENDRES

Résumé:

On n'est jamais assez prêt, même quand on prépare tout.

Pas de maquillage, pas mille et un bijoux rutilants, pas de fioriture inutile en somme. Ses cheveux, noirs actuellement, étaient attachés pour déranger le moins possible, armure en cuir parfaitement ajustée pour avoir des mouvements souples, chaussure fermée à la bonne taille, dague aiguiser bien en place à sa ceinture, fouet tout autant à sa place, arc et flèche en place en cas de besoin et, surtout, sacoche avec le nécessaire de premier secours avec soit. Revérifier en boucle qu’elle n’oublie rien aide Usha à ne pas laisser l’appréhension du moment monter. Savoir qu’elle ne prend pas mille affaires en trop aussi aide dans tout cela.

Cela aide, mais ne fait pas tout. Ce n’est pas la peur qui l’habite, de toute manière la peur n’évite pas le danger. Ce qui l’habite c’est l’appréhension sur le fait de ne pas arriver à être utile au groupe. Cette obsession malsaine sur le fait que ses actions pourraient faire du mal aux siens dans le pire des cas. Même si cela est présent, qu’est-ce qu’elle peut vraiment y faire de toute manière ? Rien, elle est là, elle a elle-même demandé à venir au vu de la situation et de son passé au FMR, donc maintenant soit elle part la queue entre les jambes, soit elle assume cela jusqu’au bout. La fuite n’est même pas une option.

Prendre la solution se fit sans aucune appréhension, elle tapa même la discussion avec la personne qui lui l’avait donné pour prendre des nouvelles, c’était un ancien collègue. En soi, même si ce qu’il fallait affronter était plus qu’impressionnant au vu de sa nature, ce n’est pas ce qui inquiète le plus la valkyrie. Très loin de là. Son esprit vagabonde beaucoup trop, mille fois trop, il lui faudra actuellement du travail pour s’épuiser et dormir, mais ce n’est pas le bon moment pour faire cela. À la place ses pas la conduisent vers le feu où d’autres Serres sont aussi.

La nuit est complique pour d’autre qu’elle, ironiquement c’est rassurant et ses cheveux passe à un blanc un peu sale, un peu comme la couleur de la neige après qu’on est commencer à poser ses pieds dedans. Le groupe l’amuse, même si elle s’inquiète un peu de les voir ici plutôt qu’endormis pour être au top de leurs formes pour le départ. Ce n’était pas comme si elle pouvait vraiment dire quelque chose à ce sujet en sachant qu’elle-même n’était pas en train de dormir.

– Retire la dame et le vous et donne à boire, on est pas un putain de rendez-vous officiel où l’on doit faire bonne figure petite. Et bordel, appelle-moi par mon prénom, je ne suis pas une inconnue.

Le tout est clairement plein de malice et un grand sourire est présent sur ses lèvres. La politesse là tout de suite ce n’est absolument pas sa putain de problème, encore moins avec les Serres. Pas besoin de distance avec ce qui est sa famille, merci. Prenant l’outre de vin et buvant directement une gorgée avant de la rendre, elle réfléchit à la réponse à donner. Ses cheveux passent aux violets et ça l’amuse un peu finalement cette situation.

– Tu as vraiment fait attention à ce qu’elle a dit ou tu t’es trouvé un nouveau fantasme pour tes nuits solitaires ?

Un rire gras lui répond et ça lui suffit pour elle-même la faire un peu rire.

– Plus sérieusement, tu veux que je te réponde quoi ? Qu’on ne va pas à la chasse au champignon ? Que la peur n’évite pas le danger ? Qu’on va vers l’inconnu ? Petit, tu ne veux pas un entraînement à la place ? Parler de ta dernière victoire ou de ce que tu veux faire quand on sera rentré ?

Changer de sujet semble beaucoup plus simple.

– Sinon, j’en pense qu’on va vers des emmerdes, mais qu’au moins on y va ensemble, donc ça pourrait être pire.

Oui, ça pourrait être pire.

Résumé:

CENDRES

Alors comme ça, c'etait l'hybride a qui on avait donné les pleins pouvoirs pour l'opération. C'etait assez amusant de son point de vu dans la mesure ou elle n'avait pas eu forcément l'impression que c'etait elle qui avait mit le plus du sien dans l'affaire, la derniere fois. Plutot du genre a observer de l'exterieur. Une bonne analyste, peut etre, mais de la a donner des ordres ?

Elia etait assise sur une poutre, invisible, les jambes battant dans l'air negligemment, les yeux passant sur les nombreux guerriers présent. Elle en reconnue quelques uns. Notamment Rizka avec qui elle avait déjà agit sur ce dossier la fois précédente. Elle avait a peine eu sa promotion qu'elle partait déjà mettre sa vie en jeu. A croire qu'elle allait devenir la spécialiste des titans au Reike. Puantrus, puis Xo machin truc en Republique, pour revenir gratouiller les adeptes du premier nommé. Ca en devenait ridicule de banalité.

Zephyr lui avait dit de venir le retrouver mais elle avait surtout envie de rester discrete, et c'etait sa principale qualité, de ne pas se faire voir quand elle le voulait. En plus il allait falloir agir en groupe, et ce n'etait vraiment pas sa tasse de thé. Elle n'etait pas faites pour ça, et son entrainement ne prenait pas en compte des actions de groupe. Mais bon, soit, il faudrait bien faire comme on lui disait de faire. Par madame la nyaboss.

Elle se laissa tomber entre deux types en armure et se faufila entre plusieurs types qui semblaient plus betes que méchants. Sans doute les fameuses « écrevisses pourpres », ou un truc dans le genre, si elle souvenait bien. Elle ne trainait pas très souvent dans les endroits ou ils bossaient, et ce n'etaient pas plus mal. Que des mecs sans education, et leur chef etait ptet bien le pire. La griffe, si grandiloquent pour se retrouver dans le meme petrin que les larbins. C'etait presque amusant.

Elle esperait que Zephyr n'allait pas la présenter comme sous ses ordres. Sinon elle allait etre obligée de le tabasser devant tous le monde et forcément ca allait leur porter préjudice a eux deux. Elle parce qu'on verrait qu'elle avait le sang chaud, et lui parce que ca ferait croire a tous le monde qu'ils avaient une chance alors que non. C'etait compliqué d'etre le chef.

Elle passa toujours invisible dans la piece d'a coté, sans se soucier du fait que plusieurs devaient etre capable de la sentir. Ce n'etait pas important, mais elle ne devait etre connue de quasiment personne et il faudrait qu'elle fasse venir le chef des espions ou bien la bienveillante directrice pour confirmer le bien fondé de sa présence. Difficile, la vie d'artiste. Elle se déplaça au fond, a une place pas prise, et apparut de nulle part, faisant sursauter le scientifique préparant le médicament.

- Faites vite ce que vous avez a faire. J'ai envie d'aller dormir.

Elle etait invisible un instant plus tard, se dirigeant vers la sortie. Elle se sentait toujours a l'étroit quand il y avait beaucoup de monde, et ca l'arrangeait bien de ne pas avoir d'avantage besoin de rester. Elle etait sous chef, elle avait donc les bons cotés sans la plupart des mauvais, c'etait parfait pour elle. Elle repéra Zephyr un peu plus loin, et ne pu s’empêcher de s'approcher.

Elle le pinça au niveau des cotes en murmurant « a demain » dans son oreille, avant de partir vite vers la sortie. Pour l'heure, elle allait profiter de l'air pur et de la soirée, tranquille. Et le lendemain, elle serait prete a regler cette histoire dont elle avait commencé a écrire les premieres lignes. C'etait normal qu'elle soit la pour achever le roman.

Maël...

S'il y avait bien un endroit où Kérémir n'aurait jamais pensé se tenir, c'était ici, dans le centre de commandement du Reike de ce qui était désormais le dernier bastion des terres shoumeïennes face à la désolation totale. Tout s'était enchaîné si vite, de cette rencontre inopinée entre les pins du nord, à cet appel sorti de nulle part qui incitait les jumelles Solare à revenir dans le sud, aux délibérations avec la chaine de commandement pour laisser le nain venir, au voyage précipité et semé d'embûches pour rejoindre la Cité Blanche. La démarche était inhabituelle, mais le RSAF n'était pas étranger à des méthodes de recrutement détournées, tant que l'individu se révélait compétent et apte à suivre les directives, la manière importait peu. Ce qui l'avait finalement poussé à suivre Shaina et Miya, c'était la mention de nids sous le joug de l'un de ces infâmes Titans, Kérémir avait passé le plus clair de ces deux dernières années à traquer les rejetons maudits de ces déités, et si des repères avaient été décelés, il ferait partie du fer du lance qui irait les emboutir, quitte à se lier formellement avec le Reike contrairement à sa première entreprise.

Et quelques sourcils se haussèrent à la vue de ce nain insolite armé pour la guerre, accompagnant les deux héroïnes écarlates de Sable-d'Or, mais la troupe en train de s'amasser dans le bâtiment était déjà assez hétéroclite comme ça et il finit par se fondre dans la foule après que quelques mots aient été glissés à la direction à son égard. Un hybride félidé finit par prendre la parole, réduisant l'assemblée au silence et se présentant comme étant la directrice du RSAF, cette organisation que le nain avait décidé de rejoindre. Il croisa les bras, prêt à écoper des discours étirés et insipides qui n'accompagnaient que trop souvent les briefings de missions dans ce genre. Mais si Kaelinn s'attarda effectivement sur des détails pompeux comme la provenance de la Peste ou son affiliation à la couronne, elle entra tout de même prestement dans le vif du sujet.

Sous le commandement de la Griffe, cette fameuse Griffe dont même le nain avait entendu les louanges à tue-tête, ils seraient chargés d'explorer plusieurs repères de Puantrus à la recherche d'un remède potentiel à la Peste Obscure, et ils seraient pour cela aidés par une concoction sensée les protéger partiellement du fléau. Mais évidemment, il y avait un os, il faudrait en plus assurer la protection d'un relais, de quoi faire soupirer le nain. Sans exception, c'était toujours la mort prématurée de ce genre d'élément qui faisait capoter les opérations, mais soit, avec un peu de chance ce seraient des soldats d'élite entraînés à ne pas mourir d'une simple entorse au petit doigt, il fallait l'espérer.

Kérémir profita également du discours pour jauger les compagnons qu'il allait devoir se coltiner. Il y avait un peu de tout, des officiers avec ce qui tout devant semblait être le commandant attitré des opérations, des soldats avec des arrières pensées bien grasses, des gens divers au regard déterminé ou nerveux, parfois les deux en même temps, un... cochon sur deux pattes avec une mimine mécanique ? et... Il aurait juré avoir entendu un son qui ne correspondait à personne, un membre invisible ? Son ouïe ne le trompait pas là où ses yeux faisaient défaut, il y avait bel et bien quelque chose.mais impossible de déterminer quoi. Et enfin il y avait lui, demi-portion barbue au milieu de ce cirque organisé, un mélange bien douteux sensé traquer les restes d'une créature divine.

Comme nombre d'autres, il fit la file pour se faire administrer le médicament mentionné plus haut. Il comprenait la nécessité d'une telle précaution, mais ça ne rendait pas le goût plus agréable pour autant, de la pisse de champa aurait été un nectar moins corrosif pour son gosier, mais c'était ça ou ne pas participer. Se retenant péniblement de redonner liberté à son casse-croûte, il laissa ensuite sa place au patient suivant avant de s'en retourner vers la salle principale, histoire d'essayer de saluer son nouveau patron avant d'aller adosser sa tête sur son sac et de se préparer mentalement à ce qui serait sans doute sa quête la plus périlleuse jusqu'ici.

Si j'en ressors vivant, faudra que je fasse un crochet par la maison tiens, serait temps que je donne de mes nouvelles directement. se dit-il en fermant les yeux.

Résumé:

CENDRES

Sa remarque sur la protection insuffisante accordée par ce vaccin ne le rassura pas. Si Dimitri comprenait bien, ils seraient protégés partiellement par ce fléau avec pour signature Puantrus. Il s'agissait donc d'une mission suicide où il allait falloir oeuvrer rapidement et foutre le camp avant que la peste vienne eux-aussi les ronger. Ça sentait un peu la quarantaine après. S'ils revenaient entiers. Son supérieur direct lui avait annoncé ce petit voyage comme une nouvelle chance de prouver sa valeur. Décidément, le fait qu'il ait tenté d'attraper un Champa à main nu lui était resté en travers de la gorge. C'était le cas de le dire. L'homme revenait sans cesse à cette vieille action. Cette mission de haute importance demandait un certain équilibre entre performance et intelligence.

Tout de même, il n'aurait jamais cru que son supérieur de section chercherait à le tuer de cette façon. Il y avait bien plus original que de le faire embarquer pour Maël.
Après une énième expiration profonde et silencieuse, le chasseur jugea que ce choix était légitime. Il ne prendrait pas cette mission à la légère, tout simplement parce qu'une action stupide le mènerait à la mort. Il pourrait mourir d'une manière bien plus agréable que dans un nid de créatures inconnus en train de vomir chairs et os.

Les indications étaient particulièrement claires. Mémorisées pour la plupart, il jugea qu'il valait mieux dormir correctement cette nuit pour affronter ils ne savaient quoi le lendemain. L'idée de tomber sur des nids n'avait rien d'une partie de plaisir, mais vu qu'il avait été recommandé et que son espérance de vie dans ce métier était de toute manière réduite, il irait. Dimitri ne se focalisa que sur la file d'attente interminable qu'il venait d'emprunter, écoutant quelques conversations très instructives sur la directrice du RSAF. Elle faisait toujours son petit effet. Lui craignait un peu de tomber sur son regard vide... Alors il avait préféré se focaliser sur la toile poussiéreuse qui servait de toit pendant tout le discours.

Il n’avait pas vu l’oeuvre de Puantrus mais des échos effrayés et dégoutés étaient parvenus jusqu’à ses oreilles. Ça causait de chat volant qui avait des tentacules et qui avait en quelques secondes étaient calcinés sur place. Ça parlait aussi de chats à chaque coin de rue qui protégeaient leurs maîtres. Il n'aimait pas les poils de chat. Ça s'infiltrait partout, ça piquait dans les vêtements en toile, ça s'infiltrait dans les narines et faisaient éternuer.
Dans ces informations qu'il avait récolté dans les auberges d'Ikusa, il lui manquait surement des parties importantes. Pour autant, cela étaient forcément reliés à ce truc qu'ils allaient devoir boire. Une sorte de potion magique qui allait les maintenir en vie pendant un temps indéterminé. Dimitri n'était pas de ceux à chercher à se poser trop de questions. La directrice et les scientifiques n'avaient aucune raison d'empoisonner des guerriers prêt à sacrifier leur vie en tombant dans des nids infestés par la peste noire. Il ouvrirait donc grand la bouche, avalerait ce liquide écoeurant puis iraient dormir comme un bon gros bébé. Point. Il n'y avait pas à discuter comme certains à l'avant et dans son dos. Le liquide avait beau être dégueulasse, il prit quand même le temps de n'en laisser aucune miette en passant le doigt dans le contenant. Cela lui nettoierait peut être les dents en même temps. La nausée ressentie après avoir absorber le liquide passa après deux tour de tentes, il grignota quelques choses et but quelques bons verres d'eau, puis prit congé pour aller dormir sur son lit de camp. Il ne chercha pas à se faire des amis, parce que le taux de réussite de ce genre de mission était sûrement très bas. Ils se feraient tous des bisous après quand ils s'en seraient sortis.

Spoiler:

POSTE 1

La première chose qu'avait ressentie Ersa quand on l'avait affecté à cette mission, c'était la fierté qu'on lui fasse à nouveau confiance. La deuxième, le stress de partir en mission pour la première fois sans celle qui avait accompagné chaque pas de sa remontée, de repartir avec celle qui l'avait abandonnée quelques mois plus tôt. Grâce à Tagar, elles avaient un accord simple où chacune avait son rôle à jouer, au moins le temps de trouver comment contenter les deux esprits nouvellement réunis.

Ersa s'était adossée à un mur près des premiers rangs pour pouvoir voir Kaelinn faire son discours. La naine voulut balayer du regard les gens présents autour d'elle, mais la masse lui rendait les choses difficiles. Elle avait remarqué quelques collègues en arrivant et un autre nain. Évidemment, les Serres ne passaient pas inaperçues dans la troupe hétéroclite regroupée réunis.

(Je vois que tu aimes faire les choses en grand. À peine, tu me trouve, tu m'emmènes retrouver les titans.)

- Je serais venu sans toi. C'est pour l'empire.

La naine avait chuchoté sa réponse pour elle-même, enfin pour celle qui ne résidait plus que dans sa tête.

(Ouais, mais au moins, tu pourras te cacher derrière moi, comme avant.)

La Naine ne releva pas cette pique et se concentra sur le discours de sa directrice. Une fois terminé, comme tout le monde elle se plaça dans la file d'attente pour le vaccin. Plusieurs sons de cloche lui parviennent, entre ceux qui n'avaient pas confiance et ceux qui ne se posaient pas de questions, on entendait un peu de tout. Malheureusement, elle se retrouva entre deux armures géantes, la dépassant de quasiment deux pieds qui ne prêtait pas forcément attention à celle qu'il ne voyait pas.

- Hey. Au lieu de me piétiner, vous préférez pas voir le résultat sur une demi-portion avant d'y aller ?

La phrase était sortie comme ça, la louve avait pris la parole.

(Qu'est ce que tu fous ?!)

( Je ne vais pas nous laisser marcher dessus juste parce que tu es une dégonflée.)

L'aplomb de la petite rousse sembla marcher, les deux géants la laissèrent passer en éclatant de rire. Ils devaient se demander ce qu'elle faisait là. Alors que presque tout le monde portait une armure, elle se présentait en tenue des plus simple sans protection autre que ses deux dagues à la ceinture. Elle passa prendre le vaccin sans poser de question, elle ne comprenait pas d'où il venait, mais faisait suffisamment confiance à ses collègues pour le prendre. Elle croisa un miroir et ne out s'empêcher de se regarder dedans. Ceux qui l'avaient connu il y a six mois ne verraient presque pas de différence à part son œil droit qui était devenu or. Par contre ceux qui l'avaient connu après le départ de la louve ne la reconnaîtrait pas au premier coup d'œil, son corps avait retrouvé sa carrure plus musclée, ses cheveux avaient retrouvé leurs tresses qui descendaient jusqu'en dessous de ses épaules.

(Le barde m'a fait goûter pire)

( Malheureusement, je sais.)

Ersa ne savait toujours pas à quoi s'attendre avec leur nouvelle coopération, surtout après les deux géants. Elle préféra s'éloigner des groupes présents, hésita à aller voir la griffe pour donner des salutations vieilles de bientôt une année avant de sourire à l'idée qu'elle trouvait au final idiote. La naine préféra s'éclipser pour faire un tour dans le quartier qu'elle avait connu lors de certaines de ses anciennes missions pour boire un verre avant de rejoindre sa chambre et de finir de préparer ses affaires.

Résumé :

J'étais tranquillement installé sur ma chaise à siroter une bière fraîche en compagnie de cette vieille canaille de Nina à notre endroit habituel -un petit bousin aux abords du lac Rebirth-, lorsqu'un soldat au visage rougit par l'effort, à en faire pâlir l'une de ces roses qu'un marchand essayait de refourguer de table en table à quelques mètres de nous, brisa ce moment de tranquillité.
Son armure était couverte de poussière laissée par le sable du désert, sa figure tomate luisait de sueur et il peinait à reprendre haleine et à se tenir droit sur ses jambes.

-Mon Luteni, pardonnez moi de vous déranger. Je viens directement d'Ikusa et cela fait maintenant plusieurs nuits et plusieurs jours que je suis en selle pour vous remettre cette missive de la part de La Griffe en personne et en main propre. On ne m'a donné aucun détail, mais cela est de la plus haute importance.

Il me tendit la lettre et aussitôt je m'empressai de la lui prendre des mains sans demander mon reste. Si le général des armées avait ordonné à un messager de cavaler nuit et jour jusqu 'à épuisement total pour me remettre en main propre ce courrier, c'est qu'une chose d'une importance capitale pour la couronne était sur le point d'advenir et on pouvait même se le dire sans exagérer, cela était potentiellement une question de vie ou de mort. Je brisai le sceau protégeant les précieux écrits et les lus sourcils froncés et d'un air grave sous le regard interrogateur de Nina et celui épuisé de l'homme d'armes.
La missive était claire et concise, on me demandait de me rendre à Maël seul afin de participer à une réunion prévue dans quelques jours seulement, au centre de commandement. La lettre n'indiquait pas de quoi il en retournait exactement, mais j'avais un désagréable pré-sentiment... le combo entre cette ville, le centre de commandement et ce rassemblement au sommet, m'avait tout l'air de former un joyeux cocktail ou les titans allaient sans doute être de près ou de loin liés.

-Alors Tlal, qu'est-ce qu'elle dit ?

La naine qui me faisait face, avait les yeux pétillants, avides de réponses et avant de lui en apporter, j'indiquai au messager, au bord de la rupture, qu'il avait rempli sa mission avec succès et qu'il pouvait maintenant se retirer afin de savourer un repos bien mérité.

-On me convie au centre de commandement de Maël dans quelques jours pour une réunion. La lettre n'en dit pas plus et je dois y aller seul. Je suis désolé Nina, mais on va devoir écourter ces petites joyeusetés, il va falloir que je me prépare car je veux partir dès ce soir pour voyager au frais. Je m'intégrerais à une caravane de marchands, ça me rappellera mes jeunes années avec mon père. Je ne pus m’empêcher de sourire à cette évocation. Promis la prochaine fois, c'est moi qui paierais ma tournée.

Nous quittâmes alors la gargote et sur le chemin du retour jusqu'à la caserne de la petite ville, nous discutâmes des potentiels événements qui allaient se jouer.

**

Je m'attendais à voir plus de monde dans cette grande salle d'audience, l'assemblée présente était très hétéroclite entre les militaires, les soigneurs en passant par les chercheurs. Je reconnus également quelques visages familiers au sein de celle-ci. D’expérience et au vu du nombre réduit de protagonistes, nous allions certainement participer à une opération hautement confidentielle et extrêmement sensible.

Au bout de plusieurs minutes, une petite hybride aux cheveux immaculés et aux oreilles de chats, se présenta à nous en tant que directrice de la RSAF. Je connaissais cette section surtout de nom, mais je n'avais jusqu'à maintenant mis aucune tête sur la direction de cette branche très mystérieuse de l écosystème du Reike et j'en savais encore moins sur leurs agissements exacts, malgré mes tentatives d'investigations. Voilà une occasion en or pour en apprendre un peu plus sur eux.
Je l'écoutai donc avec attention, engoncé dans mon armure de plates, les bras croisés et le regard rivé sur la petite hybride.

Je ne m'étais donc pas trompé, nous étions là pour contrer la menace silencieuse lâchée par un titan, qui proliférait dans Maël et au delà. C'était une mission d'un nouveau genre pour moi, du moins, faire face à des nids bourrés de miasmes infectieux, je n'avais encore jamais signé pour ça auparavant. La peste obscure n'était pas une simple maladie qui se guérissait avec quelques décoctions ou sorts étranges, c'était un mal plus insidieux, plus corrompu, qui ne laissait aucun répit jusqu'au trépas. Mais à écouter les dires de la directrice, les chercheurs avaient trouvé une semi-parade à cette infection, mais à quel point pouvait-elle se montrer efficace ?
Je ne souhaitais pas incuber cette merde pondue par Puantrus et finir par passer l'arme à gauche ou pire, à contaminer d'autres personnes.
Ce qui me posait également problème, c'était ce côté s'apparentant à une sorte d'infiltration au sein des foyers infectieux... un des plus grands fiascos de mon passé m'avait prouvé que je n'étais pas fait pour la discrétion et encore moins en utilisant mes pouvoirs.

Quand le discours de la petite directrice fut terminé, je me dirigeai comme tous les autres, vers l'endroit mentionné par celle-ci afin d'ingurgiter la solution au goût insipide pour nous protéger de la maladie. Une fois ceci fait, je restais un temps dans la salle afin de pouvoir discuter avec les personnes qui le souhaitaient avant de flâner à l'air libre et de profiter de la nuit étoilée.

Résumé :

Le message avait été clair, concis. Un message typique du maître espion finalement. La peste obscure. Le fléau. Et enfin, peut-être, une chance de mettre un terme à cet enfer. La nouvelle avait été accueillie de manière mitigée par les jumelles. Revenir incluait mettre en pause leur objectif, remettre à plus tard l’exploration de la montagne. Une exploration qui, de toute manière, aurait dû être repoussée. Le constat avait été dur mais impossible à esquiver. Elles n’étaient pas assez préparées, avaient été trop optimistes sur le climat, sur les gens, sur les informations qu’elles pourraient récupérer. Seule satisfaction, le revers de la médaille qui, pour une fois, brillait plus que la face, venir se battre contre la peste voulait dire se battre, indirectement certes mais se battre quand même, contre les titans. Et si jusque-là les élémentaires n’avaient jamais réellement souhaité se battre contre les titans, la guerre étant un cas à part, une étape nécessaire dans leur évolution, dans ce que le pays attendait d’elles, les événements de Sables-d’Or avaient redistribué les cartes. Les priorités avaient changées, les attentes de l’empire aussi et surtout leurs attentes.

“Elle ose se montrer.
- Les circonstances l'obligent.
- Mais elle ne viendra pas avec nous.
- C’est mieux ainsi.
- Elle aurait pu ?
- Probablement pas.”

La directrice s’avance sur le devant de la scène. Kaelinn. Une femme cachée, une femme de l’ombre. Qui aujourd’hui, même si ce n’est que devant une poignée de personnes triées sur le volet, quitte son statut de femme invisible. À circonstances exceptionnelles mesures exceptionnelles. Son attitude indique le contraire mais sa voix est assurée, les ordres et les enjeux sont clairs. Shaïna trépigne légèrement, ouvertement mal à l’aise. La salle n’est pas bondée, mais suffisamment pleine pour la mettre mal à l’aise. Merci à la nature de la mission d’obliger les gens à travailler en petits groupes. Le regard de Miya parcourt distraitement les guerriers présents alors que celui de sa sœur fixe le sol. Quelques têtes connues, des gens présents à Sable d’Or. Aux yeux de la rouquine des inconscients qui ont décidé de jouer encore une fois avec leur vie alors qu’ils auraient pu accepter d’éviter de nouveau problèmes. Comme si cette solution était envisageable pour des gens comme la griffe ou l’oreille.

Et au milieu de tout ça, un nain. Qui se démarque par le trou qu’il laisse au milieu de la foule. La seule extravagance des jumelles. Une rencontre fortuite dont elles sont sûres de pouvoir gagner quelque chose. Non. Gagner ne les intéressent pas, elles ne l’ont pas présenté pour les bénéfices que cela peut leur apporter. Simplement elles ont confiance en lui. Peut-être cette confiance est-elle accordée un peu rapidement au vu de ce qui les attend néanmoins, quand l’ordre de mission est tombé elles n’avaient qu’une certitude. Le nain devait les accompagner. D’une manière ou d’une autre il serait capable d’apporter quelque chose à l’expédition. En espérant que ce ne soit pas uniquement la possibilité de sacrifier gratuitement quelqu’un si les choses tournent mal…

“C’est à notre tour.
- Et ensuite le destin ne nous appartient plus.
- Tu as peur ?
- Oui.
- Moi aussi.”

Shaïna attrape la main de sa sœur, marchant à sa suite dans la pièce voisine, avalant rapidement le cachet, promesse incertaine de la réussite de leur mission. Tout ce qu’elles s’apprêtent à faire, tout ce que les guerriers et chercheurs ici présents s’apprêtent à faire, repose sur une croyance apportée par ce médicament. Il existe une solution. Une croyance que personne ne peut vérifier. Si demain, à l’entrée du foyer infectieux, il s’avère que les expériences étaient fausses, que les résultats étaient insuffisants mais que personne ne pouvaient prévoir ce résultat alors non seulement l’expédition s’arrêteras aussi vite qu’elle a commencé mais, surtout, personne ne ressortira du foyer. Seule la raison de l’échec remontera comme information utile.

Dehors la nuit est fraîche, quelques soldats quittent les lieux, certains restent parler entre eux, d’autres attendent de prendre le fameux médicament et les derniers errent de part et d’autre du bâtiment. Sur la plupart des visages, la tension est palpable. Tous connaissent les enjeux. Ce constat tire un sourire de soulagement à Miya. Les groupes ne sont pas encore décidés mais une certitude existe. Il ne devrait pas en être de mauvais. Shaïna tire doucement la manche de sa sœur qui lui répond d’un petit hochement de tête. Oui, il est temps de dormir. Se reposer, oublier les soucis (autant que possible), et se préparer. Demain est un autre jour. Demain est un autre monde.

Résumé & Pouvoirs:

Il y a toujours un je-ne-sais-quoi de satisfaisant, quand les choses se mettent en place pour lutter contre les Titans. Car il s’agit de l’aboutissement de semaines de recherche. Le fruit de nombreuses nuits blanches. Le résultat de réussites et d’échecs – car évidemment, les nids qu’ils vont explorer n’ont pas été localisés en un jour. Adossé contre l’un des murs de l’immense salle, Zéphyr se fond comme d’habitude dans la masse des guerriers présents. Il n’essaie pas de se cacher, ça ne servirait à rien dans l’immédiat. Il se contente juste d’écouter Kaelinn d’une oreille attentive. Sans doute que, parmi tous ceux qui sont présents, le commandant des assassins connaît déjà le plan que son homologue va présenter. En effet, le RSAF et ses services ont étroitement collaboré ensemble pour mettre en place cette expédition. Une fois la mission sur la Peste Obscure achevée, ses agents ont méthodiquement quadrillé Maël et ses alentours. Pendant que la Directrice de Luxuriance et les siens faisaient tout pour étudier cette fichue maladie, ses espions essayaient quant à eux de repérer toute trace de Puantrus et de ses serviteurs. Les efforts des uns et des autres ont manifestement payé, puisque sinon, ils ne seraient pas là aujourd’hui.

La présence de Deydreus et des Serres est naturelle. La Griffe représente mieux que quiconque l’autorité royale et, après le tournoi dans l’arène et l’événement de Sable d’Or, nul n’oserait contester sa place dans cette expédition. Ses hommes sont évidemment expérimentés et Zéphyr ne se fait pas d’inquiétude à leurs sujets. Que ce soit Khal, Alasker, Usha, ou d’autres, ils ont de la ressource à revendre. Même face à l’adversité, ils sauront aviser et établir des stratégies cohérentes.

Il y a bien sûr des agents du RSAF lui-même : comment le Régiment n’aurait pas pu envoyer ses propres scientifiques ? Leur expertise sera de bon aloi quand ils devront trouver le moyen de récupérer des échantillons pour créer un remède à la Peste Obscure. De la même manière, les membres du FMR pourront apporter leur pierre à l’édifice. Enfin, les espions eux-mêmes vont se joindre à la partie. Après avoir collaboré pour délimiter les zones suspectes, il aurait été dommage de rentrer à la capitale et d’attendre tranquillement les résultats de cette mission. Mission dont le succès n’est d’ailleurs pas garanti. Ils assument bien sûr qu’il y aura des créatures magiques qui leur feront face – certainement des disciples de Puantrus – mais il est difficile d’estimer quelles seront leurs compétences. Quant à récupérer les échantillons désirés par Kaelinn, là encore, ce ne sera pas facile et ils se trouvent plutôt face à l'inconnu. Beaucoup de choses seront dès lors découvertes sur le tas. Les guerriers devront sans doute faire preuve de souplesse – s’ils n’y vont pas comme des bourrins, mais cela pourrait alors compromettre les résultats de l’expédition.

Bref, il s’agit d’un voyage délicat, qui pourrait être affreusement sournois compte-tenu des pouvoirs de l’être titanide. Mais qu’à cela ne tienne. Les Reikois ne reculeront pas pour autant. Ils ont bien lutté contre des archontes. Pourquoi reculer face à cette maladie qui circule et fait des ravages sur ses victimes ?

Il leur faut attendre encore un peu, cependant. Leur périple ne commencera que demain et… avant, il leur faut prendre un médicament, sans doute au goût dégueulasse, qui pourra néanmoins les prémunir pendant un temps de la Peste. Ce n’est pas encore un vaccin – sinon, ils ne seraient pas tous réunis ici – mais cela pourra donner un répit aux combattants. Pour ce qui le concerne, Zéphyr n’hésite pas un instant et se présente à la scientifique sur place. Ses espions, quant à eux, n’ont pas besoin de l’interroger pour savoir qu’ils doivent obtempérer : sinon, ils resteront dehors et ne mettront pas un pas dans les nids.

Un fin sourire apparaît sur son visage quand Elia l’aborde et pousse même l’impudence de lui pincer les côtes. Il ne lui répond pas, ce n’est pas nécessaire. Il connaît suffisamment la belle guerrière pour savoir que celle-ci est partie se reposer et qu’elle sera en forme demain. Le maître-espion voit un instant apparaître les jumelles, qu’il a rappelées par une brève missive, simple et laconique. L'Oreille a bien conscience que revenir ne les fait pas sauter de joie, mais il souhaite compter sur leur efficacité et leur ingéniosité. Ces qualités seront précieuses sur le terrain-même.

Loin d’aller dormir directement, Zéphyr attend patiemment qu’on termine d’interroger Deydreus si certains soldats désirent avoir ses directives. Cela lui laisse le temps de mesurer les forces en présence – qu’il connaît pour la plupart – afin de donner ses conseils à l’hybride-chat quand il lui faudra constituer les groupes avec la Griffe. Quand les conversations s’apaisent et que le calme revient, l’assassin va discrètement rejoindre ses homologues.

Il est temps de revoir une dernière fois leur plan d’action.
Après, ils ne pourront plus compter que sur eux-mêmes, sur leur astuce et leur détermination.

Résumé: