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Herendil
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Ode au clair de Lune
La nuit s'étendait sur Ikusa, enveloppant le grandiose palais impérial d'un voile de douceur. Une douceur presque palpable, capable d'attiser en moi le désir de fuir ma jolie petite chambre, voisine des appartements de Maîtresse Ayshara, ma bienveillante protectrice. C'était une invitation à la flânerie, à la contemplation des immenses jardins, parés de fleurs exquises et de parfums enivrants. Là, je possédais un secret, un petit terrier, dissimulé à l'abri des regards, qui me permettait, certaines nuits, d'échapper aux convenances de la cour.
Le silence m’apaisait, tandis que l'air frais caressait mon pelage avec tendresse. Les étoiles scintillaient, complices de mes pensées, et la lune, majestueuse, éclairait ma solitude. En parcourant ce jardin enchanteur, je m'approchais de mon havre de paix, admirant l'opulence qui m'entourait. Une fontaine, œuvre d'art délicate, laissait échapper une mélodie aquatique qui se mêlait à la brise nocturne.
Alors, m'approchant comme une ombre, je bondis sur le rebord de la fontaine. Je m’y allongeai, le dos contre la pierre froide, comme pour goûter à la douceur de la nuit, savourant l’instant présent. Mes yeux se levaient vers le ciel, où des milliers d'étoiles dansaient dans l’immensité. Chaque scintillement semblait murmurer des secrets, et moi, simple rêveur, je me laissais emporter par cette beauté éphémère.
Dans ce doux crépuscule, je me perdais, les yeux clos, emporté par les vagues d'une rêverie enivrante. C'était ce moment sacré, unique, où mon cœur, au rythme inaccoutumé, s'emballait, comme s'il savait que l'heure de la magie était venue, une heure que je reconnaissais désormais chaque jour avec une ferveur presque religieuse.
Au sein du temple où se mêlaient les éclats d'or du soleil et les reflets argentés de la lune, je me tenais face à la statue de l'astre nocturne, un monument de mystère et de beauté, l'âme inquiète et apeurée . Soudain, dans un mélange de lumière et d'ombre, l'imposante figure se métamorphosa, prenant l'apparence de Maîtresse Ayshara, divine apparition, protectrice des âmes égarées dont j'ignorais l'existence.
Dans ce moment suspendu, je réalisai que je ne rêvais point, mais que la réalité elle-même s'était parée de fantastique. Elle, qui allait plus tard conquérir mon esprit, se tenait là, son regard empreint de sagesse et de grâce, prête à me sauver des griffes d'un cruel chasseur en me désignant une cachette d'un geste de la main.
Sous ce clair de lune, je rouvris mes yeux, assoiffé d'étoiles et de songes. L’astre nocturne, là-haut, dans son immensité, se transforma en une vision familière, le visage de celle qui guide mes pas égarés dans cette vie incertaine. Mon cœur, empli d’une douce mélancolie, se mit à vibrer au rythme de mes pensées, et je me mis à fouiller dans ma sacoche.
C'est alors que je découvris la lyre, ce précieux don qu'elle m'avait offert, symbole de l'harmonie que j’avais choisi d’embrasser en lui confiant mon existence. Cet instrument, façonné dans un bois sombre et noueux, évoquait les profondeurs mystérieuses de l'ébène. À la clarté de la lune, sa surface scintillait, révélant des motifs enchanteurs.
Les cordes, tissées d’un fil d’argent et de la soie des araignées, chantaient des sons délicats, un murmure céleste, lorsque mes doigts velus effleuraient leur surface. Chacune de leurs vibrations semblait porter avec elle des échos de tendres souvenirs et des promesses susurrées.
J'effleurai les cordes de mon instrument, laissant s'échapper des mélodies empreintes de mélancolie. Allongé sur le rebord de la fontaine, le regard perdu dans les lointains de mes pensées, je tissai des remerciements au destin, une gratitude pour les instants passés, si précieux. Dans un souffle, je priai, espérant ardemment qu'un jour, le fil du temps me fasse croiser à nouveau la fée sans ailes. Mon trésor passé.
Dans ce doux instant, mes pensées allaient vers la majesté de l'Impératrice, enveloppées de dévotion et d'espoir. À voix basse, je louais sa sagesse infinie et sa compassion rayonnante, esquissant les contours d'un monde merveilleux, fruit de ses désirs les plus profonds. Quel bonheur ce serait, chantais-je, si son ardente volonté pouvait se réaliser en toute plénitude, offrant à l'humanité un rayonnement de paix et de prospérité.
Cependant, soudain, un bruit de pas résonna, brisant la mélodie de mes réflexions. Je me redressai lentement, le cœur battant, curieux de découvrir l'ombre qui s'approchait.
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Nazg-Sash
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Ode au clair de lune
Feat "Herendil"
La première nuit dans le palais.
Un lieu qui résonne de silences brisés, de respirations étouffées et de mouvements feutrés dans les couloirs, fidèle à l'image qu'on lui avait dépeinte et contre laquelle on l'avait mise en garde.
Mais ce soir, Nazg s'en moque. Elle avance lentement jusqu’au balcon de ses appartements, sans vraiment penser, poussée par un étrange besoin de respirer l’air nocturne de la capitale. Le froid mord sa peau, une douceur familière et nécessaire après tant d’années loin d’ici. Elle regarde le jardin en contrebas, vaste et apaisant, les arbres se mêlant en une ombre douce et mouvante sous la lumière lunaire.
Ses mains viennent s’appuyer sur le rebord du balcon, et elle incline la tête jusqu’à poser son front sur ses bras, laissant enfin tomber toute cette carapace qu’elle s’était façonnée. Elle n’est plus ni la manipulatrice, ni la guerrière d’élite, elle n’est que Nazg, une vampire ancienne et fatiguée, perdue dans cette nuit comme dans ses propres pensées, alors que s'ouvrait un nouveau chapitre du livre sans fin qu'était sa vie.
Son regard glisse vers les coins d’ombre le long des remparts, les escaliers et les passages où, cinq ans auparavant, elle avait elle-même pénétré le palais, dans une course effrénée pour atteindre sa cible. Le souvenir lui arrache un sourire : si impatiente, si arrogante, et pourtant incapable de réussir pleinement cette nuit-là. Elle repense à ce garde qui s’était dressé entre elle et son objectif, et à l’échec cuisant qui s’en était suivi.
Aujourd’hui, elle est revenue et se tient au même endroit, mais en tant qu’alliée fidèle de l’Empire, offrant sa force et sa dévotion pour des raisons qui la dépassent presque elle-même.
Une brise vient soulever quelques mèches de ses cheveux, et pour la première fois depuis longtemps, elle laisse son esprit vagabonder sans direction, sans dessein. Elle s’étonne de cette quiétude qui l’envahit, douce et douloureuse à la fois, comme un rappel des vies passées, des visages oubliés, et de tous les chemins qu’elle a foulés pour parvenir jusqu’à cette nuit, à ce balcon, dans le silence et l’ombre de la lune.
Le silence ?
Il n'est bientôt plus, soudainement percé d’une note qui s’élève, claire et pure, comme une larme de mélancolie suspendue dans l’air. Puis, la première note est rejointe par d’autres, tissant une mélodie douce et vibrante. Intriguée, Nazg relève doucement la tête, ses yeux perçant l’obscurité à la recherche de l’origine de cette mélopée nocturne. Rapidement, son regard se posent sur une silhouette solitaire près de la fontaine, un musicien égaré, lui aussi perdue au cœur du pouvoir.
Un sourire mystérieux naît sur son visage, et, sans un mot, elle se hisse au-dessus du balcon, ses ailes membraneuses s’ouvrant avec la grâce d’une ombre vivante. Elle descend lentement vers lui, son arrivée n’étant rien de plus qu’une caresse dans l’air. Mais c'est suffisant pour attirer son attention.
Le musicien, surpris, interrompt son jeu, ses doigts figés sur les cordes. La Vampire lève les mains avec une douceur insoupçonnée, cherchant à se montrer rassurante. Elle veut qu’il comprenne qu’il n’a rien à craindre, que ce moment lui appartient tout autant qu’à elle. Lentement, elle incline la tête, dans un regard intense mais bienveillant, l’invitant silencieusement à reprendre là où il s’était arrêté.
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Herendil
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Ode au clair de Lune
La dernière note s’évanouit dans l’air frais du crépuscule, emportée par le souffle léger d’un vent complice. Mon esprit, toujours en éveil, se mit en quête de la source de ce bruit inattendu. Je me redressai, la curiosité piquée et mes sens aiguisés. Ce jardin, havre de paix, ne connaissait guère d’affluence à cette heure tardive, et un pressentiment s’éveilla en moi : la silhouette qui avait troublé ma quiétude ne m'était pas familière.
Qui donc pouvait perturber ma solitude ? Mon flair me murmurait que cette présence ne m'était pas connue. Les questions s’entremêlaient dans mon esprit, tandis que ma lyre, précieuse complice de mes mélancolies, se blottissait contre ma poitrine, protégée par ma patte. L’autre maintenait fermement mon foulard vermeil qui siégeait autour de mon cou.
Alors, levant les yeux vers le balcon, je perçus une silhouette sombre. Puis, l’éclat de ses ailes, telles des ombres légères, attira irrésistiblement mon attention. À cet instant, la figure s’élança, un mouvement gracieux, un ballet aérien, avant de retomber avec une élégance rare sur le sol du jardin. Ma méfiance s'estompa à mesure que je contemplais sa gestuelle, empreinte de douceur et de confiance.
Elle se tenait là, silhouette gracieuse et énigmatique, enveloppée d'une aura qui semblait à la fois fascinante et redoutable. Son visage blafard révélait des crocs qui jaillissaient de ses lèvres. Peut-être était-elle l'invitée du couple impérial, une beauté mystérieuse surgie du néant pour offrir ses services, ou peut-être encore une ombre errante agissant comme messagère ?
Mon esprit, partagé entre curiosité et appréhension, s’embrasait face à son charisme intimidant. Étaient-ce mes prières, murmures doux portés vers la Lune, qu'elle était venue entendre ?
Je trouvais ma place, assis au bord de la fontaine, contemplant les traits délicats de celle qui se tenait devant moi. Le souffle de la brise caressait doucement mon visage, et je perçus dans son regard un désir silencieux, une invitation à poursuivre le fil de mes pensées. La Lune, complice de nos âmes, brillait au-dessus de nos têtes, m'offrant une protection, une assurance que le mal ne saurait nous atteindre.
Ma cérémonie, bien que pratiquement conclue, avait pris une nouvelle dimension avec sa présence. Je désirais qu'elle soit de mon côté, partageant cette quête spirituelle, unie par le mystère de la nuit. Alors, avec une humilité empreinte d'admiration, je levai les yeux vers le ciel, appelant à la sagesse de la Déesse Nocturne.
- Ô Déesse des Nuits étoilées, souveraine de l'obscurité, dans ce sanctuaire nocturne où votre lumière scintille, j'implore votre bienveillance. Vous, qui êtes l’espoir incarné pour les cœurs meurtris, prêtez-nous votre souffle, douce muse des cieux. Nos âmes, telles des navires perdus, errent sur des rivages tourmentés, en quête d’un port où se poser. Que votre volonté éclaire nos pas hésitants, et que votre sagesse infuse nos esprits de courage et de clarté.
Permettez-nous de transformer ce monde, de faire de chaque larme une perle de lumière. Que notre existence s’épanouisse à votre image, en un jardin radieux, où bienveillance et amour fleurissent à chaque souffle de vie. Déclamai-je d'une voix basse qui venait du fond de mon coeur.
Les notes de ma lyre, délicatement effleurées, s’envolaient dans l’air, emportant avec elles le poids de mes prières, mêlant adoration et espoir dans un chant qui s’élevait vers les cieux, comme une offrande sincère à la divinité des nuits.
Je me levai avec une certaine appréhension, rangeant ma lyre avec soin dans ma sacoche. L'incertitude m'enveloppait, tandis que je m'approchais de l'être qui avait croisé ma route. Dans le tumulte de mon esprit, une multitude de questions s'agitaient. Jamais je n'avais rencontré une créature d'une telle prestance, qui semblait à la fois fascinante et inquiétante.
Au loin, je sentais la présence des gardes, ces ombres vigilantes qui veillaient sur le paisible palais Impérial. Je nourrissais l'espoir, du fond de mon être, que ma vivacité et mon agilité me permettraient de me défendre, si le besoin s'en faisait sentir. Ainsi, dans cette atmosphère chargée d'angoisse et d'émerveillement je m'approchai.
- Bonsoir, Madame, osai-je finalement. Je suis Herendil, un simple hybride, fidèle de celle qui, parmi nous, incarne la déesse Lune. J’acquiesçai lentement, inclinant le buste en signe de respect.
Le souffle de la nuit enveloppait mes mots, et je me demandais ce que cette rencontre imprévue me réservait.
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Nazg-Sash
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Ode au clair de lune
Feat "Herendil"
Nazg s’assied lentement sur le rebord de la fontaine, laissant ses mains glisser le long du marbre frais alors qu’elle ferme les yeux. Elle inspire doucement, sa poitrine se soulevant au rythme des notes de la lyre, se laissant porter par le flot mélodieux qui la berce comme une vague tranquille. La musique semble s’infiltrer en elle, s’inviter jusque dans les recoins les plus dissimulés de son esprit. Elle n’a plus besoin de penser, ni même de contrôler ce moment – pour une rare fois, elle se laisse guider, esclave consentante de cette harmonie douce et enivrante.
Un sourire, à peine perceptible, se dessine sur ses lèvres. Les doigts du musicien glissent, frappent, caressent les cordes, chaque mouvement évoquant une beauté tranquille, une promesse de paix que la vampire ne s’était jamais permise d’imaginer. Puis, doucement, la voix de l’inconnu s’élève, une voix basse et apaisante, célébrant Ayshara. Nazg écoute, entre deux respirations, ces mots qui font de l’impératrice une figure idéale, aimante et forte. Elle incline légèrement la tête, acquiesçant à sa manière.
L'immortelle, elle, n’aurait sans doute jamais décrit l'Impératrice avec de telles images, de telles paroles. Mais elle n’est ni poète ni chanteuse, et la chaleur mélancolique de ce chant se passe de son approbation. Pour une nuit, elle est prête à laisser aux autres le soin d’embellir le monde à leur manière.
La dernière note s’évanouit dans la fraîcheur nocturne, et le musicien, comme pris d’une timidité soudaine, s’empresse de ranger son instrument. Nazg l’observe, les mains posées l’une sur l’autre, élégante et légèrement amusée par son air embarrassé. Elle laisse le silence s’installer, laissant les bribes de mélodie flotter un instant dans l’air, puis rompt la tranquillité en frappant lentement dans ses mains, le son feutré résonnant entre eux deux.
- Tout à fait charmant, monsieur. Sa voix, douce mais légèrement moqueuse, glisse dans l’air comme un murmure.
Elle incline la tête, son regard ancré dans celui de l’homme, mi-curieuse, mi-intriguée. L’ombre d’un sourire persiste sur ses lèvres, comme si elle savourait cette rencontre inattendue avec un plaisir sincère. Et c'est finalement le petit être à fourrure qui rompt la distance et entame véritablement la conversation, déclarant d'un verbe aussi efficace que ne l'avait été sa musique, qu'il n'était qu'un humble servant de la suzeraine. Cependant, c'est bien le qualificatif de "déesse" qui surprend le plus son hôte d'une nuit.
- Une vision fascinante, commence-t-elle en croisant ses bras avec élégance, tout en observant l’hybride avec attention. Pour ma part, je ne nie pas qu’elle possède … une essence particulière, disons. Quelque chose qui dépasse les mortels, c’est certain. Mais à mes yeux, ce n’est pas tant une question de divinité. Je dirais que l’Impératrice inspire, elle domine, elle possède cette … comment dire ? Cette force qui amène les autres à vouloir la suivre. Cela en fait-elle une déesse ? Peut-être… Elle hausse un sourcil, une moue calculée sur les lèvres. Mais il faut davantage pour ébranler ma foi dans les lois de notre monde.
Elle l’observe, curieuse de voir si sa nuance refroidira ou attisera la foi du musicien, et elle se prend même à imaginer quelle musique naîtrait des doutes et des convictions opposées de chacun. Et elle se garde bien, pour l'heure, de dire qu'elle n'éprouve pas tout à fait le même scepticisme vis-à-vis de l'Empereur ...
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Herendil
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Ode au clair de Lune
Dans le clair-obscur de cette nuit, où l’eau de la fontaine murmurait un doux chant, je me tenais là, perdu dans mes pensées, face à cette interlocutrice énigmatique. Son charisme, à la fois fascinant et troublant, me laissait en proie à l’incertitude. Les cris d’un oiseau s’élevaient au milieu du silence, tandis qu’au loin, les ordres d’un garde résonnaient, témoignant d’une vigilance sans relâche. En réponse à ma prière je ne reçus qu’un scepticisme, un coup de poignard qui enflamma mon âme.
Je soupirai, mes yeux s’élevant vers un ciel troublé, où les nuages dansaient sous les caprices du vent, cherchant désespérément les étoiles, ces témoins silencieux de nos peines et joies. Ah, si seulement la folie qui aveugle ceux qui, dans leur arrogance, refusant d’accueillir la lumière de l’Impératrice, pouvait retrouver la vue et revenir sur le sentier de la vérité ! Car en son éclat, elle appelait chacun d’aimer, de comprendre, d’entendre les avis divergents comme autant de voix dans la grande symphonie du monde.
Ainsi, je me tenais, oscillant entre désespoir et espérance, conscient que ma foi inébranlable devait transcender ces doutes. Devais-je m’incliner devant l’incertitude ou, au contraire, laisser jaillir de mon cœur la lumière de la compassion ?
Les mots de cette dame, à la voix douce mais tranchante, flottaient dans l’air, inexplicables. Ils me parvenaient, mais leur sens m’échappait. Je plaçai mes mains sur mon cœur, comme pour y ancrer ma foi et ma dévotion, témoins de mes convictions indéfectibles.
- Vos paroles me blessent ! s’échappa de mes lèvres, une exclamation ardente, trahissant la passion qui m’animait. Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant à percer le mystère de son âme.
- Peut-être, dis-je, que vous penseriez différemment si vous aviez vécu ce que j'ai enduré. Ces mots, empreints d’humilité sincère, témoignaient de mon respect envers l’Impératrice. Car chacun, à sa manière, tisse sa toile d’expérience et de croyance.
- En quoi croyez-vous, chère interlocutrice ? La naissance d’un bébé dragon n’est-elle pas une preuve suffisante de sa déification ? Qui d’autre que l’incarnation de la Lune dans ce monde pourrait donner vie à un tel enfant ? Je pensai à ce fils que j’avais eu le bonheur de côtoyer souvent et de côtoyer encore. Ce dragon, enfant du couple impérial, avait éveillé en bien des cœurs la ferveur de les voir comme les avatars du soleil et de la lune. Pour ma part, je n’ai foi qu’en une moitié de cette croyance. Nous étions, et sommes parfois encore, des compagnons de jeu ; souvent, je savais qu’un simple air joué à ma lyre suffisait à apaiser ses crises.
Je me levai pour faire face à la demoiselle qui était assise sur le rebord de la fontaine. Ses yeux brillaient d'un mystère insondable, et je demeurai, en proie à une perplexité qui m'enserrait le cœur. Pourquoi était-elle ici, en ce lieu, à l'orée de mes pensées ? Son nom m'échappait, tout comme les raisons de sa présence, et pourtant, une étrange force m'incitait à la questionner, à percer le voile de son silence.
Dans le fond de mon esprit, un tumulte se faisait entendre. Pourquoi cherchai-je à la convaincre ? Mes pattes s'étaient posées délicatement sur mon foulard, tandis que ma sacoche en bandoulière, pendait à ma droite.
Je me mis à jouer avec mes moustaches, un geste qui trahissait une curiosité ardente. Puis, je pris la parole, laissant échapper les mots qui dansaient sur mes lèvres.
- Dites-moi, qui êtes-vous ? D'ordinaire mon flair et mes sens aiguisés me permettent de déceler le danger qui se cache derrière chaque visage. Mais vous, vous êtes une troublante énigme.
Mon ton était chargé d’une curiosité palpable. Je m'interrogeais, captivé par sa présence, désespérément avide de comprendre ce qui se dissimulait au-delà de son sourire.
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Nazg-Sash
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Ode au clair de lune
Feat "Herendil"
Elle se redressa légèrement dans une lente élégance et inclina légèrement.
- Pardonnez-moi mon impolitesse, mon cher ami. Vous avez la gentillesse de partager votre musique en cette heure tardive, et je n’ai même pas eu la courtoisie de me présenter. Je suis simplement une humble courtisane au service de leurs Majestés. Mon nom est Nazg-Shash.
Elle s’approcha légèrement, posant ses mains délicatement sur le rebord de la fontaine et plongeant un regard curieux dans celui du renard.
- Mais vous, mon ami ? Quelle est la raison de votre présence ici, dans les jardins du palais, en cette heure où seuls le silence et la lune veillent sur vous ? Elle esquissa un sourire amusé, ses yeux brillant d’une malice douce. Seriez-vous habitué à composer sous le regard de la lune, tel un poète égaré en quête d’inspiration céleste ?
La réponse à sa dernière question, la vampire l’obtint presque aussitôt, car il n’était nul besoin de creuser longtemps pour deviner l’attachement presque mystique d’Herendil envers la lune. Son langage, ses gestes, tout dans son être témoignait d’une vénération où s’entremêlaient l'astre d'argent et le reflet de la souveraine. Pour lui, il semblait évident que l'une comme l'autre se fondaient en une seule entité céleste, inspiratrice de sa musique et figure d’un espoir profondément ancré.
Et ce verbe, elle resta silencieuse, absorbée par ce témoignage de dévotion. Elle connaissait bien les rumeurs et murmures autour de la prophétie de la Lune et du Soleil, des figures mythiques que le peuple prêtait volontiers à leurs deux suzerains. Elle devait admettre qu’il était difficile de ne pas voir en eux des êtres extraordinaire. Pourtant, de là à les élever au rang de divinités … Nazg, elle, ne pouvait franchir ce pas.
Et cependant, l’ardeur dans la voix de l'hybride, la conviction qui illuminait son regard … tout cela n’avait rien de feint. Il semblait sincèrement convaincu de la nature divine d’Ayshara. Nazg esquissa un sourire, fascinée, mais également perplexe. L’adoration était de ces flammes qui se révélaient aussi brûlantes que la lumière du jour, prêtes à embraser toute une vie au nom de la foi.
Elle fit une pause, scrutant les jardins plongés dans l’ombre, jetant un bref regard en direction des gardes qui attiraient si souvent l'attention de son vis-a-vis, avant de répondre, sa voix teintée d’une douceur acérée.
- Vous savez, je n’ai jamais eu foi en la foi. Son sourire glissa, mi-ombrageux, mi-sarcastique. Elle a cette tendance, irréductible mais fascinante, à plier les vérités aux attentes de ceux qui la possèdent. Car la foi, par essence, ne peut demeurer stable. Elle doit muter pour survivre, se fondre dans de nouvelles croyances, s’adapter aux désirs de ceux qui en manquent. Elle en devient mouvante, incertaine, incapable de fournir une certitude inébranlable.
Elle reposa son regard sur lui et poursuivit, plus ardente :
- Le pouvoir brut, lui, ne trahit pas. Une force inaltérée, dénuée de croyances ou de mensonges pieux, se montre pour ce qu’elle est : tangible, précise, inévitable. Un coup porté, une volonté affirmée, voilà ce qui ne ment jamais. Vous ne pouvez tordre la force de la même manière que la foi, car la première est directe, impitoyable, tandis que l’autre se colore, se pare, et se transforme selon les intentions de ceux qui la tissent.
Nazg croisa les bras, observant avec amusement la réaction de son comparse nocturne.
- C’est pourquoi, pour moi, aucun être n’a besoin d’être divin pour être puissant, fusse t-il capable d'engendrer un dradon. Que l’on invoque le nom d’une déesse ou celui d’un guerrier, c’est la force, la véritable force, qui guide ce monde. Elle ne s’embarrasse pas de mots doux ou de vœux pieux.
Elle effleura du doigt la surface de l'eau dans la fontaine, brisant le reflet de la lune qui s’y dessinait.
- N'est-ce pas cette maîtrise, ce pouvoir concret, qui inspire vraiment ? Une déesse n’aurait rien à prouver. Une déesse n'aurait rien à faire avec les mortels. Une déesse occuperait sa place légitime dans les cieux, sans se soucier de nos avis ou de nos croyances. Notre Impératrice, en revanche, agit, façonne et brise si nécessaire. Elle se soucie de nous. Elle se soucie de vous, vous l'avez dit vous même. Elle est emplie de préoccupations tout ce qu'il y'a de plus mortel. C'est cela qui, pour moi, la rend unique. Pas le rêve d'une immortalité divine ... mais la seule et simple détermination d'une souveraine.
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Ode au Clair de Lune
Une courtisane du couple impériale nommée Nazg-Shash ? Son regard, à la fois perçant et contemplatif, se posait sur moi. Pourquoi donc hésiterais-je à croire en ses paroles ? Certes, il était rare qu'une âme puisse entrer dans ce sanctuaire sans y être conviée et mon flair incapable d'avoir une certitude ne me disait pas non plus qu'elle mentait.
- Enchanté, Nazg-Shash ! lui dis-je en inclinant ma tête avec respect. Pourquoi suis-je ici en cette heure nocturne ? Comme vous pouvez le constater, je suis un animal, un hybride, là est mon instinct profond, le reflet d’un caractère que ma vie sauvage, qui voit dans le jardin sa maison.
Je laissai mes pensées s’échapper vers la lune, astre bienveillant, source de mes inspirations et de mes prières.
- Chaque soir, effectivement, je m’arrête ici pour rendre grâce à la Lune, sa lumière, douce et protectrice, fut ma guide au moment où la mort me guettait.
Ma foi en Maîtresse Ayshara, la Déesse Lune, était indéfectible. Elle m’avait sauvé d’une mort certaine, me menant hors des griffes d’un tigre assoiffé de sang que de je devais combattre enfermé dans une cage pour le plaisir d'une foule cruelle. Comment pourrais-je ne pas croire à la prophétie qui la désigne comme une figure divine ? La rumeur avait touché de nombreux cœurs, éveillant en eux l’espoir d’une renaissance.
Je pouvais percevoir le scepticisme de ma chère amie du soir, une ombre dans ses yeux, une méfiance envers cette sagesse incarnée. Elle semblait préférer la force brute qui, à ses yeux, illumine le chemin du pouvoir. L’image de l’Empereur, ce Soleil flamboyant, me traversa l’esprit.
- Vous avez raison, dis-je, en m’avançant vers elle pour contempler le reflet lunaire dans l’eau de la fontaine. Votre perspective est fascinante. La force brute, si tangible soit-elle, ne constitue pas le seul fondement de la grandeur. Ce que vous percevez comme froideur peut aussi être un manque d’empathie ?
Je marquai une pause, mon regard se perdant dans l’immensité du ciel étoilé.
- N’est-ce pas là la véritable puissance, celle qui inspire et guide avec sagesse et compassion ? La Déesse Lune, par sa présence parmi nous, ne se contente pas d’observer de loin. Elle souhaite éveiller nos âmes, nous rappeler que le Sekai a besoin de lumière pour retrouver son chemin. Sa sagesse dépasse de loin la force brute. Elle aurait pu rester dans les cieux, et laisser nos âmes mourir, mais par pitié, elle a prit les traits de notre Impératrice pour nous guider et nous éclairer acceptant de souffrir des préoccupations d'une vie humaine.
Je reprenais ma place, délicatement, sur le rebord de la fontaine, reprenant ma lyre.
- Je vous souhaite d’être témoin de ses miracles. Elle est la source de tant de merveilles. J’ai moi-même vécu l’un de ces miracles. La prophétie se confirme, Dame Nazg. L’Impératrice incarne cette essence divine qui inspire et élève le peuple. Elle est un symbole d’espoir, une guide pour ceux qui sont opprimés, qui sont vulnérables et désespérés.
Mes yeux se posèrent sur elle, captivé par sa présence énigmatique.
- Sa sagesse, son altruisme, sa douceur, sont des qualités qui touchent les âmes. Nombreux sont ceux qui lui vouent un véritable culte, car elle est, une icône divine… Ce qu'elle inspire ne peut pas être un mensonge.
Je laissai échapper un souffle, laissant mes mots s’épanouir dans une mélodie douce et délicate, récit de ce miracle qui avait transformé ma vie pour exprimer à mon interlocutrice la raison de ma dévotion et lui révéler l'acte qui avait façonné ma croyance car la silhouette bien que maintenant connu ne l'était point en ce jour qui raisonne comme une naissance.
- Un renard, fuyant son infortune, fut traqué par un chasseur aux sombres intentions. Dans la clarté du crépuscule, son destin semblait scellé lorsqu’il entra dans le temple de la Lune et du Soleil. Alors que la peur embrasait son être, une lueur céleste apparut. La statue s’anima prenant la silhouette d'une Dame et l’Impératrice Ayshara se dévoila, belle et lumineuse. Sous un voile argenté, elle étendit la main, révélant un secret au malheureux opprimé. "Va, créature abandonnée par la chance, trouve refuge sous mon pied, ici, les faibles ne seront jamais abandonnés." Et le renard, émerveillé, se faufila dans l’ombre de cette botte protectrice, échappant ainsi au chasseur qui ne trouva que l’obscurité et se retira plein de rage.
Je pinçai la dernière corde de ma lyre, le cœur vibrant d’émotion.
- Libre à chacun de croire, n’est-ce pas ? Je présume, en écoutant votre plaidoyer, que votre affection se tourne plutôt vers ce que représente notre empereur ? Sa force vous fascine-t-elle ?
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Nazg-Sash
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Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Ode au clair de lune
Feat "Herendil"
Un regard impassible qu'accompagnait un sourire finement dessiné sur ses lèvres.
Elle comprenait sa foi, sa dévotion touchante envers cette Déesse Lune qui semblait bénéficier d'un regain d'intérêt chez nombre de ses compatriotes et que tous voyaient en l'Impératrice. Mais pour elle, c’était un mirage, une vision teintée de besoin et de réconfort, une construction que l’esprit des faibles s’offrait pour supporter la dureté du Sekai et de sa réalité.
- Vous avez trouvé en elle ce que beaucoup cherchent désespérément : un baume pour les blessures invisibles de l’âme, répondit-elle d'une voix basse, douce, mais dont on pouvait sentir une légère froideur, presqu'involontaire. Mais moi, mes convictions sont ailleurs. Dieux et titans ne sont que les deux côtés d’une même pièce. Ils sont puissants, oui, mais divins ? Ce mot m'inspire si peu.
Elle se pencha légèrement en avant, son regard s’enfonçant dans les prunelles de son interlocuteur. Elle voyait là un être épris de cette Déesse qui l’avait sauvé. Et pourtant, tout ce qu’elle ressentait pour ces figures dites « divines » était une distance glaciale, presque méprisante. Elle ne savait plus très bien si elle devait croire aux dieux ou aux titans, mais elle savait au moins pourquoi elle ne les vénérait pas.
Elle s’appuya légèrement sur le bord de la fontaine, contemplant son propre reflet dans l’eau sous le clair de lune.
- Il y a à peine quelques années, ce qui pourtant pourrait correspondre à une autre vie, l'Empereur Tensaï a brisé tout ce que j'étais. C’était un acte impitoyable, sans pardon, ni sommation, mais il a fait ce qu'il savait nécessaire pour lui et pour le Reike. Ayshara, elle aussi aurait pu me briser, elle aussi aurait pu abattre la lame de son jugement et effacer ce que je suis. Elle avait tout le pouvoir pour me détruire, et elle n'en fit rien. Au lieu de cela, elle m’a épargnée. Elle m’a offert une chance de renaître, une chance de vivre. Une chance de servir.
Elle laissa échapper un rire doux, presque imperceptible, qui résonnait comme un écho dans l’obscurité tranquille du jardin.
- Voilà, Herendil, ce que j’appelle un acte de "divinité". Un dieu aurait écrasé une âme comme la mienne, avec tout le dédain et l’indifférence des étoiles. Mais Ayshara … Ayshara a choisi d’agir en mortel, avec la sagesse d’une reine. C’est dans ces choix, dans ces actes, que je trouve mon respect, et non dans une quelconque illumination divine.
Elle redressa la tête, son regard maintenant intense, bien qu’il ne trahisse ni doute ni hésitation.
- Que les dieux nous dominent, soit. Telle est leur prérogative. Mais ma foi n’est pas leur droit de naissance. Ils ne l’ont jamais gagnée. En revanche, la puissance de notre Empereur est quelque chose de rare, de presque brutal tant il est pur, murmura-t-elle, d’un ton grave. Il incarne ce que signifie vraiment le pouvoir dans toute sa splendeur : il n’a pas besoin d’artifice ni d’apparat pour s’imposer. Son autorité n'est pas une question de droit divin ni de symbolisme, mais un fait aussi réel et implacable que Valeryon. C’est là la force que je vénère, celle qui est prête à sacrifier tout pour la survie de l’empire, celle qui s’élève au-dessus des émotions et des faiblesses humaines.
Elle tourna la tête vers le ciel, laissant un long soupir s’échapper de ses lèvres. La lune brillait toujours, paisible et immuable, et elle ressentit un soupçon d’ironie devant ce tableau paisible.
- L’absolu, la toute-puissance, l'éternité, tout cela est une illusion bien trop insaisissable. Je respecte le fait que vous, vous ayez trouvé votre chemin dans cette croyance, mais pour moi, ce sont les actes qui trahissent notre véritable nature. Pas nos aspirations spirituelles, pas nos prières ni même nos paroles. Seulement nos choix.
La Vampire se tut, ses pensées vagabondant un instant avant de replonger son regard dans celui du renard, en quête de réaction. Elle ressentait une satisfaction étrange d’avoir enfin exprimé ce qu’elle pensait des dieux. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle réalisa que l'hybride l'avait parfaitement compris.
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Herendil
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Race: Hybride
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Ode au clair de Lune
L'avis contradictoire de la dame me plongeait dans drôle de sentiment, mêlant peine et perplexité. Mon cœur, pourtant ardent de ferveur, se heurtait à ses paroles comme une vague à un rocher, ébranlé, mais non brisé. Je savais ce que désirait Maîtresse Ayshara : une écoute attentive, une ouverture à la diversité des pensées, un appel à la compréhension au-delà des clivages.
La lyre entre mes mains, je l'écoutais, humble, le regard rivé sur elle. Nazg ne voyait en Maîtresse Ayshara qu'une figure humaine. Moi, je voyais en elle la guérisseuse de mes blessures, une lumière salvatrice dans les ténèbres de ce monde. Je percevais son cœur façonné par la divinité. Pour mon interlocutrice ce mot n'était qu'un bruit, une caresse vide.
Elle avait croisé le chemin du couple impérial, et par ses mots, je devinais que ses valeurs divergeaient des miennes. La compassion, pour elle, était une faiblesse, tandis que pour moi, elle représentait la véritable force. En son regard, je devinais l’admiration pour l’empereur, cet être de puissance implacable, dont j'avais été le témoin de la cruauté insensée. L’image des parents de celle qu’il allait épouser, fauchés sous ses coups me hantait encore. Comment une âme mortelle pouvait-elle trouver la force d’unir son destin à celui d’un tel être ?
Mon visage canin ne pouvait esquisser un sourire, pourtant je savais que le rire de cette dame aurait pu me faire ricaner. Je souhaitais seulement qu’elle prenne soin de la chance que l’Impératrice lui offrait.
Elle poursuivait sa tirade, se délectant de l’héroïsme de l’Empereur qui aurait pu la faire trépasser sans l'intervention de l'Impératrice, affirmant que son ascension était le fruit de choix personnels.
Ma dévotion à la Déesse Lune rivalisait, la dépassait peut-être, avec celle des stellaires, même si l’idée d’adorer le Soleil me laissait un goût amer. Mon regard s’enfouit dans le sien, cherchant une réponse à cette contradiction.
- Que répondre à cela ? murmurai-je.
Je détournai les yeux vers l’astre lunaire, joignant mes pattes avant, comme si je cherchais dans cette posture la force de répondre. Je me grattai le menton ensuite, feignant d’écarter des puces invisibles, tandis que mes idées tourbillonnaient.
- Selon moi, la véritable essence de la divinité réside dans la capacité à agir pour le bien des autres, à guider les âmes perdues et à offrir une lumière dans les ténèbres. Maîtresse Ayshara incarne cette bonté, cette force dans la vulnérabilité. Sa décision de ne pas vous briser, mais de vous épargner, témoigne de sa toute puissance, mais aussi de sa compréhension des souffrances. Elle choisit de se connecter aux mortels, de les soutenir dans leurs faiblesses. Sa miséricorde et sa capacité à élever ceux qui souffrent, voilà ce qui fait d'elle une entité divine. C’est cette croyance qui me guide.
Ainsi, dans un souffle, je portai ma voix, simple mais empreinte d’une vérité qui me traversait. L'aura qui entourait mon interlocutrice me soufflait qu'elle n'était pas de nature humaine. Alors, peut-être que ma pensée je la dois à ma nature animale.
- Que ressentez-vous exactement pour l'Empereur ? lui demandai-je, avec une curiosité insatiable. Peut-être est-ce là même passion que celle que j'éprouve pour la Déesse de la Lune ?"
Je me levai d'un geste souple, aidé en cela par ma silhouette animale. Cette nuit je le croyais, était voué à l'ennui. Pourtant, cette rencontre s'avérait être fort intéressante, illuminant mon esprit d'une lueur d'intrigue. Dans le fond de mon être, ma ferveur grandissait plus encore, plus forte que jamais, envers l'incarnation de la Lune. Croiser le chemin de ceux qui, comme Nazg, servaient le couple impérial était toujours captivant.
Je jouais la taquinerie, une lueur malicieuse dans mes yeux.
- N'est-ce pas là un orgueil, une fierté mal placée que de refuser de déifier ceux qui, tels des astres vivant à nos côtés, illuminent notre ciel ? Peut-être que pour une créature de mon espèce, il est aisé d’accepter cette idée. Mais pour vous, d'une nature qui me semble si supérieure à la mienne, peut-être est-il plus complexe d'embrasser un tel concept ?
Je la regardai, plaisantant sur les mystères de la passion et de la sacralisation. Une douce conviction s'installait en moi : elle semblait abriter une passion profonde pour l'Empereur. La prophétie résonnait dans le cœur des âmes, et je n'avais guère de mal à imaginer son propre cœur s’enflammer à cette pensée. Qui, dans ce vaste monde, pouvait résister à l'appel de ce qui était à la fois divin sous apparence humaine ?
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Nazg-Sash
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Ode au clair de lune
Feat "Herendil"
Un rictus amusé étira les lèvres pâles alors qu'elle observait Herendil.
Quel curieux amalgame d'humilité et de ferveur ! L'extérieur de son apparence semblait être en tout point similaire à l'intérieur.
Son regard sombre, où brûlait une lueur cramoisie, s'attarda sur la lyre qu'il tenait encore, témoin muet de leur étrange conversation. La lune pour seule témoin semblait pourtant projeter une ombre particulière sur cette scène, comme si elle se tenait suspendue dans le silence, attentive aux échanges. Ce qui paraissait logique puisque si l'on en croyait les dires du Renard, on parlait d'elle.
Nazg inclina légèrement la tête, d'une douceur qu’elle n’accordait que rarement. Elle parla enfin, d'une voix basse, presque un murmure, mais chargée d’un poids qui fit vibrer l’air entre eux.
- Je ne peux nier que votre perspective sur notre souveraine est fascinante. Il est évident que votre vision, empreinte de cette foi sincère, dépasse la compréhension triviale de bien des mortels. Peut-être … Oeut-être même pourrais-je la comprendre.
Un léger sourire, presque imperceptible, effleura ses lèvres, teinté d’une ironie subtile.
-Après tout, il y'a surement une part de vérité dans ce que vous dites, Ménestrel. Si la divinité réside dans la capacité à guider, à offrir un sens à ceux qui errent dans les ténèbres, alors Ayshara pourrait bien incarner cet idéal. À sa manière, elle est effectivement une lumière, une étoile qui brille au-dessus d’un monde en ruine.
Elle détourna brièvement les yeux, fixant un point invisible dans la nuit, comme si les paroles qu’elle venait de prononcer l’obligeaient à revisiter ses propres convictions. Pourtant, lorsqu’elle reprit, sa voix était plus froide, plus tranchante.
- Cependant, cette lumière, aussi éclatante soit-elle, n’est pas exempte d’ombre. Chaque étoile génère elle-même obscurité qui l’accompagnera toute son existence, et Ayshara, pour toute sa grandeur, ne fait pas exception.
Le silence retomba un instant, chargé du sens et des interprétations possibles de tels propos. Du coin de l'oeil, elle observait les allers et retours des gardes, s'assurant qu'aucun ne soit à portée pour entendre cette conversation qui, à bien des égards, pouvait s'assimiler à un brin de traitrise. Et l'Immortelle n'était clairement pas en odeur de sainteté au vues de ses actes.
L'idéal serait sûrement de faire profil bas et de simplement hocher la tête aux dires d'Herendil. Peut-être était-il l'un des espions de Zéphyr ?
Mais lorsque qu'il l’interrogea sur ses sentiments pour l’Empereur, elle se figea imperceptiblement. Pour la première fois, son assurance sembla vaciller, ses yeux se durcirent, et elle garda le silence. Une tension sourde s'installa. Ses doigts fins, presque translucides, se resserrèrent autour de la manche de sa cape, comme si un poids invisible venait de s’abattre sur ses épaules. Les mots d’Herendil résonnaient encore dans l’air : « Que ressentez-vous pour l'Empereur ? »
Il était rare qu’elle hésite ainsi, mais la simple évocation de cette question ouvrait une porte qu’elle n’était pas prête à franchir. Ses pensées se bousculaient, et un bref instant, elle redouta d’y trouver des vérités qu’elle n’osait affronter. Puis il poursuivit, émettant l’hypothèse que son attachement pouvait ressembler à une foi comparable à celle qu’il portait à la Lune.
Un soulagement imperceptible effaça la tension qui nouait son esprit. Elle reprit contenance, redressant la tête avec une grâce prédatrice. Sa voix, lorsqu’elle s’éleva à nouveau, portait un ton neutre, mais chaque mot semblait pesé avec soin.
- Ce que je ressens pour l’Empereur … Reprit-elle en marquant une pause, choisissant ses mots avec précaution. … N’a rien de comparable à une dévotion religieuse. Il n’est pas un astre à mes yeux, ni une divinité à adorer. Il est une force brute, implacable et inaltérable. Peut-être même un écho de ce que nous portons tous en nous, à savoir l’ambition dévorante et la volonté de se hisser au sommet. Elle esquissa un sourire froid, glissant son regard sur Herendil. Mais vous avez raison d’imaginer que cela pourrait ressembler à une forme de passion. Tel est, après tout, l'aspect le plus pure que doit prendre la dévotion.
Faisant un pas en avant, elle réduisant la distance entre eux. Le contraste entre sa silhouette élancée, enveloppée dans une cape sombre, et la posture humble de Herendil, rendait la scène presque irréelle. Elle s’arrêta à quelques pas de lui, ses yeux écarlates brillant d’une intensité inhabituelle.
- Vous parlez de divinité avec une ferveur qui, je dois l’avouer, force le respect. Vous en une lumière qui élève et éclaire et vous l'assimilez à de l'orgueil. Sa voix se fit plus basse, presque un souffle. Je ne le crois pas. Nous n'agissons tous que par instinct. Par ma nature même, je suis supérieure à beaucoup d’êtres dans ce monde. Un vampire ne se situe pas sur la même échelle que les simples mortels. Je suis une prédatrice. Mais ... »
Elle hésita, le regard se perdant dans l’obscurité environnante.
- Malgré cette supériorité, il existe une vérité implacable : même un prédateur peut rencontrer un chasseur plus grand, un fauve qui lui rappelle que nul n’est au sommet absolu. Tensaï est cet être pour moi. Sa force dépasse tout ce que j’ai pu rencontrer. Et c’est peut-être cela qui me pousse à le suivre.
Elle leva légèrement la main, comme pour souligner son point, puis laissa retomber son bras avec une lassitude feinte.
- Est-ce par admiration ? Par loyauté ? Par nécessité ? Peut-être … Mais, pour être honnête, je crois que c’est avant tout un instinct de survie. Face à une force aussi écrasante que la sienne, il ne reste que deux options : s’effacer ou s’incliner. Et je suis une survivante, Herendil. Je ne m’efface jamais. Et je pense que vous agissez de la même façon, à votre manière bien poétique.
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