❂ Physique :

La silhouette longiligne de l'humain se perd dans la marée raciale qui compose ce monde. Là où les tailles frôlent la démesure, là où certains vivront des centaines de vies lorsqu'il n'aura le temps d'en vivre qu'une seule, Draven est un lambda de plus dans les rangs. Sa chevelure ébène à la mèche albâtre lui rappelle des origines lointaines, d'une descendance certaine, tout comme les griffes qui ponctuent ses mains, parsemés çà-et-là d'écailles ébènes. Les humains, ni puissants physiquement, ni démesurément impressionnants par leur carrure, il n'en est pas exclu. Il n'en reste pas moins dans l'éclosion de sa force vitale, arborant une silhouette plutôt marquée par les années d'entraînements. Assez fin et souvent vêtu de noir, sa présence s'efface presque lorsqu'il arpente les rues aux côtés des innombrables habitants du Sekai. Attaché à sa patrie, qu'il n'as que très rarement quitté sur de longues durées, comme ses compatriotes il s'est vu marqué au fer rouge. Le tatouage du Reike trône fièrement en haut de son dos, à la naissance de sa nuque, entre ses deux omoplates.

De son visage assez fin se dégage un signe distinctif qui le caractérise : la longue cicatrice qui lèche son œil gauche. Partant du dessus de son arcade  sourcilière et terminant sa course au niveau de sa pommette. Celle-ci lui rappelle ses premiers pas au sein de la pègre, qui marque au fer rouge ceux qui n'ont ni les codes, ni la rapidité d'esprit de tenir leur langue face à certaines personnes. L'iris rougeoyant de son œil vivant entoure la pupille profonde comme la nuit. Lorsque son œil mort s'éveille à la nuit tombée, les astres semblent l'habiter, dansant au plus profond de son globe oculaire comme si toute la galaxie s'y concentrait dans une version miniature.  

Le plus souvent camouflé sous la capuche d'une longue cape noirâtre, lorsque son visage se dévoile enfin, on peut y percevoir les traits d'un jeune homme qui, malgré le peu d'années, a déjà réussi à réprimer ses émotions au plus profond de son être. Le regard et les expressions faciales de Draven ne change pratiquement jamais, même si de légers rictus peuvent être visibles lorsque celui-ci s'adonne à sa passion pour la critique et la moquerie.

❂ Mental :

Essentiellement moqueur, narquois, goguenard et ironique, il n'en est pas foncièrement mauvais et méchant. Dans un monde dans lequel la plus grande des créatures pourraient détruire toute une ville ou un simple Drakyn pourrait réduire à néant une taverne pour un simple verre de trop, Draven a considéré la mort comme présente à chaque tournant. Chacun de ses mots pourraient lui être fatal, deux options s'offraient alors à lui, faire vœu de silence, ou simplement accepter son triste sort si le nain n'accepte pas la remarque sur sa taille, ou l'Oni sur ses défaillances intellectuelles - si tenté qu'il comprenne les moqueries. Le verbe est aiguisé, la langue souvent déployée lorsqu'il n'est pas en mission d'infiltration ou en pistage de proie.

Il n'en est pas cependant indifférent à la peur. Il y a de ses personnes qui se sentent dans l'obligation de prouver une certaine fierté, clamant haut et fort que la peur n'est qu'un docile compagnon qu'ils ont dressés et laissés derrière eux. Draven n'est pas un de ceux-là, la peur, il l'a déjà vécue, à de nombreuses reprises. Bien que celle-ci ne soit pas un sentiment des plus agréables, il apprend à vivre avec, à la canaliser en une force de survie. Il n'y a rien de plus dangereux qu'une proie à l'article de la mort qui se laisse submerger par la peur de tout perdre. Il connait ses limites et cherche constamment à frôler celles-ci pour se sentir un peu plus vivant chaque jour. Tout est bruit pour qui a peur, et tout est silence pour celui qui sait trouver cette limite chez autrui.

Acceptant ce sentiment de peur sans jamais le réprimer, il est devenu un esprit totalement libre. Libre de ses actions, de ses paroles, de ses ambitions et de ses projets. Cependant, les bonnes opportunités se font bien rares lorsque l'on cherche à agir seul et contre tous. Draven s'est donc plié à la loi de la hiérarchie, dans celle qui lui laissait le plus de liberté : la Pègre. Gravir les échelons est une nécessité pour parvenir à trouver la bonne opportunité, celle qui lui permettra de prendre retraite au cœur d'un lieu paisible et féérique, où l'argent coulera à flot et qu'aucune fantaisie ne lui sera interdite.  

Bien qu'auto-caractérisé comme esprit libre et vagabond, l'athéisme n'a jamais été une option pour lui. Le Culte des Ombres lui est apparu comme une évidence, lui qui accorde une grande importance à la valeur de l'âme d'un défunt. Celle-ci se doit d'être guidée aux côtés des Gardiens. Et si finalement ce paradis féérique, ce graal sans interdiction qu'il cherchait à tout prix à atteindre n'était pas au cœur du Royaume des Ombres ?

Sur cette terre, où les créatures millénaires sont légion, où démons et titanides peuplent contrées et paysages, l'histoire de Draven commence il y a de cela seulement 24 ans. Une simple pincée de lunes pour certains habitants du Sekai, un quart de sa vie pour le jeune homme à la chevelure ébène. Les pleurs et les cris accompagnent sa naissance, comme le petit être fragile qu'il est, ses poumons se gorgeant de leur première bouffée d'air. Dans les confins du désert, au cœur de la ville du Lion, ses pleurs se mélangent aux nombreux autres, allongé sur une paillasse le protégeant à peine du sol. Le liquide carmin le baigne de tout son être, de son premier souffle il imposa le dernier de sa mère. Une humaine, cette chair à canon que l'on utilise à bien des fins. Ici, la gestation rapide était l'atout recherché.

Un physique presque squelettique, une taille bien au-dessous des espérances, peu d'attraits draconiques si ce n'est des griffes et quelques écailles sur le dos des mains. Un échec. La figure paternelle lui tourne le dos, il n'a guère besoin d'un raté, il ne cherche pas à élever des bambins qui ne vivront que quelques dizaines d'années. Il cherche à enjoindre sa descendance, forte et robuste, vivant des millénaires sur les devants du champ de bataille. Il n'est qu'un rebu, mort-né par sa race. Orphelin, voilà son nouveau statut, laissé à la venue du premier marchand ou esclavagiste cherchant du sang frais et de la future main d'œuvre. Il lui attribuera juste un prénom : Draven, par obligation ou par égo de lui rappeler le bienfaiteur qui a bien voulu offrir sa semence. Nul ne le saura jamais.


Sa basse naissance et l'abandon brutal de la seule figure parentale auraient pu engendrer la mort immédiate d'un nourrisson d'une race trop peu valorisée face aux engeances qui foulent les terres. Bon gré mal gré, il fut recueilli par un homme de foi, repoussant la lumière pour adresser ses prières aux ombres et leurs Gardiens. Dans une petite caverne à l'orée du désert, il sera éduqué dès son plus jeune âge à la croyance divine, à l'importance de l'âme, au Royaume des Ombres et leurs habitants. Les Titans lui sont retranscrit en tant que déité de la Lumière, tandis que les réels dieux de ce monde se tapissent dans les Ombres. Il y trouvera alors un chemin, une voie obscure, tracée dans la divination et les murmures, où la mort et le rêve sont géniteurs de toute chose. Bien que grandissant entouré du Shierak et de l'adoration de l'astre lunaire et son jumeau solaire, les premières années de sa vie le tourneront vers la purification des âmes.

Le vieil homme mourra quelques années plus tard, baignant l'enfant dans cette terrifiante peur : la solitude. La faim le guettera, tel un oiseau de proie prêt à s'abattre chaque jour qui passe. De vol, il sera accusé, de vouloir survivre, il sera coupable. Priant les Gardiens avec ferveur, offrant en sacrifice de petits animaux d'égouts, il sera guidé vers le chemin adéquat pour un garçon de son acabit : la Pègre.


Servant de petit oisillon pour quelconque membre voulant lui octroyer quelques pièces de cuivre, il arpentera ruelles et chemins, traversera enclos et marchés à la recherche d'informations, d'objets à dérober, ou bien simplement pour transmettre quelques douteux messages. Il servira également de garçon à tout faire dans une des maisons de joie, lavant les couches et récurant le sol de toutes ses substances nauséabondes. La solitude sera toujours sa plus fidèle alliée, n'ayant personne à qui se confier, à qui se plaindre, personne à qui demander comment être un adulte. Par ce biais, il réprimera ses émotions, au plus profond de son être, car il comprendra rapidement que celles-ci ne sont qu'armes pour les autres.

Adolescent ayant déjà vécu plus que l'on avait pu imaginer, il plaça ses compétences aux services de cette cause, celle des manigances, des malversations, des jeux dangereux et des danses au clair de lune. Le pas léger, l'agilité d'un chat, le silence d'une brise qui parcoure le désert. Personne ne voulait de sa vie, alors il l'offrira à ceux qui veulent la mort d'autrui. Ses capacités lui ouvriront les portes, passant de bleus à exécuteurs en un court laps de temps. Il ouvrira les portes à de nombreuses marchandises, dissimulés sous son long manteau de jais, pour je ne sais quel richissime commanditaire. Celui-ci lui importait peu, il n'y avait que sa propre survie qui comptait dorénavant.


En ce jour radieux, où le désert avait octroyé répit aux voyageurs, marqua la fin de cette longue amitié avec la solitude, et le début de nouvelles. Si d'ordinaire il agissait en solitaire, cette journée marqua un tournant, lorsqu'il fut missionner d'observer et d'aiguiller de nouvelles recrues : Lira Ombreclaire et Kael Demimain. Deux jeunes loups, aux crocs acérés mais aux pattes inversés. Ils étaient d'une maladresse abyssale, mais ne rechignant jamais devant l'effort et s'étant affranchi de la couardise. Deux personnalités attachantes, bien que diamétralement opposée à celle de notre protagoniste.

A leurs côtés, il y passera de nombreux jours, de nombreuses semaines, y apprenant le pouvoir des mots et l'importance d'un verbe aiguisé. Car si tenté que nos mains ne savent tenir ni une lame ni un bouclier, alors notre langue est notre dernier atout. Pourtant, lorsque celui-ci ne suffit toujours pas, il ne reste que peu de temps avant de voir sa tête rouler sur le plancher d'une taverne malfamée. C'est précisément ce qui attendait le jeune Demimain, qui malgré sa robustesse, c'était confronté au mauvais homme s'étant déjà saoulé plus que de raison. Bien que les mots soient des armes, ceux-ci sont bien inefficaces face à une tête impressionnament vide.

Pour quelle raison s'était-il interposé ? Lui, l'enfant solitaire ayant passé l'entièreté de ses jours seuls ? Pourquoi, avaient-ils refusé de voir cet imbécile heureux se faire trancher en deux ? Pourquoi les cris de panique de Lira l'avaient-ils poussé à se jeter sous la lame ? Une giclée écarlate venait tapisser le sol de la taverne, tandis que sa vision venait de se rétrécir de moitié. Puis une toux sanguinolente, celle de l'homme bourru, une dague transperçant sa langue et caressant son larynx. Son corps rejoint le sol, tandis que les deux bleus s'organisèrent pour exfiltrer Draven et lui prodiguer les premiers soins. Une cicatrice ayant condamné son œil gauche, mais ayant scellé à jamais le respect que ses deux compères lui éprouvaient maintenant, lui jurant fidélité et dévouement.

❂ Culte des Ombres : Cultiste et pratiquant de cette religion, il honore les Gardiens et prône la coexistence des ombres et de la lumière. Il voue une certaine importance à la protection et l'apaisement de l'âme des défunts.

❂ La Pègre : Pour lui, le moyen le plus à même de lui correspondre pour gravir les échelons de la société. Simple Exécuteur pour le moment, il ne compte pas s'arrêter là et sera prêt à prendre toute place qui se libère pour lui ouvrir de plus en plus de portes.

❂ Prophétie de la Lune et du Soleil : Bien que déviant de ses convictions personnelles, Draven y garde un œil attentif par les évènements mystiques s'étant produits. Il n'y croit pas, mais sa curiosité reste ouverte.

❂ Esclavagisme : N'en reste pas moins qu'un moyen de s'enrichir comme les autres.