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  • Sam 24 Déc - 1:48
    Au beau milieu de la nuit, une ombre se glissait allègrement entre arbustes et rochers, serpentant avec une douce élégance au travers des sentiers sinueux des Rocheuses. L'immense créature s'interrompait parfois, saisissant de ses pattes minces et griffues une pierre, un brin d'herbe ou encore parfois, un petit animal trop affairé pour avoir vu venir la bête silencieuse. Le mystérieux géant ne chassait pas, bien au contraire. Lorsqu'il effectuait une prise, il se contentait d'observer ce qu'il tenait entre ses mains avec une curiosité certaine, détaillant chaque aspect des êtres, vivants ou non, avant de les reposer avec minutie précisément là où il les avait trouvés.

    Son analyse complétée, il se remettait en marche, arpentant sans relâche les immenses plaines des terres dévastées. S'il se concentrait actuellement sur la découverte de son environnement, il prenait parfois le temps de s'intéresser à son propre corps, détaillant avec intérêt les arabesques éternellement changeantes qui décoraient sa peau d'ébène. Parfois, il croisait quelques volatiles dont il copiait la forme à l'aide de ses dons de métamorphoses. "Où allez-vous ?" leur disait-il. "A mon nid" répondait l'un, "Je chasse les souris", disait le suivant. A chaque fois, l'être issu des rêves opinait du chef et s'éclipsait sans déranger davantage ces créatures volantes.

    Il était amusant de constater qu'à la différence des oiseaux qu'il avait croisé en rêve, ceux-là semblaient être animés par des objectifs bien plus terre à terre. L'être né des rêves se posa puis en un battement de cils, il retrouva sa taille ainsi que sa forme et continua sa longue exploration. Il pensait au mystérieux rêveur qui lui avait donné cette forme, se demandant où il se trouvait et comment l'aborder sans risquer d'éveiller une fois encore son courroux dévastateur. Avait-il seulement une forme physique où était-il lui aussi un mirage, une créature issue du Songe ?

    Tant de questions en suspens, tant de mystères laissés derrière lui et pas le moindre élément de réponse. Était-il seulement conscient qu'il avait fait naître une telle créature par son action ?

    Soudain, un bruissement tira Rêve de ses nombreuses interrogations. Le cou démesurément grand se tordit en tout sens pour faire face à la provenance du son parasite. Les immenses yeux noirs se rivèrent dans l'ombre à la recherche d'une silhouette plus imposante que celle des rongeurs et batraciens qui pullulaient partout dans les ténèbres, mais rien ne vint. Face à ce silence, la bête fantasmée se dressa de tout son long, déployant ses ailes pour se montrer aussi imposant qu'il pouvait l'être. Son bec s'entrouvrit et ses deux voix s'élevèrent alors, brisant le calme nocturne avec froideur et puissance :

    "Je ne te veux aucun mal. Tout comme toi, je voyage."

    Il était rare que la bête prenne l'initiative de la parole. Toutefois, depuis qu'elle avait adoptée cette forme physique, elle ressentait quotidiennement la crainte de l'inconnue, ce qui l'amenait à se montrer plus méfiante qu'à l'accoutumée.
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  • Dim 25 Déc - 5:04
    Stheno n'était, pour ainsi dire, pas une socialite. Elle n'avait jamais vu beaucoup d'humains, ni de serpents, encore moins de créatures diverses et variées du continent qui lui servait de maison. C'était assez simple, mais elle avait vécue dans un bunker isolé pendant toute sa vie, ce qui l'avait un peu empêchée de croiser des gens. Pas qu'elle n'en avait l'ambition ou l'intention non plus, remarquez : cet imbécile d'humain avait bien été sa seule connaissance pendant des années, et elle était prête à passer le reste de sa délicate vie sans voir la foutre-ombre d'un "poilu", comme elle les appelait dans sa tête. Un "poilu" parce qu'ils avaient des poils ici et là, à des endroits disgracieux, qu'elle n'avait pas là. Elle avait vérifiée sur les poilus venus dans le bunker, avant qu'elle ne parte : sous leurs vêtements, ils cachaient des poils. Mais pas des poils de tête comme elle. De longs poils tout rabougris et tout laids, du genre qu'elle ne voudrait pas mettre dans sa bouche, même par curiosité. Comment est-ce qu'ils vivaient avec, ces poilus ? Brrr.

    Enfin, Stheno s'était surtout résignée à avoir des proies. Certaines grandes, d'autres petites, certaines juteuses, d'autres disgracieuse. Elle préférait surtout les petits animaux pour l'instant : Elle les voyait aller au gré du vent quand ils volaient, se faufilant dans les ténèbres pour tenter d'échapper à elle. De toutes petites choses fragiles, ne demandant qu'a regagner leur nid ou terrier, qu'elle assassinait de ses flèches pour les manger. Ou simplement par exercice de tir. Ou parce qu'elle trouvait ça amusant, de voir leur terreur animale, quand ils réalisaient qu'il y avait quelque chose de gros en train de les traquer. Oh, comment elle aimait voir le bref instant de terreur du lapin juste avant sa dernière seconde, ses oreilles affutées n'entendant le fwit d'une flèche que trop tard. Comment elle aimait le silence soudain d'un corbeau, sa plaintive nocturne interrompue sèche par une flèche adroitement dressée.

    Ils vivaient sous le joug de la terreur, tentant de survivre désespérément, obtenant leurs maigres victoires à des rivaux ou prédateurs, puis pouf, elle venait interrompre leurs petites histoires de façon sanglante. Et puis elle venait les manger, pour que leurs forces l'aident à continuer d'écrire la sienne d'histoire. Mais surtout, quand elle se sentait coquine, elle chassait pour le plaisir, abandonnant leurs petits corps meurtris à la merci d'opportunistes.

    Les poilus étaient pareils, mais eux, elle ne faisait pas pour la chasse : ils étaient trop gros pour qu'elle en mange pas un sans devoir immédiatement s'asseoir et digérer. Eux, elle chassait par plaisir. Elle les entendait parler, dans leurs langues qu'elle comprenait à peine, et puis elle s'efforçait de les faire tomber un par un; Oh, elle évitait les grands groupes, avec des épées capables de déchirer sa chair et des plaques de métal sur le corps, apte à dévier ses flèches. Elle préférait les perdus, ceux loin des autres, qui parlaient à voix basse des inepties pour se rassurer. Ou qui communiquaient. Qu'est-ce qu'elle le savait ? Stheno aimait juste entendre la peur. Entendre un muet s'égosiller dans la langue qu'elle connaissait : celle de la peur.

    Les mêmes mots, répétés en boucle et en boucle. "AH L'EDE ! AH l"EDE! AH L'EDE !". Des cris, des "NON !", des supplications. Toutes achevées d'une flèche, comme le corbeau. Mais pas tout de suite : elle aimait bien voir leurs corps se mouvoir dans tout les sens, avant de passer à l'acte. De ses yeux perçant les ténèbres, elle voyait comment eux tâtonnaient dans le noir, en se voyant dépourvus soudainement d'un bras. Ou d'une jambe, inutile bâtonnet de chair, pas coriace et habile comme sa queue. Elle aimait les voir assaillis dans l'obscurité, saisis par la peur la plus ancienne de toutes, puis traînés au loin. Puis, la blonde savait ce qui se passait : beaucoup de poilus entrent en scène. Ils cherchent. Et s'il ne bouge pas, ils trouvent.

    Stheno était satisfaite, elle avait vu la peur sous des traits animaux et des traits poilus, mais elle se lassait des immensités des gros rochers. Pathétique maison s'il en était : tout se resemblait trop, tout lui était inintéressant ! Il devait y avoir plus de choses à découvrir, dehors. De l'eau, des étoiles, des arbres, des serpents, des poilus différents. Des choses à voir de ses propres yeux, sans qu'elle ne doive extraire des souvenirs de leçons de la part du poilu qui lui avait servi de géniteur : non, Stheno voulait tout apprendre par elle-même. C'était pour ça qu'elle n'avait jamais appris, d'ailleurs. Parce qu'elle voulait tout voir depuis autre chose qu'un austère mur de lettres couché sur du papier. Et elle voulait aussi le découvrir pour elle-seule. Qu'aucun poilu ne le découvre.

    Noble but.

    Mais elle venait sans doute de tomber sur quelque chose de bizarre même avant d'avoir quittée sa "maison".

    On aurait dit un petit animal qui avait croisé un grand et puis le petit animal avait fait crac-crac avec le grand et était né un grand animal qui ressemblait à un petit. Ses yeux étaient incapables de comprendre la forme qui dansait sous ses yeux, arpentant les gros rochers avec la curiosité d'un poilu mais en ayant l'air d'un plumé. C'était vraiment dur à décrire, et elle était sûre que c'en était hippopocriticalme de sa part de dire ça, vu qu'elle était mi poilue mi écaillée. Mais tout ce qu'elle savait, c'est qu'il était fascinant. Depuis des heures, elle le regardait de loin s'approcher de sa position, ses yeux perçants au travers des distances et des ténèbres, observant la forme de son plumage, si indécise par moments.

    Stheno était fascinée, la bouche ouverte en "O", les yeux bleus écarquillés, le bout de la queue imitant involontairement un point d'exclamation. Que faire ? Voir s'il hurlait comme un poilu en ayant peur ? Ou s'il allait exprimer sa peur avec des hululements ? Est-ce qu'il pouvait parler ? Ou est-ce que non ? Elle était complètement perdue. Et dès que ses mains s'approchaient de son arc, elle sentait une pointe froide au travers de son corps. Comme une... une... elle ne savait pas. Un truc de poilu stupide, qui allait à l'encontre de son amusement. En lui disant que s'amuser en tirant sur lui, ça serait pas bien, et ça ferait qu'empirer la pointe froide en elle.

    Mais c'était frustrant d'avoir un problème impossible de résoudre. Si elle pouvait lui tirer dessus, le problème serait réglé...mais, elle en serait curieuse, si curieuse ! Et elle ne pourrait pas le manger, car il est trop grand. Elle ne saurait même pas s'il à un goût de poilu ou de plumé, le comble.

    Le Poilmé s'était rapproché de façon inexcusable, continuant son chemin sans le savoir, et Stheno ne le réalisa que maintenant, en s'apercevant qu'elle pouvait le voir sans avoir besoin de serrer des yeux. Misère, c'était pas bien de laisser le Poilmé s'approcher, car elle chassait de loin, et s'il était près, bah, elle pouvait pas chasser de loin, vu qu'il n'était pas loin. Comprenez ? D'un geste presque désespéré, la Serpente voulut se dresser sur sa queue, afin de partir en arrière, mais sur-estima sa capacité à s'éclipser sans bruit. Parce que le Poilmé s'empressa d'agiter sa queue de tête -c'était là qu'était nichée la tête- dans tout sens, voulant identifier un intrus.

    Et là, il résolut sa question principale : il parlait comme un Poilu. Mais dans sa voix, il y avait aussi quelque chose de ni Poilu ni Plumé. Difficile à décrire, mais elle en avait l'impression qu'il était différent des deux, un peu. Mais... bon, elle n'avait pas appris grand chose de l'autre idiot. Peut-être qu'il était très bête et que les gens comme elle sont communs là-bas ? N'empêche qu'elle n'avait pas compris ce qu'il voulait dire. Elle associa simplement ses paroles à un manque d'action. Car il avait écarté les ailes, mais sans plus, et elle se disait qu'il aurait commencé à voler s'il se sentait vraiment en danger. Mais peut-être qu'il savait pas comment faire ça ? Pourquoi il marcherait sinon ? Bah. Elle était contente qu'il parte pas, elle aimerait bien voir ce qu'il était.

    Stheno décida de s'extraire des ténèbres rapidement, mais sans hostilité. Simplement, elle fit ramper son torse de femme à la lueur de la lune, enroulant des bras autour d'un tronc d'arbre, un sourire léger au visage. Puis, après quelques secondes, le reste de sa queue écaillée vint s'enrouler autour de l'arbre alors que Stheno écarta les bras, "tournoyant" sur l'arbre avant de s'arrêter, toujours un sourire énigmatique aux lèvres, arc bien à la main droite. Si elle pouvait parler, elle aurait sans aucun doute dit quelque chose de cool avec. Mais elle voulait pas, car les serpents parlent pas, ils sifflent. Mais c'était mal vu de siffler, elle pensait.

    Du coup, la blonde dévisagea simplement son interlocuteur. Puis, elle le vit, là, un détail qui lui avait échappé de loin : il y avait quelque chose, une forme sur sa peau, qui disparut dès que Stheno leva le ver de main pour la lui pointer vers lui, un air ébahi au visage, bouche ouverte et yeux écarquillés comme avant. Elle s'en laissa presque même tomber au sol, pour ainsi dire.

    Mais qu'était-ce donc ce Poilmé ?
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  • Dim 25 Déc - 6:22

    Si Rêve était né des fantasmes des êtres conscients, il découvrait avec une stupeur certaine que la créature qui avait fait son apparition était au moins tout aussi atypique que lui. Depuis les ombres, un torse de femme s'était d'abord révélé mais avait été suivi de près non pas par une paire de jambes, mais bel et bien par une queue de serpent colossale. Tout aussi étonné qu'intrigué par cette découverte, Rêve fit pivoter sa tête sur le côté lorsque la créature inconnue s'avança, profitant de son anatomie hors-norme afin de grimper à un arbre en un éclair. Le géant ailé l'observa sans mot dire, détaillant son corps de bête mystérieuse ainsi que son arme de facture humaine. Il s'attarda un instant sur son sourire doux ainsi que son calme apparent mais se questionna aussitôt sur son silence. Était-elle timide, ou encore surprise ? Peut être qu'elle ne l'avait pas compris, après tout. Rêve ne savait pas si elle tenait davantage du serpent que de la femme. Il valait peut être mieux retenter l'expérience dans la langue des bêtes, plutôt que dans celle des hommes.

    Il tâcha d'abord de se montrer moins menaçant et rétracta donc ses immenses ailes dans un geste lent et calculé. il s'affaissa également, se reposant sur ses quatre pattes afin de paraître plus petit. Il savait pertinemment que les volatiles craignaient particulièrement les serpents car ces derniers s'en nourrissaient mais cette créature là semblait davantage curieuse qu'agressive, à en juger par son expression. Ce fut d'ailleurs avec une certaine intensité qu'elle afficha ensuite sa surprise, pointant subitement du doigt le corps de l'être mystérieux qui lui faisait face. L'intéressa baissa la tête, jetant un œil à l'emplacement qui semblait avoir attiré l'attention de l'inconnue, puis comprit qu'elle découvrait simplement les particularités de son corps si unique.

    A cet instant, ses yeux se plissèrent de joie. Par ce geste enfantin, il crut percevoir chez cette surprenante demoiselle une forme de naïveté couplée à une profonde envie de comprendre. Un goût de la découverte prononcé qu'il partageait bien évidemment, puisque telle était sa nature. Si elle était fascinée par l'être étrange qui lui faisait face, lui-même l'était tout autant, ce qui constituait désormais un point commun entre eux deux. Sans mot dire, il se risqua à s'approcher de quelques pas, tendant son cou gigantesque pour observer d'un peu plus près le visage qui, à bien y songer, n'était pas tout à fait celui d'une humaine. Certes, elle en avait les traits, mais le Voyageur savait discerner certaines choses derrière la chair et les os. Il y avait dans l'expression de cette étrangère quelque chose de mystérieux. Cette expression de surprise, sans être mensongère, ne semblait pas tout à fait être la sienne. Elle avait simplement l'air de l'arborer, pour ainsi dire. Peut être que, tout comme lui, elle copiait ?

    Fasciné, il replia son cou pour ensuite s'éloigner un peu d'elle. Sans quitter du regard celle qui avait désormais toute son attention, il commença alors à changer de forme. Ses ailes se firent plus minces, son corps s'affina par endroits et s'épaissit à d'autres. Les plumes se rétractèrent et la peau qu'elles recouvraient adopta petit à petit une teinte blanchâtre, qui s'ajusta progressivement afin de devenir plus convaincante, donnant ultimement une texture de peau parfaite. Ses jambes immenses se rassemblèrent doucement puis fusionnèrent pour former une queue qui se couvrit progressivement d'écailles. En l'espace d'une minute, il se transforma pleinement et devint une copie parfaite de cette étrange rencontre. Cela fait, il lui sourit, mimant l'expression qu'elle affichait avec une exactitude tout aussi singulière. Enroulant sa queue afin qu'elle lui serve de support, puis joignant ses doigts, il reprit la parole mais usa cette fois-ci de magie, parlant non pas dans la langue des hommes mais dans celle des animaux.

    "Es-tu à même de me comprendre, petite rêveuse ?"

    Il la nommait comme il les avait toujours nommés. Qu'elle fut femme, serpent ou encore dragon, c'était ainsi qu'il la considérait. Une rêveuse à chérir, à observer, à analyser sous tous les jours. Il avait tenté de copier son apparence afin de la comprendre mais découvrait, non sans une certaine tristesse, que ses pouvoirs de réplication n'étaient plus ce qu'ils étaient. Lorsqu'il copiait la forme d'autrui, c'était avant tout pour se mettre à leur place et ainsi les comprendre avec plus d'aisance. Hors, cette fois-ci, il était certes parvenu à recréer sa plastique mais constatait que ce changement physique ne s'accompagnait pas de l'habituel flux d'informations duquel il était pourtant si coutumier, dans le Songe tout du moins. Il lui ressemblait, certes, mais ne la comprenait pas davantage pour autant.

    Il lui vint alors une idée qui comportait quelques risques, mais son insatiable goût de la découverte était difficilement rassasié, surtout après une trouvaille aussi extraordinaire. Il se montra donc téméraire malgré ses craintes et ce fut donc sans hésitation qu'il déroula sa queue pour serpenter lentement jusqu'à la créature toujours perchée dans son arbre. Il semblait oublier cependant que, malgré son aspect délicat, l'immense femme-serpent tenait encore fermement son arc. Rêve ne souhaitait pas l'effrayer, il lui montra donc sa paume d'abord, puis tendit calmement le main, l'invitant à faire de même. Peut être qu'un contact physique lui permettrait de capter quelques uns de ses souvenirs ?
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  • Lun 26 Déc - 4:51

    Ce n'était vraiment pas un Poilmé ordinaire. Et elle disait ça alors qu'elle venait de créer le terme "Poilmé". Il avait une apparence humaine avec des traits d'animaux, oui, mais il y avait quelque chose qui n'appartenait à aucun de ces deux mondes au dessus. Et ça, elle ne pouvait pas le nommer, parce que ce n'était pas un truc de bouquins ou de dicton. C'est plus profond que la langue et les artifices qu'elle utilise pour communiquer : c'est une réponse marquée dans la chair et l'esprit, trop ancienne et instinctive pour qu'elle puisse le décrire plus que ça, même avec un vocabulaire plus développé. Ce n'est pas un mot. C'est les poils qui s'hérissent au bas de la nuque. C'est une froideur soudaine dans tout le corps. C'est une oppression aux épaules, comme si jamais quelqu'un venait de poser ses mains sur ses frêles épaules avant d'appuyer dessus de toutes ses forces.

    Stheno réalisait, de façon dérangeante, qu'elle commençait à comprendre les gueux qu'elle s'amusait à frapper de ses flèches. La peur, c'est marrant quand c'est quelqu'un d'autre qui là, elle se disait. Mais maintenant, c'était elle qui sentait un désagréable picotement en bas de son cou, même alors qu'elle gardait le sourire aux lèvre, même en voyant ses plumes se décharner lentement sous ses yeux, même alors que lui aussi était silencieux.Mais, en même temps, pour rien au monde elle ne voudrait échanger cette sensation. Pour la première fois de sa vie, elle se retrouvait dans une situation complètement imprévue, face à quelqu'un qui était de son acabit, et non un bête Poilu qu'elle pouvait tuer à n'importe quel moment de loin. Enfin, elle se trouvait devant un égal.

    Elle était nerveuse, la boule au ventre, ne sachant pas s'il la tuerait ou pas. Et elle accueillait presque cette sensation de ne pas avoir le contrôle sur la situation. "Presque", parce que son instinct de survie lui dictait d'être prudente et de s'éloigner alors qu'il s'attelait à une tâche toute simple : l'imitation complète de Stheno, qui voyait sa propre reflection dessinée lentement au clair de lune. Bec devenait fine lèvres, plumes s'aplatissaient en peau et écailles et bâtonnets d'os devinrent une longue queue comparable à la sienne. C'était comme se regarder dans un miroir mais sans ce mur de verre entre soi et soi. Sans cette rassurante barrière, empêchant à l'un de prendre la place de l'autre pour de devenir seul propriétaire de son visage. Visage, qu'elle voyait pour la première fois depuis un long moment.

    C'était une scène étrange. Stheno aurait pu hurler ou fuir. Peut-être lancer une attaque, mais à la place, elle leva simplement ses délicats vers de main en direction de ses tapis de visage. Ou plutôt, là où ses tapis de visage étaient censés se trouver : là, elle ne trouva pas la fourrure légère au dessus de chaque orbite, inhérente aux poilus -c'était bien pour ça qu'ils étaient poilus-. Elle passa son index en boucle au dessus de l'oeil droit, formant comme un petit cercle, puis le rabaissa tout en se dévisageant soit-même, surprise de voir ce détail ainsi imité. Remarque, l'autre poilu lui aussi n'en avait pas : il lui avait fallu plusieurs rencontres pour réaliser que c'était là une anatomie habituelle pour les poilus. Et que son manque de ces derniers la rendrait suspicieuse même si elle cachait sa queue de manière experte.

    Que le poilmé ait copié pareil détail la fascinait. Tout autant que ce qu'il fit immédiatement après : il lui parla. Il employa des mots, dans un but précis, afin qu'elle comprenne précisément ce qu'il voulait dire. Mais dans sa langue maternelle, instinctive, inhérente à sa condition. Elle pouvait comprendre ce qu'il disait. Stheno comprenait ce que disait son interlocuteur, ce qui était bien pour eux deux, car là était sa question. Auquel la blonde répondit en agitant la tête de haut en bas, les yeux grands écarquillés, le sourire maintenant entièrement dissipé en une expression complètement incongrue, satisfaite sans comprendre ce qui se passait.

    C'était la première fois de sa vie qu'elle était contente qu'on lui parle. Elle qui aurait été contente d'être traitée comme un serpent par le monde, méprisée et ignorée, car tel était le but de sa nature. Et maintenant, la voilà toute émoi aux premiers mots qu'elle comprenait, comme si son humanité voyait là une occasion de prendre le dessus pour une fois. Peut-être car la chouette ne voyait pas un mix entre un serpent et un poilu : plutôt, il en voyait le résultat, et en appelait aux deux, au lieu de privilégier un côté.

    Elle était fascinée. Tellement qu'elle ne recula pas pour l'éclabousser de flèches, en le voyant s'approcher, main tendue. Elle comprenait ce qu'il voulait faire : un lien, sans doute pour la comprendre. Mais elle, pouvait t-elle le comprendre au toucher lui aussi ? Ou alors est-ce qu'il serait une entité inconnue, pas poilu, pas plumé mais pas exactement les deux réunis ? L'archère détestait l'idée-même que sa curiosité ne soit pas étanchée, mais il lui semblait, à son malheur, que l'un allait beaucoup mieux connaître l'autre d'ici la fin de la soirée. Et que l'autre allait repartir bredouilles, pour croiser d'autres plumés et d'autres poilus, jamais aussi intéressant que cette grande chouette volante déguisée en-elle. Et si... en fait, et s'il imitait une grosse chouette depuis le début en fait ?

    Peut-être que sa vraie forme était différente. Peut-être qu'elle était invisible. Tout ce qu'elle savait, c'est que son mutisme en devenait un obstacle, parce qu'elle ne pouvait simplement pas parler tout tranquillement après des années entières à ne jamais piper mot.

    Il fallait trouver une alternative, vraiment. Cligner des yeux plusieurs fois de suite ? Agiter des mains ? Faire des lettres au sol avec sa queue ? Peut-être qu'elle saurait en le touchant, qui sait. En tout cas, par prudence, Stheno s'avança légèrement pour aller lui renifler la paume, le regard légèrement éberlué. Pour un peu, elle en aurait pressée le nez contre sa paume, mais elle n'était pas sûre que le contact physique de TOUTE partie du corps, nez ou pas nez, ne provoque pas quelque chose. L'information passait peut-être mieux par le bras, qui sait ? Peut-être que ces lignes bizarres sur ses mains pouvaient absorber de l'information, même.

    Un seul moyen de le savoir : reculant légèrement en arrière, les yeux bleus levés vers elle-même et la tête penchée sur le côté, Stheno leva la main pour la plaquer doucement sur celle tendue en sa direction.

    C'était agréable, elle pensait, que de faire confiance.
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  • Lun 26 Déc - 22:37
    Lorsque la rêveuse accepta silencieusement de tendre la main à son tour, l'être chimérique sentit une réconfortante vague de chaleur s'immiscer en lui. Son sourire s'élargit et, contrairement à la grimace étrange qu'affichait son vis-à-vis, sa frimousse volée arborait bel et bien une expression tout à fait humaine. Si elle le craignait, elle avait en tout cas su trouver en son for intérieur une dose de courage suffisante pour outrepasser la peur de l'inconnu. Enfin, les deux créatures entrèrent en contact physique et aussitôt, la magie du Voyageur fit son office. Une vague d'énergie parcourut son échine en un éclair, traversant tout son corps jusqu'à son bras et pénétrant dans le corps de la femme-serpent. La puissance magique s'y diffusa, se propageant sur tout l'épiderme de l'hybride et pénétrant sa peau, s'insinuant en elle et captant des éléments intangibles de ses souvenirs. Bien vite, les images parvinrent jusqu'à l'esprit de la créature chimérique.

    Il fut confus de n'y découvrir que des bribes d'informations, des images floues et souvent dénuées de contextes ainsi que des sons tout aussi brumeux. Tout comme ses capacités en matière de métamorphose, ses compétences de lecture de l'esprit s'étaient drastiquement affaiblies depuis qu'il avait été extirpé de force de son domaine. Loin d'avoir le temps de s'apitoyer sur son sort pour le moment, Rêve était bien trop fasciné par les maigres données qu'il venait d'obtenir pour regretter un quelconque élément de son passé de bête éthérée. Le temps d'un souffle, le Voyageur vit défiler des dizaines de souvenirs et perçut des fragments de sensations ressenties par celle qui lui faisait face.

    Il y découvrit en premier lieu le plaisir qu'elle éprouvait à chasser, qu'il s'agisse de petites proies ou de gibier plus conséquent, et surtout plus humanoïde. Vinrent ensuite les doutes, la curiosité ainsi qu'une pointe de crainte toute fraiche. Malgré son silence intégral, la femme-serpent semblait avoir été marquée par le début de cette rencontre et ces souvenirs terriblement vivides semblaient prendre le pas sur les mémoires plus anciennes, empêchant ainsi Rêve de s'attarder sur le passé de son obsession du jour. Malgré la maigreur de la récolte, il nota intérieurement que la rêveuse détenait en elle bien plus d'humanité que ce que pouvait laisser présager son curieux comportement.

    Les serpents qu'il avait rencontré dans le domaine onirique étaient, pour la plupart, des créatures pleines d'assurance et pour lesquelles les questionnements paraissaient souvent superflus. Les serpents, comme beaucoup d'autres animaux à sang-froid, agissaient plus qu'ils ne s'interrogeaient, ne laissant dans leur esprit relativement étriqué qu'une place limitée pour le doute et les rêveries. Hors, dans l'esprit de l'hybride, Rêve avait distingué de quoi confirmer ses suppositions : la curiosité de la rêveuse à l'égard de son vis-à-vis n'était pas feinte et ses émotions, bien que différemment articulées, se rapprochaient de celles ressenties par les hommes.

    Après quelques secondes qui semblaient dilatées par le flux de données, Rêve brisa le lien et recula sa main, détaillant sans mot dire sa paume transformée, un sourire naïf et plein d'apaisement aux lèvres. Parmi les doutes éprouvés par la rêveuse, il avait décelé en elle une volonté profonde de comprendre à quoi elle avait affaire. Décidément, si leurs enveloppes charnelles semblaient les opposer en tous points, ils paraissaient plus proches que deux individus appartenant à une même espèce. De manière bien plus fulgurante que la première fois, Rêve se métamorphosa à nouveau pour retrouver sa forme initiale.

    Sans quitter des yeux la rêveuse, il laissa son enveloppe s'assombrir et ses plumes somptueuses se remanifester dans un vrombissement magique. En quelques secondes seulement, il doubla presque de volume. Ses ailes refirent surface à une allure folle et se déployèrent dans un battement unique qui créa une légère bourrasque. Après ce coup de vent, les yeux bleus empruntés à l'hybride étaient redevenus d'immenses billes noires qui fixaient avec intensité la jeune blonde. Rêve était satisfait et, puisqu'elle avait si gentiment accepté de partager avec lui une telle quantité de savoir, il considéra qu'il se devait de faire de même. Une nouvelle fois, le bec s'entrouvrit et la magie œuvra, permettant à la chimère de se faire entendre :

    "Je suis un rêve, mon amie. Contrairement à toi, je ne suis pas né du corps mais plutôt de l'esprit. J'ai arpenté les songes des uns et des autres, grandissant à chacune de mes expériences pour finalement devenir l'être qui se tient devant toi aujourd'hui. Peut être ai-je d'ailleurs partagé tes rêves par le passé, ou peut être avons-nous chassé ensemble le Poilu ou le Plumé dans des contrées fantasmées. Malheureusement pour moi, j'ai perdu mes précieux souvenirs lors de ma traversée des mondes. J'espère d'ailleurs que je n'ai pas perdu l'un de tes rêves lors de cet accident, car je m'en voudrais terriblement..."

    Il savait pourtant que les probabilités d'une telle omission étaient élevées. Outre ses pouvoirs, étant donné qu'il avait acheté sa survie sur le plan matériel contre une immense partie de ses connaissances ainsi que le plus clair de ses souvenirs. Il tâcha cependant de ne pas sombrer dans un discours trop larmoyant et se recentra aussitôt sur l'essentiel, à savoir l'instant présent. Se postant sur ses quatre pattes, le géant ailé posa son postérieur à terre et enroula sa queue autour de son corps énorme. Bien installé, il semblait plein d'entrain à l'idée de découvrir ce qu'il pouvait encore dénicher dans l'esprit curieux de la jeune hybride.

    "J'ai vu ta mère, dans l'un de tes souvenirs. Tu as pensé à elle, récemment."

    D'un geste étonnamment vif et précis, il releva l'une de ses pattes griffues et, du bout de son index, il vint dessiner dans le sable la silhouette simpliste mais aisément reconnaissable d'un serpent. Sa tâche accomplie, il redressa la tête pour plonger à nouveau son regard dans celui de la jeune inconnue. Il n'avait rassemblé que peu d'éléments concernant la génitrice de l'hybride, juste assez pour connaître sa nature. Les souvenirs du paternel, en revanche, restaient dissimulés dans les affres des pensées de la rêveuse.

    "Tu n'as qu'une mère et qu'un père mais moi, j'en ai des milliers. Tous ceux et celles dont j'ai un jour partagé les songes ont participé à ma création. Peut être que, toi aussi, tu as joué un rôle dans ma venue au monde."

    Il marqua une pause puis, avec intensité, il conclut par une question :

    "Je ne peux plus arpenter librement ton esprit désormais, alors je te le demande simplement. Quel est ton plus grand rêve ?"

    Le mutisme évident de celle qui partageait sa soirée risquait certes de compliquer la compréhension de la réponse, mais le Voyageur pensait qu'il parviendrait à comprendre l'essentiel.
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  • Mer 28 Déc - 16:09
    Quand le poilmé vint recouvrir son corps d'une énergie éthérée étrange, Stheno faillit presque en retirer sa main, convaincue que son clone allait utiliser de cette énergie pour la déguster en dessert. Et pourtant, elle ne le fit pas, fermement désireuse qu'elle était de satisfaire sa soif de connaissance. Elle espérait un peu que toute cette énergie parte des deux côtés, lui donnant du contexte sur cette créature fascinante et mystérieuse. Elle en savait au moins que ce n'était pas totalement un être de chair, motivé par la faim et le désire de se reproduire comm beaucoup d'autres. Pas totalement détaché du monde, vu le contact entre les deux, mais elle avait la sensation qu'il était plus vieux et intelligent que les Poilus. Et pas seulement les Poilus qu'elle avait pu voir, mais aussi ceux tout autour, qui faisaient les vêtements de fer des soldats, qui écrivaient des signes à lire sur du papier, qui faisaient des bouts de métal pointus à emporter au combat. Eux, et leurs parents, et leurs parents aux parents, ainsi de suite.

    Peut-être qu'elle exagérait, s'imaginait croiser une entité unique quand il pouvait être seulement un parmi beaucoup, avec des pouvoirs magiques en prime, mais elle se disait que non. Que ce qu'elle pensait était de la vérité, car ce n'était pas dictée par sa logique, sa raison ou autres mots polis pour décrire son humanité : le ressenti de Stheno émanait de ses tripes, de son instinct animal véritable, celui qui savait d'avance que le feu brûle, que l'eau mouille et que la boue salit. Et son instinct animal lui disait que ce qui était devant elle n'était pas simple poilmé, voilà tout. Et peut-être qu'elle avait tort en fin de compte, mais jusqu'à sa prochaine rencontre aléatoire avec un poilmé capable de se transformer et d'utiliser la magie, elle était pas très aigre à l'avouer. Et, tiens, pouvait t-il voir tout ce qu'elle pensait, là, jusqu'ici ? Peut-être que c'était bon, il pourrait éclaircir sa situation.

    Par contre, elle ne vit pas d'images de lui, ne se vit pas transportée dans une aventure prenant place sur des millénaires, non non. Elle restait là, interdite, se dévisageant de près alors que le Poilmé déguisé en Serpente s'affairait à ses affaires. La blonde en serait déçue, si elle ne pouvait pas un peu voir son faciès de près pour une fois : c'était rare qu'elle le fasse, vu que l'eau avait surtout pour fonction d'être bue ou utilisée pour se laver, donc elle profita de l'occasion de se dévisager. Sa petite tête ronde, avec des noeuds blonds sur les côtés, une absence de sourcils notable, et quelques petites écailles au niveau du cou, bien cachée sous le col blanc. Des signes de l'humanité qu'elle voulait tant refouler, tout en ayant du mal à le faire. C'en était frustrant, d'avoir cette petite voix qui lui disait qu'elle ne pouvait pas faire ci ou ça, mais là était sa condition d'hybride. Toujours ralentie par son côté poilue, sans qu'elle ne le sache.

    Elle se rassurait en se disant que c'était par nécessité, pour pouvoir un jour interagir avec des poilus et les attirer dans un piège, mais...

    Dans sa distraction, elle n'avait pas remarquée que le poilmé s'était transformé, et pas seulement dans sa forme normale : il avait doublé en taille, à un tel point que Stheno posa rapidement sa main sur son arc, aigre à tenter de pourfendre l'entité si elle venait à l'attaquer. Ses yeux étaient écarquillés, le regard inquiet, la queue cabrée en un quasi-ressort pour qu'elle saute haut dans le ciel si jamais venait le besoin. C'était bien la première fois de sa vie qu'elle se voyait craintive devant quelqu'un d'autre, au point où son sourire habituel en était devenu une grimace presque effrayée. Ce fut seulement cette petite voix, et la sensation d'un bloc de glace au travers du coeur, qui l'empêcha de sortir une flèche de son Carquois. Parce qu'elle pensait pas que le Poilmé était méchant, en fin de compte. Et elle eut raison, là où son instinct animal lui hurlait de se battre pour sa vie : il lui parla, poliment, et elle comprit de nouveau ce qu'il voulait dire.

    Lentement, elle baissa son arc, puis le remit autour de son épaule droite, légèrement embarrassée mais reprenant rapidement son sourire habituel, dans une tentative de retrouver le contrôle de la situation. Mais elle souriait aussi en l'entendant parler de Poilu et de Plumés. Qu'il était merveilleux d'entendre ces mots hors de la bouche de quelqu'un d'autre ! La connaissance de la langue ne lui était pas utile mais il y avait un petit plaisir coupable à pouvoir comprendre ce que disait les autres. Et puis, c'était différent du language des poilus : il lui parlait honnêtement, d'âme à âme, sans les excentricités ou mensonges inhérents au dicton humain. Elle se demandait si elle pourrait lui parler en retour, même, mais choisi de garder le silence pour l'instant, pas sûre de pouvoir communiquer proprement en l'état. Par réflexe, elle secoua la tête de droite à gauche, afin de l'absolver de tout regret. Elle était plus fascinée par sa mention d'être né de rêves. Une maman rêve et un papa rêve auraient fait crac crac ?

    C'était intriguant, très intriguant, même. Elle sait ce qu'est un rêve remarquez : du moins, elle savait que quand elle dormait et se voyait quelque part dans son sommeil, ce n'était pas la réalité. Des fois même, elle s'imaginait parmi les siens, dans une petite caverne en plein hiver, recroquevillée au chaud dans une petite montagne de serpents. Puis, elle sortait en printemps et en été, pour festoyer de poilus. Une vie agréablement oisive, sans prétention exagérée. Et peut-être que son humanité frappait encore, parce qu'elle se disait que cette vie l'attendrait une fois qu'elle aura satisfait ses désirs d'en connaître autant que possible sur le monde. Cette recherche de "complétion" lui semblait très poilu. Et toute cette conversation lui rappelait qu'en fait, elle était enchaînée par son "humanité" plus qu'elle ne le voudrait.

    C'en était vexant.

    Stheno paya une brève attention au dessin de sa mère, si méchante avec elle en ses tendres années, mais quand même le parent préféré qu'elle avait, vu que son géniteur lui avait offert toute cette dégoûtante poilusité. Elle enviait ce grand poilmé, qui était né sans avoir été infecté ainsi. Lui avait été façonné par des pensées variées, c'était vrai, mais elle soupçonnait que son apparence n'était que choix : elle devrait vivre à jamais avec le visage d'une poilue, à moitié incomplète pour toujours.

    Mais elle était contente de s'imaginer qu'il était né de ses pensées.: C'était un peu son enfant à elle de sa manière. Quelque chose qu'elle avait aidée à façonner en quelqu'un de respectable, sans devoir l'élever ou lui inculquer ses valeurs, ce qui semblait être la partie la plus difficile d'élever un gosse. C'était difficile de ne pas être affectueuse avec sa propre progéniture onirique, donc Stheno leva le bras droit en sa direction et l'étira sur plusieurs mètres pour le tapoter au bras, de façon affectueuse, comme s'il venait de faire une bonne chasse. Ou quelque chose qui rend un parent fier, elle ne le savait pas trop, vu comment elle s'était arrangée pour faire tourner en bourrique son "père". Et ça la motiva un peu plus à répondre à sa question, quand il lui demanda ce qu'il comptait faire.

    Finissant son petit tapotement, Stheno rétracta son bras et se tut, réfléchissant à comment transmettre l'information. Après moult secondes, la réponse lui devint claire : d'un grand mouvement dramatique, elle leva les bras au dessus de sa tête puis les écarta sur le côté, montrant tout le monde si gigantesque autour d'eux. Qu'ils essayaient de comprendre, eux si habitués à leurs environnements jetés dans ces plaines si grandes et confuses, remplies de poilus et de plumés et de serpents. Puis, lentement, elle ramena ces bras au dessus de sa tête, dans un grand mouvement aussi lent que précis, puis se plaqua les paumes sur le crâne, simulant ainsi la connaissance lui entrant en tête. Puis elle refit le même geste plusieurs fois encore, comme pour simuler la grandeur de sa quête.

    Puis elle se pencha en avant et titilla sa tête sur le côté, un sourire léger aux lèvres, comme lui renvoyant sa question.
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  • Jeu 29 Déc - 11:54
    Lorsque la rêveuse tapa doucement son bras, il s'en amusa. Visiblement apaisée, elle semblait avoir abandonnée toute hostilité à l'égard du prince des songes et ce dernier s'en voyait ravi puisque, malgré l'aspect bref de cette rencontre, il ressentait déjà une forme de curieuse affection pour cette créature unique qu'il venait de découvrir. Elle semblait désormais douce et tranquille, toutefois lors de l'exploration de ses récents souvenirs, il avait pourtant décelé une quantité non-négligeable de froide violence, sans doute héritée de sa mère reptilienne, à laquelle était cependant couplée un goût prononcé pour la chasse, une volonté forte de destruction que le Voyageur attribuait davantage à l'humanité de l'hybride. Il savait que les serpents tuaient pour subsister, pas par plaisir.

    Puis vint enfin la réponse à la question fatidique, offerte d'une manière certes atypique mais tout à fait compréhensible pour celui qui, jadis, avait régné en maître sur le domaine des rêves. La découverte, alors ? Quel projet merveilleux. Qu'y avait-il de plus beau qu'un être désireux de tout découvrir et assimiler, de repousser les limites de sa compréhension en arpentant des sentiers inconnus ? Dans l'esprit du voyageur, un tel objectif méritait bien qu'on s'y attarde. Mieux encore, il méritait du soutien. Hasard heureux pour la jeune inconnue, elle se trouvait face à l'être dont la seule vocation était d'assister les plus courageux dans de telles recherches. Lorsqu'elle lui retourna la question d'un signe de tête, Rêve s'exprima à nouveau dans la langue des bêtes, d'un air bien plus solennel qu'auparavant :

    "Mon rêve à moi ? C'est de voir le tien se réaliser."

    Il battit soudainement des ailes et, lorsqu'il frappa l'air dans un puissant sifflement, une volée de plumes multicolores se détacha de lui, luisant dans la nuit en une véritable pluie arc-en-ciel avant de tomber lentement jusqu'au sol rocheux qui fut alors parsemé de ces étranges lumières scintillantes. Il avait prononcé ces quelques mots avec une gravité presque dramatique mais cette promesse donnée avec de grands airs n'avait rien d'anodine, lorsqu'elle était formulée par un être tel que lui. Avec enthousiasme, il enchaîna par des explications quant à la nature de son offre :

    "Les Poilus me nomment Voyageur, Errant, Prince des Songes. Tant de noms sans valeur pour moi comme pour toi, car aucun d'entre eux ne résume ce à quoi j'aspire réellement. J'ai été conçu pour alimenter les rêves les plus fous, pour nourrir les buts les plus extraordinaires des rêveurs tels que toi. Tu as attiré mon attention, je vais donc t'assister dans ta quête."

    Si lui même ignorait les véritables raisons de sa venue au monde, il exprimait pour autant les détails de sa vocation avec une assurance telle qu'on en venait à croire que le doute ne s'était pas frayé une place dans son esprit. En vérité, tout comme les Poilus que méprisait tant la jeune hybride, il se questionnait encore quotidiennement sur sa véritable nature. Malgré ses multiples interrogations secrètes, il formula tout de même sans hésitation la conclusion de son discours.

    "Je t'offrirai toutes les connaissances que je possède ainsi que celles que j'acquerrai lors de mes voyages futurs. Tout mon savoir sera à ta disposition. Si d'aventure tu désires te rendre toi-même à un lieu qui t'est inaccessible, alors je viendrai te trouver et je t'y mènerai. Tout ce qui participe à l'accomplissement de ton rêve mérite mon attention."

    Si l'annonce semblait très entreprenante, Rêve l'effectuait avec une certitude absolue. Il était né pour cela, après tout. Son altruisme semblait sans doute anormal pour le commun des mortels, mais un tel engagement était pour lui chose commune. Lorsqu'il s'entichait d'un rêveur, il était prêt à lui offrir le monde sur un plateau.
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  • Sam 31 Déc - 20:05
    Stheno le savait instinctivement, mais toute vie à besoin d'un but. Ce n'était pas une leçon apprise des poilus, ça, mais bien une marque d'instinct : tout animal naît avec un désir, sans jamais vouloir être bêtement oisif. Pour beaucoup, c'était assez simple : survivre et se reproduire. Mais elle n'avait pas tout à fait cet instinct, marquée des poilus qu'elle était. Quelque part, elle savait très bien que sa quête de connaissance n'était pas celui d'un serpent, aux années trop minces et aux méthodes trop limitées pour voir un monde qui ne l'intéresse pas, lui qui souhaite seulement laisser son âme prospérer au travers de sa progéniture. Toutefois, Stheno n'avait guère envie de marquer sa descendance à elle des tares des poilus -de toute façon, se disait t-elle, ce serait des quarts poilus bizarres, qu'elle serait incapable d'aimer et de chérir - ni le désir de procréer de toute façon. Son but était son but et elle pouvait prétendre que cela venait de son instinct animal, d toute façon.

    Mais du coup, elle se demandait : c'était quoi son but à lui ? Il était une entité unique, parlant vite et bien, utilisant des mots compliqués qu'elle pouvait comprendre facilement et voyant les rêves. Inutile de se répéter mais il n'était pas un poilmé comme les autres, né d'une union de poilus et de plumés. Donc, que voulait t-il ? Lui qui semblait évoluer dans un monde différent du sien, que voudrait t-il ? Elle ne l'avait pas observé assez longtemps pour déduire beaucoup de choses, c'était vrai. TOUTEFOIS, il semblait ne pas être enchaîné par des besoins organiques, curieux qu'il était des proies autour de lui sans les manger. À le regarder, d'ailleurs, peut-être que là était son but : observer et regarder, un peu comme elle, mais sans ses inclinaisons moins sympathiques. La blonde en avait presque été confuse, de le voir "épargner" ainsi des proies, mais elle comprenait un peu mieux maintenant.

    De toute façon, elle n'était pas une maman pas sympa. Si son fils voulait faire quelque chose, il le faisait et c'était tout, pas besoin de le forcer à agir comme elle, non ? Rien n'est plus blessant que la captivité et l'apprentissage forcé, sans espace pour s'épanouir. En ce sens, qu'il mange ou étudie les plus petits poilus et plumés, ça n'avait pas d'importance, tant qu'il était épanoui. Et puis il lui répondit, d'une façon qui surprenait de moins en moins Stheno, qui comprenait que son interlocuteur se fiait à beaucoup plus que les mots pour comprendre ses intentions et pensées. Et l'idée que ses connaissances, expériences et pensées ne soient plus à elle, que tout ça lui soit dans son crâne à lui, partagé, n'était pas gênant. C'était juste une restitution à quelqu'un en qui elle faisait confiance. Son enfant onirique. Un enfant qui semblait vouloir aider sa mère dans sa quête, comme il dit si vite, battant des ailes pour appuyer ses mots.

    Stheno regarda simplement ses plumes effectuer leur lent et majestueux atterrissage, laissant leurs couleurs se refléter dans ses yeux bleus, écarquillés d'intérêt. C'était une scène jolie, elle l'admettait. Et elle savait aussi que ce n'était pas quelque chose que tout le monde voyait, parce que les plumes normales sont pas scintillantes, et c'était sûr pour Stheno que les poilus voient beaucoup plus de plumes normales que de plumes qui brillent. Contrairement à sa petite transformation de tout à l'heure, la main de Stheno ne s'approcha pas de son arc d'un centimètre. Bon sang, et elle avait faillie l'attaquer ? Elle n'avait pas de mots précis pour des émotions de honte ou de regrets, elle qui vivait sa vie idéale, mais elle ressentait quand même pas mal de hontret en ce moment; et elle n'en était plus que contente que son fils ait fait fi de son erreur. Même si elle devait mixer un peu de confusion avec sa hontret.

    Parce qu'elle ne savait pas pourquoi son fils irait lui faire une offre gentille que de l'aider dans sa quête, comme ça, par intérêt envers elle. Qui donc irait bien proposer son aide à un autre, sans rien recevoir en retour ? Elle le croyait. Ses intentions semblaient pures. Il n'avait pas de médisance poilue ou d'égoïsme animal, mais quand-même pourquoi lui faire un tel service de nul part ? Sans de récompenses de sa part ? Même pas juste pour voir ? Sans la moindre once d'hésitation dans sa voix ? Impossible de se dire qu'il faisait ça par pure bonté. Mais, comment refuser cette offre du coup ? Si lui était assez noble pour lui proposer de l'aider dans sa quête, elle ne l'était vraiment pas assez pour lui dire "non" comme ça. Elle sentait qu'il insisterait, en plus.

    oooooo fit t-elle, d'une voix rauque, de la part de cordes vocales qui seraient surprises d'être utilisées si elles avaient de petits cerveaux pour penser. Accompagnant cette rare violation de son souhait de silence, elle applaudit des deux mains, le sourire aux lèvres. Ah, quel honnête fils ! Elle était très fière d'avoir un enfant si virtueux. Mais elle nota tout en particulier : il lui apprendrait tout ce qu'il savait en plus de l'escorter au besoin. Ah mais oui, voilà ce qui manquait aux serpents : de quoi voler ! Elle aurait toujours été curieuse de voir ça en plus. Elle n'avait jusqu'ici jamais doutée de la faisabilité de sa grande quête, mais elle sentait qu'elle s'en rapprochait énormément maintenant. Oui, un jour, elle pourrait regarder ce vaste monde, du haut de sa plus grande montagne, et se dire que ça y est, elle avait tout regardée, elle pourrait aller consacrer une vie pépère et se promener parmi les siens, jusqu'à ce que sa dernière question soit résolue.

    Mais que lui demander du coup ? Elle se disait qu'il pouvait y avoir quelque chose d'important à apprendre, sans que son voyage ne soit rendu inutile. Il lui faudrait... quelque chose pour l'aider à mieux comprendre. Parce que c'était diablement ennuyant pour elle si elle découvrait que tout le monde avait pour habitude d'écrire leurs légendes au lieu de faire des jolis dessins compréhensibles avec. Si elle avait le choix, elle laisserait des dessins à la place de mots, pour que les gens sachent les légendes d'un coup d'oeil. Et peut-être qu'elle utiliserait de mauvais dessins pour rendre tout le monde trop confus. Ou même, elle irait décrire l'opposé de ce que les vieux textes décrivaient.

    Encore qu'elle devrait les comprendre.

    Les compr...

    Ahhh mais oui, tien. D'un coup, Stheno se tourna vers son fils, un sourire tout ébahi au visage, et fouilla dans sa poche, extrayant un petit "livre" poussiéreux de sa poche. Un "livre" c'est un recueil de mots sans dessins. C'était pas utile, et puis, c'était une mémoire de son poilu de père, mais elle le gardait pour utiliser le papier afin de faire des feus, un de ces jours. Sauf que là, bah, elle pourrait faire autre chose : elle pourrait le lire. En apprenant de son fils comment lire. Bien pensé, non ? Ouvrant ses pages de façon impatiente, les mains tremblotantes d'excitement, Stheno désigna une page au hasard de son ver de main, puis la fit descendre le long du papier, avant d l'en retirer pour faire une mine confuse exagérée, les yeux grands comme des assiettes alors qu'elle haussa des épaules, comme pour marquer son étonnement. Puis, peut-être car c'était pas assez, elle recommença une seconde fois, espérant qu'il comprendrait.

    Et sinon, bah, ça va, elle pourrait le refaire et le refaire et le re-re-faire, mais elle était sûre que son cher fils comprendrait sa môman.
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  • Dim 1 Jan - 5:28
    Au premier éclat de voix qu'il entendit de la part de la jeune hybride, Rêve esquissa un léger mouvement de surprise. Le son était faible en intensité mais le fait d'entendre enfin la voix de cette créature plongée dans le mutisme le fit sursauter. Suite à cette brève perturbation, il ressentit alors une poignante sensation de bien-être en apercevant l'expression changeante de l'étrange chimère qui se tenait face à lui. Cela lui faisait chaud au cœur de découvrir une rêveuse qui acceptait ainsi son offre, sans questionner ouvertement ses motivations. C'était naïf certes, de croire ainsi les paroles d'un être mystique doté d'une apparence et d'une histoire aussi impensables, mais le Voyageur voyait dans cette innocence une beauté toute particulière.

    Elle hésitait, cherchant mentalement comment répondre face à une proposition aussi farfelue et grandiose, chose qu'il comprenait également sans mal. Il se montra patient, aussi immobile qu'une statue, laissant la petite s'interroger sur le procédé idéal pour accéder à la requête de l'enfant des songes. Il lui vint enfin une idée et, lorsqu'elle s'activa soudainement pour porter la main à ses effets personnels, le cou de Rêve se tordit en tous sens par curiosité alors qu'il observait avec avidité l'objet qu'elle venait d'extraire de sa poche. Un livre. Elle l'agita avec excitation, dévoilant sa volonté sans mal au travers de ses gestes plein d'enthousiasme, mais Rêve demeura interdit, plongé dans ses pensées.

    Un souvenir flou fit aussitôt surface dans l'esprit de l'être onirique. Sans pouvoir se remémorer l'entièreté des détails, il se souvint avoir pénétré le songe d'un vieil érudit tout aussi avide de connaissances que lui. A bien y réfléchir, il s'agissait peut être d'ailleurs d'un cauchemar, car le Voyageur croyait se souvenir d'avoir ressenti et partagé l'affolement de cet ancien. Dans cette fameuse fantaisie, Rêve avait pris la forme d'un petit volatile et se souvenait avoir arpenté une bibliothèque qui s'étendait à l'infini. Le vieil homme était à la recherche d'un ouvrage particulier et balayait du regards documents et couvertures, se ruant d'un rayon à l'autre en quête de l'objet de ses désirs. Il marmonnait, seul, cherchant sans relâche le livre perdu dans cet océan de savoir et Rêve, par instinct de découverte, se risqua à ouvrir l'un d'entre eux. Malheureusement, les symboles qui décoraient les pages n'avaient ni consistance ni logique. Pire encore, ils se transformaient constamment, disparaissant ou changeant de silhouettes, nageant entre les pages ou s'en échappant même pour se perdre dans les couloirs immenses de l'environnement onirique.

    Malgré de nouvelles tentatives, il ne parvint jamais à déchiffrer le moindre ouvrage aperçu dans les songes qu'il explorait. Rêve savait pourtant bien qu'une lettre avait une apparence fixe, aisément reconnaissable et qu'elle était souvent marquée par de l'encre ou du fusain. Les mots posés sur le papier étaient inertes, dans la réalité, ils ne dansaient pas. Dans son univers aux règles et codes si différents, c'était tout autre chose. Soudainement agité, l'immense volatile tendit les mains pour saisir le journal que lui présentait sa jeune amie, comprenant sans mal à quelle demande elle souhaitait qu'il accède. Lui qui se targuait de pouvoir prodiguer des conseils et d'offrir de la connaissance était en vérité incapable de distinguer un caractère dessiné sur un parchemin.

    "Je..."

    Lorsqu'il s'empara de l'objet et qu'il en détailla le contenu avec insistance, il réalisa que parmi la myriade d'informations qui peuplaient son esprit, aucune n'impliquait ces étranges gravures. Il les détailla tout de même avec une attention toute particulière, cherchant à les décrypter avec précaution pour en extraire du sens, mais il peinait visiblement à faire face à ce défi. Ses plumes si parfaitement alignées s'ébouriffèrent en se redressant lentement alors que son agacement grimpant se faisait petit à petit plus important. Après un long silence, il referma le livre et le tendit timidement à l'hybride, lui offrant un regard confus en guise de réponse. Peu lui importait, sa vocation était de réaliser des rêves alors il mènerait à bien cette quête. Il viendrait à bout de cet obstacle pour elle.

    "Je n'ai pas encore cette faculté, rêveuse. Les textes des Poilus sont pour l'heure hors de ma portée car, dans le Songe, ils n'existent pas sous cette forme. N'aie crainte cependant car pour toi, j'arpenterai leurs havres de connaissances pour obtenir ce savoir. Je me dissimulerai parmi eux et j'observerai, puisque telle est ma nature. Au fil du temps, j'apprendrai à lire et à écrire et, lorsque ce savoir sera mien, je volerai jusqu'à toi pour te le communiquer, comme je te l'ai promis."

    L'apprentissage étant inné chez lui, il jugeait la tâche tout à fait dans ses cordes. Lui qui avait accumulé durant des millénaires une quantité d'informations incalculable ne craignait pas la découverte de cette notion nouvelle. Plus que motivé, il était d'ailleurs grisé par cette simple idée. En attendant que l'heure de l'instruction ne vienne, il pouvait toujours lui offrir de voler avec elle jusqu'à des contrées lointaines. Il se sentit toutefois honteux, quelque peu frustré à l'idée de manquer à ses obligations par simple méconnaissance d'une chose toute simple mais ô combien importante dans l'apprentissage des arts de l'Homme.

    "J'espère ne pas t'avoir déçue. Je tiendrai mon engagement, sois-en sûre."

    Soudain, un son attira l'attention du duo. Par delà les roches, une voix s'était élevée, un fébrile murmure dans le vent que l'oreille de Rêve parvint tout de même à capter. S'il ne craignait pas nécessairement les fameux Poilus, il savait pour avoir explorer les récentes mémoires de sa jeune rencontre que cette dernière entretenait avec eux une relation bien moins amicale. S'il ne la jugeait pas, bien au contraire d'ailleurs, il s'inquiétait désormais pour sa sécurité, la sachant prédatrice par nature et donc potentiellement traquée. Après avoir accordé un dernier regard à la blonde, le géant ailé fit volte-face pour se diriger furtivement vers le son, passant la tête par dessus une pierre pour déceler la position exacte des perturbateurs.

    Et il les vit aussitôt, eux qui évoluaient avec difficulté entre deux prises peu assurées, torches en main et arcs sanglés dans le dos. Des chasseurs, sans l'ombre d'un doute. La tête du volatile pivota sur elle-même et s'abaissa pour se dissimuler dans l'ombre puis, faisant appel à ses dons, il communiqua télépathiquement l'information qu'il venait d'acquérir à celle qui partageait sa soirée :

    "Des Poilus, nombreux et munis d'armes similaires à la tienne. Que souhaites-tu faire, rêveuse ? Si tu le veux, je peux t'amener loin d'eux."
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  • Jeu 5 Jan - 5:42
    Stheno n'avait jamais vraiment compris la tâche immense qui incombait au titre de "parent". Normal, me diriez vous, vu qu'elle n'avait que dix vertes années en ces terres. Et pourtant, elle accordait quelques pensées offusques, détritus mentaux de son héritage poilu, à ce qu'elle ferait si d'aventure elle venait à devenir maman. Elle se disait qu'elle ne ferait sans doute pas grand chose, vu qu'élever un enfant est difficile. Comment donc peut-on s'occuper d'un petit être tout chétif qui ne comprend pas çi ni ça et doit tout apprendre ? Ce serait mieux de le laisser se débrouiller et voir ce qui marche puis ce qui marche moins et ce qui marche tout. Non, elle ne se voyait pas maman accrochée à son poupin. C'était pour ça qu'elle était contente que Rêve ait grandi bien dans son coin et bien, surtout. Quelqu'un de gentil avec sa maman, prêt à l'aider, qui utilise ses termes et qui semble s'être fait plein de petites expériences pour se forger un siège dans le monde. Et qui pourrait aussi l'aider en retour, elle qui avait été si occupée à le créer avec ses pensées à elle.

    Mais dès fois, un parent est nécessaire, elle réalisait. Peut-être qu'elle aurait dû lui dire d'apprendre à lire ou... ou comprendre le language poilu, Stheno se disait. Bon, elle ne savait pas le language elle-même, mais elle était un peu dans l'embarras, en voyant son fils ne pas compatir avec sa demande. Il semblait même confus par cette dernière, à la surprise de Stheno, qui pensait qu'il parlait quand même très bien. Par les fesses rougeoyantes d'un poilu brûlé, où avait t-elle fait erreur ? Que diable avait été son pêché parental ? Ne pas avoir appris à écrire, ce qui pouvait expliquer comment son fils était lui aussi incapable de lire ? Peut-être qu'elle aurait dû faire crac-crac avec quelqu'un qui sait lire, mais elle n'avait pas de personne avec qui faire crac-crac justement ! Damnation éternelle et outrageante. Son fils avait échoué. Et si elle se fichait normalement de ne pas pouvoir lire, voir sa requête déniée ainsi ne lui faisait pas plaisir, elle qui était habituée à voir ses souhaits récompensés par ses talents ou ses flèches.

    Le sourire de Stheno s'atténua en une moue dépitée, et si elle reprit poliment le livre, elle vint ensuite tourner la tête ailleurs, yeux fermés et bras croisés, n'approuvant pas de cet échec filial. Comprenez, elle aussi n'avait jamais voulu lire un mot du language poilu. Et elle trouvait toujours que les agitations du ver rose à l'intérieur de bouches poilus ne menaient pas à grand chose, mais la blonde avait toujours refusée par simple désir d'ennuyer le poilu qui l'avait infligée de sa dégénérescence hérissée, au lieu de simplement échouer à ce dernier. Oh, la pensée... la pensée que son fils avait échoué, qu'il ne saurait lire une lettre, l'ennuyait profondément. Et ça ne devrait pas, mais pourtant si. Peut-être parce que cela servait d'obstacle à ses ambitions alphabètes et sa propre quête de connaissance ? Ou simplement qu'un "non" n'était jamais agréable, même de la part de sa chair et de son... m'enfin, de ses songes et pensées.

    Elle devait penser à une punition pour son fils, qui s'excusait bien, mais qu'elle trouvait pourtant difficile à proprement pardonner. C'était difficile de se voir déniée ainsi un "simple" but, celui de lire. Comment pourrait t-elle comprendre les signes poilus, si ce n'est que pour savoir où ne pas aller ? Où pour écrire quelque chose de méchant ou de pas vrai ? D'ailleurs, justement, elle ne pensait pas à des mots méchants et de pas vrai qu'elle pourrait marquer. Et qui donc pourrait lire des lettres pour les changer en insultes ? Ou écrire que droite était à gauche ? Tout ceci, tout cela, était un chemin vers de nouveaux niveaux d'amusement, bloqué par une sombre barrière de fer. Et son fils ne pouvait pas lui permettre de gruger en la jetant au dessus de la barrière. Au malheur, grand malheur, progéniture qui ne peut pas instantanément assumer les volontés de sa mère. Elle qui s'était arrangée pour l'élever à sa méthode. Qu'il apprenne donc à lire.

    Stheno bougeait la tête selon les mouvements de son fils, une moue frustrée au visage, les bras croisés et le corps bien droit. La blonde resterait comme ça aussi longtemps que possible. Son poilu à lui exprimait sa colère par sa bouche ou en l'attrapant pour l'agiter mais elle ne pouvait ni ne voulait utiliser sa bouche pour autre chose que pour engober des cadavres, déjà, et puis il était grand donc elle se disait que ça marcherait moins. Et aussi...et aussi... diantre, ne répétait t-elle pas là les erreurs paternelles ? Son père la voyait poilue et serpent et la forçait à suivre sa vision démente. Mais elle, que faisait t-elle en forçant son fils à apprendre la langue des poilus ? Ne répétait t-elle pas les malheurs de son passé ? Malédiction. Son humanité défaillante l'avait trop rapprochée de ce dernier, quelle idiotie ! Il ne fallait pas blâmer son fils, il fallait blâmer les poilus, car ils couvraient le monde de leurs symboles illisibles d'abord. Et oui, il faudrait l'apprendre, mais il ne fallait pas ainsi répéter les méthodes de l'autre, là.

    Et aussi, quelque part, ça la rendait bizarre d'être méchante avec son fils. Il était gentil avec elle et elle était méchante en retour. Et ça l'ennuyait de se sentir triste autant qu'elle était... bah... bizarre. C'était l'opposé de la joie, ça. Pas sympa à connaître. Et distrayant. Si distrayant que son nez n'enregistra l'odeur de poudre noire, de larmes de peau, d'haleine et autres trucs poilus si dégoûtants qu'elle ne les mangeaient pas après les avoir tués. Des poilus. Plusieurs. Près d'elle. Ici pour la chasser, mais pourquoi ? Elle ne comprenait pas trop, mais elle s'en fichait, aussi. Il faudrait fuir, malheureusement. Stheno savait bien quand tirer sa révérence et quand se battre et c'était rarement quand il y avait du surnombre. Après cette infection d'humanité de l'instant d'avant, elle était même contente que le bon instinct, celui animal, triomphe.

    Mais restait quelque chose à faire, alors que son fils proposait de l'emmener. Pourquoi, encore ? Elle comprenait un peu que c'était sa mère mais cette idée d'aide gratuite la dépassait. Pas qu'elle soit assez bête pour ne pas s'en servir, après. Stheno pourra être confuse et vivante comme ça. Nan, déjà, elle vint lever la main pour tapoter son fils sur le bras, ses lèvres s'étirant en un rictus bizarre, du type qui montre les dents et qui s'étire aux oreilles, comme si sa bouche s'ouvrait en V : elle était contente qu'il propose et qu'il l'aide, voilà. C'était sa façon à elle de le dire. Non, elle ne saurait définitivement pas le dire de sitôt après. C'était important qu'un enfant travaille pour mériter qu'un parent lui accorde la parole.

    Maintenant qu'elle avait eue sa réalisation, Sheno était sûre qu'elle était parée à merrer cet enfant.

    D'un hochement de tête, elle leva les bras au dessus de la tête, espérant son geste, bah, évident.
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  • Jeu 5 Jan - 8:55
    Si Rêve avait bien entendu relevé l'apparente déception de sa petite rêveuse, puisqu'elle avait tenu à la démontrer de bien des manières, ce dernier avait choisi de ne pas s'y attarder pour le moment car l'urgence de la situation imposait malheureusement de ne pas prendre en colère le soudain accès de colère de la jeune hybride. Lorsqu'elle posa sa main contre son bras duveteux, il opina silencieusement du chef, ayant compris qu'elle acceptait son aide malgré le sourire presque inquiétant qu'elle affichait. Sans cérémonie, il décrivit une spirale à vive allure et passa juste derrière elle, glissant sous le torse de cette dernière afin qu'elle se retrouve sur son dos. Etonnamment légère en vue de ses dimensions pourtant si extraordinaires, elle n'était donc pas un grand handicap lorsqu'il s'agissait de prendre son envol.

    Soudain, ses ailes se déployèrent dans un mouvement si vif et brutal qu'il projeta de l'air tout autour d'eux, produisant ainsi un son de battement si puissant que les chasseurs désormais bien trop proches furent en mesure d'entendre. Alors que le volatile s'apprêtait à quitter la terre ferme, l'un des hommes pointa alors le bout de son nez, portant sa torche droit devant lui pour éclairer l'étrange duo de créatures déjà sur le point de décoller. Il ne comprit pas tout à fait ce qu'il voyait et la stupeur apparut sur son faciès bourru lorsque le monstre chimérique, imposant et terrible, se transfigura sous ses yeux. Chose plus étrange encore, la créature portait sur son dos immense ce qui semblait être une jeune femme. Un second agresseur fit son apparition aussitôt, arc bandé en vue d'un premier assaut, mais l'engeance onirique fut alors appel à un don qu'elle aurait pu avoir oublié, tant il était rare qu'elle y fasse appel.

    Les yeux d'un noir intense s'écarquillèrent subitement, se rivant avec une insistance écrasante sur l'ennemi fraîchement révélé qui, aussitôt frappé par la magie de la bête ailée, poussa un rugissement de souffrance en lâchant son arme. Les mains plaquées contre ses tempes, l'individu se cambra de douleur et perdit l'équilibre dans la foulée, ce qui le poussa à dévaler bien malgré lui la pente qu'il avait escaladé pour arriver jusque là. Dans sa chute, il bouscula le reste de sa troupe, freinant leur avancée et permettant donc aux fuyards de trouver l'opportunité tant attendue pour s'éclipser. Rêve battit encore deux fois des ailes, trouvant ainsi la poussée nécessaire à sa prise d'envol, puis il disparut dans un tourbillon de plumes étincelantes qui disparurent dans le vent.

    Une fois en l'air, la créature volante porta ses mains gigantesques sur la queue de sa jeune amie, lui intimant par ce geste de sangler solidement sa queue autour du torse de sa monture car, si celui-ci s'était déjà changé en dragon pour porter des enfants qui rêvaient d'être de valeureux aventuriers sur le plan immatériel, il n'avait pour l'heure jamais usé de cette nouvelle forme à cette fin, il était donc essentiel que sa cavalière se montre aussi prudente que possible. Ici, les règles étaient toutes différentes de celles qu'il avait toujours connu.

    Ils s'élevèrent encore plus haut dans les cieux, disparaissant aux yeux de leurs poursuivants dans la nuit étoilée pour s'aventurer dans les ténèbres absolus. Si Rêve était doté de l'apparence d'un oiseau de proie, il n'était pour autant pas pourvu de leurs talents de nyctalopie, il était donc important pour lui de voler à une altitude respectable afin d'esquiver de potentiels obstacles car, à cette vitesse, n'importe quel impact se serait avéré léthal. Il réalisa d'ailleurs que sa compagne du soir n'était pas dotée d'un pelage aussi épais que le sien et que, par conséquent, une allure aussi importante risquait fort de la frigorifier au point de la déséquilibrer. Lorsqu'il se sut hors d'atteinte, il adapta sa cadence pour un rythme plus soutenu, de quoi atténuer le froid et surtout lui permettre de découvrir un paysage qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'observer sous cet angle.

    "Tu peux ouvrir les yeux, s'ils sont fermés."

    Quel somptueux spectacle s'offrait à eux. Grâce à la timide lueur d'une lune qui peinait à percer la couche nuageuse, le duo improbable pouvait désormais distinguer les contours incertains de ce qui se trouvait juste en dessous. Depuis le ciel, les Rocheuses parsemées ça et là de Pins Argentés paraissaient plus splendides encore. La faune nocturne fourmillait un peu partout, galopant, gambadant ou volant au gré de leur instinct mais, par endroits, certaines lueurs moins rassurantes que celles procurées par la nature faisaient leur apparition. Des points orangés, témoignant de la présence d'autres hommes, peut être eux aussi adeptes de la traque. Etait-ce la jeune rêveuse qu'ils recherchaient avec tant d'insistance ? Le Voyageur espérait s'inquiéter à tord, car il redoutait de la voir se faire capturer.

    "Tu as blessé ou tué de nombreux Poilus, n'est-ce pas ?"

    Une question importante, puisqu'il avait discerné dans les quelques images qu'il avait glané par magie que l'hybride chassait par passion. Avait-elle si peu de considération pour les Hommes au point de tous les traiter comme de simples proies ? C'était tout à fait probable, en réalité, car respecter sa part humaine n'entrait pas nécessairement dans ses obligations. Il avait encore tant à apprendre d'elle, dans de choses à découvrir chez cette créature qui, de bien des manières, était tout aussi étrangère que lui à ce monde plein de mystères.

    "Nous nous poserons où tu le souhaiteras. Tu n'as qu'à m'y guider."
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  • Dim 8 Jan - 22:32
    Frustrant de battre en retraite, se disait Stheno. Mais comme dit, le surnombre était la fonction du poilu. Sans sa précieuse magie, il n'avait pas de crocs, pas de griffes, pas de carapaces et n'avait pas autant de force et de vitesse qu'un long griffe ou un longue-oreille en course sans assistance. Mais pourtant, ils avaient l'avantage de mains utiles pour manier des outils ou en bâtir et surtout le nombre, véritable élément que Stheno n'avait pas de son côté, elle qui bénéficiait pourtant de mains. Les poilus viennent par cinq, puis dix, puis trente, et elle-même n'avait pas la prétention de tuer autant de gens sans faire une erreur en chemin. Elle préférait embusquer des groupes isolés, tuant ceux qui s'étaient éloignés avant de décimer les survivants distraits et perdus, mais si ces poilus avec leurs armes et leurs bâtons induits de lueur chaude étaient là pour la chasser en retour, eux-mêmes ne risquaient pas d'être ainsi embusqués. C'était pour ça que la blonde ne restait jamais au même endroit longtemps : ses tendances à chasser le poilu finissait par attirer l'attention. Et elle partait avant qu'ils n'aillent la cherche.

    Une leçon apprise en voyant ses lignées d'humains à la peau de métal et aux têtes de fer, marchant avec des armes plus grosses que les siennes. C'était eux ou juste beaucoup de poilus, et Stheno savait que ses ressources ne suffisaient pas dans les deux cas. D'ailleurs, si ce n'était pour sa rencontre avec son fils, elle serait partie depuis un certain temps : il e faisait pas bon de rester au même endroit après quelques disparitions et retours du soleil, au dessus de sa tête. Un instant, d'ailleurs, la blonde s'imagina qu'il pourrait se prendre un flèche ou être blessée, et elle eut comme un refroidissement au coeur, en se disant qu'il pourrait payer pour ses actions. Mais peut-être comptait t-il simplement tous les tuer ? Il allait s'envoler et, avec ses capacités plumés, pondre un oeuf explosif pour décimer le sanctuaire végétal et les poilus en dessous. D'ailleurs, elle le vit utiliser sa magie sur un poilu, frappant son coeur de la tête pour le faire s'égosiller de douleur.


    pfhaha

    Elle aimait bien voir son fils montrer ses pouvoirs tout en vainquant un hideux poilu, les protégeant tout les deux. Pourrait t-elle faire ça aussi ? Utiliser son coeur de la tête pour faire des dégâts ? Ce serait utile ! Son fils devrait lui apprendre. Mais en attendant, Stheno noua sa queue autour de son torse, presque par réflexe, et attendit qu'il parte en silence : au mieux, elle le tapota sur l'épaule quand il vint lui signaler de faire attention à s'accrocher, histoire de le réassurer. Puis, elle sourit, laissant le vent lui fouetter le visage alors qu'il prit son envol. Surprenante sensation: sans sa queue, elle serait retombée de haut, dans sa surprise. Mais pourtant, sa queue tenait fièrement contre le danger, à un niveau qui, elle espérait, n'irait pas heurter son pauvre fils. Et ça ne s'améliora pas avec le temps, froid qu'il faisait haut, parmi les bêtes blanches qui flottaient dans le ciel et venaient manger le soleil de temps à autres.

    Elle aimait la chaleur, elle aimait même beaucoup la chaleur. Parce que ses veines étaient froides, et tout le froid extra lui allait pas. Bien des temps, elle tuait des poilus pour acquérir leur lueur chaude et en profiter toute seule, par exemple. Et si elle pouvait, elle en aurait emporté un peu de cette lueur, histoire de garder chaud. Mais pourtant, Stheno refusa que le froid l'empêche de profiter de la vue sous ses yeux, elle qui n'avait pas d'ailes pour voler. Jamais elle ne s'était demandée ce que ça faisait pour un plumé de voir le monde de haut, jamais elle n'avait été gênée par son manque d'ailes, mais elle comprenait un peu mieux ce qu'elle ratait : le monde qui s'étendait à ses pieds était tellement plus beau que son point de vue habituel. Libéré de la tyrannie du sol, sa vision pouvait admirer le sanctuaire végétal dans toute sa splendeur, illuminée par la lueur de cette étrange pierre qui remplaçait le soleil dans le ciel. Position peu enviable car elle se faisait manger par les nuages, là.

    C'était beau, parce que c'était rare, aussi, ça lui devenait évident alors qu'elle passait plus de temps en haut. Elle n'aimerait pas voler, même si elle le pouvait. C'était trop froid en haut et sa nourriture était en bas, parmi les arbres. Elle aimait se glisser dans les buissons et tirer des flèches. Elle aimait plonger dans les rivières, avec ses bras allongés pour se tenir à quelque chose, et se nettoyer les écailles. Elle aimait voir des traces de pas et les remonter vers les propriétaires. Elle aimait remonter le long des fleuves pour voir ce qui créait autant d'eau, et était émerveillée de trouver des murs d'eau qui venaient de nul part.

    Le ciel était trop découvert, déjà habité par des immenses bêtes, et n'était simplement pas son environnement pour elle, un serpent. Mais c'était quand même une très jolie vision. Parce qu'elle était unique, et montrait une perspective toute nouvelle. Une adaptée à quelqu'un qui avait passée sa vie coincée sous terre, volant maintenant bien au dessus de son ancien logis. Bien au dessus des poilus. Bien au dessus de ses tracas, de ses questions et de ses peurs. La liberté, la liberté absolue et véritable d'aller où elle voulait, d'être hors de portée de chaque flèche, de ne jamais se laisser liée par des chaînes de nouveau.

    Cela pourrait être le seul moment où cela serait "vrai", elle se disait, avec les autres vols moins savoureux de par sa familiarité grandissante. Ainsi, Stheno décida de bien marquer ce premier vol et sa rencontre avec son fils : elle écarta des bras et balança sa tête en arrière, sourire aux lèvres et yeux clos, complètement détaché de tout, pour une fois. Si le monde venait à disparaître, alors elle ne le remarquerait pas. Et si les bêtes célestes mangeaient soleil et lune, elle ne remarquerait pas non plus. Tout ce qui lui importait en ce moment présent, tout ce qui existait, était le vent lui balayant le visage et, bah, le dit visage. Le reste... n'était qu'illusion.

    ...

    "Tu as blessé ou tué de nombreux Poilus, n'est-ce pas ?"

    Ah illusions sacrément réalistes quand même.

    Stheno ouvrit les yeux et baissa des bras, dévisageant son fils. Puis, elle haussa des épaules. Oui, mais c'était normal, non ? Elle ne tuait pas les Poilus que parce qu'ils étaient là ou parce qu'elle voulait. Oui, en elle, elle sentait des pulsions de plaisir en les voyant se tordre de douleur et jamais le regret ne l'étranglerait quand un d'entre eux finissait par mourir. Tous n'étaient que des proies qui iraient la tuer si elle ne prenait pas l'initiative, donc pourquoi ressentir du tort quand ils meurent ? La nature n'est que domination d'une forme de vie sur l'autre, d'après son expérience. Si ce n'était eux, c'était elle. Et puis, les poilus avaient des choses utiles : de la lueur chaude, des flèches, de la nourriture -c'était gros et ça nourrit bien-, le plaisir rarement. Il y avait des bénéfices à les tuer sans négocier.

    Et quelque fois elle se disait aussi que son père en avait été un, et que c'était bien pour ça, mais elle n'aimait pas se dire ça. Le ressentiment n'est que faible émotion poilue. Une serpent comme elle est bien au delà de ce type d'inutilités mentales et elle refuse, en plus, de se considérer ainsi liée à son passé. Comme si des chaînes venaient la lier depuis son ancien foyer depuis des kilomètres. Non, Stheno se disait très fortement que son ressenti était pragmatique, lié à la chaîne alimentaire, à l'acquisition de biens ou de nourriture et (un peu) au plaisir plus que par colère envers son géniteur déjà mort. Qui donc pourrait avoir de la rage pour un mort ? Un poilu, voilà. Faible tas de viande lié par ses émotions inutiles et dépourvu de l'instinct magnifique et meurtrier d'un serpent.

    Les poilus ne l'aimeraient pas. Et elle n'allait pas les aimer en retour ainsi.

    Ou alors, c'était juste la chasse. Simple et pas compliqué. Pourquoi se compliquer la tâche ? Le poilu est une proie gratifiante à pourfendre, nourrissante et avec quelques utilités à extirper de son corps avant la consommation.

    Pointant du doigt un lieu où se poser, Stheno comme grimaça, déçue que son paternel lui revienne en tête peu après sa brève liberté totale. Ce n'était guère la faute de son fils, mais devait t-il ainsi la suivre de partout ? Attendant que le poilmé se pose, Stheno resta silencieuse, le visage inexpressif, forçant ses lèvres en un sourire simple alors qu'elle s'approchait d'un gros rocher loin des lumières des poilus. Elle n'avait pas pu voir leurs nombres : elle était libérée, après tout. Mais bon, c'était sympa pour son égo de savoir qu'autant de poilus s'étaient lancés à sa piste. Aurait t-elle creusé un trou dans leur population ? Se sentaient t-ils terrifiés, pleurant des larmes du corps odorantes, qu'elle pouvait traquer sur plusieurs heures tant leur puante peur emplissait ses narines ?

    Le sourire de Stheno devint juste un peu plus honnête, et quand le vol se conclut, elle se déroula de son fils. Viendrait les explications, vite fait, mais d'abord elle vint le dévisager, tentant de regarder son brave descendant sous les angles, dans l'optique de trouver une flèche ou blessure plantée sur lui. Aussi, un peu, par amusement : elle voulait le voir tenter de comprendre ses manoeuvres. Si elle le comprenait, lui non, et ça lui faisait donc plaisir de savoir qu'elle pouvait un peu se payer de sa tête. C'était honnête après tout : elle l'avait mis au monde.
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  • Lun 9 Jan - 10:17
    Suivant les directives de sa protégée, le prince exilé décrivit une ultime spirale dans les cieux assombris avant de piquer vers le sol avec élégance, profitant d'un puissant battement d'ailes pour freiner sa course au dernier instant, ce qui leur permit d'atterrir tous deux sains et saufs. A aucun moment de ce bref voyage, elle n'avait serré ses plumes dans un élan d'angoisse. Confiante, elle semblait l'avoir été jusqu'au bout malgré la nouveauté de cette expérience, et cette marque de confiance ressentie à son égard réchauffa encore une fois les tréfonds de l'âme du Voyageur. La queue de serpent se détendit lentement et elle vint se replacer près de lui,  avant de l'observer sous tous les angles avec une curieuse insistance.

    Ne l'avait-elle pas assez détaillé jusqu'à présent ? Etait-ce par volonté de déchiffrer son enveloppe éternellement changeante qu'elle le toisait ainsi ? C'était tout à fait possible, mais ses mouvements particuliers laissaient entrevoir quelque chose d'autre qu'un simple attrait pour la plastique fantasmagorique de celui qu'elle considérait comme son enfant. Il s'interrogea un moment sur la nature de ce curieux rituel qu'il ne parvenait pas à comprendre malgré ses efforts. Avait-elle hérité pareil réflexe de sa mère reptilienne ou était-ce son géniteur sans visage qui lui avait appris une telle manoeuvre. En l'absence de réponse, ce fut cet instant que Rêve choisit pour reprendre son précédent discours et préciser ainsi sa pensée.

    "Ma question ne s'accompagnait d'aucun jugement. Les rêves des uns nécessitent parfois d'écraser ceux des autres. Un songe, aussi somptueux soit-il, gagne parfois en valeur à être fragile, éphémère, ou encore inachevé. L'espoir d'un jour meilleur n'existe que parce que d'autres aventures s'achèvent dans les plus terribles des circonstances. Sans misère, pas de bonheur. Parfois, tu seras le cauchemar d'un autre, rêveuse. Les choses sont très bien ainsi."

    Il croyait en cet adage avec tant d'assurance qu'elle était bien vite devenue toute sa philosophie, voir même le point central de son éternelle vocation. Rêve se détourna momentanément de sa jeune amie, offrant aux cieux étoilés un bref regard émerveillé avant de s'attarder sur un point d'eau, rare en ces terres désolés, et dont l'existence illustrait parfaitement ses précédents propos. Peut être que, par le passé, cette minuscule étendue brillante avait constitué pour un explorateur perdu un fragment d'espoir, tout comme l'aurait été un oasis isolé au beau milieu d'un désert à la chaleur écrasante. Pensif, le géant ailé posa l'une de ses griffes à la surface de l'eau, perturbant par son geste le calme en décrivant de longs mouvements qui altéraient les images lues dans son reflet. Dans un murmure, il s'exprima à nouveau tout en retirant sa patte griffue :

    "Bientôt, tu sauras lire et écrire. Tâche de te montrer prudente, jusqu'ici."

    Il était rare pour le Voyageur de prodiguer des conseils qui sonnaient comme des ordres. Lui qui avait joui d'une sempiternelle liberté, n'ayant pour restrictions que les murailles d'un domaine qui paraissait infini, n'avait pas pour habitude de donner des directives aussi fermées à autrui. En revanche, avec cette même assurance, il avait offert à nouveau sa promesse de tenir son curieux engagement. Certains rêves étaient certes détruits par ceux des autres, mais Rêve était égoïste à sa manière et lorsqu'il s'attachait comme il l'avait fait aujourd'hui à une créature, il refusait de voir son offre se perdre dans le néant.

    "Je ne veux pas t'enfermer, loin de là. Je n'en ai pas la capacité, d'ailleurs. J'entrevois cependant dans ton mode de vie une potentielle issue sinistre. Ces lueurs que nous avons observé depuis les cieux n'étaient ni des bêtes, ni de la végétation. Ce sont des flammes alimentées et entretenues par les Poilus eux-mêmes. Tu n'es pas sans savoir que ces êtres se côtoient et communiquent des informations les uns avec les autres. Leurs mots vont plus vite encore que le vent, allant d'un bout à l'autre de leur monde à une allure impensable. Si tu continues à les traquer, ils te traqueront en retour. Je n'attends de toi rien de plus que ta propre survie."

    Lui vint alors l'idée de partager avec elle une autre forme de savoir, plus ancien et formidable encore que l'humanité elle-même. Sous les yeux de la jeune hybride, le manteau de plumes devint progressivement de plus en plus dur à lire dans la nuit à la noirceur implacable. Quelques secondes plus tard, la silhouette immense du volatile s'était éteinte mais, de là où elle se trouvait quelques instants plus tôt, ses deux voix s'élevèrent une nouvelle fois dans la langue des bêtes :

    "Je pourrais t'apprendre à disparaître. Ne faire qu'un avec ton environnement pour échapper à la vue de tes rares prédateurs."
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  • Jeu 12 Jan - 17:47
    La flèche, c'était bien une arme de poilu. Une qu'elle avait maîtrisée, rendue sienne, mais quand même un outil particulièrement déloyal de chasse. Quand le poilu manque de nombres ou ne veut pas se prendre de coups, alors vient la flèche, pour chasser de loin, à distance suffisante pour que même un long-griffe particulièrement vicieux ne puisse rien faire -parce que ça voulait pas dire que la griffe était SI LONGUE-. Elle avait vu comment le poilu prominent de sa vie, être faible qu'il était, pouvait tuer des animaux bien plus gros que lui, de par son étrange lumière des mains ou grâce à son arc et des flèches. Et, quoi qu'elle était légèrement dégoûtée de devoir s'en servir, son instinct animal ne pouvait qu'applaudir la sûreté létale de l'objet, lui permettant de tuer sans se mettre en danger. Oh, oui, elle regrettait de devoir abuser de pareilles lâchetés et il lui fallait enlever la flèche avant de manger une proie dodue par moments, mais sur un plan purement pragmatique, c'était là son moyen de subsister en paix. Mais regret est une faible émotion poilue, rapidement submergée par la satisfaction animale de dévorer la chair inerte d'une proie abattue de loin.

    Donc, elle savait qu'une flèche fait mal. Et ça ne se soigne pas si facilement : le bout de métal peut rester si jamais le corps de bois est brisé de façon rustre, ce qui fait subsister la douleur dans l'organisme. Et retirer une flèche de façon indélicate fait couler l'eau rouge facilement, elle avait remarquée. Ça coule toujours, hein, mais la flèche fait presque "barrière" des fois. Elle avait vu ça en chassant des poilus : comment certains ne faisaient que tuer leurs potes en enlevant la flèche de la mauvaise façon, imbéciles qu'ils étaient. Et donc, si jamais son fils s'était bien pris une flèche, elle voulait s'assurer que ce soit elle qui l'enlève correctement, pour pas qu'il ne finisse blessé. Oh, il était malin, elle avait vu, mais la blonde avait de l'expérience avec ça. Et puis, elle voulait aider, vu que lui avait aidé. Ce n'était pas par devoir, après. Simplement, elle détesterait ne pas aider après avoir été aidée. Simple fierté.

    Mais tout semblait bon. Aucune flèche ne l'avait touché, et elle ne vérifia pas le dos parce que, bah, elle aurait été touchée sinon. Légèrement déçue de ne pas pouvoir aider, Stheno se cabra en arrière et, remarquant sa confusion, prit une flèche de son carquois pour l'agiter devant lui, avant de pointer son corps du ver de main. Qu'il comprenne ou non n'était pas trop important, mais c'était sa façon de le dire aussi honnêtement que possible. Après tout, même si elle aimait bien faire tourner les gens en bourrique, elle pensait qu'il méritait un peu plus de respect que le gueux moyen ou même un autre non-poilu. Il n'était pas seulement son fils : il était un bon fils, qui aidait sa môman à fuir les poilus. Donc c'était quelqu'un qu'elle pouvait respecter. Les liens du sang en soit ne sont pas une obligation de respect, car les vrais liens sont déterminés par soi-même, mais Stheno portait considération à son fils, maintenant qu'il se prouvait de plus en plus compétent.

    Il continuait de parler, sans qu'elle ne pipe mot, l'écoutant patiemment. Le cauchemar d'un autre ? Stheno eut un petit sourire, même si elle ne captait pas tout à fait ce qu'il avait dit tout à l'heure. Lui évoluait dans un monde onirique différent du sien, de pensées, de philosophies et de réflexions. C'était bien, mais pour Stheno, il était beaucoup plus facile de s'imaginer des choses plus simples, moins abstraites. Elle tue, elle mange, elle dort. C'était comme ça qu'elle pensait et comme ça qu'elle pensera, quand cet inévitable rideau noir lui voilera les yeux. Et bien sûr, elle trouvait ce qu'il disait intéressant : elle restait curieuse, après tout. Mais elle préférait penser à la vie de façon simple. On tue ou on est tué. Et le reste, les rêves, les rivières, le ciel, les bêtes du ciel, alimenterait son coeur de tête sans pour autant qu'elle ne change sa philosophie. Connaître pour connaître, pas tellement pour changer ses idées ou actions.

    Sa rencontre unique avec le poilmé finie, elle aura apprise beaucoup de choses ! Mais elle continuera son train de vie quand même. Lire et écrire l'aidera beaucoup, sans AUCUN doute, mais elle ne pensait pas voir sa perspective du monde modifiée. Surtout que son tendre fils vint lui donner un ordre, en lui disant d'être prudente. Sur ce point, Stheno fit la moue, l'air pas convaincu. C'était gênant que d'être réceptive d'ordres, elle qui ne connaissait cette grande liberté que depuis un moment. Le conseil était bon, la prudence était de mise, mais la blonde ne risquait pas de laisser quiconque prédire ses prochaines actions. Il était important que ses actions soient les siennes. Aussi, elle agita le plus gros vert à tête rose sur sa main droite de droite à gauche, un air désapprobateur au visage. Fils ou pas, pas d'ordres. Non, jamais.

    Puis elle baissa la main, laissant ses vers de main au repos. Agréable petit discours que Stheno connaissait déjà un peu. Devait t-il la prendre pour une bête enfant, sans aucune capacité défensive ? Elle se voyait comme sous-estimée, presque conceptualisée comme une petite chose encore ignorante de la lueur chaude ou des habitudes poilues. Elle était très désagréablement rappelée son sale poilu de père, en quelques aspects. Et ses intentions bénévoles ne suffisaient pas. Son sourire presque fondu en une expression de pure neutralité, Stheno fit un geste de la main répété vers le côté, comme pour signaler que ça y est, c'était bon. La voyait t-il comme en besoin d'aide, après que ses poilus aient bien manqués de se jeter sur elle ? Parce qu'elle aurait pu facilement fuir la scène, nandedjiou. Et avant qu'elle ne puisse exprimer sa frustration de façon plus lisse, elle le vit se mettre à disparaître, d'un coup. Et un instant, elle crut que son rejet maternel allait faire se volatiliser son pauvre enfant. Par des poils de fesse de long griffe, c'était horrible !

    Stheno écarquilla des yeux et vint chercher partout autour d'elle, les yeux écarquillés, la tentation ferme d'hurler pour lui signaler son affection était tentante, mais comment donc le lui dire clairement ? Devrait t-elle aller chercher un petit museau ou deux et le lui offrir ? Les plumés aiment dévorer des museaux après tout, donc sans doute qu'un en-cas bien grassouillet lui permettra de s'extriper des limbes oniriques. Ou... non, il fallait y penser. Il était créature de pensées, naviguant de coeur de tête en coeur de tête. Il fallait penser à un gros museau mort, ici et maintenant, pour le ramener ! Stheno ferma des yeux et se concentra, tentant fébrilement de dévouer ses pensées à un met dodu et délicieux. Mais, malheur, ses propres instincts se tournèrent contre elle : à la place d'offrir à son fils un sacrifice, elle se disait maintenant que faire glisser quelques petites proies le long de son gosier consolerait bien son coeur endolori.

    Un ou deux ça devrait- ah, le revoici. Invisible, glissé dans le vent, mais à ses côtés: son ouïe indiquait que la position du poilmé était la même. Il n'avait pas bougé et était sauf. Contente, Stheno s'approcha pour écarter des bras et les serrer autour de sa taille (ou ce qu'elle pensait être sa taille), attendant quelques secondes avant de lui taper doucement au dos, visage enfoui dans ses plumes. Ohhh, elle avait été méchante avec lui ! Le pauvre. Elle allait s'excuser en lui dénichant un GROS museau à dévorer. Même qu'il aura tout pour lui, généreuse qu'elle est.

    Mais il semblait y avoir plus important, comme ce pouvoir qu'il mentionnait : reculant, Stheno leva discrètement son plus gros vert de main en direction de son visage. Son sourire revenu, elle pencha la tête vers le côté et leva...enfin, non, elle n'avait pas de petits tapis de visage. A la place donc, elle hocha la tête de haut en bas, un air ravi au visage. Très utile technique pour chasser !
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  • Sam 14 Jan - 19:14
    Alors que Rêve s'apprêtait à ouvrir le bec pour reprendre la parole, il fut surpris par une subite manifestation d'affection de la part de la jeune hybride. En silence, elle se rua sur la bête invisible et le saisit à la taille pour lui offrir une chaude embrassade qu'il ne sut pas tout à fait comment recevoir. Le visage enfoncé dans le plumage invisible de la créature mythique, elle le serrait juste assez pour ne pas le blesser et ce dernier demeurait immobile, l'observant sans mot dire tout en la détaillant d'un œil plein d'inquiétude. Qu'est ce qu'il lui prenait, tout à coup ? Elle n'avait pourtant pas semblé réceptive à ses conseils précédents, il était donc curieux de la voir faire preuve d'un amour si soudain pour sa progéniture onirique.

    Le Voyageur leva le voile d'ombre. Son visage de volatile se manifesta en premier et ses plumes suivirent le mouvement, révélant graduellement son immense silhouette tandis que la lumière se tordait pour lui donner à nouveau substance. Une fois réapparue, la bête ailée laissa ses ailes immenses se replier sur sa jeune protégée, l'enfermant dans une cage de lumières cosmiques qui se muait perpétuellement en des formes nouvelles à mesure qu'elle s'y attardait. Il posa ensuite timidement l'une de ses dextres terminées en griffes sur la tête de l'hybride, cherchant par ce geste à se montrer réconfortant mais surtout, à user une seconde fois de ses talents personnels afin de décrypter en elle les origines de ce brusque élan émotif.

    Dans l'esprit du prince exilé, de nouvelles images se frayèrent un chemin par magie. Si son visage demeurait un masque d'absolue neutralité, un sourire intérieur naissait en lui. Il comprit en interprétant les plus récentes pensées de sa jeune amie qu'il avait fauté et que, d'une certaine manière, il avait cherché à se l'approprier en lui interdisant de prendre trop de risques. Il était vrai que le Voyageur avait tendance à surprotéger ce qu'il chérissait, il s'était donc montré trop entreprenant et, à ce titre, il décida qu'un retour en arrière s'imposait. Le rideau de plumes colorées s'écarta, révélant les cieux étoilés au dessus d'eux tandis que la chimère ailée relevait sa main posée affectueusement afin de la passer sur le menton de l'hybride. Les voix s'élevèrent une fois encore :

    "Je suis navré de t'avoir ainsi offensée, rêveuse. Ce n'était pas mon intention."

    Sans s'éloigner d'elle, il retira sa main de son visage enjôleur et joua à nouveau de sa magie afin de faire disparaître progressivement ses serres, puis ses doigts, et enfin la dextre toute entière. A la frontière de cette étrange manifestation, l'avant-bras de la créature semblait devenir irréel, comme une peinture qu'on peinait à parachever. Si ce pouvait était inné pour lui qui était né d'un pur flux de magie, il se sentait toutefois à même d'éveiller l'affinité qu'entretenait la blonde intrépide avec les arcanes. De bien des façons, elle avait déjà effectué ses premiers pas dans le domaine.

    "Si la magie est déjà en toi, elle ne s'insinue pas dans tes veines comme le fait ton sang. La magie est pourtant partout : elle effleure ta peau au gré des vents, elle s'infiltre et s'échappe de ton corps lorsque tu respires. Elle est dans l'eau, dans l'air, dans les flammes mais également et surtout dans la lumière elle-même. Les Poilus perçoivent la réalité par leurs yeux sans se douter qu'ils les trahissent constamment. Je vais t'apprendre à détourner le flux afin d'emprisonner la lumière, tu pourras ainsi la tordre et la sculpter selon ton bon vouloir afin de masquer ta présence derrière un voile d'illusion."

    Il s'affaissa doucement et son cou serpentin se tordit comme l'aurait fait la queue d'un serpent. Il enserra la demoiselle, l'invitant à s'enfoncer une nouvelle fois dans la chaleur de son torse couvert de plumes. Après cette étreinte, il compléta lentement la métamorphose qu'il avait entrepris, devenant à nouveau invisible et révélant le paysage somptueux que masquait quelques instants plus tôt son corps gigantesque. Elle voyait désormais ce qu'il voulait lui laisser entrevoir mais pourtant, les sensations étaient encore présentes. Par delà l'illusion, elle pouvait encore discerner la chaleur rassurante de son corps, les chatouilles que procuraient mes plumes agitées par les légères bourrasques de la vallée. Elle le sentait caresser ses cheveux et lorsqu'il reprit la parole, elle put percevoir les vibrations qui parcourait son être :

    "Tu dois apprendre à te défaire de cette part de Poilu qui est en toi. Pour disparaître, tu dois d'abord comprendre à quel point tes yeux peuvent fauter. Ressens chaque chose au delà de la prison du regard. La lumière et l'obscurité ne font qu'un, et elles font partie d'une seule et même illusion. Une fois que tu seras devenue maîtresse de ces courants qui parcourent chaque chose, tu trouveras ta place dans les ombres."

    Grisé par la perspective d'enseigner à sa jeune amie l'art merveilleux de la supercherie, il vint l'étreindre avec un peu plus d'intensité :

    "J'ai foi en toi."
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