- Arène de combat, Ikuza -

- Très bien, vous êtes venus équipés. Tagar, si tu veux bien me suivre. Ils passèrent dans une pièce adjacente.

Les deux amis avaient laissés le géant et le nain se préparer, allant dans l'armurerie afin d'équiper le contrôleur royal. Zaïn avait ce qu'il fallait ici : Hallebardes, fléaux, épées, cimeterres, filets, gourdins, matraques, gantelets, jambières, épaulières, claymores, tridents, sabres, et tant d'autres outils servant à se battre, le tout disposé sur des râteliers emplissant la pièce. D'un mouvement large du bars il indiqua à Tagar de se servir de ce qu'il voulait, les côtes de mailles étant conservées dans un coffre qu'il ouvrit afin que son ami en trouve une à sa taille. Les boucliers étaient fixés en ringuette aux murs et les casques disposés sur des portes armures, il n'avait qu'à se servir. Tout n'était pas forcément de qualité, mais Zaïn ne douta point que Tagar ai l'œil pour sélectionner les meilleures pièces. Tout en restant près de la porte, il demanda :

- Cette soudaine envie de se battre, quitte à renier tes principes d'anti-violence... Pourquoi ? Tu prévois pas de rejoindre l'armée tout de même ? Questionna-t-il, très sérieusement.

Il était de notoriété que le contrôleur était peu friand de la violence gratuite, pour le plaisir. Préférant réserver les actes de violences aux derniers recours. Un penseur avait un jour dit : "La violence est le dernier refuge de l'incompétence", et l'hybride pensait que c'était l'un des crédos de son ami. Pourquoi un tel revirement ? D'autant plus qu'il était prévenant et semblait excité à l'idée de livrer duel dans l'arène, ce qui ne ressemblait au Tagar du jour de leur rencontre. Non pas que cela lui déplaise, mais Zaïn soupçonnait que l'époque qu'ils venaient de traversait avait fait revirer Tagar vers quelqu'un de plus prosaïque. Après tout, les guerres changent les hommes mieux que tout.

- Plus tard -

Un héraut sonna du cor depuis le centre de l'arène, afin de faire silence, mais surtout pour centrer l'attention du public habitant les gradins vers leurs hôte, se tenant droit sur un balcon surplombant le sable de l'arène. Dès qu'il fut certain que son public était pendu à ses lèvres, l'hybride - ayant revêtu une tenue plus martiale (voir en fin de post) - éleva une voix forte, écartant les bras.

- Mes chers amis, vous êtes venus nombreux ce soir, plus nombreux que d'habitude, et ce, pour voir une série de duels qui vous sortiront de votre habitus ! Il aimait à faire des tournures de phrases élaborées, cela faisait presque passer son arène pour un lieu raffiné.

- Ce que je vais vous proposer ce soir restera gravé en votre mémoire, aucun duel ne pourra jamais être à la hauteur de ce que vous allez voir. Nous avons trois combats au programme, mais chacun différent du précédent. Vous pourrez voir à l'œuvre un duel entre deux géants, celui que vous connaissez bien : Gogron, votre favoris depuis qu'il est arrivé, écrasant ses adversaires tels des mouches, qui s'opposera à une pointure de taille, Brak'Trarg, une légende de la Grande Arène, à présent Garde royal ! Des applaudissements tonitruants traversèrent la foule durant bien une minute avant que Zaïn puisse continuer.

- Après ce choc des Titans, vous aurez la chance de voir un combat des plus atypiques mais qui promet son lot de violence, croyez-moi. Pour le premier combat de celle que l'on appelle La Chouette, elle aura comme adversaire le nain Huldrom, oh oh vous n'imaginez pas le spectacle qu'ils sauront délivrer ! Mais d'abord, dès à présent : Tagar Reys face aux quatre fantaisistes ! Comme je viens juste de les surnommer...

Il était vêtu de rouge et de noir :

- Arène de combat, Ikusa -

Si Zaïn avait su à l'avance que Tagar allait devenir le Coeur de l'Empire, il l'aurait dès lors exploité pour mieux vendre son duel : Tout le monde se serait bousculé pour voir une futur ministre se battre dans le sable et le sang. Et même si le sang ne coula guère durant le combat que le contrôleur royal livra, il n'en fut pas moins impressionnant. La magie avait toujours été une source de divertissement considérable, mais si les bulles d'eaux et les mages architectes pouvaient se montrer talentueux, ils n'étaient rien à côté d'un mage se battant au centre d'une arène contre plusieurs adversaires. La foule apprécia grandement ce premier combat et les paris grimpèrent en flèche, le talent que déploya Tagar pendant la première minute suffit à faire dégringoler sa côte tandis que sa popularité explosait.

Sur son large balcon, Zaïn avait été rejoins par son second, Stefan Kennen, ainsi que par Galon, cet elfe qui lui servait de comptable et de guérisseur. outre ces sous-fifres, le patron avait invité à ses côtés Rettesech Vir Ginne, le gobelin qui officiait en tant que capitaine du port d'Ikusa, ainsi que l'officier Phavi Rhaertsaldo, gouverneur d'un territoire du nord, nouvellement conquis. Ces derniers aimaient les combats et étaient trop importants pour se mêler au peuple siégeant sur les gradins, ils avaient donc leur place aux côté du patron de l'arène, de plus ils avaient une meilleure vue depuis le balcon.

- Cinq pièces d'argent pour le contrôleur ! Déclara prestement Rettesech Vir Ginne.

- Pari Tenu mon cher. Vous sur-estimez la puissance des mages. Répliqua le militaire.

Le gobelin était froid et intransigeant avec n'importe qui, mais Zaïn avait sû obtenir ses faveurs en mettant le grapin sur la seule faiblesse du capitaine de port : Rettesech était accros aux jeux d'argent, et rien ne l'excitait plus que les combats d'arène. Premièrement, le gobelin était une source de revenu sûr pour Zaïn car il était rarement assez clairvoyant pour miser le les gagnants, et l'hybride avait obtenue certains avantages en laissant fuiter quelques combines au capitaine de port. Tant qu'à Phavi Rhaertsaldo, Zaïn ne le connaissait guère, mais il avait a traiter avec le soldat, le patron cherchant à établir un contrat commercial avec les mines Valsen, exploitant la carbonite dans les régions du nord. Or, s'il voulait signer avec les mines Valsen, il devait passer en premier temps par le militaire ne charge de ce territoire. L'inviter à ses côtés pour ce divertissement était une excellente mise en bouche. Mais lorsque Tagar fut mis hors-jeu au dernier moment, Zaïn se pencha en avant, craignant pour l'intégrité de son ami, tandis que derrière lui, Rettesech Vir GInne vola en éclat, hurlant sa rage.

- Mais qu'il est mauvais ! C'est votre ami, Zaïn, vous êtes responsable n'est-ce pas ? Vous me tourmentez encore en trichant, vous lui avez dit de perdre au dernier moment pour me faire perdre encore et encore ! Sale flagorneur ! Idiot de chat ! Vaurien de moins-que-rien ! Profiteur de mes deux... Il s'arrêta net lorsque Phavi Rhaertsaldo tendit une main vers lui, attendant les cinq pièces d'argent promises.

Dans un grognement, le capitaine de port jeta cinq pièces argentées dans la main ouverte du gouverneur militaire et feint de quitter les lieux, sautant de son tabouret. Zaïn intervint en appuyant sur la corde sensible du gobelin.

- Vous n'allez certainement pas nous quitter pour cinq misérables pièces d'argent, Rettesech ? Vous connaissez les jeux : Vous pouvez vous refaire au centuple au duel suivant. Et croyez-moi, vous ne voulez pas louper ça. Il l'invita à remonter sur son tabouret.

Alors que le gobelin s'exécutait en grommelant, Zaïn ordonna à Galon d'aller soigner Tagar et de le faire monter sur le balcon juste après, un contrôleur royal avait totalement sa place à ses côtés, doublé d'un ami. Il avait bien combattu, certe pas assez, mais avait livré une magnifique mise en bouche pour ce qui suivait. Dès lors que Rettesech vit le garde royal pénétrer dans le cercle, il délcama :

- Deux pièces d'or que le Dragon de l'arène écrase l'orc ! Il semblait requinqué.

- Pari tenu. Répliqua Phavi Rhaertsaldo sans hésiter.

- Ah non pas vous, monsieur le gouverneur. Lui. Pariez contre le garde royal, Zaïn. Il pointa un de ses doigts scabreux sur l'hybride.

- Comme vous voulez, deux pièces d'or que Brak'Trarg perd. Il lui serra la main à contre-coeur.

Finalement, il fut plumé par le capitaine de port. Pour une fois. Il lâcha deux pièces dans la main verte du gobelin qui ricanait de satisfaction en se délectant du spectacle de voir Brak'Trarg l'emporter. C'était sûr et certain, mais Zaïn avait tout de même parié contre lui, juste pour que le gobelin se taise ne serait-ce qu'une minute. Il ne savait même plus pourquoi il invitait encore le capitaine de port à ses combats d'arène... Ah oui ! Pour les réductions spéciales sur les places de port ! Ok, ça en valait la peine en fait.

Zaïn se retourna pour s'assurer que Tagar se porte bien, installé sur un fauteuil et sa blessure à l'arrière du crâne déjà soignée, il leva un pouce pour lui signifier qu'il allait bien. L'hybride lui sourit avant d'observer le dernier combat qui s'annonçait croustillant.

- R'garde moi le morceau de la donzelle, elle va broyer ce moins que rien, il est minuscule ! Se moqua Rettesech Vir Ginne en voyant Huldrom.

Zaïn regarda le gobelin de haut, le gobelin leva les yeux vers lui. Zaïn lui sourit. Le gobelin hurla :

- La taille ne fait pas tout : J't'écrase quand tu veux le chat ! Et moi je dis que le nain il est petit et faible. Moi je suis petit et fort, pas lui. La Chouette va le balayer. Il était trop prétentieux pour que Zaïn le laisse s'en tirer à bon compte.

- Alors paris pour la Chouette. Il aimit à tourmenter le capitaine de port.

- Cinq pièces d'or ! Et toc ! Dans la margoulette ! Cracha le gobelin depuis son tabouret.

- Je tiens le pari ! Déclara alors Stefan Kennen, jusqu'alors silencieux. Il fit un clin d'œil à son patron.

A peine trois minutes plus tard, Stefan avait plumé Rettesech. Ce dernier s'écrasa au sol sous la colère. Huldrom avait battu la Chouette à plate couture. La foule en délire acclamait son nom, il était clair que si Huldrom voulait revenir se battre à l'occasion, Zaïn lui ouvrirait grand les bras. Il avait gagné sa place parmi les combattants émérites de l'arène.

- J'me tire, ça crains ici. Conclu Rettesech Vir Ginne en passant la porte, la claquant derrière lui. Il avait renversé son tabouret de mécontentement.

Zaïn ne chercha pas à le retenir, il savait que le gobelin reviendrait pour le prochain combat de la semaine, aussi accros aux jeux qu'il était. Phavi Rhaertsaldo les laissa à son tour, prétextant qu'il avait à faire, mais il signifia d'une poignée de main qu'ils se révéraient. Alors que les gradins se vidaient doucement, Zaïn invita Tagar à le suivre pour descendre les marches.

- Viens, allons voir les deux autres, vous avez tous livrés de splendides combats.

Plus haut, les bookmakers faisaient les comptes.

- Arène de combat, Ikuza -

Tout c'était très bien passé, mis à part le combat de Huldrom, il n'y eu pas de blessure conséquente, et le contrôleur royal avait été bien soigné, donc on pouvait en conclure que tout avait bien marché. Dans les coulisses on était même parvenus à découper la carapace de métal qui enserrait le gladiateur que Tagar y avait enfermé. Il était rare que les pugilistes de l'arène s'en tiraient avec que des bleus et des douleurs, Gogron avait bien encaissé les coups et s'en sortait à bon compte tandis que la Chouette n'avait pas de blessures léthales mais allait devoir prendre du temps pour récupérer avec quelques soins. Tout ça avait visiblement ouvert l'apétit de ses trois invités et Zaïn acquiesça la proposition de Tagar. Histoire de terminer en beauté.

- Bien sûr, il l'a bien mérité ! Répondit-il à la demande Brak'Trarg.

La question de leurs gains fut finalement posée sur la table par le nain. Il y avait eu un certain nombre de paris dans les gradins ce soir. Le compte était simple : Si l'on comptabilisait tous les paris, on obtenait une côte par combattant. Par exemple, la côte de Brak'Trarg avait grimpée à 7 tandis que celle de Gogron avait plafonnée à 3,2, ce qui représentait un sacré gain pour l'arène. Expliquons cela à nos lecteurs (Zaïn ne se lançant pas dans cette discussion détaillées avec ses amis) : Si Monsieur Smith avait misé 3 pièces d'or sur Gogron, il aurait perdu sa mise, les rois pièces revenant à l'arène (une pour Zaïn, une pour le combattant et une pour les coffres de l'arène). En revanche, si ce cher Smith avait misé ses trois pièces sur Brak'Trarg, qui a gagné, il aurait remporté 3x7 = 21 pièces d'or ! Fort rentable. Mais le fait était que la majorité des gens avaient misés sur la victoire de Gogron, car ils avaient déjà vus le combattant à l'œuvre et connaissaient bien ses compétences, ou simplement l'affectionnaient, le choisissant comme champion. En soit, environ 3 parieurs sur 10 ont misés sur Brak'Trarg, ce-là repartaient les poches pleines, les sept autres repartaient avec des pièces en moins, comme apr exemple ce fameux capitaine de port, Rettesech Vir Ginne. AInsi donc, les mises de 7 parieurs sur dix ont servies à payer les gains des trois autres et tout le reste revint à l'arène.

En ce moment même, une douzaine de bookmakers, supervisés par le comptable de l'arène, étaient en train de dépouiller cela, délivrant les gains et encaissant les bénéfices. Pour l'instant, Zaïn ne pouvait savoir ce qu'il avait gagné et ce qui revenait aux combattants. Alors il répondit assez vaguement mais franchement à Huldrom.

- Je dirais une vingtaine de minutes, vu le nombres de parieurs que nous avons eu ce soir. Tant qu'à la valeurs de ceux-ci je ne peux pas m'avancer, je laisse ce travail barbant aux scribouillards, on a le temps de manger un bout en attendant ! Donnant le feux-vert à Tagar.

- Taverne du port, Ikusa -

Zaïn était bien content intérieurement que Tagar se soit proposé de régler la note, premièrement il était le plus fortuné d'entre eux, et secondement Zaïn se réjouissait de ne pas avoir à nourrir les deux géants à ses frais. Pour des raisons évidentes. Par déférence pour son ami, Zaïn mangerai à sa faim mais pas de trop, juste assez pour ne pas offenser Tagar et pas suffisamment pour le ruiner. De plus, il ne s'était pas battu ce soir, enfin, pas littéralement. Ce fut sur le chemin vers l'auberge qu'il réalisa à quel point cela lui manquait. Pendant les combats de ce soir il n'y avait pas prêté attention, si concentré était-il sur ses invités de marque. Mais à présent, il comprenait que l'envie de sauter par dessus la balustrade pour atterrir lourdement sur la sable de l'arène, dans le but se jeter dans la mêlé, l'avait tiraillée silencieusement durant tout l'évènement.

Même Tagar qui était un noble affilié au gouvernement royal avait pu se défouler avec un combat digne de ce nom, et tout ce qu'avait fait le maitre des lieux avait été de le regarder tout en pariant sur lui. Au fond de lui se mêlaient du regret et de l'envie, à un brin de colère. La violence était son gagne-pain, mais l'art du combat était sa passion. Il se devait d'honorer les deux bords, une bonne session de combat à main nue était sur sa liste rédemptrice.

Ses tribulations intérieures avaient écoulées un certain temps tel un claquement de doigts, lorsqu'il quitta ses pensées ils étaient tous attablés et Brak'Trarg déblatérait des paroles au sujet d'une éventuelle dulcinée. La chose étonna tellement Zaïn qu'il balaya sans peine ses inquiétudes personnelles pour s'intéresser au cas de son ami verdâtre. Il trempa un morceau de pain dans un bol de purée d'aubergine qui avait été déposé près de lui, et tout en mastiquant la nourriture, il écouta le nain parler à son tour de ses projets. Il revint un instant sur Brak'Trarg, intrigué.

- Il faut croire que les prérogatives de garde royal te laissent finalement une certaine liberté, moi qui pensait que cela était astreignant, il faut croire que tu peux profiter de la vie tout de même. Commenta Zaïn, à demi-étonné.

On disait de Tensai qu'il était intransigeant et autoritaire, il fallait croire qu'il était souple avec ceux qui lui étaient proches, ses gardes en l'occurrence. Un bon signe, peut-être le Reike était en voie de s'assouplir ? Cela convenait amplement au patron d'arène, dans la mesure où il avait l'honneur de pouvoir faire combattre un garde royal dans son arène, une bonne publicité en soit. Zaïn avala puis s'adressa à ses compères, tout en fixant le bois de la table, rugueux, imparfaitement ouvragé qu'il était.

- Messieurs. Sachez en premier lieu que vous êtes libres de pouvoir vous battre à nouveau dans mon arène dès que l'envie vous en prendra. Il esquissa un bref sourire. Mais en vous voyant vous battre j'ai réalisé que je voulais être de la partie. Il est probable que la prochaine fois que vous me verrez dans cette arène, ce ne sera pas au balcon d'honneur, mais bien au centre de celle-ci. Il leva son regard vers ceux qui l'écoutaient.

Gogron parut surpris, mais bien vite un sourire découvrit les énormes dents de l'orc, l'une de ses canines était brisée. Zaïn lui rendit son sourire, soulagé d'avoir acté la chose : Il allait de nouveau livrer des duels dans son arène, de manière ponctuelle bien sûr, pour ne pas fausser toutes les côtes préexistantes.