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  • Lun 14 Aoû - 23:15
    He's a Pirate [Event "Attaque sur  Kaizoku" - République.] - Page 19 Captur23




    C'était la fin. Azura retint son souffle et compta jusqu'à dix. Elle sentit alors la terre trembler, puis écouta son cœur éclater à nouveau. Car c'était la fin. Pendant que le ciel tombait. Elle ne vit rien de la fin de Fieracier et de Beros, tant la série de sorts de haut niveaux avait drainé son énergie. Elle ne perdit pas connaissance mais sentit le monde tournoyer autour d'elle, la Lumina serait surement tombée si elle n'était pas soutenue par le demi-elfe, cet allié de circonstance qui la protégea des nuées toxiques tout en la guidant vers un échappatoire à la colère du volcan.

    Mais lorsque la voix de son allié de circonstance lui intima de courir, elle repris pleine possession de moyen et obéis, comprenant que c'était la seule chose à faire. Il la guida jusque sur un navire pirate abandonné, arrivant à l'instant où Azura sentit ses poumons expectorer sous l'effort, s'appuyant quelques instants au bastingage pour reprendre son souffle après cette course folle.

    - Hhhh... merci hhhh pour tout... Articula-t-elle entre deux respirations.

    Un signe de tête du vieux capitaine lui indiqua qu'en de telles situations les camps ne signifiaient plus grand chose, or Altarus en savait quelque chose. Mais si le navire permettait à de nombreuses personnes de fuir, notamment un officier républicain, le flot de civils, de soldats et de pirates était trop important. Il fallait tout de même leur venir en aide !

    Depuis le gaillard arrière, Azura, ayant stabilisé son souffle, se redressa et se concentra de nouveau, canalisant son mana restant. Elle remarqua de nombreuses chaloupes retournées dans les abords des quais. Deux barques et quelques rames s'élevèrent des flots pour venir se reposer à l'endroit près des quais. Les gens ne demandèrent pas leur reste et se ruèrent sur cet échappatoire. Azura se concentra de nouveau et rapprocha des quais une caraque abandonnée qui dérivait, ayant démâtée, mais qui permettrait à de nombreuses personnes de grimper à bord, pouvant alors être remarqué par un autre vaisseau.

    C'était à ce moment que le navire du demi-elfe parti à vive allure, poussé par les vents qu'il créait. C'était définitivement un capitaine émérite, ayant laissé embarquer tous ceux qui se présentaient et avait remis sur pied un navire empêtré dans les quais, les débris et les cordages. Azura avait vraiment eue de la chance de tomber sur lui, sans quoi elle ne pouvait attester de ses chances de survies sur la dernière partie de cette nuit meurtrière.

    Résumé/Pouvoirs :




    Personnages similaires à Azura
    Giselle (Enchanted) - Amélie Poulain (Le Fabuleux Destin) - Margaery Tyrell (Game of Thrones) - Mantis (Guardians of the Galaxy) - Sam Gamgee (Lord of the Rings) - Jaskier  (The Witcher)

    Thème musical d'Azura
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  • Mar 15 Aoû - 14:46
    Le Maître des Ombres se tient en face de lui, Savoir demeurant immobile, ses multiples pattes écartées pour prendre un appui solide sur le sol endommagé du plateau de ruines sur lequel ils se trouvent. Alys parcourt de son oeil inquisiteur la silhouette de l’elfe en question, elle attend tranquillement qu’il lui réponde, et visiblement l’interrogé aime tourner autour du pot. Lorsqu’enfin il lui apprend qu’il n’en sait rien, l’oeil démoniaque fait retentir sa voix physique dans les airs sans détourner le regard du visage d’Eliëndir:

    ”Chaos doit être retourné au Compendium. Les six soeurs se sont échappées, l’ordre des Fondateurs est brisé, nous devons les retrouver et les garder.”

    Suite à ces mots, l’oeil rouge sang fait soudainement jaillir de sa pupille un filet de lumière carmine inoffensive qui parcours le mage noir des pieds à la tête, inspectant sa personne de bas en haut. L’écran laser disparait aussi tôt qu’il s’est manifesté lorsqu’il atteint le haut de la tête du mage noir, et le globe oculaire reprend:

    ”Traces du sujet N°04 identifiées, sujet introuvable.”

    Le grattement frénétique à l’arrière de la conscience d’Alys se fait de plus en plus fort, et devant la nécessité de devoir laisser la main à Ica, l’oeil exterminateur se décide enfin à laisser tomber. Une membrane bleutée se forme autour du globe sanguin et une autre se désintègre progressivement, laissant apparaître Ica dont les auréoles bleues et violettes virevoltent dans son iris en faisant des vaguelettes. Une voix masculine résonne, mais cette fois son timbre paraît non seulement plus humain mais aussi moins monotone, parlant avec une détermination certaine:

    ”Le Maître des Ombres de Melorn, nous t’avons retrouvé. Nous devons te questionner, mais pas ici, ni maintenant.”

    Alors qu’un énorme grondement se fait entendre, comme si la terre elle même s'apprêtait à déchirer les cieux de son propre tonnerre, les armes de lumière de l’entité démoniaque disparaissent, se désagrégeant en fines particules étincelantes emportées par le vent qui se lève sur les ruines de la forteresse.

    ”Le Compendium ne doit pas rester sans surveillance trop longtemps Maître des Ombres, tout comme les six soeurs.”

    Plusieurs explosions se font entendre au loin, vers l’intérieur de l’île, dans un déchaînement élémentaire qui cette fois semble être d’une magnitude plus gargantuesque encore que le chaos belliqueux qui dominait la bataille jusqu’à présent. L’oeil de Savoir dévie pour la première fois du mage noir tandis que le corps de la créature reprend une posture plus détendue, et son unique corps vitreux se dirige vers la montagne ronronnante au loin, des panaches de fumées commencent à trahir une activité croissante, et le Démon sait qu’il vaut mieux ne pas rester ici, son objectif est atteint, elle n’a pas retrouvé Chaos, ils n’ont plus rien à faire ici.

    ”Seuls les mortels méritant parviendront à survivre à ce jour funeste, le reste rejoindra le cycle éternel. Pour nous, il est temps de retourner à Melorn.”

    Le regard d’Ica se pose sur un point fixe à l’horizon, là où les vagues de l’océan font écho à celles dans son iris, là où les flots rencontrent les cieux. Ici les vivants rencontrent les morts. Canalisant sa magie dans son corps, Savoir entame une téléportation vers l’endroit où il avait tantôt vu le Belladonna s’échouer, lorsqu’il était prostré derrière Maria Donovan, il espère simplement que la capitaine du navire ne sera pas trop loin. Une fois le sort prêt, le Démon se retourne une fois de plus vers le mage noir, tendant sa main gauche elfique en direction d’Eliëndir, la paume ouverte et face au ciel:

    ”Il nous faut partir. Maintenant”

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  • Mar 15 Aoû - 17:05
    Kaizoku

    Message 7


    Pour tout avouer, elle ne savait pas trop comment elle avait réussi à s’en sortir, voir cette petite créature fondre sur elle avait réveillé un instinct primaire de survie. Elle n’avait pourtant pas cherché à tuer ou blesser son adversaire, elle était profondément humaniste dans le sens ou chaque vie avait son importance selon elle.

    Néanmoins elle fut ravie de voir que la surprise du sable dans la gorge avait fait lâché prise à la petite belette. Elle avait les chairs griffées, brûlées, mais elle était sauve ce dont elle pouvait douter un moment avant. Elle ne dit rien quand elle cracha le sable et pesta, comment une petite chose si mignonne en apparence pouvait être aussi vindicative d’un coup ?

    Il n’était pas content mais lacha prise ce qui la soulagea pour tout avouer.
    Entre le sable, l’ombre, les explosifs et le feu, c’était devenu irrespirable comme atmosphère même pour une élémentaire de sable. Elle avait avec grande peine réussi à s’extraire pour découvrir avec une certaine horreur la situation actuelle. L’apocalypse était tombée sur Kaizoku.

    Néanmoins un constat rapide lui permit de comprendre qu’il n’était plus temps de querelles de territoires ou de bataille d’hégémonie, de suprématie, dorénavant chacun jouait pour sa simple survie.

    Elle chercha du regard avec attention les forces en présence et repéra non loin les brisemurailles et à leur tête le Lieutenant de Noirvitrail, elle allait bien ! Elle chercha aussi du regard son amie Neera sans la trouver mais la terre grondait et une vague semblait se soulever… en général le sens d’une vague provoquée par un tremblement de terre ilien partait dans l’autre sens, quelle nouvelle calamité allait s’abattre sur ce lieu de massacre d’innocents?

    Elle n’eut guère le loisir de réfléchir malgré tout, blessée, amoindrie, elle concentra ses dernières forces pour se téléporter aux côtés des troupes républicaines, non loin d’Athénaïs, quelqu’un la prendrait bien en charge et l’aiderait à avancer, elle n’avait plus la force de le faire seule. Son corps la faisait souffrir et son visage brûlé en partie la forçait à fermer un oeil, sa vision amoindrie pour le moment.

    Des soldats la récupérèrent et l’emmenèrent à bord du navire ou elle luttait pour ne pas perdre connaissance.

    ”Résumé”:

    CENDRES
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  • Mar 15 Aoû - 17:36
    “-Ca commence à devenir excessif.” Apprécia Carl, les yeux posés sur le sommet du volcan dominant Kaizoku.
    Barryn, occupé à souquer dans l’espoir de s’éloigner à temps, grinça des dents et cligna frénétiquement de l'œil droit pour chasser la goutte de sueur s’y étant incrustée.
    “-Il faudrait peut-être accélérer du coup.” Suggéra le barbu à son famélique comparse, sans parvenir à déclencher chez ce dernier autre chose qu’un ricanement désabusé.
    Parce que le Serpent ne pouvait s’empêcher d’admirer les prémices d’une telle catastrophe. Bien sûr, la partie sensée de sa psychée prenait en compte les pertes que l’éruption allait causer. La disparition, probablement totale et irrémédiable de l’île pour les deux camps, l’anéantissement de tout espoir pour les pirates revanchards -ses employeurs- sans même parler de l’irrémédiable vendetta que la république ne manquerait pas de mener contre chacun des porteurs du drapeau noir. Bien sûr, la fin de la liberté fantasmée de Kaizoku était dramatique. Les Sanglots, d’ailleurs, comptaient beaucoup sur la contrebande et les quelques criques pirates encore “en service” pour s’équiper à moindre coûts. Une perte terrible, vraiment.
    Mais ça valait le coup, d’une certaine manière.

    Comment un être aussi dévoué à la destruction pouvait sérieusement ne serait-ce qu’imaginer ne pas apprécier les prémices de l’anéantissement total d’une ville entière et de sa populace terrifiée? Ces pauvres imbéciles, qui s’étaient terrés derrière les boucliers et les lames des gardes et officiers républicains, se retrouvaient maintenant contraints de quitter leurs abris pour se précipiter au petit matin dans les eaux froides et insondables ayant apporté la destruction dans leurs fragiles petits foyers. Des nuages noirs de suies, de cendres et de poussières se massaient au-dessus de tous, annonciateurs du désastre à venir. Ils parvenaient à eux seuls à occulter la lumière des rayons d’un soleil lève-tôt, prolongeant la nuit, masquant au jour un horrible massacre, perpétré au nom d’une île qui ne reviendrait désormais plus à personne.
    Une nuit de guerre. De trahison. D’alliance. De combats et de soins. Sur terre, comme sur la mer. Pour rien. Pour nourrir d’âmes et de chairs l’impitoyable magma d’un volcan se fichant bien de la loyauté comme de la vilénie.
    Alors, oui, Carl ne parvenait pas à se convaincre que quitter des yeux la colère primitive d’une montagne s’apprêtant à raser sa propre île de la carte, simplement pour se remettre à ramer, pouvait être une idée lumineuse, lorsqu’on ne disposait pas de poumons suffisamment performants pour respirer au travers d’une tempête de cendres et de gaz toxiques.  

    Une ombre, dans la vision périphérique du serpent, se mit soudain à se mouvoir, le tirant de sa morbide contemplation. Une ombre massive, au mât proéminent, glissant sur les flots sombres avec l'aisance d'un prédateur marin.
    Le sourire du mercenaire s’élargit tandis que le vert empoisonné de ses yeux venait courir le long du bois d'un bâtiment qu'il connaissait depuis peu. Ainsi, Le Belladona avait fini par se remettre à flot.
    Et il fondait droit sur eux.

    ***

    La capitaine se tenait à la barre de son navire, l’air aussi fier et professionnel qu’à leur première entrevue, quand bien même elle semblait avoir bu quelque peu la tasse au cours de leur séparation. Carl l’avait rejointe sans hésitation, dès son arrivée sur le navire -principalement pour observer l’évolution de l’éruption- après avoir prétendu souhaiter la remercier personnellement pour ce sauvetage. Barryn, de son côté, s’était immédiatement remis au poste qu’il occupait ici-bas, quel qu’il fut. Les deux camarades d'infortune s’étaient séparés avec autant d’aisance qu’ils avaient formé leur alliance, quelques heures auparavant. Sans cérémonie ni sentimentalisme. Ce n'était, après tout, qu'une histoire de travail et de survie.
    Le dos désormais posé contre le bastingage, juste à gauche de la capitaine du bâtiment, Carl s’efforçait de détendre ses muscles endoloris par une nuit de combat et d’efforts, en se gardant bien de demander d’où pouvait bien venir la petite dame blonde et manifestement assoupie, allongée sur les planches trempées du pont à côté de lui.

    Au loin, le chaos continuait d’agiter ce qui ne serait bientôt qu’un lopin de terre brûlé, dépourvu de faune comme de flore. Parfois, lorsque le vent acceptait de porter jusqu’à eux les murmures du désespoir régnant sur les quais, Carl pouvait presque imaginer les visages désespérés d’hommes et de femmes usés, portant à bout de bras des nourrissons en larmes et quelques affaires emportées à la va-vite, implorant pirates comme républicains de leur laisser une place, rien qu’une petite, à bord de leur bateau.
    Mais le vent était avare. Il gardait pour lui le requiem lugubre d’une ville entière. Et une quiétude toute relative régnait, hélas, bien trop souvent à bord du bâtiment d’Althéa.

    “-Je vais finir par croire que je vous ai tapé dans l'œil.” Glissa le serpent, principalement pour meubler le silence. Un regard en direction du cache-oeil de la capitaine étira un sourire sur les lèvres pâles du plaisantin, qui retint un ricanement avant d’ajouter : “Puisque l’heure est au repli général, je me demandais : Vous pensez que les pirates vont nous payer, après ça?

    résumé:
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  • Mar 15 Aoû - 17:56

    Attaque sur Kaizoku

    Les pieds de nouveau au contact avec le sol, Lil', perplexe, ouvre subitement les paupières afin d'observer la Sorcière au visage torturé. Les émotions qui le ravagent sont trop complexes pour que la petite Fae n'en saisisse l'essence ; ce qu'elle cesse vite d'essayer. Nonobstant le silence précaire qui s'étire dans la cale, qu'un simple froncement de sourcils risquerait de briser, son frêle corps n'est plus agité du moindre tremblement. Parfaitement immobile, la châtaine ose à peine respirer. Elle déglutit aussi discrètement que possible, mais cette précaution semble vaine lorsqu'elle croit en percevoir l'écho grossier.

    La peur de mourir quitte Lil' Nwalma aussi progressivement et assurément que l'aurore point à l'extérieur du navire. Elle ne cille pas, bien que ce soit d'abord par absence de réaction, lorsqu'après un sourire aussi énigmatique que les paroles qu'elle prononce, la Sorcière Brune contraint leurs regards à se rencontrer. La main ferme qui enserre son menton n'a plus rien de semblable avec celle dont elle conserve la sensation, et d'éventuelles meurtrissures, autour de sa gorge. La Fae comprend rapidement qu'elle ne craint plus rien de cette adversaire, pour l'instant. Un battement de cil plus tard, un sourire doux et bienveillant se dessine sur lèvres et gagne son regard pour toute réponse.

    Néanmoins, lorsque l'obscure présence disparait, le cerveau de Lil' fourmille d'une multitude d'interrogations et d'autant d'incompréhension qu'il lui est à présent impossible de satisfaire. Elle sait déjà qu'elle finira par retrouver la sorcière, malgré la mise en garde, parce que la Fae est ainsi : toujours à se précipiter dans des situations inextricables en dépit de ses pires peurs.

    Pour l'heure, emboitant le pas à un hybride mutique dont elle observe silencieusement l'état, elle pose ses pieds sur le pont. Lil' se garde bien de lui parler, alors que l'atmosphère s'alourdie de manière presque palpable. Il fait anormalement chaud, et son souffle enfin régulier semble rapidement redevenir laborieux et sifflant. Elle sent son ventre se tordre violemment, tant de faim que d'appréhension. Un besoin irrépressible de voir, de savoir, s'empare de chaque fibre de son être et son pas rapide se transforme en course lorsqu'elle jaillit finalement sur le gaillard avant. Ses mains devant sa bouche entrouverte dans un réflexe incontrôlable, jamais elle ne se serait attendue à cette vision cauchemardesque.

    Dans un silence presque religieux, les yeux écarquillés d'effroi, Lil' contemple le panache de fumée noire qu'évacue le volcan, entre deux crachats de cendre et de roches qui s'abattent sur Kaizoku. Elle croit percevoir des rougeoiements funestes sur l'un des versants de l'Héphaïs tiré de son sommeil, furieux. En contrebas, son regard turquoise scrute la cité frémissante, les rues ravagés, les maisons détruites, les rares portes intactes ouvertes sur la vie laissée à l'abandon par leurs occupants, les vitres qui explosent, les volets qui pendent lamentablement sur leurs charnières. Cette scène en rappelle une autre, similaire, vieille de trois années. La gorge nouée, la Fae ne peut qu'observer la foule vivante –contrairement à Benedictus– mais désordonnée qui se rue sur les quais en hurlant, piétinant les corps qui le jonchent. Un nuage vert de mauvais augure enveloppe une partie du port et, lorsqu'il s'efface, des dizaines de victimes gisent à nouveau au milieu des autres. Des grondements retentissent et couvrent sans mal les voix et le son des cors qui s'élèvent pour sonner l'alarme. L'océan s'agite.

    La panique gagne presque la Fae dont la volonté oscille entre débarquer à la recherche d'Altarus, aider la masse à gagner des embarcations ou simplement fermer les yeux et tourner le dos à cette catastrophe. Ses yeux, elle les ferme effectivement, afin de retenir des larmes de rage et d'impuissance. Elle se met à trembler. Les poings sont si étroitement serrés qu'il s'écoule du sang des plaies en forme de croissant de lune. Un gémissement vibre dans sa gorge, puissant et désespéré, mais se noie au milieu des autres bruits.

    Soudain, un appel rauque venu du ciel l'interpelle. Son dos instantanément déraidit, Lil' ouvre brusquement les paupières pour observer son auteur. Le volatile décrit un demi-cercle au-dessus du navire, avant de se poser sur son épaule. L'un de ses yeux sombre la détaille, comme pour s'enquérir de son état.

    « Bigarrée ! Altarus ! »

    Plus loin, soutenant une autre personne, le borgne foule le pont à son tour. Lil' expulse un profond soupir de soulagement tandis que ses épaules s'affaissent, et qu'un sourire se dessine sur ses lèvres au goût de sel. Toutefois, les démonstrations d'affection attendront qu'il y ait moins urgent au programme.

    Elle n'hésite plus un seul instant. La cale s'emplit progressivement de rescapés et de blessés tandis que sur le pont, tous s'affairent à mettre les voiles. Estimant être plus utile en bas, la jeune femme se rue dans la cale en piochant dans ses souvenirs, ainsi que sa besace pour en extraire un livre et un crayon. Lil' n'est pas une soigneuse efficiente, néanmoins elle dispose d'autres atouts : les situations de crise, Lilas en a vu d'autres.

    Dans les entrailles du navire, la jeune femme évite soigneusement de regarder un point sombre à son opposé, où ce qu'il s'y est déroulé plus tôt ne se devine qu'à l'aide d'une sombre tache de sang sur le sol. Si la Sorcière revient rapidement à sa mémoire, les premiers hurlements de peur, cris de paniques et de douleurs, chassent rapidement l'illusion. Lil' se prépare. Les premiers à rejoindre la Fae sont essentiellement indemnes, ou blessés superficiels ; elle les oriente à bâbord. Juchée sur son épaule, Bigarrée assiste au remue-ménage d'un œil brillant.

    « Ici, poussez ces caisses pour délimiter un espace » leur ordonne-t-elle d'une voix ferme, mais mesurée.

    Son bâtonnet s'agite dans les airs, tantôt vers les caisses, tantôt vers un espace dégagé où elle oriente les rescapés suivants. Viennent alors les passagers les plus blessés.

    « Les blessés graves ici, je vous prie ! » informe-t-elle en désignant la moitié tribord de la cale de son fusain. « Les blessés légers, dirigez-vous plus au fond de la cale. Nous allons avoir besoin de tous les tissus que contiennent les caisses, d'alcool, de bois, d'outils ! Et d'eau ! »

    D'une poigne de fer, le front dégoulinant d'une sueur qui plaque ses cheveux à sa peau, la Fae fait graviter tout ce petit monde à mesure qu'elle noircit d'informations les pages du carnet qu'elle tient d'une main. En quelques minutes, assistée de quelques volontaires, Lil' dresse l'inventaire casi complet de la cargaison du navire, comptabilise les rescapés, détaille les blessures, et organise prestement ce qui s'apparente au plus à une infirmerie ; séparée par des caisses, des tentures improvisées soustraient à la vue les corps meurtris.

    « Ceux qui sont capables d'apporter des soins, par ici, s'il vous plait ! »

    Les premiers seaux d'eau sont posés près des blessés avec de grande éclaboussures alors que du sang se répand déjà. Toutes les personnes ayant quelques compétences se mettent à l'œuvre. Les enfants se serrent les uns contre les autres, des femmes sont prostrées, des hommes se recroquevillent le dos contre la coque ou les caisse… Mais personne ne prononce le moindre mot. Même les pleurs sont silencieux.

    Les choses étant à peu près en ordre, Lil' range livre et crayon à leur place et déchire une large bande d'une étoffe relativement couteuse pour en faire une compresse ; l'utiliser à cet usage lui brise le cœur, mais il est hors de question d'utiliser ses propres vêtements maculés de sang, de boue, et de toute sortes de choses qu'il ne convient guère d'imaginer. Elle gagne le pont d'un pas pressé, adressant ici et là des sourires encourageants. Grâce aux efforts de chacun, le vaisseau file à grande vitesse, glisse sur l'eau en défiant fièrement les vagues. Le port parait déjà incroyablement loin.

    Elle fouille du regard à la recherche d'un hybride sévèrement blessé, qu'elle trouve affairé à la barre avec Altarus. Lil' ne peut ignorer les tremblements qui agitent le corps sans doute exténué, à bout de force, du capitaine. Parvenue à leur côté, la jeune femme pose une main rassurante sur le bras du borgne et lui adresse un de ses plus radieux sourire, convaincue qu'ils sont tirés d'affaire ; de son autre main, elle tend la compresse de fortune à l'hybride. De son escarcelle, elle extirpe un flacon dont elle boit une gorgée d'un liquide transparent avant de le leur tendre.

    « De l'eau de vie » confirme-t-elle en rigolant. « Tien, regarde si tu vois un endroit où aller. A titre personnel, je me sentirais plus à l'aise sur la terre ferme. »

    Elle fouille à nouveau sa besace pour, cette fois, en extraire un rouleau que quelques caractères bruns en coin de feuille identifient comme "Temple – Forêts – Côtes" qu'elle tend à Altarus. La carte, faite par ses soins, indique quelques baies facilement accostables, des caches plus ou moins secrète, des sentiers à suivre pour un voyage plus rapide jalonnés de points d'eau potable… Alors, à son tour, la jeune femme joint sa magie à leurs efforts et les vagues roulent sous le navire pour le pousser toujours plus en avant.
    Résumé :
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  • Mar 15 Aoû - 18:57
    Attaque sur Kaizoku
    Battle of Navarino - Ivan Aivazovsky
    La tension grandissante entre les deux protagonistes ne pouvait que laisser présager le pire des scénarios, un drame était sur le point de se produire et le timing était particulièrement désastreux compte tenu des récents événements qui chamboulèrent cette bataille pour Kaizoku. Ils s'observent et se jaugent pendant de très longues secondes. Face à cette créature difforme aux penchants belliqueux, Eliëndir se jouait de quelques traits d'humour et utilisant les mots à son avantage dans l'espoir de se défaire de cette épineuse situation. Un esprit lucide et réfléchi qui a très bien compris que personne ne serait gagnant à s'entêter dans la violence. Eliëndir ne prend part à un combat que quand il est sûr de gagner, ce n'est pas le cas aujourd'hui. De ce constat, ni le démon, ni l'elfe n'osèrent sceller le destin de cette rencontre dans le sang. Il leur faudrait bien plus de temps qu'ils n'en ont actuellement, ne serait-ce que pour espérer pouvoir se défaire de leur adversaire. L'interrogation du mage noir s'en était pas vraiment une, il sait parfaitement pourquoi Savoir est à la recherche de Violence. En réalité, elle ne lui servait qu'à gagner un peu de temps dans le cas où une issue pacifique n'était pas envisageable. En revanche, le Mélornois a un léger haussement de sourcil au sujet de cet "Ordre des Fondateurs". C'est un terme dont il n'a pas eu connaissance malgré ses nombreuses recherches sur le Compendium, ni grâce à sa collaboration avec Violence.

    D'abord dans l'incompréhension, l'Elfe se mûre dans le silence et l'impassibilité. Plissant légèrement des yeux quand le petit rayon de lumière de son vis-à-vis semble venir l'inspecter, l'éblouissant au passage pendant moins d'une seconde. Il ne relâche pas pour autant sa vigilance, attendant sagement de connaître les véritables intentions de son mystérieux interlocuteur avant de prendre une décision. Il constate bien vite que quelque chose est en train de changer, cet œil rouge particulièrement menaçant semble disparaître pour prendre une teinte aux couleurs froides, le processus qui annonce un changement de personnalité dans le comportement du Démon et Eliëndir va bientôt le comprendre à son tour. Plus encore, c'est la voix de son vis-à-vis qui change du tout au tout. Il a même l'impression que c'est une tout autre personne qu'il a devant lui, pourtant l'apparence de la créature reste inchangée. L'Elfe n'a pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'ils sont interrompus par une énième secousse et un grondement assourdissant en provenance du volcan. Le mage noir doit faire un effort pour garder l'équilibre. L'apocalypse est proche, ainsi que le dénouement de toute cette histoire. Et il n'a aucune intention d'être encore dans les parages quand ça va péter.

    Voilà bien une première affirmation qui met tout de suite d'accord Eliëndir et Savoir. Le Compendium a été laissé sans surveillance pendant trop longtemps et en l'occurrence, pour la sécurité de Melorn et celle de sa famille, cette responsabilité lui incombe.

    « Je plussoie tes paroles. Je vais peut-être te décevoir mais les soeurs sont introuvables. Chaos était entré en contact avec l'une d'elle, mais aucune trace des autres. »

    Quelques miettes, quelques bribes d'informations qu'il daigne révéler juste pour tenir son interlocuteur en haleine. Le temps que les grondements annonciateurs de destruction baissent temporairement en intensité. D'une curiosité impossible à réfréner, Eliëndir détourne à son tour les yeux en direction du sommet fumant et expulsant d'imposants nuages nocifs depuis son cratère. La situation est urgente, nécessitant une réaction immédiate avant qu'il ne soit trop tard. Se battre n'est même plus une option viable pour qui que ce soit sur cette île maudite qui disparaîtra bientôt de la carte, balayée par la colère de Mère Nature. D'une injonction silencieuse, les ombres se tortillant à ses pieds se dispersent d'un seul coup pour retourner à leurs places initiales. La lame spectrale qu'il tenait toujours dans la main, disparaît à son tour dans des particules de mana qui s'évaporent dans l'air. Savoir a raison, il est temps de retourner à Melorn où le calme règne car Eliëndir commence à en avoir sa claque des sudistes à la con.

    C'est alors qu'il se met à suivre Savoir du regard car celui-ci porte son attention vers l'horizon. Il a eu l'occasion de voir ses capacités pour la téléportation, entre deux rayons annihilateurs notamment. Eliëndir pourrait rejoindre le port de lui-même en traversant les cieux de la cité pirate. Peut-être même qu'il pourrait quitter Kaizoku par ses propres moyens. Malgré tout, ce serait dommage de passer à côté de cette opportunité d'en savoir un peu plus sur le Compendium et sur celui qui en fut le gardien. Le mage noir acquiesce de la tête, levant une barrière mentale parce qu'on est jamais trop prudent et s'approchant de Savoir pour saisir cette main décrépit qu'il lui tend. Instantanément, les deux protagonistes quittent les ruines de la forteresse pour traverser une petite partie de l'île. Ils font leur réapparition quelque part sur le port, face à un navire pirate toujours amarré que l'Elfe se surprend à reconnaître assez facilement puisqu'il est déjà monté à bord de celui-ci. Comme quoi, le hasard fait bien les choses. Aucun doute, le Belladonna n'a pas vraiment changé depuis sa dernière visite à Kaizoku. Il espère faire le même constat avec sa propriétaire.

    Le mage noir relâche la main du démon et vient se saisir de sa capuche qu'il tire sur sa tête pour se cacher une partie du visage aux yeux des quelques civils qui cherchent désespérément une embarcation pour évacuer en catastrophe. Dans son cas, il est certain que la capitaine du navire fera un peu de place pour l'accueillir lui et le démon qui l'accompagne. Ce sera une bonne occasion de renouveler leur partenariat si prolifique jusqu'à aujourd'hui car malheureusement pour eux, la disparition de Kaizoku ne va pas arranger leurs affaires. Finalement, lui qui aurait dû être gagnant peu importe l'issue de ce conflit, se retrouve quand même perdant sans la plaque tournante qu'était la cité pirate. Il va falloir trouver une alternative à tout ceci mais pour l'heure, la priorité est ailleurs. Au moins, c'est une bonne occasion de rattraper le temps perdu. L'Elfe lève la tête vers le bastingage, croisant l'œil solitaire du capitaine Néphariane déjà afférée à trier les passagers, un sourire enjôleur naissant sur le visage de l'Elfe.

    « Bonjour Althéa. Cela faisait longtemps. »

    Un peu moins d'un an, pour être exact. Le mage noir emprunte la passerelle du Belladonna pour monter sur le pont supérieur, sans demander l'autorisation et ignorant royalement les quelques âmes sans intérêts qui s'agitent autour de lui. Rejoignant la sirène pour la saluer d'un baise-main avant le grand départ, la lame des vents dans ses œuvres pour apporter un petit coup de pouce bien senti aux voiles de son navire. À moins d'être jeté dehors comme un malpropre, Eliëndir quittera Kaizoku à bord du Belladonna. En la très charmante compagnie d'Althéa et l'un peu moins agréable présence de Savoir.

    Résumé:

    CENDRES
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  • Mar 15 Aoû - 20:33
    Pendant qu'Altarus progresse sur les quais, et pas seul, dans notre direction, j'entends du bruit dans l'escalier, on monte depuis la cale. Je me crispe, arbalète à la main, en m'attendant à voir une autre grognasse de sorcière sortir de là, histoire qu'on en finisse enfin avec cette journée de merde. Et dans un mélange de surprise et de soulagement, je vois la tête de Crocus débouler sur le pont, un linge pressé contre son visage d'une main, un salami à peine croqué dans l'autre. Je baisse l'arbalète, j'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il me fait un signe de tête. Pas besoin de long discours, je sais très bien ce que ça veut dire. Il est blessé mais pas en danger, et il est pas d'humeur à parler. Je peux pas vraiment lui en vouloir.


    Je sais pas quelle blessure il cache sous ce bout de tissu pas bien propre, mais en tout cas il respire, et il tient debout. Ca devrait être plus qu'assez pour chasser ce sentiment atroce. Je vois même la Fae sortir quelques secondes après, derrière lui. Et pourtant non, il reste là, il me transperce plus vivement que ce putain de pieu de givre de tout à l'heure. Et il me glace plus encore. Faut croire que les traumatismes, ça repart pas aussi facilement que ça remonte.


    Sans desserrer les lèvres, je regarde autour de moi. Au moins, j'ai besoin de dire à personne qu'on se taille d'ici, tout le monde a l'air d'avoir la même idée en tête. Y'en a bien deux ou trois pour jouer les héros et faire de l'humanitaire, mais c'est pas mon problème. Altarus est à bord, on a un capitaine qui sait ce qu'il fait. On a récupéré un équipage de fortune. On décampe.

    - "Capucine, ramène ton cul sur le port, on dégage de ce trou à rats. On a un bateau, en plein milieu des quais." Je préviens la frangine par télépathie. Elle attendait en bordure de la ville donc je m'en fais pas, elle a pas été touchée par tout ce bordel, mais quand le volcan va péter ça sera une autre paire de manches.


    Ca s'affaire sur le pont. Ca court dans tous les sens, Crocus aussi d'ailleurs. Ils ont l'air de savoir ce qu'ils font, ça tombe bien, c'est pas mon cas donc je vais les laisser faire. Machinalement, je descend vers la cale. Ca grouille de blessés dans tous les sens. J'avais pas réalisé qu'ils avaient fait monter autant de monde. Pas que j'en ai quelque chose à foutre cela dit. J'avance vers des caisses entassées dans un coin. Y'en a bien une qui contiendra ce que je cherche, c'est un navire pirate, faut pas déconner.


    Je croise Lil' en train de courir partout, comme à son habitude j'ai l'impression, parmi les blessés. Elle a le cœur de s'occuper d'eux après tout ça, tant mieux pour elle. En passant à sa hauteur, je pose pendant une petite seconde une patte sur son épaule en murmurant un petit "Merci Lil'". Je sais pas ce qu'il s'est passé en bas avec la sorcière, mais s'ils s'en sont sortis, c'est que les deux ont fait leur part, et ça vaut bien un merci. Pas sûr qu'elle l'ait entendu, même s'il y a un silence de plomb dans la cale, dehors c'est toujours un sacré raffut. Dans tous les cas, je m'éclipse sans m'en assurer et avant qu'elle ait le temps de répondre quoi que ce soit.


    Comme prévu, dans une des caisses, il y a bien quelques bouteilles de rhum. J'en saisis une avant de remonter sur le pont. Sans entrain, sans colère, sans tristesse, je traine ma carcasse jusqu'à l'air libre. Voir des gens crever, des explosions qui pulvérisent des bateaux et des bâtiments entiers, des ruines et des décombres qui baignent autant dans l'eau de mer et la boue que dans le sang, ça m'a pas fait grand chose. Penser que j'allais perdre un autre frère sans pouvoir rien y faire, si.


    Emmuré dans mon silence qui reflète plutôt bien le vide qui règne dans mon esprit à l'instant, je descend une grosse goulée de rhum, en espérant un peu que la brulure de l'alcool réchauffe mon corps et que son effet réchauffe mon âme. Enfin, je me mens à moi-même. Ca n'a jamais marché, ça ne marchera jamais, j'insiste juste parce que j'ai rien de mieux à faire. Je m'assois près de la poupe, en balayant les quais du regard.


    Une petite détonation retentit à une dizaine de mètres. Je sais très bien de quoi, ou plutôt de qui, il s'agit, mais je scrute quand même dans la direction du petit nuage de fumée pour en voir jaillir un raton. Je porte mes doigts à mes lèvres pour siffler un grand coup et attirer son attention, avant de lui faire un grand geste avec ma bouteille, comme un con, en renversant un peu de rhum sur le pont. Elle a l'air d'avoir le poil mouillé, mais elle s'en tire bien. Mieux que nous on dirait. Elle court à trois pattes, la dernière occupée à plaquer son chapeau contre sa tête. Je la vois mordre au passage le mollet d'un pirate immobile en train de chercher quelque chose du regard, qui hurle autant de douleur que de surprise. Je dirais bien que c'était gratuit, mais sans ces raclures, on n'en serait pas là. Donc mérité.


    Quelques secondes plus tard, je la vois grimper d'un saut sur la proue du navire qui frôle le quai. Au moins on est tous là. Le reste de ces fumiers, républicains comme pirates, peut bien flamber avec leur île de merde, c'est pas mes affaires. On est venus à trois, on repart à trois. On était payés pour buter un pauvre type, on en a descendu bien plus que ça, et vu le peu de survivants, ça m'étonnerait que cette petite merde s'en soit tiré. Au pire si c'est le cas, je le retrouverai. Mais sur le continent cette fois.


    Toujours appuyé contre la rambarde, je vois les quais s'éloigner en engloutissant une autre gorgée de rhum. Ca flambe, ça gueule, ça crie. Et bientôt, ça va péter. En temps normal, ça m'aurait un peu amusé. Mais ce matin, j'ressens rien. On s'est jetés dans cette foutue bataille parce qu'on pensait se défouler un peu. Ca a pris une sale tournure. Et ça a rouvert de mauvaises blessures, au sens propre comme au figuré. Et putain, qu'est-ce-que j'ai froid...


    Je baisse les yeux sur ma patte gauche, refermée autour de la bouteille. Une très fine couche de givre bleuté commence lentement à recouvrir le bout de mes doigts et à se propager sur le verre sale. D'un geste brusque, je prends la bouteille de l'autre main et je frotte vigoureusement mes doigts contre ma chemise. La glace s'en défait et disparait très vite, mais la sensation de froid ne me quitte pas.

    - "Qu'est-ce-que..."



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  • Mer 16 Aoû - 1:03
    APOCALYPSE IMINENT
    He's a Pirate [Event "Attaque sur  Kaizoku" - République.] - Page 19 9hk4

    @Altarus Aearon – @Althéa Néphériane - @Athénaïs de Noirvitrail - @Alvida Delahaye@Azura Aiwenor – @Carl Sorince - @Ciguë - @Crocus – @Le Docteur@Dorylis de Rockraven  - @Eliëndir  – @Gunnar Bremer@Klak-Klak Boom - @Lil' Nwalma – @Maria Donovan -  @Neera Storm  @Pancrace Dosian - @Pyxis Tiamat@Rulka - @Savoir - @Semar Tarik  

    Il était trop tard, à présent, pour tenter quoi que ce soit.

    Dans une énorme colonne de fumée noire, la rage du volcan s’échappa de son sommet, se détachant violemment contre le ciel et jetant un voile de ténèbres sur la cité toute entière. Les flammes ardentes dansaient dans cette masse ténébreuse, projetant étincelles et éclats de lumière en tout sens, leur lueur incandescente contrastant violemment avec l'obscurité naissante, offrant à chacun des civils et des militaires présent une vision digne d'un pure cauchemar.

    Les premières explosions secouèrent la terre, envoyant des rochers en fusion et des fragments de lave dans les airs. Des éclats de pierre incandescente fusèrent, dessinant des arcs brûlants dans le ciel, avant de retomber sur Kaizoku tels des météores enflammés, créant des incendies où ils touchaient le sol et rappelant brutalement ce que la cité avait déjà vécue par deux fois, cette nuit. La fumée s'épaississait, s’étendant telle une ombre menaçante, obscurcissant complètement le ciel. Les nuages de cendres et de gaz toxiques s'étendaient tels des doigts sombres, étouffant la lumière du soleil et plongeant la cité portuaire dans une obscurité inquiétante. Le sol continuait de trembler, comme si la terre elle-même souhaitait protester contre la colère du volcan.

    Les étals marchands et les cargaisons qui jadis remplissaient les quais étaient désormais laissés à l'abandon. Des caisses et des marchandises étaient renversées dans la précipitation, laissant derrière elles un chaos de biens abandonnés. Le fracas des objets tombant sur le sol se mêlait aux hurlements des gens, créant une toile sonore de désolation, alors que les bateaux encore amarrés aux quais étaient en proie à la tumulte la plus absolue. Les marins s'affairaient frénétiquement à larguer les amarres, certaines embarcations s'éloignant précipitamment de la côte dans une tentative désespérée de fuir le danger. Les vagues, autrefois calmes et berçantes, étaient maintenant agitées et turbulentes, rendant difficile la navigation dans les eaux déchaînées.

    Les autorités locales tentaient bien de maintenir un semblant d'ordre, mais la situation était rapidement devenue incontrôlable suite à la disparition de Fieracier. Les cloches d'alarme ne cessaient de hurler à travers la ville, mais leur appel à l'évacuation semblait étouffé par les cris de détresse et le fracas des météores incandescents. Les équipes de secours tentaient d'aider les plus vulnérables, guidant les personnes âgées, les enfants et les blessés vers des zones de sécurité, mais les rues étaient si encombrées qu'il était difficile de faire avancer le moindre pas.

    Les vagues de chaleur provenant du volcan faisaient onduler l'air, créant des distorsions visuelles qui ajoutaient à la confusion ambiante. Les passants affolés couraient dans toutes les directions, cherchant désespérément un abri loin de l'horreur qui se déroulait à proximité. Les visages étaient marqués par la peur, les yeux écarquillés de terreur alors que chacun tentait de sauver sa vie et celles de ses proches. L'évacuation se transforma en une bataille pour la survie, une lutte désespérée contre la nature en colère. Les quais, autrefois symboles de commerce et de vie, étaient maintenant le théâtre d'une tragédie humaine en cours, où chaque instant comptait dans la course contre la destruction imminente.

    Quelques uns des héros qui avaient participé à la bataille, qu’ils soient pirates ou républicains, tentèrent de faire ce qu’ils pouvaient pour assister les civils dans leur fuite, mais le flot incessant de citadin semblait sans fin.


    Puis vint le moment tant redouté.

    Une explosion cataclysmique déchira l'air, projetant une gigantesque boule de feu dans le ciel, projetant Rulka en arrière et brisant ainsi les derniers liens qu’elle tentait d’infliger à sa Mère. Les flammes dévorèrent tout sur leur passage, transformant le paysage en cendres et en chaos. Le grondement de l'explosion fut si puissant qu'il sembla engloutir le monde entier, étouffant les cris de panique et de terreur. La lave en fusion jaillit du sommet du volcan, dévalant ses pentes avec une violence inouïe. Un flot de destruction, incandescent et destructeur, avança inexorablement vers la cité portuaire.

    C’est là que le fracas assourdissant du volcan en éruption parvint jusqu’aux quais, emplissant l'air comme une symphonie infernale jouée par les forces d’une nature sans pitié. Les cris de panique et les hurlements se mélangèrent au rugissement du volcan, créant une cacophonie de terreur qui semblait impossible à apaiser.


    Alors que la catastrophe volcanique atteignait son paroxysme, une ombre immense et insondable se dessina sous la surface de l'océan. Les vagues elles-mêmes semblaient réagir à sa présence, formant des tourbillons turbulents autour de cette entité mystérieuse.

    C’est là que la silhouette mystérieuse sembla s’agiter.

    Dans une majesté incroyable, un Kraken colossal émergea des profondeurs abyssales. Ses tentacules immenses s'élevèrent au-dessus de l'eau, dépassant la hauteur des plus grands navires. Lentement, avec une grâce surréaliste malgré sa taille impressionnante, elle se rapprocha de la côte, épargnant les navires qu’elle croisait, avant que ses tentacules massifs ne s’étendent dans toutes les directions, semblant désirer enlacer la mer elle-même. Si une partie aida quelques navires remplie de réfugiés à s’éloigner le plus possible de la cité, la majorité vinrent se placer entre la course ardente de la lave et les zones d’évacuation des citadins. Des tourbillons d'eau et de vapeur se formèrent autour des tentacules du Kraken, créant une barrière protectrice entre la lave en fusion et les civils qui tentaient désespérément de fuir. Elles agissaient comme d'énormes digues, retenant les flots destructeurs de lave, offrant un abri temporaire à ceux qui se trouvaient derrière cette étrange forteresse d'eau. Là où les tentacules touchaient la lave incandescente, celle-ci sembla se figer, se cristallisant en une hideuse parodie de cristal.

    Cependant, même un Kraken, aussi puissant soit-il, n’était invulnérable à la rage d’un volcan. Des cris retentirent, témoignant de la souffrance qui était la sienne, mais qu’il acceptait, dans le seul bût de protéger ceux qui, depuis quelques années à présent, faisaient partis de la République.

    Des cris de surprise et d'espoir s'élevèrent parmi les survivants. Certains, terrifiés par la créature colossale, observaient avec une mélange de fascination et de gratitude. Avec son soutien, l’évacuation put se poursuivre.

    Et pendant que la débâcle s’opérait et que le navire du Docteur s’éloignait paisiblement, ses précieuses marchandises à bord, le bois de sa cale s’agita quelques instants, semblant respirer. Dans une grâce tout coutumière, Akhos y apparue, avant de se diriger droit vers le Docteur, un petit sourire carnassier. Elle n’était cependant habité d’aucune intention belliqueuse, bien au contraire. C’est en tant que passagère et messagère qu’elle venait ainsi sur le Mortepeste. Anadéïa s’y trouvait déjà, ruminant son insolente défaite en observant le vide devant elle d’un œil mauvais et maudissant sans cesse Neera. Sa sœur resta de marbre, se dirigeant d’un pas léger vers l’homme à la silhouette singulière, lui remettant entre les mains deux morceaux de papiers. Le premier était une lettre lui étant destinée, le second était un permis d’amarrage en le port de la bonne ville de Courage, accompagné de son numéro d’embarcadère. Quelqu’un semblait bien impatient de rencontrer en personne ce génie explosif.

    Peu à peu, les quais se vidèrent, tant des réfugiés que des navires amarrés. Ceux qui n’avaient put s’y rendre tentèrent de trouver le salut dans la campagne de l’île, mais la plupart moururent d’asphyxie avant d’avoir réellement put s’éloigner du volcan.

    Ceux qui s’entassaient sur les ponts des navires, pirates comme républicains, ne purent qu’être les témoins dévastés d’une cité qui l’était tout autant. Les flammes la dévoraient avec une voracité insatiable dans un infernal ballet de destruction. Les bâtiments qui avaient jadis été la fierté de ses habitants s'effondraient à présent en vulgaires ruines fumantes, projetant des étincelles incandescentes dans l'obscurité de la nuit artificielle qui c’était imposée. Les rues n’ étaient plus que des couloirs de feu où l'air était étouffé par la chaleur intense et l'odeur âcre de la destruction et des corps carbonisés.

    Les navires, surchargés de gens et de quelques biens précieux, se balançaient sur les vagues agitées alors qu'ils s'éloignaient de la côte. Les familles se serraient les unes contre les autres, cherchant le réconfort et la sécurité dans ce chaos. Les enfants pleuraient, les adultes échangeaient des regards emplis de détresse, sachant que l'inconnu les attendait au-delà de l'horizon. Les cris, les lamentations et les prières des réfugiés se mélangeaient au crépitement des flammes, créant une mélodie de désespoir et de peine. Les passagers des navires tournaient leurs regards vers la ville en flammes, leurs visages marqués par la tristesse et le choc. Les lumières des incendies dansaient dans leurs yeux, reflétant la catastrophe qui se déroulait derrière eux. Les souvenirs de leurs maisons, de leurs quartiers et de leurs vies étaient en train de partir en fumée, et l'horreur de la situation se lisait sur chaque visage.

    Le ciel lui-même semblait pleurer, car des cendres et des étincelles brûlantes étaient emportées par le vent, tandis qu’une Kaizoku en flamme se reflétait dans les eaux de la mer qui avait jadis été son histoire, dans une image déformée de destruction et de désolation.

    C’était fini.

    Réellement ? Pas exactement.

    Il restait un dernier coup à jouer, celle de la silhouette qui, déjà, se propulsa à une vitesse prodigieuse depuis les hauteurs, tranchant l'air avec une élégance presque hypnotique.

    Alors que les regards étaient rivés sur l’incendie, le volcan et le Kraken qui tentait d’en contenir la marée destructrice, la silhouette arriva à son point culminant. Un éclat de lumière sombre sembla émaner d’elle au moment où elle s'approchait du monstre marin. Dans un éclat fulgurant qui illumina momentanément la nuit artificielle, elle frappa le flanc du Kraken. Le contact fut bref mais intense, et l'impact arracha quelques gouttes de sang de la créature marine.

    Le hurlement qui s'échappa du Kraken fut terrifiant, un mélange de douleur, de surprise et de colère. La créature secoua ses tentacules dans un geste désespéré, comme si elle essayait de repousser l'attaque mystérieuse. Les flots autour du Kraken s'agitèrent avec une intensité renouvelée, créant des vagues tumultueuses qui s'écrasaient contre les côtés des navires et les restes des bâtiments.

    Puis, aussi soudainement qu'elle était apparue, la silhouette mystérieuse sembla se dissoudre dans l'air, se fondant dans l'obscurité de la nuit, son précieux trésor en main. Le Kraken, quant à lui, retourna dans les tréfonds de l’océan, sa mission achevée.

    Ainsi s’acheva véritablement cette nuit d’horreur sans nom, par une nouvelle question.

    Missions :
    - …

    Note du MJ - A LIRE:


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    Apparence Sorcière:
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  • Mer 16 Aoû - 11:48
    Alors que les vagues frappent la coque de l'intrépide Belladonna, les passagers éreintés à son bord ne peuvent qu'être les témoins bouche-bée du choc colossal qui s'offre à eux. La puissance du Kraken, une créature mythique aux pouvoirs insoupçonnés, contre un impétueux volcan en éruption, une tourmente de la nature indomptable. Ce spectacle terrible duquel dépendent d'innombrables vies civiles se joue encore sur les quais, plongeant dans le désarroi tout ceux assez fortunés pour déjà voguer sur les flots. Quelque part c'est presque un soulagement coupable qui habite les navigateurs sachant pertinemment que les places auraient pu être inversées, et tous sont reconnaissant de leur bonne étoile ce matin pour être en vie à la fin de cet enfer sur terre.

    Sur le pont du Belladonna, les pattes griffues de Savoir agrippent le bois des planches pour s'y accrocher fermement, la créature démoniaque reste stoïque là où elle est, son oeil violacé dardant d'un regard perçant la bête horrifique qui retourne lentement dans les profondeurs de la baie. À ses côtés, les autres membres de l'équipage sont terrifiés mais continuent de s'agiter entre les voiles, les mats et les cordes pour faire fonctionner le navire sous les ordres assurés de la capitaine Néphériane. L'engeance du Compendium commence d'ailleurs à chercher la crinière rousse de son oeil unique et se dirige vers le pont supérieur lorsqu'elle la repère derrière le gouvernail. Arrivant enfin à sa hauteur, l'oeil bleuâtre foncé la dévisage un cours instant, et elle lui dit:

    Vous avez réussi à votre épreuve Althéa Néphériane, soyez bienheureuse, vous êtes une championne des mortels.

    À l'arrière du navire, de l'autre côté du pont supérieur, Ica remarque également la présence discrète d'Eliëndir qu'elle avait perdu de vue en montant à bord du vaisseau. Le mage noir de Melorn attise la curiosité de Ra mais Ica sait que tout les yeux de Savoir auront finalement besoin de le rencontrer, pour l'instant il est urgent de retourner au Compendium laissé à l'air libre trop longtemps depuis le départ du Démon, la Cité du Printemps éternel est remplie d'érudits trop curieux pour leur propre bien et de fouineurs mals avisés. Il serait tout de même fâcheux qu'un nez égaré tombe sur la bibliothèque ésothérique et ne se mette à pratiquer ce savoir obscure. À terme le Démon de la Connaissance et le Maître des Ombres parviendront peut-être à trouver une bonne solution à la conservation du pouvoir caché qui sommeil dans ce lieu, ou peut-être qu'ils n'auront pas le choix et devront recourir à une finalité plus radicale, quoi qu'il en soit ils se reverront à Melorn, c'est une inévitabilité.

    Alors que les vents s'engouffrent dans les voiles pour éloigner le navire du funeste théâtre de la bataille, Savoir jette un dernier regard sur l'île ravagé, et l'oeil vert de Ra se réveille, l'espace d'un instant, en conjonction avec ica, sa voix nasillarde et agaçante enregistre une nouvelle anecdote dans l'histoire de Sekaï:

    Aujourd'hui même, l'île de Kaizoku a été détruite dans une éruption volcanique.


    Résumé:
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    Invité
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  • Mer 16 Aoû - 13:21
    He’s a Pirate
    Event Kaizoku


    Un foyer de plus ravagé par les flammes. Des amis, des gens qu'elle considérait sincèrement disparus dans cette cendre mortelle. On lui avait encore arraché ceux qu'elle aimait. Deux larmes silencieuses coulaient sur ses joues tachées de sang tandis qu'elle contemplait l'île, le dos droit mais rigide et ses jambes vibrantes et sur le point de céder sous son propre poids.

    Alvida, l'insaisissable corsaire, celle qui riait de tout, se jouait des autres comme un chat s'amuse d'une souris, venait d'être marquée au fer. Ébranlée, choquée. Elle refusait ce destin. A quoi bon survivre si tout doit toujours disparaître autour d'elle ? Sa mère, son père, son capitaine et maintenant son équipage, ses amis, ceux qu'elle considérait comme sa famille.

    Dévastée, la jeune femme revoyait le visage de ses camarades disparus. Ceux qui ont succombé aux assauts de magie sombre de la sorcière, les survivants emportés par le raz-de-marée provoqué par une entité démoniaque, son ami embroché à cause de celui qui l'avait convaincu de venir, les malheureux empoisonnés victimes d'une expérience atroce et enfin… La lave et la cendre d'un volcan qui n'aurait jamais dû entrer en éruption venait d'emporter les derniers…

    Alvida voulait hurler sa peine, écorcher de ses propres mains les ordures qui ont tué les siens et détruit leur foyer ! Mais elle s'en voulait de ne pas avoir su dire non, de ne pas avoir obligé son équipage à rester en dehors de cette attaque, elle savait qu'ils l'auraient écoutée, leur vie à eux aurait été sauvée, au moins eux…

    Alors que la corsaire s'agitait, le colosse la retint. Elle s'écroula, tombant dans les bras puissants de Garric qui la retenait fermement. Ils restèrent ainsi, immobiles et silencieux, ballottés par les vagues.

    « Navire en vue ! » finit par crier une voix au-dessus du duo.

    Et pas n'importe lequel : Le Léviathan. Sublime bateau ayant traversé les âges, il trônait fièrement, attendant son capitaine. A son bord étaient restés quelques marins, ceux qui ne savaient pas se battre, et Kayleen. Essuyant son visage, la rouquine tenta de se redresser. Elle devait rester forte, elle n'avait pas le droit de flancher. Pour Elle.

    Après avoir signalé sa présence au Léviathan, la capitaine donne quelques instructions pour l'amarrage, elle s'active sur le pont, aide les marins. Le désir de retrouver sa maison flottante s'était fait ardent et son impatience était, elle, devenue insoutenable. Alors, lorsque les deux bateaux furent suffisamment proches pour permettre le passage, la corsaire s'empressa d'aller saluer son partenaire de galère.

    « Merci l'ami, nos chemins se séparent ici. Si d'aventure on se recroise, j'me souviendrai que j'vous en doit une. »

    D'un salut de la tête, elle rejoint son camarade déjà prêt à embarquer puis les deux corsaires quittent pour de bon l'embarcation de l'hybride. Sitôt mis pied au plancher qu'une tignasse châtaigne surgit sur le pont.

    « Al ! Ric ! » s'écrie une adolescente portant un tricorne ressemblant à celui de la capitaine. « Le volcan… L'île, elle… Où sont les autres ? »

    Face aux visages fermés et meurtris des deux adultes, les yeux émeraudes se gorgent de larmes. Alvida sent sa poitrine se soulever, ses pupilles deviennent piquantes, mais elle résiste, se contente d'ouvrir les bras pour laisser Kayleen y plonger et fondre en larmes. Un bras serrant le petit être, l'autre main dans la chevelure de l'enfant dont le visage disparu dans le chemisier, la rousse corsaire serre la mâchoire, se mordant la lèvre pour ne pas la faire trembler.

    Garric reste en retrait, échange un regard grave mais entendu avec sa capitaine puis il s'éloigne du duo, s'avançant vers les quelques matelots. L'ambiance est lourde, les esprits inquiets et incertains. Peu importe, il faut s'en aller maintenant. Le colosse les encourage, transmet des directives : cap vers la baie la plus proche.

    Les explications attendront. La priorité est de quitter Kaizoku pour de bon…

    ***

    Dans le navire du capitaine Altarus les évènements sont plus impressionnants encore. Les hommes et femmes du Léviathan montés à bord font tout leur possible pour manoeuvrer. Ils écoutent les directives qu'importe l'identité du capitaine et font leur maximum pour aider au départ. Dans le tumulte, ils parviennent à quitter la baie, assistent, médusés, à l'apparition du kraken. Fort heureusement, ils font partie des bateaux ignorés par la créature, glissant sur les flots non loin de ses immenses tentacules.

    Et puis… ils s'éloignent, le regard captivé par la scène glaçante du géant des mers protégeant les rescapés de son mieux face à la terrible fatalité. Sarah ne peut s'empêcher de s'approcher de Gunnar, posant une main compatissante et ô combien tremblante sur l'épaule de ce dernier. Elle aussi, sa famille y vivait. Comme beaucoup de membres du Léviathan. La peine, immense, est partagée. Le choc également.

    CENDRES



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  • Mer 16 Aoû - 13:48








    Le bateau naviguait toutes voiles tendues. Marchant doucement sur le pont du bateau, je me dirigeai vers l'arrière du navire afin d'observer le spectacle ardent du volcan qui se déchainait. La finalité se déroulait sous mes yeux, tandis que les marins s'acharnaient à faire avancer le Mortepeste le plus rapidement possible. Puis, soudainement, le bois se mit à chanter. De ce dernier, la sorcière que j'avais pu observer au fortin pirate sembla en sortir comme l'on sortait du lit. Souriante, cette dernière se montra particulièrement amicale. Tant mieux, je n'aurai pas véritablement souhaité m'opposer à une force de la nature comme elle. Et puis, elle semblait tout autant apprécier mes travaux que le reste de l'équipage. En revanche, sa sœur semblait particulièrement amer. Aussi, je m'en amusai légèrement tandis que j'observai l'imposante sorcière s'approcher de moi. Elle me tendit alors une lettre, ainsi que divers papiers que je pris sans me faire prier. Dans une révérence à peine exagérée, je déployais ma cape dans un mouvement large, me donnant encore plus une stature de corvidé.

    * C'est un véritable plaisir. Je vous remercie bien. Une destination particulière en tête très chère? *

    Elle étira un large sourire, se dirigeant vers le capitaine et me laissant seul. Déployant donc la dite lettre, je lisais son contenu  d'un œil intéressé tandis que le reste de l'équipage changeait le cap du navire. De nouvelles possibilités. De nouveaux horizons. Kaizoku avait changé pas mal de choses, malgré cet étrange statut quo qui venait frapper les différents belligérants. Quoique... Il y avait quelques frères des côtes qui étaient tombés entre temps. Repliant la lettre, je plaçais cette dernière dans ma sacoche tandis qu'un des flibustiers hurlait. Au loin, contre l'île, une créature mythique venait de faire son apparition et commençait à utiliser son corps comme une gigantesque barrière à la lave se déversant depuis le volcan. Une dernière manœuvre républicaine, noble et satisfaisante. L'espace d'un instant, l'image du kraken arrivant tandis que les pirates combattaient encore m'étira un sourire amusé. Oh, comme les choses auraient été différentes si le magma du volcan n'avait pas été déchainé. Potentiellement, les pirates auraient tous été arrêtés, voir exécutés. Fort heureusement, les forces de la nature avaient souhaité agir autrement. Une aubaine pour des personnes comme moi. Un fléau pour n'importe quelle âme impliquée.

    - C'est un sacré bestiau ce truc. J'pensais pas qu'il était réel.

    Tournant la tête vers l'artilleur principal, j'haussai simplement les épaules en guise de réponse. C'était une vérité, que la créature n'existait jusqu'à lors que dans les fables. Pourtant, elle était bien là, dominant les flots et absorbant toute la rage ardente de l'île aux pirates.

    - Ouep. Bha on va se tirer de là hein, inutile de voir si le poulpe parvient à stopper ça ou bien s'il devient un calamar grillé.

    Nouveau haussement d'épaules, puis détournement du regard. Mon intérêt venait de s'estomper avec la continuité des événements. A vrai dire, mon esprit se dirigeait déjà vers la suite des événements. Bien plus important pour ma propre personne que le statut finale d'une île sur laquelle je ne mettrai sans doute plus jamais les pieds. Quoique... Peut-être dans quelques mois afin d'observer de potentielles retombées de mes expériences sur l'environnement. Le marin s'exprima de nouveau, observant le kraken alors que ce dernier venait de subir une visible attaque.

    - Oh le con, il vient de s'en prendre une bien violente là!
    - Konrad. Le marin sursauta. Retourne t'occuper du perroquet. On a besoin de toute la voilure.

    Le flibustier s'exécuta sans se faire prier, alors que le capitaine revenait à mon niveau. Posant ses deux pupilles sur mon masque, il soupira longuement.

    - La nuit aura été longue. Mais nous partons enfin. Même si rien de significatif n'aura au final été accompli.
    * Vous avez au moins un passe droit pour votre navire. C'est déjà bien pour un pirate qui ne vivait que du recel illégal de stupéfiants. *
    - C'est vrai. Mais tout de même, je crois qu'il y a un peu d'amertume en moi. Le fait de voir l'île pour laquelle je me battais être réduite à l'état d'une catastrophe naturelle me désole profondément. Enfin. Rien qu'une bonne bouteille et une bonne compagnie ne sauraient réparer. Nous avons changé de cap du coup. Direction...
    * Courage? *
    - Courage. Je crois que vous y êtes attendu.
    * Je le crois bien, oui. *
    - Là, je sais pas trop si j'aimerais être à votre place plutôt que la mienne. Mais hey, c'est vous le génie.

    Nouveau haussement d'épaule. Puis, je laissai le capitaine reprendre son œuvre. J'avais de nombreuses choses à écrire dans mon carnet. Fort heureusement, les ports de Courage n'étaient pas les plus proches.  

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  • Mer 16 Aoû - 13:48
    Une patte sur la barre, les yeux dans le vide, Crocus obtempérait face aux demandes du capitaine qui venait de mettre les pieds sur son navire volé. Si d'ordinaire il se serait permis de lui faire une remarque ou de l'insulter copieusement, il n'en fit rien. La force lui manquait tout autant que l'envie et c'est avec un hochement de tête faible qu'il répondit aux injonctions de la Fae qui tentait tant bien que mal d'apaiser ses souffrances. Soupirant à intervalles réguliers, le raton-laveur sentait sa haine grimper en flèche, ses veines bouillir sous sa peau, son coeur s'emballer tandis qu'ils s'éloignaient des quais sous l'impulsion magique de ses deux compagnons. Il s'en voulait terriblement, mais la culpabilité ne l'aiderait pas à se défaire de ce pétrin.

    Après avoir pris le bon cap, Crocus se retourna vers Altarus, le toisant un instant, se demandant ce qui avait bien pu le piquer pour se préoccuper à ce point de son sort et lorsque la lave jaillit dans leur dos dans un vrombissement sourd, l'hybride ne put que soupirer. Encore et encore, jusqu'à ce que l'air ne lui manque. Toute cette journée n'était qu'un ramassis de conneries, d'enchaînements d'événements sans queue ni tête, a commencer par leur présence à Kaizoku. Il avait fallu que son frère déniche un contrat ici à cet instant précis et lui demande de l'aide. Son frère… son regard repartit dans le vide, ses mouvements devenus mécaniques avant qu'il ne se tourne vers Altarus en lui donnant une petite tape sur l'épaule. " Je reviens. T'as pas intérêt à bouger. "


    Avec une lenteur affolante, Crocus s'approcha de la silhouette de son frère accoudé à la rambarde. Sans un mot, il vint s'installer à ses côtés, lui volant sa gnôle d'une patte. Après en avoir englouti quelques gorgées, il se mit à regarder l'horizon. La lave. Le kraken géant qu'ils venaient à peine de dépasser. Cette situation surréaliste, au point que cela ne le faisait même plus réagir. Son bras passa naturellement au dessus de l'épaule de Ciguë avant de le rapprocher de lui, l'enserrant dans une courte étreinte. "T'as été un bon Ciguë. On a été bons. Maintenant on rentre. On va soigner tout ça, je connais quelqu'un. T'occupe pas de qui c'est. " Au même moment, Capucine débarqua pour s'incruster dans leur élan d'affection et après avoir ébouriffé sa tête, Crocus leur tourna le dos, une larme singulière coulant de son oeil droit. S'il avait retenu une leçon de toute cette histoire, ce n'était pas de ne plus se préoccuper d'autrui. Ce n'était pas non plus de fuir dès que l'opportunité se présentait. Pas non plus le fait de compter sur des interventions divines pour lui sauver le cul quand il se mettait lui-même dans la mouise. C'était encore moins de laisser des sorcières débiles s'en prendre au pays dans lequel il vivait malgré lui, qu'il détestait un peu plus chaque jour. Non. Il retenait qu'il devait faire passer sa famille avant tout. Son regard à moitié fermé se dirigea vers Altarus, Lil, Gunnar, puis une pensée s'envola pour les autres qui avaient participé à la bataille contre la sorcière de givre, plus particulièrement Alvida. Il n'était plus seul. Il avait une famille. Sa nouvelle famille.

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  • Mer 16 Aoû - 14:24
    He's a Pirate [Event "Attaque sur  Kaizoku" - République.] - Page 19 8117f3df42354131397d96f51ba82a9b




    Les cendres tombaient comme la neige en hiver.

    Les goélands et mouettes cherchaient à s'éloigner le plus rapidement possible de leur refuge, fuyant à tir d'aile au dessus des nids de pie de la flotte éparse qui voguait tant bien que mal, constitué pour certain d'équipages constitués à la va-vite, jusque vers le large, cherchant à fuir les nuages de cendres et les projections magmatiques de la montagne déchainée. Les cris des malheureux n'étant pas parvenus à grimper à temps sur une embarcation hantait ceux qui y étaient parvenus. Ils seraient surement tous morts si un sauveur inattendu n'avait pas faire surface, le Kraken venant freiner les coulées de laves, motivé par un mobile qui échappait à tous. Alors que certains étaient terrifiés par le géant des mers, Azura était en pleine admiration de la créature mythique, jusqu'à l'instant où un assaut fulgurant le pris de surprise, le forçant à retourner à la mer... Il restait bien encore des choses à éclaircir.

    Mais cela était une autre affaire.

    Elle espérait sincèrement que son assistant, Ansalis - qui avait fuit vers les hauteurs au tout début de la bataille - avait pu se tirer d'affaire en ayant une place sur les embarcations fuyant vers le continent. C'était un homme débrouillard et futé, il y serait parvenu sans mal, cela ne faisait aucun doute. Tant qu'à Azura, elle était sur un navire à l'équipage hétérogène, composé de soldats républicains, de civils et de pirates, peut-être quelques séditieux de la GAR étaient à bord. Mais est-ce que cela importait toujours ?

    Azura allait se contenter de taire son identité jusqu'à ce qu'elle soit déposée à quai. Seul l'Officier républicain pouvait peut-être deviner qu'elle était sénatrice, mais cela restait tout de même improbable. En effet, même si la bataille était terminée, des rancunes latentes pouvaient demeurer dans le coeur de certains passager, après tout elle avait lutté du côté républicain et avait tué des pirates par la force des choses. Et si pour l'instant l'ambiance était à l'atermoiement, la recherche d'illusoires coupables pouvait ressurgir chez les plus hardis des passagers. Mais d'un autre côté, à quoi bon continuer de se battre ? Il n'y avait plus rien à défendre et plus rien à envahir, Kaizoku n'était plus qu'une terre dévastée et peu importe les camps, ils n'avaient plus de mobiles à se battre. Mais Azura tairait sa fonction, elle avait appris pendant cette bataille qu'une sénatrice pouvait servir de monnaie d'échange assez facilement.

    Captant du coin de l'œil une source lumineuse à l'horizon, elle détourna le regard de l'île embrasée pour remarquer que les nuages noirs ne s'étaient pas étendus à perte de vue, voyant alors les rayons du soleil matinal se refléter sur les flots, au loin.

    - On dirait des diamants... Fit-elle à demi-voix.

    Or, tous savaient que les diamants étaient source de pureté. Et ils voguaient vers des eaux meilleures, mettant derrière eux ce conflit absurde. La hache de guerre était enterrée au fond de la baie, personne n'irait la chercher là-bas. Le navire commandée par le borgne filait droit, les mines ternes des passagers, tâchées des combats éprouvés, finiraient par s'illuminer de nouveau d'une gaieté qui faisait toute la beauté de ce monde, Azura en était convaincue. Elle garda son regard sur la mer de diamants à l'horizon, elle esquissa un sourire confiant. Confiant en l'avenir. La résilience était l'un des traits communs à chaque être du Sekaï.

    Et les cendres continuaient de pleuvoir.
    Résumé/Pouvoirs :




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    Thème musical d'Azura
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  • Mer 16 Aoû - 15:18
    Un petit navire bien agité.

    La bataille s’éloignait, le chaos du port de Kaizoku avec lui, et Althéa avait pour ainsi dire l’océan devant elle, profitant d’être sur le côté de toute cette agitation. Cela n’empêcha pas son navire d’être pris d’une certaine cohue alors que tout le monde à bord essayait tant bien que mal d’y trouver sa place, alors qu’une seule était réellement prise avec certitude : Celle de capitaine.

    Si le tas de civils et de marins commençant à s’affairer à leur poste n’était pas déjà suffisant, elle intercepta une chaloupe de réfugiés, qui peinerait déjà bien à s’échapper de l’apocalypse avec des petits rames comme seul moyen de propulsion. Fait amusant, c’était probablement celle qu’elle avait elle-même envoyée à la tour de garde, et dont elle retrouva d’ailleurs quelques visages connus. Elle ne pensait pas vraiment les revoir, à vrai dire, mais le fait était qu’ils avaient réussi à empêcher cette baliste menaçante de l’emmerder. Et qu’ils étaient en plus revenus en vie.

    « Pas trop fort, s’il te plaît, déjà qu’il m’en reste qu’un. »

    La blague était évidente, mais elle avait aussi besoin d’un peu de calme et d’humour avec tout ce qu’elle avait à gérer en ce moment. Jamais son travail de capitaine n’avait été si demandant, tant en attention qu’en mots et en ordres. Et puis elle devait aussi garder un oeil sur la blonde, et sur son équipage, et sur le cap de son navire…

    « J’sais pas ce qu’il est advenu de l’amiral pirate mais m’est avis qu’il a dû finir en surimi. Ou que ce sera le cas bientôt. Et sans lui, on aura jamais de paiement du moindre pirate. A moins d’vouloir peut-être prendre sa place? Althéa, dernière Soeur-Des-Côtes et Reine des Pirates, ça sonne bien, non? »

    La sirène éclata d’un petit rire cristallin devant l’absurdité de ses propres paroles. Si elle n’avait clairement pas l'aplomb de l’amiral d’aller engager pied à terre toutes les défenses républicaines au milieu du chaos, peut-être la sirène aurait-elle réussi à effectuer un meilleur travail stratégique dans cet assaut. Mais là encore, c’était facile à dire quand on était pas au poste en question et qu’on ne devait pas coordonner des centaines de bateaux pas très disciplinés. Dans tous les cas, elle ne pensait pas avoir les épaules pour un tel poste.

    Du moins, pas pour l’instant.

    D’autres visages connus firent leur apparition à bord de son navire. Le démon pluri-oculaire refit son apparition sur son navire arrivé de nulle part - certainement de la même façon qu’il en était parti - mais ramenant aussi avec lui Eliendir, encore plus galant que la dernière fois, alors que la sirène accepta volontiers ses salutations.

    « Bonjour Eliendir, je ne te pensais pas sur place au milieu de tout ce chaos, mais heureuse de voir que tu vas bien. »

    Un petit sourire à son associé, juste avant que l’apocalypse ne se mette réellement en marche. Le Kraken, le volcan, son navire heureusement hors de leur course se fit néanmoins muet, son agitation humaine, ses paroles et ses cris, ses habitants gesticulant, tout se calma soudainement. D’une petite pochette étanche, la sirène sorti une nouvelle cigarette, l'alluma rapidement avec son briquet à amadou, avant de la porter à ses lèvres, une main sur la barre, profitant du spectacle dans ce mutisme généralisé uniquement troublé par le bruit du vent sur les voiles de son navire. Si elle avait cru que cette petite aventure et ce travail si bénin de ramener un démon à Kaizoku allait finir ainsi. Au moins, elle avait pour elle la conscience que ces évènements n’étaient pas dû à son passager… Ou du moins n’en avaient pas l’air.

    Celui-ci s’adressa d’ailleurs à elle, et elle se tourna vers sa forme décharnée en train de rayer le joli parquet de son navire.

    « Ma foi, ne pas courir dans des gaz toxiques et des hordes d’ennemis enragés prêts à vous égorger est au final assez bon pour la santé. Enfin, quand on a pas de quoi faire tomber des météores sur le champ de bataille, j’entends. J’ai toujours été une personne plus orientée vers l’océan de tout de façon… »

    Avec une douce ironie dans ses premières paroles, elle n’avait pas chômé pour autant, aborder un navire de guerre républicain pour en extraire une mage très problématique avait été une épreuve en soi, mais elle avait au moins eu le luxe de contrôler ses risques. Chose qui, sur les quais, aurait été une autre paire de manches. Néanmoins, le résultat était le même. Si les combats auraient été “réparables”, l’éruption volcanique qui avait suivi risquait, effectivement, comme le disait le démon, de provoquer l’anhilation définitive de l’île. Voir néanmoins le kraken, cette force mythique de la nature, faire de son mieux pour protéger l’île pirate, lui remettait du baume au cœur, et lui faisait dire que peut-être tout n’était pas perdu. Peut-être que l’île prospérera à nouveau depuis les cendres volcaniques, tel un phénix. Peut-être que…

    « Peut-être qu’il reste encore de l’espoir. Kaizoku n’est pas encore morte. Pas tant que le gardien des océans lui-même est de son côté. »

    Un souhait peut-être futile, mais elle avait appris à aimer cette île ces dernières années, d’une certaine façon, comme une seconde maison. Elle tira sur sa cigarette, la faisant réduire de quelques millimètres d’un coup, avant de souffler la fumée dans l’air marin. Le tabac avait un goût étrange devant ce spectacle de fin du monde, la lumière pâle de l’aube comme étouffée dans un panache de cendres volcaniques. Althéa commença à taper du pied, donner la mesure, et chanter, sans même user de son influence de sirène. Elle entama un chant marin pirate, repris petit à petit par l’équipage et les passagers du Belladona familiers avec celui-ci, pour leur apporter du baume au cœur et les souder dans la tempête. Et, toutes voiles dehors, dans un soleil rouge étouffé par les cendres, la Belladona emportait avec elle un peu de cette âme pirate, blessée par la destruction de sa maison d’origine, mais pas annihilée. Droit vers l’horizon en laissant derrière elle cette atmosphère de désolation semblant irréelle, mais pourtant bien réelle.

    Spoiler:
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  • Mer 16 Aoû - 16:20


    Ce n'était plus la première fois qu'était soulignée l'évidence. Klak-Klak ne comprenait strictement rien à ce qui se tramait autour de lui.

    Le sentiment général, sur le pont du Mortepeste, était pour le moins mitigé. L'échec de leur opération était incontestable, l'île ayant d'abord été engloutie par des flots ardents pour être enfin embrassée par les membres trop immenses d'un Kraken venu sauver son lopin de terre favori. De cette bataille résultait pour beaucoup une certaine amertume, la nature l'ayant emporté sur toute forme de conviction et de conflits intestinaux entre Hommes, Démons et autres joyeusetés blasphématoires. La seule vainqueur semblait être la nature elle-même et la Salamandre, justement, paraissait avec une poésie certaine s'être imposée en tant qu'avatar de cette dernière.

    Savait-il seulement que sa seule véritable amie était à l'origine de ce carnage sans précédent ? Probablement pas. Se doutait-il un seul instant de l'ampleur des sacrifices qui avaient menés à cette triste conclusion ? Pas le moins du monde. La Salamandre avait obtenu ce qu'elle désirait plus que tout au monde : un combat à sa hauteur. C'était avec une besace chargée de trophées que Klak-Klak quittait l'île maudite, et c'était bien là tout ce qui comptait pour lui.

    Tandis que les marins s'affairaient mollement à entretenir le navire, à vérifier les cargaisons et à compter les quantités restantes de munitions et de vivres, une petite silhouette au pelage pourpre glapissait et courait en cercle, célébrant une victoire confuse en dépit de l'apathie générale. Pris dans cette danse tribale célébrant la fureur du volcan éveillé, Klak-Klak ne voyait même pas autour de lui les mines déconfites des pirates désabusés par les résultats de la guerre la plus inutile de leur histoire. D'une certaine façon, sa représentation grotesque constituait pour les quelques observateurs l'un des seuls réconforts après le chaos.

    La Salamandre ne vit pas le Docteur lorsqu'il disparut dans la cale, et manqua par conséquent la venue des sorcières tapies dans les ténèbres, de même que leurs sombres promesses. Lancé dans son rituel festif, Klak-Klak laissa tous les récents évènements glisser sur sa fourrure pour ne devenir bientôt que de vagues souvenirs. Toutefois, sans qu'il ne s'en aperçoive, il avait bel et bien été marqué par cette bataille, devenant ainsi un prédateur encore plus redoutable qu'il l'avait été lors de son arrivée hasardeuse à la bataille côtière.

    D'ailleurs, la guerre n'était pas tout à fait terminée. L'estomac du petit monstre éprouvé par la nuit de combat grondait de plus belle, sa faim n'ayant pas été comblée lors de cet affrontement sans conclusion qu'il avait mené non loin des ruines du fort. Les pirates allaient devoir se montrer vaillants car leur petit passager clandestin semblait bien vouloir se diriger vers leurs stocks de fruits, qu'il n'allait pas manquer de vider s'il n'était pas supervisé. Un vieux loup de mer, pipe au bec et sourire édenté ornant sa trogne pleine de malice, fit un dernier commentaire avant de tirer une grande bouffée :

    "Tiens donc, le p'tit bulot s'en est tiré. Bien joué la bestiole, t'as agi comme un vrai pirate."

    Pour réponse, il n'obtint du concerné qu'une langue tirée, une grimace idiote ainsi qu'une nouvelle gigue ridicule. Suite à quoi, le petit monstre vint s'enfuir en gambadant joyeusement, passant entre les jambes des marins tout en tentant de reproduire les sons du volcan en éruption comme l'aurait fait un enfant trop imaginatif. Bien loin des considérations si humaines qu'elles ne pouvaient l'atteindre, Klak-Klak ne se posait qu'une seule et unique question : Allait-il enfin pouvoir retrouver la chaleur de sa grotte favorite ? Il n'en connaissait pas le chemin, et n'avait nullement idée de sa prochaine destination.

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