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Il se devait être déjà plus de minuit, et la lune brillait à son firmament, recouvrant de sa lumière argenté toute la ville. Quelques rayons timides passaient au travers des carreaux du manoir, dont ceux de la chambre de Deirdre, s’infiltrant par le fin interstice de ses rideaux. La jeune femme n’avait pas le sommeil spécialement léger, toutefois, quelque chose la turlupinait, comme un mauvais pressentiment ou bien comme si elle avait oublié quelques choses. Elle avait passé sa soirée à se retourner encore et encore dans ses draps, entrecoupée pourtant de quelques passages dans le pays des rêves.
Ses songes la ramenaient dans un passé bien trop lointain pour ne pas l’idéaliser un peu, des souvenirs d’une enfance dorée, parsemé de rires et de joies aux côtés de son père. Elle en oubliait l’ombre de sa mère jalouse, à l’affût avec ses regards assassins à l’encontre de sa propre progéniture. Pathétique femme qui ne méritait même pas l’égard de s’inviter dans les rêves de la Juge. Artus, son père, lui, rayonnait toujours, le sourire grand bien que parfois le regard fatigué… sauf quand il les posait sur elle ou une toile. Ses instants de bonheur passés avaient, mais le don de ne lui laisser que de l’amertume. Il lui semblait impossible de pouvoir retrouver un jour un tel sentiment d’allégresse.
Mais voilà, nul repos véritable lorsqu’un insidieux agacement s’invitait dans un esprit, et devenait digne d’un cafard dont on n'arrivait pas à se débarrasser… jusqu’à l’illumination. Deirdre se redressa d’un bond félin, posant sa main sur son front pour se punir par un léger coup son étourderie. Elle avait oublié de fermer les fenêtres de sa salle de travaux de peinture, laissés grandes ouvertes pour aérer la pièce.
« Bon sang ! Où ai-je donc la tête ! »
Bien entendu, la maîtresse de maison aurait pu faire sonner l’un de ses employés, il y avait toujours un domestique à l’affût, ainsi que des gardes à l’entrée à cause de son statut de juge. Mais elle se préserva de cette idée et préféra s’en occuper elle-même. Ainsi, dans sa robe de nuit aux allures vestales, elle quitta ses quartiers pour se perdre dans les méandres sombres des couloirs du vieux manoir. Elle n’avait pas encore eu le temps de restaurer toutes les pièces, mais le plus gros avait été fait. Portant de simples chaussons, elle déambulait silencieusement au rythme de ses soupirs où elle se maudissait elle-même. Ses cheveux qui généralement étaient si impeccablement coiffés, transformaient son visage si autoritaire sous leur forme naturelle. Si elle les avait déjà un peu courts, de fines ondulations, comme dansantes, adoucissait ses traits. En réalité, elle semblait très différente de l’image qu’elle renvoyait habituellement.
Après avoir arpenté sa galerie privée, long couloir sans fenêtres tapissaient de tableaux, elle s’engouffra dans la salle qui s’en trouvait au bout, son atelier. Il y faisait froid et un frisson la parcourut aussitôt qu’elle y mit les pieds. Peut-être aurait-elle dû prendre un châle. Le vent s’invitait dans les lieux, soulevant rideaux et draps qui recouvraient certaines œuvres qu’elle dissimulait ou protégeait…. Quand quelque chose la surprit.
Son dernier travail se tenait sur son chevalet, bien que non fini, elle avait l’impression que ce dernier avait été bougé. Ses petits yeux noirs se mirent à observer les alentours. D’autres objets du mobilier n’étaient plus véritablement à leur place. Deirdre était assez maniaque pour avoir noté le moindre petit détail.
« Qui est là ? Montrez-vous ? »
Loin d’être apeurée, la voix de la Juge sonnait bien calme. Quelque chose lui disait qu’un intrus était ici ou à défaut était passé. A moins qu’elle ne devenait folle par manque de sommeil ?
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Intrusion Nocturne
Ses yeux se déposèrent sur le petit parchemin maltraité d’encres. S’il en croyait celui-ci, il était au bon endroit : devant lui se dressait une immense villa qui, par sa grandeur, dissimulait totalement la lune. Aucune âme ne semblait arpenter la cour extérieure. (Hormis deux larges hommes à l’entrées principales.) De faibles lueurs errantes qui émergeaient de l’intérieur confirmaient que cette demeure n’était pas abandonnée. L’omniprésent lac Rebirth, d’ici, était visible, éclairer par les reflets lunaires. Il n’avait pas encore eu la chance d’admirer les beautés de cette source d’eau. Tout en s’assurant que sa cape était bien repliée sur ses épaules (un simple loquet en métal suffisait à garder le tout en place) et que son visage était dissimulé sous un foulard, il se promit un rendez-vous avec l’étang le lendemain.
Justice, heureusement pour lui, était une cité qui, dans la nature même, lui facilitait grandement la tâche. Effectivement, cette jolie esthétique luxurieuse ou il est bon d’y vivre n’était qu’une façade, la sécurité et la présence d’homme armée n’était que, principalement, au niveau des grandes rues. Ce décorum signifiait une moindre attention à la sécurité au sein des demeures, un avantage pour le jeune voleur.
Usant de son agilité pour traverser aisément la large clôture qui lui barrait la route, il atterrit sans moindre bruit devant les flancs de la villa. Son architecture témoignait de l’ancienneté que celle-ci détenait. Pourtant, malgré le vénérable âge des murs, une attention à l’entretien était facilement visible : pelouse fraichement découpé, fleurs magnifiques qui infestaient le terrain, des fenêtres impeccablement propres. Ce n’était guère le travail d’un seul homme. Valdis fut surprit, en se penchant devant l’entrée la plus proche, d’y apercevoir que la serrure n’était nullement celle d’origine. Ce portail, en temps normal, n’aurait été qu’un jeu d’enfant à ouvrir, mais désormais, la tâche était insurmontable. L’expertise du jeune homme vis-à-vis le crochetage s’étendait aux serrures minables jusqu’à ceux des échoppes.
Cette serrure surpassait en tout point celles que le voleur avait fait face auparavant. Il jugea, seulement en observant celle-ci, qu’il n’était pas sage de s’y attaquer. Il devrait trouver un autre chemin.
Sa recherche nocturne pour une voie à emprunter fut conclue rapidement. Derrière l’immense villa se trouvait une entré pour serviteurs. S’il jugeait par ses précédents crimes et infiltrations, les quartiers des servants n’égalaient jamais, en termes de fiabilités, l’autre portion de la demeure. Sans faire le moindre bruit, il déposa un genou devant la petite porte et, d’un geste automatique, fit tourner sur son doigt un petit cerceau métalliques où était accrochée une panoplie d’outils.
Cette façade était illuminée par la magnifique lueur de la lune. Distrait, il ne put la regarder une dernière fois. Soudain, son regard fut attiré ailleurs : Deux fenêtres isolés et ouvertes se trouvaient à quelques dizaines de pas de lui. Abandonna la minuscule porte derrière lui, il gravit rapidement la façade du mur avant de s’engouffrer dans l’une d’elle.
Atterrissant main au sol, il examina brièvement son entourage. Il se trouvait dans un atelier d’art, majoritairement habités par des œuvres dissimulés sous de larges draps blancs. Plusieurs tables qui s’élançaient le long des murs étaient garnis de multitudes d’objets divers et variés, parfois des pinceaux aux extrémités coloriés, parfois des palettes de projets inachevés. Au cœur de ce plancher de travail se trouvait un massif chevalet donc une œuvre reposait, faisant dos au jeune homme. Le vent frisquet de cette nuit animait les rideaux et la draperie. Cet atelier était vivant.
Curieux, le jeune voleur tendit la main vers le chevalet central et tira légèrement ce dernier en sa direction, lui permettant ainsi de zieuter la magnifique pièce d’art qui y était déposé. Admiratif, il prit un moment pour analyser le dernier travail de l’artiste. Elle était d’une qualité exceptionnelle, mais un minutieux détail le fit grincer des dents.
L’accouplement des couleurs, le contraste entre le vif et le fade, les dégradés que seul un maître aurait put accomplir, la symbolique du tout et le mouvement, tout était parfait. Pourtant, un petit trait imposteur s’était installé au bas de la pièce, une erreur que l’artiste remédierait sans doute lors des prochains jours.
Cet intrus pestait au visage dissimulé du jeune homme. Automatiquement, il agrippa la palette de bois qui reposait non loin et, à la suite d’une recherche grossière, s’arma d’un pinceau. Si, dans une vie meilleure, il avait adopté l’emploie de peintre, il se serait muni de ces outils pour faire disparaitre le trait.
Il débuta la mission auxiliaire qu’il s’était donné, ignorant par le fait même le massif sac qui valsait à ses flancs, obligatoire pour le contrat qu’on lui avait recélé. Il était confiant. Quelques minutes plus tard, lorsqu’il amorça à peine à déposer le pinceau sur la toile, un bruit se fit entendre au loin. Quelqu’un approchait.
Déposant en vitesse le pinceau et la palette, il déploya la cape nocturne. Celle-ci, qui n’était qu’un morceau de tissue sur son flanc, s’ouvrit en un large voile d’ombre qui le recouvrit de la tête au pied. Il disparue sous une des tables, seuls ses deux petits yeux noirs perçaient désormais les ombres.
Une jolie femme aux traits de porcelaines ouvrit la porte et s’introduit dans l’atelier. Accoutré d’une robe de nuit, elle prit un instant pour observer la scène qui se trouvait devant-elle. Valdis reconnue la femme, son employeur lui en avait parler. Malgré son accoutrement nocturne et sa chevelure bafouillé, cette dernière inspirait l’autorité. La juge Deirdre Velitès, une légende naissante de la sphère légale de la république. Sa justice ne connaissait aucune limite. Son employeur avait autrefois eu le malheur de croisé sa route au sein d’un tribunal. Il avait payé chère et, désormais, désirait se venger.
Frigorifiée, la femme fit connaître au voleur qu’elle était consciente de sa présence. Elle ordonnait qu’il se montre, d’un ton étonnement calme. Encore une fois, on avait déniché sa présence. L’opération nécessitait qu’il ne se fasse point trouver, il ne devait point sortir de sa cachette. Pourtant, une arrière-pensée apparue, une qu’il écouta, par instinct.
Sans provoquer le moindre son, le voleur glissa hors de sa cachette. Il n’était désormais qu’une silhouette derrière la juge.
-Je me nomme…Arthur, glissa l’ombre d’un ton des plus monotone. Je désire…discuter.
CENDRES
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Elle n'aurait jamais cru que quelqu'un fut assez fou pour pénétrer dans son manoir de cette manière, toutefois, elle était prête à reconnaître qu'elle en était responsable. C'était peut-être ce qui l'irrita le plus. Son étourderie l'avait conduite à se retrouver dans cette position et sa naïveté l'avait conduite à venir sans arme. Il fallait dire qu'elle était chez elle, après tout, pourquoi le serait-elle. Tandis que ses yeux, malheureusement non-nyctalopes, ne purent détecter où se trouvait l'intrus, se fut lui qui se manifesta derrière elle. Surprise, elle se tourna d'un bond.
« Discuter ? En entrant comme un voleur ? Il serait nécessaire de revoir vos manières, monsieur Arthur. »
Fronçant des sourcils d'irritation, elle recula, mit de la distance entre l'homme qu'elle ne connaissait pas encore par pure sécurité. Ce n'était pas la peur, mais la prudence qui la poussait à agir ainsi.
« Savez-vous qui je suis ? Si tel est le cas, vous êtes un peu fou pour croire que je ne ferais rien. Il me suffirait de pousser un simple cri, un simple appel... »
Mais la Juge ne le fit pas, bien consciente que si cet homme lui voulait un mal quelconque, il l'aurait déjà fait à l'instant même où il était apparu dans son dos. Pour cette unique raison, et peut-être un fond de curiosité, elle resta raisonnable pour offrir le bénéfice du doute à ce Arthur.
« Mais puisque vous voulez que nous discutions... dites-moi ce que vous voulez. »
Incisive et directe, frissonnante un peu par la faute du froid de la pièce, Deirdre luttait pour se donner de la contenance et ne pas faillir, cherchant du regard ce qui pourrait lui être utile en cas de conflit. Mais il n'y avait rien, hormis probablement quelques vases guère digne d'être lancé, qui aurait pu lui venir en aide.
« Mais sachez une chose, si vous voulez me voler, je vous retrouverai où que vous vous cacherez et je n'ai pas la réputation d'aisément laisser tomber. »
Ce n'était pas une menace, mais bel et bien une promesse digne du roquet que pouvait être l'incorruptible Juge.
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Intrusion Nocturne
Malgré qu’elle fût prise par surprise, la femme qui se tenait devant lui avait su garder une prestance effrayante. Loyal aux rumeurs à son sujet, elle n’avait pas entendu une seconde pour le menacer. Un seul cri suffisait pour que les gardes des environs soient alertés, elle n’avait pas tort sur ce point.
Sous son foulard, un sourire avait apparu. La menace n’avait pas fait mouche : s’il le souhaitait, il pouvait s’éclipser en une fraction de seconde, disparaitre sans laisser de traces. Lorsqu’elle le menaça une deuxième fois, cette fois-ci, il frémit. Son rôle et son statut lui permettrait facilement de mettre fin aux glorieuses nuits de crimes qu’il avait encore devant lui.
Projetant un voile de ténèbres menaçant autour de lui grâce à Nocturne, l’intru se dirigea vers la fenêtre, détournant de ce fait même son regard de Deirdre, confiant de ses capacités à réagir si celle-ci tentait le moindre mouvement.
-Je ne suis pas venue ici pour vous voler, admit la silhouette tout en tendant un bras vers le volet et le refermant. Si c’était le cas, vous ne m’auriez jamais trouvé.
Le vent glacial avait cessé. Peut-être que cet acte allait la persuader qu’il s’était présenté en tant qu’allier et non ennemie? Il ferma ses petits yeux fatigués quelques instants. Bien sûr que non, une action de la sorte n’allait la convaincre de rien, il devait agir, s’ouvrir à elle.
-Votre réputation. Celle-ci est redouté par de nombreux individus, avec raison. Vous êtes reconnus pour châtier le mal, mettre fin à la carrière de criminels, de tout simplement…Être incorruptible.
Il agrippa une poigné de documents que contenait le gros sac qu’il trimbalait et fit face de nouveau à la juge. Avant de dévoiler la présence de sa venue, il fit la décision risquée d’enlever son foulard et sa capuche, dévoilant son visage. Il détenait désormais moins l'apparence d'un lugubre assassin, mais détenait désormais un visage identifiable.
-Mon employeur m’a engagé pour parcourir votre demeure et y dissimuler…Ceci. (Il sortit du sac les papiers et les dossiers.) Des lettres, des correspondances et des aveux. Votre signature et votre écriture garnissent ceux-ci. Si quelqu’un découvrait ces papiers dans votre demeure, votre carrière se verrait en danger.
Il déposa l’énorme pile sur l’un des bureaux qui se trouvait à proximité.
-Alors, dame Velitès, pouvons nous continuer à discuter, ou devrais-je fuir? questionna le jeune voleur.
CENDRES
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Que dire ou que penser de l'intru ? Deirdre ne savait encore. Bien des fois, elle fut menacée, par les armes, par les mots, par des individus, dans son tribunal, son bureau, dans la rue ou derrière des barreaux. Mais chez elle ? Cela ne s'était pas encore vu. Personne n'avait eu jusque-là l'outrecuidance de passer cette barrière, mais voilà, le voleur s'était tenté à prendre le risque. Est-ce qu'il s'était rendu compte de son erreur pour désirer entamer la conversation ? Deirdre aimait à penser que sa réputation était peut-être en train de la sortir d'un mauvais pas... tout en sachant que cette dernière n'était pas usurpée de toute façon.
Mais alors que la seule lumière de la pièce était la lune, pendant un instant tout parut s'assombrir autour de Deirdre. Ce fut une brume noire qui lui fila à côté, se dirigeant vers la fenêtre. Est-ce que le voleur se retirait finalement ? Non. Il eut simplement la prévenance de fermer quand il comprit que la maîtresse de maison frissonnait sous le vent de minuit.
« Vous semblez bien sûr de vous... Si je n'avais pas oublié de fermer cette fenêtre, vous ne seriez jamais rentré. »
Telle était l'espérance de la propriétaire qu'elle était. Sans nul doute qu'après cet épisode, Deirdre renforcerait la sécurité de son manoir. Sûrement adopterait-elle un chien de plus, mais aussi investirait-elle dans des protections magiques ? Cela devait pouvoir se faire. En attendant, la juge se frictionna les bras. Bien que l'air ne rentrait plus, le froid avait déjà mordu sa chair. Il lui faudrait un peu de temps pour cesser de frisonner.
« Monsieur Arthur... si vous tentez d'apaiser mon humeur par la flatterie, sachez que vous faites fausse route. Je n'y suis pas sensible. Savez-vous le nombre de criminels que je rencontre et qui aime à mettre du miel dans leur parole ? »
Deirdre invitait son voleur à aller droit au but, sans faire de manière... jusqu'à ce qu'il intrigua la jeune femme quand il se mit à fouiller dans ses affaires. Ce fut alors qu'Arthur eut enfin un visage, avec des allures un peu cabotin qui pouvaient avoir son degré de charme. Il déposa alors quelques papiers en expliquant ce dont il était question.
« Des lettres et des aveux ? Voilà quelque chose de tout à fait ridicule. Votre employeur doit être désespéré pour inventer de fausses preuves et croire que je serais incapable de le démontrer. »
Deirdre laissa échapper un agacement un peu narquois avant d'immédiatement mettre son nez dans les prétendus documents qui pouvaient mettre sa carrière en danger. La Juge savait pertinemment qu'elle n'avait rien à se reprocher sur aucun plan et ce, d'aucune manière. Oh, peut-être pourrait-on lui rapprocher quelques rencontres, mais rien de condamnables. Il n'était pas rare qu'elle enquêta elle-même sur les affaires qu'elle devait traiter, mais quoiqu'il en fut, après avoir feuilleté quelques lettres, elle secoua la tête négativement.
« Pathétique. N'importe quel graphologue un peu compétent pourrait mettre en doute chacun de ses messages prétendument écrits de ma main. Les signatures sont grossières et le faussaire n'a même guère pris la peine de respecter mes habitudes grammaticales. C'est mauvais. Vraiment mauvais. Quand bien même, on eut trouvé cela chez moi, cela ne m'aurait à peine bousculer. »
Sûre d'elle, Deirdre se tourna vers Arthur. Il avait voulu faire preuve de bonne foi en se repentant, elle pouvait bien lui accorder quelques minutes.
« Et bien monsieur Arthur... puisque vous voulez discuter, je vous accorde quelques minutes. Quant à fuir, il vous le faudra bien une fois que le temps sera écoulé... à moins que notre conversation soit passionnante. »
Un petit sourire provocateur se profila sur le visage pâle de la magistrate, tandis qu'elle croisa les bras à nouveau.
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Intrusion Nocturne
-Dame Deirdre, si une fenêtre fermée clé m’empêchait de m’infiltrer dans la demeure d’autrui, je serais un bien piètre voleur, vous ne croyez-pas?
Il n’allait pas se laisser marcher dessus sans répondre. Il détenait, comme chaque homme qui peuplait ce continent, un orgueil pour sa propre personne, un honneur qu’il souhaitait conserver par tous les moyens. Ignorant cette volonté primitive de débuter un long débat sur les moyens qu’il aurait put user pour arriver à ses fins en cette nuit, il préféra aller droit au but, ignorant la remarque de la juge pour ces paroles qu’elle désigna de « flatteries ».
Il écouta la juge dénigré la manigance de son employeur, désignant cette manœuvre de sa part de ridicule. Le jeune voleur haussa des sourcils. Devant l’homme qu’il l’avait contacté, le plan semblait solide, infaillible même. Le lendemain de cette opération, une lettre allait atterrir aux mains d’un chef de la garde, dévoilant les connections fraudeuses de la juge. S’il suivait le plan à la lettre, la juge chuterait par la main de ceux qui la vénéraient. Ça semblait un bon plan pour le jeune homme, mais Deirdre semblait ne pas être en accord avec cela.
-Je crois qu’il était conscient que vous seriez capable de les démonter. Seulement, je crois aussi qu’il était conscient que le tout laisserait planer un doute sur votre réputation, affirma-t-il en haussant des épaules. Peut-être était-il aussi un imbécile, qui sait?
Il fit un pas de côté et laissa son interlocutrice examiner longuement les papiers et documents qui s’étalaient désormais sur la table. Ses lèvres se pincèrent lorsqu’il entendit la juge rire en déposant les yeux sur ceux-ci. Les bras croisés, il reposa son regard, bercé par les quelques rictus que provoquait la lecture à la juge et les nombreux commentaires qu’elle avait au sujet des médiocres tentatives de l’éviter.
-Je me contente de faire ce qu’on me dit. Il m’importe, véritablement, de savoir si ces papiers sont bâclés ou non. Aussi longtemps que je suis payé…Mais bon, je ne crois pas que ce sera le cas cette fois-ci. Dommage. Vous pouvez remercier le destin que ma bourse n’est pas assoiffée.
Dame Deirdre lui fit de nouveau face. Elle lui proposa la discussion, menaçant qu’il devrait fuir bientôt s’il ne l’intéressait aucunement. L’offre était intéressante. Après tout, il avait déjà échoué son contrat, alors pourquoi ne pas profiter de son échec et observer par lui-même le phénomène juridique et de comportements qu’étaient la juge qui se tenait devant lui.
-Bien sûr, j’ai toute la nuit devant moi si vous le voulez. Avant toute chose, je dois cependant vous informez que j’ai touché à votre peinture, admit-il en pointant du doigt le bas de l’œuvre centrale de la pièce. Vous m’en voyez navré, mais il y avait une infime erreur qui me rongeait. J’y ai apporté une correction. Libre à vous de me châtier si telle acte vous répugne.
Il sourit timidement. En vérité, cela le gênait. Il savait le mal que pouvait causer de voir son œuvre se faire altérer par autrui. Il désirait, pourtant, être honnête et ne pas dissimuler son acte. Il avait, croyait-il, causé bien pire en s’infiltrant ici.
-Désolé.
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