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    Anonymous
  • Mer 14 Juin - 23:26
    "La dévotion requiert davantage que des offrandes, corniauds. Sur le Sentier Salvateur, elle nous enjoint... Au sacrifice."

    Cette déclaration, on la tenait du funeste Ivasaar Urira, supprimé il y a un peu plus de quinze jours, dans les obscures et inextricables rocheuses du pays mort.

    Le pèlerinage, certes atroce et exténuant, avait ceci d'excellent qu'il cimenta une bonne fois pour toutes en Nargulg l'éborgné, cette sombre résolution exterminatrice, parfaitement canalisée au plus haut des plus hauts pitons du monde unit au firmament nébuleux. Au terme de ce périlleux voyage initiatique, l'ascension n'avait été qu'une ballade de printemps, après tout ce qu'ils endurèrent auparavant, cette grimpée aurait été malavisée de leur opposer résistance.
    Le voici donc, l'orc méprisable, installé depuis moins d'une semaine au sein d'une petite communauté de zélotes miséreux, isolée d'un monde fort aise de tourner autour des desiderata d'un drakyn impétueux, cruel conquérant du vide de l'après-passage apocalyptique des déités, étrangement soumit aux rebondissements des tétasses d'une vosdraak aux penchants égalitariste ; mécréants et ennemis mortels, à tuer donc, tous, tous, tous... TOUS !
    Race honnie, celle des orcs, car leur réputation de pillards ils ne l'eurent point dérobée, par ailleurs, Nargulg en était un excellentissime représentant ici, dessous l'impénétrable Royaume Divin dépassant l'immonde Sekai.

    C'est en observateur infatigable, maculé d'innumérable balafres, - l'une barrant grossièrement l'œil mort d'ores et déjà cicatrisé - qu'il se fit d'abord remarquer. Détestable race, infâme personnage, éternel atrabilaire taiseux, que contempla-t-il donc si longuement, pour que gardes et croyants le fusillèrent du regard ? Avait-il blasphémé ? En ces lieux, jamais on ne l'y surprendrait. Violenta-t-il quelques pieux innocents ? Jamais, ô, grand, jamais il ne fit montre d'agressivité à leur égard. Mieux encore, il participait au quotidien effort très commun, chassant pour éloigner la faim, ou paré à cogner, quand le besoin s'en faisait sentir, sur les rares dangers du coin. Diantre, pourquoi zyeutèrent-ils sporadiquement le verdâtre contemplateur des Huits, pétrifié dans la scrutation des merveilleuses allégories statuaires chryséléphantines ? Parce qu'il était une monstruosité d'orc. Cependant, raciste qu'il fut, goudronné d'intolérance, le goliath ne leur en tint pas rigueur, car son coeur et son esprit furent empli de plénitude, la légèreté joignit la sobriété spirituelle, pour que dans l'impalpable domaine, l'âme du malfaisant Nargulg vibra d'illumination. En panégyriste silencieux, le féal des Très-Hauts fut porteur en son heure, d'une lumineuse directive semeuse de destruction, le vœu d'anéantissement pénétra alors sa carcasse. Eux, les Grandioses Tyrans jubilatoires, désignèrent six millions d'âmes. Six millions d'ennemis équitablement répartis entre le Reike et la République, six millions de mortels à supprimer ; tous, tous, tous... TOUS ! Par sa présence, Nargulg présenta ses hommages aux divins Monarques, et depuis son ultime pupille gauche, véritable soupirail ambré grand ouvert à l'accueil du sombre commandement, l'âme du tueur et serviteur, réitéra l'ineffaçable allégeance en complète harmonie. Quant aux curieux tout de bure, incapables de percer le cuir de l'abominable géant habité par le séidisme, ceux-là vaquèrent à leurs occupations en ce début d'après-midi.

    Purifié de la crasse et des immondices des jours passés, ce Nargulg là épargna le petit peuple des aromates pestilentiel, huilant depuis trop longtemps son écorce, puisqu'il était aujourd'hui proprement abrité sous un épais manteau de fourrure. La dernière de ses femmes, à la fois psychopathe, favorite et tout autant recouverte que monsieur, le suivit à la trace, contre le zéphyr et la froidure. Croulant sous le poids d'un désir foutrement plus sanglant que son mâle, la retenue de la femelle, conjuguée à un mutisme louche, ne tint qu'à la présence du bonhomme. L'avertissement ainsi que la crainte de finir démembrée interdisaient à Urzupha le verbe et le geste hostile, car en ce lieu Saint, l'intransigeant mâle fut une barrière entre elle, et tous les autres. Ces derniers, simples dévots ou détenteurs d'autorité, constatèrent l'incontestable, ce couple d'orcs irradiait d'une indécelable aura meurtrière, ondulant tantôt avec l'épouvantable, tantôt avec le méphistophélique. Mauvais ! Criminels ! Sanguinaires ! Tous les efforts de Nargulg pour ne jamais heurter les bonnes gens, étaient vains. Ces progénitures de la sauvagerie emboucanaient le mal et l'inhumanité depuis trop longtemps, qu'un comportement peu ou prou exemplaire ne saurait diluer. On les évita instinctivement, et bien peu s'essayèrent à croiser leurs mirettes, quand bien même était assurée l'absence d'animosité de la part du tueur. Cette créature verdâtre mue par la soif de combats mortels, de domination et de destruction, fut seulement saluée par les monumentales et fabuleuses portes d'argent du Temple Céleste. S'arrêtant ici, planté sur cette esplanade de marbre enchanteresse couvée par la brise glacée ; derrière le duo, d'impressionnantes marches d'un sublime acabit les conduisirent au sommet. Voilà de trop longues minutes qu'il passa à admirer les immensités sculptées à la gloire des Très-Haut, parfaites représentations de ses Maîtres, superbement taillés par les savoureux fruits de la munificence. Condensé dans ces idoles de toute beautés, présentes gardiennes de l'entrée de cet édifice majestueux, émergeait l'appel de la restauration : la divine suprématie, certainement. Seul ordre terrestre fantasmatique digne de Nargulg, de sa subordination, et terrible drame d'un réactionnaire qui ne clamait qu'à vivre des centaines de millénaires plus tôt, au moyen des pogroms. Aujourd'hui, l'identité de l'orc se confondait avec celle d'un ange, ces entités rarissimes originaires d'un autre plan, unanimement haït par le Sekai, chose qui, pour lui, était une haute qualité. Car les anges, fantastiques serviteurs - génocidaires des Huits Despotes, avaient un seul point commun avec les orcs : le monde les vouait aux gémonies. Et c'était une excellente particularité. Si seulement il savait combien la déchéance accablait la Grande Race angélique, dont on vit certains s'acoquiner avec la pire vermine qui soit, à savoir les démons et les hybrides. La plupart n'avaient même plus la folle volonté purgatrice, celle qui indiquait de répandre la divine autorité par les armes et la brutalité. Un ramassis de couilles-molles dépouillées d'abnégation et à la foi abjurée, on ne les résumerait pas autrement, ceux-là. Indubitablement, l'orc faisait un bien meilleur ange que les anges eux-mêmes, allant jusqu'à se mouiller avec la pègre reikoises ou républicaines, cette indéboulonnable lèpre entrepreneurial, car un mercenaire de sa trempe aimait être payé à pourrir ces puantes patries, c'était une façon de joindre l'utile à l'agréable, comme bien souvent.

    Un beau jour, ami lecteur, je jouerai un ange digne de ses nobles Pères, promis, je l'ai dans mes cartons d'ailleurs.

    Ici, Nargulg n'était ni brigand ni mercenaire, pour être tout à fait honnête, ces activités, il n'accepta aucunement de les poursuivre en terre sainte. C'était d'autant plus vrai, qu'à présent serviteur dévotieux du Nouvel Ordre, l'orc estimait judicieux d'écraser toutes formes de brigandages là où la bannière de la noble cause fut dressée, par conséquent, non, vous ne le verrez pas fricoter avec les nuisibles dans cette région saccagée. Destructeur et pourrisseur au sein des contrées hérésiarques, humble soldat et protecteur auprès des fidèles. Le programme de Nargulg était d'une simplicité exemplaire, parce qu'il n'allait certainement pas se perdre dans un fatalisme plaintif, ou faire des ronds de jambes pour gravir les échelons, NON ! Sa philosophie de l'action, ainsi que cet assemblage confus d'un divinisme bricolé à l'arrache avec du fanatisme par-ci, du racisme par-là, orientaient fougueusement toute son hostilité naturelle contre ceux qu'il désignait, dorénavant, comme des hérétiques. Le pèlerinage et sa dimension métaphysique accentuaient ce qui fut, pendant longtemps, que des croyances peu vindicatives, plus maintenant ! Pas aujourd'hui et encore moins demain, puisque voici qu'une foi aveugle - le comble pour un borgne - embrasait son essence, moteur d'une machine à tuer ayant trouvée le refuge idéal pour exercer sa folie meurtrière. Des myriades de hordes d'ennemis, il n'y avait que cela hors des étroites frontières du Nouvel Ordre, tant et si bien que cette organisation aux effectifs maigrelets facilitait son action dans le sens que la balance fut en leur extrême défaveur. Tant mieux ! Il ne craindrait pas de liquider les masses d'incroyants, puisque le Sekai choisit le camp de la confortable veulerie, consommant définitivement la déchéance d'un divinisme en bout de course. Et l'orc incarnerait, inconsciemment, un reliquat de l'Âge d'Or, la divine ère oubliée, fantasme et utopie totalitaire d'un homme peu éduqué, pourtant si proche de la Vérité.

    La Vérité, Cher Lecteur, électrisait Nargulg lorsque la seule paume qu'il lui restait, repoussa sans peine les portes cyclopéennes du Temple des Divins. La Vérité, elle coulait en lui depuis l'aube de son existence et s'exprimait indistinctement pendant les interactions avec les autres races. Quelle Vérité, au juste ? Celle qui affirmait que les gobelins et les lycanthropes, maudits par les divins en personne, vécurent uniquement pour endosser tourments et servitudes. Les valkyries, pimbêches renégates, n'échapperaient point à la potence, tout comme les démons et les hybrides. La Vérité s'édictait en lettre de sang, cette encre indélébile en provenance des rivières cramoisies d'impies, qui imbiberait sa hache d'armes et son glaive, respectivement pinceau et plume du plus bel ouvrage qui soit : le carnage. Enfin la Vérité, c'est que les noires pensées de l'orc n'étaient qu'empilage de certitudes sous couvert de convictions profondes surclassant à mille lieues le divinisme. Tous les processus de son cerveau malade aboutirent donc à l'élaboration d'un divinisme supramondain, fait de force pure, barbare. Bien sûr, notre guerrier sanguinaire n'en serait jamais le propagateur par la puissance de la voix et de l'apophtegme, il le vivrait puis en périrait. Jamais il n'en ferait l'apologie, son nouveau nid ne saurait tolérer pareille ébauche blasphématrice, alors il fermait sa gueule, pour la tranquillité d'esprit des fidèles. Son racisme viscéral l'orc le contint bien assez, pour que les gobelins ou distinctes abjections raciales de l'organisation millitaro-religieuse n'eurent oncques à trouiller pour leur peau.



    Croyant submerger de sa gigantesque carrure l'apothéotique Panthéon, ce fut en toute vérité les Hauts Guides du ciel qui avalèrent leur répugnant serviteur miraculé. Désormais, l'embrasure démesurée était dans son dos, pour que sa face alimentée d'un unique globe oculaire, arrosait son âme de suréminentes beautés instituées en Leur Suprême honneur. L'ampleur des vitraux polychrome recouvrait les façades murales, grimpant jusqu'aux larges coupoles afin de diffuser le doux éclairage du jour dans le Sanctuaire tout entier. Ici, l'on y révérait certes, les divins Chefs supérieurement représentés au-dedans qu'au-dehors du monument, mais également les précédents Hauts Prêtres. Ces incroyables hommes de foi, grandioses lieutenants des cruels Souverains, absolument, furent longtemps chargés de diriger les fidèles, donnant la bonne marche à suivre dans le respect des traditions religieuses. Ces fameux personnages furent inférieurs aux Dieux et Gardiens, néanmoins infiniment supérieurs à mon couple de sauvages ça oui. Le Temple des divins était bien plus qu'un joyau que l'on réduirait à la beauté et aux fastes, graves erreurs ! C'était une leçon d'histoire poétiquement énoncée via ces fresques de verres éclatantes, qui firent l'effet d'une baffe dans leurs gueules. L'ignoble Nargulg avait bien des défauts, cependant une qualité survivait à ses ténèbres : la curiosité pour tout ce qui eut trait aux grandes œuvres architecturales ; hélas, pour être appréciées à leurs justes valeurs, à savoir comme démonstration de force du caractère viscéral des civilisations, et signe de leur glorieux passage en cette basse terre, il était nécessaire de jouer d'intelligence, de culture et d'érudition. Que le formidable gigantisme aussi bien architectural que sculptural frappé de marbre immaculé, étincelant d'or et d'ocre, subtilement magnifiés de vifs coloris, tapait dans l'œil de l'inculte Nargulg n'était nullement dû au hasard. Quelqu'un inocula ce goût en mon affreux boucher, une esclave du nom de Liriha Dalorrane, quoi de surprenant à cela ? Franchement, qu'un serviteur surpassa mes orcs en civilité, savoir-vivre et connaissance, n'avait rien d'étonnant. Passons, l'histoire de dame Dalorrane peut encore attendre.

    Quant à Urzupha, géante tout bonnement insensible au fait religieux, ses pupilles peintes de vices transmettaient un brusque flot d'effarement et d'émerveillement, qui l'irriguait de fond en comble à l'en décrocher la mâchoire.

    - La vache... Souffla-t-elle.

    Par précaution, son con de bonhomme lui avait interdit de l'ouvrir durant leur séjour en Célestia. Curieusement, il ne réagit d'aucune façon à la transgression, car monsieur était transporté par un sentiment inimaginable, sur les rives de l'inspiration. Le duo d'ignominieux se fractura sous l'effet de la découverte des chapelles succédant aux nefs magistralement dominées de voûtes engravées. À l'écrasante grandeur du Temple des Huits, l'on y observa bien des fidèles, réciter en toute modestie et discrétion pléthores de mantras, en alternance au silence pesant. Effectivement, silence puis chuchotis élogieux valsaient dans les bouches pieuses, en quête de miséricorde. C'est ainsi, dans la petite étendue éparse d'adorateurs que Nargulg s'exerça à la contemplation des Huits, monumentales idoles siégeant dans leur faramineuse demeure. Cet égarement du guerrier faisait courir un risque, car Urzupha - quoique observatrice éberluée des vitraux fourmillants de détails - ne devait jamais être livrée à elle-même en Shoumeï, surtout en Terre Sainte. Bien sûr, en membres émérites de la détestable race verte, l'on ne s'attendait pas à voir les croyants se bousculer pour les dérober à l'hypnotique découverte. Toutefois, folle comme tout qu'elle était, plus haineuse que lui qu'elle était et par-dessus tout, plus instable qu'elle était, le risque d'un dérapage de sa part fut bel et bien présent.

    Ah si seulement un oni passait par-là, que ferait-on sans oni, je vous le demande ?
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mar 20 Juin - 0:29
    Loués soient-ils
    Finalement après quelques jours de cavale entre les Rôcheuses, les Pins Argentés et les plaines dévastées de Shoumei, Célestia était en vue. Le pèlerinage tant recherché touche bientôt à sa fin et pourtant, le plus dur est encore à venir. L'Ascension est une épreuve très difficile tant physiquement que mentalement, gravir le pic le plus haut du Sekai sans y être préparé relève pratiquement de l'impossible. Malheureusement, la guerre n'épargne personne et ce sont des centaines voire des milliers de réfugiés qui tentent régulièrement l'Ascension dans l'espoir de pouvoir se réfugier sous le regard des Huits. Divins protecteurs de la flamme ardente qui jamais n'a cessé de brûler dans le cœur des véritables croyants. Ne dit-on pas que la Foi déplace des montagnes ? En voici la preuve formelle car Nargulg et Urzupha ne sont ni les premiers ni les derniers à relever le défi qui doit les guider tout droit aux massives Portes d'Argents, dernier point de passage avant d'atteindre le Sanctuaire des Dieux. Et Dante dans cette histoire ? L'Oni n'accompagne pas ses compagnons sur le sentier de la Foi pour la simple et bonne raison que ce pèlerinage n'est pas le sien. Il a déjà bravé l'Ascension plus d'une fois, les Rôcheuses n'ont plus aucuns secrets pour lui et Célestia ne fait pas exception à la règle. Dante n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il faut se déplacer sur des sentiers abrupts et potentiellement mortels. Dante en connaît tous les angles et les recoins qui lui permettent d'avancer rapidement avec le minimum d'effort. Autant dire que Nargulg et Urzupha seraient bien incapables de suivre le cornu s'il décidait de les semer d'un seul coup.

    Dante a donc pris un autre chemin pour gravir plus rapidement la montagne de son côté. Il aurait pu faire profiter ses compagnons de son expertise en tant que guide touristique mais soyons honnête, ça aurait été beaucoup moins drôle que de les voir galérer à monter les marches une par une pendant des heures et des heures. L'Ascension a aussi ce côté très chronophage quand on y pense. Quoi qu'il en soit, c'était indispensable que Nargulg arpente le sentier principal pour rejoindre le sanctuaire. L'Ascension est avant tout le moyen de tester la détermination et la Foi du pèlerin. Il est donc hors de question que les deux Orcs y échappent, pas même Urzupha qui se retrouve embarquée là-dedans malgré elle. Si les petites gens sont capables de rejoindre le sommet alors eux aussi devraient pouvoir surmonter cette épreuve. Après un combat dantesque avec une Wyverne et avoir frôlé la mort contre le maléfique Ivasaar Urira, qu'est-ce qui pourrait bien effrayer des tueurs de leur acabit ? Hm ? Une avalanche ? Bon. Certes. Avoir des gros bras ça n'aide pas toujours. Et d'ailleurs, les risques d'avalanches sont très sérieux dans cette région du Sekai en particulier à cette période l'année. L'hiver est là et a déjà commencé à recouvrir les pierres d'une fine couche de neige. Outre la faune locale, le plus grand danger est certainement le froid mordant qui frappe sans aucune considération pour les quelques vêtements chauds qui peinent à tenir au chaud les voyageurs. Comme si ce n'était pas déjà suffisant, il faut constamment regarder ses pieds car il suffirait d'une plaque de verglas meurtrière pour que la prochaine chute soit la dernière.

    Bref. Célestia est un bourbier pas possible mais rien d'insurmontable pour les deux tueurs à la peau verte n'est-ce pas ? Pendant que ses compagnons galéraient, Dante n'a pas chômé car l'inactivité est une chose qu'il abhorre au plus haut point et à Célestia, ce n'est pas les tâches qui manquent. Il faut installer les nouveaux arrivants, s'assurer qu'il y a de la place pour tout le monde et bâtir des abris supplémentaires si nécessaire. Il faut chasser évidemment car la nourriture manque cruellement dans la région et malheureusement, il y a bien trop de bouche à nourrir pour les maigres réserves des réfugiés. Tous ne passeront pas l'hiver et c'est une évidence. C'est un constat affligeant et terriblement lucide de la situation : Célestia n'est pas un endroit où il fait bon vivre bien au contraire. Les gens devront passer l'hiver dans des conditions déplorables et tôt ou tard, le Nouvel Ordre devra trouver un nouveau foyer pour accueillir les survivants de l'apocalypse. C'est déjà la mission des membres les plus éminents de l'ordre et c'est donc à Dante qu'incombe la lourde tâche d'assurer la sécurité du sanctuaire. Ça lui convient parfaitement malgré le fait qu'il soit officiellement encore au bas de l'échelle, il n'a aucune intention de prétendre à un poste à responsabilités au sein des fanatiques de Shoumei. Cette situation lui offre une liberté non négligeable pendant ses nombreuses errances et même s'il prend son rôle très à cœur lorsqu'il est de passage à Célestia, il n'est jamais aussi utile que sur le terrain. C'est un homme d'action qui a constamment le besoin de trouver des adversaires à sa hauteur, il vit pour le combat et c'est certainement ce qui un jour, le mènera inévitablement à sa perte.

    D'ailleurs pour le moment, l'Oni s'occupe de la basse besogne en aidant quelques bûcherons volontaires. Un énorme tronc d'arbre sur l'épaule, tellement massif qu'il faudrait au moins trois ou quatres hommes pour le soulever et le déplacer mais Dante arrive à s'en occuper tout seul. Du bon bois donc qui sera utile pour continuer d'alimenter les feux de camp. C'est alors qu'un enfant à la peau métisse et aux cheveux crépus tellement longs qu'ils lui tombent devant les yeux. C'est même à se demander comment il arrive à voir devant lui avec cette touffe. Emmitouflé dans un manteau de fourrure légèrement trop grand pour ce petit bonhomme, il court comme un pingouin pour essayer de rattraper le cornu.

    « Dante ! Dante ! Dante !»

    « Quoi encore ? »

    « J'ai vu un monstre ! Un vrai de vrai ! C'était là-bas ! Il est monté vers le sanctuaire ! »

    « Plus tard. Je suis occupé. »

    « Attends-moi ! Je te jure que je l'ai vu ! Il était super grand et il faisait super peur ! Il était tout vert avec de grosses dents qui sortaient de sa bouche ! »

    L'enfant mîme maladroitement la sale trogne de Nargulg avec ses doigts pour faire les dents de l'Orc. Dante écoute d'une oreille assez inattentive avant de s'arrêter sur place pendant quelques secondes.

    « Il était borgne ? »

    « Euh... Ouais ! Je crois. Ça veut dire quoi borgne ? »

    « Il lui manque un œil ? »

    « Oh ! Comment t'as deviné ?! »

    Bon. Les Orcs c'est déjà assez rares si ce n'est inexistant dans le coin. Mais alors les Orcs borgnes, c'est évidemment Nargulg. Pas de doute. L'enfant n'a pas mentionné Urzupha mais Dante n'a pas trop de doute sur la capacité de l'autre grande folle à survivre à l'Ascension. Elle doit être dans les parages, malheureusement.

    « Bon travail. Je m'en occupe. »

    L'Oni laisse tomber lourdement le tronc d'arbre sur le sol avant de pivoter sur ses talons. Il pose sa main sur la tête de son petit guetteur personnel qui cette fois se met à envoyer des coups de poings dans le vide pour mîmer une potentielle bagarre en imittant Dante. C'est ce que l'Oni aurait pu sous-entendre en tout cas avec sa dernière phrase. Bien sûr, aucun sacrilège ne se produira en ce lieu saint. Pas sous sa surveillance en tout cas et s'il n'a aucun doute sur les intentions de Nargulg, sa connasse de femme c'est une autre histoire. Dangereuse et incontrôlable, ils ne seront pas trop de deux pour garder Urzupha dans le rang. Sans faire de détour, l'Oni abandonne ce qu'il était en train de faire pour se diriger vers le sanctuaire des Dieux. Il n'a que quelques marches à affronter avant de pouvoir pousser les gigantesques portes du Panthéon des Huits.

    Le sanctuaire, véritable merveille du monde de son état a de quoi époustoufler même les sauvages et incultes des guerriers alors rien d'étonnant concernant la réaction des deux Orcs. Il y a quelques mois, Dante était exactement à leur place et tirait exactement la même tête face aux vitraux lumineux et aux statues représentant ses divins maîtres. L'Oni prend le temps de refermer la porte derrière lui, le froid mordant essayant déjà de s'immiscer à l'intérieur du bâtiment.

    « Vous avez pris votre temps. Vous vous êtes perdus en chemin ? »

    Dit-il à voix haute pour attirer l'attention des deux Orcs, avant de s'apercevoir qu'ils ne sont pas tout à fait seuls. Quelques âmes perdues cherchent à communiquer leur détresse aux Dieux sanguinaires et ironiquement très silencieux quand il s'agit d'aider les plus démunis. Il abaisse donc son volume en conséquence, s'approchant du duo pour continuer de se faire entendre.

    « Bienvenue à Célestia, notre Terre Sainte. J'espère que c'est à la hauteur de tes espérances. J'ai une mauvaise nouvelle mais elle peut attendre encore un peu, on discutera plus tard. Profite de cette chance unique. Tu as bravé l'Ascension, ton pèlerinage est terminé. Tu as gagné le droit de communier avec les Dieux, tu es digne de leur attention. On dit qu'ils entendent toutes nos prières d'ici, alors va. »

    Et pendant que Nargulg profite d'être au terme de son voyage initiatique, Dante reste en retrait avec Urzupha. Pas qu'ils ont spécialement du temps à rattraper tous les deux, il veut surtout la garder à l'œil et l'empêcher de faire n'importe quoi en l'absence de son garde-fou. Il finit par tourner le regard en direction d'Urzupha la barbare qui est étonnamment calme, pour le moment.

    « Toi aussi, tu as surmonté l'Ascension. Tu es digne de l'intérêt des Dieux. Il n'y a pas de honte et je n'en dirais rien à Nargulg si c'est de ça dont tu as peur. Je peux te guider, si tu le souhaites. »

    La main sur le cœur, ce Dante. Il tend même la main aux esprits les plus dérangés. Honnêtement, il n'a pas grand espoir au sujet d'Urzupha mais ... Pourquoi pas après tout ? Peut-être qu'elle pourrait finir par voir la lumière, elle aussi. Une guerrière de son envergure trouverait satisfaction sous l'égide du Divinisme et de ses Dieux génocidaires.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Ven 23 Juin - 16:39


    La conscience prisonnière du filet de la foi, exacerbée par l'aboutissement d'un pèlerinage constellé de massacres, Nargulg n'entendit à peine l'oni faire bon accueil. Fut-ce le fruit d'un esprit dérangé, ou une amusoire saugrenue des incorporels Suzerains du Royaume des ombres, gardiens de la mort et du rêve ? Car, s'il convenait de préciser une chose, la voici : l'orc mâle rêvassait l'œil grand ouvert. Les sens firent défaut au vilain, déchargeant de fait son âme du poids de la chair, cette incontestable cangue s'effilait à mesure que l'emprise des Figures Tutélaires du cosmos, insufflait l'enthousiasme. La contemplation dans ce qu'elle avait de plus savoureuse, ce n'était que cela assurément. Et bien fade furent les vies des tanches hermétiques à la spiritualité, pour que l'idolâtre des Huit plongé dans la béatitude en engloutit l'intégralité des granules. La singularité de l'indéchiffrable événement mystique, pointait une contradiction en mon Nargulg, lequel vivait la chose spirituelle telle une joyeuse récompense des plus âpres combats, à présent toucha-t-il le nirvana sans coup férir, que la réalité, bien tangible celle-là, lui sautait à la tronche. Dante parlait d'une mauvaise nouvelle, le verdâtre ne put que redescendre sur terre, soumit aux regards inquisiteurs des Très-Hauts, ainsi le naturel revint au galop. L'unicité de ce mirage extatique s'évapora, laissant choir la possibilité d'ascension autrement que par de sempiternelles luttes mortelles. Non, Nargulg ne changerait pas de sitôt, laissons l'inconstance aux autres, puisque dès lors échappé de cet état second d'ordinaire exclusif à quelques ingrédients hallucinogènes, la vertu sanguinaire reprit ses droits. Maintenant, quelle mauvaise nouvelle le démon des rocheuses s'en allait porter à mon orc ? Que le Haut Prêtre était porté disparu ? La belle affaire, pour saigner la vermine impie le tueur n'avait besoin que de sa force, et de sa hache... Et de son glaive.

    Exactement, dans l'immédiat, la situation du Nouvel Ordre était, au bas mot, désastreuse. Une portion non-négligeable de ses têtes dirigeantes s'étant carapatées, germinait alors l'inquiétude dans les cœurs des fidèles, pour que l'ouie de l'orc capta ces bruits de couloirs. Après le divin cataclysme, l'abandon des supérieurs fardait le défaitisme d'un surplus de forfaiture, c'était la Bérézina ouais. Pitoyable, je vous le dis, et jamais les épaules de mon orc s'en verrait alourdit d'aquabonisme, bien au contraire, l'immédiat capricieux avait la haute main sur les désirs sanglant du borgne, férocement braqués sur les peuplades hérésiarques, qu'elles furent reikoises ou républicaines, peu lui en chaut. En ce temps-là, l'un des objectifs du Nouvel Ordre était de purifier le Sekai des forces corruptrices, à votre avis, comment s'y prenait-on pour nettoyer ? En zigouillant. Par le combat et la brutalité, Nargulg aspirait à dispenser la terreur avec toute la cruauté qu'on lui prêtait, en saleté de reître vagabond, courant le désert aride et les plaines verdoyantes jusqu'à ce que mort s'ensuive. Bon, c'est pas tout mais le brave Dante fit causette avec Urzupha, finalement arrachée à la stupeur de la découverte, pour sûr, le Sanctuaire en jetait bien assez pour qu'elle en fut perturbée. Néanmoins, toutes les bonnes choses ayant une fin... Quoique pas tant que ça, avoir un barbare de compagnie avec lequel converser avait de quoi la distraire un poil, car Célestia était un lieu morne et froid pour la grivoise meurtrière. En cet édifice consacré, le crâne de l'incroyante présentement tournée vers Dante, fourmillait de blasphèmes coincés derrière ses dents. Quelques mèches tramées par la suie obstruaient son champ de vision brasillant d'ivoire, qu'elle s'empressa de balayer d'un revers de la main, pognes griffues qui iraient instantanément gravir les épaules de l'oni bagarreur. Depuis sa vision dégagée, la grande balafrée planta son regard étincelant au-devant des orbites uniformément noirs du diviniste.

    - Peur ? Questionna-t-elle à voix basse, un sourcil relevé pour l'occasion.

    Les index de la femelle jouèrent silencieusement de tapotis gentillets, adressés aux épaules du cornu, puis Urzupha d'aller au débotter se nicher au plus près du croyant. Basculant sur la pointe des pieds, l'intrépide guerrière emballée d'un grand manteau de fourrure de piètre qualité, susurra au creux de l'oreille d'un Dante ouvert au dialogue.

    - Que viennent faire deux mecs solides tels que vous dans ce trou perdu ? Nargulg et toi, vous emmerdez-vous à ce point dans la vie, pour obéir sagement aux ordres d'un groupuscule en perdition ? Cette posture d'adorateur, je vous l'abandonne.

    Tiens donc ? Urzupha mettait peut-être le doigt sur quelque chose, et si tout ceci n'était qu'une farce bien élaborée par Nargulg et Dante, lesquels cherchaient trop souvent à enduire leurs instincts destructeurs dans le bassin de déification des Huit, au détriment d'une application stricte de biens des règles divinistes. La femelle délivra ensuite d'autres chuchotis provocateurs.

    - Je crois savoir que la paillardise est condamnée par vos hommes d'Église. Entre temps, une paume vint courir l'échine volumineuse du porteur d'excroissances, tandis que la seconde baigna ostensiblement dans la courte toison de monsieur au doux visage. Dirais-tu que la seule croyance en tes Titans dépasse les dogmes dont tu te réclames ? Interrogea-t-elle, cherchant à mettre le doigt sur les contractions du tueur.

    En ce lieu Saint bien sûr et plus particulièrement parmi cette petite communauté d'adeptes, une telle proximité corporelle ne manqua aucunement d'attirer l'attention de quelques trognes révulsées, détournées du recueillement. Les mortels de chairs et Immortels de roc sculptés, suspicieux frigides de ces messes basses, épièrent Dante et Urzupha, duo scotché au bon vouloir de celle-ci, finalement mignardé d'un halo rayonnant du grand jour, perçant dômes et vitraux comme s'il fallait mettre en évidence une transgression.
    Nargulg n'en eut rien à cirer de ces bruissements et câlineries supposés. C'était un barbare, orc de surcroît, mais barbare avant tout, tant et si bien qu'une paire de seins plaqués contre le torse d'un autre mâle ne sauraient l'enlever à la curiosité dévorante de tout ce qui constituait le Temple céleste. Puis bon, eh, ils s'en étaient passés entre ces trois-là, pas besoin d'entrer dans les détails, vous avez compris.

    - C'est vrai, les Titans sont redoutables, et leurs capacités dépassent l'entendement au point que ta Fédération est devenue poussière à leur arrivée, je respecte cela, sincèrement. Une pause dans le discours mi-laudateur, et le souffle d'Urzupha de poursuivre la discrète logorrhée. Je t'ai à la bonne, Dante, vois ça comme un privilège, car je hais les surfachiens. Je les hais pour ce qu'ils sont, de la vermine pulluleuse pétri de prétendu bons sentiments. Dans votre univers, absolument, tout est inverse au nôtre, où que j'aille, c'est toujours la même rengaine chez vous : le fort au service du faible ? Une aberration. Distinguer force et barbarie ? C'est déjà un signe d'affaiblissement. Dois-je continuer ? La sauvagesse parut en avoir assez de déblatérer, pourtant, ses lèvres pendu à l'esgourde de l'oni s'éloignèrent afin de lui faire face, cette fois-ci, les doigts de la guerrière se cramponnèrent aux joues du croyant. Je hais les surfaciens pour leurs turpitudes qu'ils érigent en vertu, et je hais les Titans pour m'avoir enlevé le seul homme de ma vie. J'espère de tout cœur que mon Nargulg se détourne de vous tous et rentre avec moi, pour le bien de ma race et l'anéantissement des autres.

    Est-ce que tout était dit ? Laissons à l'oni le droit de répondre, avant qu'on ne sait quel prêtre s'en décida de remettre les pendules à l'heure. Oui, ces familiarités douteuses n'étaient pas les bienvenues, pour qu'un abbé gobelin jugea opportun d'interrompre le géant verdâtre dans son observation continu des splendeurs du domaine sanctifié. Petit être ridicule, porteur d'une tonsure impeccable indubitablement, celui-là que l'on devait, par usage, désigner en "Monsieur l'Abbé" intercepta mon orc, sans flipper contrairement à bien d'autres. Bon sang, de tous les gus n'ayant pas peur des colosses, était-il indispensable que ce fut à une saloperie de gobelinard à la con - qu'une simple bourrasque emporterait - autoritaire qui plus est, d'aller enquiquiner le vilain Nargulg ? Apparemment ouais.

    - Cette femme, la prénommée Urzupha, pose problème.

    Lumière ! Nargulg se souvint qu'il devait la garder à l'œil, obligation tout à fait ignorée depuis... Un certain temps. Oups.

    - Elle a tué quelqu'un ?! Demanda-t-il, irrité du front au menton.

    - Comment ?! Nenni enfin ! Par les Huit, où allez-vous cherchez pareille sornette ? Un peu de tenue. Seulement, son comportement est inapproprié et cela dérange les fidèles. Conclut le gobelin d'une voix monocorde, ordonnant implicitement à l'orc de faire quelque chose.

    Bon, ben la suite, on la connaît à présent, Nargulg n'avait plus le temps de se taper une pignole extatique. Et puis, il y avait cette histoire de mauvaise nouvelle à mettre au clair, encore que là, il était nécessaire de relativiser, si la dite information c'était que des milliers de soldats reikois marchèrent sur Célestia, l'orc déborderait de joie. Après tout, n'était-il pas là pour cogner sur les ennemis du Nouvel Ordre ? Absolument, la vie de Nargulg se résumait sobrement en "taper" ou "pas taper". Pas besoin de plus pour être heureux et si vous n'êtes pas d'accord, bah, vous avez tort.
    Ainsi Nargulg le borgne s'en alla slalomer entre les dévots, car retrouver Dante et Urzupha comptait plus que la muette béatitude. Bordel, l'énormissime panthéon des dieux avait tout pour lui filer le tournis et l'égarer, dire que sans odorat augmenté le mâle serait paumé était une certitude.

    Pendant ce temps, Dante le bon et Urzupha la timbrée discutèrent de tout et de rien. De rien plus que de tout si vous voulez mon avis, héhé. C'est toujours mieux que Nargulg mettant un vent au démon des rocheuses plus tôt.
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  • Dim 25 Juin - 22:51
    Loués soient-ils
    L'intervention de l'Oni n'a visiblement pas obtenu l'attention désirée mais bien loin de se formaliser pour si peu, car pour sûr que la sainte aura de mysticisme et la beauté ostentatoire du sanctuaire est un spectacle bien plus passionnant que ce pauvre Dante. Quelque part, le contraire aurait été franchement décevant. Le Démon des Rôcheuses n'a rien de mystique et point de magnificence à partager avec son auditoire. Pas même de bonnes nouvelles, voilà plusieurs jours que Célestia est en deuil et ses habitants ont toutes les raisons du monde de perdre espoir après la toute relative victoire de Sancta. Campagne purificatrice et libératrice pour le salut des autoproclamés "Vrais Croyants", menée par des porteurs d'espoirs et qui visait à offrir une perspective d'avenir réjouissante pour l'avenir du Divinisme et de ses derniers fidèles. Un plan franchement mal fiscelé depuis le début, cette expédition manquait cruellement de bagarreurs et de combattants aguerries. Une réussite approximative peut-être mais à quel prix ? La disparition du Haut-Prêtre, entre autre, pour ne citer que le fait le plus impactant. Ah si seulement Dante avait été là. Est-ce que les choses auraient été différentes ? Vraiment pas sûr et pourtant, cet Oni dans sa confiance démesurée en ses capacités cherche à se convaincre du contraire. Enfin, rien ne sert de ressasser le passé. Dante n'ayant aucun contrôle sur le temps, il ne peut que se focaliser sur le présent et l'avenir de l'ordre... Si tant est que celui-ci en a encore un, d'avenir.

    Cette conversation peut attendre que Nargulg termine sa contemplation intensive, pendant que les deux autres membres de la trinité de la barbarie s'échangent quelques amabilités au vu et au su de tous les pratiquants silencieux du temple. Rares ont été les occasions de discuter de leurs ambitions respectives, les dernières semaines ont été particulièrement agitées pour les tueurs et finalement, le Démon des Rôcheuses ne sait pas grand-chose de ce qui anime véritablement l'Orc au féminin. La mort et les combats évidemment mais ça c'est une banalité écrite en plein milieu de son front. Ces deux-là passaient leur temps à se chamailler, Urzupha s'étant trouvé une véritable passion à casser les couilles du placide Dante dès qu'elle en avait l'occasion, alors les conversations intellectuelles n'étaient pas monnaie courante sur la route pour Célestia. Néanmoins, Dante voue un culte à la force d'un individu, quel qu'il soit. Et Urzupha, malgré leurs différences d'opinions évidentes, a largement mérité son respect pour sa combativité. Les adversaires qui lui ont fait ployer le genoux se comptent sur les doigts d'une seule main, une prouesse dont Urzupha peut largement se vanter.

    Dante se mue dans une impassibilité absolue, au moins en apparence, face à la corruptrice proximité de la sauvageonne qui se joue allègrement de provocation et d'un soupçon de séduction. Ce à quoi, l'Oni ne répondra d'aucune manière car en ce Lieu Saint et pilier de sa foi, jamais on ne le retrouvera à blasphémer sous le regard même des Dieux qui guident ses pas à chaque instant. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment. Pour cause, même Kar'ath est actuellement absent de l'attirail du bourreau à la peau grisâtre car jamais ce Démon hérétique ne viendra troubler la tranquillité de ce temple. Sans même se détourner du regard d'ivoire et accusateur d'Urzupha, dont son égo l'empêche tout simplement de s'écraser et ce, même s'ils attirent l'attention des véritables croyants scandalisés. Malgré tout, Urzupha est bien moins stupide qu'on pourrait le croire et autant dire qu'elle vise étonnamment juste dans son analyse sommaire de la situation. Ses mots sont aussi tranchants que sa hache. Finalement, le Nouvel Ordre n'est peut-être qu'un prétexte pour les deux frères d'armes. Pour Nargulg, c'est un appel à la guerre, au massacre et à la purge de toutes vies insignifiantes sur le Sekai. Pour Dante, un moyen de trouver satisfaction dans une quête de grandeur personnelle qui le pousse continuellement à chercher un défi à surmonter. Dans les deux cas, le Nouvel Ordre n'est là que pour contenter cette folie meurtrière qui les ronge de l'intérieur dont l'un se complait à assouvir ses instincts les plus primaires pendant que l'autre, tente désespérément de s'extirper du cercle vicieux de la violence.

    Urzupha est dangereuse à bien des égards, notamment parce qu'elle est bien au fait des différentes transgressions dont Dante s'est rendu coupable assez honteusement. Et de ça, il en est impardonnable.

    « Tu as raison. C'est ça que tu veux entendre ? Je ne suis ni un bon croyant, ni un parfait pratiquant. Encore moins un modèle à suivre. Malgré tout, j'ai la foi et chaque jour que les Dieux font, je m'efforce d'être un peu meilleur que la veille. »

    Comment pourrait-il la contredire ? Dante n'est qu'un pécheur qui se prête une bonne conscience dans l'espoir qu'un jour, il pourra changer. Le chemin sera long et semé d'embûches mais s'il n'y croit pas, personne ne va le faire à sa place.

    « Shoumei était faible. La Fédération a été détruite parce s'était égarée de la voie des Dieux, indigne de leur lumière. »

    Dante n'a jamais eu la moindre considération pour le pays qui l'a vu naître. Appartenant à la caste des marginaux, un habitant des montagnes et donc relégué à une place de sauvage pour cela. La vie dans les grandes villes a toujours été un grand mystère pour lui, du moins avant qu'il ne commence à quitter les dangereuses Rôcheuses pour voir le monde de ses propres yeux. Jamais personne ne s'est soucié des siens. Ni avant la guerre, ni pendant. Alors pourquoi devrait-il regretter une nation pour laquelle il n'existait même pas ? Shoumei est morte et ne reviendra jamais, c'est peut-être pour le mieux. Un avertissement à l'attention des autres nations qui se sont écartées du droit chemin pendant trop longtemps et qui ne tarderont pas à subir le même sort, tôt ou tard.

    « Il n'y a aucune qualité que je respecte plus que la force d'un individu. Les Titans ont obtenu mon engagement éternel parce qu'ils le sont par nature. Le Nouvel Ordre a obtenu mon serment parce que l'ancien Haut-Prêtre l'était. Tu es forte, Urzupha et je te dois bien cette confession et c'est justement pour cette raison que je ne comprends pas pourquoi une guerrière de ta trempe cherche absolument à retourner perdre son temps dans un conflit sans intérêt. »

    Il vient se saisir fermement des poignets de l'Orc, les ramenant ainsi ses mains baladeuses près d'elle.

    « Tu veux retourner chez toi ? Pourquoi faire ? Soumettre ton clan et tous les autres ? Admettons. Et ensuite, tu feras quoi quand il n'y aura plus personne à tuer ? Tu vas régner, porter une couronne ? Un peu de sérieux. Tu vaux mieux que ça. Nargulg l'a compris, lui. Il a lui-même choisi d'emprunter un autre chemin, en son âme et conscience. Tu es forte, tu pourrais te battre pour une vraie cause. Pour quelque chose qui a véritablement de l'importance. Tu dois voir plus grand. Ce que tu veux pour ton clan, les Dieux le veulent à l'échelle du Sekai. Nos intérêts ne sont pas si contradictoires. »

    Il finit par la relâcher en marquant une courte pause dans sa réflexion, il en profite pendant qu'ils ne sont pas encore interrompus ce qui ne saurait tarder.

    « Tu veux un adversaire à ta hauteur ? Tu n'en trouveras jamais autant qu'à la surface, que tu le veuilles ou non. Le Sekai est rempli d'infidèles et d'impudents qui trop longtemps ont ignoré la volonté des Dieux. Nous voulons bâtir un nouveau monde. Un monde où les forts et les vrais croyants auront une place privilégiée et s'il faut bâtir de nouvelles fondations sur les Cendres de l'ancien monde, alors soit. Si tel est la volonté des divins, je l'accepte. Il faut savoir faire des sacrifices, pour le bien commun. »

    Une vision très extrémiste des choses qu'en réalité, il espère ne jamais voir se réaliser. Si l'apocalypse doit frapper le Sekai, cela veut dire que les Dieux auront jugé qu'il est irrécupérable suite à des millénaires d'impiété et à cause de l'ambition de certains mortels qui aujourd'hui encore, se plaisent à contester la suprême autorité. Pour quelle raison ? Par jalousie évidemment car il existe en ce bas-monde des êtres qui convoite une place d'élu qui ne leur a pas été accordée à la naissance, s'érigeant en sauveur de l'humanité et s'élevant comme des Dieux qui ont leurs propres dogmes et leurs propres fidèles. Une religion basée sur le mensonge et la convoitise qui cherche à faire de l'ombre à une autre. Cela a tout de la mauvaise blague et pourtant, c'est bien réel. C'est pour cette raison que les hérétiques doivent disparaître une bonne fois pour toute car les velléités des grandes nations et du Reike en tête de liste sont une menace pour la paix dans le monde à laquelle Dante aspire.

    Alors qu'il pensait se faire interrompre par un homme de foi quelconque, c'est le retour de Nargulg qui signe l'arrêt de ce véhément échange d'opinions qui, il l'espère, aura fait cogiter Urzupha autant que ses paroles ont frappé l'Oni en pleine face. Ils embêtent les différents adeptes du temple depuis déjà de trop longues minutes qui eux, à la différence des trois pécheurs, respectent les dogmes du Divinisme avec bien plus de dévotion. Le cornu fait donc un bref signe de la tête à ses deux camarades barbares afin qu'ils se dirigent calmement vers la sortie pour ne plus attirer l'attention sur eux. Retournant se les peler sévèrement à l'extérieur du temple, là où le froid mordant n'épargne personne.

    « Bon. La mauvaise nouvelle c'est que le Haut-Prêtre a disparu mais vous êtes sûrement au courant. Tout le monde en parle, la rumeur circule depuis un moment. Il va y avoir un grand changement dans la hiérarchie et je n'en sais pas vraiment plus. Je m'en tape un peu, pour être honnête. La bonne nouvelle, c'est qu'une partie de Sancta a réussi à être reprise et sécurisée. Des convois se préparent déjà pour descendre Célestia et rejoindre la ville où tout le monde pourra manger à sa faim et avoir un toit sur la tête. Mais ce n'est pas vraiment ça qui m'intéresse. »

    Dante dévale quelques marches avant de se retourner vers les deux Orcs qui le suivent, posant ses deux iris sombres sur Nargulg l'estropié.

    « Il se passe sûrement encore quelque chose à Sancta. Toute la ville n'est pas complètement sûre et vous n'êtes pas sans savoir que X'o-rath est apparu là-bas pendant la guerre. Je sais qu'on avait parlé de Benedictus mais pourquoi s'embêter à aller aussi loin ? On trouvera peut-être quelque chose d'intéressant à Sancta. Qu'est-ce que t'en dis ? »

    CENDRES
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  • Jeu 29 Juin - 17:58
    Il n'y a pas à dire, les conversations énouées d'afféterie délivraient nos béotiens babillards de l'exécrable chape de plomb des non-dits, pour qu'Urzupha et Dante alimentèrent ces conciliabules interdits du froment nommé : conviction. Néanmoins, ce n'était ni le lieu ni le moment de bousculer la componction des fidèles, alors distraient par la familiarité tout de go du geste de l'incroyante. Sourdes palabres, et bienheureux étaient les cœurs des ignorants, car leurs oreilles ne supporteraient pas plus l'impiété du verbiage, que la moiteur saisonnière. Risquons-nous, de grâce, à poursuivre cette discussion d'une totale succulence, car Nargulg ne reparut point encore pour l'obliger au silence.

    "[...] Je m'efforce d'être un peu meilleur que la veille." conclut l'oni dans un premier temps. N'en fallait-il pas moins pour que frémit une paupière de la psychopathe arrimée au poitrail de l'oni, les lèvres clouées à son ouïe de riposter du tac au tac, sans jamais hausser le ton.

    - Meilleur ? Quel sens prêtes-tu à ce mot que j'affectionne ? Être dans la retenue permanente c'est ça que tu appelles être meilleur ? L'impuissance n'est pas une qualité. Les phalanges de cette orc, coiffées de quasi-serres, râpèrent sensuellement de leurs piquants l'écorce dorsale du cornu. Je t'ai ouvert mes cuisses, parce que je le voulais. Nargulg ne te fera pas le reproche d'être un mâle et d'agir comme tel avec les femelles, moi non plus. Le souffle expirateur de la criminelle en vint à chatouiller l'épiderme du cornu, sa bobine d'élonger un sourire, par endroit amusée, la prétention huilée de vulgarité d'accourir de plus belle. Laissons les reproches vaseux aux tapettes émasculées du Reike, ces fiers soldats d'un Empereur qui se noie dans des amours adolescents à presque quarante berges. Un pincement de lèvre plus loin, Urzupha ajouta. Je ne crois pas trop m'avancer en disant que les Titans sont satisfaits de tout ce que tu as pu accomplir, en leurs noms. Pour toutes ces raisons, tu n'as pas à t'en vouloir de trouver chaleur auprès de moi.

    Il était incompréhensible, tant pour Nargulg qu'Urzupha, que la sexualité active puisse être vécu comme un péché. Quelle transgression commettait le fort, en répondant à ce besoin par toute une collection de conquêtes ? Aucune, et les chuchotis de la balafrée se voulaient rassurants, car ces sauvages ne s'en iraient pas jouer les dénonciateurs, qui les prendraient au sérieux, franchement ? L'on pourrait gloser inlassablement à ce sujet, qu'ils persisteraient à conjuguer puissance, brutalité puis stupre. Une fois de plus répétons-le, bienheureuses furent les non-orcs de n'avoir jamais été abusées par Nargulg, qu'on le dise serviteur du Nouvel Ordre ou sicaire, l'histoire ne retiendrait qu'un meurtrier, non un violeur. Je ne saurai en dire autant d'Urzupha, hélas. L'oni poursuivit son argumentaire, implacable, sûr de lui, il condamnait Shoumeï pour ses fautes passées. Mais voyons, de quels égarements l'ancienne théocratie s'étaient-elles rendues coupables ? De s'être montrée incapable d'endiguer le déclin du divinisme ? De faciliter la progression de l'athéisme depuis l'impasse du schisme ? Billevesées. La théologie, dans sa savante complexité tapait à côté, tant les choses étaient plus simples et accessibles à tout un chacun ; divinistes, cultistes des ombres, adeptes du shierak ou athées, antérieurement au retour des Très-Hauts, tous fêtèrent annuellement le Jour de la Libération. L'histoire tenait sur un post-it, odieux mortels, puisque le 3 mai en explicitait plus lors de ces festivités que d'indigestes connaissances empilées dans de poussiéreuses étagères de bibliothèques. Jadis, Shoumeï se frotta aux Souverains, cinq millénaires plus tard, elle fut dévastée. Voilà ce qu'il se passe, quand on s'oppose à Eux. Cela, Nargulg l'observateur taciturne l'avait parfaitement assimilé, afin, qu'à l'instar de Dante, il ne regretta aucunement la Fédération qu'il n'eut jamais connue. Le Nouvel Ordre, dernier carré du divinisme originel, préserverait l'allégeance du méprisable verdâtre, à la condition de ne pas réitérer la faute d'autrefois, car de plus Grandioses Hiérarques jouissaient de l'absolu fidélité de l'orc. Cette perspective, Urzupha la gerbait par tous les orifices, tant et si bien que, lorsque Dante invoqua son serment fait à l'Ordre par égard pour la force du Haut Prêtre disparu, elle ne put que se lamenter sans mot dire, d'avoir un bonhomme prompt à s'agripper aux engagements qu'il donnait. Oui, Nargulg n'avait qu'une parole, malgré toutes les horreurs et la sauvagerie intrinsèque au personnage, survivait des règles auxquelles il ne dérogeait pas. Pour combien de temps encore ?

    Dante repoussa l'instable femelle qui, pour une fois, fit preuve d'une surprenante sérénité. Étrange, vous avez dit étrange ? Non, c'est moi qui l'affirme. En temps normal, la balafrée braillerait pour affirmer la supériorité de son opinion, en toute immaturité certainement, toutefois, rien de tel ne souilla le gosier de l'impure créature, dès lors les témoins de la scène retrouvèrent un semblant de paix dessous l'impressionnante toiture cloquée de dômes pélasgiques. Enfin, le Temple des Huit, berceau d'ataraxie extrêmement prodigieux, instillait derechef la ferveur dans la méditation des pratiquants, qui ne biglèrent aucunement le pécheur à cornes ou la blasphématrice. Et il avança, Dante progressa toujours plus dans le plaidoyer en faveur des Divins Maîtres, allant jusqu'à mettre en lumière la plus sanglante des nécessités : faire table rase du Sekai, avec tout ce que cela impliquait de massacres à l'échelle planétaire.  
    Urzupha écouta sagement, non, religieusement plutôt, parce que tant d'interrogations rhétoriques que de ferventes assertions étaient lancées par nul autre que notre cornu. Ce dernier délivra toute une sérénade de convictions, perturbant la guerrière depuis une loquacité qu'elle ne lui connaissait pas, jusqu'à présent. Cependant, c'est ici qu'ils effleurèrent le point culminant de leurs fantasques élucubrations. Alors, allons aussi loin que ne le permettait cette discussion exclamative de leurs penchants dévastateurs, car, les incultes étaient aptes d'articuler des réflexions, aussi douteuses soient-elles. L'auditrice décroisa les bras emmaillotés de fourrures brunies, une exhalaison givrée de fuir par-delà ses lèvres noires, puis, plantée face à Dante, elle répliqua.

    - La vie est un conflit, notre intérêt réside dans le conflit, et la force que tu félicites est prédestinée à la guerre, et à la sauvagerie. Nous incarnons la brutalité, vois comme les autres nous regardent tous les trois, parce que je t'interdis d'en douter. L'assurance pétillait de ses mirettes ivoirées. Je me bats parce que c'est ce pour quoi j'ai été enfantée, et je peux te confirmer l'hostilité de mon clan à l'idée folle que vous tous, surfaciens, avancez sans cesse : la paix. Un froncement de sourcils assombrit soudainement la face de la mauvaise, sévère dans sa sentence. Les reikois, ces suceurs de nœuds effrayés par les femmes les plus minables du monde, ils ne jurent plus que par le suprémacisme impérial, pour la paix, l'ordre et la sécurité, disent-ils. Un rictus tortura sa face, discrètement d'abord. Les républicains, ces enfants de putes et de gigolos, prêchent la tolérance et parlent, sans arrêt. Ils ne font que ça, parler et péter dans la soie parce que, la paix, leur va comme un gant. Eh bien, je conchie la paix. Et toi, guerrier... Elle pointa Dante d'un doigt incriminateur. Tu aspires à la paix. Pourquoi ? À sa voix de femme forte à deux pas de la menace, elle se ravisa, puis de reprendre innocemment. Vous deux, vous vous fourvoyez à propos des Titans et leurs accordez des aspirations dont vous ignorez tout. Quel malheur pour vous serviteurs de cette cause imprécise, parce qu'ils préfèrent jouer avec les reikoises plutôt que de récompenser vos sanglants exploits.

    Les indiscernables pupilles de la désaxée, jusqu'alors enracinées dans les prunelles insondables de Dante, quittèrent ce dernier afin de rouler sur le plafond voûté enduit de peintures murales allégoriques.

    - Les vichi... Une interruption, agacée, elle retenta. Les vicishit... Presque, elle était à rien d'y arriver, recommençons. Les vicissitudes de l'existence ne doivent pas nous détourner de notre passion dévorante pour le conflit et la guerre. Elle prononça le nom de l'oni au terme d'un discret soupir, ensuite, la sauvagesse renoua le contact oculaire avec lui. Par la primauté des orcs sur l'univers, je m'assurerai d'effacer toutes notions de paix, et de tolérance. Nous mettrons le feu aux bibliothèques de la République, puis ce sera aux sénateurs ventripotents de finir écorchés vifs, sur les braises de leur ignoble société. Pour avoir souillé le mot de "force", le Reike subira l'annihilation jusque dans la chair de ses enfants. Les traits anguleux d'Urzupha suintaient d'un mal irrationnel, démesurément monstrueux assurément, néanmoins en phase avec la macabre ambition des Huit qu'elle méprisait. L'ombre croissante de Nargulg fit une inévitable apparition à proximité, mais avant qu'il n'interrompit l'échange, elle interrogea simplement. As-tu le cran d'attaquer et tuer les "infidèles", pour ce seul motif ? Ou bien, vas-tu faire le tri entre les "bons" et les "mauvais" ? Toi qui parles de suivre la voie des Titans, jusqu'où iras-tu pour soutenir l'avènement de leur emprise ?

    Nargulg, grand vilain tout vert, patibulaire de fait parce que voilà, c'était un orc hein. Mon orc en l'occurrence, s'abstint de tabasser Urzupha, comprenez qu'appliquer ses menaces faites à la grande folle était chose impossible, sauf à encourir le courroux des autorités du coin. Et puis, faire ça dans le Sanctuaire, non mais c'était impensable, d'autant plus que, fondamentalement, elle n'avait agressé personne, ni même criée sur tous les toits les insanités échangées avec le sombre oni. Un regret toutefois, un seul, celui de ne pas avoir conduit ce dialogue à son terme. Oh oui, Urzupha avait encore tant de choses à lui dire, autant de réponses à apporter que de questions à soumettre. Ignares et grossiers, cependant volubiles à défaut de se bagarrer, nul doute que ces palabres aux accents controversés reprendraient, un jour prochain. La grande question raciale, élément central de la personnalité d'Urzupha, nous n'avions pas fini d'en entendre parler, croyez-moi, l'intolérance a de beaux jours devant elle, surtout dans notre univers moyenâgeux.
    Désormais, le trio était à la merci d'un froid polaire, bordel que ce devait être dangereux d'aller au petit coin par ce temps. Toutefois, rien de tel n'entrava la brève progression à l'extérieur du Sanctuaire. Oui, brève. Dante fit un petit topo sur la situation catastrophique du Nouvel Ordre, rappelant aux orcs l'évidence déjà évoquée maintes et maintes fois, rien qui ne vaille un kopeck ni ne représenta un quelconque intérêt à l'œil de Nargulg, la gestion de l'organisation était déjà assurée, pour que le nouveau venu n'eut point à tremper les doigts dans d'absconses machinations. En gros, avec Nargulg c'était "rien à péter tant que la boîte tient debout", et la structure millitaro-religieuse tint le coup, si la misère n'usait fatalement les mal lotis de l'Ordre, alors des changements dans sa hiérarchie n'y feraient rien.

    Sancta ? Quand la langue du démon des rocheuses siffla ce nom, un souvenir émergea du crâne de l'orc au masculin. Il y a de cela plusieurs mois, un puissant aristocrate reikois se paya les services de Nargulg le mercenaire, pour un simple entraînement, très bien rémunéré par ailleurs. Ce noble, cette gueule d'ange aux manières par moment insupportables, lui proposa de participer à une expédition dans le Nord de Shoumeï, probablement dut-il viser Sancta. Toutefois, l'ambition ne se concrétisa pas, mais déjà à l'époque, le plus que jamais fanatique espérait du fond du cœur, atteindre un dieu. Aujourd'hui, une portion de la cité était sous la férule du Nouvel Ordre. Bien, très bien, comme quoi, tout n'allait pas de mal en pis au pays des crèves-la-dalle.

    - Allons-y. Soutint-il à l'attention de Dante. Quant à toi. La figure du mâle donna un coup de barre à gauche, s'adressant à Urzupha. Je t'avais dit de fermer ta gueule et de ne pas foutre la merde.
    - J'ai rien fait, demande à Dante ! Assena-t-elle fermement, quémandeuse du soutien de l'oni.
    - Deux minutes. Je m'éloigne de toi deux petites minutes et c'est un satané gobelin qui...
    - Le satané gobelin est votre aîné, un peu de respect je vous prie. Et l'abbé court sur patte épingla Nargulg.

    La phraséologie du mastodonte suspendue, le curé dégarni par la foi, n'avait toujours pas l'air impressionné par la présence du trio meurtrier. Mieux encore, c'est la confiance en sa petite position d'autorité qui le préservait d'un sort terrible. "Race gobeline, race d'esclave" aimaient à penser Nargulg et sa tribu, pourtant ce traitement infâme dénotait d'une relative proximité entre les deux races verte, celle de maître à laquais pour faire simple. En tout cas, c'était une source d'inimitié parmi la myriade de clans rivaux, ne nous attardons pas dessus, ce qu'il se tramait sous les montagnes gagnait à y dépérir. Je crois...
    Le sinistre mâle se courba légèrement en avant, qu'il ne fusilla du haut de son orbite survivant le petit homme d'Église, lequel de soutenir le menaçant duel de regards dans un silence de mort, l'idéal quand on se les gelait n'est-ce pas ? L'orc rompit en premier le mutisme ambigu.

    - Que vient faire un gobelin dans une contrée où l'argent n'a pas cours ?
    - Plaît-il ? La créature lilliputienne de feindre la curiosité.
    - Bah, votre passion c'est le fric, je vous aurai plutôt vu en République qu'ici. Étala franchement l'orc.
    - Par les Huit ! Ces inepties que vous proférez n'ont pas plus cours que la néfaste influence de l'argent.

    Cela sonnait telle une mise en garde, gare aux orcs à ne pas déraper, dans le cas contraire "couic". Urzupha étouffa un rire dessous ses joues boursouflées, à peine évacué depuis ses naseaux donnant naissance à une face grotesque. Comment cette chiure sur pattes osait tenir tête au colossal verdâtre ? N'était-il point évident que c'était à un meurtrier qu'il avait à faire ? Eh bien, le riquiqui bonhomme s'en tartinait le fion de tout ça, c'était d'autant plus véridique, qu'à Dante il lança directement.

    - Vous, gardez-les à l'œil, le Nouvel Ordre n'a pas besoin de psychotiques dégénérés. Tous les trois, sachez que Vaera la nouvelle protectrice, souhaite redorer notre image, c'est pourquoi je vous déconseille fortement d'y contrevenir par le biais de vos lubies que je soupçonne impies. Que la lumière de nos déités éclaire la voie vers le Salut de vos âmes.

    Ainsi parla Monsieur l'Abbé, tutoyant le frissonnant péril glacial malgré son grand âge, mais tandis que ses paroles aux relents d'avertissement trottaient sous la caboche du vilain Nargulg, le gobelin de marbre s'en retira précipitamment dans le Sanctuaire, seule destination digne de sa religieuse présence. Cela étant, le trio put enfin descendre l'infinité de marches de l'éprouvant pic, leurs épaules d'être saupoudrées d'une cuticule enneigée. Enfin, lors de l'assommante descente, Nargulg ne put s'empêcher de questionner Dante sur un détail qui le tiquait depuis de longues minutes.

    - Ça veut dire quoi, redorer l'image du Nouvel Ordre ? Moi, j'étais parti pour massacrer les reikois et les républicains en me disant que c'est ce que les dieux veulent. Pourtant, quand l'autre l'ouvrait, j'ai bien senti que ce n'était pas ça, le but du Nouvel Ordre.

    Il fit une halte dans ses questionnements livrés à voix haute, son poids d'écraser l'énormissime perron montagneux pendant que son esprit errait en une drôle de thébaïde. À nouveau, l'orc ouvrit sa gueule.

    - Ma tolérance à ses limites confirma bêtement l'extrémiste tout de vert et jamais je ne collaborerai avec les républicains au prétexte qu'ils sont les grands rivaux de l'Empire. Ailleurs, on me parlait du Nouvel Ordre comme des tueurs d'hérétiques. Ici, j'entends un autre son de cloche, m'a-t-on vendu du rêve ?

    C'était dit. Naïvement, Nargulg, se pensait tout à fait prêt à suivre l'organisation comme à contenir ses pulsions meurtrières, pour elle. Toutefois, en interrogeant ainsi les objectifs de la direction du cheptel fanatique, ne laissait-il pas entendre qu'il n'y était pas à sa place ? Le putain de problème avec monsieur, c'est qu'on le pondit dans un univers aux antipodes de tout ce que la surface pouvait produire de sociétés, aussi diverses soient-elles, aucunes ne trouvaient grâce à ses yeux, son œil pardon. Sacré dilemme pour mon détestable orc, car voici le pèlerinage achevé, que l'exterminateur discutait l'indiscutable : est-ce que le Nouvel Ordre ferait l'affaire ? Totalement à côté de ses pompes le bonhomme, je vous le dis. C'est pour ça que je l'adore.

    - Tu poses trop de questions, on rentre au pays et nique la surface j'dis. Hé Dante, y a pas des sources chaudes dans le coin ?

    Merci Urzupha, peut-être qu'elle était dans le vrai depuis l'origine. Attendez... Nargulg ne lui avait pas dit de la boucler ?
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  • Sam 1 Juil - 1:58
    Loués soient-ils
    Deux visions s'affrontent et pourtant, elles ne sont pas fondamentalement incompatible malgré les différences significatives entre le fervent Dante et la dégénérée Urzupha. Le conflit pour unique motivation, la barbarie et le carnage comme mode d'emploi. Dante n'est pas tellement étranger à ces notions même s'il aspire à autre chose mais est-ce vraiment une idéologie viable à l'echelle du monde ? Urzupha mentionne qu'elle serait née dans ce but, sous-entendant que ce serait inhérant à sa personne et pas forcément dû à son éducation même si évidemment, cela doit jouer une partie essentielle de sa philosophie barbare. Est-ce possible que ce genre de pensées soient héréditaire ? Dante s'interroge beaucoup, constamment en réalité. Sur tout. Sur lui, sur le monde, sur les autres. Rares sont les occasions de pouvoir échanger ses opinions avec quelqu'un d'autre, faute à un entourage restreint. Solitaire et introverti, que voulez-vous ? En tout cas, il ne s'attendait pas à autant de répondant de la part d'Urzupha la blasphématrice. Cette femme fait preuve d'une sagacité assez inattendue, aux antipodes de ce qu'elle montre habituellement. N'allons pas jusqu'à dire qu'elle a deux personnalités bien distinctes mais cette conversation est étonnament pertinente pour les deux parties.

    Pourquoi vouloir la paix, demande-t-elle. En voilà une sacrée question. Pourquoi vouloir la guerre si ce n'est pas pour obtenir la paix ? La guerre éternelle n'existe pas. Tuer, encore et encore sans jamais s'arrêter. Ça deviendrait redondant et puis quoi ensuite ? Que feraient ces sauvages primitifs une fois qu'il n'y aura plus personne à tuer ? C'est tout simplement absurde. Un grand défouloir à ciel ouvert a pourtant de quoi susciter l'intérêt de cet Oni belliqueux, la différence est que Dante se montre plus sélectif que ses homologues Orcs. Plus élitiste.

    « Pourquoi s'abaisser à s'en prendre à plus faible que nous ? C'est facile et donc par définition, c'est ennuyant. Tout le monde peut devenir fort avec du temps et de l'entraînement. Mais les forts le restent en affrontant encore plus fort. En apprenant, en s'améliorant, en se surpassant. C'est ça, la voie du guerrier. C'est une question de survie. Tu es forte Urzupha. Mais pour combien de temps encore ? »

    Un défi à sa hauteur. Une notion omniprésente de la vision singulière de cet Oni qui abhorre la faiblesse. Pas celle des autres car il n'a que faire du commun des mortels qui se complaisent dans leur propre médiocrité. Dante cherche toujours à se prouver qu'il est le plus fort car finalement, c'est peut-être là sa raison de vivre ? Si Urzupha se plaît à tourmenter plus faible qu'elle, alors grand bien lui fasse mais Dante n'adoptera jamais cette idéologie. Pour sûr que ce n'est pas aujourd'hui qu'un terrain d'entente sera trouvé. Le choc des cultures étant bien trop important. Ceci dit, là n'était pas forcément l'objectif. Les dernières interrogations d'Urzupha visent très juste car en réalité, là est toute la contradiction du personnage qui souffre énormément de ce paradoxe. Tiraillé entre sa foi indéfectible et aveugle envers ses Dieux tyranniques et son sens moral qui se refuse catégoriquement à franchir cette fragile limite qui ferait de lui ce qu'il combat au quotidien : un monstre.

    De ces interrogations, Urzupha n'aura point de réponses car c'est le retour de Nargulg qui met fin à ces discrètes élucubrations entre le pêcheur et la blasphématoire. Dante regrette au moins autant qu'Urzupha que cette conversation ne trouve pas de finalité satisfaisante dans l'immédiat mais ce n'est que partie remise. Tôt ou tard, ils reprendront là où ils se sont arrêtés. Tout comme Dante et Nargulg ont un combat à terminer, c'est inévitable. Le pèlerinage bien entamé pour ne pas dire terminé car il y a peu de chance que Nargulg soit intéressé par une retraite spirituelle en ce lieu saint. Lui autant que Dante sont des hommes d'actions, qui ont besoin de bouger et de se rendre utile, chacun à leur manière. De plus, ils ont un intérêt partagé pour les Titans despotiques et au vu des récents événements, Sancta semble faire une destination de vacances absolument parfaite. Benedictus qui est toujours une piste crédible vient tout de même de devenir un peu plus compliqué depuis leurs dernières mésaventures. Ils ne sont pas en odeur de sainteté avec les Reikois qui gardent les grandes routes et les Rôcheuses sont devenus un territoire hostile à cause de la présence d'Edrir et sa petite armée. Pour faire simple, Benedictus va devoir attendre un peu.

    Acquiescant de la tête, il n'a pas eu de mal à convaincre Nargulg mais c'est une nouvelle scène de ménage qui se déroule sous ses yeux. Ces deux-là n'arrêtent jamais, à croire qu'ils sont incapable de se supporter. À deux doigts de se foutre sur la gueule le jour et s'envoyant en l'air à la nuit tombée comme si de rien n'était. Sacrément toxique cette relation mais qui est-il pour juger ? Il n'y a pas à dire, les Orcs ont une définition bien à eux de l'amour. Dante n'a aucune intention de s'immiscer dans cette dispute. Ni dans celle-ci, ni dans les prochaines d'ailleurs. Ne jamais mettre son nez dans les affaires de deux personnes qui se sont déjà vues nues. C'est une règle de base que l'abbé du temple ne semble pas connaître. Dante cherche l'origine de cette voix qui dégage comme un semblant de perfidie mais il ne regarde évidemment pas au bon endroit. Il met quelques secondes avant de comprendre qu'il doit baisser les yeux et regarder derrière Nargulg pour enfin remarquer le... Merde alors. Mais c'est quoi ce petit truc tout vert au crâne dégarni ? Alors celle-là, elle est bien bonne.
    Si on lui avait dit qu'un jour, il aurait à faire à un gobelin en tenue de prêtre, il se serait sûrement ouvert le crâne contre le sol. Bon... C’est pas bien les préjugés mais la scène est quand même sacrément comique surtout qu'il ne semble redouter aucun des trois tueurs face à lui qui pourtant font la taille d'un titan en comparaison. C'est assez drôle de se dire que ce petit gobelin est bien le seul à avoir le courage de venir à la rencontre des deux Orcs. Et de l'Oni bien sûr mais Dante est un peu plus connu dans le paysage de Célestia, les gens se sont habitués à lui.

    Les bras croisés devant le buste et toujours très silencieux, l'Oni écoute l'échange entre le géant vert et le petit vert. Ce dernier a du répondant, on ne peut pas lui retirer ça, ce qui ne manque pas de faire sourire le cornu alors que Nargulg se fait gentiment remettre à sa place par plus petit, mais immensément plus sage que lui. Dante est finalement interpellé par le même personnage, soucieux que la tranquillité du temple et de tout Célestia soit mise à mal par le duo d'Orcs libertins. Voilà qu'il se mange un rappel, d'ailleurs ça ne lui ferait sûrement pas de mal si ça devait arriver un peu plus souvent. Peut-être qu'il s'écarterait un peu moins du droit chemin. L'Oni souffle bruyamment des narines en daignant finalement montrer un peu de bonne volonté en hochant la tête. Outre sa comique intervention, monsieur l'Abbé soulignait un point très important en mentionnant la nouvelle dirigeante de l'ordre et ses ambitions. La hiérarchie de l'organisation a bien changé, tout comme son nouveau fonctionnement.

    « Hm. Ouais, j'ai oublié de mentionner ça aussi. La situation a un peu changé, c'est un peu plus compliqué que prévu. Seagan était un fanatique extrémiste aux penchants bélliqueux mais au moins, il savait ce qu'il voulait. Il était fort et sûr de lui, je respectais ça. J'ai rejoins le Nouvel Ordre en grande partie pour le Haut-Prêtre. Maintenant qu'il est plus là... Meh. Je ne sais pas grand-chose de la nouvelle cheffe mais elle a des méthodes assez différentes. Plus discrètes, plus réfléchies. »

    Continuant calmement de descendre les marches de Célestia une par une, haussant les épaules face au scepticisme de Nargulg que Dante partage en tout point.

    « Le Nouvel Ordre n'est pas une réelle menace en l'état. On a pas de quoi menacer une nation comme le Reike ou la République. Vaera voudrait se servir de la République pour en faire un allié de circonstance ou quelque chose comme ça. Temporairement, du moins. Pourquoi vous faîtes une fixette sur la République ? Ce sont des lâches mais au moins ils n'ont pas osé défier l'autorité des Dieux quand ils sont revenus détruire Shoumei. C'est le Reike qui a repoussé Kazgoth et qui opprime les derniers divinistes de Maël. Hérétiques et blasphémateurs tous autant qu'ils sont, le couple impérial en tête de liste. »

    Autant ne pas trop s'éparpiller, c'est du moins l'avis de Dante. Une nation à la fois. Le Reike est déjà un assez gros problème comme ça.

    « Bref. Je vais à Sancta et ensuite, je prendrai une décision concernant le Nouvel Ordre. On verra d'ici là. Mais Vaera a raison sur un point, on ne peut pas foncer tête baissée vers la mort. Il nous faut un plan. En attendant on passera la nuit à Célestia, si c'est bon pour vous. On partira demain. »

    Finalement, le Nouvel Ordre n'est qu'un prétexte officiel. Avec ou sans l'ordre, c'est du pareil aux mêmes pour les tueurs. L'Oni s'arrête dans sa démarche et tourne la tête en direction d'Urzupha comme si elle venait de sortir une énième absurdité de sa bouche.

    « Ça ressemble à une auberge ici ? »

    Des sources chaudes. Et un restaurant cinq étoiles pour madame aussi peut-être ? Quoi que ce n'est pas si stupide que ça. Pas le restaurant, évidemment que c'est absurde ça. Les sources. Ils n'ont pas eu un moment de répit depuis Benedictus et les Rôcheuses. Un bain ne leur ferait pas de mal avant qu'ils n'infestent les environs de leurs présences nauséabondes.

    « Hm. Il y a des grottes, un peu plus loin. Et des sources d'eaux à l'abri du froid mordant. Elles ne sont pas chaudes mais c'est supportable. Vous pourrez vous installer là-bas pour la nuit. »

    Inutile de préciser que ces deux Orcs lubriques ne sont pas les bienvenues au milieu de la plèbe et des familles qui tentent tant bien que mal de survivre à l'hiver le plus difficile de toute leur existence. Ces deux-là seront bien mieux à l'écart des réfugiés, là où ils ne dérangeront personne. Alors sur ces mots, Dante guide le chemin comme il l'a toujours fait en quittant le sentier principal pour emprunter les chemins escarpés du sommet de Célestia.

    CENDRES
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  • Mar 4 Juil - 20:55
    Pour combien de temps Urzupha resterait forte ? Ça c'est de la question qui vous clouait le bec, seulement, contrairement à Nargulg, madame n'était pas du tout, mais alors PAS DU TOUT inquiète à ce propos. L'existence pour somptueux repas pantagruélique, le sadisme pendant du plus délectable des nectars, excellent digestif autant qu'une miraculeuse solution contre l'attiédissement d'un Sekai chiant comme la mort. Tout à fait, ils étaient emmerdants, tous ! Qu'est-ce que c'est que cet univers où tout le monde se faisait reluire le poireau sur fond d'ouverture d'esprit ?! Urzupha existait pour rappeler à tous que l'entente entre les races flirtait avec l'innommable. Elle haïrait, encore et toujours, parce qu'elle y prenait son pied, par ailleurs toi aussi, adorable lecteur, elle te détestait... Elle nous avait tous en horreur ! Si pour Dante et Nargulg la foi était un prétexte aux déchaînements de leurs plus bas instincts, alors force est de constater combien le racisme intempérant de cette femelle, la rappelait à la plus répugnante des bestialités. Assez tourné en rond ! Ils avaient un rat dans la contrebasse, que s'y attarder plus fastueusement devenait indigeste.

    Le Nouvel Ordre maintenant, on en caquetait au détour d'une bavette, jusque-là rien d'anormal. "Meh", Nargulg retint cela de la première intervention de l'oni. Bon, accouchons fidèle spectateur, voici ce que ma cervelle d'orc conceptualisa au pic de l'ouvrage vous allez voir c'est... Toujours aussi simple et immuable. D'accord pour ne pas enquiquiner le Nouvel Ordre, les derniers autochtones de Shoumeï, les vrais croyants, d'accord pour tout ça ! Vraiment, je vous jure, Nargulg ne reviendrait pas sur sa parole donnée à l'oni. Ainsi vous était décrit le Nargulg errant en Shoumeï dévasté, grand tabasseur de gredins et monstruosité de toutes sortes. Puis, il y avait le Nargulg meurtrier au Reike et en République, là-bas, pas de quartier. Point barre. Le Sekai, infecté d'hérétiques par millions, Nargulg décida de le purger comme un grand. Avec ou sans Nouvel Ordre, avec ou sans Dante, tôt ou tard des bourgades reikoises et républicaines rencontreraient l'oblitération et c'est mon édificateur de malheur qui s'en ferait l'agent. Pas de politique, pas de poussives réflexions conduisant à des théories farfelues tablées sur des machinations aux intrications fumeuses. L'extermination, totale, radicale et méthodique, aussi froide qu'impitoyable, c'est tout. De plus, toute la simplicité du méchant Nargulg cultivait le plus juteux des fruits, celui d'amener à lui d'excellents combattants prêt à tout pour l'arrêter et l'éliminer. Saloperie... Il en salivait déjà de ces prometteuses expériences de combats à morts, qu'un mirage extatique embrumait l'esprit de monsieur, jusqu'à ce que l'oni parla de la République. Pourquoi faire une fixette sur cette nation de sous-hommes ? Ne t'inquiète pas Dante, ils répondirent à l'unisson.

    - Parce que c'est de la merde ! Scanda Urzupha.

    - Parce que c'est de la merde. Dit-il à son tour.

    Point de grimace excessive, néanmoins Nargulg tira la tronche aux dires du cornu. Reconnaissons tout de même combien il était difficile de différencier la mauvaise humeur de la neutralité, la sale trombine peu équivoque du gus le barbouillait constamment du filtre de la grincherie. Ce dernier eut à cœur d'apporter une précision à Dante.

    - Pour avoir baroudé des mois entiers d'un pays à l'autre, je peux t'assurer que la République a soutenu le Reike dans la guerre. Va savoir pourquoi, les reikois chouinent parce que selon eux, les républicains n'en ont pas fait assez, comme si "les experts de la guerre" voulaient se la couler douce derrière les ploutocrates. Bah ! Chercher à distinguer les puissances majeures de notre ère, très peu pour moi. Je les fous dans le même panier maintenant.

    Caustique dans l'élocution, immanquablement le respect de notre mâle zélateur pour bien des aspects de la société reikoise se mussait en deçà d'une glutineuse nappe d'hostilité. Parce qu'ils se destinaient au conflit, ces hérétiques-là incarnaient les parfaits ennemis. Heurter la populace reikoise, la saigner de but en blanc, cela ne nécessitait point l'appui de la République. Vous savez quoi ? Allez, accordons ce point à l'oni, car après tout l'affreux Nargulg fut incapable d'agir partout à la fois. Le Reike donc, serait le premier à endurer l'emportement purgateur, ce n'est pas comme s'il n'y avait jamais tué personne donc bon, rien de nouveau sous le Soleil. Déraciné d'une pépinière de massacreurs, assurément, et massacreur vagabond, il demeurerait.

    - Ouais c'kwa ton blème gars ? Y a une bourgeoise qui t'attend à Justice ?! Une tripotée de ricanements moqueurs d'être crachouillés par la folâtre entité du mal.
    - Soit, si tu préfères qu'on décapite Tensaï j'suis partant. Faut bien que quelqu'un s'y colle. Lança-t-il au démon des rocheuses.

    Quoi ? Je ne suis pas sûr d'avoir bien lu ? Haha ! Merci l'estropié, il pouvait être comique parfois, bien entendu, puisque cette garrulité tout dans le sérieux livrée, Nargulg y croyait dur comme fer. Puis on se souvint que la grande passion du bonhomme fut de combattre de solides gaillards, alors allons-y, brûlons les étapes tant qu'à faire.
    Une auberge ? Dante en vint à moquer Urzupha par cette innocente interrogation, inutile de vous cacher la subite animosité enflammant le squelette de la diabolique orc, aux babines fendillées par la frisquette saison. La haine dégueulait de sa trogne gangrénée par les stigmates méphitiques, que la nuisible créature était suspendue aux frontières de l'agression, extrêmement physique, extrêmement démentiel. Le sourd appel de la bagarre brouillait les sens d'Urzupha, qu'on redouta une malheureuse intervention de sa part.

    - Toi quand j'te sauterai dessus, ce sera buffet à volonté, tu vas en bouffer des patates.

    Eh, Dante adorait la baston, dès lors le plus veinard des onis pouvait compter sur elle pour lui flanquer une rouste du feu des dieux, au moment opportun.
    De la distance, chose présentement obligatoire puisque ces orcs n'étaient aucunement les bienvenus dans les multiples campements de fortunes de Célestia, c'est compréhensible disons-le. Honnêtement, c'était pour le mieux, car Nargulg n'appréciait pas des masses la compagnie des dévots qu'il suspectait à moitié de tremper dans le pharisaïsme des pieds à la tête. Pas bête le démon des rocheuses, au prétexte de satisfaire la capricieuse Urzupha, il éloigna le couple d'orcs de la pieuse populace. Et ils dégringolèrent les marches du titanesque Sanctuaire, et ils échappèrent à la vigilance des gardes de la cité céleste, et ils s'embourbèrent en des sentiers mystérieux dont seul Dante avait semble-t-il le secret ; pour que, bien vite, les touts autant hautes que merveilleuses tours d'ivoire et d'or du Temple des Huit, tombèrent dans la survivance des mémoires marquées au fer rouge. Nargulg n'oublierait pas son passage à Célestia, Urzupha également.
    Les pins argentés paradaient crânement sous l'épais velours des cimes neigeuses, frappant les rétines du féroce trio d'un somptueux décor, une ambiance enchanteresse d'être sublimée par le foisonnant éclairage du jour, surpassant la multiformité de ces arrogants branchages tout de givre maquillés.
    Loin de Célestia donc, loin des faces hagards, à l'abri de l'étroite autorité du Nouvel Ordre. C'était le moment.

    - Baisse pas ta garde mec. Déclara l'infâme Urzupha.

    Peu de chance qu'il n'eut jamais cessé d'être prudent le bougre de cornu, toutefois, l'expression de l'orc au féminin véhiculait suffisamment de mauvaises intentions, que de surprise à l'action agressive, Nargulg n'en avait aucune. Le sieur, en retrait les bras croisés, tout abrité aux côtés d'un tronc résinifère, estima peu judicieux d'intervenir. Pourquoi faire ? Chez ces orcs-là, on ne régla pas les différends autrement, en revanche, dans cet univers de barbare l'on obligeait à une conclusion sinistre. Alors ? Beignes ou tatanes ? Tatane ! Urzupha ne jouissait plus de sa hache, qu'à celle-ci, elle préféra entamer la "discussion" sur la base d'un direct du pied, certainement plus violent que les patates sus-citées. Sa quille d'appui pareille à l'ancre d'un navire, maintint en place la mauvaise, à elle d'illustrer son visage d'un sourire moqueur.

    - J'regrette déjà de pas t'avoir poussé dans l'escalier ! Chui sûre que Kar'ath adorerait ! HAHA !

    Oui, Urzupha pensait encore à cette folle histoire que l'épée démoniaque raconta dans une grotte, il y avait de ça plusieurs jours. Sacré anecdote, et très drôle qui plus est, pour ces deux psychopathes finit à la pisse évidemment, car bien senti pour finir comme cul et chemise, je vous le dis. Dire que Dante le rangea lors de son séjour à Célestia, quelle vie de merde celle de ce démon. En attendant, nos trois glandus n'y étaient pas encore à ces sources d'eau, mais bon ça va encore, le Soleil brillait toujours, inutile de se presser. Seulement, à Sancta, ce serait un autre son de cloche, je vous l'annonce d'emblée, et comme le dit si bien l'oni, ils s'y dirigeraient dès le lendemain. Un programme très chargé, aussi laissons-les faire mumuse aujourd'hui.
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  • Sam 8 Juil - 19:41
    Loués soient-ils
    D'une éxclamation conjointe, claire, nette et précise pour venir répondre à la naïve interrogation que l'Oni vagabond a osé exprimer à haute voix devant ce duo malfaisant. Pendant une seconde, il eut l'impression que sa simple curiosité avait de quoi offenser les deux Orcs tant leurs rancoeurs envers la République est grande. Une nouvelle incompréhension pour le cornu qui peine à comprendre pourquoi deux redoutables barbares comme Nargulg et Urzupha s'emmerdent avec une nation incroyante principalement composée de politicards avides de richesses et de tout autant d'hérétiques qui ont trop longtemps tourné le dos aux divins. Soupirant bruyamment, Dante ne peut qu'hausser les épaules avec nonchalance face aux précieuses informations que lui apporte l'Orc estropié. L'implication de la République dans la guerre ? Il n'en a aucune putain d'idée, ça lui passe largement au-dessus de la tête même. Faut dire que Dante, ermite des lointaines Rôcheuses et paria aux yeux d'une société en perdition, n'a pas souvent quitté les montagnes qui l'ont vu naître il y a plus d'un demi-siècle. La géopolitique du Sekai est un grand mystère pour lui, il ne s'y est jamais intéressé pour être honnête. Admettons. Il n'a pas souvenir d'avoir croisé un Républicain pendant la guerre. À quoi ça ressemble d'ailleurs ? Un plouc avec des rouflaquettes, qui porte un costume trois pièces sur mesure et qui utilise un langage soutenu pour se présenter ? Non, pour sûr qu'il se serait souvenu d'un connard pareil. C'est pas impossible qu'il ait cogné, disons par inadvertance, sur un membre du SCAR sous couverture ou un de ces fameux "Spectres" sans savoir de qui il s'agissait. Ceci dit, si c'est arrivé, ça ne l'a pas spécialement marqué. Les Reikois au moins étaient largement reconnaissables avec leurs armures reluisantes, leurs épées tout juste sorties de la forge et leurs grands étendards qu'ils brandissaient partout où ils passaient. Une des rares choses que Dante apprécie avec le Reike tout simplement parce qu'il aime beaucoup savoir sur qui il tape.

    Une bourgeoise qui l'attend à Justice ? Ça risque pas, il ne s'est jamais aventuré aussi loin à l'est. La frontière avec le Reike, symbolisée entre autres par le Mont Kazan, est aussi la limite des terres explorées par Dante dans cette région du monde. Alors ce rendre en République ? Bordel, il est loin ce pays à la con. Liberty passe encore mais Justice ? Et Courage, n'en parlons même pas. Pourtant, difficile pour cet Oni de cacher sa curiosité pour le monde qui l'entoure surtout maintenant que Shoumei n'existe plus, il pourrait se décider à quitter son trou perdu et aller voir le reste du monde. Finalement, qu'est-ce qui le retient dans le coin maintenant que le Haut-Prêtre n'est plus là pour guider sa lame et lui indiquer les ennemis à pourfendre ? Il pourrait bien la trouver un jour sa petite bourgeoise de Justice, qui sait. Dante, l'Oni repenti ayant abandonné une vie de violence pour l'amour d'une femme et la chaleur d'un foyer. Non ? Comment ça, non ? C'est vrai que ce n'est pas très crédible dit comme ça. Une vie morne et un quotidien oisif, quelle perspective affreuse. Puis soyons honnête, avec sa gueule cassée et ses excroissances sur tout le bras gauche, on est loin de l'idéal au masculin.

    « Je suis jamais allé à Justice et je vois pas pourquoi je me ferai chier à aller là-bas. Président, sénateur, maire. C'est la même connerie pour moi. Ils sont peut-être intelligents en République, peuple de mages et d'érudits, mais est-ce qu'ils savent vraiment se battre ? Je passe mon chemin. Les Reikois sont limités intellectuellement mais au moins, ils savent manier une épée. Ça, je respecte. »

    Dit-il juste avant de se mettre à fixer Nargulg de ses deux iris sombres, les paroles de l'estropié venant faire écho à l'intérieur de sa sale caboche de cornu. Attends, il est quand même pas en train d'y réfléchir sérieusement là ? Ah si si, c'est exactement ce qu'il fait. En voilà un, de défi à sa hauteur. Une marche un peu trop haute pour eux, en tout cas pour le moment, mais la peur ne fait pas partie de leur vocabulaire. Envisager l'échec, c'est déjà faire un pas vers celui-ci alors autant penser à la victoire et la gloire qui en découlera.

    « Hm. Croiser le fer avec un guerrier aussi réputé est une perspective réjouissante, faut-il encore être capable de l'atteindre au fond de son palais. Ridicule, un guerrier digne de ce nom n'a pas besoin d'une escorte. Tu as déjà vu l'empereur ? J'ai entendu dire que c'était un barbare sanguinaire et impitoyable avant qu'il ne prenne le pouvoir au Reike. Une véritable calamité, une force de la nature inarrêtable. On dit aussi qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même depuis que sa naine de femme a écarté les jambes pour lui. Comme quoi, le mariage ça change un homme à tout jamais. »

    Il vient croiser les bras devant son buste, l'air de peser le pour et le contre de cette mission suicide dont la balance ne penche que d'un côté. Tant mieux, si c'était trop facile ça ne l'intéresserait sûrement pas. Le visage d'habitude si impassible de l'Oni s'illumine soudainement d'un sourire carnassier caractéristique d'un frisson qui traverse son corps de part en part, quand sa cervelle en ébullition cherche le meilleur moyen de s'attirer des problèmes.

    « On dit aussi que l'impératrice monte un dragon, un des derniers encore vivants. C'est vrai ? Abattre une wyverne, tout le monde ne peut pas s'en vanter. Alors imagine un peu si on se trimballe avec une tête de dragon. »

    Quelle idée de merde quand même mais c'est exactement pour cette raison qu'elle est géniale. La plus grande chasse du siècle voire du millénaire, un haut fait, un acte de renom inégalable et l'assurance de graver son nom dans l'histoire en tant que "Tueur de Dragon". Ça, c'est une quête qui mérite tous les sacrifices du monde. Mourir en essayant d'atteindre un objectif aussi important, n'aurait rien de regrettable bien au contraire. Bon. Restons un peu lucide, ça n'est clairement pas pour tout de suite. Il leur faut un plan infaillible et un moyen de blesser la créature car ce n'est certainement avec les quelques lames émoussées qu'on trouve à Célestia qu'ils vont réussir une telle prouesse. Est-ce que même son épée en Rathonite en serait capable ? Rien n'est moins sûr.

    Bien. Maintenant qu'ils ont envisagé les différentes façons de mettre fin à leurs misérables existences, les trois tueurs peuvent enfin reprendre tranquillement leur marche. L'Oni se contente d'ignorer royalement l'autre dégénéré qui monte en pression dans son dos suite à sa pique bien sentie. Il commence à avoir l'habitude de ses sauts d'humeurs, la malfaisante Urzupha est une bagarreuse et le moindre prétexte est bon pour faire parler ses instincts les plus primaires. Bah. Là-dessus, ils ne sont pas si différents. Il garde un oeil sur ses deux compagnons pendant que le trio traverse les chemins escarpés et les sommets enneigés de Célestia. Traître et meurtrier de nature, encore plus en cette période de l'année. Glisser et se briser la nuque sur la roche n'aurait franchement rien de très surprenant et pourtant, Dante s'y déplace librement et sans aucune contrainte. Comme un oiseau entre les nuages ou un poisson dans l'eau, l'Oni est tout simplement dans son élément naturel. Bientôt, le temple majestueux bâtit en l'honneur des Huits disparaît dans leur dos alors qu'ils s'enfoncent toujours plus loin dans le paysage de la montagne solitaire jusqu'à ce qu'Urzupha déclenche une embuscade méticuleusement préparée à l'attention du cornu.

    C'est présomptueux de la part de l'Orc au féminin de penser qu'elle peut le surprendre aussi facilement en l’affrontant sur son terrain de prédilection. En fait, une autre réaction l'aurait surpris. Urzupha est bien incapable de réfréner trop longtemps ses pulsions et ça l'Oni l'a déjà bien compris depuis leur dernière mésaventure dans les Rôcheuses. Et pourtant, le pied de l'autre affreuse fait mouche dans son dos et l'Oni s'en retrouve largement désorienté, se rattrapant de justesse avant de s'étaler sur le sol. Dante grogne de mécontentement en se redressant sur ses deux jambes et je pense qu'il n'y a pas besoin de glisser trois paragraphes pour décrire deux gosses hyperactifs qui se tabassent joyeusement la gueule juste pour se défouler un peu. C'est une certaine forme d'affection entre eux, j'imagine. Finalement, ils s'apprécient autant qu'ils se détestent.

    « Je t'emmerde, Urzupha. Va chier. »

    Oui, ils s'aiment bien. Enfin je crois. Quoi qu'il en soit, Dante se montrera un peu plus combatif que lors de leur combat à mort sur le tertre de la wyverne. Il s'est bien remis de ses blessures et il est en pleine forme, si on met de côté la maladie qui gangrène toujours son bras. Et puis, Dante est un grand défenseur des droits des femmes et de l'égalité entre les sexes, faut le savoir. Alors en partant de ce constat, c'est sans le moindre remord qu'il entreprend de faire regretter à Urzupha son arrogance d'une frappe chirurgicale dans la mâchoire, tiens. Pourquoi elle s'en prend à lui d'ailleurs ? Elle ne peut pas aller faire chier son con de bonhomme juste derrière ? Enfin, peu importe. Dante met du cœur à la tâche et ça ne lui déplait pas tant que ça, si on est parfaitement honnête. Quand ils en auront assez de s'amuser à s'envoyer au tapis en boucle, l'Oni se remettra à guider tranquillement le chemin jusqu'à enfin atteindre l'entrée étroite d'une grotte discrète, tellement qu'on pourrait facilement passer devant sans s'y arrêter.

    Il suffit de courber un peu le dos et de descendre une petite pente naturelle pour s'engouffrer quelques secondes dans l'obscurité la plus totale. Ils finissent par déboucher dans une large cavité circulaire creusé par le temps à même la roche. Le plafond haut d'une dizaine de mètres au-dessus, la grotte n'est éclairée que par la source d'eau souterraine au fond de celle-ci dont les reflets ondulent sur les parois rocheuses. Un cadre presque idyllique si l'on omet le froid qui réussit à s'infiltrer par les différentes ouvertures en continuant de poursuivre les protagonistes. Au moins, ils n'auront pas de mal à trouver de l'eau potable pendant leur séjour. Le gibier, c'est une autre histoire. L'eau est froide évidemment mais supportable si on ne traîne pas trop à l'intérieur. Juste ce qu'il faut pour prendre un bain parce que ces trois-là, surtout les deux Orcs, empestent à des lieues à la ronde.

    « J'ose espérer que c'est à votre convenance. Si c'est pas le cas, je m'en tape. »

    Il s'adresse plutôt à la princesse Urzupha qui s'attendait sûrement à profiter d'une auberge digne de ce nom en venant ici. La désillusion est totale et elle devra se contenter du strict minimum. Sans attendre la moindre réaction de sa part, il reporte son attention sur Nargulg.

    « Il y a des forges à Sancta, le Nouvel Ordre compte bien les remettre en activité. Tu pourras y refaire ton équipement avant d'aller fouiller le reste de la ville. »

    Ça va lui changer de sa glaive brisée, c'est une certitude. Un guerrier a besoin d'une lame digne de ce nom et sous couvert d'agir pour le Nouvel Ordre justement, ça lui fera un passe-droit convainquant pour passer commande auprès d'un artisan qualifié. Il finit par poser son derrière sur un rocher qui traîne en plein milieu de la pièce, les bras croisés devant lui.

    « Qu'est-ce qu'on fait pour Edrir d'ailleurs ? »

    C'est vrai qu'ils n'en ont pas reparlé depuis, faut bien que quelqu'un aborde le sujet. Une victoire sur le maléfique Ivasaar Urira mais celle-ci a tout même un goût très amer. Si prendre la tête de l'empereur ou celle d'un dragon n'est pour le moment que spéculation, ils ont toujours un défi de taille qui les attend dans les Rôcheuses.

    CENDRES
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  • Jeu 13 Juil - 0:41
    Et l'oni feignit de questionner les capacités guerrières des républicains, lorsque l'on savait, à l'instar du cornu, faire les questions et les réponses, nulle obligation de démontrer quelque talent surérogatoire en l'art raffiné de la parlotte. Calembredaines vainement engrangées ! Barbares et raffinés, on croirait rêver, qu'est-ce que c'est que ces conneries ?! L'orc prénommé Nargulg, dont la commissure des lèvres, laminées par le frimas propice à la saison, s'étirèrent pour délier la réponse cloîtrée dans le larynx. Que dalle, le motus complet, de quoi aurait-il l'air, à répondre au démon des rocheuses ? D'un foutu nigaud. Toutefois, Nargulg le pas si prolixe en savait long sur la République, ses montagnes furent le théâtre de bien des escarmouches, pour ne pas dire bain de sang. Telle fut la racine de l'inimitié à l'encontre des friqués de l'Est, tout les opposèrent abusivement, l'impensable entente de persister, victime du franc bellicisme des peaux vertes. Pas de panique républicains, les orcs et leurs tripotées de clans chérissaient la brutale passion guerrière, que ce n'est pas demain la veille qu'ils fonceraient massivement vous pourrir, garder l'enclos montagneux, la chasse aux nains hors de leurs monumentales acropoles souterraines, ces barbares avaient trop à faire pour daigner vous brusquer. À commencer par s'entretuer.
    S'il eut l'occasion de croiser Tensai ? La vache ! Comment imaginer le verdâtre mastodonte courir les gravats shoumeïen en ayant, au préalable, combattu l'Empereur ? Ouais, parce que la rencontre ne se conclurait pas autrement. Entortillé par le devoir et l'irréfrénable besoin de batailler, je peux vous certifier sans détour la chimérique charge suicidaire de Nargulg. Pour toutes ces raisons, Nargulg glissa un mot d'une netteté imparable.

    - Non.

    Pas facile d'en placer une, quoique si, c'était tout à fait faisable, seulement, plutôt que d'en rajouter une couche à propos du mariage impérial, le borgne olivâtre acquiesça d'une secousse de la tête, bon taiseux d'essence taciturne. Précédemment, Urzupha susurra auprès du cornu, à quel point Tensai était, je cite "[...]un Empereur qui se noie dans des amours adolescents à presque quarante berges." À quoi bon s'étaler plus avant ? La justesse de la débectante femelle, le borgne, nullement ne l'en dédit, car, le mépris pour ces enfantillages niaisissime rencognés contre le sceau de l'amourette, nos deux scélérats aux chicots apparents l'avaient plantureusement sustenté, bien des ans auparavant. Tensai Ryssen s'avilissait, passant pour un con royal écorchant sa légende simplement par cette ridicule exposition passionnelle, des adolescents ne se comporteraient point autrement, voyez les chiards comblés de présenter benoîtement l'idylle vécue à leurs darons. À vomir. Prenez exemple sur Nargulg et Urzupha, ça vous évitera de passer pour le plus débile des mariés, en retour, vous développerez d'autres tares, pas mal nan ? Vous êtes sûrs ? De quoi on se mêle, sérieusement ? Allez, zou !

    - Sûr qu'elle est courte sur patte la grosse de Tensai, moi la question que j'me pose c'est : comment ils font pour s'envoyer en l'air ? T'as vu la différence de gabarit ?! Y tourne pas rond not' monde j'dis, mais bon c'est des reikois, des tanches de compet'.

    Les commentaires d'Urzupha, quel régal, puis la barbare de renâcler, l'élégance des orcs hein. Les dragons maintenant, un sujet fort intéressant échappant totalement aux étroites caboches du couple d'orcs. Toutefois, le tueur - zélateur ne s'interdit aucunement d'ouvrir la gueule, répondant à la rumeur par la rumeur.

    - Ce qu'on dit c'est qu'elle en pond, des dragons. Je n'arrive pas à concevoir comment c'est possible, la magie peut-être ? Ces choses-là nous dépassent. Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'ils ont un dragon d'engagé contre les divins Maîtres. Le fléau des Titans qu'ils l'appellent.
    - Les reikois adorent les dragons, tellement qu'ils se tatouent cette merde sur le corps. Problème, ces débiles se rabattent sur les terrarus, t'sais ces vers géants du désert ? Attendez, elle s'égarait, pourquoi bagouler de terrarus bon sang ? Ben, comme on louche jamais sur les dragons, ces pédérastes s'tapent des terrarus pour compenser. Moqua Urzupha.
    - Bordel, mais qu'est-ce que tu racontes ? Interrogea l'adorateur, ne bitant goutte à ce qu'elle baragouina.
    - Si si j'vous jure les mecs, c'est Uim Naom, dit le loustic qui m'a bien expliqué ça. Ajouta la psychopathe.
    - Un mec se présente comme "le loustic" et tu trouves raisonnable de boire ses paroles ? L'esquisse prématurée d'un sourire éclaira la gueule du vilain.
    - Vous trouvez ça déconnant ? Pour les avoir vu de près, c'que j'pense des reikois c'est que ce sont des baiseurs de terrarus en puissance. Eh, faut voir leurs femelles aussi, c'est p'têt pour ça qu'ils...
    - Je pense que nous avons bien compris ce que tu voulais dire, c'était très enrichissant. Clôtura Nargulg, sur fond d'ironie pas bien perçue par dame Urzupha.

    Opérons un bond en avant dans le temps, moi narrateur décide d'en revenir à l'algarade animée par nulle autre que Dante et Urzupha. Délicieuse déclaration d'amour vache savamment exprimée par la délicate voie de la torgnole, les nasardes d'embellir les trombines rudoyées à la perfection. Ouais, ça se battait comme des chiffonniers quoi. Les bras ballants, Nargulg tint le beau rôle, celui d'observateur circonspect, le bougre croquerait dans une pomme, s'il pouvait. La tempête éclipsée, la rancune dépurée du cœur pourri de la furie, cette dernière tâta régulièrement sa mâchoire maltraitée, un crépitement osseux étant survenu en conclusion. Ah bah bravo Dante, tu venais de remettre à sa place la saloperie grisée, merci champion. On en attendait pas moins du cornu égorgeur d'Ivasaar. Ah le chapitre Ivasaar... Ça, c'était de la baston, de la vraie, de celles qui vous marquait pour le restant de vos jours, de celles capables de vous ôter la vie avec fracas. Éborgné par-ci, bras arraché par-là, même ainsi, l'appel ensorceleur du bellicisme autodestructeur aveuglait Nargulg. "Vivement Sancta." Pensa l'homme d'action, rêveur éveillé maintenant conduit au-dedans d'un de ces innombrables antres secrets de dame nature, la barrière ombreuse, infranchissable pour les indésirables faisceaux du grand jour, nos triples exterminateurs la bravèrent, puis la détermination de les décharger du fardeau opaque. Le démon des rocheuses présenta un espace austère, passablement embelli d'éclaircis nitescentes qu'émettait la source lustrale. Les rugueuses parois s'apprêtaient d'atours cristallins, quand les bains, frisquets pour lors, de faire dans le simplissime fardement. Eau purificatrice, bassin luminescent à jamais épargné des ténèbres du grand univers, indubitablement, la sobriété faisait la beauté de la cache faussement diaphane des pieds à la tête, quelque peu soumise au grand froid il est vrai. Quand, d'autre part, le mâle scrutateur consentit à abandonner son ultime œil aux danses énigmatiques d'ombres murales besognées par le givre enluminé, sa cervelle analysait, à ce moment la survie importait plus que tout, à celui qui pressentait la vague menace parasitant ses pensées. L'ombre et le givre, ami lecteur, l'ombre et le givre étoufferaient l'espérance, à Sancta. Vaine projection d'un monstre curieux de dénicher une faille dans la grotte, quelque chose leur permettant d'exploiter un feu sans risquer l'asphyxie. Hélas, de temps à accorder au désir de survivance, Urzupha l'en prohiba, la femelle de brusquer le mâle d'une violente tape dans le dos. La stupeur encrassait l'orc crasseux, lequel croula dans la vaste baignoire improvisée, pourtant couvert de son linge, bien malgré lui. À Dante, Urzupha délivra.

    - Peut-être qu'un jour, je me lasserai de toi... Désormais dans son plus simple appareil, l'impure et maléfique femme trempa une cheville dans l'eau froide. Prie tes Titans, et par chance, peut-être te ferais-je découvrir les sources chaudes de Zug Dilgadh. Le nom d'un village échappa aux crocs de la barbare, engloutie sous l'onde tranquille jusqu'au menton. Tu comprendras alors, Dante, que ton manque de curiosité pour les bonnes choses, te vaut de passer à côté des meilleures sources shoumeiennes. Un soupir de ponctuer l'étrange phrasé de l'infâme. Les montagnes en abritent, n'es - tu pas dans leurs bonnes grâces, qu'elles te refusent l'accès à de banales sources chaudes ? Cornu d'mes couilles.

    Des fragments mémoriels traçaient à coups de crayon les songe-creux d'une cruelle sauvagesse, partiellement égrappés dans d'absurdes babillages, à ce détour verbeux, l'intarissable mal du pays l'embarrassait. Et plus elle passait du temps avec les non-orcs, plus encore les exécrait-elle. Exactement, arpenter le Sekai loin des siens, l'emmerdait. Incorrigible dinde. Saleté.

    - Tu n'as pas de couilles, Urzupha. Nargulg de meugler à moitié.

    Notre caméra tournicotait autour du triste sir désapé, partiellement piqué au vif, dont les nippes, guenilles et fourrures pleinement imbibées, ronflaient aux côtés de son spongieux attirail moisissant en un recoin de la pièce. Le souffle frénétique du dehors inhospitalier, que les interstices du logis de fortune traduisaient en de sibyllins frémissements, chatouillait les ouïes des trois clampins. En sus de la sinistre mélopée, Nargulg l'agacé harponna crâne et chevelure d'Urzupha, laquelle subissait alors un simulacre de noyade. La torture, ce n'était pas autre chose. Le calme plat évincé par l'agitation d'une femme gigotant d'instinct, la tourmente et pléthore de bulles d'air témoignaient de cela, Urzupha en prit plein la gueule, plein les poumons plutôt. Rendu inaudible par l'asphyxiante flotte, ce préliminaire imposé à la mort guettant son moment, la psychopathe perdit en vigueur et le bras meurtrier de Nargulg d'en rester stable, fixe, horrible, ne faisant peu de cas de l'état d'Urzupha l'insupportable. Lorsque l'agitée se tut, l'ignoble mâle l'en dénicha du tombeau humide, pendouillante dès lors en bout de poigne. Dante invoqua le nom de l'ancien bastion du culte des ombres, Sancta, soulevant au passage la question de l'armement. La perfide guerrière, transit de spasmes, ne put se soustraire au réveil plus longtemps, alors des flaques entières d'échapper à sa carcasse au gré d'infects crachats, n'était-elle dorénavant que souillée de dégoulis.

    - Hmm. Laissa-t-il échapper, en guise de réponse destinée à l'oni.

    Déliée de l'immonde prise de son con de fanatique, l'instable scélérate restait coi, enfin un semblant de retour au calme dessous l'abri pierreux. Finit de tanguer, finit de barboter, pour aujourd'hui du moins, le délitement psychologique d'Urzupha n'accablerait plus l'un ou l'autre des croyants.
    Les mauvais, couple de méchanceté revendiquée, s'appliquèrent à décrasser l'entièreté de leurs écorces extrêmement tailladées. Affirmait-on qu'ils se récurèrent vertement ? Et comment ! L'hygiène était chose d'importance pour ces orcs-là. À Nargulg en particulier, trop conscient que la saleté prospérante des jours passés, représentait un danger bien réel. Durer dans la barbarie, intimait de sauvegarder le corps d'autant de maux que faire faire se peut. Oui, se laver c'est bon pour la santé et ce qui est bon pour la santé, les sauvages s'en emparaient. Comment ça la bagarre ce n'est pas sain pour le corps ?! Je... Bah, ils n'étaient plus à une contradiction près.

    - Sancta... Confortablement installé, le popotin et tout ce qui s'en suit tout à fait engagés en dessous la source assagit. Nargulg de s'adresser au cornu. Tu connais un peu la ville, ou bien on y sera paumé comme des neuneu ?
    - Parait que votre X'o-Rath a fait mieux qu'Ivasaar. Des morts-vivants à tous les coins de rues qu'on dit. Commenta Urzupha, parvenant à se relaxer même dans l'eau froide, accoudée au pourtour pétré.
    - Ouais tout le monde sait ça. À votre avis, ça plairait au Seigneur de la mort de nous voir cogner sur son armée de revenants ?
    - Il en a rien à foutre, un claquement de doigts et il t'en invoque d'autres. C'est Ivasaar en mieux vot' boss.

    Vous imaginez ? S'affirmer "Serviteur des Titans" tel que Dante ou Nargulg, puis chercher des noises aux chouchoux cadavériques du Grand Faucheur, paies ton incohérence. Complètement stupide de se poser la question, sachant pertinemment qu'ils iraient à Sancta dans tous les cas. Par la suite, l'oni fit ressurgir l'inquiétant spectre d'Edrir Galitheos, gros méchant antipathique sévissant dans les rocheuses sous des airs de conquérant. Quelle barbe ! En une phrase, un minuscule échange de même pas vingt secondes, ben cet antagoniste outrageusement musclé fit comprendre au trio qu'il en mangeait tous les matins des gugus comme eux. Exhalant un soupir, Nargulg zyeuta l'air de rien le moignon contempteur d'une sombre péripétie.

    - Le Nouvel Ordre n'a pas les moyens d'investir les Rocheuses. Une banalité tout ça, Nargulg de continuer. Les troufions impériaux craignent de s'y aventurer, Edrir participe à la dangerosité de la région. Cela étant... Nargulg planta sa pupille cernée d'ambre dans l'œil noirâtre de Dante. Je connais bien les gens comme lui, c'est un chef de guerre. Comme tout chef de guerre, il cherche à asseoir son autorité et cela passe par l'extension des frontières. Repassant la pogne contre sa face trempée, il suspendit l'échange, brièvement. Tu as vu comment se déplacent ses hommes ? Ce sont des bandits, pourtant, ils miment correctement le soldat de base. Le temps passe et un beau jour, ses petites troupes seront opérationnelles. L'orc cogita, exerçant sa mémoire un temps. Le gros avantage qu'il possède réside dans la position géographique, la faveur du terrain. Toi comme moi, on sait qu'il est difficile pour une grande armée de batailler efficacement en terrain montagneux. Les reikois sont nombreux, cependant, les montagnes, ils ne connaissent pas. Là-bas, la force du nombre, quel sens cela fait-il dans une zone favorable aux escarmouches et embuscades de toute sorte ? Finalement, l'orc de prophétiser l'impossible. Si Edrir réussit, que ses hommes gagnent en expérience, qu'il étend sa domination plus avant dans les rocheuses alors elles deviendraient une réelle épine dans le pied du Reike. Ils prendront le problème à bras-le-corps, se heurteront aux maints dangers de la contrée et tu es mieux placé que moi, pour connaître l'ampleur des périls parasitant la région.

    Nargulg n'avait pas tous les détails, n'était pas au fait des dernières actualités du Reike, ni ne détint un fouineur à sa solde afin de le tenir informé du moindre pet de mouche au sein du Fort Normonlir, quasi-chef-lieu du Seigneur guerrier Edrir Galitheos. Ses commentaires et hypothèses, fondés sur quelques connaissances, trouvèrent rapidement leurs limites, tant et si bien que l'ensemble avait tout d'un branlant château de cartes.

    - Vous êtes plutôt Reike ou Edrir les gars ? Questionna la garçonne, poitrail scotché au rebord immergé de la piscine naturelle.
    - Quoi ?
    - Ben, à t'écouter on peut pas poutrer Edrir, donc j'demande. Sinon j'peux lire l'avenir aussi attends... Heu... La République va s'installer au Doré pour les thunes, filera un coup de pouce contre l'aut' et bye bye l'Empire. On sait jamais, c'est possible dans un avenir proche nan ? Les gars ??
    - Le Doreï. Corrigea Nargulg.
    - C'est ce que j'ai dit. Confirma-t'elle. Puis, roulant des yeux jusqu'au cornu perché sur une caillasse. Tu vas arrêter de faire le surveillant de baignade ? T'as peur de l'eau ou quoi ? Ramène-toi gars, profite un peu.

    À propos du choix à faire, jamais Nargulg n'apporta de réponse à Urzupha, le dilemme, il le refusa. Hors de question de bécoter des culs reikois, et encore moins républicains, pour quémander du soutien face à un guerrier qu'il rêverait d'affronter. Pour fantastique que soit la songerie d'un duel mortel l'opposant à Edrir, l'orc préféra l'enterrer à l'idée de collaborer avec l'une ou l'autre superpuissance de son temps.
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  • Lun 17 Juil - 20:26
    Loués soient-ils
    L'antre caverneux aux reflets luminescents bien que très austère, était une assez belle trouvaille il faut bien l'admettre. Dante est tombé dessus pour la première fois en parcourant les sentiers mortelles de Célestia, lorsqu'il chassait le gibier dans la région. Tout à fait par hasard, qu'on soit bien d'accord. Malgré le récent regain d'activité au sommet de la plus grande montagne du Sekai, personne ne vient jamais ici et pour cause, suffit de voir toutes les péripéties à surmonter pour enfin atteindre la quiétude absolue de cet endroit isolé. Ce n'est tout simplement pas la porte à côté ni accessible à tout le monde mais une fois qu'on y est, on peut enfin profiter de toutes les richesses que la montagne a à offrir à ceux qui savent où chercher. Ce n'est pas le grand luxe évidemment mais ça fera largement l'affaire pour deux orcs habitués à un environnement rude et précaire. N'en déplaise à l'autre dégénéré qui trouve encore le moyen de se plaindre d'avoir un toit sur la tête et un endroit sec où dormir ce soir.

    « Qu'est-ce que tu connais des sources Shoumeiennes, toi ? Depuis le fin fond de tes montagnes en République. Qui sait, peut-être que je me garde bien de te parler des sources chaudes. Qui a dit que j'avais envie de partager ? »

    Dante laisse volontairement planer le doute en ignorant royalement les complaintes silencieuses d'Urzupha, victime du supplice de la noyade dans l'espoir de lui faire fermer sa grande gueule une bonne fois pour toute. Bien joué ça Nargulg. On a vu plus galant et affectueux mais ça a le mérite d'être radicale et cruellement efficace pour l'incroyante qui a tendance à se montrer bien docile une fois qu'on a un peu serrer la vis. C'est particulier mais qui sommes-nous pour juger les mœurs des autres ? Soyons honnêtement dans ce cas précis, c'est un mal pour un bien. Qu'est-ce qu'elle est douée pour casser les oreilles aux deux bonhommes. Une chieuse de premier rang. Si je dois faire une confession, je dois bien avouer que je l'adore personnellement. Mon Oni, un peu moins.

    Enfin bon, parlons donc de Sancta puisqu'en réalité, c'est bien l'ancienne cité de Shoumei qui est au centre de l'intrigue. Putain mais qu'est-ce qu'ils vont foutre dans le trou du cul perdu du monde ? Ils se sont passés le message, c'est pas possible. Ils vont faire tous les endroits les plus merdiques du Sekai ces trois-là, c'est sûr. Les Rôcheuses, Célestia, bientôt Sancta. C'est quoi la suite ? Le Grand Nord ? Encore une destination de rêve mais à défaut de pouvoir entrer dans l'ancienne capitale de la fédération... Et pourquoi pas ? Faut-ils encore qu'ils survivent à leur prochaine expédition à Zombieland. Ils sont habitués aux aventures à la con, c'est un peu leur train de vie maintenant. Vous les voyez, les trois tueurs les plus sanguinaires de Shoumei, prendre un café en terrasse à Liberty ? Lire un livre dans une bibliothèque à Melorn ? Acheter des tapis au marché d'Ikusa ? Non ? Ça tombe bien, moi non plus. Ils sont destinés à verser leur propre sang, à être les instruments de la mort elle-même et à la rejoindre une fois leur œuvre macabre terminée. À mourir dans leur propre crasse et dans l'ignorance la plus totale, ce serait une fin bien triste mais surtout bien méritée à n'en point douter.

    « J'y suis allé une fois, il y a longtemps. Et j'ai pas traîné dans le coin. La ville, c'est pas trop mon truc. Trop de bruit et trop de gens. Alors non, je peux pas dire que je connais la ville surtout qu'elle a sûrement bien changé pendant la guerre. »

    La guerre laisse des traces indélébiles et Sancta, théâtre d'une bataille mémorable ou plutôt d'un massacre en bonne et due forme, ne fait certainement pas exception. Contrairement à Maël qui a su rester debout, Sancta n'est plus que ruine et désolation et ils vont bientôt pouvoir le constater de leurs propres yeux. Ça promet d'être exceptionnel. J'ai déjà hâte. À l'interrogation de Nargulg l'estropié, Dante hausse simplement les épaules avant de répondre.

    « X'o-rath n'est plus dans le coin, on serait au courant si non. Les morts-vivants ont été abandonnés ici et en l'absence de leur maître, ils ne répondent plus à aucune autorité. S'il en avait vraiment quelque chose à foutre, il viendrait récupérer son armée, non ? Boarf, je pense qu'il ne sera pas trop énervé si on casse quelques-uns de ses jouets. »

    De son point de vue, Dante va surtout rendre service au Titan de la Mort. Des troupes inutiles, il en a tellement qu'il sait plus quoi en faire. Ça c'est des vraies problématiques digne d'un Dieu. Alors du coup, qu'est-ce qu'il a fait ? Plutôt que de tout mettre à la poubelle, il a rangé ses jouets dans la ville la plus proche. Ingénieux, non ? Pas de chance pour Sancta par contre. Finalement, c'est un peu comme si les trois tueurs venaient faire le ménage à la place de X'o-rath. Il a intérêt à les remercier pour leur dévouement à toutes épreuves. En parlant de faire le ménage, les Rôcheuses auraient bien besoin que quelqu'un ouvre sérieusement le dossier Edrir Galitheos. Nargulg l'explique très bien mais ce Seigneur de Guerre deviendra bientôt une menace non négligeable. Une menace pour les derniers Shoumeiens mais aussi pour le Reike qui cherche à pacifier la région. Vu comme ça, est-ce que c'est vraiment leur problème si Edrir tape un bon coup dans la gueule du Reike ? Ah, il aimerait bien les voir les connards en armure de l'Empire, s'aventurer en marche forcée dans les rudes montagnes du sud de Shoumei en pensant que leurs formations vont les sauver d'une escarmouche meurtrière entre deux falaises. Se battre en terrain plat et bouffer du sable au petit matin dans leur désert à la con, ça ils savent faire. Les montagnes, c'est une autre paire de manches. Le point de vue de Nargulg bien que sommaire, est très pertinent. Suffisamment pour faire cogiter le cornu.

    « Hm. Je lui cognerais bien dessus quand même. Edrir, il est fort. Ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de le laisser rassembler ses forces dans les Rôcheuses. Au final, c'est le problème du Reike, pas le nôtre. Par contre, si je ne peux pas le tuer, je libérerai au moins les esclaves de Fort Normonlir. J'ai dit que je le ferai, alors je vais le faire. »

    Au moins, ses intentions sont limpides et il y croit dur comme fer. C'est déjà un bon début. Avec ou sans ses deux compagnons orcs, il compte bien retourner dans les Rôcheuses pour une énième mission suicide. S'il n'est pas mort avant, ça c'est encore une autre histoire. Mais le chapitre Fort Normonlir n'est pas totalement terminé, chaque chose en son temps. Pour le moment, ils ont tout intérêt à se faire le plus petit possible. Histoire de faire faire descendre un peu l'animosité ambiante, ce sera bien plus simple pour s'infiltrer dans le bastion. Peut-être au retour de leur expédition à Sancta, qui sait. Dante lance un regard perplexe à Urzupha mais dans son incrédulité, les spéculations de la folle dingue interpellent le bourreau à cornes. Et si la République venait chercher sa part du gâteau au Shoumei ? On peut même se demander ce qu'ils foutent de leur massive flotte qui dort dans le port de Courage. Ils attendent quoi pour se bouger un peu, le déluge ? Enfin, les agissements de la République, ce n'est pas non plus leur problème. Dante renifle un bon coup à l'invitation de l'orc tentatrice. Les bras croisés, Dante le maître nageur ne bouge pas d'un pouce, d'une surveillance assidue. Il veille au grain, prêt à intervenir à tout moment.

    Hm ? Il a laissé Urzupha se noyer tout à l'heure ? C'est vrai. J'ai jamais dit qu'il était qualifié pour ce boulot.

    « J'aime pas l'eau froide. Je profiterai de mes sources chaudes, plus tard. »

    Histoire d'en remettre une couche. Narguer Urzupha l'amuse beaucoup même s'il ne le montre pas forcément, faut dire qu'il est pas très expressif le Dante. Est-ce qu'il a vraiment des sources chaudes à disposition, d'ailleurs ? Bien sûr que non, son séjour à Célestia serait royal. Mais Urzupha n'a pas besoin de le savoir.

    « Et c'est pas aussi simple que ça. Je pense que la République est davantage préoccupée par les pirates de Kaizoku qui doivent rester dans le rang et les élections qui arrivent à grand-pas. Il va peut-être y avoir un changement de président, qui sait. J'y connais pas grand-chose à leur histoire de politique mais j'imagine que le Doreï n'est pas tellement une priorité, pour le moment. »

    À propos du choix à faire, le Reike ou Edrir ? Dante juge qu'il n'a même pas besoin d'y répondre. C'est du pareil au même, pour lui. Il a bien l'intention de cogner sur les deux alors pourquoi faire un choix ? D'ailleurs, il n'y a pas que sur Tensai ou sur Edrir que Dante rêve de cogner. Le cornu se décide enfin à lever son cul de son trône de pierre pour s'approcher du couple qui barbote joyeusement dans l'eau. Ses iris sombres se posent sur Nargulg le borgne, le regard inquisiteur sur l'état pittoresque de son compagnon d'arme.

    « Tu comptes faire quoi pour ton bras et pour ton œil ? »

    En voilà une question à la con, pour ne pas changer. Ne vous y détrompez pas, ce n'est pas de l'état de Nargulg dont il s'inquiète. Il n'y a pas une once de pitié dans le fond de ses yeux. Cet orc-là est une force de la nature, largement capable de perpétuer ses massacres même avec un bras en moins. Il attend avec impatience le premier connard qui osera s'en prendre au mauvais estropié, il va repartir la queue entre les jambes et plus vite que ça. Non, Dante a enfin trouvé un adversaire qui vaut le détour. Pas comme l'autre Drakyn dans son palais royal, sûrement trop occupé à se noyer dans son amour adolescent comme dirait Urzupha. Pas comme Edrir, le cul bien au chaud sur son trône sous la montagne. Ces deux-là lui sont inaccessibles mais il peut toujours compter sur la présence de Nargulg pour lui offrir l'adversité dont il a tant besoin, n'est-ce pas ?

    « On a un combat à finir, va falloir que tu trouves une solution. »

    Dante enrage intérieurement qu'Ivasaar l'ait privé d'un combat mémorable et hors de question d'affronter un Nargulg diminué. Sa victoire n'en serait pas vraiment une. Ah, s'il pouvait lui arracher la tête une deuxième fois à cet elfe à la con. Il en attendait beaucoup après qu'ils aient mis en suspens leur premier affrontement. Ça ne pouvait pas se terminer ainsi, il lui fallait plus. Beaucoup plus. Il faut que ce soit grandiose, une opposition à en faire fissurer la terre et frémir le tonnerre dont les échos atteindront le Royaume Divin car il escompte bien faire des Titans, des spectateurs privilégiés d'une opposition dantesque et fratricide qui restera gravé dans les mémoires pour des générations et des générations. C'est ça, qu'il veut. C'est ça, dont il a besoin. Le frémissement qu'il ressent à chaque fois qu'il frôle la mort, ce sentiment grisant est une drogue dont il ne peut plus se passer. C'est ça, la vérité.

    CENDRES
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  • Sam 22 Juil - 20:56
    Sous ses airs renfrognés parfaitement burinés en la sombreur inhérente au cuir, l'oni à la langue acerbe fit preuve d'un délicieux répondant. L'ignoble femelle n'objecta pas de discours hostile, l'exaspérante expiration se suffisait à elle-même, puisque d'autre part, elle accouchait d'une inécoutable lapalissade, manifestation parfaite de l'évidence : Urzupha ne savait plus quoi répondre, et toc. De sources chaudes, la perverse n'en goûterait point, l'eau froide courant invariablement la roche quintessenciée d'en devenir un lot de consolation, un auxiliaire toutefois bienvenu, car voici les orcs propres comme tout. Pores dessouillés, crasse évincée, nos deux baigneurs balafrés jouirent encore du zeste de félicité, la race odieuse de garder pour elle les bénéfices de l'erzatz de fontaine de jouvence. Le manteau aqueux déraidit les membres des uns, quand la causerie rappelait les âmes enflammées de tous, au sanglant devoir. Palabres, réflexions, élucubrations, spéculations, tout un amalgame volubile embrumait l'austère cache par le froid cadenassée ; bien, c'était très bien, nos semi-primates, néanmoins sauvages avant tout, voguèrent d'un sujet à l'autre, de péripéties prisonnières du passé en invraisemblables mésaventures à venir. La vache, nos triples massacreurs avaient grande hâte à pisser d'encre empourprée, sur les pages vierges d'un récit épique, amoral et vicieux à en crever la gueule ouverte. Dante ne connaissait pas bien Sancta ? La belle affaire ! Trois prêtres de la mort, implorant le ciel d'endurer mille tourments, marchant inexorablement sur le pas de la porte interdite, barrière sacrée du monde des âmes ; Sancta, cité bénie par le Sublime Faucheur certainement, destination idéale de Nargulg l'adorateur, puisque tous les agissements des Huit Monarques échouèrent dans l'écrin de la véridique grandeur. "Le Sekai est un terrain de jeu" décréta la Providence, et pour ces trois-là, le bastion du culte des ombres ferait la parfaite attraction, puis, là-haut, les Suzerains d'iniquité se poileraient, car voyez-vous, un dieu n'a pas à se comporter autrement. Masochistes les géants, pensez-vous ? Hé bien, oui, c'est cela la vie de guerrier.
    De retour sur l'épineux Edrir, quoique épineux, le problème des malfrats polluant les rocheuses avait une solution tout indiquée : taper. On verrait bien les mastodontes se présenter à la porte d'Edrir, octroyant à Urzupha le loisir de vomir insanités sur insanités, la provocation étant son dada, puis l'antagoniste de ramener sa fraise et BAM ! Ah si seulement l'ennemi ne possédait point autant d'hommes à son service, ils n'en discuteraient autant de l'attitude à tenir.

    - Edrir a probablement plusieurs lieutenants de la trempe d'Ivasaar sous ses ordres, on peut en dessouder, certes, nous prendrions le risque de le voir surgir à tout instant, probablement aussi nous mâcherions le travail des bandeurs d'étoiles. Pourtant, c'est à nous que reviendrait la joie de l'affronter, et ça, c'est une perspective plus alléchante que l'attentisme.

    Une perspective diablement plus dangereuse également, mais pourquoi préciser l'évidence même ? Certains l'avaient en turgescence à force de cramer leurs rétines sur le Soleil, pour les géants, la trique consubstantielle du péril mortel était foutrement meilleure. Chacun ses déviances, ne cherchez pas à comprendre, moi-même j'ai lâché l'affaire. En revanche, je connais un cornu provocateur mordicus, ah ça, maintenant qu'il avait cette histoire de source chaude dans le crâne, monsieur remuait le couteau dans la plaie. L'enfoiré... Urzupha, persuadée d'être dans le vrai, tomba totalement dans le panneau, puis, raclant la gorge à dessein, celui de déloger l'indésirable subsistance de flotte des viscères thoracique, exactement, la plus assagie des timbrées flottait à présent paisiblement d'un coin à l'autre du bassin, pour finalement patiner d'un regard en biais sur Dante.

    - Ho mais ! C'est ça !... Mais oui, tu es vexé, petit joueur, il n'aime pas l'eau froide qu'il dit, j'en reviens pas. Sors de ta connerie et viens voir maman. Largua-t-elle de but en blanc, la gaieté pinçant sa bobine.

    La République, les esclaves d'Edrir, cet emballage puant disons-le, dans l'immédiat la paire d'orc n'en avait plus rien à cirer, si tant est qu'il en fut autrement par le passé. Le passé ! Hier ! En s'égarant dans les rocheuses, nos colossaux adorateurs tombèrent nez à nez avec des esclaves, des vies brisées que Nargulg désirait ardemment abandonner au profit de la suppression d'Edrir. Ils n'en firent rien, Dante y tenait à ces pleureuses et poussa l'escorte jusque Maël. À postériori, le ténébreux cornu avait tout à fait raison de soutenir la sauvegarde de ces dames, puisqu'au dénouement de cette funeste péripétie, tous trois admirent la prévalence du persécuteur des rocheuses, Edrir Galitheos. Foncer tête baissée contre les remparts de son fief, ignorant envers et contre tous les appels à l'aide, quelle absurdité, résultant en une inévitable et cuisante défaite. Alors oui, à postériori, sauver les greluches était la bonne décision. Est-ce que Nargulg était capable de concevoir cela ? Est-ce que Nargulg put jamais considérer l'éclatante vérité ? Non. L'infecte pourriture d'orc dédaignait la vie et la liberté des autres en permanence, l'impitoyable chaîne de malfaisance huilée de brutalité de claquemurer l'énergumène, incessamment noyé sous le poids de la turpitude. Certainement, du changement dessous la caboche du criminel, on en trouvait, pour le pire. Bien que cela soit question de point de vue si je puis dire, en outre, il vivait sa meilleure vie. N'était-ce pas le plus important, lecteur ? Dorénavant, le mâle avait pour lui six millions d'ennemis distinctement séparés en deux peuples à faucher, en sus des trois races à effacer de l'univers, car, sans mot dire, les Huit commandèrent son hostilité ; l'enivrant pèlerinage, assurément, raviva la pulsion annihilatrice, jusque-là soumise en blêmeur à l'inertie de sa race cloîtrée sous les cimes. Le dépit d'hier était la véhémence d'aujourd'hui, sur ces entrefaites, débattre, s'épancher de la République et ses travers, du Reike velléitaire d'un suprémacisme mou du genoux, cette conversation alimentée par les orcs eux-mêmes, vraiment, échouait sous le pli cradingue du désintérêt. C'est donc tout naturellement, qu'ils n'apportèrent pas de réponse aux préoccupations républicaines avancées par l'oni.
    Ha ! Dante s'armait de son courage pour affronter l'eau et rejoindre les vilains, méchants, pas beaux. Ou pas, héhé. Nan, le cornu avait bien des priorités, certainement pas celle de s'ablutionner, c'est dommage d'ailleurs, car, s'il s'épargnait la rétractation pénienne de la mi-glacial onde, c'était pour jacter bobo. Incompréhensible la question, sérieusement, fallait voir le Nargulg soutenir le regard charbonneux de son comparse. Que répondre à ça ? Voyons. Ha ! Lumière, inconsciemment le moignon de l'amoché pourvoyait l'eau en clapotement intempestif, histoire de renforcer la réplique.

    - Attendre que ça repousse. Ça repoussera.

    Vous avez vu ça ? C'est comme ça que parle un homme confiant en l'avenir, avec assurance, merci Urzupha de lui avoir rappelé combien le don régénérateur rendait possible l'impossible. Hé, juste comme ça de vous à moi, de conteur à conteur, la régénération est la meilleure compétence, magnez-vous de l'obtenir, conseil d'ami.
    Le trône lustrateur à la clarté céruléenne, source de tranquillité en dépit de la basse température, Nargulg aurait pu y faire trempette plus longuement, sans l'ombre au tableau édénique portée par nul autre que Dante, parfaitement, son ultime éructation tintait d'une injure propagatrice de bisbille, laquelle d'appesantir brusquement le climat. Rides et vaguelettes aquifères déclinaient alors en accalmie, la mère des rivières de souffler l'inquiétude qu'aucun clapotis ne troublerait. Il y avait de l'électricité dans l'air, le silence pesant lui, engraissait la tension étouffée par les façades de grès, puis, quand suffisamment de secondes s'usaient les unes après les autres, Urzupha dérangea le calme plat du bassin, toute la nudité de la sauvage s'exposait, l'impolitesse la guidant hors de l'eau pour s'en quérir d'une grande pièce de tissu au pied levé. À l'orc coincé dans l'eau, la pécheresse vaquant à s'essorer, osa la transgression à communiquer en Bas-Parlé, peinardement.

    - Certains sont morts pour moins que ça. Rappela-t'elle au mâle, face plongée dans l'étoffe de plus en plus humide.

    Le mâle en question, unique mutilé de la piaule qu'on soupçonnait, à force d'immobilisme, d'être perclus de froidure, fuyait l'indolence simplement en se postant sur ses jambes, debout, droit, chevilles et mollets implantés en la désormais flaque, car, en son centre profond, l'orc n'y était plus. Son orbite s'étoilait d'animosité jetée à la gueule de Dante, tel un prédateur avançant à pas feutrés sur sa proie, drôle de proie d'ailleurs, c'était autre chose qu'un faisan le Dante. Mais merde à la fin, qu'arrivait-il à mon bon Nargulg ? Oh, disons qu'il n'aimait pas être traité en faible inapte au combat, c'est tout ? Oui, absolument. Le compère à cornes désirait une lutte à mort d'anthologie, sa provocation tombant à point nommée, Dante pouvait l'avoir ici et maintenant, puisque le borgne en costume d'Adam n'enfreignit nullement la fraîche quiétude non pour se sécher et se rhabiller, mais véritablement retaper la tronche de l'oni de toutes ses forces. Les phalanges moiteuses s'enserrèrent sur elles-mêmes, car le poing était résolu à démolir le foie du cornu. Mais avant tout chose, Nargulg se devait de demander.

    - Dis-moi, d'ici à Célestia, ils m'entendront te casser la bouche ? Formula-t-il sobrement.

    Ouais, il ne faudrait pas déranger les culs bénis de la cité d'à côté, c'était un coup à finir au trou avant de fouler Sancta. Qu'ils auraient l'air cons nos sagouins, d'en faire des caisses à propos du pays des cultistes des ombres puis finalement d'être retenu ici, sérieusement, qu'est-ce qu'ils étaient indécrottables ces orcs. Mais au moins, ça leur évitait de trop s'emmerder dans les parages. Voir le positif, c'est important. Bon, par contre, ce n'est pas pour mésestimer Dante, bien au contraire, en revanche, se repaître de la douloureuse traversée des rocheuses avait totalement chamboulé l'irréductible appétence des combats fatals de mon Nargulg, qu'en réchappant de celles-ci, n'attendait-il de la vie que d'être massacré par beaucoup, beaucoup plus fort que lui. La wyverne, Ivasaar, Edrir, l'âme du meurtrier désirait périr sous le poids de l'écrasante et phénoménale supériorité, que la loi du plus fort l'emporte, que l'inégalité l'éparpille façon puzzle. Ce n'était pas un hasard, si le divinisme ubuesque de l'orc indiquait le Reike, la République et tant de races à cibler, puisque, en son for intérieur, Nargulg savait pertinemment qu'au bout du compte, l'étreinte de l'extinction s'impatientait de sa venue. Est-ce que Dante, pouvait offrir cet aller simple à Nargulg le cul nu ? Nous verrons bien, gaffe à ne pas glisser vilain petit orc, parce qu'en plus de mouiller, l'eau fait glisser. Quelle idée d'aller chercher l'embrouille trempée des tifs aux orteils.
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  • Mar 25 Juil - 0:52
    Loués soient-ils
    Attendre que ça repousse ? Pourquoi donc il ferait ça ? L'Oni se mure soudainement derrière un voile apparent de scepticisme assumé. L'aigreur pour seule réaction tant les mots de son comparse verdâtre paraissent absurdes. Est-ce même véritablement possible de faire repousser un membre ? Il n'en a absolument aucune idée. Curieux qu'un utilisateur de la régénération comme Dante se retrouve perplexe face à cette déclaration. Pourtant, la raison est assez simple. Le domaine magique est encore un grand mystère pour lui et lorsqu'il doit utiliser son don, il faut comprendre qu'il le fait surtout à l'instinct plus que par une véritable réflexion. Il serait bien incapable d'expliquer le procéder exact pour refermer une plaie ouverte ou arrêter une hémorragie. Il le fait, c'est tout. Mais laissons à Nargulg l'estropié le bénéfice du doute. En admettant que cela soit possible, combien de temps va t'il devoir attendre avant que l'Orc soit de nouveau au sommet de sa forme ?  Cet Oni n'est pas très patient, ce n'est un secret pour personne et l'attente lui est déjà insupportable. Pour la peine, il ira noyer sa peine à Sancta, en écrasant quelques crânes putrides de morts-vivants.

    Dante ne trouve rien de plus à y redire et entreprend déjà de prendre son mal en patience alors que l'atmosphère s'alourdit dans la grotte. Le silence pesant du calme avant la tempête, d'une tension exacerbée qui s'installe rapidement entre les différents protagonistes de cette histoire. Sa dernière élucubration n'est pas entrée dans l'oreille d'un sourd et semble faire son petit effet. Ce n'était pas volontaire de sa part mais la tournure des événements n'est pas pour lui déplaire bien au contraire. Il n'attend qu'une chose, une réaction de la part du barbare car celui-ci n'est pas du genre à ignorer les provocations, encore moins devant sa favorite et Dante en a bien conscience. Les hommes sont tous les mêmes à bien des égards, il suffit de les piquer un peu dans leur égo pour rallumer la flamme de la combativité. Assez ironiquement, alors que les deux bonhommes sont pendant quelques longues secondes mués dans une attente contemplative, Urzupha finit par se lever pour mettre un peu d'huile sur le feu dans cette langue qu'il ne connaît pas. Dante ignore royalement l'usage du Bas-Parlé. Il n'en comprend pas la signification et ça ne l'intéresse pas de savoir.

    Mais ses mots ont un effet immédiat sur le sanguinaire qui se remet rapidement sur ses deux jambes. À travers l'unique œil globuleux du barbare, Dante peut sentir toute l'hostilité qu'il dégage à son encontre alors que le mutilateur mutilé réduit rapidement la déjà bien courte distance qui les sépare. Etrange. Il y a comme une brise fraîche et rafraîchissante qui vient caresser son visage. Vous sentez cette odeur qui plane dans l'air ? Discrète mais omniprésente. Celle qui vous rappelle inévitablement à des moments chaleureux et des souvenirs inoubliables de votre enfance. Seriez-vous capable de la reconnaître et de vous remémorer son origine exacte ? L'Oni hume longuement cette bouffée d'oxygène, craquant bruyamment ses phalanges, soudainement pris d'une euphorie grandissante. Son excitation est palpable, tant qu'il éprouve la plus grande difficulté à se retenir de ne pas abréger ce savoureux moment. Il ne peut que regretter la réserve dont fait preuve l'Orc à son égard, comme s'il avait besoin de demander l'autorisation.

    « Tu vois, c'est ça que j'aime avec toi, Nargulg. Tu sais comment me parler. »

    Et Dante est un homme séduit, comment pourrait-il feindre l'indifférence face à tant de prestance ? Un guerrier dans son plus simple appareil, avançant sans peur face au danger. Un homme, un vrai. Un sourire carnassier étire les traits du visage d'habitude si fermé de l'Oni à la peau grisâtre. Putain, c'est qu'on commençait à se faire chier dans le coin. Fort heureusement, mon Oni peut compter sur son compagnon de route pour le rappeler à ses instincts les plus primitifs. Il doit le remercier pour son initiative à mettre un peu d'animation au sommet de Célestia. Et puis merde, puisque Nargulg se refuse à ouvrir le bal, il en a assez de tourner autour du pot et contrairement à son vis-à-vis, Dante ne demande ni son avis ni son autorisation pour aller danser. Refermant son poing si fort que ses ongles menacent de se planter dans sa chair, ses phalanges remontent à toute vitesse pour s'enfoncer dans l'abdomen de l'orc fanatique. Une formalité qu'on se le dise, une simple entrée en matière car cet échange d'amabilité est loin d'avoir atteint son point culminant.

    « Qu'on soit bien clair. Je n'ai pas l'intention de me coltiner un poids mort à Sancta. Montre-moi que tu es toujours le guerrier que tu prétends être. »

    C'est assez mesquin de sa part, c'est vrai. Ça ne lui ressemble pas. Dante n'est pas mauvais dans le fond, au contraire mais c'est quelqu'un de terriblement honnête. Une qualité autant qu'un défaut, dans son cas. C'est peut-être difficile à admettre pour le tueur borgne mais à Sancta, il en va de la sécurité du trio que de s'assurer qu'il n'y ait pas de branche pourrie au sein du groupe. La faiblesse n'a pas sa place entre ses membres et ça a déjà faillit leur coûter cher dans les Rôcheuses et contre Ivasaar. Dante n'a absolument aucune envie de retenter une expérience aussi désagréable et il ne compte pas non plus se lancer dans une mission suicide. Il a besoin de savoir si Nargulg est toujours capable d'assurer ses arrières au moment le plus crucial. Mais ne tergiversons pas trop sur les véritables raisons qui se cachent derrière cette soudaine déclaration d'amour vache. Ce n'est qu'un énième prétexte pour se foutre joyeusement sur la gueule et bordel, qu'est-ce qu'on adore ça.

    Un dernier pour la route ? C'est vraiment pour vous faire plaisir. Son poing s'élève lentement au-dessus de sa tête comme une masse qu'il vient brutalement abattre sur la gueule de l'estropié pour lui remettre les idées en place. Dante hume à nouveau le parfum dans l'air. Cette fine odeur qui caresse ses narines, il peut encore la sentir alors que son esprit divague un instant. Cette senteur toute particulière empreinte d'une grande nostalgie. Ah... Oui, il s'en souvient maintenant. C'est la douce odeur du sang.

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  • Dim 30 Juil - 18:33
    Parmi les nombreuses et notables différences distinguant Dante de Nargulg, il y avait l'usage de la force comme déluge tributaire de la verdeur, irréfrénable d'abord, implacable ensuite, car astreinte au plus brutal déchaînement du corps. Véritablement, je vous le dis, là-dessus les mastodontes étaient très dissemblables, attendu que l'oni distributeur d'une tape dans le foie, fit preuve de retenue, quelle inqualifiable simagrée pour ouverture ; indolore, néanmoins profitable à notre Dante, lequel toisait un mutilé ébranlé jusque deux pas en arrière. Puis, l'impréparation conçut par l'empressement et l'étourderie frappait le soutènement de l'orc victime de vacillation, ses appuis glissant de le trahir, une défaillance additionnelle dans la défense de monsieur le cul par terre. Le frais closeau au fondement glacé, supportait dès lors un Nargulg badigeonné d'aquosité cristalline, lourdaud hébété réfractaire à questionner son attitude. Aurait-il été préférable d'éviter l'affrontement en se dissimulant derrière l'excuse de l'handicapante flotte ? Devait-il implorer tel un sous-homme d'amphithéâtre reikois, un combat équitable ? Aboyant "HONNEUR ! HONNEUR !" À l'instar de ces clébards à la queue raide, qui plus est ? Non, cela ne correspondait pas au pugnace idéal du mâle dénudé, non, quoique désavantagé, point de fondement à répudier les impitoyables principes de l'inflexible et insensée créature verte. L'irrespectueux cornu réouvrit sa gueule, qu'à ses dires, l'ignoble Nargulg n'y riposta nullement, puisque la frappe initiale de son adversaire était cette réponse très attendue, "tu peux te lâcher Nargulg, Célestia n'en sera pas troublée", voilà ce qu'indiquait le coup au foie. Et oui mon ami, déranger la peuplade de croyants n'était pas du tout dans les plans du meurtrier, l'importance de cette donnée pesait extrêmement lourd sur l'encéphale du bonhomme atterré, finalement évadé de la geôle imaginaire dont il était le seul architecte. L'erreur de Dante dans tout cela, laquelle était-ce ? Une idée ? Le relâchement. Ce poing de l'oni fonçant lui percuter la façade et au-delà, dépourvu du noble éclat destructeur, péchait d'un grand manque de vigueur, Dante pouvait faire plus, alors pourquoi se priver ? En tout cas, le plus nu des borgnes, souffrant immanquablement d'un champ de vision moindre qu'auparavant, réagit par une vive roulade sur le côté, hors de question de claquer sous le poids d'une patate irrémissiblement mollassonne, bonne qu'à croûter l'emmêlement confus d'un sol davantage rocailleux que glaiseux, des squames poussiéreuses d'en dépiler à la percée du cornu bagarreur, aux phalanges qu'oignait son propre sang. En outre, c'était l'occasion rêvée de restaurer l'envergure du verdâtre zélateur, de retour sur ses quilles, le risque de glissoire déclinant au fil du temps. À présent, c'était au tour de l'orc de faire mumuse dessous le refuge précaire, pourtant moins frigorifique au-dedans qu'au-dehors, certes, mais préfigurateur d'une tension en constante hausse, pareillement à sa température somatique, tant mieux, ce n'était pas le moment de penser au givre, sérieux, quelle chierie.

    Tant qu'à faire tout un pataquès sur la base d'une puérile querelle, autant éviter de traîner en longueur, d'autre part, l'estropié excluait le pugilat et la lutte de l'équation dévastatrice, parce que, bah, vous savez, avec un membre amputé c'est pour le moins compliqué. Peu indiqué à s'emberlificoter de la meilleure technicité, l'agresseur silencieux au menton rentré, Nargulg en l'occurrence, hissa une simili-garde à l'intérêt douteux, toutefois, ce n'est pas au bras doublement plus massif qu'une cuisse humaine bourrée au dopage qu'il fallait reluquer, pas du tout ! Bronches et poumons fonctionnèrent à plein régime, qu'a l'amplification du coffre thoracique, le colossal verdâtre patibulaire siffla la brise hivernale, dans un sinistre chuintement symptomatique d'une sanglade du pied à venir. Au commencement, le mâle gonflé à bloc opéra un basculement des hanches, inévitable mécanisme corporel déclencheur d'apocalypse, sublimement représenté en la myriade de flaches d'eau égarées çà et là, lesquelles rutilaient de réverbérations à la constatable exactitude de la scène, car l'humide pierraille n'était plus que cela : un témoin impassible. Ensuite, prolongation naturelle du mouvement circulaire, l'appui droitier du criminel s'en déracina, la robuste et épaisse savate décidée à faucher la tête de Dante. Sous le regard amusé d'Urzupha la désennuyée - unique spectatrice aussi bien excentrique que lunatique - c'était la grotte dans sa totalité qui palpitait, ses grondements tintamarresques torturaient les ombres murales à la danse interrompue ; la source, l'abri, ce petit bijou déterré par le démon des rocheuses s'éventrait sous nos yeux, lecteur. D'énormissimes parpaings pegmatites churent du désormais dôme émietté, percé par la luisance du grand jour, puis l'affaissement rocheux d'être pimenté d'un sursaut de rafales frigorifique. Oui, Nargulg le cul nu ferait bien de se couvrir, je ne pense pas intelligent de se reposer sur la chaleur du corps pour se prémunir des maux de l'Hiver... Haha, au moins la dernière de ses femmes, camouflée dessous deux couches d'étoffes, n'avait rien à craindre.

    Sous cette description pour le moins chaotique, nous étions en droit de nous interroger sur le sort de l'oni. Ne vous affolez pas ! Monsieur le cornu-cogneur avait de la ressource, mettons-en une main à couper que le type s'était tiré de là avant le strike de l'orc... Nan, on ne va pas parier la dernière pogne de mon tueur, suffisamment dans la merde comme ça.

    Pour vous la faire courte, Nargulg tapa de toutes ses forces, la source s'effondrait sur nos trois zigotos et se promener à poil par temps de grand froid, c'était une idée à la con. Mais pour une fois, Urzupha n'avait pas foutu la zizanie, et ça c'est un progrès. À la place, madame s'efforçait d'esquiver autant que faire se peut ces putains de caillasses chutant sans arrêt, tant dans le bassin tempétueux éclaboussant ses proches en bordure, que dans l'espace d'une arène sinistrée. Le tonitruant supplice de mère nature, consubstantielle de la géhenne faiseuse de gravats, infectait vision et inhalation d'opaques émanations brumeuses, gaffe à ne pas dépérir au nom de la Sainte Baston, autrement, ils trépasseraient. De là à trouver cela dramatique, bah ! Demandons son avis au bon Dante plutôt, il a survécu, pas vrai ?
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  • Sam 5 Aoû - 16:03
    Loués soient-ils
    L'interminable attente de l'insatiable soif de sang touchait à sa fin. Se satisfaire dans le bellicisme le plus total, n'est-ce pas finalement le quotidien de tout guerrier qui se respecte ? Rien de mesquin dans le comportement de l'Oni, bien au contraire. Voyons plutôt ça comme une marque d'affection même si sa retenue pourrait s'apparenter à de l'insolence, son but n'était pas vraiment de déclencher prématurément cet affrontement qu'il convoite tant. Trop tôt pour sûr, toutes les conditions qui garantissent un combat mémorable ne sont pas encore remplies. Jouer de provocation, tout au plus. Dante n'est pas quelqu'un de fondamentalement mauvais et il s'en voudrait beaucoup de mettre à mal Nargulg devant les yeux de sa femme. De quoi il aura l'air à cause de lui ? Solidarité masculine, on se comprend. Et honnêtement, c'est pas le moment de réduire l'effectif du groupe. Surtout pas avant Sancta qui risque de leur en faire voir de toutes les couleurs. Deux bras en plus, ce n'est pas négligeable. Enfin, un bras et un moignon dans le cas du colosse verdâtre. C'est mieux que rien.

    Ici dans cet endroit isolé et coupé du monde, aucun risque d'attirer l'attention des réfugiés de Célestia ni de troubler la quiétude du temple des Huits. Malgré tout, Dante n'a aucune envie de faire traîner cette querelle plus que nécessaire et de toute évidence, les deux adversaires sont d'accord sur ce point. Comme il l'escomptait, Nargulg n'a pas eu de mal à esquiver son coup de matraque. D'une roulade aussi bruyante que peu gracieuse, l'esthétisme n'est pas une valeur importante en comparaison avec l'efficacité du geste. Le regard sombre de l'Oni suivant les mouvements de l'estropié bien décidé à lui rendre la pareille. Le sifflement de sa lourde respiration ne pouvait que laisser présager le pire à ce sujet car si Nargulg n'est pas en position de force lors d'un pugilat, ce serait le sous-estimer que de le réduire à l'usage de ses bras. Contrairement au cornu, l'orc ne tergiverse pas en cérémonies ou en réflexions inutiles pas plus qu'il ne prend de pincette. Il va droit au but et arme immédiatement une frappe dévastatrice qui, elle, vise à remettre le Démon des Rôcheuses à sa place et à lui faire payer son arrogance. Ne comptez pas sur Dante pour esquiver in extrémis, cet imbécile a déjà décidé de son destin. Par ailleurs, il a déjà encaissé un coup similaire lors de leur premier affrontement. Le contexte était bien différent et il a tout de même dû sacrifier son bras pour survivre à ce déchaînement de puissance brute. Pourquoi ne serait-il pas capable de reproduire l'expérience après tout ? Bien décidé à pousser sa chance aux limites, l'Oni ne tremble pas même face à la mort qui guette la moindre erreur. Il place son bras en opposition à la guibole surdimensionnée, luttant contre l'élan et la ferveur du coup meurtrier. Le grondement fait trembler la grotte et le sol se fissure sous les pieds de l'Oni, la pression imposée étant trop forte, peut-être plus que lors de leur premier affrontement. Oui, même pour Dante car il va bientôt se rendre à l'évidence que toute sa volonté n'est pas suffisante.

    C'est ainsi que se conclut cet échange, aussi bref que violent. Vous vous attendiez à quoi ? Qu'il encaisse et se relève grâce au pouvoir de l'amitié et du scénario ? Dante n'est pas le héros de cette histoire, il n'est qu'un instrument parmi tant d'autres. Un rouage remplaçable, voué à périr tôt ou tard et même si son heure n'est pas encore venue, le cornu n'est pas prêt de se relever tout de suite. La frappe était si puissante qu'elle l'a envoyé valser à travers la grotte et celle-ci n'étant pas très grande, autant vous dire que le choc engendré par son dos encastré violemment dans le mur ne laissait que peu de place au doute. Cette fois, point de stratagème ou de manœuvre désespérée, seulement un sommeil bien mérité pendant que l'abri semble partiellement ou complètement s'écrouler sur lui-même. C'est dommage, c'était un bon refuge. En tout cas une chose est sûre, le Nargulg, faut pas l'emmerder. Dante ne manquera pas de graver cette leçon au fer rouge si tant est qu'il arrive un jour à s'extirper des gravats. Bah, dans cet état il ne peut pas y faire grand-chose de toute manière et je ne sais pas comment il va se sortir de là mais il faudra bien, Sancta ne va pas se faire toute seule.

    CENDRES
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  • Dim 6 Aoû - 21:50
    Dante : cent quatre-vingt-dix kilos ; Nargulg : cent soixante-dix kilos ; Urzupha : cent quarante kilos. Maintenant, additionnons tout ça, nous obtenons ainsi un total de : cinq cent kilos. Pourquoi je m'astique sur les poids de nos géants ? Pour insister comme un débile sur la débilité de lancer un combat débile au cœur d'une petite grotte, sur fond de grief débile. Et encore, c'était un débilissime prétexte au déchaînement d'une pulsion ne nécessitant d'aucune façon un quelconque effort justificateur. Ils voulaient combattre, ah ouais ça venait du fin fond des ventrailles que... BAM ! La canne du pas commode Nargulg fit dans l'imitation de nitroglycérine, ouais, exactement vous avez bien lu, ça explosait dans tous les sens. La belle source et la voûte rocailleuse coiffant la naturelle bâtisse, l'intégralité du cadre échangeait l'atmosphère à la fois douce et austère, se fardant plutôt de la vulgaire exagération destructrice. D'indénombrables rainures tramant les raides parois ébranlées fléchissaient subséquemment à la vague annihilatrice. Une frappe, une seule, et le nid dépérissait à une vitesse folle, le lacis profond du bassin givré d'engouffrer une portion de la désagrégation avoisinante. Donc voilà les enfants, se battre entre quatre murs c'est bien, blabla la classe, oui, OUI ! Seulement, si vous obviez à ce genre d'éventualité, retenez que la force surhumaine n'est pas idoine. Pas toujours. En fonction de la puissance que vous y mettez. Ne faites pas comme Nargulg quoi. Parce que lui n'y allait pas par quatre-chemins pour taper, n'est pas dit qu'il changerait de sitôt au passage. Bonté divine ! Dante ! Qu'est-ce qu'il lui prenait d'encaisser le coup ? N'était-il pas mort à présent ?! Pas le temps d'appliquer les premiers soins, bordel, le ciel leur tombait sur la gueule, ce n'était pas le moment de roupiller du sommeil du juste en plein tohu-bohu. Urzupha ramassait leurs affaires laissées là, quand Nargulg embarquait le bougre de cornu sur l'épaule, le plat du pied d'enfoncer la roche quand il s'agissait d'improviser un passage vers l'extérieur. Une méthode d'orc ça, quand vous êtes coincé dans un trou, cognez en creuser un second, succès garanti, tout ce qu'il vous faut, c'est un peu de force. Les orcs et la force, une longue histoire d'amour carrément inscrit dans leurs gènes, c'était aussi une des manifestations de la nette supériorité de cette race sur quantité d'autres, jugeait Urzupha, grande dégénérée fuyant le chaos engloutisseur de vies sous la tumultueuse canonnade caillouteuse. Ah que ça avait de la gueule le racisme, en ce temps-là, on brûlait vif des hybrides, la chasse aux démons était la norme pour tout fidèle des divins se respectant un tant soit peu ; par l'inceste les nobles - et respectables - elfes veillaient sur leur lignage, tandis que Nargulg condamnait à mort les valkyries, tant ces immondes connasses se détournèrent des Huit. Salopes. À zigouiller. "Le racisme est condamné dans toutes les sociétés civilisées, et gnagnagna..." Peuff ! Mon cul ! Même au beau milieu du froid, à l'air libre, se rhabillant tout juste, le couple d'orcs finit à la pisse ne perdait pas le Nord en matière de haine, il y avait trop de têtes à couper pour se perdre en infléchissements douteux. Mais avant, il y avait cette histoire de perambulation en Sancta à mettre au clair. Hé ! "Les colosses en vadrouille", on tenait quelque chose pour le prochain chapitre. Mouais, on verra.

    Oui... L'épisode Célestia arrive à son terme l'ami. Dante pionçait sur le dos de Nargulg le sec, tu t'attendais à plus ? Que je poursuive l'anecdote mi-religieuse mi-bagarreuse sans comparse conteur ? D'accord, employons une dernière fois la cartouche nommée Urzupha. C'est du bonus hein.

    La sauvagesse, maléfique entité guerrière, progéniture du conflit paroxysmal d'envergure extrêmement caricatural, grossière femelle cogneuse de tout, faucha brusquement les béquilles du terrifiant Nargulg, méchant mutilé branlant de tout son poids face contre terre, pas de quoi arracher le démon des rocheuses du domaine des songes, hélas. La tueuse éprouva sa glotte d'une série de rires abominables, d'abord graves, les sonorités de la mauvaise malmenaient ses cordes vocales, son timbre moqueur d'emprunter des notes aigues, criardes à s'en boucher les oreilles. Tapant de la semelle un vernis terrestre craquelant, madame choisit de revendiquer la vilenie.

    - Alors ? Qui c'est qui commande maintenant ?! La face d'Urzupha irradiait de joie, la bouille revêche de poursuivre. Qui c'est la cheffe ? Ouais... J'vais t'apprendre ce qu'il en coûte d'essayer de me noyer, sac à foutre !

    Nargulg, sonné, grimaçait à n'en plus finir évidemment, la pétasse d'Urzupha escomptait bien l'emmerder jusqu'au bout, et le salopard d'orc en prendrait pour son grade. L'oni avait à moitié mâché le travail, en les emmenant loin de la frêle agitation du Sanctuaire, à elle de prendre le relais. À elle de déceler une planque gibbeuse gracieusement délivrée par dame Nature, faiseuse d'un bosquet atone, à elle d'octroyer à l'oni un coin tranquille où pioncer près d'un feu, à l'abri des caprices du ciel. Lecteur, mon bon lecteur, il est des choses que je dois passer sous silence, l'indécence de la sournoise créature persécutant l'adorateur verdâtre, diviniste certes, néanmoins pécheur, tout cela, j'aurai bien du mal à en tracer l'esquisse sans outrepasser les lois de l'univers. Cependant, Dante possédait malgré tout le souffle de la vie, les soubresauts cardiaques du gentil bourreau allaient paisiblement le soutenir, ses membres tinrent en place malgré la violence de l'impact passé, d'autre part permettons-nous une remarque : qu'il était solide ce Dante. Encaisser violence et brutalité sans broncher, quel admirable personnage, oui, une bonne race que celle des onis, peut-être une des rares qu'Urzupha saurait apprécier à sa juste valeur, avec le temps, beaucoup de temps. À moins que cela ne reposât jamais sur la fine teinte de la sympathie. Que serait-elle sans la fougue fielleuse ? Un personnage chiant, à l'instar de Nargulg.

    Profitez de cette dernière journée de repos, belliqueux protagonistes, le pire est à venir. Car la vie sur le Sekai était synonyme de tourment.
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