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Persécution
25 Septembre an 3— Quelle belle et agréable journée mon petit, je suis bien aise que vous m’accompagniez.
— Je suis là pour ça, ma dame.
Cette journée a commencé par le même rituel matinale, me lever de mon trou à rats dans une des banlieues de Liberty avant de regarder ma besace, qui ne contient pas un rond. J’ai pu récupérer quelques planches de bois il y a quelques jours ainsi que des cartons, que j’ai entreposé sur les pavés sales de mon nouveau domicile, afin de pouvoir dormir sur autre chose que de la pisse et de la crasse. Ma houppelande commence déjà à sentir le rat crevé et je n’ai toujours pas avalé quoi que ce soit à part du pain rassis depuis trois jours. Pour éviter de tomber dans une dépression et un désespoir profond, je marche en direction de la grande pancarte sur la place du centre-ville où bon nombre de demandes diverses et variées y sont entreposées. Je m’attendais, en venant à Liberty, à trouver plusieurs contrats de mercenariats ou même protéger quelqu’un mais, Liberty semble plus tranquille comparé aux grandes villes du Reike.
Finalement le contrat avec le démon dans son entrepôt ne s’est point conclu, à croire que travailler avec un drakyn ne devait pas lui plaire. J’aurai très bien pu faire l’affaire. Écoeuré est le mot qui me décrit le mieux depuis cette rencontre sur le port. Il aurait très certainement pu me mener à une meilleure expérience et enfin une récompense adéquate par rapport au contrat signé. Je manque d’argent, d’eau et de nourriture. Personne n’ose s’approcher de moi et je ne souhaite pas mendier, mon égo ne le supporterait pas.
A l’heure actuelle, je me trouve devant la fameuse pancarte tandis que le soleil s’élève tout doucement, je suis bien heureux de ne pas me retrouver encore trempé et puer le chien mouillé. Je laisse ma tête à découvert, les habitants du coin ne font même plus attention à moi. Depuis que je suis arrivée vers mi-septembre à Liberty, je dois avouer que les jours qui ont suivi n’ont pas été les meilleurs. Mal accueilli, rejeté par mon apparence et par ma race, ces scélérats n’y connaissent rien. Les Drakyns sont puissants, imposants, tenaces et par-dessus tout, nous ne sommes pas aussi ignares que l’on pourrait croire ! Je commence à haïr ces humains prétentieux et véreux. Le jour où je retrouverai mes forces et que j’arriverai à monter dans les réseaux que je convoite, j’espère qu’ils finiront par comprendre que moi, Ashani, je leur rendrai la monnaie de leur pièce.
Tandis que la colère me prenait aux tripes, une main vint se poser sur mon avant bras. Une femme âgée se tient là, un petit papier dans les mains. Elle souhaite que je lui accroche tout en haut de la pancarte. Je commence à regarder de plus près le panneau seulement la femme continue de tripoter mon avant-bras, tâtant par-dessus ma houppelande.
— Dîtes moi, jeune homme, vous aimeriez aider une vieille dame ?
Et voilà comment je me retrouve à avoir suivit cette femme une canne à la main, emmitouflée dans un manteau blanc, à la chevelure très soignée et aux traits de son visage tirés par la vieillesse et la fatigue. J’ai dû l'accompagner dans divers magasins pour qu’elle fasse ses achats et me laisse avec tous ces attirails et ces victuailles. Je ne saurai dire combien de temps j’ai aidé cette femme avec ces nombreux sacs à la main. Elle se fiche éperdument de mon apparence et de l’odeur désagréable que je dégage. Je la raccompagne jusqu’à chez elle où j’entrepose les paquets.
Elle s’en va me quérir une récompenser, ce qui me tient en haleine car au vu de sa maison bien fournie et impeccable, je m’attends à avoir de l’argent ou même de la nourriture de qualité. Je regarde autour de moi et sur une petite table en bois se trouve un coffre orné d’or et d’argent, avec en son centre une espèce de pierre jaune, brillante. Je suis démangé de toute part. La vieille femme revient et me demande de tendre ma main. Je m’exécute et elle y place un petit os de poulet. Je commence à rire jaune et déclare d’un ton sec que ce n’est pas ainsi que l’on remercie quelqu’un. D’un ton haineux, elle me toise du regard et commence à me dire :
— Vous ne méritez pas votre place au sein de la société de Liberty. Vous n’êtes qu’un misérable chien galeux et finirez par ramper dans les caniveaux de la ville. Tout ce que vous méritez, c’est cet os pour m’avoir servi de chien.
Ni une ni deux, mon sang de Drakyn bouillonne et me voilà en train d’éclater les meubles autour de moi, déchiqueter les sacs et m'emparer du petit coffret sur la table en bois. Elle crie, hurlant à l’aide avec sa frêle petite voix de vieille dame, se faisant passer pour la victime. Je ne la frappe pas, préférant jeter ma haine sur le matériel plutôt que sur cette femme au coeur malpropre. Personne ne m’écoutera. Personne n’osera prendre mon parti car je ne suis pas originaire de Liberty. Je me rue à l’extérieur tandis que j’entends des bruits de cliquetis d’armure, de pas lourds et les quelques personnes se baladant autour de la demeure se demandant ce qu’il se passe. Le coffret placé dans ma besace, j’accours dans une des directions opposés aux gardes pour sauver ma peau.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Les programmes d'échange entre cités, c'est toujours des grands moments. Parfois, c'est des vieux bleds moisis dans lesquels on doit apporter ordre et méthode, ça, c'est quand on se fait plus ou moins punir par les chefs. Et d'autres fois, c'est dans les autres villes de la nation, avec l'idée de partager nos connaissances, se faire des contacts, et collaborer dans l'esprit de corps qui caractérise si bien l'Office Républicain.
Ca serait vachement mieux si c'était pas Liberty, mais comme ma famille est pas au courant que j'me pointe, c'est pas si pire. A part ça, d'ailleurs, c'est même plutôt carrément sympa : les tavernes sont chères et de bon aloi et, on va pas se mentir, je suis plutôt du genre à me faire inviter et rincer. C'est ça, d'être le visiteur : on leur propose la même chose quand c'est eux qui viennent, après tout. Simple échange de bons procédés.
Y'en a qui disent ou qui croient que les rondes, c'est vraiment le pire taf des officiers républicains. C'est pas tout à fait exact. C'est sûr que la nuit, quand il caille, qu'il vente, qu'il flotte ou qu'il neige, personne a envie d'aller marcher dehors pendant des plombes. Mais en dehors de ces cas-là, on salue les commerçants, les lavandières, les enfants qu'ont des étoiles dans les yeux et s'imaginent déjà à notre place, à porter fièrement une épée au côté pour assurer la justice dans nos belles villes.
Mais au-delà de l'aspect agréable et flatteur pour l'ego, c'est surtout que c'est tranquille. J'veux dire, on a rarement quelque chose à faire de concret à part parader dans les rues, et avant qu'on n'arrive où que ce soit, le moindre crime sur lequel on pourrait tomber est parti bien, bien loin. C'est pas pour me déplaire : on est pas là non plus pour se faire emmerder.
Bref, tout ça pour dire que même le criminel le plus éclaté au sol est foutu de pas faire un flagrant délit sous notre nez.
Du coup, forcément, quand un grand échalas clairement pas humain jaillit d'une maison avec une p'tite vieille qui crie au voleur, à l'assassin et au meurtrier derrière, j'me dis que j'ai rudement pas de bol. Surtout qu'il court vite. Pas le temps de jeter un coup d'oeil à mon binôme pour voir ce qu'on fait, parce qu'il est déjà parti en courant et en criant :
« Vite, rattrapons-le ! »
Putain.
Du coup, j'le suis aussi, et j'me demande pourquoi j'ai accepté qu'on me refile Erwin le Jeune, et pas son oncle, un vieux briscard blasé qu'on prendrait jamais à galoper, à voir sa bidoche. Le petit avec ses boucles d'un blond sale et sa bonne humeur, il a des étoiles pleins les yeux et la volonté de bien faire, ce qui en fait indéniablement la chose la plus dangereuse que j'risque de croiser de la journée, et ça se vérifie à l'instant.
Ca s'engouffre à gauche dans une ruelle, alors j'laisse Erwin suivre et j'trace tout droit en espérant réussir à couper la route plus loin. A l'embranchement suivant, j'les vois jaillir devant moi, le garde hurlant au suspect de s'arrêter, mais il se sent pas trop d'obtempérer, visiblement, alors j'économise mon souffle et j'essaie d'accélérer. C'juste qu'avec l'armure, c'est moins facile.
Devant, ça percute les passants, les portefaix, et ça fuit sous les insultes et les menaces. Ils sont bien gentils, mais dans ce cas, qu'ils l'arrêtent à notre place, ça nous évitera... de... courir. Juste devant moi, Erwin pousse une accélération, et plonge pour attraper les chevilles du drakyn qui continue à essayer de se faire la malle. Il rate son coup, et j'saute par-dessus son corps étendu pour pas ralentir.
Plus loin, une charrette bloque suffisamment le passage pour que j'ai l'espoir que le coupable soit contraint de s'arrêter, mais il saute par-dessus d'une impulsion qui me semble pas parfaitement naturelle, alors que j'me glisse sur un bord en m'éraflant salement le bras sur un truc qui dépassait.
Au détour d'une avenue, j'vois qu'Erwin nous rattrape à nouveau. Bordel, il a un de ces souffles, le petiot, c'est impressionnant. Il doit s'entraîner, c'est pas possible autrement. Ou alors il triche, je sais pas. Si c'est le cas, indéniablement, j'aurai beaucoup plus d'estime pour lui, c'est certain. Mais ça commence à faire un moment qu'on court, et si parfois la distance qui nous sépare du criminel diminue, c'est jamais suffisamment significatif pour qu'on termine par lui mettre définitivement la pogne dessus.
J'crois que je commence à avoir un point de côté.
Pas dessus, dans la gueule, pour me venger de m'avoir fait courir alors que j'venais de grailler.
Qu'est-ce que j'fous là, merde !
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Suite au saut de charrette, je continue ma course et les bâtiments défilent, je n’ai pas le temps de regarder autour de moi, tellement je suis concentré sur ma course en zigzag. Deux miliciens sont à mes trousses et la plupart des gens qui nous voient arriver tentent de se coller aux murs. Certains laissent tomber leur cargaison des mains et vocifèrent. Quand je repense à ma journée, je ne culpabilise nullement d’avoir volé cette vile gourgandine. Comment peut-on ainsi me manquer de respect ? Personne n’avait jamais osé me dire de telles ignominies, je crois bien que j’aurai pu l’écorcher vive. Mon sort auprès de la garde reste incertain et je ne souhaite pas être pris par ces deux énergumènes. De simples humains qui tentent de rattraper un drakyn, cela me laisse pantois et j’admets volontiers qu’ils font de leur mieux pour me courir après. Quelle veine !
Les gens qui s’écartent crient au scandale, certains brandissant les poings face à ma ruée. J’enjambe quelques caisses de bois par-ci, m’engouffre derrière un stand et part dans une autre direction pour me frayer un chemin parmi la foule. Jetant un petit coup d’oeil en arrière, je ne vois que le gamin en tête, son acolyte laissé en retrait. Me voilà donc prêt à en découdre avec ce jeune homme plein d’énergie. Je lui souris voracement après l’avoir sifflé, montrant ainsi mes belles dents aiguisées. Je n’ai pas d’ailes et mes cornes brisées sont repérables, ma peau blanchâtre ne passe pas non plus inaperçue, bien que je sois d’une taille modeste, il est plutôt facile de trouver un drakyn à Liberty. J’ai pu remarquer que nous sommes peu nombreux à avoir quitté le Reike. Ici, je suis seul et sans amis, personne sur qui compter, personne à qui parler.
Je n’ai besoin de personne hormis de moi-même alors, je renverse des étales pendant ma course effrénée. Pensant ralentir les poursuiveurs, j’emprunte un passage moins fréquenté et espère avoir du répit. Je prends une profonde inspiration et expire, la main sur le cœur, je touche du bout des doigts le coffret caché à l’intérieur de mes vêtements en cuir. Tandis que je prends l’objet dans mes pattes crochues, mes yeux s’écarquillent en voyant la pierre. La couleur est resplendissante, les rayons du soleil s’y réfléchissent et puis, je sens quelqu’un s’approcher derrière moi à pas de loup. Je n’ai pas le temps de ranger le coffret que la voix du petit résonne dans la ruelle. Il n’y a que moi, lui et son acolyte traînant derrière.
— Je vous somme de vous arrêter ! Le quartier est encerclé, vous ne risquez pas de vous échapper.
— Tsss. Même si je vous expliquais, vous ne comprendrez pas.
— Cessez de vous plaindre ! Retournez-vous délicatement. Posez ce que vous avez sur vous à même le sol.
Tandis que le milicien m’ordonne, j’exécute sans broncher. A quoi bon se tirer, puisque je suis fait comme un rat. Je garde contre moi le coffret en bois et me tourne doucement. J’observe les deux hommes et imprime leur visage dans mon esprit. Le premier semble avoir à son ceinturon une espèce de matraque, un bon gros morceau de bois prêt à calmer mes ardeurs si je commence à faire le moindre faux pas. Fichtre. J’ai baissé ma garde, préférant vérifier l’état de la pierre plutôt que de surveiller les environs. Je n’ai pas envie de me séparer du coffret, pas après avoir vécu une scène inédite avec cette vieille peau. Je ne peux pas me résigner à laisser ce trésor aux mains des miliciens.
— Ne vous approchez pas ou je vous conjure que je détruis ce petit coffret que la vieille peau affectionne.
Le petiot semble déconcerté et jette un regard vers son acolyte, lui murmurant :
— Qu’est-ce qu’on fait ?
Les gens qui s’écartent crient au scandale, certains brandissant les poings face à ma ruée. J’enjambe quelques caisses de bois par-ci, m’engouffre derrière un stand et part dans une autre direction pour me frayer un chemin parmi la foule. Jetant un petit coup d’oeil en arrière, je ne vois que le gamin en tête, son acolyte laissé en retrait. Me voilà donc prêt à en découdre avec ce jeune homme plein d’énergie. Je lui souris voracement après l’avoir sifflé, montrant ainsi mes belles dents aiguisées. Je n’ai pas d’ailes et mes cornes brisées sont repérables, ma peau blanchâtre ne passe pas non plus inaperçue, bien que je sois d’une taille modeste, il est plutôt facile de trouver un drakyn à Liberty. J’ai pu remarquer que nous sommes peu nombreux à avoir quitté le Reike. Ici, je suis seul et sans amis, personne sur qui compter, personne à qui parler.
Je n’ai besoin de personne hormis de moi-même alors, je renverse des étales pendant ma course effrénée. Pensant ralentir les poursuiveurs, j’emprunte un passage moins fréquenté et espère avoir du répit. Je prends une profonde inspiration et expire, la main sur le cœur, je touche du bout des doigts le coffret caché à l’intérieur de mes vêtements en cuir. Tandis que je prends l’objet dans mes pattes crochues, mes yeux s’écarquillent en voyant la pierre. La couleur est resplendissante, les rayons du soleil s’y réfléchissent et puis, je sens quelqu’un s’approcher derrière moi à pas de loup. Je n’ai pas le temps de ranger le coffret que la voix du petit résonne dans la ruelle. Il n’y a que moi, lui et son acolyte traînant derrière.
— Je vous somme de vous arrêter ! Le quartier est encerclé, vous ne risquez pas de vous échapper.
— Tsss. Même si je vous expliquais, vous ne comprendrez pas.
— Cessez de vous plaindre ! Retournez-vous délicatement. Posez ce que vous avez sur vous à même le sol.
Tandis que le milicien m’ordonne, j’exécute sans broncher. A quoi bon se tirer, puisque je suis fait comme un rat. Je garde contre moi le coffret en bois et me tourne doucement. J’observe les deux hommes et imprime leur visage dans mon esprit. Le premier semble avoir à son ceinturon une espèce de matraque, un bon gros morceau de bois prêt à calmer mes ardeurs si je commence à faire le moindre faux pas. Fichtre. J’ai baissé ma garde, préférant vérifier l’état de la pierre plutôt que de surveiller les environs. Je n’ai pas envie de me séparer du coffret, pas après avoir vécu une scène inédite avec cette vieille peau. Je ne peux pas me résigner à laisser ce trésor aux mains des miliciens.
— Ne vous approchez pas ou je vous conjure que je détruis ce petit coffret que la vieille peau affectionne.
Le petiot semble déconcerté et jette un regard vers son acolyte, lui murmurant :
— Qu’est-ce qu’on fait ?
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Pancrace Dosian
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Putain, enfin il s'arrête. Il doit avoir un poing de côté et les jambes qui tremblent, normal, après une course pareille. Moi-même, sans mon entraînement permanent d'ancien militaire et d'officier républicain, je sais pas si j'aurais pu tenir le choc, c'est dire la violence de la poursuite.
Le Jeune, par contre, il pète le feu, encore.
Donc quand le lézard menace de détruire le coffret, il recule d'un pas, tout paniqué. J'le regarde d'un air interloqué.
« Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Hé, Drakyn, si tu pètes le coffret, ça sera jamais qu'une charge de plus à ajouter à ton dossier. J'te dirais bien de m'économiser l'encre mais, franchement, ça me gênerait pas de charger la mule. »
Puis j'avance d'un pas décidé.
« Allez, pose le truc par terre, agenouille-toi et pose les mains derrière ta tête, doigts entrelacés. On t'emmène au poste et on élucide tout ça. De toute façon, les renforts arrivent, alors... »
****
Quelques temps plus tard, l'étranger est dans la salle d'interrogatoire, et on est devant, Erwin, le commissaire et moi.
« Allez, Petiot, va l'interroger.
- Je pensais plutôt t'envoyer, Dosian, coupe le patron.
- Hein ? Nan, mais ce serait mieux si c'était Erwin. C'est hyper formateur.
- C'est toi qu'est en programme d'échange, alors c'est toi qui y vas.
- Nan mais je me sens pas super bien, un peu pas en forme, quoi... Ca doit être la bouffe de ce midi, là, c'est pas passé, je sais pas...
- Du coup, plus vite tu commences, plus vite t'auras fini. Erwin, tu vas remplir la paperasse en attendant. J'ai toute celle de ce matin aussi. »
Ah, c'est donc ça. Junior fait aussi secrétaire.
« Ouais mais il pue la mort, dans la salle d'interrogatoire j'vais étouffer...
- Grouillez, Dosian, on va pas y passer des heures non plus. Prenez ça comme l'ordre que c'est.
- Chef... oui, chef... »
J'entre dans la toute petite pièce, une table, trois chaises dont l'une déjà occupée par le colosse menotté à la table, et j'étouffe une quinte de toux. Paraît qu'à force, on sent plus l'odeur, mais là... Là c'est horrible, genre j'ai les larmes aux yeux.
« Bon, le Puant, on va aller vite, sinon j'vais m'évanouir. Rappel des faits : un peu plus tôt, t'as accepté d'aider une p'tite vieille à porter ses courses. Sympa. Tu la ramènes chez elle, et elle va pour te payer quand, pris d'une rage destructrice, ptet pasque le montant est trop faible ou que t'avais envie de te servir davantage, tu casses tout et tu t'enfuis avec le coffret. Délit de fuite auprès des officiers républicains, menaces. J'suis gentil, je compte pas la prise d'otage, même si y'a un flou juridique à propos des objets en bois. T'as du bol. »
J'reprends mon souffle. C'était une erreur.
« Bref, bref, bref. Tu peux dire ce que tu veux, c'est ce qu'on va écrire dans le rapport, parce qu'il se fait tard et qu'on est tous très occupé. Donc si tu veux, tu racontes, je fais semblant d'écouter, on te colle au trou et tu ressors demain matin, avec les gars bourrés. Franchement, c'est une bonne affaire. »
C'est surtout une affaire pour laquelle il a pas particulièrement le choix, donc j'griffonne sa version des faits, histoire et, et j'ressors pour tout filer à Erwin et laisser les gars le descendre dans la fosse commune. Franchement, un paquet de vagabonds donneraient cher pour être à sa place : un toit au-dessus de leur tête, un repas gratuit, un peu de chaleur humaine pour les plus aventureux ou les moins forts physiquement... Pas qu'il risque d'arriver quoi que ce soit au drakyn, il serait plutôt de l'autre côté, au demeurant.
Bon, certes, y'a pas de paillasse, et ils ont qu'un seau à merde pour cinq, sans compter l'absence d'intimité. Et le repas, c'est un ragoût clairet, une poignée de légumes et trois morceaux de viande non-identifiée qu'on laisse au fond d'une semaine sur l'autre, en se contentant de rajouter de l'eau au fur et à mesure, mais, hé, ça reste quelque chose de chaud à défaut d'être bien consistant.
Puis du coup, faut que j'en profite pour faire quelques courses, pour être prêt demain matin, à l'ouverture de la fosse commune.
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Quel merdier. Ainsi me voilà pris comme un rat au milieu de la belle cité de Liberty, cité des rêves et de l’oseil. J’ai envie de cracher et de jeter violemment un rocher dans la gueule de celui qui osait dire ces slogans bourrés de mensonges. J’aurai peut-être dû partir dans les terres de Shoumeï, au moins là-bas, je ne risquais pas de me faire emmerder par ces gredins de miliciens. Le gars qui se trouve derrière le gamin s’avance d’un pas décisif tandis qu’il cantonne n’en avoir rien à carré du coffret. Bien, cela me permet au moins de le conserver en bon état. Il faut voir les quelques points positifs de mon escapade. Je m’exécute sans broncher, laissant le joli coffret sur le sol et les mains derrière le crâne, mes cheveux s'emmêlent à mes doigts crasseux, je suis le rat.
Le temps de la balade jusqu’au poste aura été de courte durée, j’avais rabattu la capuche de ma houppelande sur la tête afin de rester plus ou moins incognito. Je n’aime pas cette sensation, celle de me sentir comme un pourceau prêt à aller à l’abattoir. Une fois sur place, on m’installe en me poussant violemment dans une pièce. Là, j’attends dans une salle ridiculement petite et très sobre, assit sur une chaise en bois, les mains liées. Je me doute que je risque le trou pendant un moment et je dois avouer que ce sera toujours mieux que de rester dormir sur de la paille usagée à même le sol. Je pourrais très bien utiliser la force et défoncer la porte d’un coup de patte, au vu de l’apparence mais à quoi bon ? Je serai encore plus mal que je ne le suis déjà. De plus, je ne souhaite blesser personne sauf si c’est pour un petit plaisir théâtral, comme j’avais l’habitude au Reike. Qu’est-ce qui m’a pris de voler au sein même de la pègre reikoise ? He. Faut dire que je suis un vilain garçon qui aime toujours plus. Et aujourd’hui, qu’est- ce que j’ai ? Plus rien, hormis le seul bijoux qui compte vraiment pour moi et qui est attaché autour de mon cou.
Tandis que je regarde le plafond, le regard dans le vague, voilà que le gaillard de tout à l’heure entre et se met à tousser bruyamment. Son regard est humide, à croire qu’il n’aime pas vraiment les odeurs fortes, la petite princesse. Il s’installe et me remet en mémoire les crimes commis. Il énumère un à un tous les méfaits et sans s’arrêter. Quel souffle, j’en serais presque bluffé ! Soudain, il reprend sa respiration et je commence à montrer les crocs et lui expliquer avec froideur ce qu’il s’est réellement passé.
— Je ne voudrais pas être désobligeant mais la mémé est une vraie garce ! Non seulement, j’étais venu pour prendre un contrat de mercenariat pour pouvoir me remplir les poches, et là v’la qui débarque et me demande de l’aider contre une compensation. On fait les magasins, je porte tous ces petits sacs jusqu’à chez elle et vous savez comment elle me traite ? De chien. Est-ce que j’ai l’air d’un clébard ? Il est où le respect, monsieur ? Elle mérite tout simplement ce qui lui est arrivé. Et encore, j’ai été à peu près correct. Je vous l’dis, cette mégère se serait évaporée au Reike. Évaporée je vous dis !
Le gaillard est d’une telle nonchalance que je me demande s’il aime vraiment son métier. Je me surprends à sourire quand il m’explique faire un rapport illico presto, qu’on me laisse au trou une nuit et que demain matin, je suis de nouveau libre. Je reprends mon calme et m’installe le dos contre la chaise, plus ou moins confortablement et commence à gesticuler des mains sur la table tout en contant ma version des faits avec plus de détails.
— Donc, comme je vous le disais, nous sommes allés au magasin situé rue de la Fargue, pour qu’elle puisse récupérer des vêtements et quelques chocolats, puis à la rue juxtaposant celle de la Fargue, nous voilà devant un bijoutier où elle récupère quelques merveilles. Alors que nous prenons le chemin vers sa maison, elle reste à quelques pas devant moi avec sa marche lente, donc je ralentis drastiquement mes pas et rentrons jusqu’à chez elle. A cet instant, je dépose les sacs tandis qu’elle s’en va vers le fond de son domicile et glisse dans ma main un os. Oui. Oui oui. Un os. Et là, cette co …. cette dame, me dit que je ne mérite pas ma place au sein de la ville, que je ne suis qu’un misérable chien galeux et que je mérite de crever. Grossièrement. Je crie au racisme monsieur !
Une fois ma version des faits sur papier, deux autres gardes viennent me prendre de chaque côté en grimaçant et me font passer par un dédale de pierres jusqu’à arriver à un sous-sol. Je vois quatre autre gars qui me toisent du regard, vociférant au vu de mon odeur et me traite même de “sac à m*rde”. La nuit est horrible, j’ai l’impression de revivre les traumatismes de mon enfance. La pierre froide, l’odeur de pourriture et de crasse, la pièce vide hormis le sceau rempli de défécation et une odeur de vomi. Les quatre gars n’osent même pas s’approcher tellement je sens la mort à plein nez. J’essaie de m’assoupir mais je revois mon père me frappant, me laissant sans défense et seul et puis, je revois son visage lorsque je le plante. Encore. Encore. Encore …
Les premiers rayons de lumière nous frappent au visage et voilà que j’entends un son de clé. Une fois insérée, la porte s’ouvre et on me libère. C’était le gaillard qui avait rédigé sur papier et m’avait coursé avec un peu de mal, en tout cas, j’allais être libre et sortir de cet endroit. Je ne parle pas, je me sens même misérable, sale et n’ai qu’une envie, fuir. Fuir aussi loin que possible comme l’ancienne maison de mon enfance. On me laisse avec les menottes jusqu’à l’entrée et une fois à l’extérieur avec l’enquêteur auditeur, il me demande de tendre les bras et me retire les menottes en fer forgé. Je soulage mes poignets et regarde mes mains d’un air las avant de plonger mon regard glacial sur le milicien.
— Vous aimez votre métier, m’sieur ? Hier, j’en avais pas l’impression. Ou bien c’est simplement moi. Écoutez, j’suis désolé pour hier. Je n’ai plus rien. Ni personne. Et pour le mercenariat, les contrats ne sont pas affluents. Vous n’auriez pas un petit tuyau pour un homme en détresse ?
****
Le temps de la balade jusqu’au poste aura été de courte durée, j’avais rabattu la capuche de ma houppelande sur la tête afin de rester plus ou moins incognito. Je n’aime pas cette sensation, celle de me sentir comme un pourceau prêt à aller à l’abattoir. Une fois sur place, on m’installe en me poussant violemment dans une pièce. Là, j’attends dans une salle ridiculement petite et très sobre, assit sur une chaise en bois, les mains liées. Je me doute que je risque le trou pendant un moment et je dois avouer que ce sera toujours mieux que de rester dormir sur de la paille usagée à même le sol. Je pourrais très bien utiliser la force et défoncer la porte d’un coup de patte, au vu de l’apparence mais à quoi bon ? Je serai encore plus mal que je ne le suis déjà. De plus, je ne souhaite blesser personne sauf si c’est pour un petit plaisir théâtral, comme j’avais l’habitude au Reike. Qu’est-ce qui m’a pris de voler au sein même de la pègre reikoise ? He. Faut dire que je suis un vilain garçon qui aime toujours plus. Et aujourd’hui, qu’est- ce que j’ai ? Plus rien, hormis le seul bijoux qui compte vraiment pour moi et qui est attaché autour de mon cou.
Tandis que je regarde le plafond, le regard dans le vague, voilà que le gaillard de tout à l’heure entre et se met à tousser bruyamment. Son regard est humide, à croire qu’il n’aime pas vraiment les odeurs fortes, la petite princesse. Il s’installe et me remet en mémoire les crimes commis. Il énumère un à un tous les méfaits et sans s’arrêter. Quel souffle, j’en serais presque bluffé ! Soudain, il reprend sa respiration et je commence à montrer les crocs et lui expliquer avec froideur ce qu’il s’est réellement passé.
— Je ne voudrais pas être désobligeant mais la mémé est une vraie garce ! Non seulement, j’étais venu pour prendre un contrat de mercenariat pour pouvoir me remplir les poches, et là v’la qui débarque et me demande de l’aider contre une compensation. On fait les magasins, je porte tous ces petits sacs jusqu’à chez elle et vous savez comment elle me traite ? De chien. Est-ce que j’ai l’air d’un clébard ? Il est où le respect, monsieur ? Elle mérite tout simplement ce qui lui est arrivé. Et encore, j’ai été à peu près correct. Je vous l’dis, cette mégère se serait évaporée au Reike. Évaporée je vous dis !
Le gaillard est d’une telle nonchalance que je me demande s’il aime vraiment son métier. Je me surprends à sourire quand il m’explique faire un rapport illico presto, qu’on me laisse au trou une nuit et que demain matin, je suis de nouveau libre. Je reprends mon calme et m’installe le dos contre la chaise, plus ou moins confortablement et commence à gesticuler des mains sur la table tout en contant ma version des faits avec plus de détails.
— Donc, comme je vous le disais, nous sommes allés au magasin situé rue de la Fargue, pour qu’elle puisse récupérer des vêtements et quelques chocolats, puis à la rue juxtaposant celle de la Fargue, nous voilà devant un bijoutier où elle récupère quelques merveilles. Alors que nous prenons le chemin vers sa maison, elle reste à quelques pas devant moi avec sa marche lente, donc je ralentis drastiquement mes pas et rentrons jusqu’à chez elle. A cet instant, je dépose les sacs tandis qu’elle s’en va vers le fond de son domicile et glisse dans ma main un os. Oui. Oui oui. Un os. Et là, cette co …. cette dame, me dit que je ne mérite pas ma place au sein de la ville, que je ne suis qu’un misérable chien galeux et que je mérite de crever. Grossièrement. Je crie au racisme monsieur !
Une fois ma version des faits sur papier, deux autres gardes viennent me prendre de chaque côté en grimaçant et me font passer par un dédale de pierres jusqu’à arriver à un sous-sol. Je vois quatre autre gars qui me toisent du regard, vociférant au vu de mon odeur et me traite même de “sac à m*rde”. La nuit est horrible, j’ai l’impression de revivre les traumatismes de mon enfance. La pierre froide, l’odeur de pourriture et de crasse, la pièce vide hormis le sceau rempli de défécation et une odeur de vomi. Les quatre gars n’osent même pas s’approcher tellement je sens la mort à plein nez. J’essaie de m’assoupir mais je revois mon père me frappant, me laissant sans défense et seul et puis, je revois son visage lorsque je le plante. Encore. Encore. Encore …
Les premiers rayons de lumière nous frappent au visage et voilà que j’entends un son de clé. Une fois insérée, la porte s’ouvre et on me libère. C’était le gaillard qui avait rédigé sur papier et m’avait coursé avec un peu de mal, en tout cas, j’allais être libre et sortir de cet endroit. Je ne parle pas, je me sens même misérable, sale et n’ai qu’une envie, fuir. Fuir aussi loin que possible comme l’ancienne maison de mon enfance. On me laisse avec les menottes jusqu’à l’entrée et une fois à l’extérieur avec l’enquêteur auditeur, il me demande de tendre les bras et me retire les menottes en fer forgé. Je soulage mes poignets et regarde mes mains d’un air las avant de plonger mon regard glacial sur le milicien.
— Vous aimez votre métier, m’sieur ? Hier, j’en avais pas l’impression. Ou bien c’est simplement moi. Écoutez, j’suis désolé pour hier. Je n’ai plus rien. Ni personne. Et pour le mercenariat, les contrats ne sont pas affluents. Vous n’auriez pas un petit tuyau pour un homme en détresse ?
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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En vrai, le vagabond peut bien dire ce qu'il veut de la vieille, ça n'intéresse personne. J'dirais même que toute l'affaire au sens large n'intéresse personne, et qu'on a mieux à faire. Il va faire sa nuit au trou, mamie aura l'impression qu'il y a une forme de justice et on essaie de dégager l'autre clodo pour qu'il aille faire chier ailleurs. Puis c'est même pas ma ville, en plus, alors c'est pas comme si je me sentais personnellement investi.
****
Toujours est-il que le lendemain, quand il s'agit de faire sortir le drakyn et les autres alcoolos, c'est moi qui m'y colle. De toute façon, j'crois que le commissaire m'a dans le pif, il me refile toutes les tâches de merde. P'tet éviter de repasser par ici tout de suite, pour mes affectations suivantes, ou alors dans une autre équipe ?
J'aurais préféré l'attendre dehors, à boire un café dans un bistrot en face de l'Office, mais on choisit pas toujours.
J'vire les autres pour qu'ils aillent retrouver leur bourgeoise pour lui taper dessus ou, à défaut, une chambre vide et poussiéreuse peuplée de cafards et de cadavres de bouteilles, et j'reporte mon attention sur l'immense drakyn. Faut bien le dire, il a pas l'air bien malin, genre un post-adolescent qui a fugué et se retrouve en république. Mais les idiots utiles, tout le monde en a besoin, surtout avec un gabarit pareil. Oh, pas pour l'Office Républicain, évidemment : on est sérieux, on ne prend que l'élite, ou une forme d'élite en tout cas. Et les puants n'en font pas partie.
C'pour ça que j'ai pas des masses dormi. J'ai dû me creuser la tête, retrouver des souvenirs et des contacts, des gars que je connaissais de l'armée, qui m'ont orienté vers d'autres... Couru la moitié de la nuit, quoi. Enfin, c'était la partie sympa, en vrai, vu que ça se fait rarement dans des bureaux, et plus souvent dans des tavernes où l'ambiance est rapidement plus joyeuse, quand elle n'est pas simplement dangereuse.
Du coup, j'suis quand même surpris quand il m'adresse la parole. Il doit se sentir très seul, j'représente p'tet une figure paternelle pour ce jeune homme en manque de repères et... pitié, non, quoi.
« Un boulot, c'est un truc qu'on fait pour gagner de l'argent et survivre. J'avais le choix entre pâtissier, coordonnier, ou me faire la malle et tenter ma chance ailleurs. Ca tombait bien, l'armée républicaine recrute toujours. Aimer son métier ? Une bonne blague, ça. Y'en a juste des moins pénibles que d'autres. Maintenant, tu me proposes de faire comme les autres nobles et me toucher toute la journée dans un grand manoir avec des bonniches qui m'éventent et me dénoyautent les raisins, j'te rassure tout de suite, ils sont pas prêts de me revoir au bureau. »
J'lui fais signe de me suivre, et on commence à se diriger dans les rues de la ville. J'ai retenu le chemin à suivre, vu que j'connais Liberty aussi, ayant grandi là. Pas forcément dans ces quartiers, mais suffisamment pour voir dans quelle direction aller et improviser à partir de là. C'est pas non plus le trajet le plus court, mais ça n'a pas d'importance, en réalité : c'est l'occasion de discuter un peu.
« Pour ce qui est de te trouver un turbin, en mercenariat, alors que t'es tout seul et que tu schlingues à en canner, j'te cache pas que ça va être compliqué. Mais comme j'suis un bon samaritain, et que je crois en la reconnaissance de mes congénères... »
Comprendre, si tu trouves du boulot, je compte bien toucher ma comm'.
« J'ai possiblement quelques pistes. Tiens, on entre là. »
L'auberge fait complètement miteux. En même temps, j'ai beau vouloir investir, y'a des limites. Pasque je crois pas vraiment en la mémoire et la gratitude, la faute à mon boulot. La tenancière me reconnaît, en même temps j'suis passé y'a pas bien longtemps, et j'lui montre du doigt mon grand gaillard. On la suit dans une arrière-salle dans laquelle un grand baquet, à côté du feu, sert de baignoire de fortune.
« Allez, lave-toi là-dedans, ça fera un bon début, et parle un peu de toi, que j'vois si ça va coller. »
J'me pose sur un banc, jambes tendues devant moi, et j'sors une poire rabougrie d'une poche de ma chemise. Bien juteuse comme je les aime, en plus. Et c'pas sa nudité qui va me gêner, on en voyait davantage à l'armée.
Invité
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Cet homme est différent, représentant de la loi et empêchant les malfaiteurs de continuer leur crime. Personnellement, je reste encore outré par la manière dont on m’a amené en prison, sachant que je n’ai fait que me défendre contre cette saleté de vieille peau. Je suis un drakyn déchu, un homme-dragon ayant perdu toute sa noblesse, toutes ses richesses, pour être ce que je suis aujourd’hui : un vulgaire rat. Le type me raconte vaguement les choix de carrière qui s’étaient offerts à lui. En tout cas une chose est sûre, il aimerait bien gagner son pain sans bouger le petit doigt. Je n’esquisse pas un seul sourire, bien trop plongé dans mes propres souvenirs de richesse et d’amertume. Nous empruntons un chemin, il me déclare avoir quelques bons tuyaux sur du boulot qui pourrait très certainement me rapporter gros, du moins, je l’entends ainsi.
Dans un coin reculé près d’une ruelle délabrée, une porte en bois nous sépare d’une petite auberge de quartier qui ne paie pas de mine. La dame me dédaigne du regard en se pinçant le nez, tandis qu’elle m'emmène dans l’arrière de la boutique. Cette taverne miteuse n’a pas un chat, à vrai dire, les clients sont plus à même de venir le soir. L’homme s’installe sur un banc tandis que la tenancière me prépare tout ce dont j’ai besoin : un bain. Elle prépare un feu dans l’âtre, referme la porte et nous laisse en tête à tête. Je ne connais nullement ce gars et j’ai une étrange sensation d’être mis à nu. Ce qui n’est d’ailleurs pas qu’une sensation, puisque je me précipite vite fait bien fait dans cette eau plus ou moins ragoutante après m’être déshabillé. Je n’ai plus vraiment d’honneur alors cela ne me dérange pas qu’un gaillard voit mon corps dénudé. De plus, je ne suis pas si mal à regarder ! Un savon est entreposé à côté de la baignoire en bois et je commence à me savonner de toute part. J’écoute à moitié l’homme assis, tandis que je plonge ma tête dans l’eau tiède, savourant ce moment avec une joie immense.
— Alors, mon brave. Comme vous le savez, je suis un drakyn. Ashani. Je suis un habitant du Reike, j’ai appris à me battre très jeune.
Depuis son enfance, mon géniteur m’a toujours donné des coups. J’ai pu apprendre à devenir endurant, d’une certaine manière. J’ai vécu beaucoup d’années dans la solitude, la merde et la crasse, alors ce que je vis ici à la République reste toujours mieux que ce que je vivais lorsque j’étais enfant. Même si cela tâche mon moral de sombres idées, je souhaite sortir de ce trou à rats et me développer. J’ai vaincu mon père, j’ai détruit mon passé, il ne reste plus que l’avenir qui se dresse fièrement devant moi. Je continue sur ma lancée tandis que je lave mes cornes avec soin, ainsi que ma belle crinière blanche qui gondole en cascade dans mon dos. Ma redevient aussi douce et blanche qu’au premier jour. Même la terre sous mes ongles disparaît en frottant vigoureusement le savon dessus. J’ai la nette sensation de redevenir celui que j’étais avant, le véritable Ashani, celui aux goûts prononcés pour la lecture, les jeux et le vol.
— Le service militaire reikois est très discipliné, on y apprend les bases de l’écriture, de la lecture mais aussi des combats rapprochés ainsi que de quelques stratégies militaires. Sans oublier l’apprentissage des chiffres et des mathématiques, il ne faut pas croire que tous les reikois sont des bruts sans cervelle. Au contraire, le Reike a une force extraordinaire sur maints sujets.
Je dois admettre que ma nation natale a beaucoup à offrir à sa population, la population n’est pas pauvre et disparate comme ici en République. Étant né Reikois cela donne de nombreux avantages dont les institutions rigoureuses avec une discipline stricte.
— Je suis devenu mercenaire car c’est bien la seule chose que peut m’offrir la République pour l’instant. D’autant que je suis devenu un pouilleux au fil du temps. J’ai tout perdu. Fortune. Gloire. Je ne suis plus que l’ombre de ce que j’étais. Voilà pourquoi je souhaite utiliser ma force pour des services rentables, et non pas servir de majordome aux vieilles gourgandines.
Je passe le savon sur toutes les parties de mon corps, essayant également de me frotter le dos du mieux que je puisse pour virer toutes les saletés. Je vois la crasse comme un poison, cela me dégoûte. Je me tourne vers le jeune homme imberbe tandis que je nettoie mon arrière-train ainsi que la continuité de mon appendice dorsal. Avec le temps, j’ai appris à me satisfaire des petites choses de la vie.
— Une question me taraude. Si vous m’amenez ici, c’est pour une autre raison que de me faire faire prendre un bain, n’est-ce pas ? Pourrais-je au moins avoir votre nom, homme de loi ?
Dans un coin reculé près d’une ruelle délabrée, une porte en bois nous sépare d’une petite auberge de quartier qui ne paie pas de mine. La dame me dédaigne du regard en se pinçant le nez, tandis qu’elle m'emmène dans l’arrière de la boutique. Cette taverne miteuse n’a pas un chat, à vrai dire, les clients sont plus à même de venir le soir. L’homme s’installe sur un banc tandis que la tenancière me prépare tout ce dont j’ai besoin : un bain. Elle prépare un feu dans l’âtre, referme la porte et nous laisse en tête à tête. Je ne connais nullement ce gars et j’ai une étrange sensation d’être mis à nu. Ce qui n’est d’ailleurs pas qu’une sensation, puisque je me précipite vite fait bien fait dans cette eau plus ou moins ragoutante après m’être déshabillé. Je n’ai plus vraiment d’honneur alors cela ne me dérange pas qu’un gaillard voit mon corps dénudé. De plus, je ne suis pas si mal à regarder ! Un savon est entreposé à côté de la baignoire en bois et je commence à me savonner de toute part. J’écoute à moitié l’homme assis, tandis que je plonge ma tête dans l’eau tiède, savourant ce moment avec une joie immense.
— Alors, mon brave. Comme vous le savez, je suis un drakyn. Ashani. Je suis un habitant du Reike, j’ai appris à me battre très jeune.
Depuis son enfance, mon géniteur m’a toujours donné des coups. J’ai pu apprendre à devenir endurant, d’une certaine manière. J’ai vécu beaucoup d’années dans la solitude, la merde et la crasse, alors ce que je vis ici à la République reste toujours mieux que ce que je vivais lorsque j’étais enfant. Même si cela tâche mon moral de sombres idées, je souhaite sortir de ce trou à rats et me développer. J’ai vaincu mon père, j’ai détruit mon passé, il ne reste plus que l’avenir qui se dresse fièrement devant moi. Je continue sur ma lancée tandis que je lave mes cornes avec soin, ainsi que ma belle crinière blanche qui gondole en cascade dans mon dos. Ma redevient aussi douce et blanche qu’au premier jour. Même la terre sous mes ongles disparaît en frottant vigoureusement le savon dessus. J’ai la nette sensation de redevenir celui que j’étais avant, le véritable Ashani, celui aux goûts prononcés pour la lecture, les jeux et le vol.
— Le service militaire reikois est très discipliné, on y apprend les bases de l’écriture, de la lecture mais aussi des combats rapprochés ainsi que de quelques stratégies militaires. Sans oublier l’apprentissage des chiffres et des mathématiques, il ne faut pas croire que tous les reikois sont des bruts sans cervelle. Au contraire, le Reike a une force extraordinaire sur maints sujets.
Je dois admettre que ma nation natale a beaucoup à offrir à sa population, la population n’est pas pauvre et disparate comme ici en République. Étant né Reikois cela donne de nombreux avantages dont les institutions rigoureuses avec une discipline stricte.
— Je suis devenu mercenaire car c’est bien la seule chose que peut m’offrir la République pour l’instant. D’autant que je suis devenu un pouilleux au fil du temps. J’ai tout perdu. Fortune. Gloire. Je ne suis plus que l’ombre de ce que j’étais. Voilà pourquoi je souhaite utiliser ma force pour des services rentables, et non pas servir de majordome aux vieilles gourgandines.
Je passe le savon sur toutes les parties de mon corps, essayant également de me frotter le dos du mieux que je puisse pour virer toutes les saletés. Je vois la crasse comme un poison, cela me dégoûte. Je me tourne vers le jeune homme imberbe tandis que je nettoie mon arrière-train ainsi que la continuité de mon appendice dorsal. Avec le temps, j’ai appris à me satisfaire des petites choses de la vie.
— Une question me taraude. Si vous m’amenez ici, c’est pour une autre raison que de me faire faire prendre un bain, n’est-ce pas ? Pourrais-je au moins avoir votre nom, homme de loi ?
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Il commence à se laver, et j'éprouve surtout du soulagement. J'en profite pour mater sa musculature, bien développée. Pas de doute, les drakyns sont des bourrins, et Ashani ne déroge pas à la règle. J'commence déjà à calculer. Un bestiau pareil, pour peu qu'il y mette un peu de bonne volonté, ça doit abattre du boulot et du sagouin. J'le laisse s'exprimer en mangeant ma pomme, méthodiquement.
« Ouais, l'école militaire reikoise. J'en ai pas mal entendu parler : arts de la guerre et des lettres, mathématiques, toutes ces conneries. Et magie appliquée, évidemment, comme ce qu'on pourrait retrouver à l'académie magique chez nous, la République. On a p'tet des cursus un peu plus étendus que les vôtres, mais j'en sais trop rien, à la vérité. »
Faut juste m'expliquer pourquoi tous les reikois que j'crois sont des putain de bourrins, du coup, s'ils sont si bien éduqués. Mais l'école leur sert aussi d'outil de propagande : y'a qu'à voir comme ils filent tous droit et tremblent dès qu'on parle du couple impérial, à deux doigts de s'agenouiller par terre en pleine rue en direction de leur capitale, sûrement des huttes en merde séchée.
Reste qu'ils se sont coltinés les titans, et ça, je leur en serai toujours reconnaissant : ça m'a évité d'aller au casse-pipe.
« Si le Reike a autant à offrir et la République si peu à part un boulot de mercenaire, pourquoi venir ici ? Hm ? »
Ca sent les déboire avec la justice, ça, ou une sombre histoire familiale d'honneur baffoué. En tout cas, pour autant vendre le Reike sans la moindre estime pour la République, j'préfère creuser avant d'avoir un espion dans les pattes, ou un ingrat qui se barrera à la première occasion.
Nan pasque lui comme espion, soit c'est le meilleur acteur de notre génération, soit j'perds mon toucher. Déjà, personne accepterait de dauber autant, même pour un simple rôle.
« Et du coup, c'est quoi le plan ? Utiliser les capacités martiales pour faire des p'tits boulots le temps de se renflouer, d'acheter des fringues et un baquet d'eau chaude de temps en temps ? Et après ? T'as p'tet pas réfléchi aussi loin, remarque. L'urgence et le dénuement ont tendance à légèrement rétrécir les perspectives d'avenir. »
Difficile de lui en vouloir, pour le coup, mais c'est bien ce qui fait que tous les clodos sortent pas de leur fange et se contentent d'y replonger fissa. Moi, tant qu'il rentre sa première mission, après, j'm'en cogne bien, mais ça serait pas bon pour la réputation que j'veux entretenir, si j'me mets à présenter des branques.
Il arrête enfin de s'intéresser à son petit nombril, particulièrement sale, pour se rendre compte que j'ai des objectifs et des motivations, et que ce sont clairement pas d'être un bon samaritain.
« On va commencer par le plus simple. J'm'appelle Pancrace, j'suis Officier Républicain. Généralement, j'suis plutôt à Courage, mais ça m'arrive fréquemment de faire des déplacements. Politique des officiers, travailler ensemble, esprit d'équipe, toutes ces conneries. Pour ça que j'étais avec le jeunot quand on t'a appréhendé. »
Depuis le temps, il reste que le trognon, soigneusement poli, que j'pose sur le banc à côté de moi. J'm'essuie la bouche avec la manche de mon uniforme avant d'étirer les bras au-dessus de la tête. La chaleur du feu et de l'eau m'rend un peu plus détendu.
« Comme t'as pu le constater, j'suis pas vraiment habité par la vocation. Mais faut bien bosser pour bouffer, et on n'est pas ici juste pour se faire chier, donc j'fais ce qu'il faut pour. Prendre un bain, c'est juste une première étape avant d'embrayer sur la suite. Et pour être honnête, le but, c'est des pièces sonnantes et trébuchantes. T'vas vite comprendre. »
Enfin j'espère, pasque sinon, tout le laïus comme quoi le Reike est un endroit éminemment cultivé va prendre du plomb dans l'aile.
« La vraie question, c'est à quel point t'es souple... Non, pas comme ça, pas physiquement, me montre pas. J'parle plutôt moralement. Tu parles d'être mercenaire, et j'sais pas comment c'est dans l'Empire, si tout le monde est dans l'armée impériale, mais les mercenaires, faut être con pour croire qu'ils jouent jamais avec la légalité. Oh, bien sûr, ça dépend des compagnies, hein. Mais, sans vouloir te faire de la peine, t'as aucune chance d'entrer dans une bande prestigieuse et renommée avec ta dégaine et ton passif... en tout cas, renommée pour les bonnes raisons. »
Pasque des troupes qui valent à peine mieux que des coupe-jarrets, ça se trouve, et même eux, j'sais pas s'ils voudront de lui.
« Tu parlais d'honneur et de gloire. Si c'est ça que tu cherches, vaut p'tet mieux qu'on s'arrête là, j'arriverai jamais à tirer les bonnes ficelles. Si tu veux plutôt taper le pactole, et que t'es... adaptable... Là, y'aura moyen. »
C'est là que j'vais savoir si l'investissement va payer ou non.
Invité
Invité
Mon regard se pose dans le vide à la question du pourquoi je suis venu en République. Un silence s’installe avec le clapotis de l’eau qui dégouline de mes cornes et de mes cheveux emmêlés. Comme il l’annonce, faire du travail de mercenaire va m’apporter de quoi survivre, le temps que je trouve mieux pour la suite. Le dénommé Pancrace parle d’une manière très pleutre, limite tel un paysan sorti du trou du cul de sa cambrousse pour trouver un meilleur poste. Ainsi, il finit par obtenir plus de gain que simplement vendre du blé ou du cochon sur le marché. Son petit air de fouine m’interpelle et comme il le dit si bien, officier ou non, tout ce qui l’intéresse c’est l’appât du gain. Il évoque un point qui réveille en moi une sombre pulsion, celle de ne pas trouver chaussure à mon pied avec un tel attirail. Je regarde les vêtements crades qui sont sur le sol, toise le gars du regard et les trempe en frottant comme un dingue avec du savon dessus. J’en ai ma claque de la saleté, de vivre comme un putois que tout le monde rechigne à saluer d’un revers de main.
Je suis fatigué, écœuré et par-dessus tout, je souhaite reprendre ma vie en main et ne plus me laisser dévorer par la boue et les odeurs de pisse qui bordent les petites ruelles des bas quartiers. Je vaux bien plus que ça, je suis plus que ça. Après avoir frénétiquement frotté le savon sur moi et mes vêtements, je ressors de l’eau et me sens légèrement mieux. L’eau est d’une couleur marron immonde et l’odeur qui s’en dégage rappelle les caniveaux. Dans cette eau dégueulasse, gît une médiocrité que je souhaite laisser derrière moi. Mon regard verdâtre se tourne vers le beau brun. J’avance d’un pas décisif et frappe à côté de la tête du type, déployant ainsi ma force brute. Mon visage à quelques centimètres du sien, je lui lâche un sourire carnassier et murmure à son oreille :
— Vous avez frappé à la bonne porte, mon cher officier. Je n’ai plus rien à perdre.
Des bruits de pas accourent jusqu’à nous, la porte s’ouvre avec fracas et la tenancière commence à agiter des torchons dans tous les sens en rouspétant. Son regard se dirige alors vers moi et Pancrace, celle-ci s’arrête net en hoquetant, ayant du mal à déglutir et énoncer le moindre mot. Un silence pesant s’ensuivit, son teint déjà rougit devint alors cramoisi quand elle regarda plus bas. Les vêtements qui, pour le coup, sentent le savon et revêtent toujours de la crasse sont toujours sur le sol. Tout sourire, je lui demande poliment :
— Pourriez-vous m’apporter de quoi me vêtir, je vous prie ? Ne vous inquiétez pas pour les réparations, je me chargerai de vous rembourser une fois l'affaire en poche.
Elle secoue la tête et retourne doucement en arrière, refermant la porte derrière elle. Je me contrefiche de ce que cette tenancière peut penser. Pour l’instant, celui qui va peut-être m’aider dans cette misérable existence n’est autre que le jeune Pancrace. Je me relève avec un large sourire, les iris fendus comme l'œil d’un félin prêt à bondir sur sa proie et lui montre les énormes griffes.
— Parlez-moi de ce … contrat. Je suis toute ouïe.
La tenancière revint très rapidement m’apporter une tunique en lin, ainsi qu’un pantalon légèrement décousu mais cela conviendra parfaitement le temps que mes effets personnels sèchent. La tenancière a tout de même vociféré en me tendant les affaires, ce qui ne me surprend guère. Tandis qu’elle repart en nous laissant seuls, je songe à ce qu’elle dira vis-à-vis de l’officier. Je ne suis peut-être pas un modèle de société, toutefois, je reste loyal envers mes idéaux et lorsque je dis quelque chose, je m’exécute. Me sentant plus en forme, plus vivant et moins sale, je découvre un autre moi un peu plus fringuant.
Je suis fatigué, écœuré et par-dessus tout, je souhaite reprendre ma vie en main et ne plus me laisser dévorer par la boue et les odeurs de pisse qui bordent les petites ruelles des bas quartiers. Je vaux bien plus que ça, je suis plus que ça. Après avoir frénétiquement frotté le savon sur moi et mes vêtements, je ressors de l’eau et me sens légèrement mieux. L’eau est d’une couleur marron immonde et l’odeur qui s’en dégage rappelle les caniveaux. Dans cette eau dégueulasse, gît une médiocrité que je souhaite laisser derrière moi. Mon regard verdâtre se tourne vers le beau brun. J’avance d’un pas décisif et frappe à côté de la tête du type, déployant ainsi ma force brute. Mon visage à quelques centimètres du sien, je lui lâche un sourire carnassier et murmure à son oreille :
— Vous avez frappé à la bonne porte, mon cher officier. Je n’ai plus rien à perdre.
Des bruits de pas accourent jusqu’à nous, la porte s’ouvre avec fracas et la tenancière commence à agiter des torchons dans tous les sens en rouspétant. Son regard se dirige alors vers moi et Pancrace, celle-ci s’arrête net en hoquetant, ayant du mal à déglutir et énoncer le moindre mot. Un silence pesant s’ensuivit, son teint déjà rougit devint alors cramoisi quand elle regarda plus bas. Les vêtements qui, pour le coup, sentent le savon et revêtent toujours de la crasse sont toujours sur le sol. Tout sourire, je lui demande poliment :
— Pourriez-vous m’apporter de quoi me vêtir, je vous prie ? Ne vous inquiétez pas pour les réparations, je me chargerai de vous rembourser une fois l'affaire en poche.
Elle secoue la tête et retourne doucement en arrière, refermant la porte derrière elle. Je me contrefiche de ce que cette tenancière peut penser. Pour l’instant, celui qui va peut-être m’aider dans cette misérable existence n’est autre que le jeune Pancrace. Je me relève avec un large sourire, les iris fendus comme l'œil d’un félin prêt à bondir sur sa proie et lui montre les énormes griffes.
- Spoiler:
— Parlez-moi de ce … contrat. Je suis toute ouïe.
La tenancière revint très rapidement m’apporter une tunique en lin, ainsi qu’un pantalon légèrement décousu mais cela conviendra parfaitement le temps que mes effets personnels sèchent. La tenancière a tout de même vociféré en me tendant les affaires, ce qui ne me surprend guère. Tandis qu’elle repart en nous laissant seuls, je songe à ce qu’elle dira vis-à-vis de l’officier. Je ne suis peut-être pas un modèle de société, toutefois, je reste loyal envers mes idéaux et lorsque je dis quelque chose, je m’exécute. Me sentant plus en forme, plus vivant et moins sale, je découvre un autre moi un peu plus fringuant.
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Pancrace Dosian
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J’tressaille à peine quand l’ex-crado rapproche son visage du mien pour montrer sa détermination. J’suis même plutôt soulagé qu’il en ait un peu dans le froc… au senc figuré, évidemment, et qu’il soit pas juste un chien battu par les circonstances. Ça, j’en aurais pas trop eu l’utilité, même si le plan, c’est de le bazarder dans les pattes de quelqu’un d’autre. J’m’accorde même un rictus bravache alors qu’il me dégouline dessus. Sans sous-entendu aucun.
L’interruption furtive de la tenancière est rapidement soldée, et j’sais que j’suis bon pour avancer la thune à nouveau, mais j’ai davantage l’impression que j’vais pas y perdre, ce coup-ci. C’est fou, ce que ne plus dauber à en réveiller les morts, ça peut faire à un homme ou un drakyn. Tout d’un coup, on sort du gars à qui on filerait pas une pièce, juste un coup de pied pour qu’il arrête de boucher la ruelle, à un fier mercenaire prêt à en découdre. En tout cas, il ressemble à quelque chose de pas trop mal, sapé, donc y’a plus qu’à.
Enfin, ça reste à prouver.
« C’bien, d’être motivé. Viens, j’vais t’expliquer sur le chemin. »
On ressort, et j’me rends compte qu’il lui a fallu du temps pour se décrasser. On n’avait pas forcément une heure de rendez-vous, mais j’voudrais bien passer à autre chose, genre aller me pieuter et préparer la route que j’dois me recoltiner, sans compter un peu de paperasse à achever ici avant de me rentrer. Mais le bon p’tit soleil fait du bien, et les gens se poussent relativement aimablement malgré la foule quotidienne qui cherche à circuler et à haranguer pour vendre.
« Faut s’dire que le contrat, c’est davantage un test, une mise à l’épreuve, tu vois ? Personne veut investir sur un cheval boîteux, moi le premier, et c’est le cas de tes futurs employeurs aussi. Comme t’as dit que t’étais motivé pour remonter la pente financièrement, on va aller direct’ au plus risqué. Les autres options étaient un peu plan-plan, rien de bien fameux, mais ça t’aurait p’tet mis à l’abri quelques semaines, si tu cannais pas dans une échaffourée quelconque. »
J’crache dans le caniveau. On y reviendra p’tet, après tout, si ça se passe mal, là.
« Des compagnies de mercenaires, genre plutôt petites, des traînes-savates de Shoumeï ou des inadaptés d’ici. Pas incroyable, comme j’disais. Les Bagarreurs Pourpres et le Cygne d’Argent. »
Le Cygne d’Argent, c’est un crétin qui se prend pas pour de la merde, vu qu’il a filé le surnom qu’il s’est auto-attribué à sa compagnie franche. Derrière un mince vernis un peu craquelé, c’est globalement qu’une brute sanguinaire et pas très maligne, mais personne a encore réussi à le prendre sur le fait, donc il continue à faire affaires. Les Bagarreurs, c’était une bande officielle de Shoumeï dont j’suis à peu près sûr qu’ils s’adonnaient régulièrement au brigandage les mois de disette, et qui tente de se donner une meilleur image ici. Mais c’est le loup dans la bergerie, m’est avis, donc y’a des chances qu’un beau jour, ils dérapent et finissent par bouffer les pissenlits par la racine.
« Tu te renseigneras si tu veux, à l’occasion, mais là, on se dirige plutôt au Béhémoth. Le nom est un peu ronflant, surtout quand on les connaît, mais il faut ce qu’il faut, et il paraît que leur chef démérite pas totalement de ce point de vue-là. J’le connais pas personnellement, juste été mis en contact avec un de ses lieutenants. »
Les rues s’enchaînent jusqu’à une taverne près des portes de la ville, et j’sais que de l’autre côté, y’a pas mal de campements de caravaniers et autres mercenaires. Du coup, c’est pas déconnant pour les chefs de crécher à côté. On entre, et j’vois la table qui nous attend, en train de tranquillement jouer aux dés pour passer le temps en attendant le prochain contrat. J’fais un signe de la main, et on nous dit qu’on peut venir, donc j’attrape un tabouret du bout du pied, et j’m’assieds en face du rouquin au visage sec comme un coup de trique, tout en muscles filandreux, qui commende l’assemblée.
« Salut, Vianney. Pancrace Dosian, Télo a dû te parler de moi.
- Enchanté, Pancrace. Oui, il m’a dit que tu avais peut-être une bonne recrue à nous présenter. »
Du pouce, j’montre Ashani.
« Le v’là. J’le laisse se présenter et faire connaissance ou ami-ami. »
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Les Bagarreurs Pourpres ainsi que le Cygne d'Argent sont des noms qui ne m'évoquent rien. Pancrace compte m'envoyer au plus gros poisson, ce qui n'est pas pour me déplaire puisque j'aurai très certainement fait la même chose. Filant à travers la ville, nous entamons un petit périple en direction de l'entrée principale de Liberty. L'endroit est bondé de monde, on y circule moins bien et la cacophonie y est insupportable. Certains voyageurs nous jettent un coup d'œil indiscret, d'autres nous bousculent alors que nous essayons de nous frayer un chemin vers la taverne. Liberty est une ville ayant son lot de voyageurs, de citadins et d'immigrés qui ne cessent d'affluer en provenance des terres de Shoumei ou du Reike. La guerre des titans aura fait d'innombrables victimes et traumatisée bon nombre d'individus. Bien que nous soyons en automne, la chaleur du soleil réchauffe nos visages et la brise emporte avec elle les odeurs corporels des aventuriers aguerris ainsi que celle en provenance de la taverne. L'odeur de la bière s'imprègne dans mes narines et lorsque nous passons le pas de la porte du bâtiment, je découvre un décor rustique avec d'innombrables tables recouvertes de jeux ou de pintes. Pancrace se dirige vers un homme assez massif, entouré par un groupe d'individu à l'air bagarreur et enjoué. Je me demande si l'officier républicain a réellement un pas dans un univers qui le dépasse. Dois-je lui faire confiance ou est-ce seulement un piège ? La mine renfrognée, je reste debout à ses côtés tandis qu'il débute la conversation avec le dénommé Vianney. Mon regard va de Pancrace à Vianney, ainsi qu'aux hommes qui l'entourent. Je ne saurai dire pourquoi mais quelque chose au fond de moi me dit que ces types sont louches, ce qui est souvent le cas lorsqu'on entre un pied dans un réseau rempli de magouilleurs, de vauriens et de salauds prêts à vous trancher la gorge pour une poignée d'or. Ceux là semble faire partie de la bleusaille, des types farouches avec pour seule envie celle de trouver un butin à croquer sous la dent. Restant impassible, je garde en tête le visage de ces hommes et entame la discussion d'une voix grave :
— Ashani. Je suis là pour du boulot. Il parait que vous en avez.
— Ah ! Un type qui va droit au but, ça me plait ! Rapprochez-vous.
Prenant une chaise à côté de Pancrace, posant mes bras sur la table, je tends l'oreille en baissant légèrement ma tête pour rester concentré sur la conversation. Vianney nous regarde d'un air mauvais, son sourire est narquois et dans un geste nous montre une carte qu'il expose sur la table. Ses doigts boudinés et sales nous indiquent un chemin, menant jusqu'au bas quartier près d'une vieille cordonnerie désaffectée. Le lieu est rarement inspecté par les forces de l'ordre républicaine, cet endroit regorge de coupe-jarrets et les vols y sont fréquents. Pourtant, ce n'est pas là le but principal de cette mission. Le rouquin nous assure qu'il y a un colis de contrebande à surveiller et que certains de ces hommes viendront le récupérer un peu plus tard dans la nuit. Personne ne devra s'en approcher.
— Comment savoir si ce sont bien vos hommes qui viendront intercepter le colis ?
Vianney s'adosse à sa chaise, me toise du regard et émet un râle avant de cracher sur le sol. Il pose ses doigts crasseux sous sa barbiche et nous dédaigne ce même regard mauvais avant d'effectuer un large sourire montrant des dents noircies. Il sort de sous son plastron de cuir une espèce de bâton entouré par un tissu rouge. Cet objet sera l'indice permettant de laisser les hommes du rouquin s'aventurer dans la cordonnerie et de récupérer le butin. Ce travail n'a pourtant pas l'air bien difficile, quelque chose me parait louche.
— Vous me paraissez assez nombreux pour pouvoir le surveiller, pourquoi nous envoyer et non pas l'un de vous ?
Vianney fronce les sourcils, agacé et se lève en posant ses deux mains sur la table. Il rapproche son visage du mien, son haleine fétide pue la bière et ses vêtements sont imprégnés d'une odeur corporelle forte. Il sort de sa besace une petite boîte en métal et en sort un petit cigare, déploie une magie qui allume une braise au bout de celui-ci et prend une grande inspiration. Puis il me souffle la fumée de son cigare dans la gueule, ce qui me met presque la larme à l'œil et je me retiens de tousser. Décidément, ce genre de produits n'est vraiment pas ce que je préfère.
— Vous êtes là pour du boulot, c'est du boulot que je vous donne. A prendre ... ou a laisser.
Je détourne mon regard vers Pancrace, cherchant à connaître le fond de sa pensée mais ce type est comme le reste, un républicain qui cherche seulement à se faire de l'argent. Je n'ai nul autre choix. J'acquiesce en direction de Vianney, il s'affale dans sa chaise en bois avant de croiser les bras et nous tend la carte.
— On va mettre tout ça en place dès ce soir. Dirigez-vous vers la vieille cordonnerie, vous y resterez toute la nuit s'il faut mais que personne ne s'en approche, tant que ce ne sont pas mes hommes.
— Ashani. Je suis là pour du boulot. Il parait que vous en avez.
— Ah ! Un type qui va droit au but, ça me plait ! Rapprochez-vous.
Prenant une chaise à côté de Pancrace, posant mes bras sur la table, je tends l'oreille en baissant légèrement ma tête pour rester concentré sur la conversation. Vianney nous regarde d'un air mauvais, son sourire est narquois et dans un geste nous montre une carte qu'il expose sur la table. Ses doigts boudinés et sales nous indiquent un chemin, menant jusqu'au bas quartier près d'une vieille cordonnerie désaffectée. Le lieu est rarement inspecté par les forces de l'ordre républicaine, cet endroit regorge de coupe-jarrets et les vols y sont fréquents. Pourtant, ce n'est pas là le but principal de cette mission. Le rouquin nous assure qu'il y a un colis de contrebande à surveiller et que certains de ces hommes viendront le récupérer un peu plus tard dans la nuit. Personne ne devra s'en approcher.
— Comment savoir si ce sont bien vos hommes qui viendront intercepter le colis ?
Vianney s'adosse à sa chaise, me toise du regard et émet un râle avant de cracher sur le sol. Il pose ses doigts crasseux sous sa barbiche et nous dédaigne ce même regard mauvais avant d'effectuer un large sourire montrant des dents noircies. Il sort de sous son plastron de cuir une espèce de bâton entouré par un tissu rouge. Cet objet sera l'indice permettant de laisser les hommes du rouquin s'aventurer dans la cordonnerie et de récupérer le butin. Ce travail n'a pourtant pas l'air bien difficile, quelque chose me parait louche.
— Vous me paraissez assez nombreux pour pouvoir le surveiller, pourquoi nous envoyer et non pas l'un de vous ?
Vianney fronce les sourcils, agacé et se lève en posant ses deux mains sur la table. Il rapproche son visage du mien, son haleine fétide pue la bière et ses vêtements sont imprégnés d'une odeur corporelle forte. Il sort de sa besace une petite boîte en métal et en sort un petit cigare, déploie une magie qui allume une braise au bout de celui-ci et prend une grande inspiration. Puis il me souffle la fumée de son cigare dans la gueule, ce qui me met presque la larme à l'œil et je me retiens de tousser. Décidément, ce genre de produits n'est vraiment pas ce que je préfère.
— Vous êtes là pour du boulot, c'est du boulot que je vous donne. A prendre ... ou a laisser.
Je détourne mon regard vers Pancrace, cherchant à connaître le fond de sa pensée mais ce type est comme le reste, un républicain qui cherche seulement à se faire de l'argent. Je n'ai nul autre choix. J'acquiesce en direction de Vianney, il s'affale dans sa chaise en bois avant de croiser les bras et nous tend la carte.
— On va mettre tout ça en place dès ce soir. Dirigez-vous vers la vieille cordonnerie, vous y resterez toute la nuit s'il faut mais que personne ne s'en approche, tant que ce ne sont pas mes hommes.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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J’sais pas trop par quelle magie obscure j’me retrouve à devoir faire la mission avec Ashani. Si je hoche la tête poliment, avec un sourire carnassier quand il faut histoire de signifier ma motivation et ma joie à l’idée de faire ça, y’a juste un truc qui me travaille : moi, j’étais juste là pour livrer un gros colis musculeux, pas pour bosser pour les contacts. J’vais pour ouvrir ma gueule, mais j’décide plutôt de la fermer. Vrai que je les connais pas plus que ça, et si le jeu des contacts entremêlés fait qu’on fait affaire, de leur point de vue, j’suppose que j’ai aussi quelque chose à prouver.
J’réfléchis quand même, à tout hasard, à si j’aurais pas coffré un de ces connards, ou leurs potes, à l’occaz, et qu’ils en profiteraient pas pour régler leurs comptes cette nuit plutôt qu’en plein jour, dans une taverne de la ville, encore que c’est tellement miteux que ça m’étonnerait beaucoup que les patrouilles des officiers républicains passent souvent dans le coin. Genre, ça semble être les endroits où on vient pas trop à moins d’une dizaine, histoire d’assurer le coup, quoi. Sauf si on connaît bien les gens et les habitants.
Important de noter qu’ils sont parfois différents.
Dans tous les cas, j’suis à peu près sûr qu’on croisera pas de collègues là où ils nous envoient : y’a pas grand-chose aux alentours et le bouzin oscille sans parvenir à se décider entre le moisi et le carrément glauque. Au point que même les criminels ont pas forcément envie d’y mettre les pieds, et on les comprend. C’est que si on veut se donner une image un peu bonne, on évite les coins à clodos, ça fait pas sérieux.
Pas de raison de s’éterniser, donc avec un signe de tête partagé, on ressort pour aller se poser dans un parc, à une trentaine de minutes de là où on était. Le soleil perce un peu, donc il caille moins, mais nos humeurs sont moroses, on dirait. On espérait pas trop ça, mais du coup, j’me dis qu’il faut que je remonte un peu le moral à ma prime.
« Hé, bon, certes, j’pensais pas que ça se passerait comme ça. Faut juste faire gaffe à ce qu’ils nous fassent pas trop bosser à l’œil. Ma côte est moins bonne que prévue, mais la sortie devrait être pas mal. Tiens, attrape-ça, ça servira toujours. Il s’appelle reviens. »
J’passe un de mes couteaux, le plus gros, à mon drakyn préféré, en espérant que ça ressemble pas à un cure-dent dans ses pognes énormes. Sinon, il aura qu’à casser la branche d’un arbre et s’en servir comme massue, ou ramasser un pavé ou un moellon, j’en sais rien. Il se démerdera bien, c’est son boulot, après tout, de ce qu’il dit.
Ou p’tet qu’il fait partie de ses tarés qui arrachent les crânes à mains nues, allez savoir, avec les reikois.
****
Quelques heures plus tard, on a mangé un bout sur le pouce, et on est dans la bâtisse décatie et abandonnée, avec le colis posé entre nous deux, par terre. J’suis assis sur les restes d’une caisse en bois, et j’me demande si l’odeur des produits utilisés pour traiter le cuir va s’imprégner dans mes sapes et si j’vais dauber la mort demain matin. C’est un coup à me faire charrier, ça.
Devant moi, Ashani fait les cent pas, en jetant des coups d’œil réguliers par la porte et la fenêtre. Ça les fera pas arriver plus vite, si tant est qu’ils se pointent, parce qu’ils ont déjà une heure de retard. Au point que j’me demande si, d’une, y’a quelque chose d’autre dans le colis que des lingots de fer vu comme il pèse un âne mort, et d’autre part s’ils comptent bien venir.
Evidemment, les pires possibilités, c’est qu’il s’agisse d’un piège, où que ce soit réellement précieux et qu’en réalité, ils se sont faits prendre en embuscade par des gens qui veulent récupérer le bidule. Du coup, ça me rend aussi diablement curieux de savoir ce qu’il y a dedans, mais j’résiste à la tentation de l’ouvrir. C’est juste l’assurance de se retrouver au fond du port quelques heures ou jours plus tard, les criminels ayant la réputation d’être assez rancuniers. Et même si j’crèche pas à Liberty, je viens un brin trop souvent pour vouloir me mettre des gus à dos.
J’suis tiré de mes pensées par une troupe qui se radine, et nous adresse un signe de la main en s’amassant devant la porte. J’reconnais personne de la taverne, mais c’est pas réellement surprenant.
« J’suis là pour faire du soutien psychologique, donc j’te laisse mener la barque, que j’souffle à Ashani. »
J’me contente de surveiller la fenêtre sans carreaux, des fois que quelqu’un veuille entrer par derrière, et la magie est prête, au cas où, pour assurer le coup.
Bordel, qu’est-ce qu’on ferait pas pour rendre service, hein.
Invité
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L'après-midi s'est déroulé sans encombre, nous avons profités d'un moment seul à seul, mangeant quelques boustifailles, ce qui eu pour effet de me donner encore plus la dalle. Je me rends compte de ce ce que je suis, un homme des rues qui a fini par se greffer auprès d'un officieux peu scrupuleux. Nous échangeons et nous nous pavanons dans les rues, il m'offre un petit coutelas le temps de notre escale. L'attente est longue, nous explorons un peu les recoins et avançons de jour vers le lieu prédestiné. Avouons-le, le terrain est dégueulasse et pourrit. Les mendiantes aux cheveux dégarnis tentent de vendre leur corps contre quelques pièces, des chiens errants se battent pour un bout de rat à moitié décomposé et une odeur rance de pisse et de vomis nous pend au nez. Nous finissons par repérer la vieille cordonnerie, sa façade est couverte de ronces, la plupart des vitres n'ont plus de carreau et nous remarquons d'énormes trous dans le toit. L'ensemble du bâtiment fait froid dans le dos, qui pourrait croire qu'à Liberty, il puisse y avoir ce genre de quartier ? Il fallait s'en douter, les villes de prestiges n'en ont que le nom et cachent bien souvent la misère qui va avec l'état. Nous sommes assez éloignés du centre-ville, il s'agirait des quartiers laissés à l'abandon car trop désuets. Nous faisons vite fait le tour et n'y voyons rien de particulier, peu de passage à voir le terrain. Le coin me met quelque peu mal à l'aise, je préfère y revenir plus tard avec Pancrace.
Lorsque le crépuscule apparaît, nous nous mettons en place dans la vieille cordonnerie. Arrivés devant les portes en bois rongée par les mites, nous inspectons les moindres recoins et vérifions que personne n'est à l'intérieur de la bâtisse. L'endroit sent le renfermé et quelques pièces sont déplorables, remplies de détritus ou de quelques rats qui se faufilent entre un vieux bouquin à la couverture en cuir moisi, et du journal jaunit. Liberty nous cache bien des choses, et elle n'approuve certainement pas les individus dans notre genre. Je regarde Pancrace qui jette un coup d'œil de dégoût vers une espèce de stocks de chaussures déformées et rapiécées. Finalement, il n'y a rien d'anormal dans les environs, et même l'étage est branlant. Il vaut mieux rester près du colis en attendant que le groupe qui nous a commanditées intervienne. Nous nous installons, Pancrace s'asseyant sur des caisses de bois tandis que j'inspecte l'étrange paquet posé à nos pieds.
La nuit est silencieuse, tournoyant en long et en large devant l'entrée du bâtiment à l'abandon, nous sommes encore dans l'attente du groupe arriviste. Des amas de détritus et de poussière envahissent l'atmosphère, Pancrace semble serein tandis que je commence à tourner en rond. La lune est bien haute dans le ciel nocturne, mon avis est qu'ils ne tarderont très certainement pas. Toutefois, quelque chose cloche et je ne saurai dire ce qu'il se trame. J'ai toujours détesté les gens en retard, lorsqu'on donne un horaire, il est important de le respecter. Ou bien, n'était-ce là qu'une pathétique histoire pour nous faire perdre notre temps. Je peste contre les mercenaires de tout à l'heure. M'approchant de Pancrace, je commence à prendre une grande inspiration pour lui donner mon ressenti sur la situation quand soudain, nous entendons des bruits de pas en provenance de l'extérieur. La porte du bâtiment entrouverte, un groupe rentre comme si de rien n'était et nous salue d'un revers de main. Le républicain me murmure de prendre les devants. L'un des hommes du groupe s'avance, un type à la carrure filiforme, mais bien musclé, il est doté d'un plastron en cuir clouté avec une bande de métal pour protégé son thorax. Quelques lanières de cuirs pendouillent de sa besace maintenue à son ceinturon, il doit faire ma taille et surtout, un tissu masque son visage. Seul ses yeux sont visibles avec des sourcils broussailleux et noirs, une longue crinière en queue de cheval. Il dégage quelque chose d'étrange cet homme, comme une aura menaçante et bien plus malveillante que Vianney. Il ne dit rien et montre seulement le paquet puis ouvre sa main.
— Et le signal ? Dis-je d'un ton grave.
L'homme nous toise et ses sourcils se froncent davantage. Il ne dit rien, fait simplement un signe de tête vers le côté en jetant un regard en arrière, ses quatre hommes s'avancent avec une main sur leur pommeau. Ce n'est très certainement pas le groupe de Vianney.
— Pancrace, ce ne sont pas eux.
L'homme fait un simple claquement de doigts et deux de ses hommes m'assaillent tandis que deux autres acculent Pancrace. Avec ma force surhumaine, je prends le paquet qui pèse bien plus lourd que la moyenne et me précipite vers l'arrière du bâtiment. Mes deux assaillants me chargent d'un bond, se trouvant avec une facilité déconcertante devant moi. Ils m'arrêtent dans mon parcours, l'un d'eux me collent un coup-de-poing en pleine figure avec une telle puissance que je recule tel un boulet de canon vers la porte d'entrée, qui explose en morceaux dans un véritable boucan. Le paquet toujours dans ma main, je ne lâche pas prise et tente de me relever. Pancrace ? Je dois aller le sauver, il ne peut pas rester entouré de ces connards. Au moment où je tente de me relever, je vois le gaillard aux cheveux noirs se téléporter devant moi. Je lève les yeux vers son visage et l'homme pose alors un doigt sur mon front. Je sens mon esprit s'envoler, entravé et j'ai l'impression de devenir quelqu'un d'autre. Comme embrumé, j'entends la voix de l'homme me susurrer des mots.
— Amène-moi ton ami.
Mon corps se lève, mon esprit toujours embrumé et je me sens partir en direction de Pancrace. Il s'en était plutôt bien sorti et à vrai dire, les quatre gugusses jouaient avec lui. L'homme aux cheveux d'ébène nous regarde à distance, tandis que je développe mes muscles, griffes aiguisées et saute d'un bon vers mon allié. Je n'entends pas ce qu'il me dit, hormis le vacarme de mes poings heurtant le sol, créant un trou où se trouvait le jeune Pancrace. Les sbires s'exclament, levant le poing et admirant la scène. Ce n'est pas la première fois que leur chef s'amuse ainsi, ils savent pertinemment comment cela se terminera. J'entends la voix du chef dans mon esprit qui m'ordonne :
— Maintenant.
Lorsque le crépuscule apparaît, nous nous mettons en place dans la vieille cordonnerie. Arrivés devant les portes en bois rongée par les mites, nous inspectons les moindres recoins et vérifions que personne n'est à l'intérieur de la bâtisse. L'endroit sent le renfermé et quelques pièces sont déplorables, remplies de détritus ou de quelques rats qui se faufilent entre un vieux bouquin à la couverture en cuir moisi, et du journal jaunit. Liberty nous cache bien des choses, et elle n'approuve certainement pas les individus dans notre genre. Je regarde Pancrace qui jette un coup d'œil de dégoût vers une espèce de stocks de chaussures déformées et rapiécées. Finalement, il n'y a rien d'anormal dans les environs, et même l'étage est branlant. Il vaut mieux rester près du colis en attendant que le groupe qui nous a commanditées intervienne. Nous nous installons, Pancrace s'asseyant sur des caisses de bois tandis que j'inspecte l'étrange paquet posé à nos pieds.
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La nuit est silencieuse, tournoyant en long et en large devant l'entrée du bâtiment à l'abandon, nous sommes encore dans l'attente du groupe arriviste. Des amas de détritus et de poussière envahissent l'atmosphère, Pancrace semble serein tandis que je commence à tourner en rond. La lune est bien haute dans le ciel nocturne, mon avis est qu'ils ne tarderont très certainement pas. Toutefois, quelque chose cloche et je ne saurai dire ce qu'il se trame. J'ai toujours détesté les gens en retard, lorsqu'on donne un horaire, il est important de le respecter. Ou bien, n'était-ce là qu'une pathétique histoire pour nous faire perdre notre temps. Je peste contre les mercenaires de tout à l'heure. M'approchant de Pancrace, je commence à prendre une grande inspiration pour lui donner mon ressenti sur la situation quand soudain, nous entendons des bruits de pas en provenance de l'extérieur. La porte du bâtiment entrouverte, un groupe rentre comme si de rien n'était et nous salue d'un revers de main. Le républicain me murmure de prendre les devants. L'un des hommes du groupe s'avance, un type à la carrure filiforme, mais bien musclé, il est doté d'un plastron en cuir clouté avec une bande de métal pour protégé son thorax. Quelques lanières de cuirs pendouillent de sa besace maintenue à son ceinturon, il doit faire ma taille et surtout, un tissu masque son visage. Seul ses yeux sont visibles avec des sourcils broussailleux et noirs, une longue crinière en queue de cheval. Il dégage quelque chose d'étrange cet homme, comme une aura menaçante et bien plus malveillante que Vianney. Il ne dit rien et montre seulement le paquet puis ouvre sa main.
— Et le signal ? Dis-je d'un ton grave.
L'homme nous toise et ses sourcils se froncent davantage. Il ne dit rien, fait simplement un signe de tête vers le côté en jetant un regard en arrière, ses quatre hommes s'avancent avec une main sur leur pommeau. Ce n'est très certainement pas le groupe de Vianney.
— Pancrace, ce ne sont pas eux.
L'homme fait un simple claquement de doigts et deux de ses hommes m'assaillent tandis que deux autres acculent Pancrace. Avec ma force surhumaine, je prends le paquet qui pèse bien plus lourd que la moyenne et me précipite vers l'arrière du bâtiment. Mes deux assaillants me chargent d'un bond, se trouvant avec une facilité déconcertante devant moi. Ils m'arrêtent dans mon parcours, l'un d'eux me collent un coup-de-poing en pleine figure avec une telle puissance que je recule tel un boulet de canon vers la porte d'entrée, qui explose en morceaux dans un véritable boucan. Le paquet toujours dans ma main, je ne lâche pas prise et tente de me relever. Pancrace ? Je dois aller le sauver, il ne peut pas rester entouré de ces connards. Au moment où je tente de me relever, je vois le gaillard aux cheveux noirs se téléporter devant moi. Je lève les yeux vers son visage et l'homme pose alors un doigt sur mon front. Je sens mon esprit s'envoler, entravé et j'ai l'impression de devenir quelqu'un d'autre. Comme embrumé, j'entends la voix de l'homme me susurrer des mots.
— Amène-moi ton ami.
Mon corps se lève, mon esprit toujours embrumé et je me sens partir en direction de Pancrace. Il s'en était plutôt bien sorti et à vrai dire, les quatre gugusses jouaient avec lui. L'homme aux cheveux d'ébène nous regarde à distance, tandis que je développe mes muscles, griffes aiguisées et saute d'un bon vers mon allié. Je n'entends pas ce qu'il me dit, hormis le vacarme de mes poings heurtant le sol, créant un trou où se trouvait le jeune Pancrace. Les sbires s'exclament, levant le poing et admirant la scène. Ce n'est pas la première fois que leur chef s'amuse ainsi, ils savent pertinemment comment cela se terminera. J'entends la voix du chef dans mon esprit qui m'ordonne :
— Maintenant.
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Pancrace Dosian
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C’est bien ma veine, ça.
J’saute par-dessus les caisses pour les mettre en travers de la route de mes adversaires, deux puis quatre puis six quand Ashani les rejoint. Vaguement, je l’ai vu au contact du chef, donc j’suppose que c’était pas que pour échanger une poignée de main ou de piécettes. Est-ce que tout ceci ne serait qu’une vaste farce dans laquelle j’suis le dindon, et Ashani était en cheville depuis le début avec les gus ? Nah, il pouvait pas savoir que j’allais l’amener là pour le colis, et…
Le cours déjà fracturé de mes pensées s’arrange pas quand j’balance une paire de godasses moisies sur un de mes assaillants, avant qu’il soit rejoint par Ashani, et que j’sois contraint de faire une roulade malaisée sur les planches pourries et les cailloux qui traînent. Mais une éraflure est le cadet de mes soucis. D’une pensée, j’envoie une attaque mentale sur mon allié précédent, qui encaisse l’air de rien et continue d’avancer vers moi, pendant que les relous nous regardent en ricanant. J’avais oublié que les drakyns étaient pas très malléables aux magies mentales, encore une bonne raison de pas pouvoir les blairer.
Mais du coup, pourquoi l’autre connard a réussi, lui ? Je ressens un profond sentiment d’injustice.
Ashani a toujours le colis, au moins, c’est déjà ça : personne lui a encore pris pour partir avec. J’me satisfais des petites victoires.
« Hé, Ashani, j’veux bien que j’ai pas toujours été très poli, mais on s’entendait bien, non ? On partait sur de bonnes bases, tout ça. Tu peux quand même pas te laisser manipuler comme ça, c’est pas sérieux. T’es censé être un fier guerrier du Reike ou je sais pas trop quoi, nan ? Nan ? »
Je le sens pas convaincu, surtout quand son poing fracasse un des murs et manque de traverser la brique. A deux doigts de lui foutre mon couteau entre les côtes, mais j’préfère continuer à fuir. Pas à cause d’un sentiment diffus d’amitié ou de lien. Plutôt pasque son genou aurait vaporisé mon nez, et mon crâne avec, si j’avais pas bondi sur le côté.
Ouais, le côté guerrier du Reike est p’tet bien avéré, même s’il est fragile psychologiquement, semblerait. En tout cas, pas de moi, hein.
J’profite d’une brève accalmie, p’tet pasqu’il est flou du cervelet, pour jeter un œil en direction du patron d’en face. L’attaque mentale, plus aiguisée cette fois, lui arrive direct dans les gencives, et il se plie en deux, pris de hauts-le-cœur, jusqu’à vomir une bile malodorante par terre. C’est bien, ça fera pas désordre avec le reste de l’ambiance du coin.
Mais ça suffit à rompre le contrôle mental qui pèse sur Ashani, qui secoue la tête comme un clebs qui s’ébroue, tandis que les quatre sbires sont distraits par l’état de leur meneur et le brusque retournement de situation. Enfin, ça reste relatif, on est toujours à deux contre cinq. Juste que la donne est un peu plus équilibrée, surtout que j’en profite pour remettre une couche de dégâts mentaux à mon vis-à-vis, plus faible celle-là, histoire qu’il se remette pas trop vite.
« Faut battre le fer tant qu’il est chaud ? »
En vrai, on devrait juste s’enfuir, mais bon, la bâtisse s’y prête assez mal, et ça résoudrait pas le souci du colis. Puis je veux pas me taper une course-poursuite de nuit dans les pires quartiers de Liberty. Le commissariat est bien loin, après tout. Et si on les sèche, on pourra savoir la source du problème et la remonter à Vianney, pour qu’il y fasse quelque chose. S’il est encore en vie, ce qui n’est même pas garanti.
On charge conjointement les quatre pendant que l’autre reprend ses esprits, et j’prends soin d’éviter celui qu’a envoyé valser le drakyn. J’veux dire, si d’un coup de poing, il soulève mon binôme, moi, il m’arrache la tête fissa, et j’tiens pas mal à la garder encore un peu. C’est qu’elle est charmante, après tout.
La boule de feu me surprend qu’à moitié, alors j’lève les bras pour protéger mon visage et mon panard s’écrase dans son bide. J’vais pour l’achever d’un coup de couteau à l’arrière du crâne quand le gars le plus proche intervient avec une épée longue qui se matérialise dans ses mains. J’pare comme je peux l’attaque, et la lame de mon surin manque de se détacher de la garde. Et pourtant, c’était pas de la camelote.
La traînée de flammes suivantes est complètement à côté, vu qu’au lieu de reculer, j’me suis jeté sur l’arcaniste, et il a beau porter un pourpoint de cuir, ma lame poinçonne suffisamment sa cage thoracique pour qu’il tombe au sol en gueulant. Mais ça va pas durer, avec le choc et la perte de sang. J’esquive pas la manchette qui m’envoie au tapis, par contre, pêle-mêle avec ma première victime. J’roule sur moi-même au pif, et le feu s’écrase salement sur ma cuisse, mais j’note ça que de façon un peu lointaine avec l’adrénaline.
Puis j’rampe à quatre pattes pour m’éloigner un peu.
Bordel, foutent quoi, les autres ?
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— Il suffit ! Hurle une voix de ténor.
Sorti de l'ombre d'une ruelle, Vianney surgit accompagné de deux autres types vu plus tôt dans la taverne. Il est emmitouflé d'une houppelande noire et dégage sa capuche avant de s'emparer d'une dague courbée. Il avance d'un pas décidé dans notre direction. L'arcaniste et ses sbires se relèvent, essuyant d'un revers de main leur visage rempli de poussière, avant d'accueillir leur chef. Jugeant d'un regard sévère, il place la lame sous le menton de l'arcaniste et lui murmure quelque chose à son oreille. Il jette un coup d'œil au Drakyn ainsi qu'à l'humain à la belle gueule, avant d'être interpellé par la voix du magicien.
— Pourquoi tu t'immisces dans mes affaires, Vianney ? J'croyais qu'on avait un contrat.
— Je vous paie pour ça. Maintenant que c'est fait, débarrassez-moi l'plancher.
Il tient une bourse dans les mains, le tintement des pièces d'or attise la curiosité de ces mécréants.
— T'es l'pire des salauds, s'exclame le mage en prenant la bourse des doigts boudinés de Vianney.
— J'te l'fais pas dire. Maintenant, toi et tes hommes, vous disparaissez.
Tandis qu'une grande tension surgit entre Vianney et lui, l'étranger renifle l'air, crache à ses pieds et s'en va dans les ténèbres, son regard noir porté vers l'obscurité. Accompagné de ses sujets, le rouquin attend patiemment que nous ne soyons plus que nous cinq. Une fois chose faite, il range son arme et nous jauge d'un regard sévère. L'incompréhension se lit sur mon visage, je ne saurai dire si tout ceci est une simple mascarade.
— Bien. Vous savez vous battre. J'vois que vous savez suivre des ordres. Vous m'avez l'air capable, s'exprime gravement le commanditaire.
— Qu'est-ce que ça signifie ? Comment ça vous avez fait un contrat avec ce type ?
— Uhm. Vianney triture sa barbe avant de continuer. Nous cherchons des hommes viables. Si vous désirez rentrer dans le réseau, 'faut bien qu'on vous jauge. C'est chose faite.
— Vous voulez dire que nous n'étions qu'un simple test ? Aboyais-je tel un chien enragé.
— C'est ça.
Quel salopard. D'un côté, ça ne m'étonne guère puisque nous cherchons à entrer en contact avec le boss du réseau que l'on recherche. Le rouquin s'avance et ouvre avec son couteau la boîte du colis afin d'y récupérer une étrange pierre. Le colis en était rempli, des pierres qui brillent dans le noir, enveloppé dans du foin et du papier. Je n'arrive pas à déterminer de quoi il s'agit. Il referme le colis et demande à ses deux gaillards de récupérer la marchandise. Il pose une tape sur l'épaule de Pancrace avant de lui faire un sourire découvrant ses dents noircies et jaunies.
— Alors, prêt à aller voir l'boss ? J'pense que vous serez ravi d'la rencontrer.
— De la rencontrer ?
— Ouais. Et m'fiez vous, elle n'est pas commode. Mieux vaut que vous soyez à cheval sous ses ordres.
Tout ceci n'était qu'un test pour juger notre comportement, nos actions, notre efficacité. Je sentais l'entourloupe venir, j'ai le flair seulement je dois bien avouer que Vianney n'est pas ce qu'il prétend être. On pourrait croire qu'il n'est qu'un type louche qui cherche à se faire de la maille, ou d'un simple renégat qui souhaite entreprendre son petit "business" au sein de Liberty. Il ne faut pas croire tout ce que l'on voit, ce que l'on entend ou ce que l'on lit. Liberty est une ville dangereuse, bourrée de traîtres, de lâches, de mensonges et de duperies. Je me sens froissé et excité d'avoir enfin pu trouver un lien menant à ce réseau. Depuis mon départ du Reike, ma vocation me semblait toute tracée. Tournant ma tête vers Pancrace, je lui demande :
— T'es prêt à te jeter dans le bain ?
Sorti de l'ombre d'une ruelle, Vianney surgit accompagné de deux autres types vu plus tôt dans la taverne. Il est emmitouflé d'une houppelande noire et dégage sa capuche avant de s'emparer d'une dague courbée. Il avance d'un pas décidé dans notre direction. L'arcaniste et ses sbires se relèvent, essuyant d'un revers de main leur visage rempli de poussière, avant d'accueillir leur chef. Jugeant d'un regard sévère, il place la lame sous le menton de l'arcaniste et lui murmure quelque chose à son oreille. Il jette un coup d'œil au Drakyn ainsi qu'à l'humain à la belle gueule, avant d'être interpellé par la voix du magicien.
— Pourquoi tu t'immisces dans mes affaires, Vianney ? J'croyais qu'on avait un contrat.
— Je vous paie pour ça. Maintenant que c'est fait, débarrassez-moi l'plancher.
Il tient une bourse dans les mains, le tintement des pièces d'or attise la curiosité de ces mécréants.
— T'es l'pire des salauds, s'exclame le mage en prenant la bourse des doigts boudinés de Vianney.
— J'te l'fais pas dire. Maintenant, toi et tes hommes, vous disparaissez.
Tandis qu'une grande tension surgit entre Vianney et lui, l'étranger renifle l'air, crache à ses pieds et s'en va dans les ténèbres, son regard noir porté vers l'obscurité. Accompagné de ses sujets, le rouquin attend patiemment que nous ne soyons plus que nous cinq. Une fois chose faite, il range son arme et nous jauge d'un regard sévère. L'incompréhension se lit sur mon visage, je ne saurai dire si tout ceci est une simple mascarade.
— Bien. Vous savez vous battre. J'vois que vous savez suivre des ordres. Vous m'avez l'air capable, s'exprime gravement le commanditaire.
— Qu'est-ce que ça signifie ? Comment ça vous avez fait un contrat avec ce type ?
— Uhm. Vianney triture sa barbe avant de continuer. Nous cherchons des hommes viables. Si vous désirez rentrer dans le réseau, 'faut bien qu'on vous jauge. C'est chose faite.
— Vous voulez dire que nous n'étions qu'un simple test ? Aboyais-je tel un chien enragé.
— C'est ça.
Quel salopard. D'un côté, ça ne m'étonne guère puisque nous cherchons à entrer en contact avec le boss du réseau que l'on recherche. Le rouquin s'avance et ouvre avec son couteau la boîte du colis afin d'y récupérer une étrange pierre. Le colis en était rempli, des pierres qui brillent dans le noir, enveloppé dans du foin et du papier. Je n'arrive pas à déterminer de quoi il s'agit. Il referme le colis et demande à ses deux gaillards de récupérer la marchandise. Il pose une tape sur l'épaule de Pancrace avant de lui faire un sourire découvrant ses dents noircies et jaunies.
— Alors, prêt à aller voir l'boss ? J'pense que vous serez ravi d'la rencontrer.
— De la rencontrer ?
— Ouais. Et m'fiez vous, elle n'est pas commode. Mieux vaut que vous soyez à cheval sous ses ordres.
Tout ceci n'était qu'un test pour juger notre comportement, nos actions, notre efficacité. Je sentais l'entourloupe venir, j'ai le flair seulement je dois bien avouer que Vianney n'est pas ce qu'il prétend être. On pourrait croire qu'il n'est qu'un type louche qui cherche à se faire de la maille, ou d'un simple renégat qui souhaite entreprendre son petit "business" au sein de Liberty. Il ne faut pas croire tout ce que l'on voit, ce que l'on entend ou ce que l'on lit. Liberty est une ville dangereuse, bourrée de traîtres, de lâches, de mensonges et de duperies. Je me sens froissé et excité d'avoir enfin pu trouver un lien menant à ce réseau. Depuis mon départ du Reike, ma vocation me semblait toute tracée. Tournant ma tête vers Pancrace, je lui demande :
— T'es prêt à te jeter dans le bain ?
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