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feat Rowena
Beep beep i'm a sheep
- J'ai une vraie musique pour ce rp mais c'était trop tentant :
Septembre de l'An 3
Il fait beau, il fait chaud, les oiseaux chantent et le vent souffle dans les feuilles de la vallée. C’est ainsi dans un petit vallons fleuri, perdu dans les montagnes de la République que l’on retrouve Dactyle. En train d’expliquer pour la quatorzième fois ce mois-ci à l’ancêtre du village que “ Noooon Jean-René, ce ne sont pas vos moutons, votre troupeau se trouve au fond à droite derrière la rivière après le petit lavoir, maintenant fichez moi la paix, merci. “
Explications qu’elle ponctue d’un geste sec de sa main valide dans la direction opposée. Après s’être assurée du chemin emprunté par le doyen sénile, elle laisse échapper un soupir exaspéré avant de se laisser glisser lourdement le long d’un arbre.
Ainsi adossée à l’ombre vêtue d’une simple tunique de lin beige, aux manches retroussées jusqu’aux coudes, ainsi que d’un simple pantalon marron vraisemblablement un peu court si on considère que les jambes de ce dernier lui arrivaient aux mollets. Le tout surmonté d’une vieille cape sombre attachée aux épaules et qui retombe en cascade sur son côté gauche. Elle a tout d’une paysanne, et nul ne pourrait se douter, au premier regard, de tout ce qu’elle a déjà traversé. Même sa carrure de soldat ne saurait la trahir aux yeux de gens habitués aux travaux manuels et à la rudesse d’une vie à la montagne.
Ses services étaient appréciés, presque autant que son silence. Faut-dire que les paysans du coin n’étaient pas très bavards. Payés pour garder les bêtes, les mener vers d’autres pâturages et les protéger d'éventuels dangers. Son expérience en tant que limiers la rendait plus que qualifiée pour le poste, après tout qu’est ce que garder quelques moutons quand on a passé des années à surveiller et emprisonner les pires criminels de la République. C’était globalement la même chose, en moins sombre, moins dangereux, plus tranquille en somme. Enfin, la plupart du temps sa simple présence suffisait à dissuader les éventuels prédateurs de s’approcher aussi, le troupeau était en parfaite sécurité, à moins.. qu’elle ne le décime elle-même. Ce qui était d'ailleurs arrivé le mois dernier avec le troupeau du vieux MacDougal de l’un des villages voisins. Si la Bête n’en gardait pas vraiment de souvenirs, certaines.. évidences empêchait le déni d’opérer. Heureusement les paysans du coin ne semblaient pas avoir fait le lien. Faut dire qu’elle était un peu venue s'enterrer au fin fond de la montagne pour ça. Pour éviter de croquer un bout de Républicain au cours d’une nuit un peu trop agitée. Et éventuellement trouver une solution au problème.
Le travail manuel lui permettait de s’occuper l’esprit tout en se rendant utile. Et s' il n' y avait pas assez à faire avec les paysans, le tavernier du coin lui avait également proposé un petit job, après l’avoir vu coller une raclée magistrale à un ivrogne un peu trop hargneux. Le dernier poivrot que l’ex limier avait envoyé voler lui avait d’ailleurs laissé un petit souvenir, dont seul persistait une légère ecchymose à la mâchoire. Lui, en revanche, pouvait s’estimer heureux de s’en être tiré en presque un seul morceau…
Enfin, elle était surtout venue ici chercher de la tranquillité. Tranquillité que les trois individus louches qui s'approchaient du troupeau de moutons, munies de cordes semblaient bien décidé à briser. La louve bergère ( oui l'ironie de la vie est parfois à peine dissimulée ) se releva en grimaçant alors qu’elle s’appuyait sur son bras gauche, toujours dissimulé par sa cape. Elle s’approcha néanmoins rapidement d’un pas décidé en direction des gêneurs en tâchant de rester polie, a non pardon, elle ne s'embarrassait plus de ce genre de chose. Le paradoxe ici c’est que malgré le fait de plus voir grand monde, elle avait encore moins envie de côtoyer qui que ce soit.
- Vous êtes qui et qu’est ce que vous foutez là ?
Les bras croisés sur la poitrine dans un agacement à peine dissimulé, elle les détaille brièvement comme avait l’habitude de le faire fût un temps, elle reconnut le fils d’un des éleveurs du village voisin. Un type tout trapu, rougeaud au faciès plutôt disgracieux. Ses deux acolytes, ne évoquent pas grand-chose; Si ce n’est qu’il lui tardait déjà de les avoir hors de sa vue.
Loin de se démonter, l’intrus réplique avec un fort accent de patois local :
- J’suis l’fils du vieux MacDougal. Et j’viens récupérer ce qu’on nous doit. L’mois dernier la moitié des bestiaux ont été décimés par on sait pas trop quelle saleté de monstre. Et ce vieux Rupert nous doit une dizaine de bêtes depuis février de l’An -14. Ses deux acolytes se mettent à l'œuvre en attrapant deux brebis qui passaient innocemment par là et qui ne bougent pas le moins du monde, se contentant d’émettre des bêlement sonores particulièrement agaçants. j’récupère ce qui m'est dû ma bonne dame - achève t il , décisif et un poil trop condescendant pour un paysan.
AH. OUPS. Humm peut importe les raisons. En bon chien de garde, il est de son devoir de veiller à la sécurité de l'entièreté du troupeau et il n’est pas question que ces trois tocards repartent avec ce serait ce qu’une touffe de laine. Sans sommation, elle saisit le tocard le plus proche, qui trop occupé à attacher un énième mouton pour s'apercevoir de la menace, se retrouvait déjà attrapé par le col et projeté dans l’herbe un peu plus loin.
- Si vous avez quelque réclamation que ce soit, voyez ça avec mon employeur. En attendant, aucun mouton ne quittera ce champs aujourd'hui.
Acheva, la bergère improvisée, d’un ton décisif dont les poings serrés laissaient plus que présager un agacement manifeste, et des conséquences plus que prévisibles.
CENDRES
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Saute, mouton ! Saute !
Retrouver la trace de Dactyle avait été bien plus dur que de retrouver celle de certains des fugitifs qu'ils avaient rendus à la justice. Une quête en soi... Et en arrivant à ce village à flanc de montagne, Rowena était certaine de s'être gourée quelque part.
Elle était à Courage lorsqu'un collègue lui avait envoyé un message de la part d'un membre du SCAR qui avait parlé à un garde forestier d'une vallée de leur chaine de montagne nationale et qui avait entendu parlé d'une femme avec un bras étrange. Lorsque le message avait ajouté que la femme en question avait de grosses cernes et un air pas tibulaire mais presque, la vétérane s'était permis d'espérer revoir son amie... Probablement sa meilleur amie même étant donner le carnage qui avait emporté ses proches.
Cela faisait plusieurs mois qu'elle avait tiré toutes les ficelles de sa connaissance, sonné toutes les cloches, envoyé des lettres à tous les pigeonniers et façonner tous les signaux de fumée possibles. Elle y tenait à cette Dame Louve, et quand on lui avait apprit à sa sortie de
Toute affaire cessante, elle était donc parti à cheval, droit sur la bourgade qu'on lui avait indiquée, laissant Azulon aux amis de la famille chez lesquels elle logeait. La solitude... Était étrange après tant de temps. N'étant pas en service, elle a délaissé son uniforme pour du cuir et du lin blanc et brun. Son éternelle cape de voyage noir fourrée de loup avait survécu aux titans, à la boue, au sang, et était toujours là, à lui servir de sac de couchage. Les nuits à la belle étoile et les chansons discrètes la détendirent rapidement. L'été étendait ses journées chaudes et ses nuits fraiches pour son plus grand plaisir. Parfois, elle se prenaient à fredonner loin de tout... Et à pouvoir le faire plus franchement sans risquer la vie des citoyens, quelques animaux s'approchant souvent d'elle pour l'entendre, subjugués. Parfois, elle se prenait à discuter avec Garios, le magnifique étalon qu'elle avait emprunté à ses hôtes courgeois, mais c'était une autre histoire.
Il lui avait fallu bien des jours pour monter jusqu'aux alpages et un vieux bonhomme portant le doux nom de Jean-René lui avait indiqué un village... Et arrivé au village on lui avait appris qu'elle se trompait et que celui qu'elle visait était dans la direction de laquelle elle venait, puis un peu plus loin vers l'endroit le plus perdu qu'elle pourrait trouver.
Ce n'était même plus un village, mais un hameau.
Les seuls moments où elle avait traversé ce genre d'endroit remplit de gens étranges aux mines austères, c'était avec un masque, des chaines et un ordre de mission clair qui simplifiaient énormément son rapport avec les locaux. Fille du désert, mais citadine depuis des années, elle se retrouvait face à une espèce étrange qui s'en foutait d'avoir de la terre sous les ongles, trouvait que la sculpture c'était un truc de snob et étaient capable de prédire le temps rien qu'en reniflant l'air. Une espèce dont elle connaissait la saveur Reikoise pour en avoir été, mais dont le parfum républicain changeait bien des données. ... Et puis ce patois. Bon sang !!!
Vous me direz... Arriver dans le bled avec un étalon qui - en comptant son équipement de première main - devait valoir plus que la maison moyenne et une tenue d'aventurier usée mais également d'excellente facture dont les canons étaient discrètement marqués de l'emblème des Ironsouls n'était pas le meilleur moyen de se fondre dans la masse... Surtout avec la gueule qu'elle se trainait.
Pour éviter d'inquiéter ou de dégouter les gens du coin, la jeune femme gardait sa capuche lorsqu'elle croisait âme qui vive... Sauf qu'une cavalière sur un étalon noire, encapuchonnée de noir, en plein été... C'est pas ce qu'il y a de plus rassurant. Elle avait donc tenté sans... et c'était pire.
En arrivant au village cible, elle avait donc trouvé la parade : elle avait refait le bandage qu'elle avait porté pendant des mois. Les bandelettes de tissu lui couvraient la moitié de la face. Son statu de blessée était ainsi évident sans pour autant choquer les âmes sensibles et elle pouvait retirer sa cape fourrée sous laquelle elle crevait de chaud malgré l'altitude.
Elle s'était arrêté à l'unique taverne des environs, qui rassemblaient les productions de plusieurs villages alentours, pour demander son chemin. Il avait fallu qu'elle s'accroche avec l'accent du gars, mais elle touchait finalement au but. Une femme avec de grosses cernes, qui avait tabasser les ivrognes les plus abjectes comme si de rien était et qui replaçait chaises et tables comme personne après une bagarre.
Le cœur gonflé d'espoir, Rowena avait suivi les indication et Garios s'approchait au pas d'un grand champ plantés de bocages, à flanc de montagne.
Elle s'engageait dans l'endroit ouvert en se demandant comment on faisait pour trouver un berger qui laissait librement paître ses brebis... Lorsque des bêlements sonores se firent entendre un peu plus loin, derrière un autre petit bouquet d'arbres. Quelques bêtes apparurent bientôt... Puis un homme à plat dos qui venait juste de tomber en arrière sous ses yeux.
Elle posa pied à terre et laissa son destrier mâchonner entre deux boules de laine pour s'approcher discrètement, défaisant l'écheveau de soie qui pendait à sa lourde ceinture par pur réflexe de défense tout en sondant les alentours d'un point de vue magique. ( les traumatismes de guerre avaient la peau dure )
- ... Aucun mouton ne quittera ce champs aujourd'hui.
Cette voix !!! Dactyle !!! Un grand sourire lui fendit le visage... Mais elle semblait avoir des ennuis et les Spectres avaient garder le même dicton que les limiers là dessus : les ennuis c'est comme la chtouille. Quand tu en as, autant en faire profiter les amis.
Un type trapu à l'air hargneux fit un geste pour s'approcher de la bergère.
Un seul.
Une corde de soie bleue roi surgit de derrière l'arbre comme un serpent et s'enroula autour de lui, nouant ses bras sur ses reins en une camisole improvisée. Ses sbires se tournèrent vers la haute silhouette aux courts cheveux blancs qui venait d'apparaitre entre les arbres du petit bosquet qui ombrageait l'endroit.
- Salut ! " lança Rowena avec un geste de la main, sans trop savoir quoi dire ou comment.
CENDRES
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feat Rowena
revenons en à nos moutons
Non mais c’est un monde ça ! même paumé au fin fond du village le plus perdu de la montagne la plus paumée de la République, les ennuis venaient toujours la trouver ! Même s’il se trouve dans le cas présent, qu’elle en était en partie la cause. Mais soit, ce n’est pas le sujet. Et si Dactyle dû fournir de nombreux efforts pour se retenir de dévisser la tête à ce gueux un peu trop téméraire, ce n’est pourtant pas l’envie qui lui manquait. Les capacités non plus. Avant qu’elle puisse faire quoique ce soit, une corde de soie bleue sortit tout droit derrière les arbres. Quoi encore !? Si le coup de main était appréciable, il est avant tout parfaitement improbable. Qui par ici se balade avec un lasso de soie bleu ? Là où pour certain déjà un bout de corde c’est trop demandé. Le bonhomme moribond et surpris se retrouva ainsi ligoté en un instant. Et tous, Dactyle y compris tournèrent la tête en direction de la corde. Les yeux plissés, sourcils froncés dans une expression de pure “mais qu’est ce que c’est que ce bordel” .
Encore une touriste égarée… avec un lasso ? Et qui fait coucou depuis l’orée du bois ? le soleil lui aurait t’il déjà trop tapé sur la tête ? L’apparition se tenait à l’orée du bois, à l'ombre bordant le champ doré baigné de soleil. Une silhouette pâle, aux cheveux opalins, le visage pour moitié recouvert de bandelettes. Une apparition surréaliste, irréelle. Elle ressemblait à … Une Banshee. Et si elle mit longtemps à réaliser, son visage s’illumina un bref instant, les mots lui échappèrent à demi voix
- .. Rowena ?
Elle resta là, en tenue de paysanne, plantée au milieu de son champ, entourée de moutons parfaitement inconscients de ce qui se jouait.
Dernière fois qu’elle avait vu sa chère amie, elles étaient entourées de morts, de l’odeur du sang, les charniers, la panique. Les souvenirs lui reviennent par vague, la bataille de Sancta, mais aussi le rapatriement des survivants. Le corps d’Elzéar, celui de Rowena, dans un état plus que critique.
Oubliant totalement les gêneurs qui constituaient sa préoccupation majeur quelques minutes plus tôt, Dactyle fait un pas, Après plusieurs mois d’une apathie la plus totale, saupoudrée d’une colère quasi permanente, elle reste interdite.
Ce qui n’était en revanche pas le cas de notre troisième larron ! Qui se sentait un peu en reste à côté de son acolyte ligoté en rôti , et de celui qui gisait toujours au sol. Qui profita de l'inattention de la bergère pour dégainer la faucille à sa ceinture, et l’atteindre à l’épaule. Dactyle qui réagit avec un temps de retard, se retourne immédiatement lorsque la lame entaille sa chaire, de peu, l'outil usé n’étant pas des plus aiguisé. Suffisamment cependant pour lui soutirer un glapissement de surprise. Rien de tel qu’un coup de faucille pour retrouver ses esprits, ni une ni deux, elle pivote vers son assaillant avant de lui coller une patate de forain dont il se souviendra longtemps.. Si son nez est probablement cassé, il pouvait s’estimer heureux de toujours posséder une tête. Gisant à présent au sol, hébété une main tenant son nez en sang, aux côtés du saucisson sur pattes et du type toujours allongé par terre. Lâchant bon nombre de jurons dans un patois local, que même après plusieurs mois Dactyle ne saisissait pas toujours. Le souffle court , une main sur l’épaule siffla entre ses crocs aux trois ploucs qui ne tarderaient sans doutes pas à repartir :
- J'espère que le message est passé. Et que je vous r’voit pas !
Elle marqua une pause un instant, reprenant son souffle. Le regard brièvement dans le vague. La gorge nouée, n’osant se retourner vers l’apparition. De peur de l’avoir rêvé. Elle se retourne pourtant, lentement lâchant finalement en direction de son interlocutrice :
- Ahah c’est qu’ils sont plus hargneux qu’ils en ont l’air dans l’coin. ponctué d’un haussement d’épaule plus qu’aléatoire.
Avant d’enfin, oser poser son regard orangée sur la Banshee. C’était bien elle !!
CENDRES
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Une brebis égarée
- Attention !!
Mais trop tard, la faucille s'était abattue sur l'épaule de Dactyle et, trop loin pour l'avoir entendu prononcer son nom, elle ne savait toujours pas si son amie se souvenait pleinement d'elle ou si elle était choqué de voir une tarée avec une corde attaquer des bergers locaux. Pendant un instant, Rowena retint son souffle. Une pierre glacée était tombée dans sa poitrine. Si elle venait de voir Dactyle abattue sous ses yeux, elle ne s'en remettrait pas... Mais non.
Vue la patate de daron que la louve vient d'administrée à son assaillant, elle allait plutôt bien... Rowena passa une main dans ses cheveux, incrédule, avant d'avancer à petits pas dans ces gosses touffes d'herbes folles sûrement pleines de tiques et autres insectes un peu nuls et particulièrement désagréables à côtoyer.
Derrière la Bête, le type au nez pété tirait comme un con sur la corde qui restait résolument nouée autour de son camarade, si bien que Rowena eu pitié de lui. D'un mouvement de la main, elle défit la corde, permettant au pèquenaud de retrouver une posture nettement moins suggestive. La corde bleue s'enroula en revenant vers sa propriétaire qui l'attrapa d'une main pour la pendre à nouveau au crochet sur son ceinturon étrange ceinture d'arme qui comptait corde, chaine et fouet, mais pas une seule lame. Une sorte de machette était bien accroché sur sa cuisse gauche, mais bon, c'était une autre histoire. S'appliquant à faire le moins de bruit possible, les trois larrons tentèrent de partir en sens inverse, lorgnant bien sur une brebis innocente qui les regardait de ses grands yeux noirs.
En croisant à nouveau le regard doré de son amie et sœur d'arme, Rowena rit de bon coeur.
- Ils ont trouvé leur maître. C'est pas quelques paysans qui peuvent te faire peur de toute façon ! " Comblant l'espace entre elles de quelques pas rapides, Rowena serra son amie dans ses bras sans lui demander la permission ni s'annoncer. " Bordel Dactyl, si tu savais comme ça me fait plaisir ! J'ai cru que t'étais morte. Tu sais depuis combien de temps j'essaie de retrouver ta trace ? J'ai même mi nos copains du SCAR sur le coup. "
Quelques tapes dans le dos en bonne accolade et la guerrière recula un peu, l'émotion largement visible sur la moitié non bandée de son visage.
- Je crois qu'on a beaucoup de choses à se raconter, mais si tu devrais peut-être retirer ta cape, que je soigne ton épaule en même temps. Son arme avait l'air aussi rouillé que les clous du quai du Razkaal. Mieux vaut éviter que ça s'infecte.
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feat Rowena
le mouton noir
Si La Bête tenta un nouveau trait d’humour pour dissimuler son émotion, son amie ne lui en laisse pas le temps. Et lui coupe l’herbe sous le pied en réduisant en un instant la distance qui les séparait. Une accolade qui la surprend.
- Oorf tu sais j’-Si Dactyle marque une hésitation, et se crispe sous le coup de sa douleur à l’épaule, elle lui rend bientôt son étreinte. La gorge d’abord nouée, puis dont s'échappe un débit de paroles qui ne ressemble guère à la guerrière taciturne Je suis désolée, j’ai appris que et je voulais, je devais, c’était pas .. prévu…et je suis contente de te revoir, Rowena.
En dépit d’un soulagement et d’une émotion évidente, Dactyle était bouffée par la culpabilité. Rowena l’avait… cherché ? Evidemment. La Bête aurait été prête à faire de même à sa place. Sa poitrine se serra douloureusement à cette pensée. Elle était partie du jour au lendemain, sans donner la moindre nouvelle ou explication. Si elle avait appris que la Bhanshee avait survécu à ses blessures, toute visite était interdite. Alors, elle avait prévu de laisser une lettre, qu’elle n’eut jamais le courage d’écrire, mais également dont l’idée même s’était vu être mystérieusement oubliée peu à peu.. Elle s’en voulut immédiatement d’avoir infligé ça à son amie, ne connaissant que trop bien la douleur que représente la perte d’être chers. Mais la vérité était que Dactyle redoutait ces retrouvailles, énormément. Si bien qu’elle lutta pour ne pas craquer, et rester aussi.. constante qu’elle l’avait été depuis son retour de Sancta. En quittant le Razkaal, et la civilisation, elle avait fui, lâchement. Fuit son passé, ses responsabilités et n’importe quoi qui puisse y être rattaché. Soit dit en passant, un exil à la montagne, et voilà qu’elle se retrouvait recherché par le SCAR ! Rowena n’avait pas lésiné sur les moyens.
Et lorsque la sirène recule, Dactyle ne peut que constater qu’elle n’a pas l’air de lui en vouloir, et pourtant elle devrait. En témoignent les bandages qui recouvrent la moitié de son visage. Après tout ce temps.. ? La blessure devait être sacrément sérieuse… et pourtant elle avait quand même fait le voyage à travers la plus paumée des plus perdues des routes de montagne pour la retrouver. Si c'est peut être égoïste de sa part, Dactyle est réellement soulagée. Ses retrouvailles lui offrent une bouffée d’air plus vivifiante que l’air de la montagne dans lequel elle patauge pourtant depuis des mois. Ahh des émotions c’est bien on avance enfin ! Quoique. Lorsque Rowena mentionne sa blessure à l’épaule, elle esquive bien vite le sujet. Et puis, le voyage a dû être éprouvant, même pour un limier entraîné. C’est pas comme si elles allaient jouer les épouvantails, entourées de moutons, au milieu de champs toute la journée. Dactyle se reprends bien vite, comme elle l’a toujours fait
- Ouais, ça peut attendre t’en fais pas. Et si on allait plutôt discuter et manger un bout à l'ombre ? Propose-t-elle en désignant l’arbre contre lequel elle se tenait quelques instants plus tôt. Au pied duquel se trouve un panier, remplis de tout un tas de provisions en tous genres que le vieux berger qui lui sert d'employeur insiste toujours pour lui refiler lorsqu’elle part dans les alpages. C'est pas l’grand luxe, mais on a été habitué à moins. Et le voyage jusqu’ici n’a pas dû être une partie de plaisir… termine t'elle invitant Rowena à la suivre. Elle porte douloureusement une main à son épaule en grimaçant. Un peu de sang. Rien d'affolant, assez pour que ce soit gênant. Et malgré son évidente réticence , elle a bien conscience que mourir du tétanos est loin d'être une fin envisageable.
Si une centaine de question lui brûlent les lèvres, Dactyle ne parvient à en poser aucune. Si la sirène à bel et bien l'air d'avoir changé, au même titre que chaque membre des Spectres revenus du Front. Dactyle est heureuse de retrouver dans ses traits et attitudes, quelque chose de familier. L'effet est un peu semblable au fait de rentrer à la maison après un très long voyage, tout à changé et pourtant au fond, certaines chose sont agréablement restées les mêmes.
CENDRES- Oorf tu sais j’-Si Dactyle marque une hésitation, et se crispe sous le coup de sa douleur à l’épaule, elle lui rend bientôt son étreinte. La gorge d’abord nouée, puis dont s'échappe un débit de paroles qui ne ressemble guère à la guerrière taciturne Je suis désolée, j’ai appris que et je voulais, je devais, c’était pas .. prévu…et je suis contente de te revoir, Rowena.
En dépit d’un soulagement et d’une émotion évidente, Dactyle était bouffée par la culpabilité. Rowena l’avait… cherché ? Evidemment. La Bête aurait été prête à faire de même à sa place. Sa poitrine se serra douloureusement à cette pensée. Elle était partie du jour au lendemain, sans donner la moindre nouvelle ou explication. Si elle avait appris que la Bhanshee avait survécu à ses blessures, toute visite était interdite. Alors, elle avait prévu de laisser une lettre, qu’elle n’eut jamais le courage d’écrire, mais également dont l’idée même s’était vu être mystérieusement oubliée peu à peu.. Elle s’en voulut immédiatement d’avoir infligé ça à son amie, ne connaissant que trop bien la douleur que représente la perte d’être chers. Mais la vérité était que Dactyle redoutait ces retrouvailles, énormément. Si bien qu’elle lutta pour ne pas craquer, et rester aussi.. constante qu’elle l’avait été depuis son retour de Sancta. En quittant le Razkaal, et la civilisation, elle avait fui, lâchement. Fuit son passé, ses responsabilités et n’importe quoi qui puisse y être rattaché. Soit dit en passant, un exil à la montagne, et voilà qu’elle se retrouvait recherché par le SCAR ! Rowena n’avait pas lésiné sur les moyens.
Et lorsque la sirène recule, Dactyle ne peut que constater qu’elle n’a pas l’air de lui en vouloir, et pourtant elle devrait. En témoignent les bandages qui recouvrent la moitié de son visage. Après tout ce temps.. ? La blessure devait être sacrément sérieuse… et pourtant elle avait quand même fait le voyage à travers la plus paumée des plus perdues des routes de montagne pour la retrouver. Si c'est peut être égoïste de sa part, Dactyle est réellement soulagée. Ses retrouvailles lui offrent une bouffée d’air plus vivifiante que l’air de la montagne dans lequel elle patauge pourtant depuis des mois. Ahh des émotions c’est bien on avance enfin ! Quoique. Lorsque Rowena mentionne sa blessure à l’épaule, elle esquive bien vite le sujet. Et puis, le voyage a dû être éprouvant, même pour un limier entraîné. C’est pas comme si elles allaient jouer les épouvantails, entourées de moutons, au milieu de champs toute la journée. Dactyle se reprends bien vite, comme elle l’a toujours fait
- Ouais, ça peut attendre t’en fais pas. Et si on allait plutôt discuter et manger un bout à l'ombre ? Propose-t-elle en désignant l’arbre contre lequel elle se tenait quelques instants plus tôt. Au pied duquel se trouve un panier, remplis de tout un tas de provisions en tous genres que le vieux berger qui lui sert d'employeur insiste toujours pour lui refiler lorsqu’elle part dans les alpages. C'est pas l’grand luxe, mais on a été habitué à moins. Et le voyage jusqu’ici n’a pas dû être une partie de plaisir… termine t'elle invitant Rowena à la suivre. Elle porte douloureusement une main à son épaule en grimaçant. Un peu de sang. Rien d'affolant, assez pour que ce soit gênant. Et malgré son évidente réticence , elle a bien conscience que mourir du tétanos est loin d'être une fin envisageable.
Si une centaine de question lui brûlent les lèvres, Dactyle ne parvient à en poser aucune. Si la sirène à bel et bien l'air d'avoir changé, au même titre que chaque membre des Spectres revenus du Front. Dactyle est heureuse de retrouver dans ses traits et attitudes, quelque chose de familier. L'effet est un peu semblable au fait de rentrer à la maison après un très long voyage, tout à changé et pourtant au fond, certaines chose sont agréablement restées les mêmes.
Invité
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Un bélier à la tête dure
Il n'y avait pas un seul patient qui soit plus buté et récalcitrant qu'un Limier du Razkaal... Mis à part peut-être un Limier du Razkaal qui avait été au front.
Rowena le savait d'expérience. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour accepter la mort de certains de ses proches et son propre état... Et bien elle ne l'avait visiblement pas encore accepter puisqu'elle était partie en quête pour trouver un remède et qu'elle était bien prête à aller le chercher aux confins du monde s'il le fallait. Alors quand Dactyle refusa qu'elle prenne soin de sa petite blessure de rien du tout, celle qui jouait les soutiens depuis bien des années ne s'en formalisa pas le moins du monde. Elle n'insista même pas... Non, elle était bien plus fourbe que ça. Comme lorsqu'elle avait appâté Blizzard avec un cours de danse de salon pour impressionner sa femme, dans le but honteux de discuter avec lui de la mort de son binôme de chasse préféré lors de leur dernière sortie pour qu'il se rende enfin compte de la colère qu'il emmagasinait depuis des semaines.
Mais elle n'en était pas encore là. En réalité, la grande éloquence de la louve la touche. Elle sais à quel point elle peut être taciturne ou réserver alors chaque émotion est une preuve incroyablement douce pour elle : la preuve que son amie ne l'a pas oubliée.
- Je ne dirais pas non à un pique-nique. " sourit la bonne vivante malgré son bandage et l'expression moins vivace que par le passé. Des produits du terroir... Quand on avait besoin de rire plutôt que de pleurer, on prenait ce qu'on pouvait hein. " Mais ne t'inquiète pas pour mes jambes. Je suis venu à cheval et... MERDE GARIOS !! Une seconde ! "
Comme un pet sur une toile cirée, Rowena partie droit devant à une vitesse considérable pour traverser le bosquet et revenir, la main tenant la bride d'un étalon noir à la prestance certaine. Elle avait eu peur ! Ce canasson était gentil mais elle le soupçonnait d'être bien trop gourmand et fin connaisseur. Il aurait suffit d'une plante un peu plus appétissante qu'une autre et il aurait traverser le pré, se perdant à jamais dans la montagne.
- Désolée ! C'est un prêt. Je suis sensé le ramener en un seul morceau... Et il s'est montré de plutôt bonne compagnie sur le chemin. " s'excusa-t-elle auprès de Dactyle en arrivant près de l'arbre. Elle passa le filet autour du cou de l'animal pour le laisser brouter à loisir et attacha lâchement les rênes longues à une branche basse avant de retrouver son amie de l'autre côté du tronc.
Rowena avait bien un millier de questions... Mais sans doute trop arides et frontales pour commencer par là. Alors pendant qu'elles s'installe, elle demande simplement.
- C'est souvent que des péquenots osent s'en prendre à ton troupeau comme ça ? Ils avaient l'air sacrément remonté pour des voleurs de moutons.
Dans ses fonds de selles, elle avait innocemment récupéré la trousse dans laquelle elle gardait ses cataplasmes, ses bandages, sa flasque et ses aiguilles : la base du "au cas où". Elle la posa près d'elle de la façon la plus ostensible qui soit.
Invité
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feat Rowena
La brebis galeuse et le mouton croque-sandwich
Ah et -
Rowena s’interrompt brutalement avant de littéralement détaler à travers le champ, dans la direction opposée. Et ben, elle n'aura pas mit longtemps à la faire fuir. Garios ? c’est quoi ça encore? Ainsi Dactyle se retrouva une fois de plus, plantée dans le près. Non vraiment la carrière d’épouvantail était peut être une réelle option finalement. Mais lorsqu’elle la voit revenir, l’air de rien, un noble étalon noir à la main, elle ne retient pas quelques soufflements amusés. Le premier semblant de rire depuis bien longtemps. Il est évident qu’une monture pareille attire l’attention dans le coin. L’étalon noir détonne même sacrément au milieu des vaches moutons et autres poneys de ce trou paumé.
Hum, il en a tout l’air laissant distraitement l’animal renifler sa main valide avant de lui flatter doucement l’encolure, à présent un peu plus détendue. Le fier destrier avait l’air bien plus doux que son apparente prestance ne laissait entendre. Les pâturages du coin sont plutôt sûrs, Faut s’méfier des loups et d’un ou deux griffons qui passent parfois, mais honnêtement, des bêtes ou des locaux, je sais pas ce qui est plus à craindre.. Et si elle en avait l’air, elle ne plaisantait qu'à moitié.
Bien sûr les pseudos, dangers locaux étaient bien dérisoires à côté de ce qu’elle avait déjà affronté. Mais enfin, on n'est jamais trop prudent. Preuve en était qu’elle avait faillit finir empalé par cul terreux de seconde zone et sa vieille faucille rouillée. Et pendant que Rowena s’occupe de sa monture, Dactyle s’en retourna vers le vieux panier en osier tressé, déposé au pied du grand arbre. A en juger par les trous et mailles manquantes, il en avait vécu des choses ce panier. Plusieurs mois déjà qu’il suivait la louve bergère dans tous ses déplacements. Et en dépit de ses nombreux refus, le vieux Rupert insistait toujours pour lui refiler le dit panier, toujours garnis de tout un tas de truc locaux “ pour remerciements de bons services” qu’il disait. Si le vieux berger était rustre et dur en affaires, il avait parfois un petit côté “papi gâteux" . Toujours est-il qu'il avait réussi à gagner le respect de la Bête, par sa franchise et sa vie de dur labeur. Mais trêve de digressions, place à l’unboxing.
Dactyle sort tout d’abord un vieux morceau de tissu épais qu’elle dépose sur l’herbe avant de commencer à farfouiller dans le panier, de sa main droite uniquement. Question d’habitude. Et son épaule n’arrangeait rien.
- Pain, Fromages , oeufs, euu un alcool local, je crois ? L’ouverture de ce panier c’était toujours une surprise, et pas toujours bonne ! Rien que la semaine dernière elle s’était retrouvée avec de la gnôle maison, un truc capable de réveiller les morts ! Sa gorge s’en souvenait encore. Quelques morceaux de viande séchée, des pommes et une espèce de confiture … ? interroge-t-elle alors qu’elle soulève d’un air perplexe le bocal non identifié devant Rowena qui l’avait rejoint. He ben .. le vieux n’y était pas allé de main morte !
Laissant la sirène s’installer, elle s’adosse au tronc, dans un soupire, son expression se crispe une seconde lorsqu’elle appuie négligemment son épaule endolorie. Dix minutes qu’elle a peine qu’elle l’a retrouvé et en dépit des émotions contraires qui l’agitent et lui noue l’estomac, la voilà déjà qui se délie un peu, l’air de rien. La Banshee est douée, très douée.
- Humm Nah , c’est plus tranquille d’habitude. Mais les gens d’ici, ils ont tout un tas de conflits, pour des bêtes, des terrains, un tas de trucs qui remontent à des générations et des générations. Et qui se perpétue à la suivante. quand je dis qu’ils sont un peu hargneux… Enfin , je m’en mêle pas - Plutôt gonflé de la part de quelqu’un qui vient de casser le nez à un type pour avoir franchi la mauvaise clôture. je fais qu- Hé ! Shhhhhhhh ! houste ! Dactyle se lève d’un bond, mobilisant tous ses réflexes guerriers pour chasser le mouton qui essaie de boulotter un bout de sandwich, à grand coup de .. mouvements de bras. Argh ses crocs se serre alors que sa main valide se porte une nouvelle fois à son épaule pour soulager la douleur lancinante. Foutu brebis ! “ un petit conseil, laisse rien traîner, ils te boufferaient un bras s’ils pouvaient “ désignant les moutons gloutons d’un mouvement de tête, une boutade finale, dans une tentative bancale de détendre l’atmosphère avant ce qui va suivre..
Un soupir, un sourire résigné alors qu’elle se tourna vers Rowena, et sa trousse de secoure. Si la louve à fait mine de ne rien remarquer quelques instant plus tôt, la forte odeur qui s’en dégage ne laisse aucun doute sur le contenue de ladite trousse. Son regard orangé va de la trousse, à Rowena, et inversement. C'est qu'il l'avait pas raté l'autre paysans “ Erf.. c’est bon t’as gagné. “
C’est que la Banshee est dure en affaires ! Mais Dactyle n'était guère surprise. Quoique toujours très réticente à l’idée. Elle défait finalement lentement sa cape, qui tombe sur son bras gauche toujours dissimulé. Un instant d’hésitation supplémentaire. Elle sait que Rowena en a vu d'autres. Mais quand même, elle peine à dissimuler son anxiété grandissante, inutile de retarder l’inévitable, elle n’y coupera pas et il est inutile de se frotter à la volonté de Fer de la Banshee. Et puis, elle avait fini par en arriver à la conclusion, qu’un bras maudit valait mieux que pas de bras du tout. La Bête finit par retirer sa chemise tachée d’écarlate en grommelant, alors qu’elle passa son épaule. Révélant son dos nerveux couturé de cicatrices plus ou moins anciennes, et la musculature développée d’un soldat sur laquelle passe une brassière sombre, des épaules solides , entre autres, rien de surprenant. A l’exception d’un bras anormalement plus costaud que le second, plus .. recouvert de fourrure brune, dont les zones dégarnies laissent entrevoir de larges cicatrices qui serpentent de l'épaule à la main, terminée d'épaisses griffes noires. Et bien sûr, une entaille fraiche un peu moche près de la clavicule gauche, mais qui était finalement le cadet de ses soucis. N’osant soutenir le regard de son amie, elle se détourne vers le champ doré, l’air de rien “ Comme quoi, mon surnom, je l’ai pas volé hein “
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Mouton blanc et blanc mouton
- Il a un gros trou ton panier. " remarqua placidement l'invité, comme si sa propriétaire avait pu passé à côté.
Assise près de l'arbre, sur la couverture épaisse, Rowena regardait de plus près les produits régionaux. Certains étaient évidents. D'autres beaucoup moins... Notamment cet étrange bocal en verre dans lequel une bouillie grumeleuse de couleur rouge avait été qualifiée de "confiture" par Dactyle. En ouvrant le couvercle, une odeur de vinaigre et de fruits rouges leur avait agressé les narines. Non décidément, ce n'était pas de la confiture... Même si la sirène était plutôt curieuse de voir ce que ça donnait sur du pain.
Elle ne prononce pas un mot quand son amie grimasse sous la douleur de son épaule, et pas un de plus en remarquant que le sang commençait tout de même à imbiber son vêtement. Bien sûr qu'elle était inquiète pour l'état de l'épaule de son amie, mais elle avait aussi suffisamment confiance en l'instinct de conservation de la Bête du Razkaal pour qu'elle finisse par se rendre à l'évidence sans avoir à entamer une dispute frontale à peine quelques minutes après leurs retrouvailles. A la place, elle dégaina son couteau à tout faire et commença à étaler l'étrange mixture au fruit rouge avant de tendre la tartine à la lycanthrope.
- A oui... Je vois pourquoi tu as eu envie d'affronter de nouveaux défis. Ils sont terribles... En vrai j'avais jamais vu de moutons d'aussi près. Ca a l'air aussi vorace que... laineux.
Et elle parlerait de mouton aussi longtemps que nécessaire !! Elle n'avait peur de rien ! ... Sauf peut-être de crever la dalle. Aussi se dépêcha-t-elle de se confectionner un sandwich pomme - viande - fromage malgré les regards gloutons qui s'approchaient mine de rien.
- Hmmmm... Ch'est de la viande de mouton ça. Ch'est vraiment bon... Il s'est pas fichu de toi. Ils sont peut-être hargneux mais ils savent manger. " apprécia la jeune femme... Et elle n'avait pas l'habitude de se contenter du tout venant en matière de nourriture. L'hédoniste qu'elle était avait milité pendant des mois auprès des prévôts pour débloquer un budget épices afin de rendre la nourriture des gardiens moins triste. Elle avait également surpris ses camarades avec un concours de pâtisserie un soir de déprime particulièrement forte à la forteresse noire... Ok, elle et le Limier qui avait accepté de se téléporté pour aller chercher des ingrédient à Liberty étaient les principaux participants, mais le résultat de tarte gourmande pomme-amande-miel avait été mangé par bien plus d'un Limier et les discussions étaient allées bon train ce soir là.
Lorsque Dactyle revint s'assoir, vaincue par l'évidence, Rowena n'insista pas plus que précédemment, l'accueillant seulement d'un sourire. Elle l'aida au besoin à retirer sa chemise sans se faire encore plus mal à l'épaule... et remarqua au passage que la carrure de la bergère n'avait absolument pas réduit par rapport à leur jours sur le front. A croire qu'elle faisait des développés-couché en soulevant des brebis à bout de bras quand personne ne la regardait. La montagne avait l'air de lui réussir pour ça... Même si elle était toujours aussi cernée.
Enfin réussir...
Rowena compris enfin pourquoi son amie était si réticente à montrer son épaule. Une musculature aberrante par rapport à l'autre côté de son corps, et une épaisse fourrure apparurent sous les rayons de soleil bucolique de cette magnifique journée d'été. Ah... C'était hmmm... surprenant. ça, la sirène ne pouvait le nier. Ce qui était impressionnant, surtout, c'étaient les grosses cicatrices qui parcouraient le membre de l'épaule à la main. Elle l'observait avec une attention minutieuse dépourvu du moindre dégoût, bien que particulièrement circonspecte. Une fois le premier " hein quoi ? mais il fait jour... Et c'est qu'un bout... " passé dans son esprit. Elle en était rapidement arrivé au " Hmmm... ça se soigne pareil ? Faut pas que je lui tire les poils... "
Mais lorsque, dans un troisième mouvement, elle remarqua que son amie fuyait son regard avant qu'elle ne laisse tomber cet phrase de soit-disant humour particulièrement autodénigrant, elle eu un sourire de travers. On aurait dit l'une des piques d'humour noir dont elle était capable à son propre égare et une bouffée de compassion et de connivence mêlée d'un peu de tristesse que Dactyle ait aussi eu à vivre ça lui gonfla la poitrine. Égoïstement, pourtant, ça lui faisait secrètement un peu de bien.
- Hé... " Elle tapota le bras sain de son amie pour attirer son attention et la pousser à se retourner. " Toi au moins ça repousse tout seul. Je n'avais plus un cheveux lors de mon rapatriement, alors pour coller au côté banshee...
En quelques mouvements de mains, elle relâcha la tension du bandage qui lui entourait le visage et le laissa tombée en anneau de bande blanche autour de son cou pour révéler ce qui se cachait dessous. Un œil noir de jais dans lequel on distinguait à peine l'iris en se concentrant. De l'oeil, répandu sur l'ensemble du côté gauche de son visage du font au menton en passant par ses joues, ses lèvres et les angles de sa mâchoire, des craquelures étaient visibles, noires sur sa peau livide. L'effet était terrible, des fissures sur une poupée de porcelaine qui en plus déformaient ses expressions faciales.
- J'ai du improvisé..." termina-t-elle avec toujours le même sourire de travers, incertaine de ce qu'elle était en train de faire.
Elle se passa une main sur la nuque, son regard dissymétrique cherchant celui de la louve avec une certaine appréhension. Oui... C'était vraiment très con comme façon de présenter les choses. Mais le principal était là : t'inquiète ma vieille... T'es pas la seule.
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Coup de bélier
Dactyle arrache un bout de viande séchée de ses crocs, qu’elle mâchonne nerveusement. Au moins, le repas était agréable… Elle appréhendait la réaction de Rowena, et même sa flegme naturelle peinait à masquer son trouble. Mais elle avait suffisamment esquivé le sujet, assez parlé moutons. Si elle devait encore parler moutons alors… Non pas moyen, ou elle finirait complètement chèvre.
Oui, c’était franchement pas beau à voir. Et bien qu’elle n’osa pas regarder dans sa direction, elle sentait le regard circonspect de Rowena, et ne pouvait qu’imaginer les questions qui lui traversaient l’esprit. Les apparences, la beauté, l’élégance, des concepts dont la lycanthrope ne s’était jamais embarrassé. Trop loin de son éducation, ou plutôt de sa non-éducation. Si on avait fini par apprendre à la sauvage des rues “ la bienséance Républicaine” , des normes basiques, auxquelles elle s’était strictement tenue dès lors. Un physique relativement banal, un style sobre, qui jusqu’à présent lui avait permis de passer inaperçu. De jour évidemment. Mais ces derniers mois elle avait pû observer toute une brochette de réactions passants par toutes les nuances du dégoût à la peur.
Son regard fatigué passe du champ à son bras maudit, alors qu’elle arrache machinalement une poignée d’herbe qu'elle fait rouler entre ses griffes. Un silence s’installa, uniquement rompu par le doux sifflement du vent dans les hautes herbes,et biensûr, du bêlement régulier de quelques brebis.
Malgré tout, elle n’avait jamais cherché à le cacher. Du moins, pas avec plus qu’une cape. C’était son châtiment, un moyen de faire pénitence pour avoir faillit. Le prix à payer, pour avoir trop longtemps renié l’existence de la Bête. ( et sans doute que se faire mâchouiller le bras par des goules n’avait pas aidé.) Elle déglutit avec difficulté lorsque cette pensée la traversa. Un tas d’angoisses, de sentiments, de pensées jamais formulés, reléguées dans les abysses de sa conscience si tôt qu’ils approchaient un peu trop la surface. Et elle finissait bloquée sous cette forme à jamais ? Et si ça gagnait du terrain ? Et si elle finissait par -
Le contacte de Rowena, le bruissement des bandages qui se relâchent et tombent autour de son cou, la ramenèrent à la réalité. Elle finit par se retourner, une lueur orange vacillante dans son regard incertain. Alors qu’elle observait en silence son amie retirer les bandages qui lui enserraient le visage quelques instants plus tôt. Révélant l'innommable. Son cœur manqua un battement. Elle demeure silencieuse, et pas une émotion ne déforme ses traits lorsque son regard doré serpente le long des fissures. Glisse le long des craquelures abyssales qui s'étendent, rampent sur les traits délicats de la Banshee, de son menton, à ses joues blafardes. Jusqu'à rencontrer, l’abîme de son œil de jais, et s’accrocher à l’unique lueur bleuté dans cet océan de ténèbres. Une impression fugace la traversa, une pensée perdue au milieu des autres “L’ai je déjà rencontré …? “ Aussitôt éclipsée, par un frisson glacial qui s’insinue le long de son échine avant de trouver refuge au creux de sa poitrine. Du dégoût ? Non. De la pitié ? non plus. Voila qui expliquaient les bandages, l’isolement et la longue convalescence. Eh bien.. la Banshee n’avait jamais fait les choses à moitié, mais là elle s’était surpassée. Et si dactyle était désarçonnée par l’annonce pour le moins.. originale ? Compassion, peur, incompréhension se mêlaient alors que son instinct de limier reprit le dessus. La Bête s’était suffisamment frottée aux magies obscures pour savoir qu’il ne s’agissait en rien d’une blessure ordinaire. Mais quelque chose de bien pire encore, qui allait bien au-delà des cicatrices noires qui dévoraient la chair de la Banshee, quelque chose de bien plus vicieux. Sous les crevasses, Dactyle ne distinguait pas la moindre étincelle de vie. Des lézardes sur une statue de marbre.
Et maintenant quoi ? un espèce de “ on est cassées, mais on est cassées ensemble” un constat terrible, mais qui fait pourtant son effet. Dactyle est désarmée, ses réserves de sarcasme et d'anecdotes paysannes sont arrivées à épuisement. et à moins qu’un énième pouilleux local ne débarque l'improviste. Sa réaction fût spontanée, l’inquiétude sincère..
Ehh bien… La Banshee n’a rien perdu de sa légende…
Elle porta lentement, une main fébrile en direction du visage de Rowena, sans pourtant ne serait-ce que l’effleurer. “Est ce douloureux.. ? “ Si elle peut sans mal plaisanter amèrement de sa propre condition, celle de son amie l’inquiète réellement. Mais dis moi…comment, qu’est.. qu’est ce que c’est ?
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L'Agneau sacrificiel
Bon... Elle y avait peut-être été un peu fort ?
Dactyle avait l'air particulièrement sous le choc face au visage de Rowena qui du se retenir à deux mains de ne pas détourner les yeux. Elle déglutit et tenta de sourire. Le résultat était plutôt mitigé. Oui... C'était moche... Elle pouvait bien lui laisser un peu de temps pour s'y faire non ? Allez courage...
- Ouais... " sourit-elle de façon désabusée quand Dactyle lui répondit après ce qui lui semblait être une éternité mais qui n'avait été en réalité qu'un simple battement de cil. Une légende tu parle... Mais c'était un peu ça l'idée. Dactyle n'avait aucune honte à avoir, surtout pas face à elle.
Le seul truc que Rowena n'avait pas prévu, c'était l'inquiétude rare qu'elle lisait dans les yeux lupins de son amie. Il en fallait beaucoup pour inquiéter un Limier et il en fallait beaucoup pour inquiéter tout particulièrement la stoïque et sarcastique Dactyle. Et maintenant qu'elle était face à ça, que pouvait-elle bien dire ? La façon dont elle s'était dévoilée était vraiment inconsidéré et ramenait la couverture à elle bien plus qu'elle ne l'aurait voulu. C'est pas aussi moche que ça en à l'air ? Gros mensonge. T'inquiète pas, je gère ? Encore plus gros mensonge.
Le geste que la louve esquissa surpris la sirène. De loin, leur tête à tête de fracassée devait avoir des airs de rendez-vous romantique particulièrement étrange, mais de toute façon, il n'y avait que les moutons pour aller le rapporter aux gens du coin. Elle ne fuit pourtant pas sa main et la regarde s'arrêter avant d'effleurer sa joue.
- Ne t'en fait pas, c'est pas douloureux. " lui sourit-elle, interprétant comme elle pouvait cette hésitation. " et oui, c'est bien moi et non je ne suis pas morte.
Il valait mieux être clair dès le départ... Mais niveau humour elle avait pas trouvé mieux qu'un air bravache dont l'enthousiasme sonnait creux. Hmmm... Elle se passa une main dans les cheveux et se serait surement sur son sandwich si on ne lui avait pas posé une question qui méritait une réponse. Comment ? Quoi ? Ou ? Elle était bonne pour toute l'histoire et c'est ce qu'elle fit, ne sachant trop ce que Dactyle avait préféré occulter.
- Tu te rappelles de Sancta ? Les morts-vivants. Quand nous avons choisis de rester en arrière pour donner à tout le monde le temps de battre en retraite. " Elle chercha une nouvelle fois le regard de Dactyle mais ses doigts s'étaient posées à plats dans l'herbe, cherchant un conctact solide avec le moment présent. Raconté ne voulait pas dire se perdre dans cette époque révolue... Mais le souvenir de visage d'Elzéar venait de la prendre à la gorge et sa voix si mélodieuse s'était tendue. " Il y a eu cet... être titanesque qui s'est levé de la marrée des morts. C'était... " Elle tente de prononcer son nom mais secoue la tête, un frisson lui remontant dans le dos et ses yeux s'éclairant en sourdine d'une étincelle de peur avant qu'elle ne détourne le regard un instant.
Ses mains s'appuyèrent plus fort sur le sol pour cacher le léger tremblement de ses doigts. Certaines choses sont indicible et ce qu'elle a vu ce jour là en fait parti. Cette forme d'une puissance écrasante. Une déchirure dans l'univers qui s'était ancré jusque dans la moelle de ses os.
- Il nous a balayer d'une simple pensée... " souffla-t-elle en revenant vers Dactyle. " Je ne voyais plus les autres, il n'y avait qu'Elzéar et moi. Lorsque la magie s'est précipité vers moi, il a tenté de me protéger. Spectrale, l'épée de phantacier enchanté par Athénaïs qu'on devait tester là-bas, il l'a déformée pour tenter d'en faire un bouclier, mais en déformant le métal, il a déstabiliser l'enchantement. Le phantacier a explosé en morceau et l'onde de choc à brouiller la magie du titan avec celle le l'arme. "
La douleur... Le cri qu'elle avait perçu la hantait encore parfois quand elle cessait de s'agiter. Ses doigts s'entortillèrent dans l'herbe haute.
- J'étais presque à l'épicentre et El'... " Elle inspira lentement, profondément, et haussa les épaules. Comme si ça pouvait camoufler le tremblement de sa voix. " Il est mort sur le coup. Ils m'ont retrouvé quelques jours plus tard, inconsciente. J'étais brûlée sur une grande partie du corps. J'avais tout un côté grêlé des fragments de phantacier et la magie sauvage avait envahit mon corps. Les spécialistes de Magic ont passé un an à s'assurer que je n'étais pas contagieuse, ni un danger pour moi ou les autres. Ils ont faits tous les tests possibles et ils ont réussit à guérir mon corps. Côté magie par contre, ils n'ont pu que scellé la destruction par ici.
Elle désigna le côté gauche de son visage craquelé. Le plus dur était passé et elle reprenait peu à peu du poil de la bête, sa voix s'éclaircissant d'un petit raclement discret.
- Mon œil était déjà trop endommagé pour réussir à faire disparaitre les stigmates. Ils s'en sont servi comme sceau, ça déborde juste un peu. Et le reste... Je... " Elle eut un rire gêné. " C'est pas vraiment facile à dire et il n'y a pas de bonne manière... Les pléiades m'ont certifié que mon âme... était en train de se briser et que d'ici quelques mois, peut-être quelques années, si je ne trouve pas un remède, je cesserai d'exister... En attendant, les gens... Et bien ils m'oublient petit à petit. ça peut arriver à n'importe qui, n'importe quand et ça ira en s’accélérant. ... Voilà.
Voilà voilà...
- Alors j'ai pris une permission. J'explore un peu toutes les pistes que je peux. J'étais à Courage récemment, j'y ai retrouvé une connaissance qui m'a présenté aux mages les plus anciens de République. Des Ombra, des Vampire, des Anges... Et je vais bien finir par trouver un remède... Alors tu vois... A moins que tu me dises que ton bras essaie de t'assassiner dans ton sommeil...
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Mouton en perdition
La question était certes concise, mais la louve prenait conscience du nombre d’interrogations sous-jacentes qu’elle venait de soulever sur son passage. Et elle les redoutait. Depuis trop longtemps déjà. Elle les avait même fuit, littéralement tant métaphoriquement que physiquement d’ailleurs. Personne ne pouvait avoir l’idée de venir s'enterrer ici de son plein gré , si ? Bref, elle avait réussi avec brio à mettre autant de distance que possible entre elle et ce sujet au combien épineux qu’était leur séjour à Shoumei. Enfin, jusqu’à ce que les mots lui échappent de manière un peu trop directe..prenant au dépourvue aussi bien elle-même que Rowena.. Les deux Spectres, ou ce qu’il en restaient,devaient offrir un bien piètre spectacle, chacune essayant de garder la face malgré tout. Avec plus ou moins de succès. Dont l'enthousiasme semblait s’être bien terni, comme échappé des failles qui lui criblaient la moitié du visage.
Pas douloureux ? elle avait du mal à le croire, quoique, cette partie ne semblait même plus réellement organique, alors.. sa poitrine se serra encore davantage, il lui semblait presque percevoir une magie… malsaine un peu comme cette magie là, qu’elles avaient affronté la bas. Réalisant soudainement qu’elle dévisageait toujours Rowena, depuis, un moment. Un trop long moment. Elle ramena assez brusquement sa main sur ses jambes qu’elle replia contre sa poitrine, avant de brièvement détourner le regard vers le champ, et de revenir à Rowena, attentive aux moindre de ses mouvements. La position naturelle d’une personne parfaitement à l’aise finalement, et ne toucha plus à son repas, lui évitant d’avoir l’air d’une touriste malapprise qui mangerait du pop corn devant un bien triste spectacle.
Elle se contenta d'acquiescer en silence, mensonge numéro un, ou plutôt, semi vérité. Si elle se souvenait de Sancta ? Euuuh.. Question rhétorique assurément et pourtant, la réponse n'était pas si évidente. Dans les faits..ces souvenirs étaient flous, des zones d'ombre persistaient, mais son corps était là pour lui rappeler certains événements, et les morts lui avaient laissé quelques souvenirs. Lorsque Dactyle perçut une dissonance dans la voix si fluide la sirène, elle s’en voulut de l’avoir mené sur cette pente là, imaginant sans mal à quoi , ou plutôt à qui Rowena venait de penser. Face à la détresse évidente de son amie, et déjà en proie à la sienne, elle n’ose esquisser le moindre mouvement, et se contente de resserrer l’étreinte sur ses propres jambes, à présent quasiment encastrées dans ses côtes. Alors qu’elle pouvait sentir la peur et la douleur de Rowena au fur et à mesure de son récit qui semblait tant lui coûter.
- L’arme à donc en partie fonctionné… souffla-t-elle , alors ils avaient vraiment réussi, au moins un peu, à contrer la magie d’un titan, pour un instant seulement… et peut être la vie de Rowena n'aurait-elle pas été épargnée sans cet objet. Si la bête s'était longtemps demandé quel genre de blessure avait pu engendrer une convalescence si longue et l’interdiction de toute visite, jamais elle n’aurait pû imagniner pareille lésions. Et encore moins de telles conséquences. . Elle suivit de son regard doré la main de la Banshee, qui se porta à son œil abyssal.
QUOI , elle se retint tant qu’elle peut, pour laisser Rowena finir, pour ne pas exploser, serrant les crocs à s’en briser les mâchoires. A ses mots, son cœur s’était serré si douloureusement qu’il semblait avoir complètement disparu, remplacé par un vide glacial qui s’étendait inexorablement à tous ses membres. Mais où était elle pendant que ses confrères affrontaient l'indicible ? Bonne question. Après tout ce temps, elle la retrouve pour l’entendre lui annoncer qu’elle va mourir, non c’était même pire que ça. Cesser d’exister, disparaître. S’effacer inexorablement de l’esprit de tous. Et ça, ça Dactyle ne peut le tolérer. D’autant plus qu’il lui manquait déjà suffisamment de souvenirs. Plus égoïstement, l’idée d’une magie obscure s’infiltrant dans son esprit pour annihiler certains de ses souvenirs était particulièrement dérangeante. Surtout qu’en l'occurrence les souvenirs dont il était question lui étaient d’autant plus précieux. Elle n’avait pas craqué jusque-là. pas une fois, pas un jour, en revanche ce qui se passait à l’abri du regard de l'astre du jour, était une toute autre histoire.. Alors elle luttait pour maîtriser la colère dans sa voix, alors que ses poings se serraient douloureusement, ses iris incandescents vissés sur le regard asymétrique de la Banshee.
- Non. La réponse était catégorique, puérile même. On trouvera. Il doit bien y avoir quelque chose à faire …. ça peut pas finir comme ça, pas après tout ce que tu as fais las bàs. Ce n'est pas juste ! y'a forcément un moyen de, j’sais pas faire quelque chose, n’importe quoi, quelqu’un doit bien savoir enfin c’est pas comme si ..comme si les blessures causées par la magie conjointe du titan de la mort et d’une arme unique en son genre couraient les rues, sa voix redescendit d’un ton à cette pensée, se rendant compte qu’elle s’était emportée. Bref ça ne t'arrivera pas. Sous entendu, elle ne pouvait pas l’oublier, ça n’arriverait pas.
Relâchant petit à petit la pression avec laquelle elle enserrait des jambes, elle détourna le regard vers le panier, duquel la brebis tenace s'était de nouveau approchée. peinant à reprendre le contrôle de sa respiration, la Bête se contenta de tendre son bras en avant. Grimaçant douloureusement alors que sa peu entaillée de sa clavicule s’étirait pour suivre le mouvement. Le mouton, visiblement dépourvu du moindre instinct de conservation, vint caler sa tête contre la main maudite, et aux griffes meurtrières de la lycanthrope, l’empêchant d’atteindre le contenu tant convoité du panier. Ce contact eut au moins pour effet de la calmer, au moins un peu, suffisamment pour reprendre plus posément.
- Non, il fait rien de spécial en fait. esquissant un maigre sourire. Il fait pas peur aux bêtes et il fait même pas l’café. esquissant un maigre sourire. Un peu décevant hein ?
Son visage s'assombrit, aurait-elle dû ajouter “ En revanche j’ai peut être zigouillé certaines de nos amis avec ! “ Non, ça ne lui parût clairement pas nécessaire.. De plus elle n’avait toujours pas digéré l’information, mais un autre détail avait attiré son attention.
- Dis, t’as parlé de permission… alors t’y est retourné hein, au Razkaal je veux dire ?
osa t'elle finalement formuler, le regard toujours fixé sur le mouton qui luttait en vain contre sa main.
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Panurge a ses secrets
- Et si Elzéar n'avait pas déformé la lame, peut-être qu'elle aurait tenue.
S'obligeant à respirer - une tâche bien plus difficile qu'il n'y parait, parfois - elle farfouilla dans la sacoche de ceinture qui ne la quittait jamais pour en tirer un éclat de métal aux reflets désagréables. Long comme une phalange, écharpé et deux fois moins large. De tout ce qu'on lui avait retiré de la chair pendant sa convalescence, elle avait gardé de petit éclat de phantacier, encore coloré de l'aura résiduelle du sort qu'Athénaïs y avait imprimé. Elle le montre un instant à Dactyle sans trop savoir pourquoi, sans doute simplement pour s'occuper les mains, avant de le ranger en terminant son histoire.
La partie la plus difficile.
Elle s'attendait à... à rien ? Ou a beaucoup de choses ? De la pitié surtout. Une sorte de commisération comme le lui avaient offerts tous les mages qu'elle avait vu. Une proposition d'aide lointaine. Un refus de s'en mêlé aussi peut-être. Après tout, Dactyle avait tout lâcher pour se retirer loin de tout ce qui constituait sa vie d'avant. Elle devait bien avoir une raison, et la seule que connaissait Rowena, c'était la douleur du survivant. Ce qu'ils avaient vu à Shoumeï était gravé dans le corps et dans l'âme de tous les survivants, mais pour les Limiers qui étaient Descendus, c'était une seconde couche. une salve de plus à encaisser. Et elle n'en aurait pas voulu à son pire ennemis de se retirer après avoir affronter quelque chose comme ça.
Mais elle était sincèrement surprise de la fureur rentrée qui luisait dans les iris d'or qui la regardaient bien en face. Un refus total, défiant toute raison et toute logique. C'était clair, elle n'en avait rien à foutre de ce qui se passe ou pourquoi : elle ne voulait pas que ça arrive.
Ce n'était pas juste...
Le coeur de la sirène se serra. La seule personne qui avait réagit ainsi en apprenant la nouvelle, c'était sa petite soeur, Raven. Ce n'était pas juste... Non. Il n'y avait rien de juste et la rage de Dactyle la touchait avec une telle violence qu'elle en avait mal à l'intérieur de la poitrine.
- Je suis désolée... " murmura-t-elle lorsque Dactyle se fut détournée pour s'occuper de son emploi actuel. " Mais tu me connais... Je ferais tout ce que je peux et jusqu'au bout.
Elle ne pouvait pas lui demander de l'aide... Pas alors qu'elle n'avait aucune idée de là ou l'emmènerait sa route... Ou par peur de se réveiller un matin à caôté d'un feu de camp froid et d'une amie qui ne la reconnaissait plus. Elle crevait d'envie de lui demander de l'accompagner pourtant. Parce que ça aurait été tellement moins terrifiant de savoir qu'elle couvrait ses arrières. Alors elle avait sourit à la tentative d'humour de la louve.
- Tant qu'il peut peut porter une chopine ça devrait le faire.
Elles étaient belles les Limiers... Au moins, elles recollaient les morceau. Un coup de batte, on remet de la glu et on met la poussière sous le tapis.
De façon totalement incongrue, Rowena repris une bouchée de son sandwich. C'était complètement hors de propos, sa gorge émis un drôle de bruit lorsqu'elle se força à déglutir, donnant un effet pas mal surréaliste... mais c'était exactement ce qu'elle cherchait à faire. Se sortir de cette émotion trop lourde. Plus facile à dire qu'à faire. Cependant, le Razkaal ne faisait pas parti de ses pires démons. Après la Descente, elle en avait énormément parler avec le Roitelet et il était hors de question pour ce dernier d'abandonner son obsession. Avant de partir au front, pour les besoin de leurs recherches, elle était redescendu avec lui dans les tréfonds, bien que pas aussi profondément. ça n'avait pas été facile, mais ça lui avait permis de mieux dormir par la suite.
- Oui. J'ai rempilé... Enfin j'ai essayé quelques semaines. Plus les même têtes. La même forteresse. J'ai arrêtée quand le Prévôt m'a croisé dans un couloir et a failli me faire enfermer parce qu'il ne reconnaissait pas mon masque. " Elle observait le profile de Dactyle et même si elle n'était pas aussi expressive que d'autres sa question laissait présager autre chose de sous-jacent. " Tu n'y es pas retourné depuis l'évasion, n'est-ce pas ?
Ce n'était pas un reproche. La sirène était curieuse et elle essayait de faire la part des choses entre ce qui était mal venu et ce qu'elle pouvait se permettre, sincèrement là pour son amie malgré tout ce qu'elle venait de dire.
- Je peux te poser une question ? ... C'est vraiment juste à cause de ton bras que tu es partie sans un mot ?
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Que les brebis ne sauraient entendre
- Je n’en doute pas. Et si jamais, tu sais où me trouver, enfin, à une colline près.
Dactyle ne doutait effectivement pas du courage de Rowena, ni de sa capacité à tout mettre en œuvre pour atteindre son objectif, pour trouver un remède. Mais elle aurait tant voulu l’accompagner, lui offrir toute l’aide possible, elle qui l’avait déjà abandonné une fois après tout. Or dès l’instant qu’elle était acquise, la loyauté de la Bête du Razkaal était indéfectible, et elle l’aurait suivi à travers tout le Sekai, peut-être même jusqu'à Sancta s’il le fallait. Si elle n’avait pas appris à reconnaître ses propres limites. L'accompagner reviendrait à lui faire courir un risque inutile, et dans la quête qu’elle s’apprêtait à entreprendre, Rowena n’avait pas besoin d’une alliée qui se révèlerait n’être qu’une épée de Damoclès supplémentaire à la nuit tombée.
La dernière remarque de la sirène lui offre un répit bienvenu, tout comme le bruit de déglutition un peu ridicule qui s’en suit, parvenant même à arracher un sourir à la bête placide. Alors son cœur se desserre, un peu, lentement, le temps que la pression emmagasinée redescende. Avant ce qui va suivre. Mais avant, en parlant de chopine.
La brave brebis, qui avait fini par capituler face à un adversaire contre lequel elle n'était pas de taille, avait laissé libre accès au panier. D’où Dactyle finit par sortir la bouteille mystère qu’elle avait aperçue plus tôt. Et qu’elle entreprit d’ouvrir, histoire de s’occuper les mains. Mission accomplie, puisqu’entre le fermoire à moitié rouillé, et les légers tremblements qui agitaient ses mains, la tâche était loin d’être facile. Mais lui permettait au moins, d’avoir l’air concentrée sur quelque chose, lorsque Rowena lui posa là question.
Son regard glissa jusqu’à Rowena, un regard coupable, un aveu de faiblesse.
- Non. Au même moment, le bouchon de la bouteille cède enfin, dans un Plop sonore, qui ponctue étrangement sa réponse.
Pourtant, le Razkaal elle y revenait souvent. Dans ses cauchemars, toujours le même. Elle errait seule, dans les allées si familières et pourtant si inhospitalières de la forteresse. La Bête du Razkaal, sans prisonnier à ses côtés. Et pourtant, comme elle l’avait déjà vu se produire tant de fois, une cellule apparaissait devant ses yeux, la porte en ferraille s’ouvrait lentement . Et elle savait, elle savait qu'elle lui était destinée. Alors elle se réveillait, hurlant, griffant, frappant dans un endroit où elle ne se souvenait pas d’être allée. Mais loin du Razkaal, le plus loin possible, aussi loin que ses pattes avaient pu la porter. Seule, souvent, accompagnée, parfois de la carcasse d’un animal, ou ce qu’il en restait, d’un pauvre hère parfois, qui avait eu le malheur de croiser le chemin de la Bête hantée par son propre reflet. Mais une fois éveillée, elle ne voulait plus y songer, pas une seconde. Alors, elle repartait, pour une nouvelle journée, pour une nouvelle tournée.
Si elle avait parfaitement entendu la seconde interrogation de la Banshee, elle ne réagit pas tout de suite. Parce qu’elle n’est pas sûre de ce qu’elle va dire, parce qu’elle ne sait pas comment lui répondre. Alors elle se contente dans un premier temps de renifler d’un air sceptique la bouteille à présent ouverte, d'où s'échappe une puissante odeur de plantes mystérieuses, que même le flair de la lycanthrope ne parvient pas à identifier, à part peut être du sapin et du .. miel ? Mélange étrange. Mais quitte à en finir. Elle en boit une gorgée, d’une traite, les yeux clos se préparant à perdre l’usage du goût pour les dix prochaines années. C’est… étonnamment pas si mauvais, fort, à n’en pas douter, un peu bizarre, mais qui laissait rapidement place à un arrière goût doux-amer, semblable à l’odeur des forêts de pins en été.
- A tes risques et périls .. affichant un rictus incertain. Elle fit tinter le verre du bout de ses griffes, un instant, avant de finalement tendre la bouteille à Rowena, dont elle osa finalement croiser le regard à nouveau.La pointe de reproche, de déception peut-être ? qu’elle croit percevoir dans sa voix mélodieuse de la sirène lui serre la gorge une fois de plus, alors qu’elle repose sa main dans l’herbe.
- C’est à moi d’être désolée. J’ai dû précipiter mon départ. En fait, je voulais laisser une lettre, mais c’était ...Bizarre ? Trop difficile ? et j’ai fini par...oublier. Elle marqua une hésitation, alors qu’une étincelle de rage animait une fois de plus ses iris mordorées..Tsss merde ! un coup de poing rageur sur le sol, elle en arrache une nouvelle touffe d’herbe. Alors c’était bien vrai, et c’était déjà en train de lui arriver.
Dactyle laisse échapper un long soupir, la tête en arrière, le temps de respirer et de juger, de ce qu’elle pouvait révéler ou non. Inutile de mentir, Rowena était loin d’être stupide. Voir même un peu trop clairvoyante en fait, s’en était parfois effrayant.
- En fait, je crois que je n’y ai plus ma place. En l'occurrence si, mais pas forcément du bon côté de la grille. Elle prit une profonde inspiration, et poursuivit avec un détachement apparent, l’air de rien. Tu t’es jamais dit, qu’avec tout ce qu’on avait vu, où… fait, un jour, on finirait aussi là bas ? Prisonnières du Razkaal.
Après tout, son bras n’était qu’un symptôme visible d’un mal plus insidieux, latent, destructeur aussi. Si elle retournait à la forteresse, elle en était convaincue, elle ne la quitterait jamais plus.
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Gnéhéhé Méchoui...
Évidemment... Elle n'y était pas retournée. Contrairement à elle avec Elzéar, elle n'avait eu personne pour l'attirer là-bas, lui en parler encore et encore. Elle-même n'aurait pas pu tenir ce rôle à ce moment là. Pas en même temps que leurs recherches et la perspective du réveil de Xo'Rath dont ils étaient persuadés.
Au regard coupable, elle en opposa un de connivence... Quoi qu'un peu troublé par la surprise du bouchon qui saute. Elle lui aurait bien dit de nombreuses choses, notamment que c'était sans doute pour le mieux du moment que ce soit par choix et non parce qu'elle était hanté par ce qui s'était passé cette nuit-là. Mais elle se contenta d'un sobre :
- Tu perds pas grand-chose. La nouvelle génération manque cruellement d'humour.
Une bien piètre façon d'alléger un peu la conversation. La bouteille en était peut-être une un poil meilleur. Au nez.... ça inspirait plutôt la méfiance, mais Diactyle venait d'en boire sans mourir sur le champ alors elle pouvait bien tenter. La sirène en avala donc une grande rasade qu'elle senti descendre tout le monde de sa gorge jusqu'à former une bulle chaude dans son estomac. Elle s'étrangla à moitié en repoussant la bouteille, s'essuyant les lèvres sur le revers de sa main.
- Ils s'en servent pour décaper les clôtures aussi ? " demanda-t-elle en secouant la tête comme si ça pouvait faire passer le goût atroce. Non, vraiment, c'était ignoble ! Un espèce de goût de sapin sucré. Comme si on lui frottait la langue avec un gros bout d'écorce pleine de sève amer après y avoir poser quelques grains de sucre dépourvu de parfum.
- T'as pas à t'en vouloir. Tu n'y peux rien et je ne t'en veux pas. " soupira-t-elle lorsqu'il fut question de l'oublie, posant quelques tapes fraternelles sur l'épaule en bonne santé de sa sœur d'arme. Pourtant, la sirène déglutit à nouveau, bien plus discrètement. ça avait même de l'effet sur elle alors... Elle n'aurait pas du être étonnée. Après tout, elle s'en doutait. Elle pensait même que c'était à cause de ça qu'elle n'avait pas de nouvelle, mais en avoir la confirmation était plus douloureux que prévu. " ça fait chier... " ajouta-t-elle, prenant soudain la décision d'être franche envers sa camarade au lieu de tout garder pour elle, ce qu'elle était loin d'avoir toujours fait du temps où elle était chargé de la stabilité mental des autres. " Mais tu n'y peux rien. "
A sa dernière question, Dactyle ne reçu d'abord aucune réponse. Pas un soupire ni une exclamation. Pas même un frémissement. Rowena reprit une bouchée de son sandwich et changea la position de ses jambes en regardant... loin. Le ciel. L'absence totale de murs, de barrière, de barreaux. Elle inspira l'odeur d'herbe, de terre et de bestiaux, puis regarda la marque de morsure dans le pain.
Sa poitrine s'était serrée douloureusement à la seconde même où la question de Dactyle avait vibré dans l'air, comme à chaque fois qu'un détail le ramenait à son souvenir. Elle avait promis de ne jamais en parler car il ne voulait pas que ça se sache. Il n'en avait pas honte, au contraire. Mais cela en aurait beaucoup trop dit sur un homme qui n'avait pas l'habitude de se dévoiler facilement. L'apparence avait son importance... Mais l'apparence d'un mort résidait dans quoi d'autre que les souvenirs des vivants ?
- Si... Plus souvent que tu ne le crois... Et depuis le premier jour. " avait-elle souffler avec un sourire. Se dandinant un peu, elle avait tiré de sa poche une pièce qu'elle envoya vers Dactyle dans un tintement de fer blanc. Sur un côté était imprimé l'image d'un énorme lézard aux multiples tête. Sur l'autre, un homme portant une lance et une égide. " L'Hydre et le Myrmidon. " cita-t-elle sans avoir à regarder les dessins. " Deux Limiers qui nous ont précédés. " Deux noms que tous avaient oublié depuis et qui n'existaient plus que dans les registres des Prévôts ou peut-être sur une quelconque stèle commémorative, elle ne savait trop où. " Ils sont mort il y a vingt ou trente ans et là ou la majeur partie d'entre nous ne dépassent pas les dix ans de carrière, la leur a durée presque deux siècles. Ils étaient mariés. Petit à petit, ils ont perdu la raison, à bas bruit. L'un a fini par craqué, rendu fou par le Razkaal. Il a commis des choses atroces sur des prisonniers et sur des gardiens. L'autre a glissé à sa suite. Il ont été enfermés mais n'ont pas passé la semaine. Ils sont mort la même nuit. Elle regarda à nouveau le paysage, pinçant les lèvres comme pour retenir des mots qu'elle ne voulait pas prononcer. Ce secret était sien et une part d'elle hurlait de jalousie à l'idée qu'il soit révéler... Et la partie la plus raisonnable de son être lui soufflait qu'il fallait le laisser partir. Il ne lui en voudrait pas... Il était mort.
Mort putain !
Elle prit une inspiration mais ne parvint pas à finir, bloquée. Après de longues secondes, elle laissa échapper une respiration tremblante en regardant partout ailleurs que Dactyle. Les doigts brossant fébrilement les herbes folles. Elle ne parvint pas à le dire. C'était impossible. Alors elle attaqua le problème autrement.
- Elzéar et moi, on s'est tenu à distance pendant presque dix ans parce qu'il pensait qu'on finirait invariablement comme eux. Et comme il était persuadé qu'il finirait dans une cellule, il était certaine de m'entrainer dans sa chute. Il m'en a parlé dès le premier jour de mon apprentissage. " sourit-elle, amère, en s'essuyant le nez du revers de la main. Des mots qui étaient gravés dans son âme, aussi brisée soit-elle et qui avaient conditionné toute son approche du Razkaal depuis lors. " Je ne forme pas des médiocres, ou de la futur nourriture pour le Razkaal. ... Il me l'a dit tel quel. Tu sais comme il aime s'écouter parler, il m'a fait tout un speech sur le fait qu'être Limier était une destiné, pas un travail. Que si on faisait ça à moitié on était déjà mort et qu'il fallait que je soit un démon pour me faire respecter par les monstres. J'étais pas d'accord sur tout à l'époque et je n'ai pas changé d'idée... Mais il m'a aussi dit que pour devenir Limier, je devrais ressentir l'appel du Razkaal et ça, il n'y avait rien de plus vrai. " Elle se tourna de nouveau vers Dactyle, une lueur étrange dans le regard. " Que je serai tôt ou tard attiré, que je le désirerai... Et que je devrai le combattre de toutes mes forces où être dévorée.
Alors oui... Elle avait déjà pensé qu'elle finirait là-bas... Elle se tourna à nouveau vers le paysage.
- Il m'a obligé à descendre bien plus profond que les étages autorisés aux recrues et j'ai inspecter l'esprit des prisonniers d'en bas pour l'aider dans ses recherches. Il m'a dit tout ce que les mentors taisent généralement. J'ai lutté pendant des mois. J'ai cru devenir complètement folle. ça a été atroce... Et puis j'ai reconnu l'appel... Grâce à El', j'ai compris que plus je laisserai de contrôler et de nier ma part d'ombre, plus le Razkaal en profiterait et plus je me détacherait des bonnes émotions en fuyant les mauvaises... Et que je succomberait d'autant plus vite que je ne suis pas quelqu'un de particulièrement... austère. " Un sourire un peu plus amusé décora ses lèvres. " C'est pour ça que je me suis jamais gênée pour proposer les choses qui me faisaient plaisir, ou juste un peu loufoque. Pour avoir un petit repos dans la tempête, rééquilibrer l'horreur avec un peu de lumière et de joie. C'est ma façon d'écouter le plus noir qu'il y a en mois sans que ça ne prenne le pas... Même si j'avoue, ces derniers temps, c'est plus difficile.
Pour faire bonne mesure, elle reprit deux grandes rasades de la gnôle infâme, juste pour se griller quelques neurones.
- Brrrr... ... Enfin... oui. On a tuer... Et parfois pire... Et oui, ça m'arrive d'y penser... Comme tous les Limiers, je crois, aussi peu causant soient-ils " termina-t-elle en cherchant les yeux dorés de la louve. Parce que si elle avait posé la question, c'était qu'elle aussi... " Et aussi loin de la forteresse qu'ils soient... ? "
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Un plat qui à du mal à passer..
La nouvelle génération hein … Une flopée de nouvelles âmes à briser, de nouvelles proies à dévorer. La guerre s’était étendue sur trois ans, trois ans depuis la Descente. Et voilà déjà, que la Banshee et la Bête invoquaient “le bon vieux temps” et taclant allègrement la nouvelle génération comme des vieux de la vieille.
- P't'être bien. J’essaierais à l'occasion… Souffla Dactyle dans un gloussement amusé, face à la moue de dégoût absolu affichée par la sirène, la bouteille toujours à la main. Et encore, dégoût, l’euphémisme était grand, à sa tête on aurait pu croire qu’elle n’avait rien bu d'aussi mauvais. Voilà une expression que Dactyle n’est pas prête d'oublier, quoique…
Une main sur son épaule. Oui. ça fait chier. oui, acquiesça Dactyle en silence, alors qu’elle se contente de hocher la tête lentement, en signe d’approbation, mâchoire toujours serrée de frustration. Rowena ne lui en voulait pas, merveilleux, elle aurait dû être soulagée. Elle ne l’était pas. Accepter la fatalité et sa propre incapacité à lutter contre l'oubli. Jamais.
- Si. Je n’oublierai pas. Elle trouverait un moyen. Elle arracha un nouveau bout de viande séchée de ses crocs, d’un air décidé, comme pour sceller sa décision.
Comme elle s’y attendait, sa question avait jeté un froid. Après tout, ce n'en était pas vraiment une. La question n’était pas de savoir si elles finiraient prisonnières du Razkaal. Mais quand. Comme bien d’autres limiers avant eux. Comme Khalez. Alors, elle laissa à Rowena tout le temps dont elle eut besoin. Balayant à son tour l’horizon du regard, un décor bucolique, et pourtant, si loin des préoccupations obscures des deux limiers. Loin du Rzakaal, aussi. Elle avait beau s’être enfui, lâche qu’elle était, tout semblait l’y ramener. La forteresse réclamait son dû. Finalement, un faible bruissement du tissu, suivi d’un tintement métallique, attirèrent à nouveau son attention, pivotant vers la Banshee, elle tendit instinctivement une main pour réceptionner.. une pièce ? Qu’elle détailla un instant, après avoir jeté un coup d'œil interrogateur en direction de Rowena, puis calant la pièce entre ses ongles, elle fit miroiter les deux faces au soleil. Un monstre et un soldat. L'Hydre et le Myrmidon. Des limiers, dont les noms lui étaient inconnus. Mais elle se doute déjà de ce qui va suivre. Probablement brisés, oubliés eux aussi. Ses doigts se refermèrent sur la pièce lorsque le sort des deux limiers fut scellé. Elle n’avait aucun mal à les imaginer. Ces deux limiers, dévorés en moins d’une semaine, par tous les démons qu’ils avaient tenus en respect, cachés derrière leur masque, et par une volonté de fer, pendant près de deux siècles. Mais tapis dans l’ombre du Razkaal, attendant leur heure depuis toutes ces années, les ténèbres avaient surgi, et les avaient submergées. Moins d’une semaine hein …. La gorge de Dactyle se serra, tant par empathie envers Rowena qui semblait lutter pour continuer, que par ces images qu'elle essaie de chasser de son esprit.
Elzéard ? qu'avait il à voir avec .. .Oh. Et elle comprit. Certaines choses semblaient alors prendre tout leur sens … Ses yeux se posèrent une nouvelle fois sur la pièce de fer blanc, évitant soigneusement le regard de son amie. Elle n’avait pas besoin de la regarder pour constater les sentiments qui l’habitaient en évoquant ce sujet. Que Dactyle avait d’ailleurs essayé d’éviter d’aborder frontalement, préférant laisser Rowena en parler d’elle même si telle était sa volonté. Un sourire nostalgique étire pourtant ses lèvres un bref instant. On croirait l’entendre .. Le roitelet. Un Spectre, un Limier. Un des plus tenaces surtout, peut être un des meilleurs. Il parlait trop, et si son arrogance avait tendance à ennuyer la Bête, elle lui reconnaissait sans mal une volonté sans faille, et une éthique de travail pour laquelle elle avait le plus grand respect. Lorsque ses iris orangés croisèrent à nouveau le regard bleu, dissymétrique, de Rowena, elle eut du mal à réprimer un nouveau frisson à la mention de l’appel du Razkaal.
- L’appel du Razkaal, hein … Il le connaissait mieux que personne.
A son arrivée à la forteresse, la Bête avait surpris des discussions, eut vent des méthodes d’apprentissages du Roitelet. De ceux qui l'avaient subie, elle ne connaissait que Rowena. Même si la formation était rarement une partie de plaisir, Rowena semblait avoir traversé l’enfer, une fois de plus. Les étages inférieurs .. ils.. Malgré un calme pourtant légendaire, il devint évident que la louve bergère peinait à respirer. En proie à des sueurs froides remontant le long de ses vertèbres, son sang à présent glacial. Elle passa nerveusement une main sur sa nuque raide, comme pour chasser l’impression immonde qui lui collait à la peau, et l’image de Khalez qui s’était imposée à son esprit. C’était ça qui l’attendait, dans les étages un inférieur. Son esprit serait brisé comme un fétu de paille en l’espace de quelques secondes, dans les griffes du Razkaal. Et elle sombrerait, encore, et elle tuerait encore, et elle oublierait, peut-être. Si elle avait de la chance. Elle s’y était pourtant sentie à sa place, dans cette forteresse, fût un temps, un monstre parmi les monstres. Un chien de garde. Et pourtant, à cette époque, il lui avait semblé faire le bon choix. Mais pouvait-on réellement parler d'un appel.. Une décision logique et rationnelle, oui. Bien loin des symptômes de manque qu’elle semblait éprouver depuis son retour.
Elle l’avait rencontré là bas, il l'avait formé, épaulé, et il l’avait aimé. Tout devait le lui rappeler. Et pourtant, elle y était retournée. La Banshee, le Spectre du Razkaal, pourtant effectivement loin très loin d'être aussi austère que son nom le laissait entendre. Son sourire, et les souvenirs qu’elle évoquait, permirent à Dactyle de respirer à nouveau. Elle se détendit un peu, notamment lorsque les souvenirs d’un certain atelier poterie lui reviennent. Un parmi tant d'autres activités .. Hum originales.
- ah ça …. Certaines activités ont reçu un accueil plus mitigé que d’autres ! Mais, honnêtement, je pense que beaucoup t’en sont reconnaissant pour ça….et j’en fais partie. acheva t’elle en sondant le regard azure de la sirène
Peut-être qu'elle-même aurait déjà sombré depuis des années.
- Oui. je suppose que tu as raison. On y pense tous…Jusqu'à ce que ça finisse par nous arriver. on.. ça lui avait échappé, au fond, en dépit de ses choix récents, la Bête se considérait toujours comme un Limier. Lâche, et en fuite. Mais un limier quand même. Elzéard avait encore vu juste.. Si le Razkaal s’érigeait au milieu de l'océan, les pires ténèbres en son sein, depuis des siècles. Et se tiendrai encore là pour les siècles à venir, les limiers, eux, étaient loin d’être éternels. Mais devaient s'efforcer durant leur courte existence, de se montrer aussi inébranlables que la forteresse qu’ils habitaient. La devise des limiers. Incorruptible , calme , Impitoyable … souffla Dactyle entre ses crocs. Et elle était là, incapable d’y mettre un pied, enterrée au fond des montagnes à massacrer des paysans et des moutons. Pathétique. Sa main valide se serre sur la petite pièce de fer.
- Peut être que c’est comme ça que ça doit finir, après tout. Un nouveau regard coupable, amère, vint se poser sur Rowena alors qu’elle lui rendait la pièce. Peut être même ce serait mérité… Mais il n’y a qu’un moyen de le savoir n'est ce pas ? Y retourner, répondre à l’appel, après tout elle avait à présent un tribut à payer, envers toutes les victimes que sa faiblesse avait engendré. Mais pouvait elle vraiment risquer d'y retourner ? Mourir là bas, dévorée par.. peut importe ce qui se cachait au fond de la prison, humm peut être. Mais croiser un de ses confrères, une nuit au détour d'une allée... non. Elle finit par avouer, Tu sais, le Razkaal, j’y ai atterri un peu par hasard en fait. Et pourtant même maintenant... Alors.. je que peux plus retourner, même ici je n’arrive pas à l'éloigner de mes pensées. Ironique non ? .. alors quoi Limier un jour, limier toujours ?
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