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    Zéphyr Zoldyck
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  • Dim 12 Mai - 20:23
    - On ne les suit pas ?
    - Pas tout de suite. Vaera et les membres du Nouvel Ordre se sont sans doute enfermé dans le sacro-saint temple de Célestia.
    - C’est donc là qu’il faut aller, observe sans aménité Sayena, alors que comme son chef, elle regarde les Dévoreurs s’engouffrer dans la brèche des Portes d’Argent. Une brèche qui devient toujours plus grande au demeurant, repoussée par la force démentielle de certains combattants, et plus encore par la vague guerrière qui cherche à s’engouffrer dans la ville montagnarde.
    - C’est là que nous irons, confirme Zéphyr. Mais il leur faudra quand même un peu de temps pour détruire leurs barricades. Nous allons mettre ce temps à profit pour vérifier qu’aucun diviniste ne s’est caché autre part.

    Il est plutôt cocasse de les voir discuter tous les deux, alors que, autour d’eux, il y a des dizaines et des dizaines de cadavres, dont certains n’ont même plus une forme humaine respectable. Loin d’avoir été en première ligne, le maître-espion a laissé les plus enragés (et les plus motivés) faire leur office, pendant qu’il se rapprochait avec plus de calme de la furie des combats. Pour peu, on aurait presque pu dire qu’il était un instrus derrière cette bande de sauvage, mais quand l’un ou l’autre malheureux avait eu l’audace de le viser, ils n’avaient pas eu le temps de comprendre comment la vie les avait quittés.

    Son armure légère et ses vêtements tâchés de sang, Zéphyr continue sa route alors qu’il dépasse les imposantes murailles de Célestia. Ici, l’air est vif, l’air est froid, et les cris excités comme les pleurs et les sanglots rendent l’atmosphère particulièrement pesante. Il ne s’en préoccupe pas, et ses yeux semblent parcourir du regard le camp des réfugiés et des croyants.

    Autour de lui, ces hommes se rassemblent et il donne un seul ordre.

    - Ne laissez aucun survivant.

    ***

    Khalef avait eu une belle vie. Né à une époque tranquille, quand Bénédictus était encore glorieuse et relativement puissante, l’homme n’avait jamais été riche : pour preuve, il était un simple agriculteur, qui avait réussi à faire de ses talents un honnête gagne-pain. Ayant fait le choix de quitter la métropole une fois majeur, il avait élu domicile dans un village sans prétention, nommé le Clair de lune, où il avait rencontré sa fiancée. Le couple avait été simple, mais uni, et une ribambelle d’enfants avait su voir le jour, venant ainsi aider leur père pour travailler la terre, pendant que les filles aidaient également leur mère concernant les tâches domestiques. Le temps avait passé, les décennies l’avaient vieilli, mais oui, le Shoumeïen avait été heureux. Sa vie n’avait jamais été exceptionnelle, mais fallait-il vraiment qu’elle sorte de l’ordinaire pour trouver le bonheur ? On pouvait tirer du plaisir d’une multitudes de choses au quotidien, et c’était avec cette philosophie de vie qu’il avait rempli ses devoirs : envers sa famille d’abord, envers les Titans ensuite. Chaque année, le fermier faisait un pèlerinage jusqu’à Célestia, et il ne lui semblait avoir jamais commis de péché immensément grave envers eux. L’ordalie avait-elle d’ailleurs jamais eu un sens? Non, pas vraiment. Khalef n’avait pas compris les réactions de X’O-Rath, pas plus qu’il  n’avait jamais compris la destruction du Shoumeï, pas même après avoir eu vent des explications de leur Haut-Prêtre, Seagan. Il pouvait bien leur dire que c’était une épreuve supplémentaire, toutes ces notions théologiques lui échappaient. Toutefois, l’homme était déjà vieux, c’était même un ancêtre puisqu’il approchait les quatre-vingt ans. Et il n’avait pas eu le courage de remettre en question ce dont il avait toujours cru. Voyant son village détruit autant par les monstres que par les brigands, le patriarche avait regroupé sa famille et il s’était exilé sur la montagne. Honnêtement, il avait cru qu’il ne survivrait pas à l’Ascension. Pourtant, il avait fini par atteindre le sommet de cet amas rocheux, et quelque chose lui avait soufflé qu’il rendrait son dernier soupir en ces lieux.

    Avait-il jamais imaginé que ce serait en de telles circonstances ? Non… Mais comment aurait-il pu fuir ? Son corps l’abandonnait. Son âme était lasse. A quoi bon continuer à combattre ? A quoi bon se retrancher dans le temple avec les autres ? Ceux-ci cherchaient peut-être encore une once d’espoir, Khalef, lui, n’avait plus aucune illusion, et préférait passer ses derniers moments avec ses proches. Retranché dans une partie de la ville qui abritait autrefois des dizaines et des centaines de réfugiés, l’homme n’avait pour seule défense que sa petite tente déjà bien usée. Autrefois, ce quartier aurait été plein de vie, maintenant, il n’entendait plus que le souffle de sa respiration. Et des pas. Un, deux. Le regard fatigué de l’homme bouge légèrement, mais assis à côté d’une marmite qui fume encore, il n’esquisse pas le moindre signe de retraite, ni le moindre signe d’agressivité tout court, d’ailleurs.

    - Pourquoi n’es-tu pas parti avec les autres, vieillard ?

    Est-ce un ton de reproche, qu’il entend ? Non, Khalef n’en est pas sûr. D’ailleurs, les yeux du jeunot lui montre déjà que c’est lui, certainement, qui lui prendra la vie. De sa main droite, le sabreur a sa lame qui perle du sang, signe qu’il n’en est pas à sa première victime. Son expression est neutre, mais il a les sourcils légèrement froncés alors qu’il dévisage l’ancêtre en face de lui, et qu’il s’approche d’un pas lent du fermier.

    - Pourquoi je ne suis pas parti… ? demande l’intéressé. Peut-être parce que je n’ai pas ta jeunesse, jeune homme ?

    Comble de l’ironie, son ton est affable, et Zéphyr lui répond sur le même ton.

    - Je vous ai laissé suffisamment de temps pour fuir. La vieillesse n’était pas un problème puisque vous aviez des chariots dans lequel vous pouviez transporter les plus faibles. Ils auraient été jusqu’à Maël. Et pourtant… Le bellâtre pose ses yeux sur les autres corps allongés près du vieux. Toi et ta famille êtes restés. Les silhouettes des jeunes et moins jeunes – voire pire, des corps d’enfants d’une dizaine d’année tout au plus – sont allongés sur des couches, et semblent dormir, comme plongés dans un profond sommeil.

    - Ils n’ont pas voulu m’abandonner, déclare Khalef d’un ton las, alors qu’un spasme le traverse de haut en bas.

    Le maître-espion, pour sa part, s’est arrêté près de la marmite et renifle l’odeur qui en émane. Une moue s’échappe bientôt de ses lèvres et il déclare.

    - Du poison, analyse-t-il. Une concoction aux fleurs du diable, suppose l’assassin en repérant des pétales qui s’échappe d’une sacoche près du fermier. Son regard dévie ensuite près des bols en bois de sa famille et l’Oreille devine la suite. Tu leur en as fait boire.

    - N’était-ce pas mieux que de tomber sur ces brutes sauvages ? demande le vieillard. Je ne leur ai rien dit, pour ne pas faire peur aux petits.

    L’homme aux yeux ambrés ne fait aucun commentaire et observe son vis-à-vis être pris à nouveau de convulsions.

    - Tu leur en as donné tellement qu’il n’y en avait plus suffisamment pour toi.
    - Je suis doué pour manipuler la terre, pas pour manipuler des poisons, répond l’ancêtre tristement. C’est moi qui ai préparé le ragoût, murmure l’homme. C’est donc moi qui dois porter le poids de ma faute.

    Un silence alors que Zéphyr le transperce du regard, avant de balayer les alentours avec soin. Certainement utilise-t-il ses sens augmentés pour balayer rapidement la zone et s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres survivants.

    - Je ne comprendrais jamais qu’on choisisse de mourir alors qu’on a une porte de survie, finit-il par déclarer. Mais il semble satisfait de son inspection puisqu’il se tourne vers le patriarche. De qui veux-tu mourir, vieillard ? Des Dévoreurs ou de ma lame ?
    - Je sens la réprobation en toi, jeune homme.
    - Tu avais ta famille à protéger, et au lieu de l’envoyer à Maël, tu l’as condamnée, lui répond simplement le maître-espion. L’homme semble accepter ce jugement, mais le silence ne dure qu’un bref instant avant que la question fatidique ne revienne. Les Dévoreurs ou ma lame ?
    - Le poison me t…
    - Ma lame alors, le coupe froidement Zéphyr. Et après toi, j’emporterai ta fille, puisque tu ne t’es pas rendu compte qu’elle était agonisante, alors qu’elle est à trois mètres de toi.

    L’homme n’a le temps de rien répondre, mais au moins, il meurt presque de façon indolore et la brune allongée à terre aura bien vite le même sort. Zéphyr contemple son œuvre en morigénant sans doute contre l’imbécibilité humaine – à quoi bon être lâche quand on peut encore avoir un moyen de survivre ? – et bientôt, une silhouette apparaît dans son dos.

    - Nous avons fini.
    - Bien. J’ai fini aussi. D’un geste, le bretteur essuie sa larme, puis il se retourne sans accorder un œil au vieillard.

    Il était temps de rejoindre Alasker et ses hommes.

    - Allons voir la fin du Nouvel Ordre.
    Vrai Homme du Reike
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    Alasker Crudelis
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  • Lun 13 Mai - 18:34
    Sylvia n'avait rien d'une guerrière. Fille de fermiers et fervente croyante, elle s'était tout naturellement jointe au nouvel ordre, à Célestia, sitôt l'ordalie déclarée.
    Dans le défi de Seagan jeté à la face des Reikois, la dévote voyait un moyen de venger les restes de son pays, que ces charognards d’incroyants s'étaient efforcés de conquérir à l'instant où l'occasion s'était présentée à eux. Mariée à Sir Creighton le pieux, elle avait mis au monde trois futurs croisés avant sa trentième année, qu'elle ne fêterai de toute façon jamais. Dans cet océan de souffrance, de rage guerrière et de mort, l'idée que sa sœur ait pu emmener ses jeunes enfants loin de la folie des hommes l'aidait à tenir et, alors même que les rangs des chevaliers commençaient à céder, elle eut une pensée émue pour son défunt mari, tombé avec la première vague.
    Il avait trente-huit ans et elle seize, lorsqu'ils s'étaient unis devant les dieux. Un tel écart d'âge empêchait l'amour passionné mais pas le respect mutuel, et jamais Sylvia n'aurait pu imaginer un homme plus dévoué que lui et un meilleur père pour leurs trésors. Son sacrifice, comme tout ce qu'il avait pu réaliser avant, l'honorait lui et toute leur famille. C'était pour cela qu'elle était restée. Une femme devait partir avec son homme. Ses enfants grandiraient bien sans eux, aux côtés d'une tante ayant toujours rêvé d'enfanter sans jamais y parvenir.
    “-RECULEZ !” Ordonna un chevalier du troisième rang, le dos tourné au combat et une main rougie de sang pressant le côté de sa gorge.
    Sylvia n'eut pas le temps de s'exécuter avant qu'une chose sombre, gigantesque et grondante, faite de crocs et de griffes longues comme des dagues, ne passe au travers de la foule en aboyant comme l'animal qu'elle était. Par réflexe, elle frappa de la pointe de son couteau de cuisine en direction du monstre, sans vraiment regarder où elle frappait.
    La mâchoire d'Iratus se referma sur son torse sans même qu'il ne prenne la peine de ralentir. Coincée dans la gueule du loup-garou, la tête à l'envers, les dernières choses que Sylvia vit avant de mourir furent ses propres jambes, dix pas derrière-eux, abandonnée là, sur le sol carrelé et souillé de sang de l'église, comme des bottes trop petites.

    Nathan venait juste de passer chevalier. Deux ans durant, le jeune blondinet avait suivi les préceptes de l'écuyer comme ceux de l'église. Faisant fi des besoins de sa propre chair, il avait banni les femmes de son esprit, abandonné l'idée d'assurer sa descendance pour se concentrer -dans un premier temps pensait-il alors stupidement- sur la gloire éternelle.
    Deux mois auparavant, son arme, son bouclier et son armure de croisé lui avaient été remis solennellement par Solomon Mayer, comme le voulait la coutume. Jamais auparavant n’avait-il dû tant lutter pour ne point verser une larme, lors de la cérémonie de passage. Mais comme d’habitude, Nathan avait tenu bon.
    Et maintenant, tandis qu'il combattait pour célébrer à la fois son baptême du feu en tant que croisé et le chant du cygne du Nouvel Ordre, le jeune chevalier sentait monter en lui une juste plénitude. La sérénité de l'homme mort, mais droit. Il avait fait partie des premiers rangs, désormais en lambeaux. Brisés par l'avancée inexorable d'une armée n'ayant plus rien d'humain, Nathan et ses compagnons s'étaient vite retrouvés séparés du gros des défenseurs, noyés dans un océan de lames et d'armures rougies et d'étendards Reikois, contraints de former un dernier cercle autour des plus faibles s'étant retrouvés -par malchance- coincés avec eux.
    Son épée longue passa au travers du plastron d'un blasphémateur. Dans un sursaut d'adrénaline, le condamné tenta de l'attirer à lui pour l'égorger avec une dague. Sans hésiter, le croisé retira sa lame du fourreau de chair pour -proprement- lui trancher la tête.
    “-Frère Ivar !” Appela-t-il en parant de justesse la hallebarde qui se précipitait sur son crâne. Ledit frère entendit sa demande et canalisa entre ses mains ce qui lui restait de pyromancie. Un torrent de flammes se déversa de ses paumes grandes ouvertes, englobant sans pitié six des Reikois les plus proches.
    “-C'était la dernière salve, mes frères.” Avoua le pyromant avant de se signer.
    Nathan, Hander et Ghough profitèrent de ce court instant de répit pour se jauger mutuellement et lorgner du côté des civils armés de brics et de brocs réfugiés derrière leurs écus. Un vieillard aux mains calleuses et au regard dur, une pelle au tranchant souillé de sang d'infidèles braqués devant lui, cracha :
    “-Tout va bien mon gars, concentre toi sur ta vie. La mienne est entre les mains de mon seigneur.”
    Un croisé ne pouvait décemment abandonné une femme et deux vieillards à une mort certaine aux mains des assoiffés, mais la confiance qu'il trouva dans les dires du vieillard le rassura étrangement. Par orgueil, Nathan et les siens s'étaient pris pour les seuls combattants. Mais chacune des âmes nobles défendant le temple avaient embrassé la voie des armes, volontairement, pour frapper le Reike une dernière fois. A cet instant, en réalité, ils étaient tous devenus des croisés.
    Les hurlements d'agonie des troupes régulières se contorsionnant dans les flammes attirèrent le regard d'un Drakyn aux cornes excessivement développées et à la Zweilhander trempée de sang. Dans un sourire affreux, il beugla un inintelligible appel que deux des siens comprirent manifestement. Un orc et un être odieusement défiguré tournèrent leurs armes vers la petite troupe de survivants. Ghough jura entre ses dents en remarquant la teinte écarlate de chacune de leurs armures. Et puis l'épaule de Gorog s'écrasa contre son bouclier, le soulevant de terre pour le projeter cul par-desus tête au milieu des civils.
    Kirk s'engouffra dans la brèche, sa lame tournoyante emportant le visage d'Ivar sans paraître freiné par sa coiffe de mailles et tranchant les deux mains de la pauvre femme s'étant réfugiée parmi eux. Dans le même mouvement, un poignard aiguisé quitta sa main libre et alla se ficher entre les yeux du vieillard à la pelle. Nathan allait le frapper dans le dos lorsque Sanguin se jeta sur lui pour qu'ils aillent tous deux rouler au sol telles des bêtes.
    Le berserker, animé par la folie, parvint à se rétablir plus vite que son vis-à-vis et planta dans son bras porteur d'épée une lame longue comme la main.
    Alors, aussi valeureux que l'avait été Nathan durant toute sa vie, la terreur lui fit se vider la vessie lorsque les doigts crasseux de Sanguin ouvrirent son heaume pour permettre à ses mâchoires écumantes de se refermer sur son visage.

    Peu importait la folie de ses congénères, Vencaryn avait fuit au hasard des couloirs, sitôt les premiers rangs balayés. Que comptait-elle donc faire, après tout, contre des tueurs professionnels, armée ainsi d’une poêle à frire et d’un couteau? Cette farce n’avait que trop duré. Lorsqu’elle s’était retournée pour s’assurer que son choix était le bon, ses yeux écarquillés avaient pu voir les fous de la troupe de l’enragé se bousculer les uns les autres pour laisser à une peau verte la place de déposer un sarcophage au milieu du chaos. Lorsqu’il s’était ouvert, un hurlement indubitablement féminin avait accompagné l’apparition d’une sorte de banshee aux veines de feu qui, sans l’ombre d’un remord, s’était jetée sur l’un des derniers croisés encore debout. Le pauvret avait eu le heaume -et le crâne- fendu en deux lorsqu’un poing ridiculement chétif s’était écrasé contre sa visière. Écoeurée mais convaincue par la mort du valeureux, Vencaryn avait détourné le regard alors que la tueuse portait le sien sur les filles jumelles de l’Ange Déchue, s’efforçant jusqu’alors de se battre dos à dos au milieu du carnage.
    L’écho de leur hurlement si brutalement interrompu avait accompagné la fuite de Vencaryn. Que faisait-elle encore là? L’amour, pensait la jeune elfe, avait motivé sa décision. L’amour envers le jeune Ivar, celui-là même qui s’était retrouvé enseveli sous les mécréants dès les premiers échanges. Amatrice des récits épiques portant tous sur la victoire de la justice divine, elle avait cru -pendant trop longtemps- qu’ils feraient mentir les prévisions en brisant les rangs d’un ennemi supérieur en nombre comme en force.
    Le discours déprimant de fatalisme de Vaera avait mis à mal sa théorie concernant cette victoire impossible. Et puis Tyraël s’était fait engloutir par un monstre. Un autre, semblable à un loup, avait emporté dans sa charge sa meilleure amie. Une sorte de golem d’acier rougeâtre s’était mis à massacrer paladins et croisés à grand coup de hache, sans paraître en éprouver la moindre difficulté.
    Autant dire que Vencaryn n’était pas la seule à fuir. Adeline, une adolescente, fille de croisé déjà promise à un guerrier de l’ordre et Sargas, son frère ainé, se tenaient l’un contre l’autre, sur ses talons. A force de courir au hasard, ils s’étaient perdus dans les niveaux inférieurs du temple, loin de tout ce qu’ils connaissaient, de tout ce qui, d’habitude, leur était accessible. Ici, la lumière était rare, précieuse. Vencaryn s’était emparée d’une torche avant de descendre les escaliers en colimaçons, espérant trouver dans les profondeurs une trappe cachée, n’importe quoi, susceptible de les mener vers l’extérieur, derrière les lignes ennemies. Mais les pièces souterraines se ressemblaient toutes. Bibliothèques et salles d’archives se succédaient, entrecoupées à l’occasion d’une relique quelconque, exposée derrière une vitrine renforcée magiquement. A chaque porte franchie, les espoirs du trio se tarissaient un peu plus. Plus d’une fois déjà, Sargas s’était lamenté sur leur propre lâcheté en allant jusqu’à reprocher à ses camarades une fuite dont il ne semblait, apparemment, pas responsable.
    “-Nous pouvons encore leur apporter notre aide.”
    Vencaryn soupira et poussa une nouvelle porte de bois grinçante. A la lueur de sa torche, la fuyarde découvrit sans la moindre surprise plusieurs rangées de bouquins tous plus inutiles les uns que les autres et recouverts d’une couche de poussière particulièrement épaisse impliquant que plus personne n’en avait à carrer depuis des temps immémoriaux.
    Au centre de la pièce, une petite idole du faucheur trônait sur un socle d’argent. Interloquée, tandis que ses comparses cherchaient un échappatoire, la fuyarde s’approcha pour retirer du manche de la faux un diamant luisant de milles éclats bleutés follement attirants.
    Immédiatement, un mécanisme ancestral se déclencha. La porte derrière-eux se referma à double tour, leur laissant le loisir d’observer les murs enténébrés de la pièce d’où ils venaient via une lucarne rectangulaire rendue infranchissable par d’incassables barreaux d’acier.
    Plus rien ne se passa. Une nouvelle forme de panique s’empara d’eux, durant les heures qui suivirent le drame de leur enfermement. Ils se disputèrent, maudirent les cieux et pleurèrent toutes les larmes de leurs corps.
    Mais cela ne changea rien. Puisque personne ne vint jamais les sauver.  

    Elle était certaine de l’avoir fait souffrir, à un moment. Lorsque ses lames d’airs avaient écorché la peau, dénudé les muscles et emporté l'œil droit du loup, Vaera s’était crue grande victorieuse. Leur duel n’avait pas duré plus de quelques minutes. Rien à voir avec les récits mythiques des grands combattants de l’ancien monde. Une série d’attaques et de contre-attaques, un chaos indescriptible que leurs quelques inconscients témoins n’avaient su ni comprendre ni interrompre par leur grotesque participation. Carreaux et flèches s’étaient écrasés autour d’elle, au début, déviés par le bouclier de bourrasque que la haute prêtresse de l’ordre déployait tout autour de sa frêle silhouette. Quant à Iratus, les projectiles avaient beau l’atteindre, sa force et sa rage n’avaient, semblait-il, aucune limite. Par les cieux, combien de fois avait-elle pu voir ses plaies se refermer en l’espace de trois battements de cœur? Inépuisable, la créature du Reike ne connaissait que l’attaque. Jamais l’idée de se protéger ne lui venait à l’esprit. Ils s’étaient enfoncés dans les couloirs du temple, loin du massacre du hall principal. Sciemment, l’Ombra avait guidé le lycanthrope jusqu’aux abords de ses quartiers, pour éviter à ses fidèles la rage d’un ennemi indestructible, mais aussi la vue de son inévitable défaite.
    Là, sous le regard impassible d’une statue à l’effigie du sauveur disparu dans le domaine des gardiens, Vaera, durant de trop longues minutes, s’était escrimée à projeter pieux d’acier et lames d’airs sur le corps enflé d’Iratus. Ses coups avaient touché au but, parfois. L’eau de la fontaine aux pieds de la statue s’en était même gorgée de sang lupin. Mais ça ne suffisait pas. Au contraire.
    Elle en était désormais réduite à se protéger derrière un dôme d’acier magique pour échapper aux griffes du loup. Aucune créature n’aurait dû être capable de percer un tel alliage à l’aide de sa propre force brute, et pourtant c’était précisément ce qu’Iratus faisait. A chaque coups, le sol tremblait et la barrière faiblissait. Derrière ces parois, une tempête de vents contraires, chargés de lames effilées, tranchait et lacérait la peau de la créature faite de rage, sans succès. Ses grognements et aboiements n’en devenaient que plus sauvages.
    A genoux, une main tendue devant elle et une autre, posée au sol pour soutenir son propre poids, Vaera souffrait à chaque fois que la bête frappait sa création. De son nez et de ses yeux coulait un sang clair causé par un effort inhumain. Une patte griffue traversa la coque pour laisser derrière-elle cinq sillons parallèles. Pour la énième fois, la haute-prêtresse s’efforça de combler cette nouvelle brèche. Mais le métal liquide peina à panser sa création avant qu’un deuxième assaut ne laisse à nouveau passer le jour derrière son abri magique.
    Dans une ultime application de sa légendaire concentration, la haute-prêtresse ouvrit la bouche pour vomir tout en maintenant son sort. Il allait tomber. Il ne pouvait que tomber. Tout comme ses sorts, les capacités de régénérations du loup, de même que l’usage de sa force démentielle, demandaient de l’énergie. Ce n’était plus qu’une question de temps maintenant pour que sa source se tarisse et qu’enfin, l’affaiblissement le frappe.
    Le dôme explosa l’instant d’après. En voyant le museau triangulaire et partiellement écorché percer sa surface, Vaera ne jugea pas nécessaire de s’acharner d’avantage. Ramenant ses bras contre son torse, la haute prêtresse se signa une dernière fois pour rendre hommage au Nouvel Ordre qu’elle aurait dû sauver.
    “-TE RESTE-T-IL DES SORTS, CHIENNE?!” Beugla le loup alors qu’il finissait de traverser la paroi d’acier.
    Et tout ne fut plus que souffrance.

    A sa ceinture, plantées sur des crochets de boucher, trois têtes saignaient. Cela faisait bien longtemps que Gorog ne faisait plus attention à la chaleur humide causée par le raisiné glissant le long de sa jambe. Toujours dans la surenchère, Kirk en portait quatre, deux de chaque côté, un sourire de truand sur son visage pâle. Nahr était occupé à scier la colonne vertébrale d’une de ses victimes lorsque le vieil orc l’appela.
    Les Dévoreurs se rassemblèrent, lentement mais sûrement. Ils traversèrent l’océan de cadavres jonchant le hall principal, laissant aux réguliers le soin de massacrer les derniers fuyards et d’achever les malchanceux agonisant sous les corps. Du sang, il y en avait tant et si bien qu’un homme face contre terre pouvait s’y noyer. Un carnage digne de la guerre des titans, pourtant loin d’être aussi conséquent que la mort de Shoumeï, lorsque les dieux s’étaient tournés contre leurs fidèles. Un spectacle macabre, qu’aucun berserker ne parvint à trouver assez émouvant pour retarder leurs retrouvailles avec leur chef.
    Alasker ne les attendait pourtant pas vraiment. Le loup ne les avait même pas appelé. Les sanglots du vieux prêtre, à l’inverse, s’étaient chargés de les attirer comme le miel le faisait avec les mouches.
    Aux pieds de la fontaine soutenant l’impassible et éternel regard du sauveur disparu, l’évèque Tsarmath était à genoux, les deux mains jointes, son vieux corps agités de soubresauts ridicules, occupé à pleurer et prier à égale mesure alors qu’à quelques pas de là, un loup géant dévorait ce qui restait de la haute-prêtresse. Les os dénudés des côtes étaient broyés entre les crocs. Le visage ravagé par les griffes gardait encore ouverts ses yeux vides, morts, privés de l’éclat d’intelligence les ayant un jour fait si intensément briller.
    Un rire sinistre agita la carcasse de Kirk alors qu’il pointait sa lame en direction de la face taillée dans le marbre de la statue. Souillée par le sang de sa plus fervente partisane, la représentation du lumina voyait une goutte carmine glisser du coin de son œil droit jusqu’au bas de sa joue.
    “-Y’a rien à faire, c’est vraiment leur truc, de pleurnicher.” Mais les éclats de son enthousiasme malsain furent immédiatement interrompus par un sanglot plus désespéré encore que les précédents. Tous les Dévoreurs encore debout fixèrent l’évèque, soudainement pris d’une poussée délirante. A quatre pattes, Sanguin s’approcha de lui en gloussant, la gueule encore souillée des lambeaux de chair qu’il avait volé à ses proies.
    “-Ô seigneur ! Seigneur ! Les damnés sont dans votre maison ! Ils tuent vos fils et vos filles seigneurs ! Ils souillent le sol consacré !”
    Le dément qui l’observait en reniflant frappa dans ses mains, comme l’enfant l’aurait fait face à un spectacle de marionnettes.
    “-Revenez ! Je vous en conjure, revenez !” Sanguin éclata de rire et Kirk décrocha une à une les représentantes de sa collection de têtes pour aller les empiler -comme l’avait souhaité son chef- aux pieds de la dernière statue du temple. Gorog, qui ne souhaitait pas se tremper les pieds dans la fontaine, lui jeta les siennes.
    Et le loup, à l’entente des dernières implorations, cessa son festin pour se redresser de toute sa hauteur. L’une de ses lourdes pattes écrasa sous son poids les restes dévastés du crâne de Vaera. Comme l’homme qu’il était parfois, il marcha sur ses membres inférieurs dans le but de venir entraver la vision de l’homme de foi et interrompre sa prière. Une main griffue se tendit en direction de l'évêque fidèle qui, dans sa folie, ne chercha pas même à reculer :
    “-Puisqu’il ne vient pas, laisse-moi t’aider à rejoindre ton seigneur.

    Ils l’abandonnèrent à ses prières, bien qu’il les bredouilla cette fois sans joindre ses mains. Rendu insensible à la douleur par la mort de tout espoir, l'évêque, crucifié à la statue de son sauveur, continua à scander son absurde adoration pour les titans et le nouvel ordre, jusqu’à ce que l’exsanguination miséricordieuse fasse son office. Dans une macabre ironie, le sang qui s’écoula de ses mains et de ses avant-bras forma derrière-lui -contre le marbre jusqu’alors immaculé- des ailes écarlates, si proche du phénix qu’il avait passé tant de temps à prier à la fin de sa vie.
    A l’extérieur du temple que quatre centaines d’hommes pillaient et saccageaient, au milieu de cette neige tachée de rouge et souillée de morts, les apôtres de la destruction retrouvèrent Praelia et le porteur de son sarcophage. Paladins et croisés avaient depuis toujours eu pour coutume de se battre à l’aide de lames d’acier blanc, et maintenant l’ancienne possédée errait parmi les corps pour briser à main nue, méthodiquement, chacune des épées heurtant sa vision. Son gardien l’observait, les bras croisés et le dos posé contre son conteneur, sans tenter le moindre geste brusque, un certain amusement visible dans son regard brun.
    “-Que personne ne l’approche.” Ordonna le loup en fixant l’enfant aux veines de feu. “Nous avons eu assez de combats pour aujourd’hui.” C’était un mensonge et ils le savaient tous. Pour en prendre conscience, il suffisait de lorgner du côté de ses griffes déchirant l’air faute de mieux. Comme eux, Iratus rêvait déjà de nouvelles proies, de nouveaux défis, de nouveaux carnages. Bientôt, la part bestiale ayant pris contrôle de son enveloppe irait se ruer avec eux dans les ruelles de la ville bordant le saint des saints, pour mouiller ses babines d’un peu de sang d’innocent.
    Un désespéré fuyant les tueurs du Courroux se jeta des hauteurs du temple, dans leur dos. Son corps s’écrasa dans un concert de craquements en heurtant la roche gelée. Pas même un hurlement n’avait filtré de ses lèvres, durant la chute. Impressionnante détermination pour un lâche.
    “-Conseiller royal.” Aboya-t-il, indifférent au drame de la scène tandis que son museau aux dents longues pointait vers les hauteurs des portes d’argents.”Cette guerre est finie. Les survivants seront massacrés. Mais quels sont les ordres de la couronne, concernant Célestia?


    La fin de l'ordalie (R18, violence) [Dévoreurs/Zéphyr] - Page 2 V2j7YdS
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  • Mar 14 Mai - 7:36
    Un nouveau tableau de pure démence s'ajoutait à l'immense collection d'infernaux souvenirs de l'Ogre. Assis sur une montagne de cadavres, les gants recouverts de viscères d'un enfant trop jeune pour percevoir les raisons de sa propre déchéance, Kahl observait avec gourmandise et plaisir le spectacle mortuaire de l'annihilation du Nouvel Ordre. Il n'y avait, dans le festin du loup géant et dans l'atroce conclusion qu'avait connu la tête pensante de la mouvance diviniste à la si longue histoire, pas la moindre marque de noblesse. L'espoir d'un jour meilleur était mort, s'étant éteint en même temps que les valeureux paladins avaient connu leur fin.

    D'autres conflits naîtraient de ce massacre qui, tristement, n'était pas sans précédent. Des vengeurs s'extirperaient d'une torpeur profonde, des survivants fondraient ici ou ailleurs des cultes s'alimentant de la haine qu'avaient les mortels pour leurs congénères. Ce combat n'avait rien résolu et le Grand Faucheur, vampirisant chaque chose avec un appétit aux inqualifiables dimensions, continuerait inlassablement à piocher dans la masse informe d'âmes défuntes afin d'entreprendre ses funestes besognes.

    Kahl, par ses yeux rendus divins par cette nouvelle étape de son épopée, percevait dans la bassesse des récolteurs de trophée un plaisir que les mots des siens comme de leurs prédécesseurs ne pouvaient pleinement qualifier. L'ironie était si poignante qu'elle le prenait à la gorge et elle lui aurait sans doute arraché un poétique sanglot de joie s'il n'avait pas été si vivifié par les perspectives qu'offraient une si macabre résolution. On vendrait aux impériaux une implacable victoire contre l'obscurantisme des croyants, on se targuerait d'avoir acquis un semblant de liberté face à l'omniprésente menace titanesque. On remplacerait les dieux du passé par un nouveau, on placerait la foi dans une autre vaisseau. Un homme, un dragon, un Empereur...

    La mort, seule véritable victorieuse; ferait fi de ces considérations si invariablement humaines. Impériaux comme shoumeïens lutteraient, persuadés l'un comme l'autre d'accomplir un plus grand dessein que l'opposant. Le cycle allait se répéter, encore et encore, jusqu'à ce que la vie se bouffe elle-même. Qu'y avait-il de plus enthousiasmant, pour une créature que seule la destruction animait ?

    Kahl tourna lentement la tête en direction de l'étrangère, la bête du sarcophage que l'on avait libéré par sadisme ou par clémence. Une autre âme rendue difforme par l'appel de la Grande Guerre, une corrompue de plus dans cette horde qui n'obéissait qu'à la loi du sang et des lames. Elle aussi constituerait dans les poèmes du demi-Archonte un formidable chapitre. La voilà qui resombrait déjà dans l'apathie concluant ses combats et le Loup ordonna qu'on lui accorde la paix, ce à quoi l'Ogre consentit sans avoir besoin de le formuler à haute voix. Il y aurait d'autres jours pour provoquer la rage de ce volcan à la malingre silhouette.

    Le géant se redressa, portant à ses hanches éprouvées par l'effort des pognes colossales. Oscillant de droite à gauche pour réajuster quelques vertèbres démises que sa surnaturelle régénération aurait tôt fait de consolider, il se mit en marche et tapota l'épaule de Kirk, sachant qu'il avait retrouvé une once de la confiance de ce dernier en œuvrant; comme il l'avait toujours fait, dans le sens de leur objectif commun. A une telle allure, le monstre pourpre aurait tôt fait de retrouver la digne place dont sa métamorphose profanatoire l'avait délesté. Les membres de la meute abhorrait les Titans mais l'amour qu'ils portaient à la force sauvage éclipsait de loin toute considération philosophique.

    Il longea le Boucher, dont l'arme extraordinaire avait été émoussée par les frottements contre les crânes de gosses à peine capables de pisser seuls. Kahl lui accorda en guise de salutation un reniflement s'apparentant presque à un grognement de fauve puis s'en éloigna pour aller rejoindre le lycanthrope empourpré ainsi que le représentant de la Couronne dont l'élégance contrastait si dramatiquement avec l'horreur de l'instant. L'Ogre soutint avec satisfaction le regard diabolique de son supérieur hiérarchique qui luttait semblait il contre ses plus bas instincts mais le contact visuel fut rompu lorsqu'un corps mou vint s'écraser à quelques pas d'eux. Kahl s'esclaffa brièvement puis frotta son museau d'un index tâché de sang avant de lancer :

    "Une performance à la hauteur de notre réputation, n'est-ce pas ? Cela m'avait manqué."

    Il replaça ses poings contre ses flancs, bombant le torse avec fierté :

    "Sieur Rhis, j'ose espérer qu'il ne sera plus question de me coller au trou après une telle preuve de... fidélité ?"

    S'amusant de sa propre remarque, il se gaussa encore un bon coup.
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  • Mer 15 Mai - 17:41
    La violence dont faisait preuve Le Boucher était inouïe, empli de colère et de folie, le Drakyn aux cornes écarlates massacrait le moindre Paladin osant se dresser sur son passage. Plus besoin de laisser la moindre chance à ces minables, priant des dieux qui, même à l’aube de l’extinction du Nouvel Ordre, ne leur étaient pas venus en aide. Finalement, à quoi bon prier des dieux, si la seule chose qu’ils eussent fait depuis des millénaires, n’étaient que saccager les vies du Sekai ?
    La disparition du Nouvel Ordre était une excellente chose. Pas seulement pour le Reike, même si c’était eux que cela arrangeait le plus. Le Boucher agissait dans le sens d’Alasker, envers et contre tout. Même s’il devait trouver la mort sur son chemin. Ce qui, soyons honnêtes, était un risque à la guerre, surtout pour un être ayant tendance à foncer tête baissée dans le tas, comme la plupart de ses acolytes.

    Mais, la bête avait été lâchée et seule la mort pouvait étancher. Les violents coups portés sur les âmes trop idiotes pour se mettre sur le chemin du colosse écarlate avaient effrité son arme. Si bien qu’il ne parvînt plus à trancher ses adversaires d’un simple coup de hache ou d’épée, les faisant souffrir comme les chiens qu’ils étaient. Les cadavres s’empilaient derrière lui et, chacune des attaques lui étant portée, aussi douloureuse soit-elle, ne parvenaient pas à l’arrêter. Aucun des paladins n’avaient réussi à percer son armure, à lui porter un coup mortel. Seulement des blessures dont le Drakyn guérirait avec le temps.

    Soudain, les prunelles écarlates du Dévoreur avaient été attirées par une chose impressionnante. Certainement ce qui l’attendait depuis qu’il l’eût vu, plus tôt. Le mystérieux Sarcophage, dont ni lui ni Kahl, ne connaissait le contenu. Un Monstre. Voilà ce qu’il eût répondu lorsque l’Ogre lui demanda ce qui se cachait à l’intérieur. Seulement, le Drakyn n’en avait pas la moindre idée, ce n’était que spéculation.
    Ainsi, pour assouvir sa curiosité pouvant être parfois morbide, le colosse écarlate se rua en direction du sarcophage venant d’être dressé par le grand vert. Heureusement pour lui, il arriva juste avant son ouverture, mais, il demeurait derrière lui. Enfin, il allait savoir ce qui était caché à l’intérieur.
    Les portes grinçantes de l’immense sarcophage s’ouvrirent, puis des cris de femme s’en échappèrent. Dans un premier temps, cela fit pouffer de rire le Boucher et sa faible considération pour la gent féminine. Pourquoi garder une femme dans un sarcophage en y faisant tant de mystère ? Après tout, c’était aux hommes de se rendre sur les champs de bataille. Et puis, une femme chez les Dévoreurs ? Pour quoi faire ? Elle ne pouvait pas être un Vrai Homme du Reike.
    Les rires se transformèrent en expression de surprise lorsque l’impressionnante femme sortit du sarcophage, en déglinguant ses opposants un à un. Chacun de ses mouvements semblaient être animé par une Violence encore rarement observée par le colosse écarlate. Elle n’était qu’un monstre assoiffé de sang, comme l’intégralité des écarlates. Seulement, elle restait une femme. Mais une grande femme à qui le Boucher n’aurait, certainement, pas envie de se frotter. Elle tapait vite et fort.

    Après avoir observé cette chose plus que monstrueuse, Le Boucher retourna vers l’arrière, afin de pouvoir mirer, de ses prunelles écarlates, l’avancée d’Alasker dans la masse. Ce dernier était déjà arrivé jusqu’à Vaera, avec certains de ses acolytes. Elle était protégée par un dôme de fer qui, de toute façon, n’allait pas faire long feu.
    Le Boucher posa un genou à terre, au milieu de tous ces cadavres, laissant l’acier de son armure claquer bruyamment contre le sol. La pointe de sa lame effritée contre le sol, son regard était dirigé sur le spectacle qu’offrait le Loup qui, à l’évidence, finit par percer la protection de cette salope de mage. Un large sourire se dessina alors sur le visage marqué par la guerre, du colosse écarlate, qui observa la suite du spectacle sans manquer une seule miette.

    Le spectacle enfin fini, Le Boucher ne s’approcha pas tout de suite, continuant de mirer tout autour de lui, pour contempler les dégâts que venaient d’occasionner le Reike au Nouvel Ordre. Il n’était pas peu fier de ce que venaient d’accomplir ensemble, les Dévoreurs, ce régiment de criminels de guerre, sans foi ni loi, ne se battant que pour faire couler le sang et les larmes de leurs victimes.
    Personne pour les sauver de la folie du conquérant, le Reike venait une fois de plus, de remporter la bataille.

    Lorsque Kahl traversa devant lui tout en lui accordant un grognement en guise de salutations, le colosse écarlate lui rendit, son visage décoré d’un sourire que ne pouvait apercevoir son vis-à-vis, un sourire malsain. Puis il le suivit aussitôt, rejoignant ainsi le reste du groupe.
    Comme à son habitude, il ne dit pas un mot. Le Boucher demeura dans le silence le plus total, mais fit tout de même un signe de la tête en guise de félicitations pour les hommes et femmes s’étant battus aujourd’hui.
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  • Mer 15 Mai - 18:37
    Il avait entendu les hurlements bien avant qu’il n’arrive sur les lieux.
    Il avait entendu les pleurs, les supplications, les rires déments, le bruit des lames qui s’entrechoquent.
    Il avait entendu leur futile résistance et les représailles sauvages de leurs assaillants. Déjà, la ville n’était qu’un spectacle de désolation : abandonnée, on aurait pu la croire déserte, s’il n’y avait pas des cadavres à chaque coin de rues. Tantôt, on rencontrait une dépouille abandonnée sur le sol, tantôt on apercevait un bras arraché, sans qu’on puisse déterminer à quel défunt il appartenait. Le sang semblait avoir redécoré la ville d’une couleur écarlate : les murs en étaient marqués, les pierres en étaient imbibées, et la cité elle-même criait silencieusement face au massacre qui avait eu lieu en son sein. Bientôt, les cris se tairaient, mais Célestia témoignerait encore, toujours, de ce carnage commandé par l’Empereur. Et si, dans l’absolu, ce dernier avait eu raison de réagir à cette ultime provocation – parmi toutes celles qui avaient lieu depuis deux ans –, d’aucuns se lèveraient pour souligner la cruauté du souverain et le travers de la nation guerrière. Le Reike avait-il eu raison, avait-il eu tort ? Ce serait un débat qui animerait bien des roturiers et bien des nobles. Ce qui était sûr, c’est qu’il fallait en finir, et ne pas s’arrêter à mi-chemin. D’ailleurs, l’eût-on même voulu qu’il aurait été impossible d’arrêter les Dévoreurs. Une fois leur soif de sang éveillée, seul le combat et la mort avait de l’importance, et disons-le aussi, les ordres étaient les ordres.

    C’est à cette pensée que Zéphyr entre dans le temple dévasté. Contrairement aux soldats les plus jeunes de l’armée, qui avaient déjà dégobillé tous leurs boyaux dehors, le conseiller royal a un masque de dureté sur le visage. La mort, il la connaît suffisamment pour ne pas être affecté par ce charnier. Le spectacle devant lui est funeste, terrible, effroyable, mais il n’est pas question de déployer le moindre signe de faiblesse ou de pitié en cet instant. Si cela doit arriver, cela se fera plus tard : en attendant, chacun a son rôle à jouer, et ce n’est pas tant le maître-espion que le maître-assassin qui est à la manœuvre aujourd’hui.

    Quand Zéphyr arrive, donc, il tombe sur une véritable ruine. Du temple, il ne reste rien. L’autel est davantage recouvert d’une montagne de cadavres. Le sol est recouvert d’une immense flaque pourpre, et la couleur originelle des dalles n’apparaît ici et là qu’à grand peine. Les candélabres eux-mêmes, pourtant bien mis en hauteur, ont été aspergé par le sang rubis ; certains ont été dévastés ; aucune statue n’est restée sur son piédestal ; les tapisseries sont méconnaissables et certaines ont même été arrachées dans la violence des affrontements. Des débris en bois et en métal, derniers signes de la barricade diviniste, sont répartis dans l’immense pièce sacrée qui a été piétinée. Mais il y a, encore et surtout, cette odeur de mort, cette odeur de vengeance, cette odeur de violence. L’Oreille est entrée quand tout était terminé, mais cette dernière est encore palpable : à croire que les hommes d’Alasker ne sont pas encore rassasiés.

    Mais le reste le fera.

    C’est sans broncher que Zéphyr soutient le regard du loup après avoir pris le temps de regarder l’ensemble du temple. Il aperçoit bien les sourires cruels et presque béats de Kirk et Gorog, il voit bien que les troupes régulières s’occupent des derniers blessés, il voit encore l’évêque Tsarmath sauvagement martyrisé près de la statue qu’il a mainte fois priée. C’est une boucherie comme ils en ont connu beaucoup lors de la Conquête, et maintenant, il reste à obéir aux derniers ordres qui leur ont été donnés.

    C’est le lycanthrope plus que l’homme qui lui parle : Zéphyr ne se fait aucune illusion à ce sujet. Pourtant, c’est d’un ton égal qu’il lui répond, comme si s’adresser à l’un ou à l’autre l’indifférait.

    - L’ordre était d’anéantir le Nouvel Ordre et tous ceux qui ont décidé d’y rester.

    Quant à la cité… Là aussi, Tensai Ryssen avait été très clair. Du haut de son trône, avec un regard aussi froid que la glace, le souverain s’était exprimé de manière incisive à ce sujet.

    « Qu’on détruise leurs temples,
    Qu’on décapite leurs statues,
    Qu’on anéantisse leurs maisons et leurs tentes.
    Qu’il ne reste rien de sacré à Célestia,
    Qu’il ne leur soit plus permis de défier l’Empire,
    Qu’il ne reste rien du symbole du Nouvel Ordre. »

    Un reniflement.

    « Notre message doit s’imprégner dans leurs cœurs et leurs mémoires.
    Leurs idoles, si muettes à leurs prières, laisseront de toute façon faire ce massacre.
    Peut-être qu’alors, ils verront la vacuité de leur foi. »

    Une dernière pause avant que le Drakyn ne conclue.

    « Qu’en même temps qu’on supprime leurs vies,
    On mette tout simplement fin à leur prétendue ordalie.  »

    Oui, Tensai exécrait ces abominations.
    Et oui, d’entre tous les dirigeants du Sekai, il était le plus dur, le plus cruel, le plus impitoyable.

    - Détruisons tout. Qu’il ne reste plus rien debout.

    Zéphyr plonge ses yeux dans les prunelles d’Iratus et pour bien que sa pensée soit claire, il précise :

    - L’Empereur veut qu’il ne reste que des ruines et des cendres. Et pour être précis, il lui répéta les propos mêmes du chef barbare. Tu as compris ?

    Les ordres, c’était à Alasker de les donner, pas à lui. Mais l’esprit du guerrier était suffisamment retors et brutal pour bien comprendre les desseins de son souverain. Tous deux étaient finalement des barbares, et si l’homme-dragon savait être juste, il était totalement de marbre face à ses ennemis. C’était certainement un point commun entre les deux protagonistes.

    Ce qui est sûr, c’est que Zéphyr a tout dit. Et quand il se retourne, il entend les propos de Kahl à côté de lui. L’Oreille lui accorde un regard en coin, alors qu’il semble ne pas lui prêter d’importance, mais il répond quand même.

    - Tu seras sous la charge du tovyr Crudelis et de la Griffe.

    Il ne dit pas autre chose.

    De toute façon, un autre type de massacre commence.

    Et bientôt, il ne restera réellement que ruines et cendres.
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  • Jeu 16 Mai - 10:48
    Sous la charge du Tovyr et de la Griffe ? Comme au premier jour, lorsqu'il avait été récupéré par les deux héros impériaux au détour d'un chemin terreux sur lequel s'étaient agglutinés un amas d'opportunistes du dimanche. Le demi-Archonte ne quitta pas le conseiller des yeux lorsque celui-ci détourna son attention de son vis-à-vis pour la reporter ailleurs. L'observant avec une insistance si prolongée qu'elle en devint passablement angoissante, il sembla se réanimer et après un abrupt retour à ses oignons, il tapa ses paumes l'une contre l'autre avec enjouement avant de rétorquer, tout sourire :

    "Une affaire rondement menée, en somme ! Je n'pouvais espérer mieux."

    Son seul véritable sujet du moment enfin écarté, Kahl s'apprêta à tourner les talons mais fut interpelé dans la démarche par la voix grondante du loup qui, visiblement, n'allait pas se priver d'une occasion de refiler le sale boulot à son engeance titanesque de compagnie. Adressant un coup d'oeil au géant lupin par dessus son épaule, l'Ogre haussa un sourcil avec curiosité. Entre deux paires de mâchoires carnassières conçues pour mordre et non discutailler, la langue ensanglantée du fauve claqua et la voix profonde de l'être à la tête des Dévoreurs se fit entendre :

    "Remet cette lame dans son fourreau. Et ne l'abime pas!"

    Suite à quoi, il sauta sur le toit du temple pour haranguer les troupes éparpillées dans Célestia. Les mots du cerbère portant le nom d'Alasker amusèrent grandement le monstre au cuir pourpre qui s'empressa de chercher des yeux la furie miniature dont les veines diablement embrasées luisaient de plus en plus à mesure que son incontrôlable rage gagnait en puissance. Pas démotivé pour un sou par la démonstration de férocité qu'avait fait cette étrangère dont l'apparence menue ne pouvait laisser présager un tel déferlement de haine; Kahl trouva dans l'idée une nouvelle source d'amusement et opina du chef avant d'ajouter :

    "Mais bien sûr, avec plaisir !"

    Se postant non loin de la foldingue qui commençait déjà à rediriger son instinct meurtrier vers ses supposés alliés, Kahl l'observa un moment; lui laissant d'abord le soin de déboiter les mâchoires d'une paire de Dévoreurs qui tentaient de la maîtriser, non pas par volonté de lui porter assistance mais sans doute parce que ses incessants piaillements commençaient à les agacer. D'autres monstres œuvrant pour la livrée rouge profitaient du spectacle, encerclant la mêlée tout en laissant de grasses remarques et autres rires de hyènes quitter leurs bouches crasseuses. Un coup bien plus violent qu'un autre fit voler le corps de l'un des assaillants et lorsque ce dernier retomba lourdement contre un reste de muraille, l'Ogre considéra qu'il était temps pour lui d'intervenir, maintenant qu'il avait méthodiquement observé la façon qu'avait la mystérieuse demoiselle de se défendre face à l'adversité.

    Elle se libéra sans grand effort de la poigne pourtant imposante d'un mastodonte qui tentait par tous les moyens de l'agripper à la gorge puis, avec un réflexe tout bonnement effarant; elle pivota d'un coup sec. Tordue comme un cobra s'apprêter à infliger la plus léthale des morceaux, elle dirigea avec une démentielle vivacité son petit poing vers Kahl qui, le plus naturellement du monde, plaça sa propre paume pour bloquer l'impact. Contre toute attente, le coup n'eut pas l'effet escompté et plutôt qu'un bruit étouffé de peau claquée lors du choc, ce fut le bruit caractéristique d'un tir de boulet de canon qui sembla fendre l'air.

    L'onde de choc se réverbéra dans tout le bras du colosse cornu, gonflant ses muscles et agitant son épiderme si fort qu'il fut marqué à vif par des plaies géantes causées par la force brut de l'être minuscule. Franchement surpris, mais loin de se démonter, Kahl vint accueillir cette cinglante douleur avec un intérêt renouvelé. L'autre poing, sûrement tout aussi monstrueusement dangereux que l'était l'autre, s'approcha dangereusement de la trogne de la montagne de muscles mais cette fois-ci, la vitesse extraordinaire de l'Ogre l'emporta sur la pleine démonstration du courroux de la tempête humaine.

    Passant juste derrière le crochet qui avait bien manqué de lui démettre la boite crânienne de son socle d'origine, il ignora au mieux les déchirures musculaires de son membre endolori et profita, non sans une certaine élégance, du mouvement dénué d'équilibre de la pauvrette pour pincer son poignet entre ses doigts, la verrouillant sur place tout en la ramenant vers lui. D'une pirouette latérale renforcée par son propre pouvoir, il tira avec une telle insistance qu'il aurait sans doute arraché net le bras d'un simple mortel. Elle n'en était pas une, de toute évidence, et fut simplement désarçonnée par la manœuvre que Kahl compléta par un violent coup de semelle porté en plein tibia. Privée de ses appuis, la jeune femme quitta le sol bien malgré elle, non sans copieusement rugir pour indiquer sa désapprobation.

    Il était trop tard. Une fois en l'air, elle n'avait aucune chance de reprendre du terrain. Fort d'une inimaginable agilité en vue de sa masse, Kahl plaça sa main libre contre le dos du crâne de sa cible et l'envoya vers le sol, ce avec une telle brutalité que le faciès de la jeunette rencontra la terre en y laissant de profondes fissures. Roulant avec la dextérité d'un singe par dessus le corps malingre de la possédée, l'Ogre glissa et vint plaquer son genou contre le dos de sa proie pour ensuite verrouiller son bras dans une posture bloquante.

    "Non."

    La scène était loin d'être anodine. Replaçant sa main contre le haut de la nuque de la demoiselle, il enfonça sa tête plus profondément dans le sol boueux avant d'accorder au loup qui observait le duel un regard empli de malice. Cette technique, cet emprisonnement, c'était précisément par ce même procédé qu'Alasker avait paralysé Kahl en plein entraînement, un jour à peine après la malédiction de l'Oni. Sachant la technique aussi efficace que porteuse d'un symbole, l'Ogre usa de l'occasion pour prouver une fois encore qu'il restait en lui davantage de l'original que du titanide. Stratagème sordide ou pure preuve de sa bonne foi ? Difficile à décrypter, derrière ces rangées de dents tordues en un déplaisant rictus.

    "Allez, au panier."

    Moqueur, il renforça l'emprise exercée sur le cou de la femme furieuse et la souleva du sol sans le moindre ménagement tout en coinçant son bras contre son dos, ce pour ensuite commencer à l'escorter vers le sarcophage faisant pour elle office de niche. Voyant les petits pieds de la démente battre l'air sauvagement, il s'amusa un peu de l'état de sa victime mais son arrogance fut rapidement punie car, d'une violente projection de son crâne vers l'arrière, elle vint cogner la truffe de l'Ogre, broyant ainsi sur le champ une partie de son arête nasale dans une gerbe sanglante.

    Surpris, il essuya des rires grossiers de la part de ses camarades mais n'y accorda qu'une bien sommaire attention. Très occupé à effectuer le reste du trajet sans finir avec la trogne transformée en planche à pain, il étira la distance entre sa gueule et la tête de la captive tout en la guidant avec diligence jusqu'à sa tombe portative. Une fois devant, Kahl la lança à l'intérieur du contenant tenu par ses confrères avec brutalité puis agrippa le couvercle pour venir le ramener en place.

    Loin de vouloir se laisser abattre, la petiote profita du minuscule interstice pour se saisir d'un index laissé trop en retrait. Ecrasant le doigt du colosse qui grimaça, elle se propulsa en avant pour se jeter sur le doigt isolé, qu'elle mordit avec une force telle qu'il fut tranché comme une pousse de bambou. Pestant un bon coup, Kahl usa de sa seule main entière pour repousser la face de la furie à l'intérieur du sarcophage et vint le clore pour de bon. Tenant difficilement le tout en place pendant que d'autres s'évertuaient à remettre les chaînes dans leurs socles, il lutta contre celle qui s'agitait dans sa prison de pierre renforcée puis lorsque vint cliquer le dernier verrou, il s'éloigna en lâchant un soupir occasionné par l'effort.

    Jetant un oeil à son doigt sectionné au dessus de la première phalange, il râla dans sa barbe mais constata aussitôt que sa main blessée commençait à le chatouiller et qu'au bout de la plaie trop nette, des tentacules de viande corrompue commençaient à s'agiter pour reformer lentement mais sûrement le morceau manquant. Les plaies de son bras, tout en émettant une dense fumée blanchâtre, commencèrent elles aussi à se ressouder les unes après les autres. D'une humeur trop bonne pour se laisser aller, Kahl secoua encore sa pogne meurtrie et pivota vers le le loup et le Boucher, avant de crier :

    "Sacré brin d'fille, n'est-ce pas ? On la garde, hein ?"
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  • Sam 18 Mai - 13:25
    Les parois du temple malmené tremblaient à chaque fois que ses griffes venaient traverser leur surface immaculée.
    Sur le toit, quelques soldats du Courroux, leurs lames souillées par un sang supposément consacré, dardèrent un regard en contrebas, se penchant au bord dans l’espoir d’isoler l’origine de ces martèlements répétés. Leur surprise se matérialisa en une flopée de jurons lorsque leur souhait fut exaucé et leurs lanternes, éclairées. Le loup noir à la tête de leur armée termina son escalade en se propulsant pour bondir à leurs côtés, à quelques trentaines de mètres du sol de Célestia.
    Dans un silence gêné, deux des assassins du Nouvel Ordre échangèrent des regards inquiets, incapable de savoir à quel point le monstre qui se dressait désormais entre eux pouvait se montrer hostile sans que personne ne réagisse.
    Ils l’avaient vu, l’heure d’avant, lorsque la bataille battait encore son plein et que les rangs du Nouvel Ordre ne s’étaient pas encore brisés. Hérissé de flèches, de lames et de javelots, le cuir réduit en bouillie rougeâtre ici et là, un oeil coulant le long de mâchoires à la chair à vif.
    De tout ça, rien ne restait. Son enveloppe paraissait lisse, exempte de toute aspérité. Epargnée par la folie de la guerre.
    Quelque chose qu’elle ne partageait pas avec la monstrueuse forme humaine qu’il revêtait en général.
    Du reste, son instabilité, son agressivité, demeuraient les mêmes. Pire, elles en paraissaient franchement exacerbées. De simples tics nerveux, le loup-garou était passé à des comportements cette fois complètement animaux. La bave s’écoulant de sa gueule était teintée d’un sang ne lui appartenant certainement pas. Les oreilles noires collées contre son crâne allongé, il haletait comme le gigantesque cabot bipède qu’il était, ses griffes battant l’air autour de lui à la recherche de quelque chose à lacérer.
    Respectueusement, ils reculèrent de deux pas.
    Et le loup se dressa de toute sa hauteur, au bord du temple, pour défier les cieux aux nuages noirs en hurlant.
    Les soldats qui poursuivaient les fuyards ralentirent. Ceux qui portaient jusqu’à l’arrière-garde les blessés s’accordèrent une pause. Les médecins et guérisseurs, le visage plissé par l’effort comme par le choc de ce qu’ils avaient vu lors du carnage ayant précédé cette période d’accalmie, se risquèrent à quitter des yeux leur labeur, pendant quelques instants -qui parurent durer des heures du point de vue de leurs patients- pour lorgner vers l’origine du rugissement inhumain.
    Tous virent sa forme sombre se détacher des cieux, dressée au bord du temple qu’ils avaient conquis et désacralisé au nom du plus impitoyable régime de ce monde. La gueule grande ouverte, des canines longues comme des épées, la bête beugla durant une longue minute sans discontinuer avant d’enfin prendre la parole.
    Et lorsqu’elle le fit, l’écho de sa voix si impossiblement rauque résonna de parts et d’autres de la ville du sommet :
    “-CONDAMNEZ CETTE VILLE ! BRÛLEZ SES OS ! ENTERREZ-LA SOUS LES RUINES !
    Les hommes répondirent à ce nouvel appel à la destruction avec des hurlements et des acclamations entachés par la lassitude, affaiblis par l'épuisement que seule une journée de marche et de guerre pouvait causer.
    Les Dévoreurs, eux, en se jetant dans la ville bordant le temple, montrèrent l'exemple en continuant de perpétuer un massacre que même les cieux ne purent souffrir d'avantage.

    Sous une tempête de neige et de grêle, Célestia mourut. Sa fin sembla interminable à la plupart de ses attaquants comme aux rares survivants qu'ils traquèrent toute une nuit. Les flammes, alimentées par la graisse et l'huile renversées à l'intérieur du sacro-saint temple, firent fondre les neiges éternelles du sommet de la montagne, dansèrent le long des planches du bidonville de réfugiés collé au flanc de la maison divine, s’emparèrent de la végétation éparses, dévorèrent les corps qu’on jeta entre leurs brûlantes mâchoires.
    L’incendie s’éleva jusqu’aux cieux. Une tempête de feu chaotique qui s’ancra durement dans l’esprit de chacun des guerriers du Courroux.
    “-J’étais là.” Dirait plus tard l’Adjujar Holmaq à ses hommes, lorsque l’un d’eux osera lui demander d’où pouvait bien venir toute cette amertume. “J’étais avec la horde du Courroux, lorsque nous avons assassiné une ville entière.”
    Les yeux plein de larmes, à l'aube de sa vie, le regard perdu dans le foyer de la cheminée familial, le vieillard que deviendrait le futur Conquérant Willhamer inspirerait bruyamment avant de confier à ce fils qui l'hébergeait chez lui depuis de longues années.
    “-Je me souviens de la couleur des cieux. Elle était semblable à ces braises.” Dirait-il en braquant un doigt tremblant sur le contenu de l’âtre.”L’incendie montait si haut, avait pris tellement de force, tellement de vies, qu’il semblait prêt à dévorer les cieux.”
    Le cœur mort ce jour-là, Vanic le Hanté, confierait, d’une voix morne, à un camarade croque-mort, l’instant où il avait cessé d’être médecin de guerre.
    “-La plupart des femmes et des enfants étaient partis, tu sais.” Ses yeux se fermeraient et son comparse, estomaqué, remarquerait le sillon d’une larme sur sa joue.”Mais il en restait.”
    Enfermé à double tour dans un mouroir lugubre tenu par des matons ne faisant que peu de cas des délires d’un fou supplémentaire, Pragnith, ancien lancier de la horde, imiterait pour la énième fois le grondement du loup courant les rues enneigées, les griffes souillées de sang jusqu’aux avants-bras, les Dévoreurs sur les talons et la mort, cette salope qui l’avait épargné ce jour-là pour le condamner à la démence, tout autour d’eux.

    Une ville entière, bien plus d'un demi millier d'âmes gâchées au cours d'une nuit cauchemardesque qu'un feu assoiffé de vie s'efforça de maintenir à la vue de tous ses participants. Des enfants jetés du haut des tours. Des prêtres courant dans les ruines, leurs robes enflammées consumant leurs chairs aussi sûrement que l'esprit de leurs meurtriers. Des femmes s'ôtant la vie pour ne point finir entre les mains des guerriers infectés par la folie des Dévoreurs. La peine et la mort, partout, au nom d'une victoire impitoyable. Au nom du Reike. Des Serres Pourpres et de l'Empereur.
    En souvenir du sacrifice qu'ils perpétuèrent à cet instant, ses participants, une fois revenus à la forteresse du Courroux, marqueraient leurs plastrons, leurs armes ou même leurs peaux d'un sigle, d’un emblème : un phénix décapité. Un signe dépourvu de subtilité, brutal, ne laissant nulle place au doute et qui, pour beaucoup, rendrait plus honneur aux défenseurs condamnés qu'à leurs assaillants si grotesquement plus puissants.
    Les statues de l'allée menant aux portes d'argent furent toutes sommairement étêtées. On chargea ces reliques d'un âge désormais révolu à l'arrière des chariots pour les rapatrier au cœur du Reike. Iratus, par défi, irait plus tard les entreposer dans sa salle du trône, dans l'espoir que quelques divinistes inconscients ne se décident à les récupérer. La Salvatrice, toujours assoiffée, préleva, après la victoire sur l'armée du nouvel ordre, de nombreuses vies jusqu'au matin. Jusqu'à ce que la tempête ne se termine.
    Et qu'enfin le loup s'endorme, rassasié.

    A genoux dans la boue, Iratus repris conscience en ouvrant sa bouche qui avait été jusqu'alors gueule pour inspirer profondément au travers de la suie, de la fumée et de la puanteur de la mort. Le soleil ne parvenait que timidement à poindre au travers de la brume matinale et du nuage de cendres recouvrant les sommets. Perdus, à moitié conscient, il sonda du regard les environs en usant de sa hache comme d'une canne pour redresser sa lourde carcasse endolorie par douze heures de meurtres quasiment ininterrompues.
    Des soldats erraient parmi les ruines, tout autour de lui. Aucun d'eux n'avaient leurs armes dégainées, ce qui impliquait qu'il ne restait plus personne à achever. Les yeux exorbités, l'air hagard, la plupart paraissait, si ce n'est amorphe, en tout cas particulièrement perturbé. Les restes noircis de ce qui avait dû être une grande baraque finissaient de s'effondrer à sa gauche. Quelqu'un hurla, mais pour demander de l'eau. On le lui accorda.
    Lui n'avait pas soif. Du moins le pensait-il alors. Le bas de son visage était trempé. De sang. De sueur. De bave. Le contrôle, il l'avait eu partiellement au cours des dernières heures. Ses souvenirs n'étaient qu'un assortiment cauchemardesque de meurtres sous fond de flash lumineux, de douleurs ressenties tout le long de la traversée du couloir kaleidoscopique projeté par sa vision suppliciée. Combien donc étaient morts sous ses coups? Impossible à dire lorsque les mâchoires du loup se refermaient sur son crâne. Mais il se souvenait du principal. De la mort de Célestia, celle de Vaera et de tous ses disciples.
    Cinq millénaires de cultures, de connaissances, avaient été stocké ici, s'était enorgueilli le paladin Solomon Mayer.
    Et une nuit avait suffi pour balayer tout ça d'un revers de main. Iratus, le guerrier, était honoré d'avoir participé à l'anticipation totale de l'ennemi du Reike.
    Mais Alasker sentait quelque chose alourdir son cœur lorsque son regard de brute parcourait les ruines autour de lui, découvrait les corps calcinés serrés les uns contre les autres, leurs chairs brûlées, noircies, se mélangeant dans une ultime étreinte.
    Un relent de bile remonta le long de sa gorge et il cracha dans la neige fondue.
    A croire que la faiblesse des Shoumeiens devait être contagieuse.
    D'une main rendue gluante par le sang et la sueur, il attrapa une bannière déchirée pour se couvrir la taille. Puis il s'extirpa des ruines, rejoignit l'arrière-garde, s'empara d'une gourde laissée sur une charrette pour engloutir tout son contenu d'une traite. Lentement, guerriers et soldats, Dévoreurs et réguliers, médecins et tueurs firent de même. Le Reike s'extirpa du cadavre de la ville qu'il venait d'assassiner après avoir désacralisé ses restes. D'exclamation enjouées, il n'y eut point. On ne fêta cette dernière victoire contre les divinistes qu'à Ikusa. A la capitale, loin du carnage, la plupart conservèrent leur heaume, peu certains de parvenir à sourire en se remémorant chaque étape de la destruction de Célestia.
    Cette guerre devait être faite. Et ils l'avaient terminé. Nuls regrets ne vinrent entacher leurs faits d'armes. Mais, aux yeux de beaucoup des soldats du Courroux, il n'y eut pas plus de fierté à retirer de la fin de l'ordalie.


    La fin de l'ordalie (R18, violence) [Dévoreurs/Zéphyr] - Page 2 V2j7YdS
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  • Sam 18 Mai - 14:03
    L’affrontement entre Kahl et Praelia aurait pu apeurer bon nombre de personnes, tant la Dévoreur se défendait bien face à l’Ogre. Si Le Boucher avait été républicain, nul doute que des ruissellements aurait pu se faire entendre dans son armure, au niveau de l’entre-jambe. Et alors, la situation aurait été plus que ridicule pour le colosse écarlate. Mais, fort heureusement, il n’était pas républicain, il était un homme. Alors, mis à part l’amuser, le spectacle ne lui procurait pas grand-chose.
    Quand bien même il admirait celle que l’on emprisonnait dans le sarcophage, tant elle avait la soif de vaincre, même contre des adversaires aussi imposant que Kahl. Au moins, maintenant, Le Boucher était certain qu’il était absolument inutile de venir toquer au sarcophage de Praelia, s’il ne voulait pas se prendre une claque supersonique.

    Lorsque tous se trouvaient à Célestia, l’appelle du Loup résonna entre ses murs. CONDAMNEZ CETTE VILLE ! BRÛLEZ SES OS ! ENTERREZ-LA SOUS LES RUINES ! Voici ce qu’étaient les ordres du grand manitou des Dévoreurs. Cela fit naturellement sourire Le Boucher, qui se mit à courir dans les rues de la ville comme un enfant de cinq ans à qui on enverrait une balle. Ou un chien. Peu importe, il courait, c’était la seule information véritablement importante ici.
    Courant à toute vitesse, les gravas sur le sol se soulevaient à chaque passage du Boucher, tant il était impatient d’enfin tomber sur une vie, pour lui faire le serment sacré, avant de simplement l’abattre comme un chien.

    Après plusieurs minutes à déambuler dans les rues de la ville, le colosse écarlate tomba sur un petit groupe de soldat semblant avoir fui le combat après l’arrivée fracassante des Dévoreurs. Dans un premier temps, il planta son arme dans le sol, puis déposa son casque dessus. Leur adressant un grand sourire, le Drakyn pouvait entendre sans mal le claquement des dents des pauvres petits soldats. Traumatisés ? Certainement.
    « Bonjour ! Avez-vous déjà entendu parler des serres pourpres ? » Demanda le colosse, maintenant un sourire mauvais sur ses lèvres fendues par la guerre. Ses interlocuteurs, terrifiés, hochèrent la tête pour faire comprendre que non, ils ne connaissaient pas les serres pourpres.
    « Sacrilège ! En fait, les serres pourpres sont un régiment de l’Armée, dirigé par la Griffe elle-même. Vous savez ce que c’est, la Griffe ? » Continua-t-il dans son interrogatoire. Une nouvelle fois, ses interlocuteurs, bien trop jeunes et cloîtrés dans leur forteresse, hochèrent la tête pour signifier que non.
    « Bon… Et Alasker, vous savez qui c’est ? » Ajouta-t-il. Comme par hasard, ses interlocuteurs hochèrent de nouveau la tête, signifiant que non, ils ne savaient pas qui il était. Le Boucher, étonné, afficha son plus beau poggers, avant de prendre sa hache et de massacrer ces débiles.
    Des manants, rien de plus. Ainsi, le Boucher continua sa quête dans la ville, sans jamais trouver quelqu’un à épargner.

    Les massacres continuèrent, aucun survivant, tels étaient les ordres venant de l’Empereur lui-même. Un frère Drakyn aussi, alors aucune raison de ne pas faire ce qu’il dit. La ville fut allumée, littéralement, pas un immense feu qui purgerait une bonne fois pour toute la croyance du Nouvel Ordre. Un peu extrême comme manière d’établir un feu de camp, quand on a à sa disposition deux sacoches melornoises, mais bon.
    Tous étaient là pour calmer leur soif de sang et non pas pour enfiler des perles, sinon, il était inutile de venir dans le seul but de massacrer une ville. Le Boucher pouvait être satisfait, son premier déploiement était une véritable réussite, même s’il s’en sortît avec quelques blessures légères. Et un trou dans une épaule aussi. Rien de bien méchant pour un futur Vrai Homme Du Reike qui ira parfaire son entraînement au Dragon Musclé, pour pouvoir taper plus fort.

    Au petit matin, Le Boucher rejoignit le reste de la troupe, observant de ses prunelles écarlates, le chef des Dévoreurs, dont l’image et l’estime ne faisait qu’augmenter dans les pensées du colosse écarlate. Pour lui, Alasker Crudelis resterait à jamais le dieu ayant vaincu le Nouvel Ordre, celui ayant marché sur toute une ville, sans reculer devant les obstacles et les opposants. Il lui serait éternellement reconnaissant pour la réussite de son premier déploiement, en plus de sa libération de la prison de Taisen.
    Ainsi se termine l’ordalie, un brasier incandescent, à l’image des Titans et de leurs adorateurs, puis un sentier de larmes, de sang et de chair. Peu sont ceux ayant survécu à l’attaque, mais, c’était pour le bien de toute une nation, de tout un monde. Maintenant, le Reike allait pouvoir prospérer sans que le Nouvel Ordre n’entrave son futur.
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Lun 20 Mai - 18:02
    Douce ironie que ce jour cruel. D’une part, les actes barbares de nos héros défendraient les intérêts du Reike, certes. Mais d’autre part, ils provoqueraient une corruption plus grande sur les terres du Shoumeï, et peut-être même sur le Sekai entier. Pouvait-on réellement se réjouir de la destruction du Nouvel Ordre ? Non. Aucun être sensé ne le pouvait. Aucun être un temps soit peu doté d’une conscience ne pouvait se réjouir d’un massacre unilatéral, qui détruise hommes, femmes, guerriers et enfants.

    Zéphyr ne pleurerait pas ces goujats qui avaient choisi de vénérer des divinités silencieuses, infâmes et chaotiques. Mais il avait néanmoins ce goût amer d’avoir dû supprimer des vieillards, des parents et leurs progénitures, simplement parce qu’ils avaient eu la malchance de naître dans un milieu diviniste. Le maître-espion était moins radical que Tensai, et préférait toujours laisser une seconde chance aux petites gens qui, en définitive, n’avaient essayé que de survivre en ce monde. Là où le barbare savait donner des ordres cruels, parce qu’il en voyait la nécessité en tant que roi, l’Oreille préférait toujours minimiser le plus possible les meurtres inutiles. D’un côté, il savait que cela ne pouvait que créer des révoltes. Et de l’autre… Une part de lui, tout humaine, ne pouvait adhérer à ces assassinats vengeurs, quand il avait affaire à des personnes démunies et désarmées. Or n’y en avait-il pas eu, des âmes sans défense ? N’était-il pas resté des civils à Célestia ? Une grande partie avait bien sûr accepté de fuir à Maël, mais tous ceux qui étaient restés avaient été éliminés alors qu’ils ne représentaient pas une menace. Devant ses hommes, Zéphyr n’avait pas esquissé le moindre hésitation, bien que son visage s’était fait de plus en plus sombre au fur et à mesure de leur progression. En hommes sages, les assassins n’avaient pas cherché à interroger leur chef, quand ses yeux lançaient des éclairs ou que des gestes agacés trahissaient son dégoût face à la tâche ingrate qui leur avait été confiée. Quand on l’avait supplié, le guerrier avait continué à s’avancer vers ses victimes. Quand on l’avait attaqué, le bretteur s’était défendu et avait riposté. Quand on l’avait menacé, il s’était tu et n’avait pas répondu. Quant aux larmes… A quoi bon l’implorer ? Les ordres étaient les ordres. Tu avais une vie ? Une famille ? Des espoirs et des aspirations ? Alors pourquoi n’as-tu pas fui quand tu le pouvais, imbécile ?

    Peut-être que la rage du maître-espion s’expliquait facilement à cause de cela. Voir encore des hommes faibles sur place, des femmes et des enfants qui n’avaient aucune chance de survivre, alors qu’il leur avait été laissé l’opportunité de se sauver. Mais, tout puissant soit-il grâce au réseau d’espion, Zéphyr ne pouvait rien face à la liberté humaine. Tout comme il devait « respecter » les choix d’autrui, il devait aussi tolérer que des pauvres gens acceptassent de se faire tuer pour des divinités mensongères. Cela l’excédait, le mettait dans une colère folle, et seule sa maîtrise de lui-même lui permettait de rien montrer directement à ses pairs. Ayshara aurait compris directement qu’il valait mieux ne rien dire ; Eris aussi l’aurait perçue à des kilomètres, et Orion, sans doute, aurait su trouver les mots pour lui signaler qu’ils ne faisaient que leurs devoirs. Comme Rachelle sans doute. Mais il n’en restait pas moins que ce fardeau était bien pesant et bien pénible. En un sens, peut-être était-il rassurant aussi. Tant qu’ils étaient sensibles à de tels massacres, cela voulait aussi dire qu’ils restaient doués de sentiments et d’empathie. Qu’ils restaient humains et qu’ils n’étaient pas que des machines à tuer, au profit d’une cause plus grande telle que l’Empire.

    Au Reike, on célébrerait cette victoire. Ceux qui n’avaient pas participé à ce chaos vanteraient la décision de l’Empereur, en louant la fermeté de leur nation. Hypocrites et menteurs, ils ne se soucieraient pas de l’état de la Ville Sainte, ils n’imagineraient même pas dans leurs pires cauchemars les bâtiments carbonisées, les rues jonchées de cadavres, les rigoles jonchées de sang. Non. Ils riraient. Savoureraient des mets délicats. D’autres, plus simples et plus sincères, rejoindraient leurs familles après une honnête journée de travail et se contenteraient de valider la décision impériale. Une minorité, enfin, ferait quelques réflexions sur cette expédition punitive, mais se tairaient bien vite sous le poids de la masse.

    Qu’importe. L’Oreille veillerait à ce qu’il n’y ait pas de soulèvements, oui, mais il acceptait sans peine le poids des souvenirs, il se souviendrait longtemps de ces âmes qu’il avait dû tuer, sans joie aucune. A choisir, il aurait préféré que seuls les dirigeants et guerriers du Nouvel Ordre fussent éliminés. Mais on ne pouvait pas tout obtenir et c’était déjà beaucoup que Tensai ait accepté d’évacuer les civils. Le reste… C’était à Alasker, au maître-espion et aux autres à l’assumer. Quoiqu’en voyant l’enthousiasme et le comportement du Boucher, certains n’allaient pas mal dormir au soir, c’était une certitude.

    Contemplant sans mot dire le renvoi de Praelia dans son cercueil, le reste n’est qu’une suite moins intense du massacre qu’ils ont réalisé de leurs propres mains. Bientôt, les cris diminuent, les statues sans-tête deviennent de plus en plus nombreuses, les flammes rugissent, les temples sont l’objet de sacrilèges. Et il ne reste rien.

    Rien que des cendres.
    Rien que du chaos.
    Rien que de la violence.

    Bientôt, une nouvelle aube se lèvera sur ces terres.
    Et bientôt, une nouvelle page commencera, pour les serviteurs des Titans, comme pour leurs ennemis éternels.
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  • Mer 22 Mai - 13:06
    Kahl ne prit qu'à peine part aux ultimes affrontements. Sifflotant dans sa barbe l'air ancien dont il récitait parfois les paroles à voix haute lors de ses poétiques errances, le colosse au cuir pourpre dansait. Oscillant entre brasiers et charniers hurlants, Kahl sentait la plénitude s'emparer de lui malgré la souffrance occasionnée par ses trop nombreuses blessures. Il vit Kirk et Sanguin passer non loin de lui, affairés à rire aux éclats tout en forçant la porte d'une chaume dans laquelle s'étaient dissimulés les membres d'une famille de cinq. Ses pas élégants l'amenèrent ensuite à un trio de monstruosités aux armures pourpres qui s'amusaient du sort d'un malheureux empalé que la panique avait poussé à bondir depuis une toiture, ce pour tomber maladroitement sur un assortiment d'ustensiles de travail champêtre.

    Les lames battaient le bois, les flammes dévoraient ce qu'elles pouvaient consumer et salissaient d'un noir intense la pierre trop fragile de demeures de fortune. Au rythme de cette mélodie que lui seul pouvait entendre, Kahl s'approcha d'un dernier bastion de paladins puis arma un revers de main qui n'eut l'air de rien, ce jusqu'à ce qu'il administre dans la roche impuissante un coup si démentiel que l'un des supports essentiels à l'équilibre de la bâtisse fut balayé sur place, déclenchant ainsi un éboulement qui fut aussitôt ponctué de cris parvenant aux oreilles pointues du géant. Grisé par le plaisir de semer la mort en toute impunité, le possédé s'esclaffa puis s'en alla gambader ailleurs.

    Entouré de sauvageons qui tuaient sans distinction, l'Ogre se voyait au cœur des théâtres de plein air du Reike. Lui, dernier vestige d'un clan disparu. Lui, fils de X'O-Rath survivant par miracle à l'indomptable esprit humain. Il n'avait rien d'autre à demander au monde, rien d'autre que ces carnages qui lui étaient livrés sans qu'il n'ait même à lever le petit doigt. Empli de ce sentiment de profond accomplissement, le demi-Archonte mira momentanément le loup au pelage tâché de sang qui surplombait ses troupes depuis les hauteurs, puis il s'attarda passagèrement sur la silhouette inflexible dont les yeux dorés étaient imprégnés d'une incomparable noirceur.

    Un sourire traduisant sa plus absolue fascination vint scinder son faciès abject. Ils haïssaient les dieux façonneurs autant que ceux-ci les détestaient et pourtant, ils reproduisaient avec une vicieuse minutie le schéma que leur avait indiqué ces Pères lors du plus grand affrontement de tous les temps.  Les Titans avaient ils vraiment fait les mortels à leur image ? N'étaient ils pas finalement qu'un reflet de leurs propres créations ? S'amusant de cette douteuse pointe de philosophie, Kahl empoigna une fuyarde qui l'avait cru trop peu alerte, l'interceptant sans ménagement avant de la plaquer contre lui. Elle rugit, tenta de s'extraire de ses mains monstrueuses en poussant d'innombrables jurons.

    Kahl ne l'entendait même pas. La musique s'était faite trop forte, trop enivrante pour qu'il ne puisse accorder le moindre crédit aux mots venimeux de sa partenaire de valse. Il la fit tournoyer dans les airs, indifférent à ses pleurs tout comme à ses vociférations. Les yeux clos et bordés de larmes cristallisées par le froid, le géant à l'immaculée crinière sentit son amour pour la déchéance se faire débordant et lorsqu'une tour de Célestia explosa dans un geyser incandescent, il plaqua la pauvrette à laquelle il avait volé une dernière danse contre lui.

    Puis il dévora sa tête dans un claquement morbide.
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