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"Une soirée jeu"
Play my game, tonight...
Jaina n'appréciait guère Kyouji, mais elle s'était toujours gardée de le dire à qui que ce soit. Elle avait toujours été de nature méfiante, presque sauvage. Elle ne faisait jamais entièrement confiance à quiconque et ce trait de personnalité s'était ô combien accentué depuis que son oncle avait tué son père et sa sœur. Lysandre, elle, aurait compris son aversion pour Kyouji. Au-delà même de cette cité, elle n'appréciait aucunement plus que cela le Reike. Pour son climat en premier lieu, étant donnée sa race aquatique et son habitude aux climats des terres du Nord, mais aussi pour sa culture et notamment son ancienne position vis-à-vis de l'esclavage. Combien de ses frères et sœurs avaient-il souffert d’atroces sévices sur ces maudites terres ? Le mépris de la sirène pour les esclavagistes était indescriptible.
Il y avait une seule et unique chose qui rendait, pour elle, Kyouji aussi attractive. Il s'agissait de sa maison de jeux, celle qu'elle avait héritée d'Ulrich et son activité exponentielle du fait que la cité soit phare dans le Sekai. C'était un fait et non une invention de l'esprit, cette maison de jeu lui rapportait gros, à elle et en partie au clan de la Lune D'Acier. Néanmoins, depuis ces dernières lunes, Jaina s'était essoufflée car étant en grande partie basée à Melorn, faire la route jusqu'à ses deux autres commerces, dont celui à la République était encore plus éloigné, était devenu une contrainte problématique. De ce fait, elle voulait à présent vendre. Si elle parvenait à négocier une somme avantageuse, elle en tirerait profit pour étendre son influence au cœur de la cité-état.
Elle était arrivée à Kyouji il y a deux nuits de cela. La veille, elle avait rencontré Malek - la figure de proue et le propriétaire officiel de la maison -, avait bien entendu fait un tour du lieu, avait étudié de très près les livres de comptes et les recettes. À son infime soulagement, tout était en ordre. Si ce soir, en revanche, elle était présente dans l'enseigne, c'était pour observer une nuit type, mais aussi pour se détendre avant de reprendre la route le lendemain après-midi. Jaina était vêtue sobrement, puisqu'en civile et portait un masque en bois sculpté à l'effigie d'un agneau. Elle se fondit parmi les convives avides de gains, échangea quelques sous, puis s'approcha d'une table de jeux. Elle resta parfaitement immobile durant une dizaine de minutes, ses yeux et ses oreilles, quant à eux, ne manquaient rien au déroulé des mises... Enfin, elle se décida à s'approcher d'un homme qui, pour un regard affuté, sortait du lot. De part ses faibles mises en contradiction avec ses habits de bonne facture, il lui avait paru suspect. Une fois à sa hauteur, la sirène se pencha à sa droite et lui demanda d'un air ô combien candide :
Pourquoi ne choisissez-vous pas plus de nombres, messire ?
La sirène était une créature vile et manipulatrice, dont les jeux n'avaient plus aucun secret. Habitée par le vice du mensonge, qui aurait pu soupçonner qu'une demoiselle à l'apparence aussi pure et frêle, puisse être habitée par de si mauvaises intentions...
CENDRES
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"Une soirée jeu"
Play my game, tonight...
- Inspiration tenue :
/!\ en bien moins noble, cependant.
L'homme venait de mordre à l'hameçon. Il étudia un court instant Jaina, puis il lui sourit. Elle hocha la tête, bien sûr qu'il s'agissait là d'une très bonne question. Pourquoi entrer dans une maison de jeux où le hasard est supposément maître, si on a peur que nos mises ne nous mettent en danger ? Encore faut-il avoir le goût du risque, apprécier l'adrénaline que les jeux procurent, en dehors d'être appâté par le gain potentiel...
L'inconnu aux cheveux grisonnants se présenta. La sirène l'avait, elle aussi, étudié : de ses vêtements en premier lieu ; à sa stature, évoquant sa noblesse ainsi que ses mains aux ongles coupés courts et sans immondices en-dessous, ne portant, par ailleurs, pas d'alliance ; ... Elle saisit son jupon et fit, volontairement, une bien piètre révérence.
Ravie de vous connaître, messire Tagar. Mes amis m'appellent Jeanne.
Une fausse identité pour cette sirène ô combien vénale...
Jaina était intriguée par la réponse à sa question. Qui était-il ? Un noble, sans aucun doute, mais quel pouvait être ce métier dont il n'avait guère précisé les missions ? Peut-être était-il un diplomate d'une faction ou d'une autre, bien que son prénom sonne particulièrement reikois.
Elle l'avait regardé, en continuant à mimiquer la candeur. S'il avait besoin d'un coup de pouce du destin pour augmenter ses mises, il en aurait un. Jaina s'installa, toujours à la droite de Tagar, puis elle indiqua au croupier qu'elle n'allait guère miser à ce tour. Elle regarda, néanmoins, avec insistance l'homme qui allait lancer la roulette. Il savait ce qu'il lui restait à faire. L'employé allait faire gagner ce noble lors des prochains tours, jusqu'à l'inciter à miser gros sur ce qui serait son dernier...
La sirène hocha une nouvelle fois la tête lorsque sa potentielle baleine misa sur un second nombre. Que les jeux commencent.
Pourriez-vous m'expliquer les règles, messire Tagar ? Quelle est la différence entre miser sur l'un des nombres et miser, par exemple, sur une couleur ? Je vois qu'il y a en tout trente-sept nombres, si l'on compte le zéro, mais seulement deux couleurs.
Jaina ne connaissait pas un, non, pas un seul homme qui n'appréciait guère que l'on s'intéresse soit à lui et à ses possession, soit à ses connaissances. Maîtresse dans les arts de la manipulation et de la supercherie, elle était aussi très bien renseignée sur ce qui séduit tout un chacun.
Elle accepta volontiers l'offre de son mentor.
Avec joie, je prendrai la même chose que vous.
Répondit-elle avec un sourire, avant de rajouter sans empressement.
Un ami m'a répété qu'il y a à la carte, une liqueur de prunes délicieuse.
L'alcool le plus cher de la maison, avant d'être le meilleur... Il fallait bien que la sirène rentabilise son intervention, d'une façon ou d'une autre.
CENDRES
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