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Les tréfonds de l'insouciance
Feat. Imoogi
Le lac Rebirth ... Magnifique ! Une enclave aquatique à l'Ouest de la République, offrant des panoramas à couper le souffle. Une impressionnante faune et flore, terrestres et aquatiques, aillant élu domicile dans ce paysage calme, participants d'un écosystème d'une richesse inégalée. Parmi ces êtres vivants, des entités humanoïdes régnant dans les profondeurs.
Soudain, un hurlement, faisant vibrer la surface de l'eau et fuir les poissons les plus proches de la rive. Rauque, inhumain, chargé de ressentiment.
Il se tient au bord de l'eau bleue, silhouette totalement recouverte de rubans, assise sur l'herbe luxuriante. Son manteau de tissu bouge le recouvre presque entièrement, n'exposant que ses bras, sa main droite se cramponnant à son biceps gauche comme s'il avait une peur bleue de le perdre. Derrière lui, une chaine de montagnes séparant la ville de Courage de la belle étendue d'eau. Cela fait plusieurs jours qu'il est arrivé ici, sans but apparent sinon celui de regarder la vie s'épanouir au sein du Lac Rebirth, vie qui semblait l'éviter comme un pestiféré. Plusieurs jours que les autres formes de vie gardent leurs distances avec la créature, un véritable concentré de rage et de peur. Même les habitants des profondeurs n'ont pas cherchés à connaitre les intentions de la silhouette enrubannée, sans doute dû à ses hurlements grotesques, ponctués de gémissements pitoyables. Chaque écosystème possède sa chaine alimentaire, mais cette créature en est exclue. Autant de malfaisance et de fureur n'attirerait que mort et destruction sur le lac Rebirth, et aucune forme de vie ne serait assez folle pour provoquer une telle catastrophe dans son propre lieu de vie.
Pourquoi les habitants du Sekai tenaient tant à le détruire ? Une question tellement complexe, à laquelle des millénaires d’existence n’avait apporté aucune réponse. Oh, comme il avait vu l’étendue de leur folie ! Les reikois belligérants, avides de conquêtes, érigeant des temples immondes et des villes fortifiées horribles défigurant les déserts du Sekai ! Les républicains cupides, courant après l'or, et polluant les mers avec leurs embarcations monstrueuses ! Et Shoumei. Ô, maudite Shoumei ! Des fanatiques prêchant la bonne parole à coup de guerre religieuse, marquant à vif la terre, leur foi ayant été récompensée par leur destruction. Imbéciles !
Alors il hurle. Il hurle pour exprimer son désarroi, sa volonté de se libérer de ce calvaire. Il hurle, et le bord du lac subit les conséquences de son courroux. L'eau se soulève dans les airs, lacérant l'air tel une lame. Des fissures apparaissent autour de la forme hurlante, défigurant le sol. Si ce monde n'est que violence e destruction alors pourquoi s'embêter à le préserver ?
Comment se libérer d'un monde pareil ?
CENDRES
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Un jour de congé. Enfin. Imoogi a travaillé exactement 13 jours de suite sans s’octroyer le moindre repos. Chaque matin, il installait, souvent à sa porte, son stand de raviolis après avoir récupéré les denrées essentielles à la fabrication de ces délicieuses petites choses qui font sourire petits et grands. Parfois, il changeait de place, poussant de toutes ses forces l’échoppe un peu plus loin, à quelques rues, là où c’était encore plus animé. D’autres, il allait beaucoup plus loin, mais il devait alors se lever plus tôt, rentrer plus tard. Était-ce un sacrifice compliqué ? Pas vraiment. Imoogi n’aimait pas son habitation miteuse. Il la louait il ne savait trop pourquoi car il préférait dormir à la belle étoile ou dans les flots d’un lac, d’une mer. Quand il faisait trop laid, il s’offrait un hôtel dont la chambre était bien plus charmante. En effet, d’épais rideaux masquaient les fenêtres « chez lui » et il n’avait, depuis qu’il s’y était installé, jamais osé les tirer, répandant cette odieuse poussière tout autour de lui. Il vivait dans l’obscurité, dans la haine de ce logement atroce.
Ainsi, lorsqu’il se permettait un jour de congé, il n’y restait que peu. Il préférait marcher dans les rues de la ville, saluant les âmes qui le reconnaissaient, se perdant et ne retrouvant son chemin qu’à la nuit tombée. Il s’installait alors à la terrasse d’une auberge, commandait un plat à base de poisson, s’offrait le luxe d’un dessert, trempait ses lèvres dans une boisson pleine d’alcool. Il regardait la vie fourmiller tout autour, et il se sentait presque bien.
Mais aujourd’hui, c’est vers le lac Rebirth que ses pas l’ont égaré. Il s’est miré dans les eaux claires, un doux sourire aux lèvres, a longuement hésité avant de retirer ses vêtements parce que la décision était prise depuis longtemps. Il a plongé, sa queue de poisson est apparue, il a fui sous les flots délicats, a dansé, a tournoyé. Il est né triton, et s’il a longtemps détesté sa nature aquatique, il a appris avec le temps à l’apprivoiser, à l’aimer. Sa mère n’est plus là pour le contrôler et haïr chacun de ses faits et gestes. Il a le droit d’être lui-même. D’ailleurs, sous les eaux du lac, il croise parfois d’autres sirènes et tritons, comme lui. Il ne fait pas partie de leur communauté, bien sûr, mais ils échangent quelques mots. Aujourd’hui, Imoogi ne se presse pas pour en rencontrer l’un ou l’autre. Il préfère s’amuser à courser les autres bestioles sous le lac. Il rit, il gagne à chaque fois et il n’est pas sûr qu’ils comprennent l’enjeu. Ce n’est pas grave.
Mais soudain, tous disparaissent. Un odieux bruit fait trembler l’eau, elle se soulève au-dessus de la tête du triton. Catastrophé, l’homme pense à s’enfuir le plus loin possible de la source de tout ce raffut. Toutefois, ses beaux vêtements encore posés sur l’herbe… et de toute façon, il devra marcher, longuement, pour retourner au même endroit, là où cette chose étrange brait. Sera-t-elle partie ? Imoogi ne le sait pas, et au fond… il est curieux. Si les choses tournent mal, il n’aura qu’à disparaître à nouveau dans le monde sous-marin. D’un mouvement de queue souple, il atteint la surface. Ici, le cri est bien plus audible. Et désagréable. Il cligne des yeux. Un bébé qui pleure ? Non, quelle question. Que se passe-t-il, bon sang ? Les yeux regardent aux alentours, les pupilles se fixant soudain sur la source des hurlements. Il fronce les sourcils. Qu’est-ce donc que cette créature ? Elle ne lui inspire pas confiance. Il ne devrait pas s’approcher, pourtant, le corps se traîne sur l’herbe. Il ne se transforme pas, juste au cas où – et parce que lui aussi se mettrait à crier sous la douleur que lui provoquerait ce charmant moment où il redeviendrait humain. Peu à peu, les mètres entre les deux hommes (?) se réduisent, et Imoogi prend la parole : « Allons, allons, pourquoi hurler de la sorte ? Que se passe-t-il, très cher ? Vous m’avez l’air bien embêté. Puis-je vous aider ? Regardez, le monde est désert autour de vous, les poissons ont fui en vous entendant, et nul humain n’oserait s’approcher… » et le sol se fissure sous son corps rampant. Tous sont partis, en effet, comment peut-on seulement rester ? Puis, il y a Imoogi, le seul assez fou pour venir voir ce qui se passe avec une curiosité sincère et – presque – l’envie d’aider derrière son masque indifférent.
Ainsi, lorsqu’il se permettait un jour de congé, il n’y restait que peu. Il préférait marcher dans les rues de la ville, saluant les âmes qui le reconnaissaient, se perdant et ne retrouvant son chemin qu’à la nuit tombée. Il s’installait alors à la terrasse d’une auberge, commandait un plat à base de poisson, s’offrait le luxe d’un dessert, trempait ses lèvres dans une boisson pleine d’alcool. Il regardait la vie fourmiller tout autour, et il se sentait presque bien.
Mais aujourd’hui, c’est vers le lac Rebirth que ses pas l’ont égaré. Il s’est miré dans les eaux claires, un doux sourire aux lèvres, a longuement hésité avant de retirer ses vêtements parce que la décision était prise depuis longtemps. Il a plongé, sa queue de poisson est apparue, il a fui sous les flots délicats, a dansé, a tournoyé. Il est né triton, et s’il a longtemps détesté sa nature aquatique, il a appris avec le temps à l’apprivoiser, à l’aimer. Sa mère n’est plus là pour le contrôler et haïr chacun de ses faits et gestes. Il a le droit d’être lui-même. D’ailleurs, sous les eaux du lac, il croise parfois d’autres sirènes et tritons, comme lui. Il ne fait pas partie de leur communauté, bien sûr, mais ils échangent quelques mots. Aujourd’hui, Imoogi ne se presse pas pour en rencontrer l’un ou l’autre. Il préfère s’amuser à courser les autres bestioles sous le lac. Il rit, il gagne à chaque fois et il n’est pas sûr qu’ils comprennent l’enjeu. Ce n’est pas grave.
Mais soudain, tous disparaissent. Un odieux bruit fait trembler l’eau, elle se soulève au-dessus de la tête du triton. Catastrophé, l’homme pense à s’enfuir le plus loin possible de la source de tout ce raffut. Toutefois, ses beaux vêtements encore posés sur l’herbe… et de toute façon, il devra marcher, longuement, pour retourner au même endroit, là où cette chose étrange brait. Sera-t-elle partie ? Imoogi ne le sait pas, et au fond… il est curieux. Si les choses tournent mal, il n’aura qu’à disparaître à nouveau dans le monde sous-marin. D’un mouvement de queue souple, il atteint la surface. Ici, le cri est bien plus audible. Et désagréable. Il cligne des yeux. Un bébé qui pleure ? Non, quelle question. Que se passe-t-il, bon sang ? Les yeux regardent aux alentours, les pupilles se fixant soudain sur la source des hurlements. Il fronce les sourcils. Qu’est-ce donc que cette créature ? Elle ne lui inspire pas confiance. Il ne devrait pas s’approcher, pourtant, le corps se traîne sur l’herbe. Il ne se transforme pas, juste au cas où – et parce que lui aussi se mettrait à crier sous la douleur que lui provoquerait ce charmant moment où il redeviendrait humain. Peu à peu, les mètres entre les deux hommes (?) se réduisent, et Imoogi prend la parole : « Allons, allons, pourquoi hurler de la sorte ? Que se passe-t-il, très cher ? Vous m’avez l’air bien embêté. Puis-je vous aider ? Regardez, le monde est désert autour de vous, les poissons ont fui en vous entendant, et nul humain n’oserait s’approcher… » et le sol se fissure sous son corps rampant. Tous sont partis, en effet, comment peut-on seulement rester ? Puis, il y a Imoogi, le seul assez fou pour venir voir ce qui se passe avec une curiosité sincère et – presque – l’envie d’aider derrière son masque indifférent.
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