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    Perrine Trouillard
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  • Lun 8 Juil - 18:00
    Je n’ai jamais cru au hasard.

    Non. Le hasard, elle laissait ça aux fanatiques désabusés. Fort heureusement, en tant qu’éminente femme de science, Perrine avait toujours été intimement convaincue que rien n’arrivait : ni sans cause, ni sans raison. Tout nécessitait une explication logique ; étudiée ; analysée ; maîtrisée. Le principe de causalité était la fondation même de la connaissance. Tout le reste n’était qu’absurdité—ou stupidité ? Disons les choses telles qu'elles sont. Il faut bien admettre l’infériorité intellectuelle d’un cerveau capable de se persuader de la plausibilité de telles superstitions.

    La faute à pas d’chance, hein !?

    Ses réflexions furent interrompues par l’un des officiers déployé sur la scène du crime, ce matin-ci, dans le petit cimetière municipal aux abords de Liberty. L’endroit est lugubre, mais propre et silencieux, si ce n’est pour la toux incessante du bedonnant. Il avait pointé le cadavre du bout du menton avant de coller une frappe “amicale” dans l’épaule de la jeune femme. Perrine avait senti son poids vaciller sur ses deux jambes avant de se rattraper in extremis. Elle repoussa ses grosses lunettes sur son petit nez, du bout des doigts. “La faute à pas d’chance” ? Vraiment ? Comment pouvait-on être aussi profondément négligent et abandonner ainsi toute quête d’explication rationnelle ? Quel manque de rigueur abominable… Elle regarda l’officier comme s’il venait de lui dire que la Terre était plate. Néanmoins, ses lèvres se peignèrent d’un sourire conciliant.

    Vous avez certainement raison, Monsieur l'agent. Elle le dit dans une jolie voix, qui donne envie de la bisouter—à cet instant, je suis une gentille fille, polie et agréable. Mes parents seraient fiers de moi. Puis, se mettre à dos un agent de l’ordre en lui disant qu'il est bête à carreler l'océan, c’est vraiment une très mauvaise idée.

    Elle repoussa une mèche de cheveux grossièrement coupée derrière son oreille. Son regard dérive subrepticement vers le cadavre à ses pieds, et elle s’agenouille tout près pour mieux l’étudier.

    Euh… Le Capitaine Dosian n’est pas encore arrivé ? Demanda-t-elle en relevant les yeux vers l’officier. C’est lui qui m’a commissionné, s’empressa-t-elle d’ajouter, sans la moindre envie de perdre davantage de salive à expliquer à ce coprolithe bedonnant que – aussi vrai que la Terre était ronde—puisqu’autrement, son énorme ventre ne pendrait pas lamentablement par-dessus la ceinture de son pantalon, incapable d’échapper à la force gravitationnelle. Ô tragédie… Pour moi, la tragédie. Parce qu'il me colle son gros bide dans le nez en s'approchant pour me parler.  – ça ne pouvait définitivement pas être la faute à “pas d’chance”. Sur le plan des lois physiques et des relations causales, le hasard n’existait pas.

    Tu sais c’que j’crois ma grande ?

    Non, Monsieur l'agent…

    Eh bien, j’vais te le dire.merveilleux ! J’crois que ce cimetière, il est hanté, qu’il dit, avec sa voix de baryton enrhumé. La dernière fois, y’a une p’tite vieille qui nous a appelé parce qu’elle disait avoir vu des fantômes. La pauvre, elle était venu poser des fleurs sur la tombe de son gamin, et elle est repartie le froc trempé !il rit un peu, et moi, je me force à lui sourire... Puis ça m’semble logique quand même, qu’y’ait des fantômes dans un cimetière non ?là, j’ai tiqué en écoutant ses explications. C’était plus fort que moi, je suis désolée. Mais l’écouter évoquer la sacro-sainte “logique”, c’est très dur ! On devrait interdire certains mots à certaines personnes.

    Hm hm….j’ai rétorqué, faute de mieux, et il me semble bien que j’étais au bord des larmes. Pitié, que quelqu’un vienne me sauver. Je crois que je meurs un peu intérieurement. Pourvu qu’il se taise.

    Perrine fit mine d’écouter religieusement les hypothèses de l’officier d’une oreille. Du reste, elle venait d'enfiler une paire de gants médicaux et – sans préliminaires – enfonça ses doigts dans les yeux du macchabée. (C’est drôle en fait, parce que le capitaine s’appelle “Pancrace”, et que d’après Wikipedia, c’était un sport de combat dans lequel les seules règles furent qu’il était interdit de pénétrer ses doigts dans les orifices de son adversaire. Perrine aurait visiblement fait une très mauvaise pancratiaste.) Lui accepte son destin sans rechigner. Pas qu’il n’ait véritablement son mot à dire, pas vrai ? Il y a eu un petit “squish” et un rictus dégoûté de la part de l’agent bedonnant. De toute évidence, ce n’était pas la première fois qu’elle touchait à un cadavre. Ce n’était pas non plus la première fois qu’elle assistait sur ce genre de scènes pour aider l’Office Républicaine dans leur enquête criminelle. Le job payait bien et l’entomologie forensique s’avérait tout à fait utile pour dater les décès et apporter tout un tas d’informations post-mortem particulièrement précieuses. Et la perspective d’exploiter ses compétences scientifiques lui avait toujours paru réjouissante. Qu’il s’agisse de jouer la justicière du dimanche, ou l’inverse… Seule l’avancée scientifique comptait et la blondinette n’avait jamais semblé s’encombrer de quelconques notions de morale—la chose m’a toujours fait l’effet d’une entrave intellectuelle et je n’ai jamais aimé être bridée dans mes recherches. Elle retire ses doigts de l’orifice oculaire dans un petit “ploc” en prenant le soin de ne pas faire sauter l'œil, et referme très soigneusement la paupière, comme pour s'excuser d'une telle intrusion. C’était une très belle journée. Le soleil brille haut dans le ciel, pas un nuage à l’horizon, et une charmante colonie de larves grouillent joyeusement sur le bout de ses doigts. C’est un peu dégoûtant, mais pas pour Perrine Trouillard qui observe très attentivement son prélèvement, en faisant rouler l'un des insectes entre ses doigts.

    Ouah. J’sais pas comment tu fais ça. Ça m'donne envie d’vomir mes tripes ce genre d’trucs. Il grimace un peu pour donner plus de substance à ses paroles. Alors, qu’est-ce c’est ? Qu’il demande en plissant des yeux, comme pour voir ce qu’elle voyait. Sauf que lui, il ne voit rien d’intéressant.

    Une mouche vient se poser sur le macchabée.

    Larves de calliphoridae.à ce moment, l’officier fait mine d’écrire quelque chose sur son calepin et je mettrais ma main à couper qu’il a juste dessiné une bite poilue. Il est mort il y a quelques heures seulement. À en juger par l’état de la ponte, je dirais une, ou peut-être, deux…mais quelque chose attire mon attention…

    Elle lui ouvre la gueule et tire sur sa langue—toute violette, et toute gonflée comme une aubergine périmée. Un relent d’alcool s’échappe de sa bouche. Il avait bu avant de crever. Et bien. Foutrement bien. On aurait pu en rester là. Pas de plaie visible à déclarer à première vue : et les gamins qui boivent comme des trous, comme des cons, meurent parfois d’un coma éthylique. La famille accepte sans trop se plaindre, en général. Qu’est-ce qu’on peut faire à part pleurer sur son propre sort, de toute façon ? On a personne a blâmer à par soi-même, ou peut-être bien le bon Dieu. Non, on accepte puis c’est tout. Mais ici, ce n’était pas ça. C’était autre chose...

    C’est bizarre. J’ai déjà vu ces symptômes-là quelque part…

    Tout à coup, sa bouche lui semble toute sèche et pâteuse. Le portail du cimetière grince comme un sycophante et l’interrompt dans ses explications.

    Ah c’est l’Cap’tain qu’a dû arriver !il referme son calepin et cache son dessin de bite. Ça tombe bien, parce que c’est l’heure d’ma pause…

    Sauf que non. C’est qu’un petit groupe de junkies dégénérés qui passent les premières pierres tombales sans les avoir remarqués.


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  • Sam 13 Juil - 12:09

    J’jette un coup d’oeil au soleil. J’suis pas en avance, la faute à un bouchon sur la place des Corbeaux et la queue à l’étal de Marcus quand je suis allé chercher un casse-dalle. J’suppose que mon binôme sera déjà sur place, et y’en a bien un qui sera pas pressé ni sur le point de partir de toute façon, qui nous attend déjà depuis un temps indéterminé. C’est que, d’habitude, dans les cimetières, les cadavres, ils sont dans les tombes et pas posés à côté. Donc on se tape une enquête de plus sur les bras.

    J’sais pas ce qui se passe, en ce moment, mais putain, ça arrête pas. Les gens sont tendus, agressifs, ça se chicane et pire pour un rien, et on n’a jamais fait autant de crimes violents qu’avant. Normalement, c’est plutôt du crapuleux, ou des accidents qui tournent mal, quoi. J’espère juste que ça va se calmer, pasque malgré le renforcement des troupes de Courage, on peut pas dire que les nouveaux soient au niveau. Normal, vu qu’on a pris ce qui restait au fond des tiroirs, genre Cinglé, ou, justement, mon coéquipier pour ce coup-ci.

    Le souci, quand on est simple officier, c’est qu’on a un partenaire. Quand on est capitaine, on a dix sous-fifres, et dans le lot, on réussit bien toujours à en dégoter une poignée qui tient la route et sur lesquels s’appuyer. M’enfin, hein, au pire on foutra le truc en non-résolu, et on regardera si quelqu’un vient se plaindre. Comme c’est pas arrivé jusqu’à présent, ça devrait être tranquille.

    Quelques dizaines de mètres devant moi, un groupe de drogué entre dans le cimetière, sûrement pour s’échanger des trucs ou pour consommer, mais j’suis pas là pour eux. Quoique, si on patine trop, j’les alignerai p’tet pour avancer sur le chiffre. C’est jamais perdu, surtout si ça permet de se la couler douce en fin de mois. M’enfin, d’abord, le macchab’. J’entre dans le cimetière sous le regard blasé d’un gardien qui, visiblement surveille pas grand-chose, et j’parcours les allées jusqu’à trouver la forme de barrique de Gigite. Gilbert, de son vrai nom, mais le surnom lui va mieux.

    Rapport au tremblement qu’il a à cause de son alcoolisme aigu, un mal plutôt commun chez les forces de l’ordre.

    J’fais un signe dans la main dans leur direction, avant d’avancer et de me rendre compte que Trouillard est déjà là. Ça me donne pas l’air malin, mais au moins, elle est pas arrivée en première. Ça, ç’aurait été gênant. Il a commencé à écrire dans son calepin des traits tremblotants, et lève sur moi un regard soulagé.

    « Ah, Capitaine...
    - J’suis plus capitaine, Gigite, j’te l’ai déjà dit dix fois au moins. »

    Ça remue le couteau dans la plaie, c’est très désagréable, et s’il était pas aussi con, je suspecterais qu’il le fait exprès pour m’emmerder. Là, j’lui laisse le bénéfice du doute, pasque faut jamais attribuer à la méchanceté ce qui peut l’être à la bêtise. Pas dit que ça continue, par contre, la patience est une denrée rare.

    « Mademoiselle Trouillard, bonjour, désolé du retard. »

    Bon, enfin, je dis ça juste par politesse. Surtout que, visiblement, elle a déjà commencé à examiner le cadavre. Il a une sale gueule, avec sa bouche ouverte et son teint cireux. J’en profite pour regarder autour, mais y’a rien de particulier à en tirer, il a juste l’air posé là, et y’a pas de traces qui semblerait indiquer qu’il a été déplacé. En même temps, si c’est un oni qui l’a trimballé avant de le laisser tomber, il aurait pas eu besoin de le traîner au sol. Puis les pavés du cimetière se prêtent pas à du pistage avancé.

    Un coup de senseur magique révèle pas d’émanations anciennes, si ce n’est un peu de magie de Trouillard. Je vais pas lui en vouloir, c’est pour ça que je lui ai demandé de venir jeter un coup d’oeil. J’mets la main dans ma sacoche, et j’en sors quelques feuillets de parchemin sur lesquels j’ai pris des notes. C’est que c’est pas le premier qu’on retrouve au milieu des pierres tombales, et que ça commence à faire un peu désordre. On les a même pas tous identifiés, c’est dire.

    Mais si Mamie peut plus aller arroser les fleurs de la tombe de Papi en paix, où va le monde ? C’est l’insécurité qui nous guette.

    « Du coup, ouais, je vous ai demandé votre aide pour essayer d’avoir davantage d’informations sur la victime. On commence à en avoir un certain nombre, et à chaque fois, on réussit pas à trouver quoi que ce soit à part des trucs sommaires. J’espère qu’avec vos talents, on pourra obtenir des précisions sur le lieu du crime si c’est pas ici, des circonstances spécifiques, ou encore une heure un peu plus exacte. »

    J’me racle la gorge. Ça serait déjà pas mal. Puis il a fallu convaincre les chefs de lâcher les piécettes pour financer sa présence, donc ils m’ont bien fait comprendre qu’ils attendaient des résultats fissa.

    « Deux heures au maximum, d’après Mademoiselle Trouillard, dit Gigite en consultant ses notes.
    - Mmh... Récent, donc. »

    Et ça tombe bien, on a justement un groupe qui vient de passer comme s’il avait coutume de venir ici, et qui pourrait sûrement nous renseigner sur les allées et venues du cimetière ces derniers temps. Les drogués sont partis vers les allées ouest, et j’me tourne vers Trouillard.

    « Vous souhaitez vérifier autre chose ? Gigite, rien dans les poches ou la bourse du suspect ?
    - Rien du tout, che... Pancrace.
    - Nickel, j’te laisse voir pour envoyer ça à la morgue, alors. »

    Il fait un signe d’assentiment, et moi j’fais signe à Trouillard de suivre. Le bruit des voix nous guide rapidement vers mon petit groupe, j’les salue gaiement en montrant mon insigne d’officier républicain. Les visages se ferment aussitôt, et les mains se posent sur les ceinturons, les bourses, dans les poches. Pas terrible, comme ambiance.

    « Hé, j’veux juste parler et quelques renseignements. Vous venez souvent dans le coin ? Pasqu’on vient de trouver un type tout raide là-derrière. Donc si vous avez vu des choses récemment, ça pourrait être intéressant, et j’serais beaucoup trop occupé pour prendre le temps de vous passer tous à la fouille, si vous voyez ce que je veux dire. »

    On va pas y passer des heures non plus, ils parlent ou ils dorment en cellule, la proposition est nette et sans bavure.
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  • Sam 20 Juil - 18:34
    Bonjour… avait murmuré la binoclarde du bout des lèvres.

    Elle s’était relevée à l’arrivée de l’officier, avait louché derrière ses lunettes, avant de les repousser sur son nez—comme un tic, comme un toc. Puisque le cochon de lait à la broche s’était fait retoquer, Perrine avait préféré faire sobre dans ses salutations. La dernière fois qu’elle l'avait croisé, Pancrace était auréolé de son titre de Capitaine, ce qui, évidemment, eut don d’éveiller la curiosité naturelle de la blondinette. Mais chaque chose en son temps : ce n’était jamais une bonne idée de bousculer les hommes touchés dans leur ego, et à en juger la manière dont il avait jappé “je te l’ai déjà dit dix fois !” à son collègue, c’était le cas. Elle s’était demandé si elle allait avoir la chance d’assister en direct à une scène de ménage : si Gigite allait choisir de rétorquer, à la manière d’un vrai lion, histoire de se défendre. Mais Gigite n’était pas un lion. Non, il était un petit cochon enrobé d’une jolie couenne rose vive, qu’il gratta allègrement en guise de réponse, comme pour s’excuser d’être ce qu’il était.

    Les indications de l’officier avaient fini par la tirer de sa rêverie, et Perrine leva deux grands yeux bleus dans sa direction, l’écoutant religieusement. Elle avait ouvert la bouche, pour répondre, avant que “Gigite” ne la coupe pour le faire à sa place, comme si elle n’était pas capable de s’exprimer elle-même. Tout à coup, Perrine se sent très potiche—et dans ma tête, je m’imagine lui enfoncer une hache dans le crâne pour dégorger la petite frustration qui me monte dans le creux de la poitrine. Deux fois plutôt qu’une. Quel misérable cul de morpion. Mais je me contente de fermer ma gueule et de sourire poliment.

    Son regard faisait des va-et-vient entre Gigite et Pancrace. Le dernier lui fait signe de la suivre et Perrine s'exécute gentiment. Pendant qu’ils traversent le sinistre petit cimetière, elle remercie intérieurement les astres que Gigite n’ait pas eu la bonne idée d’évoquer sa dernière remarque à l’officier.

    Depuis combien de temps trouvez-vous des cadavres présentant les mêmes symptômes ? s’inquiète-t-elle avec l'intention toute professionnelle de la petite scientifique dévouée, la volonté sincère de bien faire manifestée sur la courbe soucieuse de ses sourcils, avant qu’ils ne parviennent devant le petit groupe de junkies.

    Au fond de sa poitrine, une petite angoisse, une terreur grise, se met à battre doucement. Ce meurtre-ci, c’était bien la faute de quelqu’un. Les autres aussi… Mais elle est certaine qu’au moins l’un d’eux est de sa faute, à elle. C’est ici que son frère avait pour habitude de venir squatter à l’époque, tandis qu’il se prêtait à ses expériences de nécromancie idiotes. Perrick n’avait jamais manifesté le quart de son talent à elle—et j’ai toujours songé qu’on aurait mieux fait d’inverser les rôles. C’est lui, qui aurait dû rester à la maison pendant que moi, j'aurais dû me trouver sur le devant de la scène. Qu’importe. Perrick n’a eu que ce qu’il méritait.

    Pour le reste, il suffit simplement de coffrer le type qui a commis les autres crimes et lui mettre sur le dos celui de son frère. Mais pour ça, et pour qu’elle ait l’air crédible auprès de Pancrace, il lui fallait éviter de faire obstruction à la justice. Mieux valait-il qu’il l’apprenne d’elle que de quelqu’un d’autre durant l’enquête. C’était la meilleure façon de perdre la confiance des ses alliés et d’éveiller les soupçons. Oui, il serait certainement préférable de prendre les devants si elle ne voulait pas que cette petite aventure se résume être le Waterloo de sa carrière de scientifique – carrière à peine débutée, au demeurant. Et l’idée de finir ses jours dans une petite cellule exiguë des prisons républicaines l'enchantait passablement. Elle fit de son mieux pour chasser l’air coupable de ses traits de souris et entama :

    Officier… Je dois vous dire quelqu—et trop tard.

    Déjà, Pancrace brandissait fièrement son badge d’officier et s’élança dans une tentative de persuasion. Il est bien joli, quand il le demande, mais une ombre malaisante se tortille néanmoins sur les visages qui leur font face. Ils le regardent comme le poil de fesse en train de nager insolemment dans leur bol de soupe et lui se présente avec son attitude d’inspecteur sexy à qui faut pas chercher des noises.—Il faut croire qu’on est tous les deux aussi doués pour invoquer des clichés nauséabonds, mais ne dit-on pas que les clichés ont du bon ? Perrine mangea la distance qui les séparait pour venir se placer à côté de Pancrace. Ses jambes s’entremêlent et elle ne dit rien. De l’autre côté, on marmonne et on soupire bruyamment – avec l’agacement de la fois-de-trop.

    On nous a déjà questionnés il y a deux jours. Et d’puis, on a rien d’plus à dire. Vous n'avez qu’à d’mander à vos collègues, ils vous diront tout. Le type – probablement auto-proclamé porte-parole – hausse les épaules, prêt à se détourner. Avant de s’interrompre.

    Hey je te reconnais toi. Il baisse les yeux sur Perrine – qui se cache à moitié derrière l’épaule de l’officier – et lui lance un regard oblique. T’es la sœur de Pierrick ? Il d’vient quoi ? Ça fait une éternité qu’on l’a pas vu dans le coin.

    La blondinette ne répond pas immédiatement. Elle lève vivement les yeux vers le visage de Pancrace, en désespoir de cause, espère que celui-ci enchaîne sur un tout autre sujet mais…

    Perrine c’est ça ?

    Elle finit par hocher la tête en signe d’approbation et son cœur se met à frémir dans sa poitrine. Elle déglutit.

    Je… Oui, c’est çafais chier, je dis ça comme si j’étais en train de me confesser, alors que je n’ai rien fait, et que ce sont eux qui sont supposés se faire interroger. On dirait le Jugement Dernier. Tous les regards se tournent vers moi. J’ai un peu le sentiment d’être montée sur scène et qu’on passe en revue chacun de mes faits et gestes depuis la naissance. Ça y est, c’est le grand moment où toutes mes petites cachotteries et mes petits mensonges inoffensifs éclatent enfin au grand jour… Je le redis encore une fois : Pierrick méritait son sort. Voilà. On va enfin savoir si mon existence a été un succès merveilleux ou un flop retentissant, et je maltraite mes doigts en levant à nouveau les yeux vers Pancrace avec l’espoir d’un miracle de dernière minute, parce que je ne peux vraiment pas me permettre d’être associée à eux.

    Il va bienet merde. Merde, merde, merde. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ça y est, j’ai menti, devant un agent de l’ordre public alors que je m'apprêtais à tout lui dire, et ce n'était pas du tout le plan.

    Alors la blondinette tente le tout pour le tout, et redresse son petit menton avec dignité.

    Et vous ? Je suppose que vous n’êtes pas ici pour rendre hommage à vos ancêtres, n’est-ce pas ?

    En face, des petits sourires en coin – des sourires de cons – se dessinent sur les faciès.

    On fait des recherches du type “archéologiques”. C’est pas interdit, à ce que je sache. Il lance un regard en biais à l’officier et une hostilité de bas étage, puérile, virevolte dans le fond de ses yeux. Mais sa langue se délie légèrement. On est juste là pour la tranquillité, c’est tout. Les morts ne sont jamais plaints. Le truc, c’est que… On peut pas trop parler.

    Parce que ce qu’on leur fera sera pire que de passer une nuit en cellule.


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  • Lun 29 Juil - 15:01

    « Quelques semaines, ou p’tet mois. Ça s’est accéléré ces derniers mois, c’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille, et pour ça qu’on cherche des liens qui étaient pas apparents avant. »

    Qu’on retrouve des cadavres qui meurent tous de la même façon au même endroit, à force, même des types comme Gigite s’en rendent compte. Ou alors quelqu’un lui a soufflé la réponse, je sais pas, mais en tout cas, à quelques semaines ou mois d’écart, ça peut être une coïncidence. Quand ça se rapproche, c’est généralement pas le cas. J’me demande encore pourquoi c’est tombé sur moi. Enfin, j’le sais : les autres sont tous occupés ailleurs, et il faut bien quelqu’un pour résoudre le truc avant qu’une vague de panique se répande dans toute la ville, donc on fait ce qu’on peut. En tout cas, c’est ce que le divisionnaire m’a dit en insistant bien fort.

    Et quand ça insiste, moi, je fais pareil. Simple réflexe de survie.

    Du coup, quand la conversation avec la bande de drogués se passe pas super bien, et qu’ils alpaguent Perrine, j’écoute en rongeant mon frein. Un coup de matraque dans les chicots qui leur restent, déjà, ça les mettrait p’tet dans de meilleures dispositions, leur apprendrait la politesse, à ces déchets. Puis, aussi, ça me défoulerait. C’est que c’est pas mon petit plaisir matinal, à moi, de traîner dans les cimetières. J’laisse ça aux grenouilles de bénitier, aux croque-morts, et à ceux qu’ont une fascination morbide pour la mort. Moi, j’la vois déjà d’un peu trop près tous les jours pour vouloir la fréquenter davantage.

    J’range dans un coin l’information sur le frère de Perrine, et ses liens supposés avec nos charmants interlocuteurs. P’tet qu’il pourra lui-même nous aiguiller, nous donner des contacts ou qu’il pourrait avoir entendu des choses de la part de ses amis. Même s’ils se fréquentent plus maintenant, rien n’empêche jamais de discuter avec des vieilles connaissances pour renouer un peu, pas vrai ? En tout cas, on prend les informations où on peut, et j’vais pas laisser filer ce qui représentera possiblement la seule piste potable de cette journée.

    J’les jauge, savoir si ça vaut le coup de presser un peu le citron. Mais s’ils ont déjà parlé aux collègues -Gigite, possiblement, vu qu’il patine ? -, je vois pas trop l’utilité de leur prendre la tête et de me les mettre à dos quand j’ai pas encore du concret. Puis, surtout, son indication qu’ils veulent pas trop parler laisse entendre que y’a un angle à trouver, ou un autre interlocuteur qui, lui, aura moins peur. Et, sinon, on reviendra presser des citrons, hé ? Parfois, le poids du code pénal dans les gencives, ça réussit à convaincre même le plus têtu des témoins de l’ouvrir un petit peu.

    « L’archéologie, c’est sur des sites de fouilles, ou à la campagne. Pas dans les caveaux des citoyens de la République. Si vous mentionnez ça à nouveau, ça va me faire de la paperasse, donc évitez, merci. Pour le reste, on va voir, si besoin, on vous sonnera. »

    Ça tombe bien, en plus, y’a Gigite qui arrive de son pas lourd et tanguant, alors même qu’il a pas dû monter sur un bateau plus de deux fois dans sa vie. Par contre, ça chaloupe bien, et j’me dis que j’me ferais bien un petit fortifiant de Gégé pour me donner du courage, là, tout de suite, maintenant. Bon, enfin, ça attendra l’heure du déjeuner. J’fais un signe vers une travée perpendiculaire, et on s’y engouffre pendant que la joyeuse bande de nazes part plus loin, du côté d’une espèce de mini-colline avec trois arbres qui se battent en duel.

    A l’ombre d’une tombe avec une statue grandiloquente et musculeuse qui ressemble probablement pas des masses au mort, décédé à quatre-vingt huit ans, j’me tourne d’abord vers mon collègue et binôme sur cette sombre affaire.

    « Gigite, ça te dit quelque chose, un témoignage du groupe de drogués qu’on vient de croiser ? Ils ont dit qu’ils avaient parlé à un officier républicain y’a quelques jours, et qu’ils avaient dit tout ce qu’ils savaient. »

    Je vais pas l’embrouiller en lui disant qu’ils ont caché des trucs, si on a déjà des heures de passage et des créneaux de fréquentation, ce sera déjà pas mal. J’me demande aussi si les macchabées se rapprochent et s’il va falloir se mettre en planque pour que notre animateur ne se mette pas à en lâcher de plus en plus, ou s’il fait ça de manière régulière.

    « On a des trucs sur les autres cimetières de la ville, aussi, p’tet ? Si tu sais pas, je vérifierai en passant au poste. »

    Comme je le vois qui se perd dans ses feuillets et qu’il tourne frénétiquement les pages de son calepin, je reporte mon attention sur Trouillard.

    « Gigite, regarde tes notes, on y revient ensuite. Mademoiselle Trouillard, de ce que je comprends, votre frère connaît la bande des loulous. Sans aucune intention de lancer une enquête ou quoi que ce soit, c’est entendu. Est-ce que y’aurait moyen de lui parler pour lui demander s’il connaît des gens et s’il aurait entendu des choses, récemment ? »

    Mon attention se reporte sur mon binôme, qui est quasiment en train de lever le doigt, et j’dois retenir un soupir mêlant mépris, lassitude et irritation.

    « Oui, Gilles ?
    - Gigite, je préfère.
    - Comme tu veux, Gigite, alors.
    - On a commencé à trouver des cadavres ici il y a déjà une vingtaine d’années. Les premiers avaient rien de particulier : coups de poignards, masses, étranglements…
    - Ouais, pas de lien potentiel avec notre affaire, donc ?
    - On sait pas.
    - D’accord.
    - Depuis quelques années, on a pu remonter à une dizaine, il y a parfois des corps noirs qui remontent ici. Comme c’est variable suivant les périodes, et qu’on en trouve également en dehors de la ville, l’office a mis ça sur le compte de l’insalubrité.
    - Hmm-mh.
    - Mais ces derniers mois, on a eu l’impression que le rythme s’accélérait, surtout quand je suis venu pour la quatrième fois ici en trois mois.
    - Ah ?
    - Oui, donc j’ai fait remonter la demande au Capitaine Coco il y a… deux mois ?
    - Et c’est maintenant que… ?
    - Le capitaine et le commissaire étaient très occupés. »

    On échange un regard un peu vide. Oui, bien sûr, submergés de travail, hein… J’reporte mon attention sur Perrine Trouillard, qui va p’tet constituer la seule piste potable de la journée.

    « Du coup, vous pensez que ce serait possible ? »
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  • Lun 12 Aoû - 21:30
    La Capitale républicaine flirte sans vergogne avec la chaleur de l’été. L’air est un peu lourd—à moins que ça ne soit la présence de Gigitte qui l’alourdisse, et le parfum des chrysanthèmes fraîchement déposés sur les tombes évoque une mélancolie un peu rance. Le soleil caresse le crâne rond de la blonde, auréolant sa jolie gueule d’ange. Ses yeux zigzaguaient de Gigitte à Pancrace, au fil de leur conversation et quand le dernier reporta son attention sur elle, elle s’arrêta pour repousser ses lunettes.

    Euh… Elle ponctua d’un froncement de narines. Était-il sérieusement en train de lui demander de rencontrer Pierrick ? La simple réalisation de s’enfoncer dans son mensonge lui retourne l’estomac, pourtant… Oui. Bien sûr, je pourrais lui en parler ce soir, en rentrant.voilà qui devrait suffire, pas vrai ?

    Gigitte revient très vite dans la conversation, et Perrine se surprend alors à remercier ce gros lard intérieurement. Comme quoi, même lui avait son utilité. Elle avait écouté l’échange entre les deux officiers d’une oreille distraite, perdue dans ses propres pensées. C’est-à-dire que Pierrick n’aurait pas grand-chose à lui dire. Il avait perdu – fort heureusement – la capacité d’ouvrir sa vieille boîte à camembert le jour où Perrine avait fait de lui un homme meilleur. Il lui suffirait simplement d’inventer une petite histoire suffisamment crédible pour diriger l’intérêt de l’officier ailleurs que dans ses petites affaires. Le problème, quand on cherche, c’est qu’on risque de trouver…
    Oh non.
    Oh bon sang, ce n’est pas vrai. Voilà que Pancrace baisse à nouveau son regard vers elle et la dévisage avec ses yeux infiniment confiants. Perrine prend une vive inspiration entre ses dents, anticipant la question à venir et se retourne pour lui faire face, s'essayant à un sourire de circonstance.

    “Du coup, vous pensez que ce serait possible ?” Merde. Elle continue de sourire, comme une belle idiote, réalisant confusément qu’il ne serait pas très avisé de refuser, ni de confesser ses activités “criminelles”—entre guillemets, car ça reste à prouver… à un représentant de l’ordre public. Quelle andouille. Si seulement elle n’avait pas menti. Tout à coup, elle a le sentiment cuisant d’avoir été victime de sa propre idiotie.

    Vous voulez dire, là ? Maintenant ? Je veux dire… Vous voulez qu’on y aille tous les deux ?

    Oh elle aurait mieux fait de feindre férocement de ne pas avoir entendu, ou de faire tomber son sac, ou simplement lui dire que Pierrick n’était plus à la maison. Mais Pancrace continue de la regarder, fronce les sourcils comme s’il allait la bouffer si elle ne se pressait pas et…

    Oui, comme vous souhaitez.et il le souhaite, visiblement.

    Quel enfer. Elle n’avait pas la moindre idée de comment se sortir de cette merde—et réfléchir dans la précipitation n’avait jamais été mon forte. J’avais besoin de paix et de calme et qu’il arrête de me regarder sereinement, comme si je détenais la réponse à tout ce mystère. C’était peut-être bien le cas, mais franchement, moi, je n’ai jamais rien demandé à personne, je mérite qu’on me foute la paix. Il faut vraiment que j'apprenne à me détendre. Cette histoire me rend malade. Malade d'être aussi cruche, moi, le p'tit cerveau, le p'tit génie, la débrouillarde, la première d'la classe. Depuis combien de temps je me triture les doigts, comme ça ?

    Elle a le mauvais pressentiment que l’officier l’invite à ouvrir le chemin. Il n’a visiblement pas l’intention de la laisser s’y rendre avant et de la rejoindre plus tard, histoire de lui laisser le temps de faire le tri dans ses affaires, rendre son appartement présentable. Elle songe un instant à lui sortir l’excuse des petites culottes qui traînent par terre—ce serait toujours moins embarrassant que ce qu’il s’apprêtait réellement à découvrir. Et comme Pancrace ne dit toujours rien, qu’il continue à la dévisager comme pour ajouter à sa panique, Perrine ne trouva rien de mieux que de lui sourire gentiment, comme une fille très sage.—peut-être que si je me montrais suffisamment sage, l’univers finirait par me remercier d’une façon ou d’une autre ?

    J’habite en ville, avec mon frère. Dans un petit appartement tout près de l’Université… Et bien, dans ce cas, allons-y.et je me mords l’intérieur de la lèvre, à défaut de pouvoir me donner la bonne gifle que je mérite.

    Gigitte, lui, en avait déjà profité pour s'éclipser et aller se remplir la panse. Après tout, il était bientôt l’heure du déjeuner, comment lui reprocher ? Qui sait, c’était peut-être exactement ce qui la sauverait. Pancrace, lui affichait toujours la même nonchalance insupportable, sans savoir ce qui bouillait présentement sous le petit crâne de la blonde. Elle lorgna un instant sur sa silhouette. Il portait dans le corps ce flegme inné qui lui donnait l’air d’approcher toute cette histoire avec un détachement profond – le genre quiétude insolente qui appartenait aux hommes qui avaient déjà tout vu, ou trop vu. Oui, le genre exact qui lui donnait envie de provoquer l’inflexion inverse. Après tout, il n’y avait pas qu’elle qui méritait de souffrir. Lui aussi avait visiblement besoin de sa part de remous… Juste pour égaliser.

    Alors comme ça, vous avez été rétrogradé ? Commença Perrine, le cajolant d’une expression un peu contrite, faussement compatissante. Son regard s’illumina, comme si elle venait de réaliser. Oh, pardonnez mon indiscrétion. Après tout, cela ne me regarde pas. C’était simplement pour faire la conversation, sur le chemin. Je suis très mauvaise, pour ce genre de choses, s’excuse-t-elle, trompeusement innocente, l’air de rien. On ne pouvait pas sérieusement croire qu’elle était en train de le narguer. La blondinette s’humidifie les lèvres, change de sujet. Vous voulez emporter quelque chose à manger sur la route ? Je n'ai rien déjeuné, je suis affamée, ment-elle, la bouche en cœur.

    Cela lui permettrait de gagner un peu de temps et de trouver une solution pour éviter la catastrophe. Elle ne pouvait décidément pas présenter son frère – ou du moins ce qu'il en restait – à l’officier… Ils avaient bien fini par arriver en ville et l'odeur de bouffe s'échappait déjà des étalages ambulants. Perrine ne prenait jamais la peine de s'arrêter, en temps normal. C'est-à-dire qu'en matière d'hygiène, pour une maniaque comme elle, c'était absolument inenvisageable. Mais aux grands maux les grands remèdes, pas vrai ? Pour peu qu'elle évitait l'intoxication alimentaire, tout devrait bien se passer.


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  • Ven 16 Aoû - 10:54

    On s’met en route en direction de l’appartement que Trouillard partage avec son frère. J’suis contemplatif : c’est p’tet l’élément qu’il nous manque pour réussir à débloquer l’affaire, pasque le groupe de drogués nécessiterait probablement de les suivre et les surveiller pendant des jours et des jours pour voir à qui ils parlent, ou des affaires de qui ils veulent pas se mêler. Y’a toujours la possibilité de passer en force, après tout, et sans finesse, mais j’préfèrerais éviter de passer mes prochaines nuits à les surveiller, et en prime devoir assurer un genre de service de protection.

    Puis on peut mener l’âne à l’eau mais on peut pas le faire boire, comme on dit.

    Gigi est parti à ses affaires, et j’crois même que son service est terminé pour aujourd’hui. J’le retrouverai demain au poste, probablement. De toute façon, on n’a pas besoin d’être cinquante pour parler à l’autre. A partir de là, si vraiment y’a une nouveauté, il reprendra la calèche en marche. Mais comme faut bien meubler en attendant d’arriver dans les environs de l’Université, on fait la discussion poliment. Jusqu’à ce que ça reparle de ma rétrogradation.

    Je sais pas pourquoi les gens, ça les préoccupe tellement. J’suppose que c’est pas trop l’ordre naturel des choses, que ça les rend nerveux. J’fais la grimace.

    « Ouais, une sale histoire. Y’a un témoin qui nous a donnés des fausses informations, dans une affaire de meurtre, du coup, j’y suis peut-être allé un peu fort avec le code pénal... Le mage guérisseur, malgré sa puissance, a pas réussi à rattacher toutes les dents ni à remettre le visage suffisamment droit pour que la bouche se ferme, donc le gars a toujours un filet de bave au coin des lèvres, maintenant. M’enfin, hein, c’est des choses qui arrivent. C’est juste une p’tite tape sur les doigts, au final. On se soutient, entre officiers républicains. »

    Bon, certes, toute cette histoire est fausse. Mais elle pourrait être vraie : c’est juste que le soigneur avait en réalité bien réussi à réparer la victime. Et ça n’a évidemment aucun rapport avec les raisons réelles de ma situation professionnelle. J’laisse flotter un léger blanc pour que ma blague fasse son petit effet en jaugeant la réaction de Perrine. Puis, au bout d’une trentaine de secondes d’un silence gênant et gêné, j’reprends la parole.

    « Non, j’déconne, c’est juste une embrouille avec les chefs, fallait faire un exemple pour marquer le coup, donc c’est tombé sur moi. Normalement, si j’déconne pas dans les grandes largeurs, ça devrait être que provisoire. »

    En tout cas, c’est ce que Patoche m’a dit en me descendant d’un cran, donc j’m’accroche au fait que, peut-être, pour une fois, il aurait pas menti. C’est important, de garder espoir. Et j’me vois pas raconter au tout-venant que c’était d’une certaine façon mérité : le commanditaire a fini au Razkaal, lui, et a priori il devrait pas tarder à y passer, vu comme il est pas équipé pour y survivre. C’est juste que si ses plans avaient marché, j’serais p’tet commissaire divisionnaire ou quoi. Mais bon, les grands jouent et nous on patauge dans la merde, c’est rien de nouveau.

    « Nan mais y’a pas de mal, en tout cas. Par contre, pour le déjeuner, c’est vrai qu’il commence à faire faim. »

    J’avise un vendeur avec son étal, un simple brasero posé au sol, avec des rangées de brochette à côté, sur un plateau en bois. Il m’adresse un large sourire en voyant mon regard, me montre les légumes qu’il est en train de découper. J’note que c’est pas le cas de la viande, déjà présente sur les bâtonnets. Pas sûr que ce soit du boeuf, du coup. Ni du porc ou du poulet. J’remarque l’absence de chiens errants dans le coin. Hé, tant que c’est bien cuit...

    « Deux brochettes, s’il vous plaît. »

    Y’en a justement une paire qui était en train de finir de mijoter, donc il les attrape et me les refile en échange d’une poignée de piécettes. On s’éloigne de quelques pas et j’tends la sienne à Trouillard.

    « Offert par la maison. Bon appétit. »

    J’mords à pleines dents dedans : c’est un peu filandreux mais pas mauvais, et il a fait mariner la barbaque dans une sauce épicée et pimentée, pour relever le goût. Les légumes sont anonymes, mais c’est pas bien grave, personne prend une brochette pour bouffer des légumes de toute façon. Ou alors ils sont bizarres, je sais pas. On fait quelques pas supplémentaires pendant que j’grignote.

    « Pas mal, hein ? Alors, ton frère, il fait quoi, dans la vie ? J’suppose que vous êtes pas tous les deux dans la même... branche. »

    Les investigations de cadavres, on en a beaucoup mais pas besoin de quarante personnes pour s’en occuper. P’tet qu’il est aussi bibliothécaire. Ça pourrait toujours être intéressant, ça : ça fait un moment que j’ai pas pu avoir accès à de nouveaux grimoires, au point que j’en viens à envisager de recontacter le Professeur Storm pour voir si elle pourrait pas m’expliquer deux ou trois bricoles. Mais pour l’instant, faut s’occuper plutôt de notre macchabée, et on verra la suite ap...

    « Dosian. »

    La voix télépathique qui résonne brusquement entre mes oreilles me fait sursauter, et j’fais tomber ma brochette à moitié mangée par terre, dans une flaque de boue. J’la regarde d’un air mauvais, avant de la laisser là. P’tet qu’elle fera le bonheur de quelqu’un d’autre, ou d’un pigeon. Moi, j’suis pas assez désespéré.

    « Un nouveau cadavre a été découvert au Cimetière des Trente. Même description que celui de ce matin. »

    Le souci de la télépathie, c’est qu’on peut pas répondre. On a bien quelques mages au commissariat pour fournir les informations urgentes, et j’suppose que celle-là en fait bien partie.

    « Va voir, ordre du commissaire. Il faut éviter une vague de panique si ça commence à se répandre. Donc, verbatim ‘’Qu’il bouge son cul et me résolve cette merde’’. Bonne chance. »

    Ouais, bonne chance.

    Putain.
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  • Sam 24 Aoû - 16:47


    Oh… Haha.

    C’était peu ou prou ce que Perrine avait été capable de sortir à la déclaration – la petite blague – de l’officier. Elle l’avait considéré longtemps à travers ses longs cils noirs, avant de comprendre qu’il se moquait d’elle. Celui-là avait bien dû prendre des leçons de clowns durant son cursus d'officier républicain. Après tout, il fallait bien faire passer le temps—et sept ans pour apprendre à coller des coups de matraques dans le genoux des gens, c'était très long. Elle s’imagine une classe entière remplie de beaux jeunes hommes, pratiquant leur humour, en jupette et gros nez rouge pour masquer leur sourire apitoyé – et surtout, pour ne pas penser à ce qu’elle risquait s’il apprenait qu’elle lui avait menti. Ses sourcils se joignirent un instant, suppliants, comme pour dire “pitié, je n’ai pas envie de me faire casser les genoux”. Elle avait réprimé un soupir de soulagement lorsqu’il lui annonça qu’il ne s’agissait-là que d’une plaisanterie—Dieu merci.

    Je comprends. J’espère que toute cette histoire va s’arranger. Parfois, c’est mieux de ne pas attirer l’attention sur soi et faire profil bas le temps que les choses se calment.N’est-ce pas ? Idiote va. Ses lèvres s’étaient étirées dans une moue dégoûtée et elle avait saisi la brochette que lui tendait Pancrace. Merci… Il ne fallait pas...Vraiment, c'était pas la peine... Oh quelle sainte horreur. Si je survis à cette épreuve, je peux survivre à tout, que je songe, pour me donner du courage.

    Perrine avait dû se faire toutes les violences du monde pour se forcer à goûter à cette brochette. Elle y avait déposé le bout des lèvres en tentant d’ignorer la vision d’horreur du vendeur et son étal, posé à même le sol, avait fait une prière silencieuse, s’était senti défaillir… Il n’y avait même pas un insecte sur la viande, et si même les insectes n’en voulaient pas, alors pour Perrine, c’était une très mauvaise chose. Heureusement, Pancrace continuait de lui faire la conversation et la blonde profita de ses questions pour triturer le maigre morceau de...—de quoi au juste ? du bout des ongles, comme pour y enlever un poil, ou une saleté qui traînait par là.

    C’est vrai. Nous ne sommes pas tout à fait dans le même domaine… Pierrick – mon frère – lui, il est… comment dire… Il n’est pas très porté sur la recherche. Elle le disait, absorbée par sa brochette. Il s’intéresse lui aussi à la nécromancie, mais…mais j’ai toujours été bien meilleure que lui. Pierrick n’a aucune discipline, aucune rigueur. Mais il reste la plupart du temps à la maison pour ses travaux pendant que je travaille à la bibliothèque.

    La petite histoire qu’il lui avait racontée plus tôt aurait dû suffire à la décourager de mentir, mais la réponse lui était venue si naturellement qu’elle n’avait même pas fait attention à ce qu’elle disait. Après tout, elle non plus ne mentait pas vraiment : de son point de vue, Pierrick n’était pas vraiment mort. Il marchait toujours. Et ce qui était sûr c’est que depuis que son frère était tombé malade, Perrine jouissait allégrement de sa nouvelle liberté : si bien qu’elle ne sût pas véritablement quoi en faire.

    Néanmoins, monsieur Dosian, s’était-elle repris, il faut que je vous dise quelque chose…

    Pancrace s’était arrêté, soudainement. La blondinette avait incliné la tête vers lui, cherchant à comprendre ce qu’il se passait, juste avant de voir la brochette de l’officier voltiger dans la boue.—Hallelujah, c’est mon signe ! Et la sienne l’avait rejoint, un quart de seconde plus tard, tandis que le visage de la binoclarde se peignait d’une petite moue navrée.—Oups…

    Un souci ?

    L’officier lui avait expliqué – un appel télépathique ; un nouveau cadavre ; le cimetière ; se bouger le cul – et Perrine ne s’était pas fait prier pour le suivre.—Voilà ! Comme quoi, ça paie de se montrer sage et gentille. L’univers me remercie…




    Le cimetière des Trente ? C’est sur le chemin. Nous y sommes en moins de cinq minutes.

    C’est-à-dire qu’elle avait l’habitude d’aller chercher Pierrick là-bas, certains soirs, lorsqu’il n’était pas rentré pour le dîner et que ses parents commençaient à s’inquiéter. Parce que pour Pierrick, on s'inquiétait. Elle, personne n’était jamais venu la réclamer pour dîner lorsqu’elle se perdait dans ses bouquins, des heures durant. Son estomac lui servait d’horloge biologique, mais se réveillait souvent trop tard, une fois la table déjà débarrassée. Il fallait croire que son corps ne partageait pas le même enthousiasme que la faim qui remuait son joli cerveau. Elle avait trotté derrière Pancrace et ses grandes jambes, jusqu’à qu’ils parviennent au lieu de rendez-vous—jusqu’à ce dangereux terrier de lapin. C’est là-bas que tout avait commencé.

    Elle s’était arrêtée devant le portail et son regard s’était posé sur les énormes lettres gothiques, dessinées en arc de cercle : “Cimetière des Trente”. Perrine ne fait pas le moindre mouvement, ne prononce pas le moindre mot, de peur que ses jambes – ces sauterelles désobéissantes – ne la trahissent si elle s’avisait à relâcher les rênes. Elle aurait volontiers fait marche arrière, aurait vendu tous ses livres les plus précieux, pour faire demi-tour et ne pas avoir à revivre l’horreur de ses souvenirs. Mais Pancrace ne l’a pas attendu, et elle ne peut définitivement pas lui dire – ce ne serait pas très professionnel. Un fracas sourd en provenance du cimetière la fait sursauter et la pousse comme une main vers l’intérieur. La binoclarde se voit contrainte de rappeler à son cœur de battre et à ses poumons de pomper de l’air.

    Officer ? Demande-t-elle, sans oser élever la voix, de peur – peut-être – de réveiller les morts.

    Pancrace se tient debout, juste au-dessus du cadavre et le visage de Perrine se colore d’une mine d’horreur quand elle réalise que de cadavre, il ne l’est pas encore…

    Reculez ! Oh, pour l’amour du ciel !

    Trop tard. Le mourant s’était redressé convulsivement en vomissant ses poumons dans une gerbe atroce qui éclata en plein sur le beau visage de l’officier, avant de tomber, raide mort—cette fois-ci c'est sûr. Je le sais, je le sens. Les morts ont une aura particulière. Des flots de bile verdâtre, mêlés de caillots de sang noirci et de morceaux de chair décompensée dégoulinèrent sur la peau de Pancrace, laissant une traînée poisseuse et putride derrière eux. Perrine grimaça. Finalement, à bien y réfléchir, elle préférait encore la brochette de viande avariée. Elle se précipita pour rejoindre l’officier, tirant un mouchoir blanc, tout propre, de sa sacoche. Elle ne songe pas une seconde à la bienséance, débarbouille le visage taché de l’officier pour retirer autant qu’elle peut. Son cœur s’affole et ses sourcils se rencontrent dans une préoccupation non feinte. Les yeux qu’elle pose sur lui sont chargés d’inquiétude.

    Pancrace – je veux dire monsieur Dosian, je ne vous ai pas tout dit, s’empresse-t-elle d’expliquer en continuant de faire disparaître toute trace de bile, en prenant soin de se montrer la plus délicate du monde. Cette histoire de meurtres ne m’est pas complètement inconnue.

    Elle humecte ses lèvres, collées par ses précédents mensonges et pose le revers de la main sur le front de l’officier pour en évaluer la température.

    Comment vous sentez-vous ? Je n’ai pas le temps de vous expliquer ici, il faudrait mieux vous faire ausculter d’abord, pour s’assurer que vous ne l’avez pas attrapé, vous aussi…pitié pas d'hôpital. Pas avant qu’elle ne lui ait dit toute la vérité, pas avant d’être sûre d’avoir évité le drame. Elle lui adresse un regard suppliant. Je pense que vous n’avez rien, mais il faut s’en assurer. J’ai tout ce qu’il faut chez moi. Nous sommes tout près désormais. Je connais bien les effets… Bref. Laissez-moi vous aider, je vous en prie. Je vous expliquerai tout une fois arrivés.

    La blondinette n’avait pas menti. Il n’avait pas fallu marcher longtemps avant d’arriver à son appartement. Un peu à l’écart, dans un quartier calme, perdu entre une ancienne boutique fermée depuis des années et une autre habitation laissée à l’abandon. Perrine avait sorti ses clés de sa sacoche – y pendait un porte-clé en forme de scarabée – et les avait fait tourner dans la serrure. La porte s’était ouverte, très lentement. Le lieu avait tout d’un sanctuaire de propreté méticuleuse. Chaque objet semblait avoir une place scrupuleusement choisie et disposé avec une précision quasi-chirurgicale. Les étagères de la bibliothèque alignaient des rangées de livres à la tranche impeccable, parfaitement alignés, sans qu’aucune poussière n’ose troubler l’ordre établi par la scientifique ; comme si tout ça avait été le résultat d’un calcul mathématique complexe, assurant l’équilibre parfait de l’univers. Comme si la moindre particule risquait de contaminer l’esprit de la propriétaire des lieux. Le carrelage y était si propre qu’on aurait certainement pu y pratiquer une intervention chirurgicale sans crainte de la moindre infection. Pas un trace de vie. Perrine s’en assurait.



    Ça y est…

    Ça y est, nous y sommes enfin. Enfin dans mon royaume. Enfin dans mon petit monde. “Le Petit Monde de Perrine”. Ça sonne bien, non ? Et bienvenue, Monsieur Dosian. Je referme doucement la porte derrière toi quand tu pénètres dans l’appartement, en prenant grand soin de ne pas la faire claquer. Comme si la chose avait pu t’affoler. Je prends toujours grand soin de faire les choses tranquillement, sans brusquerie. La rudesse a tendance à effrayer les insectes. Je sais, tu n’en es pas un, mais les vieilles habitudes, que veux-tu. On dit d’ailleurs que les habitudes du berceau nous suivent jusqu’au tombeau. Ça m’avait toujours beaucoup amusé… Je me demande quelles sont les habitudes que tu emporteras avec toi, quel genre de cadavre tu seras. Ils ont tous leurs spécificités, tu sais ? L’odeur, la couleur… le goût aussi. Ça va, pas la peine de prendre peur. Je n’ai jamais goûté, évidemment. C’est dégoûtant. Je ne suis pas folle. Bien que j’ai vu suffisamment de cadavres pour en faire pâlir un fossoyeur. J’aime étudier les corps. Les vivants, les malades, les mourants. J’avais envie de tout découvrir et de tout comprendre. Qu’est-ce qui continue de faire battre un cœur après une mort cérébrale, pourquoi aime-t-on avec le cœur plutôt qu’avec le cerveau… Il paraît d’ailleurs que le cœur possède lui-même son propre cerveau. Que si l’on y regarde bien, on est capable d’en cartographier les contours. Ça nécessite beaucoup de patience et de précision. Un scalpel aussi. Pardon, je m’égare. Je me retourne vers toi, croise ton regard et tend la main, paume vers le haut en guise de timide invitation. Un petit sourire contrit vient flotter sur mes lèvres.

    Veuillez m’excuser. Je n’ai pas l’habitude de recevoir du monde, encore moins des patients… Vivants. Mais je ne le dis pas.

    Je t’ai désigné le canapé dans le salon, à côté de la table basse où trônait un vase en verre soufflé – cadeau de mes parents pour mes dix-sept ans. Qui offre un vase en verre soufflé à une jeune fille de dix-sept ans, sérieusement ? – contenant une seule fleur parfaitement épanouie, que j’avais choisie pour sa symétrie irréprochable et parce que cette variété-ci n’était pas toxique. Pour certains, leur chez-eux devait être un lieu de vie : mouvementée ; inattendue ; chaotique comme souvent elle l’était. Chez moi, la vie devait se plier aux lois de la logique et de la science et chaque émotion devait être soigneusement compartimentée, analysée, puis classée. Peut-être dans un tiroir étiqueté “variable incontrôlable”. C’était la seule extravagance que j'aurais permise, blâmez donc ma rigueur scientifique. J’ai déposé ma sacoche sur l’étagère prévue à cet effet.

    Faites comme chez vous, je reviens dans un instant.

    Je me suis éclipsée pour aller collecter mon matériel médical au sous-sol. J’étais tout de suite beaucoup plus à l’aise, maintenant que nous nous trouvions dans mon monde. Mes gestes étaient beaucoup plus précis, moins maladroits et l’angoisse générale de mon regard s’était évaporée pour laisser place à une lueur fervente, scientifique ; que peut-être, certains diraient d’obsessionnelle… J’ai disparu dans l’escalier en me mordant la lèvre inférieure. Je l’avoue, j’avais presque envie que tu sois malade. Je sais, ce n’est pas bien, je ne devrais pas. Je chasse l’idée aussitôt pour me reconcentrer sur ce que je suis venue chercher avant de revenir hâtivement dans le salon. J’ai attrapé un oreiller dans ma chambre, sur le chemin.

    Allongez-vous, s’il vous plaît.

    Je t’ai invité à le faire en déposant l’oreiller contre l’accoudoir. Malgré mes envies personnelles, ton état nécessitait une auscultation digne de ce nom. Et j’avais promis de tout te raconter… J’ai attrapé une chaise et je me suis installé à ton chevet.

    Comment vous sentez-vous maintenant ? Toujours pas de fièvre ? Hallucinations, peut-être ? Ai-je demandé en fouillant dans ma trousse de médecine.


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    Pancrace Dosian
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  • Dim 15 Sep - 14:44

    J’peux pas dire que j’ai pas l’habitude de voir des trucs crades. Entre les cadavres, les blessures plus ou moins graves, et la presse des situations sordides et des squats miteux, chez les Officiers Républicains, on voit même plus que notre lot de saloperies. Ça rend pas les moments où ça se produit plus agréable, donc j’me raidis quand je me fais vomir littéralement dessus, puis la panique de Trouillard suffit à me perturber au-delà de l’énervement d’être sali et souillé. J’baffouille, j’essaie de pas avaler la gerbe et de pas m’y mettre moi-même, pasque putain ça pue la mort.

    Littéralement, une fois encore.

    On laisse le corps en plan, une part de mon esprit peut pas s’empêcher de le noter, mais j’me dis que personne viendra trifouiller ici de toute façon. Puis c’est un avis médical, là, non ? Nan, vraiment, elle me stresse, plusieurs fois j’ouvre la bouche pour poser des questions, mais j’abandonne quand je la vois qui s’agite et stresse. Puis c’est communicatif, cette saloperie, au point que j’me demande si j’me sens pas mal. Est-ce que j’ai déjà de la fièvre ? Mal à la gorge ? Vrai qu’elle est un peu sèche, puis j’ressens de la chaleur au visage, et j’suis pas loin de frissonner.

    Ce matin, quand j’avais rien, j’me trouvais en pleine forme, aussi fringant que d’habitude. Maintenant, on m’a dit que j’avais p’tet quelque chose de grave et j’ai l’impression d’être sur le point de crever. Putain, c’est terrible. Mais nan, c’est dans la tête, y’a pas de maladie qui se développe aussi rapidement... si ? Le senseur magique centré sur moi-même révèle rien, en tout cas, et j’regrette de pas être tout à fait au niveau en guérison des maladies et autres sorts de soin. Mais c’est que y’a un peu plus utile à prendre avec le CPF, et que si j’ai besoin de voir un toubib, j’en trouverai bien un.

    Genre là.

    « Tu crois que... ? »

    Elle m’entend pas, ou elle répond pas en tout cas, et j’me retrouve chez elle, dans un espace où tout est parfaitement rangé. J’traîne un peu de bout à l’intérieur, mais c’est des choses qui arrivent, puis j’voudrais surtout qu’on avance sur l’examen pour voir si j’vais crever, si j’dois aller voir un guérisseur magique avancé, ou écrire mes dernières volontés. J’aimerais autant que non, pour la dernière partie. Donc pendant qu’elle farfouille dans une autre salle, j’regarde les livres de la bibliothèque, qui ont pour la majorité des titres auxquels je jacte rien. Déjà, y’a quarante syllabes dans chaque mot, ça parle visiblement d’anatomie et d’insectes pour quelques-uns que je feuillette.

    Rien de bien surprenant, c’est pour ça que je l’ai contactée.

    Moi, mes connaissances anatomiques se bornent globalement à savoir où taper à la matraque pour faire le plus mal. Chacun son domaine d’expertise, et j’gère bien le mien.

    A sa demande, j’m’allonge dans le canapé, les yeux fixés sur le plafond d’un blanc uniforme. Elle s’affaire à côté, jusqu’à sortir tout un tas d’instruments rutilants qui manquent de m’éblouir tellement ils reflètent la lumière.

    « Pas d’hallucinations. A moins que je sois pas vraiment dans un petit appartement propret d’un quartier calme de Liberty, allongé sur un canapé à fixer un fond blanc. Mais comme j’crois que c’est bien le cas, a priori, ça va. »

    J’m’arrête une seconde.

    « Enfin, je crois. Fièvre, je sais pas, j’ai l’impression d’avoir un peu chaud et froid, la gorge sèche. Y’a un peu d’eau ? j’peux en boire, ou pas, d’ailleurs ? »

    J’porte une main à ma gourde. Pas dit qu’elle contienne que de l’eau, en tout cas si l’eau-de-vie compte pas. C’est qu’il faut se donner du réconfort et du baume au coeur, parfois. Puis c’est un cadeau de Gégé, une cuvée spéciale, alors ça vaut son pesant de cacahuète. Parfois, on se les échange, entre collègues, c’est une vraie monnaie alternative. Mais j’pense pas que la gnôle artisanale soit toute indiquée quand on porte potentiellement une maladie mortelle, donc j’laisse retomber mon bras.

    « Ouais, de l’eau ? »

    Mais ce sera après le reste des examens, visiblement. Perrine prend ma température de façon aussi précise que possible, vérifie les battements de mon coeur, le bruit de ma respiration. Rien que du très classique, mais elle prend des notes d’un air tellement concentré que j’sais même pas si j’ai des bons résultats ou pas. Enfin, bon... Normaux, quoi. Puis ça met pas plusieurs jours à incuber, normalement, une maladie ? On met bien deux ou trois jours à chopper le rhume des collègues, y’a pas de raison que ce soit différent.

    Puis, merde, je sais même pas de quelle maladie on parle.

    Mécaniquement, j’repense à ce qu’on s’est dit jusque-là, maintenant que j’ai plus qu’à attendre et me faire manipuler. Y’a pas signe de Pierrick, non plus, et rien dans la piaule qui semble indiquer la présence d’un autre occupant : le portemanteau a manifestement que des affaires féminines, y’a pas de godasses dans l’entrée. Ça veut pas forcément dire quelque chose, s’ils sont deux à être obsessionnellement propres, mais ça me rend d’autant plus curieux de le voir. C’est pas non plus le genre de gars qu’on imaginerait traîner avec des drogués dans un cimetière.

    « J’crois que j’dois recevoir une explication, non ? »

    Plus d’une, d’ailleurs, à la réflexion.

    « Quelle est la maladie que vous suspectez, Trouillard ? »

    Puis, cette histoire de meurtres, elle traîne depuis un moment, mais toute personne sensée serait venue donner ses éléments à la police pour faire avancer l’enquête.

    « En quoi est-ce que ça ne vous est pas totalement inconnu ? »

    Y’a des explications qui devaient venir plus tard, et bizarrement, j’en viens à me demander si je suis pas allé tout droit dans un traquenard. On va éviter les piqûres, les médicaments et les verres d’eau pour l’instant. Ma mana s’anime, les ombres deviennent un peu plus sombres, un peu plus vivantes, même dans une pièce pourtant si éclairée, et les battements de mon coeur s’accélèrent perceptiblement.

    « Dites la vérité, maintenant, Perrine. Tout va bien se passer. »

    Enfin, ça, on en sait rien.
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  • Jeu 26 Sep - 0:17


    Ma timidité s’était envolée au profit d’une attitude beaucoup plus affirmée, beaucoup plus protocolaire. Il m’a semblé percevoir un brin d’inquiétude dans ta voix, et je n’ai pas su m’empêcher de sourire doucement à cette occasion, tandis que j’enfilais une paire de gants stériles. J’aime comme les Hommes se transforment presque aussitôt en petite chose fragile, dès qu’ils se croient malade. J’ai tourné lentement ton visage vers le mien du bout des doigts et scruté tes yeux. Je ne te regardais pas vraiment : je cherchais plutôt les premiers symptômes.

    Les yeux grands ouverts, s’il vous plaît, ai-je demandé, d’une voix absorbée. Regardez à droite… Tu obéis, coopératif, et je souris. A gauche…

    J’ai cillé tranquillement. Aucun signe d'inflammation pour le moment. Quel dommage… Je t’ai demandé d’ouvrir la bouche en grand. J’opine doucement du menton tandis que tu poursuis tes explications et que j’attrape un abaisse-langue dans ma sacoche. Soucieuse que l’expérience se passe bien pour toi aussi, je t’ai averti d’une voix tranquille :

    Je me permets… Et j’ai plongé l’instrument à la recherche de signes avant-coureurs de la catastrophe.

    Des gencives gonflées, des rougeurs suspectes, ou peut-être une vilaine couche violacée qui traduirait une infection… J’ai appuyé sur ta langue et tu as fini tes questions dans un grommellement. Malheureusement, rien… Il m’a fallu retenir un soupir déçu. Tu aurais pu faire un effort. Je me faisais une telle joie de me rendre utile. Mais je ne m’avoue pas vaincue. Je sors mon stéthoscope, et je te souris, confiante.

    Je vous saurais gré de ne pas m’étrangler avec, Monsieur Dosian.

    C’est une boutade, évidemment. Pourtant, il paraît que c’est déjà arrivé, tu sais ? Des patients qui ont étranglé leur docteur avec leur propre stéthoscope. Quel culot. Nous avons fait le serment de sauver des vies, et voilà comment on nous remercie... Parlons-en, d'ailleurs, de ce serment : “En présence de mes maîtres et de mes pairs, je fais le serment de consacrer ma vie au service de l’humanité.” Comme si l’humanité était digne d’être servie. "Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur dignité, sans discrimination aucune, et j'interviendrai pour soulager leurs souffrances et promouvoir leur bien-être." J’aurai bien fait quelques exceptions à la règle, pour être tout à fait honnête… Et je suis certaine que personne ne m’en aurait voulu. Certains ne méritaient clairement pas leur place sur cette Terre. "Je ferai tout pour préserver et honorer le secret médical, même après la mort du patient." Pour ça, soyez-en sûrs, je ne dirais rien. Rien de rien. Je préfère garder ce genre de détails pour moi. J’aurai bien trop peur de m’incriminer. "Je maintiendrai l’honneur et la noble tradition de la profession médicale." Je me suis retenue de pouffer. Ce n’est pas avec l’honneur et tradition que nous ferons la moindre avancée médicale et c’est aussi pour cette raison que je suis bien plus brillante que mes confrères et consœurs : je ne m’encombre pas de quelconque précepte moral. D’ailleurs, parlons-en : "Mes confrères seront mes frères et sœurs en médecine, et je m’efforcerai de les soutenir, tout comme je demanderai leur aide si le besoin se fait sentir." Sérieusement ? Parmi ceux que je côtoie, peu sont visionnaires et encore moins à la hauteur de mon génie. J’ai dû apprendre à m’en accommoder, pour le bien commun. "Je veillerai à maintenir mes connaissances à jour, à exercer mon art avec conscience et à reconnaître mes limites, ne craignant pas de dire 'je ne sais pas' ou de demander conseil à un collègue plus compétent." Reconnaître mes limites ? J’ai surtout hâte de les découvrir. "Je n’utiliserai pas mes compétences à des fins contraires aux lois de l’humanité, quelles que soient les pressions qui pourraient s'exercer sur moi." Comme si l’humanité avait un bilan positif en moral. C’est d’une hypocrisie sans nom. "Je fais ce serment solennellement, librement et sur mon honneur.” Solennellement, librement, et surtout parce que je n’avais pas vraiment le choix si je voulais ce diplôme. Mais bon, après tout, un peu de théâtralité n’a jamais fait de mal, n'est-ce pas ? Machinalement, j’ai placé les embouts auriculaires du stéthoscope et je t’ai demandé de relever ton vêtement. Il m’a semblé que le froid du pavillon contre la peau de ton dos t'avait provoqué un frisson, mais je n’ai fait aucun commentaire. Petite chose fragile que tu es…

    Inspirez profondément pour moi… Je me suis concentré, l’air docte, à l’écoute de la symphonie de tes poumons et des battements de ton cœur qui se met à cogner sous le stéthoscope. J’ai toujours aimé écouter les cœurs : les malades, les fatigués, ceux qui se détruisaient lentement à ne plus pouvoir battre. Leurs pulsations anormales, lentes ; rapides ; irrégulières et affolées derrière les côtes…. Tout ça avait quelque chose d’étrangement réconfortant. Expirez…

    Bon Pancrace... Diagnostic de la séance : je suis affreusement déçue. Pas le moindre souffle au cœur. Il bat de manière tout à fait normale.Pas le moindre symptôme. C’est abominable : tu es en parfaite santé. J’ai hoché la tête quand tu m’as demandé de l’eau avant de me relever.

    Bien sûr. Je vous apporte ça… Rien à signaler, vous m’avez l’air de n’avoir aucun symptôme pour l’heure. Je crois que ma déception s’entendait dans ma voix. Je ne suis pas sûre. Il faudra tout de même vous en assurer dans les prochains jours : vérifiez qu’aucun œdème suspect n’apparaît et que vous ne souffrez d’aucun essoufflement.

    Je me suis dirigée vers la cuisine, et je t’ai entendu demander des explications. C’est vrai, j’avais presque oublié cette histoire. Je fais couler de l’eau dans un verre et je m’apprête à te l’apporter quand je te sens quelque chose s’agiter en toi. Les questions s’enchaînent les unes après les autres, et maintenant, quelque chose s’agite chez moi.

    Monsieur Dosian, je…

    J’essaie de t’expliquer, mais tu ne me laisses pas parler. Je m’assois à nouveau en face de toi, près du canapé, et te propose le verre d’eau que je viens de ramener, mais je te sens méfiant tout à coup. Tu ne le prends pas et je sens des ombres inquiétantes se former autour de nous. Calme toi, Pancrace, s’il te plaît… Mon cœur s’affole, lui aussi. Tout ça m’a l’air d’être un début de remontrance, de soupçon, ou je-ne-sais-quoi, alors que je ne faisais que de t’aider. Je sens des larmes de crocodile poindre et mon nez se met à picoter. Non, je ne vais pas chouiner. Et non, ne te méprends pas : ce n’est pas parce que j’ai peur. Au fond, j’enrage. Comment peux-tu croire sincèrement que j’allais te faire quoi que ce soit ?! Merde à la fin. Je sens mes mains qui se mettent à trembler autour du verre.

    Êtes-vous sérieusement en train de m’accuser ?!

    L’effroi, la stupéfaction, l’outrage courent sur mon visage comme les ombres des nuages sur le sol. Je suis devenue toute rouge et ma lèvre du bas se met elle aussi à trembler, tandis que j’essaie de t’expliquer.

    J’ai lâché le verre. Qui a éclaté contre le sol. Il y a de l’eau partout et des débris de verre partout et je me coupe dessus en me précipitant pour les ramasser. Mon sang se met à goûter contre le carrelage blanc. Je resonge tout à coup à ce que tu m’as dit à propos du témoin que tu as cogné parce qu’il avait menti. J’éclate en larme et je relève férocement le minois vers toi – sale con – et les mots s’échappent de ma bouche :

    Vous êtes un putain de menteur ! Tout ne va pas bien se passer, vous allez me passer à tabac parce que je vous ai menti et on n'arrivera pas à retrouver toutes mes dents !

    Voilà, voilà, c’est dit ! J’ai menti. Je m’empresse de continuer, sans réfléchir :

    Ce n’est pas ce que vous croyez. Seulement, je ne savais pas comment vous l’expliquer. J’avais peur que vous ayez attrapé la même maladie que Pierrick et que vous… Je sens les ombres se faire plus menaçantes encore, et mes mots s’étranglent subitement dans ma gorge.

    Il faut que tu comprennes Pancrace, je ne peux pas te laisser voir Pierrick sans que tu ne sois convaincu que je n’aurai pu lui faire aucun mal, et que j’ai fait de mon mieux pour le sauver.


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  • Sam 12 Oct - 19:44

    J’pousse un soupir de soulagement quand suite à l’auscultation détaillée de Perrine, j’apprends rien. C’est qu’elle m’a stressé, l’autre, à paniquer, encore un peu et j’me voyais dans la boîte avec les collègues qui balancent deux-trois mots au-dessus du cercueil avant d’aller s’en jeter un ou dix dans le gosier. Ça l’aurait foutu sacrément mal, tout ça pour mourir d’un genre de maladie incurable à la con. Nan, heureusement, j’tiens la forme au-delà du stress. Mais, effectivement, ça reste une affaire à suivre. Oedème, c’est sûrement un mot savant pour un gros bobo ou une tache bizarre. J’m’arrangerai avec le toubib du commissariat pour qu’il jette un oeil et fasse un second examen.

    Pas que j’ai pas confiance, hein. Juste que j’préfère être sûr quand j’capte que dalle.

    Reste que quand le volet de questions s’abat et que son menton tremble et que les larmes pointent dans ses yeux, j’me demande si je sur-réagis pas un peu trop. Ça serait quand même gros, que ce soit elle la coupable ou qu’elle ait des plans néfastes. Puis ça n’aurait pas de sens : tout le monde sait que j’viens de partir avec elle, donc s’il m’arrive quoi que ce soit, dans l’heure y’aurait deux escouades en train d’enfoncer la porte pour coller Trouillard dans une cellule glauque avant un départ express vers le Razkaal.

    J’prête pas attention au bris de verre, ni au reste, et j’me demande comment j’me retrouve à devoir gérer la crise d’une jeune adulte qui devrait pourtant en avoir davantage dans la cervelle, qui vient même de faire une examen médical détaillé. Faut croire que mon humour adorablement taquin et printanier est mal passé, et qu’elle a pris beaucoup trop au sérieux ce que j’ai pu raconter.

    Pas sûr que dire que c’était une blague fasse autre chose que me faire passer pour un dangereux sociopathe, donc j’cherche un autre angle.

    J’lève les mains paumes tournées vers elle, en signe d’apaisement, et j’prends un sourire honnête, celui qui marche sur les ménagères qui hurlent quand il se passe quelque chose dans le pâté de maison. Les ombres reculent à nouveau sous le canapé, se figent, et si la magie est toujours là, pasqu’elle est jamais bien loin, tout reprend l’apparence du calme originel. J’ai sûrement sur-réagi, mais je suis pas le seul, ça, c’est certain.

    « Tout va bien, mademoiselle Trouillard. Je ne vais pas vous passer à tabac, on ne va pas aller à une cellule du poste. Vous m’avez ausculté, il n’y a aucun problème. Toute cette situation m’a un peu tendu, mais ça va mieux, maintenant. On laisse cette incompréhension derrière nous, vous gardez vos dents, et vous reprenez votre calme, d’accord ? »

    J’réfléchis à quoi raconter d’autre, mais dans ces cas-là, c’est davantage le ton qui compte que ce qu’on raconte réellement, comme quand on parle à un canasson ou un clébard ou un gamin qui hurle en pleurant.

    « De toute façon, aucun officier républicain ne vous ferait une chose pareille, soyez-en sûre. Je vous le promets. »

    Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, après tout. J’veux juste qu’on sorte de cet épisode carrément gênant pour qu’on reprenne le fil de l’enquête : on a trouvé un énième macchabée, y’a des histoires de maladie bizarre qui traîne, et de ce que je comprends, le grand frère est passé par là aussi. Ça attise ma curiosité, j’vois tout de suite le lien avec notre affaire, et j’me demande si y’a moyen de trouver la moindre trace dans les archives de l’office. C’est généralement tellement mal rangé, avec une prise de notes catastrophique, que c’est quasiment impossible d’y dégoter quoi que ce soit.

    Faut admettre que si c’est possible de relire les rapports, ça pourrait être utilisé contre nous dans le cadre de rares procès à l’encontre de l’Office, donc on n’est pas vraiment encouragé à écrire lisiblement, et encore moins à fournir toutes les informations dont on dispose. Nan, pour ça, on échange plutôt informellement entre nous en buvant un p’tit rouge, jaune ou blanc. Ça évite les problèmes et si on arrive pas à mettre la main sur ce qu’on veut, bah tant pis, hein.

    C’est des choses qui arrivent.

    « La même maladie que Pierrick, hein ? Et la même que celle des corps qu’on continue à trouver dans les différents cimetières de la ville ? »

    Puis j’cligne des yeux. Oh, bordel, dis donc voir, j’ai une réalisation qui me vient subitement en tête, et j’ai beau l’examiner sous toutes ses coutures, j’vois difficilement une autre possibilité. Et, pourtant, Trouillard a parlé de son frère, de son boulot, et de la possibilité que j’puisse le rencontrer pour lui poser des questions.

    « Mademoiselle Trouillard, Pierrick va bien ? Il... suit un traitement ? Il a été affecté par la maladie mais ça va mieux, ou il en garde des séquelles, c’est ça ? »

    Ou alors il est canné, putain, le grand frère, et elle est complètement maboul, la petiote. Il me faut un effort de volonté pour que les ténèbres jaillissent pas à nouveau de sous le canapé, où elles restent sagement tapis, et j’ai une furieuse envie d’aller visiter le reste de l’appartement, histoire de voir si y’aurait pas un cadavre à moitié moisi dans un coin sombre. J’renifle, mais j’sens rien à part l’odeur aseptisée des produits alchimiques utilisés dans les différents tests médicaux ou que sais-je. P’tet que les voisins sauraient, sinon ?

    « Et, par les couilles rabougries des titans, quelle est la maladie à laquelle vous pensez depuis le début ? »

    J’dois demander une quarantaine ? Une enquête de masse ? Enfin, ça fait des mois que ça dure et y’a rien qui déborde donc ça doit aller, dans le fond...
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