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  • Ven 11 Oct - 13:31

    Tristan était un jeune républicain aux idées nombreuses. Plein de conviction, le jeune boulanger plaçait l'amour des autres au centre de ses préoccupations. Jeune père, il travaillait d'arrache-pied pour permettre à sa famille de survivre dans le quartier des bougeoirs. Confronté aux réfugiés shoumeiens et aux nombreuses autres personnalités frappées par la misère, il n'avait pas hésité une seconde à battre le pavé pour faire entendre ses droits et ceux des réfugiés. Et si au départ il s'était senti galvanisé par l'ambiance et la fureur de ses compagnons. A présent il courrait comme un chien apeuré. Le jeu n'en valait pour lui plus la chandelle. Face aux possibilités de finir écrasé par la foule ou bien frappé à mort par l'office républicaine, il avait opté pour la fuite pure et simple. Ses pensées pleines de convictions s'étaient estompées pour laisser place à Camilla, sa jeune femme drakyn et Edouard, son jeune garçon. Il fallait rejoindre les rues. Oui. Les rues. Tournant subitement, Tristan trébucha sur un pavé décroché et manqua de s'effondrer. Heureusement, sa main accrocha la silhouette se trouvant à ses côtés tandis que dans le ciel un kraken fait d'eau se dessinait dans le ciel. Relevant la tête, le républicain remercia le corps qui avait empêché sa chute, observant le foulard qu'il tenait dans sa main et qui avait retiré l'anonymat à l'être qui se trouvait devant lui. Et sous deux billes dorées aux pupilles fendues. Une rangée de dents acérées se mirent à briller.

    *
    *  *


    Saumâtre fixait le limier écailleux qui se trouvait plus loin. Entouré de camarades républicains dont un lycanthrope et un autre au chapeau ridicule, le dragon du Raskaal déblatérait un flot de mots grondant dans l'air sans que l'esclavagisme ne puisse en saisir toute la teneur. La faute à la pluie. La tempête. Et surtout les cris un peu partout. Le choc venait d'avoir lieu lorsque le capitaine de la Renégate prit son inspiration. Puis, comme un athlète se préparant au lancé de poids, le triton tourna sur lui même avant de projeter en cloche son projectile improvisé, usant de sa force surhumaine pour augmenter un peu plus l'effet de son jet.


    Spoiler:

    Dans un fracas sourd, le corps sans vie s'écrasa contre le pavé entre Eustache et Kieran. Désarticulé par la force de l'impact, le corps sans vie du jeune homme se tordit dans un dernier soubresaut des nerfs pour révéler le torse du pauvre humain. Là, sur la peau meurtri du pauvre Tristan, un nom avait été gravé à la dague. Une inscription sanglante qui ne servait qu'un seul but: une provocation crasseuse.  


    S  E  R  A  P  H  I  N


    Le visage tordu du républicain laissa échapper de ses lèvres un dernier soupir, plus issu de l'air se vidant des poumons broyés que d'un signe de vie. Et de ce faciès martyrisé, on pouvait aisément voir les ressemblances avec le lycanthrope dont le nom avait honteusement été gravé. Les mêmes cheveux. Les mêmes traits juvéniles aux cernes marquées par le manque de sommeil. A présent tâchées d'un carmin morbide.

    Depuis la foule, Saumâtre laissa un large sourire déchirer ses traits tandis qu'il se remettait déjà en route. Sa provocation, aussi malveillante fusse-t-elle n'avait qu'un but. Montrer au drakyn que son deuxième tourmenteur était lui aussi présent mais, qu'à l'inverse de l'amiral, il ne lui ferait même pas l'honneur de se présenter à lui. Naviguant donc ainsi dans une foule paniquée en jouant des coudes, le capitaine de la Renégate ordonna à ses hommes de sa diriger vers le port aussi vite que possible, tout en surveillant qu'aucun lieutenant de la Flotte ne sombre entre les griffes des Républicains. Puis, toujours aussi malveillant, l'orphelin du Récif Noir observa un pauvre soldat de la grande armée qui se faisait malmener par les émeutiers. Le sentiment de prise au piège était souvent un carburant essentiel à la violence. Et, de par leurs manœuvres, les républicains avaient permis de créer ce tableau horrifique. Une foule en colère, paniquée, qui instillait le chaos ne serait-ce qu'à cause de sa volonté de survivre. Approchant du pauvre soldat à terre, le triton ricana légèrement et attrapa le malheureux par le col, avant de le projeter soudainement avec la même force qu'il l'avait fait plus tôt dans le but de faire voler le membre de la grande armée jusqu'au petit groupe dirigé par Kieran.

    - Nous ne sommes pas du bétail ! Ne vous laissez pas traiter de la même façon ! Trouvez une issue, faufilez vous partout ! Montrons à cette ville, et pas seulement à la mairie, la fureur de nos revendications ! Le musée ! Le port ! Tout droit trembler !

    Trop pressé pour se concentrer sur l'efficacité de son discours, le capitaine pirate replaça son foulard sur le visage et plongea, presque littéralement, dans la masse grouillante et agitée qui composait la foule d'émeutiers. Son but était simple, se fondre dans le nombre pour ne pas être suivi et faire ce que Bigorneau avait demandé. Se diriger vers l'eau. Et pour ça, le triton était diablement fort. S'il était parvenu à agiter et rester dans une foule de fascistes sans que le moindre problème lui soit posé, il pourrait assurément évoluer parmi la masse en direction du port. Même si, cette fois, il devait quand même chambouler quelques personnes pour éviter de se prendre lui même des coups. Mais, à agir ainsi, il se fondait en réalité encore plus dans cette amalgame de personnes en fuite. Reculer pour mieux sauter.

    Et ricaner pour mieux se moquer.

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  • Ven 11 Oct - 18:55
    La commandante des troupes d’assaut du Parangon de Justice était concentrée entre l’Obseedra III et le quai. Cependant, elle ne s’attendait pas avoir le navire de la SSG soulevé dans les airs par de la magie élémentaire d’eau. Cela l’impressionnait et elle pensait immédiatement à son supérieur. Quand le navire de la SSG fut reposé de manière rude sur le quai, alors elle se laissait tomber légèrement afin d’avoir une meilleur vue de la situation. Elle mettait la capuche de sa protection mithril et celle-ci arborait une couleur rouge sanguine. Sa tenue devenait complètement rouge, quand elle arrivait à quelques mètres  du pont.


    Elle voyait un être assez grand qui semblait lancer à haute voix une injonction de rattraper les fuyards. La rousse se demandait s’il agissait d’un ancien gradé dans le GAR ou dans la marine. Toutefois, elle voyait le sergent-marin qui regardait Belial comme un inconnu. Quelques minutes plus tard, elle constatait que le sergent-marin se tournait vers le côté Sud et elle constatait aussi quelques silhouettes qui arrivaient bientôt dans ce chaos. L’espionne de la République pensait à son supérieur en espérant qu’il était encore vivant, si c’était le cas alors  elle l’invitera aussi à une danse après le dîner aux chandelles. Toutefois, elle sentait une odeur de cigare et elle supposait que Beliail était un fumeur. Néanmoins,  la situation de crise permettait de mieux couvrir Mirage, car la rousse ne cherchait pas enquêter, car elle devait gérer ce chaos. Tout à coup, elle voyait sortir son supérieur qui bougeait de manière saccadée et il envoyait les ordres au sergent-marin. Il jetait un coup d’œil vers elle  et sans parler, sa subordonnée civile savait ce qu’elle devait faire. Elle se concentrait plus et elle commençait à s’envoler dans le ciel en prenant la direction de Sud.


    Belial et Mirage pouvaient constater une aura rouge qui entourait la tenue avec sa capuche mise. Ils pouvaient entendre  des paroles qui s’apparaissaient à une incantation ou lancer un sort particulier pour sa magie psychique. La rousse avait bien mémorisé le visage du démon, si il perpétuait des crimes dans la République. Cependant, elle n’avait pas le temps de le surveiller  et elle s’élevait dans les airs pour avoir une bonne vision des rues qui arrivaient vers le port. Elle avait une bonne connaissance des petites rues, grâce à son expérience  de nuit en travaillant dans différentes tavernes. Son aura de mana augmentait encore et la commandante des troupes d’assaut fermait les yeux. Dans son esprit, elle essayait de visualiser un visage féminin avec la peau ébène et elle se voyait arriver dans l’esprit de la générale. Elle devait faire vite et faire un discours synthétique, mais elle savait que le son de voix allait rappeler à Athénais le mauvais départ de résistance  lors de la bataille sur les remparts.


    Elle avait une idée pour bien commencer la discussion avec la générale et elle commençait  en mentionnant un message avec le grade de Vandaos avec son mom de famille. Elle expliquait la situation de chaos crée par un ou une mage qui avait lancé un sort élémentaire sur l’Obseedra III. Elle synthétisait les mouvements des morts-vivants sur le port et les hommes du sergent marin. Elle reprenait ensuite par la direction  des fuyards qui prendraient ou qui allaient prendre  les petites rues afin de s’échapper la quarantaine. Elle finissait sa conversation en mentionnant la position du bateau volant militaire de la marine. Elle concluait en se définissant indirectement comme une unité magique de la marine. Elle précisait qu’un  barrage naturel allait être installé pour ralentir les quelques personnes de la foule au Sud. Toutefois, elle indiquait que l'obstruction ne tiendra pas si des mages renégats élémentaires se cachaient dans la foule comme celui ou celle qui a crée le chaos avec L’Obseedra III. Elle insistait sur la demande de renforts et ceux du Parangon arrivaient, mais leurs présence sur place prendra du temps. Elle finissait son rapport en faisant une description de Belial  avec une odeur de cigare qui semblait  arrêter les fuyards.

    L’espionne particulière de la République arrêta son message et elle voyait quelques fuyards qui commençaient à prendre les petites rues qu’elle avait mentionné. Elle commençait sa descente vers le côté Sud et elle faisait  plusieurs petits mouvements avec la main gauche de manière horizontale rapidement pour s'entrainer. Une aura rouge entourait son gantelet métallique et elle commençait dessiner en premier la taille de fissure en marquant avec deux  traits avec son air élémentaire sur les paves de la direction Sud. La taille entre les deux traits était le maximum qu’elle pouvait exécuter avec son niveau de pouvoir élémentaire. Elle dessina une sorte de lame qui prendra la largeur maximum de la rue et la largeur. Elle espérait que son attaque élémentaire allait aussi  dépasser les égouts plus profonds. Un bruit résonnait quand son attaque élémentaire rouge frappait le côté Sud. La femme rousse sous la capuche pointait du point de son doigt  gantelée de sa main gauche rouge  vers les premiers personnes des manifestants qui s’arrêtaient quand ils voyaient cette attaque. Elle criait très fort :

    «  VOUS NE PASSEREZ PAS »

    ILS pouvaient constater que la main gauche cessait ce geste et la main droite se mettait au même niveau. La femme rousse était prête pour une prochaine attaque, mais celle-ci allait être plus puissante. Elle mettait ses deux mains l’une contre l’autre comme si elle priait, toutefois elle allait faire une démonstration de force d’une autre manière. Elle visualisait sa prochaine attaque pour toucher  plusieurs personnes en même temps.


     "RESUME »:
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    Konrad Lightborn
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  • Ven 11 Oct - 20:02

    Partie 9


    [Évent] La Colère des Bougeoirs - Page 17 Christ10

    Après une brève opération magique visant à reconstituer tant bien que mal ses tympans, le commissaire écarta le mage novice attitré à l'infirmerie de la mairie. S'il voulait recouvrer totalement l'ouïe, il lui faudrait un meilleur soigneur. Et si pour l'instant il entendait faiblement et avait toujours cet incessant sifflement au creux de l'oreille, Konrad pouvait au moins percevoir son environnement. Comme pour tester son sens partiellement recouvré, Helios, resté près de lui, se pencha et l'informa de la dernière nouvelle : Arès avait été évincé, une remplaçante avait été nommé par la présidence le temps que des élections soient organisées. Ils n'avaient plus de patron.

    Konrad eut un mouvement de surprise, dévisageant son beau-frère comme pour percevoir une trace de malice dans son œil valide. Rien, il était tout à fait sérieux. La mine déconfite, l'esprit du commissaire véreux parti au quart de tour ! Il était déjà trop tard pour fuser au bureau d'Arès et récupérer les documents scellés qui incriminaient monsieur Wessex, contenant nombre de ses malversations financières, ses opérations d'intimidations et son grand projet Annihilus qui visait justement la suppression de la diaspora shoumeïenne. Tous ces dossiers devaient déjà être entre les griffes des autorités... Une chance que le nom de Konrad n'y soit jamais cité, rien ne l'incriminait, il ne craignait rien. Son boss, en revanche, était terminé.

    Le roi est mort, vive le roi.

    Cependant, il allait falloir que le commissaire circonvienne sa remplaçante, qu'il réaffirme sa position auprès du Préfet et qu'il s'assure de la loyauté de la Reine Ecarlate... C'était surtout ce second point qui le taraudait d'avantage. Selon ses informateurs, la Reine Ecarlate était présente aujourd'hui au sein de Courage, elle avait même été aperçu dans les Bougeoirs plus tôt dans la journée. Elle devait forcément être au fait de la nouvelle, jusqu'à présent Arès tenait la maitresse de la pègre en laisse, il allait falloir que Konrad prenne le relais, et vite. Il ne faudrait pas voir à ce qu'elle foute sa petite vie toute confortable en l'air juste parce que le boss était hors course. Mais chaque chose ne son temps, Pétanque l'attendait.

    Le rapport déclamé par l'estafette allait justement dans le sens de l'urgence, comme cela on restait dans le thème. Entre la demande de renforts à la place des Tilleuls et celle au port, il allait falloir faire preuve d'une grande souplesse tactique ! Konrad resta donc silencieux un bref instant tout en zieutant la carte, finalement, alors que le Préfet fit mine de prendre la parole, le commissaire Lightborn s'en empara à la volée.

    - L'escouade du capitaine Durya est stationnée à Port-Wessex, il ne leur faudra qu'une paire de minutes pour rallier la zone de l'Obseedra. Ils pourront faire tampon et réceptionner tous les pro-optimates qui pourraient descendre du Centre-Ville. Evitons déjà cet affrontement, cela laissera un peu de répit au Sergent-Major.

    Percevant l'accord de Pétanque, il fit signe à Hélios de s'en charger. Son beau-frère disposait d'une certaine vitesse et d'une force qui serait bienvenue pour rejoindre Durya et l'aider à chopper au vol les émeutiers. Une heure plus tôt encore, Konrad avait pour ordre de cogner sur les divinistes, mais maintenant que le vent avait tourné, il devait se ranger du côté des gagnants et assurer l'ordre, comme son poste l'exigeait. Il avait accompli son travail dans les souterrains, il le ferait à présent à la surface, même sous les ordres de la nouvelle mairesse. Hélios, quant à lui, l'avait bien compris, il s'éclipsa donc au pas de course pour alerter l'escouade de Port-Wessex.

    Le commissaire, lui, feignit de ne pas souffrir le martyr et se lissa la moustache en zieutant la générale, juste pour voir ce qu'elle proposait pour le Place des Tilleuls. Konrad, lui, n'y pouvait plus grand chose, toutes ses forces étaient déjà sur place.

    Résumé :

    CENDRES





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    La Chaleureuse Noyeuse
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  • Sam 12 Oct - 9:42
    Takhys n'avait pu s'empêcher de porter ses mains à sa bouche, mi-amusée, mi-stupéfaite, comme un gamin à moitié ravi de voir la portée d'une bêtise désirée. Elle aurait bien ri, si elle avait été à la surface, quand l'Obseedra avait émis plusieurs et longs gémissements d'une coque à l'agonie, tant à cause de la pression qu'elle subissait que de l'éventration de son flanc qui terminait de craquer, faisant éclater les planches qui la composaient ainsi que les ponts qui s'affaissaient en se brisant à l'extérieur, des cordages qui vivaient de tensions... Les mâts avaient tenu bon. Les voiles claquaient sous le vent de la tempête orageuse, ne servant plus à rien désormais, devenant de simples bannières d'une situation désastreuse.

    La Sirène réalisa alors que son idée, plus que folle, provoquait une énorme cohue sur les docks. Au moins, cela détournait l'attention, non ? Ça braillait encore plus fort, ça courait partout là-haut. En plissant bien les yeux, elle arrivait à discerner des silhouettes proches des bords des docks. Il était fort possible qu'on ait décelé sa présence et celle de ses sbires écailleux, mais vu ce qu'elle avait engendré en débarquant le navire à même la terre...

    Dans les faits, Takhys sut qu'elle avait été un peu forte.

    *Oups*, pensa-t-elle alors. Oui, elle n'y était pas allée de main morte. Mais quel spectacle elle avait offert ! Elle se félicita de sa propre petite folie, enjouée d'avoir réussi cette prouesse. Quand tout serait terminé, quand la ville de Courage retrouverait son train-train quotidien, ses clients en auront de quoi parler durant des semaines ! Quelques secondes, elle s'interrogea : Est-ce que Courage retrouvera réellement son train-train d'avant ? Rien n'était moins sûr, en y réfléchissant bien. Bah ! Elle verra bien ! La vie était faite de tempêtes et de moments de sérénité ! La cité portuaire s'en remettra. Les terrestres ne se laissaient jamais abattre pour ce qui était de reconstruire après des tragédies. Liberty en était un parfait exemple.

    La tentation de se rapprocher des docks et de faire surface pour mieux contempler son œuvre fut coupée par la présence d'une lourde silhouette dans les cieux orageux. Takhys la vit. Un bateau volant ? Voilà qui compliquait un peu les choses. Il était temps de déguerpir.

    Elle fit signe à ses Squalelets de la suivre, pour rejoindre l'entrée du port. En même temps, elle usa de sa magie pour les revêtir d'une armure de glace. Cette petite protection ne serait que temporaire, elle en avait conscience, en raison de la température de l'eau saline.

    Commençant à s'éloigner des docks, elle aperçut le sillage de canots, qui brassaient la surface à coups de rames énergiques. D'où venaient-ils, ceux-là ? Elle discerna un peu plus loin la silhouette d'une immense quille qui soutenait une imposante coque. Le Parangon... Il ne coulait pas pourtant ! Ah ! Ses marins venaient prêter main-forte aux docks sans doute. Elle sourit. Elle eut une idée.

    Elle ordonna à sa petite troupe sirénienne que chacun d'entre eux se place sous chacune des petites embarcations, pour les soutenir dans ce qu'elle préparait et leur offrir un peu de vitesse. Après quoi, elle se prépara à appeler l'eau à se soulever derrière les canots pour leur offrir un peu plus de vitesse, les Squalelets s'assurant qu'ils ne chavirent pas... on ne sait jamais... dans la panique. Hum, autant les prévenir avant, non ?

    Elle s'adressa à tous ces marins présents dans leur petite embarcation.

    °Messires, il semble que vous êtes plus qu'attendus sur les docks. La mer va vous aider à accélérer un peu. Tenez bon le cap et le gouvernail°

    L'eau enfla alors derrière les canots, juste ce qu'il fallait pour qu'ils puissent espérer gagner en vitesse sans chavirer.



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  • Sam 12 Oct - 11:13

    Avec le senseur, et alors que la foule se remue enfin dans la bonne direction quand y’a pas des bouffons qui essaient de passer mon mur d’ombre, j’remarque deux présences qui se détachent manifestement et préparent des sorts plutôt puissants. Eau pour l’un, force pour l’autre, et les magies qui les empêchent de circuler comme ils veulent volent en éclat avant qu’un nouveau signal aqueux apparaisse dans les airs. S’ils commencent à s’organiser à travers toute la manifestation, on n’a pas les couilles sorties du sable, en tout cas.

    J’note leurs signatures, et j’me prépare à aller leur expliquer gentiment qu’il faut qu’ils nous laissent faire notre travail, à savoir faire en sorte que tout le monde meurt pas piétiné dans un mouvement de foule, rentre chez Mémé et ferme bien sa gueule, pasque ça ferait du bien à tout le monde et que toute cette affaire commence à doucement me gonfler. Puis j’me rends compte qu’ils sont pas seuls, et qu’en approche directe vers eux, y’a Kieran, Rys et Leonora, que j’ai rencontrée y’a bien deux ans. Une sale histoire avec son daron, que c’était. La famille, de toute façon, c’est quand même beaucoup d’emmerdes, et j’en sais quelque chose.

    Hé, ils vont bien se démerder.

    Surtout que, là où j’suis, on peut pas dire que ce soit non plus la fête. A mesure que mon armure d’ombres se dissipe et que j’reste concentré pour maintenir les murs et les flèches de ténèbres, j’vois qu’un détachement se pointe qui essaie d’avancer droit vers le peuple des Bougeoirs. Et, on va pas se mentir, ils sont pas vraiment ton sur ton. Déjà, ils ont pour beaucoup des gourdins improvisés, des gantelets renforcés, et toutes ces conneries. Ensuite, leurs mines agressives aux traits déformés par la colère les rendent pas particulièrement séduisants.

    Enfin, et c’est le plus bel indice, hein, y’a des grosses bannières avec des symboles optimates et des messsages qui laissent peu de place au doute : « Dehors les shoumeiens », « A mort les monstres » et autres indications pleines de bienveillance et de tolérance. J’me rappelle que j’dois faire preuve de tact et de désescalade, que j’ai plein de tact tout neuf accroché à ma ceinture mais, qu’une fois de plus, ils sont un peu nombreux pour que je distribue ça manuellement.

    Comme c’est foutu, la journée va se terminer que je l’aurai jamais utilisée, et ça, ça me donne envie de chialer.

    Je me rattraperai les autres jours.

    J’lève une main en signe de salutation, et qu’il faut s’arrêter aussi. Vu que je suis plus recouvert d’ombres, mon uniforme d’officier républicain apparaît, et il faut quelques mètres supplémentaires pour qu’ils ralentissent enfin. Aux premiers rangs, j’reconnais personne, mais j’doute pas trop que quelques-uns dans la foule me seront pas inconnus. Si j’avais pas été de service, j’aurais p’tet été dans le tas, après tout. C’est juste que c’est vraiment pas le moment d’aller cogner sur la foule des Bougeoirs : ils sont autrement plus nombreux, et ça commence enfin vaguement à se tasser par là-bas.

    J’tourne la tête vers Juste.

    « Hé, tes gars peuvent pas aider les gens derrière à se bouger un peu plus vite ? Ca serait pratique. Je sais pas ce qu’ils foutent là, eux, mais ils sont clairement pas venus pour être gentils avec les Bougeoirs, si tu vois ce que je veux dire. »

    Puis j’reporte mon attention sur les furieux devant moi, qui ont l’air d’avoir envie de me passer dessus sans s’arrêter, finalement : entre ceux qui poussent derrière, et le fait qu’on ait pas l’air bien menaçant, j’suppose qu’ils se disent qu’ils peuvent aller tout droit. Le mur magique derrière moi devrait pourtant constituer un indice que, tout comme les Bougeoirs peuvent pas passer, eux non plus.

    M’enfin, on sait tous que l’intelligence d’une foule correspond à celle du participant le plus stupide divisé par le nombre de personnes. Et s’ils ont pas l’air si nombreux comparés aux autres, qu’est-ce qu’ils ont l’air con, putain.

    J’me racle la gorge. Puis je hurle.

    « ALLEZ CA SUFFIT ! RENTREZ CHEZ VOUS, VOUS POUVEZ PAS PASSER PAR ICI ! »

    Bizarrement, j’ai comme l’intuition que ça suffira pas à les convaincre. Les ombres s’animent à nouveau pour former un filet tendu entre les bâtiments, à travers lequel ils peuvent encore me voir. J’fais des gestes de la main pour leur signifier de poliment partir, et j’agite Tact pour leur faire comprendre que ma patience est vraiment pas au top. Puis j’bouffe un p’tit remontant : un peu de mana supplémentaire, ça sera pas de refus, et j’suis pas sûr d’avoir beaucoup d’autres temps morts.

    Spoiler:
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  • Sam 12 Oct - 11:20
    Les Bougeoirs
    Avec plein de monde


    Ce n’était pas spécialement la nouvelle qu’Athénaïs souhaitait entendre de la Sénatrice, mais il fallait faire avec. Les forces républicaines tiendraient les barricades renforcées de la mairie tant que faire se peut. C’était le moins que ses soldats pouvaient faire pour éviter le drame, mais si la Sénatrice ne se hâtait pas, les choses risquaient de dégénérer. Les représentants shouméens devaient le savoir et comptaient probablement là-dessus pour obtenir plus que ce que l’on pouvait décemment leur offrir. Mais ces considérations politiques n’étaient pas du ressort de la générale. Tout ce qu’elle pouvait faire en cet instant, c’était déplacer des troupes.

    La grande carte de la ville se remplissait peu à peu de nouvelles informations sur les mouvements de troupes et sur les insurgés qu’il fallait disperser. Les officiers de liaison déplaçaient les figurines sur la grande table et continuaient d’assurer les liaisons télépathiques avec les chefs et les mages d’escouade pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’accrocs dans le plan.

    Maintenant que la situation sur la place des Tilleules était pratiquement résorbée, il était possible de redéployer une partie des troupes vers le port pour aider les troupes de la marine à gérer les emmerdes qui se profilaient. Athénaïs appela l’escouade de Brisemurailles sur la place des Tilleuls et quelques groupes encore actifs de soldats républicains pour converger vers le port et stopper les Optimates qui menaçaient la sécurité des médecins.

    La générale déplaça les figurines sur la table dès lors que ses hommes eurent donné leur réponse. Dès que la situation serait totalement sous contrôle, ils convergeraient vers le point de rencontre pour porter assistance aux médecins et protéger les civils.

    Portant son attention sur la foule des émeutiers Optimates qui fuyaient vers l’ouest, la générale annonça aux troupes disponibles qu’elle avait retiré du front de l’ouest d’aider à sécuriser le point d’évacuation afin que les émeutiers ne puissent menacer les civils shouméens.Plus vite ces émeutiers seraient évacués et plus vite il serait possible de reprendre le contrôle de la situation non loin du boulevard des mages rondelets. Ce n’était peut être pas l’action le plus décisive, mais tout était bon à prendre pour alléger la pression sur les épaules de sa lieutenante. Les soldats devraient alors coordonner efficacement l’évacuation des émeutiers en les faisant passer par le quai des pleureuses pour finalement les rejeter vers le pont méridional.

    Il restait cependant un problème de taille : l’Obseedra semblait contenir à l’intérieur des gens armés. Si la priorité restait la protection des médecins, il fallait absolument contenir cette violence avant que les Optimates fuyant vers le port ne détruisent tout. Malheureusement, les forces républicaines étaient déjà très occupées et il fallait s’en remettre à l’Amirauté tant que les troupes qui convergeaient vers le port restaient en mouvement. Elle contacta alors le Contre-Amiral, sa discussion avec l’ambassadeur reikois lui ayant donné une idée.

    ”Vandaos. Nous avons eu les rapports concernant la situation au port. Capturez le chef des insurgés … et exfiltrez-le via le Razkaal ou le SCAR. L’ambassadeur reikois et ses sbires ne doivent pas mettre la main dessus. Des troupes arrivent pour vous épauler. Je compte sur vous.”


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    [Évent] La Colère des Bougeoirs - Page 17 Signat12

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  • Sam 12 Oct - 11:45
     
    La colère des Bougeoirs
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    Le vol de Jamby n’était pas très droit, la faute au contrecoup de l’air électrifié dont il avait sous estimé l’efficacité, tout à l’heure. En rajoutant à ça le tambourinement douloureux a l’intérieur de sa caboche, et l’on obtenait un véritable chauffard aérien qui zigzaguait entre les cheminées de toit, essayant de semer son poursuivant. Un virage particulièrement serré les fit arriver sur le Boulevard des Mages Rondelets, en proie a un chaos encore pire que celui de la Place des Tilleuls ! Apparement, le Nain n’était pas le seul à s’être opposé aux forces de l’ordre tout en perturbant les manifestations, à en juger par les déferlements de mana divers et var…

    « PUTAIN DE MERDE ! »


    Le petit être dévia dans trajectoire comme il le put, évitant in-extremis de percuter les deux donzelles qui se tenaient sur les toits. Foutue pluie qui rendait la visibilité presque nulle ! Une cabriole qui coûta malheureusement son équilibre à l’ermite ventripotent, désormais bien parti pour entamer une course de collision avec la cheminée la plus proche !

    Jamby fit le choix de freiner brutalement, atterrissant lourdement à une centaine de mètres des deux squatteuses de toit. Un pari risqué, car jusqu’à présent seules les forces de l’ordre occupaient les hauteurs, surement pour avoir un quelconque avantage sur la foule, ou bien juste pour le plaisir de les regarder de haut ! De toute façon, un problème plus urgent arrivait à fond les ballons : l’officier moustachu, toujours en vol, couteau pointé vers sa bedaine ! Le Nain brandit son jambon, faisant un pas de côté tout en effectuant un revers avec le bout de charcuterie pour dévier l’arme blanche au moment où le gardien de la paix arrivait sur lui.

    Un pari réussi, qui força le moustachu à effectuer une toupie aérienne pour se rétablir et atterrir, le tout avec style, avant de retourner à l’assaut. Pire qu’un cafard, celui là !

    « Et ton, et ron … »


    Le petit être dit un mouvement avec son jambon de bas en haut, projetant son mana vers la toiture devant l’officier en pleine course.

    « Petit patapon ! »


    Le mana rugit, et les briques se soulevèrent, telle une grande vague en train de se replier sur elle même, menaçant d’engloutir l’adversaire du Rebelle Ultime. Une démonstration de pouvoir qui ne passerait certainement pas inaperçue chez les forces de l’ordre républicaines présentes sur le boulevard. L’ermite ventripotent aurait peut être pu perdre son poursuivant dans la foule grâce à sa petite taille, mais l’occasion était maintenant perdue. Pire, de nombreux militaires étaient présents, à même de le prendre en chasse !

    Jamby s’en rendait compte, désormais : il avait commis une erreur en prenant la fuite jusqu’ici ! Il se retrouvait maintenant dans la gueule du loup républicain, avec peu de chances pour s’en sortir …

    AINSI SOIT-IL !


    Écartant les bras pour former un T, faisant face a la foule en contrebas, le Rebelle Ultime se mit à hurler pour couvrir la pluie tonitruante, à l’attention de toutes les forces de l’ordre sur le boulevard :

    « VENEZ, CHIENS DE LA RÉPUBLIQUE, VENEZ SI VOUS L’OSEZ ! VOYEZ CE QU’EST LE VRAI COURAGE ! VOYEZ COMMENT L’ÉQUILIBRE SERA RETROUVÉ ! »


    Un éclair déchira le ciel, comme pour ponctuer le discours. Plus de retour en arrière possible, maintenant ! Si Jamby devait tomber ce jour, que cela soit un combat digne des plus grandes légendes du Sekai !  

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  • Sam 12 Oct - 14:18
    La carapace segmentée de sa tête se penchait légèrement sur le côté, les antennules secouées par la bourrasque explosive du choc de sa pince contre la grande épée de l’homme-dragon. L’air lui-même vibre sous la puissance du coup, se comprime et explose dans un mur blanc, presque opaque, qui balaye les innocents qui ont eu le malheur d’être trop près d’eux, fait voler en éclat les vitres et fracture le sol même sur lequel se tiens l’abomination carmine face au justicier ultramarin.

    La peur.

    Qu’est-ce que la peur, petit homard ? Qu’est-ce que c’est que cette émotion que tu connais si bien ? Est-ce que c’est quelque chose qui te serre le cœur, gèle la lymphe dans tes muscles et fait frémir ta carapace ? Ou bien est-ce cette chose qui fait battre ton cœur avec tant de force que tu as l’impression d’être à l’étroit dans ta propre carapace ? Es-tu seulement capable de comprendre ce que c’est ? Non. Non, non. Non, non, non. C’est quelque chose que tu connais bien, en vérité. C’est cette chose que les peaux-molles ressentent en te voyant pour la première fois, qui donne ce goût un peu acidulé à leurs viandes que tu attendris en la martelant, qui leurs fait pousser ces cris si amusants dont tu te délectes.

    Mais pas lui, non, lui, il n’a pas peur. Il est en colère, c’est curieux, il trouve ça étrange, c’est rare pourtant qu’on le regarde comme ça. C’est bien la première fois depuis très, très, très longtemps qu’un « terrien » s’était retrouvé bloqué face à lui dans un combat sans que ses entrailles ne se serrent de terreur. Lui, il attendait quelque chose du Homard, quelque chose qu’il était bien incapable de comprendre hélas. La peur ? Lui ? Allons, c’est bien quelque chose qu’il était beaucoup trop insouciant pour connaître. Il était déjà presque impossible de le faire souffrir, alors lui faire peur ? Non, la vie était un jeu, et qu’on gagne ou qu’on perde, l’important était de s’amuser. Le justicier aux écailles bleues, lui, avait tout ce qu’il fallait pour être l’objet de son obsession.

    Il était en chair, ses muscles remplis d’eau et de myoglobine, peut-être un peu trop maigre en gras pour être correctement persillée comme il l’aimait, mais les muscles de Drakyn ce sont des éponges, ça boit ce qu’on donne à boire. Une marinade, si jamais les muscles étaient trop filandreux pour être au goût des autres membres de l’équipage. Voilà ce qu’il leurs fallait, une marinade, du citron pour attendrir la viande et éviter que les dents de ses camarades les plus humanoïdes ne se déchaussent, avec des épices, de la sauce des îles, du sel, du poivre…

    Un vrombissement malade s’échappa de son rostre, ressemblant à un rire tandis qu’une écume blanchâtre et pleine de bulles baveuses s’échappa de l’affreuse fente cartilagineuse qui lui servait de gueule. Oui, il était incapable de parler, mais son attention était claire. Kieran était devenu le nouveau jouet favori d’Eustache qui s’abandonnait à ses pulsions les plus autodestructrices. Lire ses émotions dans ses billes noires comme l’abîme relevait presque de l’impossible, pourtant, quelque chose brillait, là dans les tréfonds d’ordinaire insondables de son regard. Celui d’une malice infinie, d’une cruauté sans pareille, pure et sincère. Lavée de toute prétention, de toute justification. La bête rouge est le mal incarné, sous sa forme la plus pure et la plus enfantine. Une horreur vomie par le Sekaï, qui n’aimait que ses parents, c’est-à-dire, ceux qui l’avaient sauvé autrefois des limiers et des officiers républicains qui avaient eue la délicieuse idée de l’ébouillanter vif.

    Et alors que Bigorneau acheva les présentations, le justicar put enfin réaliser quelque chose. Pour la première fois de sa carrière toute entière, peut-être, il contemplait le mal sous sa forme la plus pure et la plus sincère.

    Les enfants sont cruels, après tout, il suffit de voir comment ils jouent avec les fourmis pour s’en rendre compte.

    Dans une rotation de son poignet et en contractant les muscles de sa broyeuse, la pince se referme autour de l’épée dont l’acier commence à chanter sous la torsion atroce de la force prodigieuse du boscambusier. Puis, elle glisse, faisant vibrer l’orichalque de sa carapace et projeter des escarbilles et gerbes de flammes qui font briller un instant le cuivre des mers. Le monstre rouge s’arrête un instant, faisant claquer sa pince une fois, puis deux, en observant d’un œil curieux ce qu’il vient de se passer. Où est l’épée qu’il avait attrapée ? Pas d’éclats par terre de cette claymore démesurée, aussi, il relève ses billes noires sur son adversaire et la tête segmentée se penche à nouveau sur le côté. C’était une première ça aussi, que quelque chose échappe à sa broyeuse.

    Les antennules flagellent l’air, un avant-bras chitineux se lève pour éponger l’écume qui coule de sa gueule dans le pli d’un manteau perforé par les épines de sa carapace qui racle contre elle-même. La bête s’ébroue, se penche en avant et glisse la main dans une sacoche remplie de billes d’acier et d’éclats d’os. Avant qu’il ne s’arrête en ne sentant plus ce martellement constant contre sa carapace. Il ne pleut plus un instant, c’est comme si le temps se fige, une goutte en suspension figée devant lui luit doucement en reflétant la lueur d’un incendie un peu plus loin avant de remonter dans le ciel. Eustache, alors, relève la tête vers le ciel pour y voir un symbole qu’il ne connait que trop bien. Et un grincement plaintif s’échappe de ses pédipalpes qui frétillent contre le cartilage des articulations de son affreuse gueule de chitine segmentée. Il abuse, le capitaine-amiral, ça fait des heures qu’ils sont entrain de tenter de faire tout bien et là on lui demande de s’arrêter alors qu’il va enfin s’amuser ?

    Un frétillement encore, alors qu’une démangeaison remonte le long de son échine et ne ramène son attention à la claymore qui fends l’air à nouveau pour venir le frapper. Cette fois, venant frapper durement contre la carapace qui recouvre un plexus musculeux qui lui sers d’épaule. L’acier fends, à peine la chitine rouge et tranche quelques fibres musculaires du boscambusier, sans pour autant lui arracher la moindre sensation. C’est à peine si il regarde un instant la lymphe bleutée qui viens teinter sa carapace PECtorale. Le justicar a fait l’erreur de se retenir et de mettre à l’épreuve son acier contre sa chitine. Un vrombissement profond remonte le long de ses hanches tandis que ses muscles qui s’activent résonnent avec le cartilage qui unis sa carapace, un poing se ferme, l’épée se retire et des bras se croisent en transformant la lame en armure. Et un coup part, comme un boulet de canon qui frappe en pleins avant-bras le justicier qui glisse sur quelques mètres en arrière.

    Le homard fait alors un pas en avant, puis s’arrête, semble réfléchir un instant puis fait volte-face, s’enfonçant dans la foule qui s’écarte sur son chemin alors que lui aussi, décide de prendre la fuite pour rejoindre son capitaine. Pas qu’il ait peur, non, mais quand le capitaine ordonne.

    On obéit.


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  • Sam 12 Oct - 14:37

    Aaaaah conséquences, conséquences. En ce bas monde tout n’était qu’acte et conséquence. Quand il était encore un petit jeunot, la main sous la jupe de la p’tite Magdala : action. La grosse tarte dans la gueule avec un coup de pied dans les parties : conséquence. Un être normalement constitué apprenait de ses actions par les conséquences qu’elles engendraient. Pourtant, il existait encore et toujours des irresponsables, des irraisonnés, qui non contents de voir leurs actions se transformer en réels dangers pour leur petite vie riquiqui, se réjouissaient des conséquences désastreuses qui en découlaient. Si on écartait la bêtise et la simplicité de ce raisonnement, on se retrouvait flanqué avec des individus dénués de sens commun. Dans ces groupes de connards, on y retrouvait plus ou moins les mêmes profils. Allant du politicien véreux ou extrémiste (ou bien les deux, rien n’est indissociable chez les connards), passant par l’officier dopé à l’adrénaline au haut gradé complètement pété du ciboulard, au petit bandit des grands chemins ou au pire fils de chien de tueur en série, au bête contrebandier qui revend sa camelote ou bien le pirate, dont la vie est tellement coupée de la société que son bon sens aiguille en négatif. Bref, ceux qui agissent sans avoir peur, sans réflexion, sans recul, et qui n'en ont clairement rien à foutre.

    Doudou, sachant parfaitement que l’océan tempétueux qui l’emmenait loin de ses collègues et de son amiral, n’était au final qu’une des conséquences de ses actions mesquines. “Quand tu tripotes trop le chaos, faut pas te plaindre qu’il te jute à la gueule.” Proverbe brumerivois, qui prenait alors tout son sens. La chaîne de ses dagues bien agrippée dans sa petite patte, le pirate avait étonnement encore le luxe de réfléchir à des facéties tout en se servant d’autres bougres pour se protéger des vagues de violence des contestataires.
    Contestataires qui avaient perdu en superbe, s' ils n’en avaient jamais eu. Ça beuglait dans les sens, ça chouinait, ça crachait, ça grognait. On avait beau leur avoir vendu l’idée illusoire qu’ils n’étaient pas du bétail, la réalité avait vite fait d’avoir plaqué cette image patriotique au sol. Certains pélots écumaient comme c’était pas permis, des femmes poussaient des cris s’apparentant plus à du bovidé qu'à de la femelle éplorée, et de toutes parts on pouvait jouer au petit jeu tout mignon de “Devine de quoi elle est morte la dame ?”. Passe-temps plutôt efficace quand on était coincé dans une émeute qui avançait comme timonier sans tête. Expression brumerivoise aussi.

    Sans se laisser martyriser par la foule, et profitant de son gabarit, Marimba se laissait porter, prenant abri derrière de grands gaillards qui raquaient les coups et les bousculades à sa place. Tel un animal exotique sur sa branche, il contrait les bourrasques de coups avec une aisance presque insolente. Bien sûr, il n’était pas infaillible, se récoltant des coups de tatane, savate et autre chausse-misère de temps à autre. Rien de bien vilain, si on comparait avec ce qu’avait ramassé le Eustache plus tôt. Cornebleue, il s’était fait électrisé ben comme il faut, on aurait presque senti la chair crustacéenne légèrement fumée venir enivrer la foule. Heureusement qu’il était bâti comme un colosse. Sa stature de géant en était presque ridicule mais au moins, on avait évité une scène de carnage festoyenne à base de dégustation de homard à la républicaine.

    Sur ces pensées philosopiratienne, l’axolotl se trouvait tout de même bien embêté. Il espérait qu’au moins un de ses gars avait été entraîné avec lui, car bosser seul comme un idiot c’était vraiment pas drôle. Sur un bateau c’est oui. C’est la terre ferme, c'est non. Capisce ? Bateau - oui. Terre ferme - NON. M’enfin il pouvait râler autant qu’il voulait, ici il ne ferait qu'ajouter un cri d’animal au bestiaire de la manifestation.

    Il allait continuer son jeu qui était quand même franchement divertissant de “Devine de quoi elle est morte la dame ?”. Qui, comme son nom de l’indiquait pas forcément, consistait à deviner de par les cris et râles de douleur et d’agonie, quelle blessure avait été infligée. Un point si tu devinais uste le sexe de la victime. Deux points si tu devinais quelle partie du corps a morflé. Trois points si tu devinais en plus de tout ça, la cause de la blessure. Ils  y jouaient pas mal avec Biggie et Saumâtre, dans les moments de combat un peu long. C’était toujours une bonne rigolade. Et sans se vanter, Doudou se défendait pas trop mal ! Le navigateur eut un petit sourire nostalgique. Le boucan de la foule résonnait toujours fortement, et il s’étonna d’entendre encore quelques bribes du chant des bougeoirs résonner par ci et par là. Oh les pauvres bébous. Cale-à-bites, c’était pas vraiment ça qui l’intéressait. Jouer la corde sensible ne l’intéressait plus. Alors, au milieu d’une foule furibonde le pirate lui, égayait son aventure avec ces propres méninges.
    "Ah ça c’est une brique dans la gueule, ça. Ouuuh les phalanges brisées par une matraque, ah ouais dur. Ahah fracture pénienne ça je reconnais ! Han merde, ça je reconnais pas. Un coup de poing dans le nez ? Un coup de coude ? Chier, je sais pas. Bon…Ça me fait sept points, faut que je me reprenne, ça va pas du tout c’est de la sous-performance à ce rythme !"

    Doudou n’eut pas le temps d’identifier si le mecton devant lui s’était pris un coup de coude ou un coup de poing dans le reniflant. Il y eut des exclamations, nouvelles cette fois-ci, qui appelèrent à regarder le ciel. Le petit axolotl eut comme un pressentiment, car ses branchies frétillèrent d’impatience. Il leva ses grands yeux verts vers les cieux et y vit un magnifique kraken, formé de pluie et de magie. Un énorme sourire vint fendre le faciès plat du pirate, et il lança un sifflement perçant, appelant à d' éventuels collègues de relever la tête. Ils pouvaient enfin se barrer du plancher des vaches.

    Vertudieu ! Il pouvait prendre le large, se faire la malle, mettre les voiles, tricoter des gambettes, prendre la clef des mers, bref se casser et avec le sourire, oui Madame !
    Il fallait tout de même la jouer fine. Avec un effort mental considérable et une volonté de fer, l’hybride entreprit de rejoindre les bords de la foule. A la moindre ruelle dégagée en vue, il s’y faufilera comme un lézard devant une fissure, pour rejoindre le port. A la moindre échappée d’un petit groupe de manifestants se faisant éjecter dans des rues adjacentes, il prendra les bouts. L’opportunité ne se fit pas attendre. La grouillance de la manifestation, arrivait aux portes de l’esplanade du musée et commençait à péniblement s’éparpiller. Doudou était à l'affût, et fut l’un des premiers avec plusieurs petits groupes de crève-la-faim à se détacher du bataillon afin de rejoindre les rues adjacentes. A la surprise générale, les représentants de la loi y étaient plus rare et la voie relativement libre. Restant sur ces gardes, l’axolotl entreprit de se faire discret, restant avec des petites gens aux airs pacifiques, qui eux ne souhaitaient qu’une chose : rentrer chez eux après l’enfer qu’ils avaient vécu. Pour ça, Doudou les comprenait.

    Lui aussi avait hâte de rentrer chez lui.
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    [Évent] La Colère des Bougeoirs - Page 17 Doudou10
    Bouge toi de là, poiscaillon !
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  • Sam 12 Oct - 18:12




    La colère des Bougeoirs



    Le Prévot Vouivre, ou de son vrai nom Kieran. C’était donc le grade et le nom de l’enfant de dragon. A cette évocation, je souris et hochai de la tête, notifiant par ce simple geste que j’avais pris note de l’information. Après le rapport concis de la situation délivré par les limiers décrivant le bordel qu’était devenu cette manifestation, il allait sans dire que les échos de ce chaos nous parvenaient. L’air grouillait d’un bruit incessant, anarchique, qui se mêlait au battement de la pluie tandis que l’espace crépitait des arcanes magiques qui étaient lancés de toutes parts. En plus des mouvements de foule, des affrontements semblaient avoir vu le jour entre des membres de la manifestation et des membres des forces de l’ordre. Lorsque je fais part de mes réflexions au Drakyn dans l’espoir de retrouver un semblant de traces de l’ordre de la Chouette, de la soeur Friede ou quelque soit le nom de ces foutus terroristes, il acquiesce tout en me faisant remarquer un détail que la fatigue m’avait fait laissé de côté. Le regardant de haut en bas, sa taille, sa carrure et ses écailles n’étaient pas exactement l’archétype de quelqu’un capable de facilement se dissimuler et se fondre dans la masse. Avec un petit reniflement amusé, je hochai la tête.

    -Je te l’accorde…

    On se met alors en route sous cette pluie battante, avec la même détermination que ceux qui semblent perdus mais prêt à tout pour avancer, car c’est exactement la situation dans laquelle nous nous trouvions. Hestian nous avait donné du fil à retordre dans ces égouts, puis une fois vaincu, c’était au tour de la bombe humaine. Et en même temps, nous apprenions l’existence du bras droit de ce cher Montsoul qui s’était téléporté et dont la trace risquait d’être merveilleusement dure à retrouver. Tout en apprenant qu’il y avait un ordre de fanatique prêt à se sacrifier en l’honneur d’un titan. Alors si mes pas sur les pavés semblaient lourds, ce n’était pas seulement à cause de mon souffle qui restait un peu court et des douleurs qui meurtrissaient mes muscles. Continuant à marcher, perdu dans mes pensées et incapable de savoir comment j’allais pouvoir retrouver la trace de cette soeur Friede, la voix de Kieran me coupa dans mon élan. Elle était tendue, et autant les mots que le ton employé me firent tourner un regard inquiet vers l’enfant de dragon. Son regard à lui était tourné vers la ruelle sur laquelle nous venions de déboucher, ses traits déformés par la colère.

    Et si jamais je me posais la question de la raison de ce courroux, la réponse m’apparut vite. Déjà en image, avec un lycanthrope à moitié à poil, visiblement faisant parti des forces de l’ordre, qui faisait face à une créature marine au teint bleu et aux canines aussi acérées que notre ami lupin. A vue d’oeil, j’aurais dit un triton ou un élémentaire d’eau. Mais dur d’être formel à cette distance, et cela n’avait que peu d’importance. Lorsque le Prévôt révéla son nom, l’Amiral Bigorneau, cela confirma mes suspicions. Des foutus pirates parmi les manifestants, et au vu de la teneur de leur conversation avec mon ami dragon, leurs intentions étaient loin d’être pures. Cette manifestation n’avait plus rien d’une manifestation. C’était le cirque des trouble-fêtes qui s’annonçaient les uns après les autres. De quoi me taper sur le système. Mais lorsque notre cher colosse de plus de deux mètres fonça sur le Pirate en dégainant sa claymore avec ce qui ressemblait à une rage meurtrière, je sus ce qui allait se passer. Et j’en avais eu assez pour ne pas en redemander. Reculant dans la ruelle adjacente, je bouchai mes oreilles pour échapper à l’onde de choc tout en laissant à nouveau s’exprimer mon sixième sens magique. Lorsque je revins sur place, la claymore du colosse bleu était non pas fichée dans le corps du bandit des mers, mais posée contre la pince d’un…homard. Une autre créature marine, de toute évidence. J’enregistrai sa signature de mana ainsi que celle de l’Amiral Bigorneau, qui entama son discours en rassemblant une quantité phénoménale de mana avec le bras levé.

    -On ne faisait que passer, Loup. Mais visiblement, c’est un peu le chaos ici. Moi c’est Fulgurys. Reste sur tes gardes, ce dénommé Bigorneau prépare quelque chose.

    Au-dessus et autour de nous, la pluie cessa de s’abattre pour s’agglomérer et former un immense Kraken fait d’eau dans le ciel. Ses paroles semblaient faire allusion au fait que ce géant animal tentaculaire n’était en réalité qu’une diversion car il avait mieux à faire ailleurs. Comme si cela allait se passer comme ça. Il venait de profiter d’une manifestation d’un peuple opprimé et en souffrance juste pour semer plus de chaos et servir ses intentions personnelles. Il y avait certainement des blessés, des morts, des gens qui avaient perdu leur maison, leurs parents, leurs enfants, tout ça parce qu’un groupe de pirate bordélique avait décidé de se mêler de ce qui ne les regardait pas en rentrant sur un territoire qui ne leur appartenait pas. Et ils pensaient que j’allais les laisser faire ? J’étais certes fatigué, mais la colère commençait à me gagner au fur et à mesure que je comprenais que ce carnage était au moins en partie de leur faute. Mes yeux commencèrent à s’illuminer sous mon chapeau de riz et à lancer des éclairs, mes bras optant pour la même transformation alors que je canalisais ma magie. Mais je l’avais beaucoup utilisée jusqu’ici, je ne pouvais pas me permettre de la gaspiller, il fallait que j’agisse intelligemment. Lorsque l’eau de l’Amiral retomba, je levai un doigt en l’air devant moi, et un bouclier de foudre apparut au-dessus de ma tête pour évaporer l’eau qui me tombait dessus. Je faisais confiance aux autres pour savoir se défendre. Mes années au sein des forces de l'ordre, et plus récemment au sein des Effraies et mon contrôle parfait de la foudre me permirent de faire une création en m'assurant qu'aucun civil ne serait touché par mon électricité ou les conséquences de celle-ci.

    Et subitement, un corps atterrit au pied de Kieran. Un corps désarticulé, dénué de vie, de ce qui semblait être un simple civile. Mon regard se tourna immédiatement vers le coupable, le timing bien trop précis et l'acte délibéré pour que je ne soupçonne pas un membre de la flotte de l'Amiral, mais impossible de le distinguer dans toute cette foule. La colère montait et les éclairs commençaient à crépiter autour de moi.

    -Espèce d’enflure.

    S’il y avait bien une chose que je détestais par-dessus tout, c’était bien la méchanceté gratuite et la cruauté. Ils venaient de tuer, et cela semblait les amuser plus qu’autre chose. Ces pirates…venaient de se faire un nouvel ennemi. Je n’eus toutefois pas le loisir de riposter qu’ils déguerpissaient déjà tous. Si l’Amiral Bigorneau avait fui bien trop rapidement pour que j’espère le suivre, et encore moins dans ma condition, ceux qui étaient mêlés à la foule devaient encore être présent, en train d'avancer eux aussi. Je m’élevai dans le ciel pour observer avec un peu de hauteur la situation avant de me rendre compte que les civils prenaient la direction du port. Coïncidence ? Après que l’Amiral aient dit qu’il avait mieux à faire ailleurs, suivi d’une démonstration de force coûteuse en magie juste pour nous arroser un peu ? J’en doutais. Ces satanés pirates avaient certes déguerpi dans des directions un peu différentes, la foule où se cachait le criminel se dirigeait vers les bateaux, et donc l'Obseedra. C’étaient des pirates après tout. Peut-être était-ce là le ticket de sortie de toutes ces créatures marines ?

    -Je vais après eux. Ils se dirigent probablement vers le port, lançai à l’attention du lycan et du drakyn, sans attendre de voir s’ils allaient me suivre.

    Je n’allais pas pouvoir suivre leur signature de mana dans toute cette foule, ni rattraper l’Amiral anormalement rapide, mais peut-être pourrais-je les intercepter au port s’ils étaient ralentis par la foule en tentant d’être discret. Je m’envolai alors dans la direction du port, en évitant les mouvements de foule des civils et les lieux de confrontation et en restant à l’abri pour ne pas être remarqué par les foules. Autrement, ils auraient pu voir un objet volant non identifié parsemé d’éclairs et parcourant les airs à hauteur de bâtiments. Je ne volais pas aussi vite que j’en avais l’habitude, la faute à la fatigue, mais c’était toujours plus rapide que de courir au vu des douleurs qui continuaient à se répercuter dans mes muscles. Je n’avais pas oublié Soeur Friede, mais les chances de la retrouver à l’heure actuelle étaient extrêmement minces,  alors que couper la route de ces pirates si ces derniers se dirigeaient vers l’eau était beaucoup plus grande. Et qui disait le Port, disait aussi l’Obseedra, où ils seraient encore capable de causer un carnage. La colère pure mêlée à un soupçon de raison m’avait conduit vers ce choix. L’eau…cela pourrait être un potentiel avantage pour moi dans cette situation. Sauf si des civils se trouvaient dans l’eau, auquel cas je perdrais peut-être cet avantage.

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    Zéphyr Zoldyck
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  • Sam 12 Oct - 18:24
    A-il fait une erreur en acceptant d’aider la jeune femme ? Zéphyr se pose sérieusement la question lorsqu’il sent Perrine s’accrocher à ses jambes, alors même que le guerrier se détache de la Drakyn et de la binoclarde pour chercher le chef des rebelles. Déjà, il l’a gardée plus longtemps que prévu sur son dos pour rejoindre son amie, il a donc bien fait sa part non ? Evidemment, c’est des civils, et évidemment, elles ne sont pas à leur place sur le navire. Mais est-ce qu’elles n’en ont pas eu conscience avant de monter sur l’Obseedra ? Une pointe d’irritation naît donc dans les prunelles dorées du maître-espion lorsque la Républicaine l’interpelle. Il n’a pas le temps de les materner, pas plus qu’il n’a le temps de les défendre ou de les protéger. Les pro-Draknys sont sur le bateau ou essaie en tout cas de s’y enfuir, il faut gérer la situation tant qu’il en est encore temps. Tout juste a-t-il eu assez de patience pour écouter la réponse de Vanay, quelle qu’elle soit. Cependant, la sœur de Pierrick s’accroche désespérément à lui comme si c’était sa seule bouée de sauvetage.

    - Lâche-moi, déclare-t-il sans y aller par quatre chemins, j’avais prévenu que je ne pourrais pas…

    Mais l’homme ne peut finir la fin de sa phrase. Ou plutôt, l’Oreille s’interrompt quand le bateau tressaille, comme s’il avait rencontré un obstacle majeur. C’est ce croit en tout cas le fils du désert pendant une seconde, mais bientôt, il écarquille des yeux quand il croit déceler des tentacules d’eau qui se déposent sur le navire pour le soulever, et… et… le poser sur les docks ?

    Il en faut beaucoup, pour ébahir le ministre, pourtant Zéphyr est littéralement abasourdi par ce qu’il se passe. Il ne réalise même pas tout à fait ce qui se déroule sous ses yeux que leurs équilibres vacillent. Le gaillard peste, pousse un juron du bout des lèvres, puis il est victime comme tous les autres du poids de la gravité. Au moins, il a la décence de ne pas s’écraser sur Perrine, mais c’est d’un mouvement vif qu’il tente de se relever. Tout le monde a été pris au dépourvu. C’est donc le moment de prendre l’avantage. La seule chose, c’est qu’il a une sangsue, qui le tient toujours, bon sang de bois, même après avoir été prise par surprise par le mouvement de l’Obseedra. Pour s’en dégager, il devrait lui donner des coups, la repousser, mais Zéphyr n’a pas le temps de commencer un poing de fer avec elle – premièrement – ensuite, quand bien même c’est une Républicaine, l’homme n’est pas porté à la violence envers une fille qui ne sait même pas se défendre. Eut-il eu une force surhumaine qu’il l’aurait bien prise par le col de son vêtement pour la déposer ailleurs, mais… mais non. Alors le bretteur soupire, semble rendre les armes alors qu’un clone se forme à ses côtés, clone qui deviendra aussitôt invisible.

    - Lâche-moi, si tu veux que je te protège, gronde-t-il, alors qu’il tente tant bien que mal de ne pas faire attention au temps misérable qui s’abat sur eux depuis quelques temps déjà. Dépêche-toi. Sa voix est sèche, il ne peut guère faire autrement vu l’urgence de la situation et de toute façon, si la blonde veut vraiment qu’il fasse quelque chose, elle n’a pas le choix que de lui faire confiance. Soigne ton amie, et surtout, si vous repérez des individus hostiles qui sont dans mes angles mort, vous criez toutes les deux. Dès que vous voyez quelqu’un qui prend les commandes et qui semble un ennemi vous me le signalez.

    En vérité, Zéphyr servira de protection « rapprochée » pour les deux femmes, mais ces dernières se rendront bien vite compte que quelque chose de quelque chose d’étrange a lieu sous leurs yeux. Camouflé par son invisibilité, et redoutablement rapide grâce à sa vitesse surnaturelle, son clone est à l’œuvre, et elles verront les pauvres naufragés tombés un à un, sans pouvoir se l’expliquer. C’est que soit son jumeau s’approche en traître pour les envoyer fermement dans les vapes, soit il contre facilement les misérables défenses qu’on lui adresse, n’hésitant pas à mettre à mal ses « adversaires » en le submergeant par diverses feintes – que ses ennemis ne voient même pas. Après les avoir pris de court, il est simple de les faucher, de les envoyer à terre, et éventuellement de les mettre hors service via un coup bien choisi.

    La seule faiblesse de cette méthode, c’est que sa position est trahie par les hommes et les femmes qui tombent comme des mouches. Cela dit, il est vif, et cela pourra en déconcerter plus d’un.

    Si et seulement si Zéphyr finit par repérer le Révérend, l’homme s’approchera de lui d’un pas leste, sa lame au poing, mais pas forcément avec l’idée d’en finir. Il n’est pas fermé à cette possibilité, cependant, il faut bien garder à l’esprit qu’il n’y a pas que lui parmi les pro-Draknys, le garder en vie peut donc avoir ses avantages… et ses inconvénients.

    - Cessez cette mascarade futile. Rendez-vous à l’ambassade du Reike. L’ambassadeur lui-même est présent à Courage et son garde du corps a déjà capturé bon nombre des vôtres en bas du navire. C’est plus une supposition de sa part qu’une certitude, à ce stade, mais cela ne l’empêche pas de reprendre : La sécurité est en train de se renforcer sur le port. A la place des autorités, c’est ce qu’il ferait, et à vitesse grand V. Rendez-vous et vous vivrez. Fuyez le Reike comme la République et alors… Une moue pleine de mépris. Même le prince ne pourra intercéder pour vous et moi, je n’aurais aucune raison de me retenir contre vous.

    Accessoirement, il doit songer à sa propre retraite, mais ça viendra en temps et en heure.

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    Leonora de Hengebach
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  • Sam 12 Oct - 18:55
    Le soin magique qu’ait prodigué Xéra à Léonora était une véritable bénédiction. Assise sur le toit, sous une pluie battante, elle avait ressenti les effets bienfaisants du sort de la guérisseuse. La chaleur apaisante de la magie avait parcouru son corps, enveloppant son épaule blessée d'une douceur curative. Lentement, la douleur s'était atténuée, tandis que les tissus déchirés s’étaient refermés, et l'hémorragie progressivement arrêtée. Elle avait levé le visage et les yeux fermés vers le ciel et ressenti chaque goutte de pluie glisser sur sa peau dans un soupir de soulagement jusqu’à la guérison complète.

    Le soin aurait pu lui offrir un répit bien plus long, une sensation de bien-être prolongée si seulement elle n'avait pas été interrompue. Au lieu de cela, elle reçut une liste d'informations et d'instructions, longue comme son bras – enfin, peut-être pas si grande finalement – mais assez pour briser ce répit. Et c’était sans compter sur les limiers qui étaient venus avec leur lot de « bonnes nouvelles ». La situation restait critique, le chaos régnait toujours autour d'elle. Il lui fallait maintenant agir, et vite.

    Les manifestants, dispersés et désorientés, devaient être redirigés vers un nouveau point de ralliement. L’uniforme imprégné de son sang de l’épaule jusqu’au bout de ses doigts, elle se redressa avec détermination, tout comme l’étaient encore ses cheveux après le passage éclair et remarqué d’un petit boudiné qui failli les faire tomber trois étages plus bas et le sous-estimé et brillant Capitaine qui se posèrent non loin d’elles.

    Son esprit revenu à la réalité, elle se devait d’ignorer ce qui se passait dans la rue en contre bas. Leif, Kieran... Les horreurs qu’elle venait de voir et entendre en serrant les poings et les dents concernant un certain prévôt qui refusait de quitter ses pensées.
    Celui qui avait balancé le corps d'un manifestant, un pauvre homme dont les traits le lui rappelaient douloureusement, avait déjà disparu dans la foule, volatilisé dans la masse comme une ombre insaisissable et elle n'avait ni le temps ni les ressources pour le poursuivre. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était contenir l'urgence de sa colère et se focaliser sur sa mission. Elle se força à croire qu'ils sauraient se débrouiller. Après tout, ces deux là étaient capables de gérer une bande de mollusques, du moins c’est ce qu’elle espérait, bien qu’elle se serait fait un plaisir de leur botter le séant elle même et déjà les renforts étaient présents.

    En revanche, elle avait une tâche urgente à accomplir. La panique avait gagné la foule. Il lui fallait les guider, tous ces manifestants effrayés, à l’ouest vers la Maison des Libraires. Là-bas, ils pourraient être regroupés et des renforts l'y attendaient, prêts à agir dans l’espoir de trouver une issue à ce conflit grandissant. L'heure n'était plus aux hésitations, mais à l'action décisive.
    Rapidement, La lieutenante tourna la tête vers la Fae qui venait de la soigner, l'expression empreinte de gratitude.

    Merci, je dois y retourner. Soigne-toi... dit-elle d'une voix précipitée, sachant qu'elle ne pouvait se permettre de traîner plus longtemps. Son regard glissa ensuite vers Leif  qui avait fermement tenu la situation comme toujours, un roc inébranlable. Puis, son dernier regard fut pour Gunnar, avec détermination, comme une promesse pour elle même qu'ils se reverraient, qu'il saurait gérer lui aussi alors qu’elle reculait déjà, prête à reprendre sa mission. Ses pas hésitants d'abord, puis plus assurées, jusqu'à ce qu'elle se retourne complètement, s'élançant à nouveau à toute vitesse dans la pagaille qui l'attendait. Il n'y avait plus de temps à perdre.

    Des flèches d'ombres, qu'elle n'avait pas encore remarquées, flottaient dans l'air, pour indiquer à la foule la route à suivre. Léonora sauta de toit en toit, ses mouvements rapides et fluides. De là-haut, elle pouvait se déplacer plus vite tout évitant les dangers de la rue en contrebas et avoir une vue d'ensemble sur le chaos qui régnait.

    Le vent fouettait son visage, la pluie continuait de marteler son corps. Dans un coup d'œil, elle aperçut les renforts en position à plusieurs endroits stratégiques, formant une barrière pour diriger la foule effrayée. Les manifestants, désorientés, suivaient les indications des soldats et commençaient à converger vers le point de ralliement, vers la Maison des Libraires. Elle devait maintenant veiller à ce que tout se passe sans encombre à leur arrivée et de les contenir. Elle fit un détour agile pour contourner les barricades, son regard acéré balayait la scène en contrebas. Lorsqu'elle arriva à hauteur de ses hommes et des officiers en charge, elle se redressa, se manifestait clairement parmi eux pour leur faire comprendre qu'elle était là non seulement pour coordonner les opérations, mais aussi pour soutenir chaque membre de cette force qui maintenait l'ordre. Avec calme, elle commença à donner des instructions, ajustant les positions des hommes, veillant à ce que chaque zone soit sécurisée. Son objectif reste clair : s'assurer que la foule atteigne le point de ralliement avec le moins de casse possible et que les renforts soient prêts à réagir à toute éventualité.



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  • Dim 13 Oct - 10:50
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    Bélial se tenait droit sous la pluie battante, fixant les quais avec une mine concentrée. La situation était déjà chaotique avec les cris et les mouvements désordonnés des passagers du navire échoué, mais lorsque son regard capta enfin la silhouette familière de Mirage se matérialiser dans les gouttes de pluie, il sut que les choses allaient prendre une tournure encore plus intéressante. Les gouttelettes d'eau s'évaporaient à l'impact sur le corps de l'ambassadeur Reikois, créant une aura presque surnaturelle autour de lui. Le démon sourit intérieurement, un rictus amusé se formant sur ses lèvres. Comme toujours, Mirage faisait une entrée aussi spectaculaire que silencieuse.

    - Qu’est-ce qu’il se passe ici exactement, Bélial ? lança Mirage d'un ton tranchant tout en avançant vers son garde du corps.

    Bélial tourna la tête vers lui, de son œil brillants observant son ambassadeur. Avant qu’il ne puisse répondre, Mirage continua, cette fois plus bas,  Qu’est-ce que tu fous accompagné d’un conseiller royal ? Explique-moi ça tout de suite…

    Mais avant qu’il ne puisse répondre, la situation sur les quais bascula d’un cran supplémentaire dans le chaos. Le grondement de l’eau retentit soudainement, attirant leur attention vers l'Obseedra III. Le navire, déjà en mauvaise posture, fut soulevé par des tentacules aqueuses géantes qui s'enroulaient autour de la coque avec une force écrasante. En une fraction de seconde, le navire fut projeté hors de l'eau pour être déposé brutalement sur le quai, dans un fracas assourdissant de bois et de pavés brisés, tandis qu'il fut sauvé par son ambassadeur et le bouclier de vapeur qu'il avait pu étaler devant eux afin de les protéger de toute conséquence néfaste de l'arrivée des semi-vague.

    Le géant aux cheveux écarlates, son regard fixé sur le spectacle improbable, retint son souffle. Tout se passait si vite. Les passagers du navire, divinistes, républicains, mutins, et même des individus corrompus par la magie de l'Arbre-Monde, se déversaient maintenant hors de la coque éventrée, courant dans toutes les directions. Les soldats de la SSG tentaient en vain de maintenir un semblant d’ordre, mais leur nombre était dérisoire face à la vague de fuyards qui s’étalait devant eux.

    Il  retourna par la suite sur le sujet initial. Le garde fronça légèrement les sourcils, essayant de comprendre de quoi parlait Mirage. Un conseiller royal ? Il n’avait pas vraiment fait attention à l’homme en question, mais en voyant le visage de Zéphyr un peu plus tôt, quelque chose avait effectivement titillé sa mémoire. Le nom, le visage… Il les avait déjà vus, quelque part.

    - Attends… Zéphyr Zoldyck, hein ? murmura Baal, ses yeux s’écarquillant légèrement alors qu'il se remémorait un souvenir enfoui de son temps passé au château du Roi. Aaah, mais attends… c’était ce gars-là que j'avais croisé dans les couloirs du palais une fois, non ? Eh ben... J'savais pas que c’était un conseiller royal !  Il haussa les épaules avec un air faussement désinvolte, comme s’il prenait la nouvelle à la légère. Sérieusement, personne m'a prévenu, purée...


    Pendant ce même temps, le Sergent-Major Vadlinbas, posté à quelques mètres de là, hurlait des ordres désespérés.

    « CAPTUREZ LE PLUS DE FUGITIFS POSSIBLE ! TENEZ LE PÉRIMÈTRE ! »

    C'était un appel direct à l'action, et le Vicomte savait qu’il n’avait pas une seconde à perdre. La demande était claire : empêcher quiconque de quitter les docks. Le démon laissa un sourire carnassier étirer ses lèvres alors qu'il agitait légèrement son épée, sa poigne ferme autour du manche.

    Bon, c’est parti pour la chasse... murmura-t-il pour lui-même avant de s’élancer.

    Dans un éclair, le démon activa sa super vitesse, disparaissant presque instantanément de la vue des autres. Il fonçait à une telle rapidité que tout autour de lui semblait flou, les formes humaines se transformant en ombres indistinctes. Son premier objectif était simple : assommer les individus qui tentaient de fuir. D’un geste précis, il frappa le pommeau de son épée contre les tempes de ceux qu’il croisa sur son chemin, veillant à ne pas faire de contact direct avec ces derniers porteurs d'une maladie étrange, mais les envoyant néanmoins au sol, inconscients. Son mouvement était fluide, presque comme un danseur traversant un champ de bataille, abattant méthodiquement chaque cible qu’il rencontrait. Laissant les gardes récupérer les restes afin de les rassembler en un point.

    Alors qu’il continuait sa course, le guerrier sentit l’obscurité environnante s’épaissir. Il activa son élément d'ombre, une vague de ténèbres se répandant autour de lui comme une cape mouvante. Les ombres environnantes semblèrent se tendre vers lui, lui offrant une couverture supplémentaire et rendant sa silhouette encore plus difficile à suivre pour les fuyards et les soldats républicains présents en temps orageux. Il devenait une ombre dans l'ombre, se déplaçant silencieusement, tel un prédateur en chasse.

    Intensifia son pouvoir, fusionnant sa super vitesse avec les ombres. Son épée, désormais enveloppée d’une aura sombre, se transforma en un outil encore plus létal. D’un mouvement rapide et précis, il visa les tendons d’Achille des fugitifs qu’il identifiait comme des Reikois ou autres fanatiques. Sans hésiter, il sectionnait  d’un coup d'épée rapide et silencieux, les plongeant dans une douleur insoutenable et les immobilisant immédiatement. Chaque coup était calculé, méthodique, frappant au moment où ses cibles tentaient de fuir, leur arrachant tout espoir de s'échapper des quais, et cherchant à dissuader quiconque voulant suivre le chemin de ceux qui ont été victime de sa lame.

    À travers le chaos, Bélial maintenait une concentration absolue. Il zigzaguait entre les corps, esquivant les malades qu'il assommait ou immobilisait avec une réactivité hors du commun.


    Résumé:

    CENDRES


     

    Bélial

    Là où je passe, je laisse naître le chaos sur mon sillage.



    Citoyen de La République
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  • Dim 13 Oct - 11:56
    -Oh non, pas encore.

    J’arrive à toute berzingue sur la position de ventripotent manifestant et je ne vois que tardivement les briques s’élever dans les airs. A moins qu’il ait soudainement envie d'œuvrer dans la maçonnerie, c’est probablement pour ma gueule. Je viens me poser aussi vite que possible alors que les projectiles commencent à fuser dans ma direction. Le pied au sol, je ne peux pas esquiver la première brique que je prends dans l’épaule. A mon tour, j’utilise la magie, presque par réflexe dans une situation qui se veut dangereusement mortelle. Les yeux mi-clos, je me concentre, donnant à mon corps une agilité supérieure, glissant entre les projectiles comme un poisson dans l’eau. Je ne peux pas tout esquiver, mais je limite les dégâts. La dernière brique me cueille dans la mâchoire et je m’écroule au sol, groggy. Je reste là un instant.

    L’envie de faire le mort est forte.

    Mais il y a des gens qui comptent pour moi, dans cette manifestation qui est devenue une bataille rangée. En survolant, j’ai vu les hommes et les femmes qui défendent la République. Une République outragée. Une République martyrisée. Mais une République qui se bat pour sa liberté. J’ai cru apercevoir Pancrace jouant de sa magie d’ombre. J’ai quitté nombre d’Officiers Républicains à la place des Tilleuls et même si je sais qu’ils vont se redéployer avec prudence et parcimonie, ils ont déjà tant fait et ils continueront de faire. Il y a là, en bas, des gens simples qui n’ont rien à voir avec ce débordement de haine, attisé par des anarchistes comme ce nain. J’ai une dernière pensée pour une personne croisée sur un toit, quelques instants plus tôt. Une surprise dans le chaos. Elle était là, je le savais, mais là précisément, le destin est facétieux. J’ai tourné la tête en passant, hésitant un instant à m’arrêter. Une hésitation trop longue. Revenir sur mes pas aurait été bizarre. Et puis, j’ai été gagné l’espace d’un autre instant par l’envie d’en finir avec mon adversaire. Il pourrait blesser d’autres personnes. Il aurait pu la blesser davantage, elle qui n’avait pas l’air indemne. Et puis, il y a eu cette soudaine envie de briller, inexplicable, quand les ombres sont d'habitude mon réconfort.

    L’envie de faire le mort est moins forte.

    Je tourne sur moi-même, regardant vers le toit où elle était. Elle a disparu. Elle a son devoir. J’ai un mince sourire. Son devoir me rappelle le mien. Dans un grognement, je me relève. D’un pas ferme, faisant abstraction des douleurs, je m’avance sous la pluie battante et les flashs lumineux du tonnerre, révélant par éclair la présence du nain, présence insultante dans les hauteurs de la République, figure provocatrice se découpant à l’horizon du bâtiment. Je m’avance en silence, accompagné du grondement des cieux et de la clameur des rues. Il doit être arrêté. Il doit être stoppé. Je canalise à nouveau ma magie, influençant les propriétés de ce qui fait ma fierté. Ma moustache. Chaque poil se met à s’allonger de manières absurdes. Se faisant, j’use de la télékinésie pour les lier ensembles et les transformer en tentacules, s’agitant sous le vent, se dressant dans les cieux en signes de défis, je les envoie attaquer mon éternel opposant.

    Prêt à sacrifier ma fierté pour l’abattre.

    Spoiler:
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  • Dim 13 Oct - 14:08
    La Perfectionniste écouta silencieusement la réponse réticente de la syndicale qui ne semblait toujours pas convaincue. Elle comprenait sa réserve, mais n’appréciait pas vraiment ces sous-entendus sur la corruption par l’argent : la République n’était pas simplement vénale et se composait plutôt d’approches subtiles qui mettaient en jeu le talent oratoire et matériel des partis en présence, dans un ballet somptueux de spectaculaires alliances et retournements de situations parfois déconcertants. C’étaient justement les valeurs humanistes et séculaires qui rendaient la Nation attrayante ; ce jugement de valeur expéditif montrait le manque de compréhension qu’elle faisait preuve en face de représentants politiques. Elle se garderait bien de le lui faire remarquer, évidemment, parce qu’elle se souvenait de ses premières années sur les terres républicaines et les difficultés pour s’intégrer à un système qui lui paraissait à l’époque si étrange et déroutant. L’ange jeta un coup d’œil à la négociatrice à qui elle s’était associée de manière inattendue en s’incrustant dans le bureau – dont l’accord tacite montrait bien la particularité républicaine des « spectaculaires alliances » – et fut rassurée de voir qu’elle avait eu le même fil de pensée. Insulter à demi-mots leurs hôtes n’était pas franchement la meilleure des solutions.

    Elle hocha la tête d’une manière résolue quand la Sénatrice proposa une élection démocratique du parti neutre, et de mettre en place des audits réguliers afin de palier à une potentielle corruption. Montrer les valeurs démocratiques de leur système était une très bonne idée ; elle la laissa cependant parler afin de donner ses propres arguments sur la question une fois que celle-ci en aurait terminé. Cela lui laissait un peu plus de temps pour analyser les réactions de la délégation face aux données qu’on leur proposait.

    Et celles-ci ne tardèrent pas à déstabiliser le fragile équilibre qu’elles avaient réussi à mettre en place. La nouvelle mairesse venait de débarquer dans le bureau, coupant la parole à la Sénatrice sur les arrêtés municipaux. Lucia Aldobrandini. Le cœur de la Pléiade fit un bond dans sa poitrine, sans qu’elle ne laisse l’inquiétude défigurer ses traits assurés ; elle se mit à réfléchir à toute vitesse : Matriarche de l’une des Grandes Familles, Lucia était féroce, provocatrice, calculatrice et surtout cupide, ce qui n’aiderait peut-être pas leur argumentaire sur les vertus altruistes de la République. Il fallait qu’elle appuie la mandataire – qui, déstabilisée devant l’accueil séditieux de la mairesse, se reprit rapidement afin de lui résumer la situation – de manière à proposer des solutions économiques alléchantes pour les deux partis. Inspirant profondément afin de se donner de la contenance, la Directrice du Cursus des Arts Physiques et Oratoires Magiques enchaîna d’une voix aimable :

    – Madame la Maire, c’est un honneur de vous voir prendre la tête de Courage. Veuillez excuser ma présence inattendue pendant ces négociations, mais je ne pouvais décemment pas rester les bras croisés alors que des gens souffrent sur nos terres, et c’est pour cette raison que j’ai envoyé une lettre au Doyen Hensworth afin de lui assurer de ma présence à la grande manifestation qui a lieu en ce moment-même.

    Elle fit un petit signe de tête respectueux et entendu à l’intéressé, puis reprit :

    – La vision du quartier des Bougeoirs tombant en ruine et de ces Shoumeïens dont nous avons maintenant la responsabilité civique m’a été insupportable ; ils sont en colère, et avec raison, puisqu’ils manquent cruellement de ressources matérielles. J’ai donc proposé quelques solutions économiques qui, je l’espère, vous intéresseront, comme vous l’a résumé Madame la Sénatrice de Casteille. J’aimerais ajouter ceci. Tout d’abord, j’appuie la proposition d’un Conseil tripartite avec la mise en place d’une faction neutre, élue démocratiquement par les citoyens de Courage et les réfugiés Shoumeïens. La mise en place d’audits réguliers est une bonne idée, j’ajouterai néanmoins qu’il serait plus honnête encore d’utiliser des entreprises ou des associations extérieures à Courage – provenant de Justice ou de Liberty par exemple – afin de montrer notre transparence et notre bonne volonté. Je peux en faire partie si cela vous convient.

    La Perfectionniste fit une pause théâtrale afin de regarder chacune des personnes présentes dans la pièce. Elle reprit ensuite :

    – D’autre part, le financement que je propose est double, permettant de partager les coûts entre nos ressources publiques et nos ressources privées, de manière à éviter une déstabilisation économique : utiliser les différentes Associations sociales ou artistiques de nos grandes villes, et ma propre popularité pour mettre en place une campagne de dons, mais également mon entreprise d’Architecture où l’emploi des shoumeïens leur permettra sur le long terme une intégration en bonne et due forme à notre Nation. Je pense que l’amélioration des Bougeoirs est primordiale pour éviter une crise sanitaire qui pourrait être désastreuse : s’occuper aujourd’hui de l’insalubrité, des malades et de la malnutrition nous assurera demain un peuple vigoureux capable de travailler efficacement aux projets de construction, d’abord de leurs maisons, puis des autres chantiers républicains. D’autre part, cette intégration entraînera plusieurs conséquences positives. Rénover le quartier des Bougeoirs attirera de nouveaux talents, aussi bien artisanaux qu’artistiques ou commerciaux, alimentant un marché qui sera de plus en plus florissant. La culture shoumeïenne est en effet un atout pour la République. Comme je l’ai déjà signifié à plusieurs reprises dans mes entretiens publics, mais aussi lors des représentations de mes divers spectacles et festivals très populaires produits depuis… maintenant… des siècles, l’acculturation offre une richesse sociale, économique, artistique encore jamais vue en Sekaï. Nous sommes des pionniers, et cela nous réussit ; continuons donc sur cette lancée prometteuse.

    L’ange prit un air plus autoritaire :

    – Plus que cela… Le retour des Titans est une menace que nous ne pouvons pas ignorer. La destruction de Shoumeï et les dérives sectaires du culte diviniste, que je sais être également pacifique, vertueux et capable d’entrer en résonnance avec nos valeurs démocratiques – surtout sur les questions sociales et communautaires –, sont les preuves qu’il nous faut redoubler d’efforts, ensemble, de façon à protéger notre magnifique Nation contre ceux qui veulent la détruire, c’est-à-dire tous les agents du chaos et de la corruption : les pirates, les terroristes, ou ceux qui déforment les paroles sacrées des religions ou de la démocratie pour promouvoir l’anéantissement de notre système. La proximité de ce peuple exilé avec les forces titanides peut être un atout, surtout si nous proposons un compromis. La réouverture des églises contre des informations tactiques – comme l’identité des traîtres à la nation shoumeïenne, leurs capacités magiques et la manière dont les armées du chaos ont pu arriver à leurs fins, leurs déplacements, les potentielles demandes de ralliement –, pourraient fournir à nos armées des données précieuses pour assurer notre protection.

    Résumé:

    Message n°9
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