D’un physique avenant, Pancrace arbore généralement un sourire aux lèvres, qui peut aller de la joie et l’humour au sarcasme et l’ironie. Cependant, cela atteint rarement ses yeux mordorés, plus évaluateurs de ce qui l’entoure, du haut de son mètre quatre-vingt cinq bien découplé. Les cheveux bruns généralement soigneusement décoiffés et la barbe rasée de près, le jeune homme prend soin de son apparence, et ça se voit, même quand il porte l’uniforme standard des officiers républicains, ce mélange de cuir et de métal visant à les protéger du tout-venant qui pourrait, pour des raisons mystérieuses, leur en vouloir. C’est bien pour ça, d’ailleurs, qu’il est équipé avec une épée courte, un gourdin, et un couteau : uniquement pour se défendre, ainsi que les innocents citoyens de la République. En civil, cependant, Pancrace s’attache à être plus discret, car se sachant moins protégé par l’uniforme et les camarades. Vêtements de teintes plutôt sombres et adaptés pour se glisser dans les ruelles obscures et glauques des docks, paranoïa galopante, il sait qu’il ne se fait pas que des amis dans ses activités professionnelles.

C’est que, de manière générale, Pancrace n’est pas vraiment un chic type. Pourvu d’assez peu d’empathie, il est très préoccupé par son bien-être et son nombril, le besoin de s’amuser et de profiter, et de surtout pas être emmerdé. Sa position au bas de la hiérarchie des officiers républicains lui assure des rondes fréquentes et des contacts privilégiés avec les petits commerçants et les escrocs de bas étage, avec lesquels, au fil du temps, il a commencé à nouer des liens suffisamment étroits pour déteindre sur lui. De prime abord moyennement sympathique, sauf avec les puissants et les collègues, Pan est carrément odieux dès qu’il a la moindre parcelle de pouvoir à exercer sur autrui, condescendant, hautain, rancunier, mesquins, méprisant et méprisable, et n’hésite pas à abuser de petits arrangements bien juteux sur lesquels tout le monde ferme les yeux, pour peu que ça tourne.

Quand Pancrace est né à Liberty, fils de Semia, boulangère, et d’Amyntas, cordonnier, ils se sont dits “Un de plus”. C’est que c’était déjà le quatrième, en à peu près autant d’années. Mais cela ne les a pas arrêtés en si bon chemin, et si les années étaient parfois un peu rudes, ils sont presque tous arrivés à l’âge adulte, huit au total sur les onze sortis du ventre de Semia. Un paquet de miches au four, même si pour certains, on ne savait pas si le boulanger était cordonnier ou bien, justement, le pâtissier. Qu’importait : une fois passée la période gâchée de l’enfance, il était temps que le retour sur investissement se radine, et que les bouches à nourrir commencent à rapporter histoire de ne pas constituer une perte sèche.
Mélangé à l’école, Liberty portait bien mal son nom, alors que le sergent grisonnant qui tournait dans les bas-quartiers en faisant taire et filer droit d’un regard noir les gros bras des environs, lui, parlait de voyages, de paysages, de camaraderie et d’égalité. Le choix aurait pu être cornélien, mais une famille très occupée à survivre, une fratrie bien trop nombreuse pour être davantage que supervisée de loin et corvéable à merci, ont suffisamment restreint les possibilités pour que fabriquer de la farine et recoller des semelles soit assez rapidement écarté par le jeune homme, que la perspective de rester sous la férule familiale n’enchentait pas.
Entre la Grande Armée Républicaine, auréolée de prestige et de gloire, et devenir mousse sur un bouchon de liège quittant le port avec à sa tête un borgne aux ratiches ravagées, Pan a vite choisi. Après deux années à éplucher des patates et obéir aux ordres de plus con que lui, il était clairement temps d’aller battre le pavé plus loin.
Pourtant, dans l’armée, au-delà du développement de la capacité d’obéir sans réfléchir à n’importe quel ordre, il en a surtout profité pour se frotter à des soldats moins… préoccupés… par des concepts aussi abstraits que l’éthique, la morale, et la légalité. C’est également là qu’il a commencé à toucher à de la magie de bas niveau, le genre utilitaire, bricolé entre gens de peu, très empirique et basé sur absolument aucune théorie. La pratique, sans la compréhension. Au-delà de marcher au pas, agiter un bout de métal pointu et courir sous la pluie à trois heures du matin avec trente kilos sur le dos, c’est l’aspect social qui lui a le plus servi.

Ces contacts se sont avérés utiles quand, après un long détour par la formation pour devenir officier républicain, et après avoir soigneusement refusé une affectation à Liberty auprès de sa famille, il s’est retrouvé à Courage. Là, il a pu s’attacher à rendre service, moyennant retours de bâtons et espèces sonnantes et trébuchantes, aussi bien au tout-venant qu’aux membres moins respectables de la société républicaine, et améliorer sa compréhension, toujours aussi lacunaire -à chier diraient certains, de la magie, par des sorciers aux formations toutes aussi trouées que lui.

Athéisme : Désintérêt total envers les religions.
Pègre : Pas membre, mais un certain nombre de contacts dans le milieu.
Piraterie : un certain nombre de contacts dans le milieu.
Société des Sept Gardiens : Ouvert pour rendre service.
Purification de l’Arbre-Monde