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Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 208
crédits : 591
crédits : 591
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Tiré à des songes aussi agités qu'imprécis par d'abruptes secousses, Mortifère se prélassa quelques secondes dans un état situé entre le sommeil et l'éveil. A peine conscient de son environnement et encore moins du mince filet de bave qui avait malencontreusement joint son menton à quelques brins de cheveux noirs, il jeta des coups d'œil partiellement paniqués aux lieux avant de croiser le regard paniqué de Siame. Croyant tout d'abord à une attaque, il la laissa l'assister tandis qu'il prenait appui contre le mur ayant constitué son sommier et comprit finalement qu'il n'était pas question d'un assaut de brigands mais bel et bien de la venue de la fameuse -et infâme- Berthe.
Pas franchement offusqué par l'ardeur avec laquelle Siame le poussait à se relever du fait de son endormissement résiduel, il se fâcha vaguement plus lorsqu'elle insinua par contre qu'il allait trucider la vieille propriétaire parce qu'elle lui avait fait l'affront de leur rendre une inopinée visite matinale. Passant un assortiment de griffes de métal dans ses cheveux sales, Mortifère accorda un regard plus qu'appuyé à celle qui lui ordonnait avec véhémence de se tenir tranquille et répondit dans un désapprobateur chuchotement, un cri de colère ridicule car presque muet :
"Je vais pas tuer Berthe ! T'es complètement toquée ou quoi ?!"
Son indignation passagère n'eut de toute manière aucunement l'occasion d'être contestée car Siame, déjà, s'empressait de ranger la pièce comme pour effacer toute trace de la venue de son indésirable invité. Mortifère, un poil trop paniqué pour réfléchir convenablement, voulut participer à la corvée malgré l'urgence du moment et son seul réflexe en une situation aussi critique fut de tendre sa paume en direction des miettes de pain que leur frugal repas avaient laissé par terre lors de la nuit passée. Les morceaux de pitance -ainsi que quelques grains de poussières et cheveux abandonnés- s'agitèrent lors de l'appel télékinétique du Cerbère reconverti en instrument ménager, puis il se rassemblèrent comme s'ils étaient aimantés les uns aux autres, nettoyant le sol à une vitesse record.
Le colosse bien embarrassé par sa sphère de poussiéreux déchets jeta des coups d'œil alertés aux quatre coins de la pièce à la recherche d'un moyen de se défaire des saletés mais en l'absence d'une solution immédiate, il tendit sa main libre vers la fenêtre la plus proche pour en actionner la poignée avant de propulser dans l'ouverture l'objet de son tourment. D'un claquement de doigts, l'accès fut refermé un peu trop brutalement au goût du soldat qui haussa brusquement les épaules lorsque le son se fit entendre. Berthe arrivait à grands pas et lorsqu'un raclement de gorge de celle-ci parvint aux oreilles du militaire, il eut pour seule réponse au problème sa plus fidèle tactique.
Un crépitement électrique plus tard, le titanesque combattant disparut aux yeux de Siame. Lorsque Berthe cogna contre la porte de l'appartement, le faciès du soldat finit de devenir invisible et lorsqu'elle poussa la porte sans même y être invitée -quelle rustre- Mortifère n'était plus. Les premiers mots de la propriétaire, loin du traditionnel bonjour matinal; se firent aussi accusateurs que profondément désagréables :
"Qu'est-ce que c'est que ce bazar ?! J'ose espérer que tu n'as pas ramené de chat errant ici, hm ?"
Partiellement tiré d'affaire, Mortifère se fit aussi petit que possible et cessa presque de respirer pour profiter de la relative accalmie que lui accordait son voile d'invisibilité tout en se délectant du spectacle. Qu'elle fusse angélique, vampirique ou n'importe quel mot s'achevant par un ique, Siame allait en prendre pour son grade et se faire taper copieusement sur les doigts. Ca lui apprendrait à insinuer qu'il vomissait partout et qu'il tuait tout ce qui se trouvait sur sa route, tiens.
Pas franchement offusqué par l'ardeur avec laquelle Siame le poussait à se relever du fait de son endormissement résiduel, il se fâcha vaguement plus lorsqu'elle insinua par contre qu'il allait trucider la vieille propriétaire parce qu'elle lui avait fait l'affront de leur rendre une inopinée visite matinale. Passant un assortiment de griffes de métal dans ses cheveux sales, Mortifère accorda un regard plus qu'appuyé à celle qui lui ordonnait avec véhémence de se tenir tranquille et répondit dans un désapprobateur chuchotement, un cri de colère ridicule car presque muet :
"Je vais pas tuer Berthe ! T'es complètement toquée ou quoi ?!"
Son indignation passagère n'eut de toute manière aucunement l'occasion d'être contestée car Siame, déjà, s'empressait de ranger la pièce comme pour effacer toute trace de la venue de son indésirable invité. Mortifère, un poil trop paniqué pour réfléchir convenablement, voulut participer à la corvée malgré l'urgence du moment et son seul réflexe en une situation aussi critique fut de tendre sa paume en direction des miettes de pain que leur frugal repas avaient laissé par terre lors de la nuit passée. Les morceaux de pitance -ainsi que quelques grains de poussières et cheveux abandonnés- s'agitèrent lors de l'appel télékinétique du Cerbère reconverti en instrument ménager, puis il se rassemblèrent comme s'ils étaient aimantés les uns aux autres, nettoyant le sol à une vitesse record.
Le colosse bien embarrassé par sa sphère de poussiéreux déchets jeta des coups d'œil alertés aux quatre coins de la pièce à la recherche d'un moyen de se défaire des saletés mais en l'absence d'une solution immédiate, il tendit sa main libre vers la fenêtre la plus proche pour en actionner la poignée avant de propulser dans l'ouverture l'objet de son tourment. D'un claquement de doigts, l'accès fut refermé un peu trop brutalement au goût du soldat qui haussa brusquement les épaules lorsque le son se fit entendre. Berthe arrivait à grands pas et lorsqu'un raclement de gorge de celle-ci parvint aux oreilles du militaire, il eut pour seule réponse au problème sa plus fidèle tactique.
Un crépitement électrique plus tard, le titanesque combattant disparut aux yeux de Siame. Lorsque Berthe cogna contre la porte de l'appartement, le faciès du soldat finit de devenir invisible et lorsqu'elle poussa la porte sans même y être invitée -quelle rustre- Mortifère n'était plus. Les premiers mots de la propriétaire, loin du traditionnel bonjour matinal; se firent aussi accusateurs que profondément désagréables :
"Qu'est-ce que c'est que ce bazar ?! J'ose espérer que tu n'as pas ramené de chat errant ici, hm ?"
Partiellement tiré d'affaire, Mortifère se fit aussi petit que possible et cessa presque de respirer pour profiter de la relative accalmie que lui accordait son voile d'invisibilité tout en se délectant du spectacle. Qu'elle fusse angélique, vampirique ou n'importe quel mot s'achevant par un ique, Siame allait en prendre pour son grade et se faire taper copieusement sur les doigts. Ca lui apprendrait à insinuer qu'il vomissait partout et qu'il tuait tout ce qui se trouvait sur sa route, tiens.
Prophétesse
Siame
Messages : 208
crédits : 1365
crédits : 1365
Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
— Bordel de merde, avait-elle chuchoté, en mettant un peu d’ordre dans la petite piaule, aussi rapidement qu’elle le pouvait.
Le plateau et les deux verres de lait en même temps que la silhouette de Mortifère, et presque au même instant où la porte s’ouvrit à la volée sur… Berthe. Ronde, les joues rouges et le nez comme une bille. Oh, la vieille rouspétait déjà. C’était l’un de ces scénarios, qui n’avait l’air d’être qu’une mauvaise comédie, mais pas non moins rafraîchissante. Non, à vrai dire, Siame avait espéré – candidement, sûrement – que l’idiot (celui qui l’avait lâchement abandonné à son propre sort, et dont elle pouvait sentir le sourire malin dans son dos, supposant qu’il se délectait du spectacle) l’emporte telle une princesse en détresse, pour la faire échapper au terrible courroux d’une matrone pas commode… Mais, les choses avaient tourné un peu différemment pour elle : la voilà désormais prise au piège. Elle n’avait même pas eu le temps de s’en offusquer.
— Bien sûr que non, Berthe, allons. Vous savez bien que jamais je ne…
— J’espère bien, car c’est écrit noir sur blanc dans le règlement, jeune fille.
— Je sais, vous me l’avez fait lire quatre fois depuis que je vous loue chez vous…
Les résistances de l’Ange cèdent une à une devant la femme, à la manière d’un lent effeuillage, jusqu’à qu’il ne reste que l’adolescente – qu’elle n’a jamais été – prise la main dans le sac. La grosse s’avança dans la chambre, comme peu convaincue des explications. Il est 8h du matin et elle transpire déjà abondamment, et son tablier saucissonne son ventre rebondi.
— Marie m’a dit qu’elle avait entendu du bruit venir de ta chambre, hier soir.
Quelle petite peste. Et hop, voilà, en un claquement de doigts et en un froncement de sourcils de Berthe, balayée l’Ange arrogante qui estimait que sa gloire d’antan pouvait tout solutionner. C’était une véritable humiliation, d’autant plus qu’elle se savait observée. Quel enfer. Siame n’était définitivement pas faite pour vivre ici. Si on la voyait (brûle en enfer Mortifère), plus personne ne la prendrait au sérieux. La propriétaire avait fait quelques pas dans la chambre – certainement à la recherche du fameux chat errant – et l’Ange avait reculé en même temps, jusqu’à que l’un de ses talons s’écrase sur un pied (en acier ?), et que son coude s’enfonce fâcheusement dans une côte (de chair ? en restait-il à cet endroit ? elle l’espérait). Dans son dos, la présence du soldat l’écrasait de sa hauteur, mais puisqu’il était invisible…
— Berthe, s’il vous plaît, c’est ridicule. Je suis simplement rentrée un peu tard, hier, mais je ferais attention à être plus silencieuse la prochaine fois.
— Vous devriez surtout éviter de rentrer à des heures inappropriées pour une jeune femme respectable. Ne m’obligez pas à rajouter un couvre-feu au règlement.
Siame n’éprouva pas le besoin de lui signifier qu’elle n’était ni une jeune femme, ni respectable et qu’elle avait encore moins l’intention de respecter son règlement. Toutes ces histoires de règles, de respect, de re-re-re, ça lui donnait de l’urticaire, elle qui préférait faire la discipline plutôt que de la suivre.
— D’autant plus qu’il parait qu’il y a eu du grabuge la nuit dernière, dans le quartier. Des sales histoires, dans le petit cabaret de Pearl Avenue… (Ouais, en République, on avait des noms de villes cools tel que “Liberty” ; “Courage” ; ou “Justice”, et des noms de rue comme “Pearl Avenue” ; “Emerald Lane” ; ou “Fair Street”.)
Déjà ? songea-t-elle. Les nouvelles allaient vite. Et Berthe tira une moue mécontente, sans savoir qu’elle se trouvait à cet instant dans la même pièce que les deux concernés par le “grabuge” de la veille.
— C’est fâcheux, admet l’Ange, pas décidée à bouger de sa position, pourtant mal installée. On dirait presque que son coude s’enfonce un peu plus dans le “vide” (elle l’aimait bien, ce con-là) au fur et à mesure où la vieille approche. Mais je vous assure, tout va bien. Pas de chat errant à déplorer, ni d’histoires qui pourraient entacher la réputation de votre établissement. Car en vérité, c’était bien ça qui l’inquiétait ?
Siame cherchait visiblement à la pousser vers la sortie, peu encline à lui faire la conversation.
— J’ai une journée chargé Berthe, un tas de choses à faire. J’aimerais me faire une toilette avant de partir, si vous permettez.
— Bien, bien, j’ai compris. J’ai fait des petits gâteaux. Quelle était mignonne, quand même, cette vieille peau… Je te les laisse sur le bureau.
Il fallait bien l’admettre : la cuisine de Berthe, c’était le paradis sur Terre. Siame la remercia d’un sourire (trop ?) radieux, tout en la poussant vers la sortie. Et dès que la porte fut refermée, elle se précipita sur la fenêtre qu’elle ouvrit en grand, fusillant du regard Mortifère qui venait de réapparaître.
— Va te faire voir, souffla-t-elle entre ses dents, avant de lui montrer la fenêtre. Premier étage seulement. Il s’en remettrait, pas vrai ? Tu sors par là, et je te retrouve en bas dans une minute, conclut-elle sans vraiment lui laisser plus de choix. Et après… Après on voit, d’accord ? Si t’as prévu de rendre visite à nos copains d’hier, j’en suis. Juste pour le plaisir de les voir tomber et d’être la première à pouvoir raconter la nouvelle à Berthe. Elle adore les ragots.
Autrement, ils retourneraient tous deux à leur vie respective, Mortifère à son patron, et Siame à… sa quête d’identité. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait passé son temps à courir après ses ailes, sur les dernières années. C’était là juste une défaite de plus et pour être honnête, il ne lui était pas complètement désagréable de se fondre dans l’anonymat, loin de l’épée de Damoclès et des dilemmes qui la suivaient à peu près partout où elle allait. L’Ange laissa de côté la petite voix qui lui disait de continuer et de ne jamais s’arrêter avant d’avoir obtenu ce qu’elle voulait. Ça ne durerait pas longtemps, car il y avait là un besoin primitif, un martèlement viscéral dans ses veines, dans le creux de son ventre, qui la poussait à retrouver ce qu’elle pensait avoir perdu. C’était comme si son estomac se prenait pour un cœur, et pour l’heure, elle se contenta de le remplir avec une poignée de biscuits en forme de petits bonhommes. L’image était drôle : à défaut de pouvoir se venger sur les Hommes qui l’avaient martyrisée, elle étouffait sa frustration en bouffant des pains d’épices.
Le plateau et les deux verres de lait en même temps que la silhouette de Mortifère, et presque au même instant où la porte s’ouvrit à la volée sur… Berthe. Ronde, les joues rouges et le nez comme une bille. Oh, la vieille rouspétait déjà. C’était l’un de ces scénarios, qui n’avait l’air d’être qu’une mauvaise comédie, mais pas non moins rafraîchissante. Non, à vrai dire, Siame avait espéré – candidement, sûrement – que l’idiot (celui qui l’avait lâchement abandonné à son propre sort, et dont elle pouvait sentir le sourire malin dans son dos, supposant qu’il se délectait du spectacle) l’emporte telle une princesse en détresse, pour la faire échapper au terrible courroux d’une matrone pas commode… Mais, les choses avaient tourné un peu différemment pour elle : la voilà désormais prise au piège. Elle n’avait même pas eu le temps de s’en offusquer.
— Bien sûr que non, Berthe, allons. Vous savez bien que jamais je ne…
— J’espère bien, car c’est écrit noir sur blanc dans le règlement, jeune fille.
— Je sais, vous me l’avez fait lire quatre fois depuis que je vous loue chez vous…
Les résistances de l’Ange cèdent une à une devant la femme, à la manière d’un lent effeuillage, jusqu’à qu’il ne reste que l’adolescente – qu’elle n’a jamais été – prise la main dans le sac. La grosse s’avança dans la chambre, comme peu convaincue des explications. Il est 8h du matin et elle transpire déjà abondamment, et son tablier saucissonne son ventre rebondi.
— Marie m’a dit qu’elle avait entendu du bruit venir de ta chambre, hier soir.
Quelle petite peste. Et hop, voilà, en un claquement de doigts et en un froncement de sourcils de Berthe, balayée l’Ange arrogante qui estimait que sa gloire d’antan pouvait tout solutionner. C’était une véritable humiliation, d’autant plus qu’elle se savait observée. Quel enfer. Siame n’était définitivement pas faite pour vivre ici. Si on la voyait (brûle en enfer Mortifère), plus personne ne la prendrait au sérieux. La propriétaire avait fait quelques pas dans la chambre – certainement à la recherche du fameux chat errant – et l’Ange avait reculé en même temps, jusqu’à que l’un de ses talons s’écrase sur un pied (en acier ?), et que son coude s’enfonce fâcheusement dans une côte (de chair ? en restait-il à cet endroit ? elle l’espérait). Dans son dos, la présence du soldat l’écrasait de sa hauteur, mais puisqu’il était invisible…
— Berthe, s’il vous plaît, c’est ridicule. Je suis simplement rentrée un peu tard, hier, mais je ferais attention à être plus silencieuse la prochaine fois.
— Vous devriez surtout éviter de rentrer à des heures inappropriées pour une jeune femme respectable. Ne m’obligez pas à rajouter un couvre-feu au règlement.
Siame n’éprouva pas le besoin de lui signifier qu’elle n’était ni une jeune femme, ni respectable et qu’elle avait encore moins l’intention de respecter son règlement. Toutes ces histoires de règles, de respect, de re-re-re, ça lui donnait de l’urticaire, elle qui préférait faire la discipline plutôt que de la suivre.
— D’autant plus qu’il parait qu’il y a eu du grabuge la nuit dernière, dans le quartier. Des sales histoires, dans le petit cabaret de Pearl Avenue… (Ouais, en République, on avait des noms de villes cools tel que “Liberty” ; “Courage” ; ou “Justice”, et des noms de rue comme “Pearl Avenue” ; “Emerald Lane” ; ou “Fair Street”.)
Déjà ? songea-t-elle. Les nouvelles allaient vite. Et Berthe tira une moue mécontente, sans savoir qu’elle se trouvait à cet instant dans la même pièce que les deux concernés par le “grabuge” de la veille.
— C’est fâcheux, admet l’Ange, pas décidée à bouger de sa position, pourtant mal installée. On dirait presque que son coude s’enfonce un peu plus dans le “vide” (elle l’aimait bien, ce con-là) au fur et à mesure où la vieille approche. Mais je vous assure, tout va bien. Pas de chat errant à déplorer, ni d’histoires qui pourraient entacher la réputation de votre établissement. Car en vérité, c’était bien ça qui l’inquiétait ?
Siame cherchait visiblement à la pousser vers la sortie, peu encline à lui faire la conversation.
— J’ai une journée chargé Berthe, un tas de choses à faire. J’aimerais me faire une toilette avant de partir, si vous permettez.
— Bien, bien, j’ai compris. J’ai fait des petits gâteaux. Quelle était mignonne, quand même, cette vieille peau… Je te les laisse sur le bureau.
Il fallait bien l’admettre : la cuisine de Berthe, c’était le paradis sur Terre. Siame la remercia d’un sourire (trop ?) radieux, tout en la poussant vers la sortie. Et dès que la porte fut refermée, elle se précipita sur la fenêtre qu’elle ouvrit en grand, fusillant du regard Mortifère qui venait de réapparaître.
— Va te faire voir, souffla-t-elle entre ses dents, avant de lui montrer la fenêtre. Premier étage seulement. Il s’en remettrait, pas vrai ? Tu sors par là, et je te retrouve en bas dans une minute, conclut-elle sans vraiment lui laisser plus de choix. Et après… Après on voit, d’accord ? Si t’as prévu de rendre visite à nos copains d’hier, j’en suis. Juste pour le plaisir de les voir tomber et d’être la première à pouvoir raconter la nouvelle à Berthe. Elle adore les ragots.
Autrement, ils retourneraient tous deux à leur vie respective, Mortifère à son patron, et Siame à… sa quête d’identité. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait passé son temps à courir après ses ailes, sur les dernières années. C’était là juste une défaite de plus et pour être honnête, il ne lui était pas complètement désagréable de se fondre dans l’anonymat, loin de l’épée de Damoclès et des dilemmes qui la suivaient à peu près partout où elle allait. L’Ange laissa de côté la petite voix qui lui disait de continuer et de ne jamais s’arrêter avant d’avoir obtenu ce qu’elle voulait. Ça ne durerait pas longtemps, car il y avait là un besoin primitif, un martèlement viscéral dans ses veines, dans le creux de son ventre, qui la poussait à retrouver ce qu’elle pensait avoir perdu. C’était comme si son estomac se prenait pour un cœur, et pour l’heure, elle se contenta de le remplir avec une poignée de biscuits en forme de petits bonhommes. L’image était drôle : à défaut de pouvoir se venger sur les Hommes qui l’avaient martyrisée, elle étouffait sa frustration en bouffant des pains d’épices.
CENDRES
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 208
crédits : 591
crédits : 591
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Tâchant de réprimer au mieux un éventuel éclat de rire face à l'effondrement littéral de la splendeur angélique de Siame, Mortifère fut cueilli en plein vol par le karma lorsque le talon de Siame s'écrasa sur son pied -pas du tout métallique- avec un peu trop d'insistance pour qu'il ne s'agisse que d'un accident. Derrière son voile d'invisibilité malmené par la pointe de douleur, il reçut également un coup de coude dans les côtes -également très osseuses et pas blindées pour un sou- et se dit que cet accident commençait sérieusement à ressembler à de l'acharnement. Loin de souhaiter un passage à tabac, il voulut se déplacer mais sut d'instinct que l'oreille affutée de la vieillarde risquait de capter un potentiel cliquetis métallique et resta donc de marbre, ce en se contenant de mordre l'intérieur de sa joue pour se concentrer sur autre chose que la douleur qui irradiait son flanc. Elle avait tapé un nerf, la saloperie.
La conversation avec la dénommée Berthe fut somme toute moins déplaisante que ne l'avait envisagé Mortifère. Ecoutant avec intérêt les états d'âme de la tenancière, il pesta contre lui-même lorsqu'il découvrit que des civils comme elle étaient déjà au courant du remue-ménage qui avait été causé sur Pearl Avenue. Ils s'étaient donc montré beaucoup moins discrets qu'il ne l'avait escompté et si cela ne constituait pas un véritable drame, le Cerbère espérait toutefois qu'un vilain rapport n'allait pas finir sur le bureau du Sénateur Fraternitas. Il y était peut être allé un peu fort lorsqu'il avait rajouté des trous supplémentaires sur le visage de la fille du gros pingouin de la pègre...
Siame finit par virer la vieille peau de la cage à souris faisant office de chambrée et lorsque Mortifère réapparut pour être immédiatement gratifié par une injure, ce fut par un sourire moqueur qu'il se contenta de rétorquer. Le ridicule avait suffi à punir la demoiselle, inutile d'en rajouter une couche. Elle lui indiqua la fenêtre, la porte étant visiblement trop bien pour lui. Le soldat souleva encore d'un cran le cadran de bois poli qui soutenait le verre et jeta un coup d'œil à la rue, avant de passer sa tête par l'orifice une fois qu'il fut assuré que nul passant ne le verrait effectuer un bond magistral.
"On fait comme ça. Je t'attends."
D'une main, il usa de télékinésie pour refermer convenablement les attaches de la cape ayant pour fonction de couvrir partiellement ses bras mécaniques. De l'autre, il fit passer par magie l'un des gâteaux de Berthe jusqu'à ses doigts. Il n'y avait pas été invité mais méritait bien un remontant matinal après avoir servi de sac de frappe invisible. Glissant le biscuit entre ses dents, il repassa sa tête par la fenêtre et enserra la bordure à l'aide de ses serres avant de s'engouffrer à l'extérieur. Changé en gigantesque acrobate, le fauve républicain tâcha d'esquiver au mieux la fenêtre du rez-de-chaussée, s'épargnant ainsi un contact inopiné avec une potentielle locataire qui risquait de ne pas apprécier la visite impromptue d'un colosse mécanisé tapant ses semelles contre les parois de son appartement.
Une pirouette plus tard, l'énorme soldat bondit avec une surprenante élégance en vue de sa taille mais vint tout de même atterrir avec toute la délicatesse du rhinocéros sur les pavés de la rue. Une fois au sol, il exhala un grand coup, serra son poing et leva le pouce pour indiquer à Siame qu'il était parvenu à descendre sans se blesser. Pas qu'elle en ait quelque chose à secouer, mais il trouvait bon de le notifier néanmoins. Marchant un peu pour s'éloigner de la bâtisse que la fameuse Berthe protégeait comme son territoire, il grignota pensivement son cookie jusqu'à apercevoir la belle qui débarquait depuis le coin de la rue. Allant à sa rencontre, il finit d'engloutir son met du matin et tapota ses paumes l'une contre l'autre avant d'engager la conversation tout en prenant soin de dissimuler ses immenses bras sous le tissu de son habit.
"C'est bon, t'as réussi à t'en sortir ?"
Il avait l'impression d'être en compagnie d'une gamine casse-cou faisant le mur pour jouer avec les gosses des mauvais quartiers. Savoir qu'il jouait le rôle du marmot trop dangereux pour être une bonne fréquentation avait quelque chose de trop précis pour ne pas être amusant. A moins que ce ne fut l'inverse.
"Concernant la visite, il va falloir que je la fasse préparer. Je peux pas donner un coup de sifflet et générer un attroupement de cinquante bonhommes en quinze minutes. 'Faut d'abord que je fasse un rapport, que j'informe mes supérieurs, puis 'faut que l'ensemble du dossier remonte jusqu'aux officiers républicains et là, on aura une intervention."
Il sourit un peu.
"Autrement plus pointu qu'au Reike, hein ?"
Autrement plus chiant, surtout.
Il jeta des coups d'œil aux alentours et remercia les cieux de leur avoir accordé un instant de tranquillité. A une telle heure, la plupart des rues républicaines étaient noires de monde. La demeure temporaire de Siame ne payait pas de mine mais elle avait au moins le mérite de détenir un cadre relativement paisible. Changeant de ton pour se faire passablement plus grave, il ajouta alors :
"Le seul souci, c'est que si je t'implique dans la procédure, on risque de te poser des questions. D'où elles viennent, ces ailes, pourquoi on t'a enlevée à la base... ce genre de choses."
Il pressentit une nouvelle tarte dans la gueule, puisqu'il avait promis qu'elle ne serait pas embêtée par les curieux de la justice. Par instinct, il enchaîna avant de se retrouver avec la joue rougie par une claque furibonde :
"C'est pour ça qu'on va devoir bidouiller afin de te faire passer pour la victime innocente par excellence. Il nous faut une histoire bidon, assez crédible pour qu'on farfouille pas trop loin. J'ai du poids dans les procédures, ça suffira à décourager même les plus minutieux. Ce dont j'ai besoin, c'est d'une base pour avoir un minimum de grain à moudre. Je peux pas simplement leur dire que tu passais par là, ce serait trop gros.
L'idéal, du coup, serait que je sache ce qu'on essaie de dissimuler, voir même pourquoi. J'aurai moins de chance de faire une bourde si on travaille ensemble et qu'il n'y a pas de secret entre nous, pas vrai ?"
L'œil arcanique s'illumina légèrement.
"Elles sont à qui, ces précieuses ailes ? Et qu'est-ce que tu veux faire avec ?"
La conversation avec la dénommée Berthe fut somme toute moins déplaisante que ne l'avait envisagé Mortifère. Ecoutant avec intérêt les états d'âme de la tenancière, il pesta contre lui-même lorsqu'il découvrit que des civils comme elle étaient déjà au courant du remue-ménage qui avait été causé sur Pearl Avenue. Ils s'étaient donc montré beaucoup moins discrets qu'il ne l'avait escompté et si cela ne constituait pas un véritable drame, le Cerbère espérait toutefois qu'un vilain rapport n'allait pas finir sur le bureau du Sénateur Fraternitas. Il y était peut être allé un peu fort lorsqu'il avait rajouté des trous supplémentaires sur le visage de la fille du gros pingouin de la pègre...
Siame finit par virer la vieille peau de la cage à souris faisant office de chambrée et lorsque Mortifère réapparut pour être immédiatement gratifié par une injure, ce fut par un sourire moqueur qu'il se contenta de rétorquer. Le ridicule avait suffi à punir la demoiselle, inutile d'en rajouter une couche. Elle lui indiqua la fenêtre, la porte étant visiblement trop bien pour lui. Le soldat souleva encore d'un cran le cadran de bois poli qui soutenait le verre et jeta un coup d'œil à la rue, avant de passer sa tête par l'orifice une fois qu'il fut assuré que nul passant ne le verrait effectuer un bond magistral.
"On fait comme ça. Je t'attends."
D'une main, il usa de télékinésie pour refermer convenablement les attaches de la cape ayant pour fonction de couvrir partiellement ses bras mécaniques. De l'autre, il fit passer par magie l'un des gâteaux de Berthe jusqu'à ses doigts. Il n'y avait pas été invité mais méritait bien un remontant matinal après avoir servi de sac de frappe invisible. Glissant le biscuit entre ses dents, il repassa sa tête par la fenêtre et enserra la bordure à l'aide de ses serres avant de s'engouffrer à l'extérieur. Changé en gigantesque acrobate, le fauve républicain tâcha d'esquiver au mieux la fenêtre du rez-de-chaussée, s'épargnant ainsi un contact inopiné avec une potentielle locataire qui risquait de ne pas apprécier la visite impromptue d'un colosse mécanisé tapant ses semelles contre les parois de son appartement.
Une pirouette plus tard, l'énorme soldat bondit avec une surprenante élégance en vue de sa taille mais vint tout de même atterrir avec toute la délicatesse du rhinocéros sur les pavés de la rue. Une fois au sol, il exhala un grand coup, serra son poing et leva le pouce pour indiquer à Siame qu'il était parvenu à descendre sans se blesser. Pas qu'elle en ait quelque chose à secouer, mais il trouvait bon de le notifier néanmoins. Marchant un peu pour s'éloigner de la bâtisse que la fameuse Berthe protégeait comme son territoire, il grignota pensivement son cookie jusqu'à apercevoir la belle qui débarquait depuis le coin de la rue. Allant à sa rencontre, il finit d'engloutir son met du matin et tapota ses paumes l'une contre l'autre avant d'engager la conversation tout en prenant soin de dissimuler ses immenses bras sous le tissu de son habit.
"C'est bon, t'as réussi à t'en sortir ?"
Il avait l'impression d'être en compagnie d'une gamine casse-cou faisant le mur pour jouer avec les gosses des mauvais quartiers. Savoir qu'il jouait le rôle du marmot trop dangereux pour être une bonne fréquentation avait quelque chose de trop précis pour ne pas être amusant. A moins que ce ne fut l'inverse.
"Concernant la visite, il va falloir que je la fasse préparer. Je peux pas donner un coup de sifflet et générer un attroupement de cinquante bonhommes en quinze minutes. 'Faut d'abord que je fasse un rapport, que j'informe mes supérieurs, puis 'faut que l'ensemble du dossier remonte jusqu'aux officiers républicains et là, on aura une intervention."
Il sourit un peu.
"Autrement plus pointu qu'au Reike, hein ?"
Autrement plus chiant, surtout.
Il jeta des coups d'œil aux alentours et remercia les cieux de leur avoir accordé un instant de tranquillité. A une telle heure, la plupart des rues républicaines étaient noires de monde. La demeure temporaire de Siame ne payait pas de mine mais elle avait au moins le mérite de détenir un cadre relativement paisible. Changeant de ton pour se faire passablement plus grave, il ajouta alors :
"Le seul souci, c'est que si je t'implique dans la procédure, on risque de te poser des questions. D'où elles viennent, ces ailes, pourquoi on t'a enlevée à la base... ce genre de choses."
Il pressentit une nouvelle tarte dans la gueule, puisqu'il avait promis qu'elle ne serait pas embêtée par les curieux de la justice. Par instinct, il enchaîna avant de se retrouver avec la joue rougie par une claque furibonde :
"C'est pour ça qu'on va devoir bidouiller afin de te faire passer pour la victime innocente par excellence. Il nous faut une histoire bidon, assez crédible pour qu'on farfouille pas trop loin. J'ai du poids dans les procédures, ça suffira à décourager même les plus minutieux. Ce dont j'ai besoin, c'est d'une base pour avoir un minimum de grain à moudre. Je peux pas simplement leur dire que tu passais par là, ce serait trop gros.
L'idéal, du coup, serait que je sache ce qu'on essaie de dissimuler, voir même pourquoi. J'aurai moins de chance de faire une bourde si on travaille ensemble et qu'il n'y a pas de secret entre nous, pas vrai ?"
L'œil arcanique s'illumina légèrement.
"Elles sont à qui, ces précieuses ailes ? Et qu'est-ce que tu veux faire avec ?"
Prophétesse
Siame
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
Mortifère, ce gorille, avait sauté de la fenêtre avec une souplesse et une élégance toute relative. Siame, elle, n’avait même pas eu le temps de s’offusquer du biscuit volé que déjà, l’homme était en bas de la rue. Il se retourna et leva un pouce désinvolte en sa direction – oui, elle s’était penchée à la fenêtre pour le regarder –, et elle réprima le sourire stupide qui menaçait de poindre sur ses lèvres.
— J’arrive, avait-elle murmuré du bout des lèvres à l’intention du gaillard, en refermant la fenêtre derrière elle.
Le temps d’une très rapide toilette, et de se changer. Une minute. Pas plus, promis… Elle avait hasardé un regard au miroir, avant de sortir. Son reflet lui était revenu en pleine gueule, comme une claque. Comment en était-elle arrivée là, sérieusement ? À quel moment s’était-elle transformée en jeune fille de bonne famille ? Loin, très loin les plastrons et armures lourdes tâchés de sang rouge et ancien—plus loin encore les robes monastiques noires, rêches, aux manches amples qui lui donnaient le sentiment d’avoir une seconde paire d’ailes. Tout ça lui semblait terriblement ordinaire. Et elle, se sentait affreusement insignifiante. Mais, contre toute attente, ce matin-ci, le sentiment ne lui fut pas si désagréable. Ce passage en République ne serait qu’éphémère avant qu’elle ne reprenne sa véritable sa route, alors, autant en profiter ? C’est certainement ce que Phèdre lui aurait dit… Elle réajuste sa robe impeccablement repassée (merci Berthe) sur son épaule, et quitte la chambre et s'engouffre dans l’escalier.
— Hep ! Où crois-tu courir comme ça, jeune fille ? La voix de Berthe s’élève tandis qu’elle passe devant l’encadrement de la cuisine.
Maria – une jolie rousse, qui serait, longtemps plus tard, épiée à sa fenêtre par une espèce d’immonde dégénéré – est attablée et fait mine de lire le journal, comme si elle n’avait pas cafté la veille. Peste. Elle s’occuperait de son cas plus tard. Berthe s'essuie les mains sur son tablier et vient peigner grossièrement les cheveux de l’Ange en arrière pour libérer son visage – comme une mère –, avant de lui claquer les fesses et de la pousser vers la sortie. “File ! Et fais attention.”
Siame avait cherché Mortifère quelques instants, jetant des regards de droite à gauche, avant de l'apercevoir à l’angle du pâté de maison. Son visage s’était illuminé, comme un navire perdu qui venait de trouver la direction d’un phare. Elle l’avait rejoint sans se presser, arborant un air faussement grave. Ils s’étaient enfoncés dans les rues, et bien que celles-ci ne soient pas bondées à l’occasion, les rares passants qu’ils croisèrent les dévisagèrent d’un air curieux. Ou plus tôt, dévisagèrent Mortifère d’un air étrange—comme si cette créature-là ne pouvait appartenir qu’à la nuit et n’avait rien à faire en plein jour. L'Ange, à côté, avait l’air de la parfaite petite pucelle, sage, discrète—parfaitement invisible. Elle avait le sentiment d’être le Petit Chaperon Rouge arpentant la forêt avec le loup à ses côtés.
La voix du gaillard s’était infléchie, pour se faire plus sérieuse, tandis qu’il lui expliquait une fois de plus, comment les choses fonctionnaient en République. Elle n’avait pas songé à toutes ces procédures à mettre en place dans ce genre de situations. L’attrait du garde dangereux était beaucoup moins séduisant quand il était enseveli de tout un tas de complications, formalités et paperasserie.
Elle s’était arrêtée pour le regarder, tandis qu’il déroulait encore le fil de sa réflexion. Il avait l’air un peu plus diligent que la veille, les effets de la drogue désormais calmés et après une nuit de sommeil. Siame sonda son visage, et songea à nouveau à la frénésie qui l’avait pris hier, alors qu’il était prêt à perforer la gamine sans plus de cérémonie pour récupérer ses fameux “inhibiteurs”. Tandis qu’il parlait, l’Ange s’était subrepticement rapprochée, laissant courir ses doigts sous le tissu de sa cape, à l’aveugle, cherchant les lanières de cuir dans lesquelles les multiples fioles étaient agrafées.
— Et si… Ah. Un léger sourire de satisfaction étira ses lèvres quand elle trouva enfin ce qu’elle cherchait. S’il possédait des inhibiteurs, il devait également posséder des stimulants. Admettons, par exemple, que l’une de tes “potions” soit malencontreusement tombée entre les mains d’une civile, et qu’elle en ait pris une petite – juste toute petite – goutte. Elle le murmurait, comme on lançait des baisers—ne pouvait définitivement pas s’empêcher de courir après la moindre miette de pouvoir : c’était plus fort qu’elle. Un accident est si vite arrivé… Tu n’aurais qu’à détourner les yeux, rien qu’une seconde. Pouf, envolée la civile, et le cabaret, lui réduit au néant. Aucune responsabilité à endosser pour toi, personne n’en saura rien.
Sa main s’était retirée en un éclair, aussi vite qu’il avait prononcé le mot “ailes”, et sa jolie frimousse s’était renfrognée. Elle plissait des yeux au fur et à mesure où il progressait (en faisant preuve du plus grand soin) dans ses explications.
— Ou alors j’imagine que je peux jouer la “victime innocente par excellence”, ouais. Il en arrivait finalement à sa conclusion. Elle scruta son visage, plongea ses yeux dans la prunelle arcanique qui venait de s’éveiller, avant de faire volte-face. T’as des miettes sur le coin de la bouche. C’est grotesque, ajouta-t-elle froidement, dans un battement de cils insensible, avant de continuer : Tu baratines. T’es mignon toi, avec tes questions. C’est pas justement monsieur hier qui me disait de me mêler de mes affaires, que je n'avais pas besoin d’en savoir plus ?
Mais il avait raison. Il connaissait tout ça bien mieux qu’elle. Après tout, le Reike, La République, le Shoumei n’existaient même pas à l’époque de sa chute. Que connaissait-elle de leur manière de fonctionner ? On l’avait dit, si elle voulait survivre, il lui fallait s’adapter à ce nouveau Monde et affronter le terrible obstacle qu’était alors la bureaucratie moderne. Si ce n’était que ça… De quoi pouvait-elle sérieusement se plaindre ? De sa petite chambre, et de Berthe qui la muselait comme une gamine ? Risible. Elle n’avait jamais été aussi à l'abri de tout danger qu’à ce jour précis. Elle songea à tout le mal que lui avait valu ses malheureuses ailes ; à sa soeur—perdue à tout jamais, aux sévices —qu’il lui avait fallu endurer lors de sa capture, aux premières nuits passées sans ses ailes—au vide immense, incomblable que cela avait laissé en elle. À cette vie à laquelle elle avait été privée pendant toutes ces années. Et aujourd’hui, elle était là, vivante ; la peau frémissante sous la fraîcheur de cette matinée, jamais plus consciente d’elle-même—de son cœur qui battait tranquillement dans le creux de sa poitrine, de son ventre qui se soulevait doucement à chaque respiration, qui se crispait lorsqu’elle soufflait des narines, frustrée des questions qu’il lui posait. Des cicatrices, qui pulsaient dans son dos, refusant de se refermer. Elle se retourna pour le regarder. Lui aussi semblait avoir essuyé son lot de malheurs—inédits, probablement. Siame aurait peut-être dû éprouver quelconque peine à son encontre, mais l’idée même lui semblait parfaitement absurde. Non, en vérité, voir les cicatrices d’un autre lui était, d’une manière, réconfortant : de savoir que, ni lui, ni elle ne se débarrasseraient jamais de l'empreinte délétère que leur bourreau respectif avait un jour imprimé sur leur peau. C’était là, de toute manière, l’histoire de toute créature en ces lieux : un fleuve immense, plein de sang, de tragédies et de carnage. Ils étaient tous, à leur manière, des écorchés vifs.
Et cette nouvelle vie commençait peut-être par apprendre à faire de nouveau confiance : quand bien même ce monde l’avait suffisamment mis en garde.
— Ce sont les miennes. Je veux les récupérer.
Peut-être aurait-elle dû flairer le danger qu’il pouvait potentiellement représenter pour elle.
— Je ne pense pas qu’ils les ont, mais je pense qu’ils savent qui les a. Tout du moins, c’est ce que cette raclure a laissé entendre, hier, pendant que tu t’occupais de charcuter sa gamine… T’es vraiment un gros dégénéré, tu sais, elle l’avait dit, dans un petit sourire de connasse, moqueur, comme si ce n’était pas elle qui avait vicieusement foutu le “couteau” sous la gorge de la malheureuse.
— J’arrive, avait-elle murmuré du bout des lèvres à l’intention du gaillard, en refermant la fenêtre derrière elle.
Le temps d’une très rapide toilette, et de se changer. Une minute. Pas plus, promis… Elle avait hasardé un regard au miroir, avant de sortir. Son reflet lui était revenu en pleine gueule, comme une claque. Comment en était-elle arrivée là, sérieusement ? À quel moment s’était-elle transformée en jeune fille de bonne famille ? Loin, très loin les plastrons et armures lourdes tâchés de sang rouge et ancien—plus loin encore les robes monastiques noires, rêches, aux manches amples qui lui donnaient le sentiment d’avoir une seconde paire d’ailes. Tout ça lui semblait terriblement ordinaire. Et elle, se sentait affreusement insignifiante. Mais, contre toute attente, ce matin-ci, le sentiment ne lui fut pas si désagréable. Ce passage en République ne serait qu’éphémère avant qu’elle ne reprenne sa véritable sa route, alors, autant en profiter ? C’est certainement ce que Phèdre lui aurait dit… Elle réajuste sa robe impeccablement repassée (merci Berthe) sur son épaule, et quitte la chambre et s'engouffre dans l’escalier.
— Hep ! Où crois-tu courir comme ça, jeune fille ? La voix de Berthe s’élève tandis qu’elle passe devant l’encadrement de la cuisine.
Maria – une jolie rousse, qui serait, longtemps plus tard, épiée à sa fenêtre par une espèce d’immonde dégénéré – est attablée et fait mine de lire le journal, comme si elle n’avait pas cafté la veille. Peste. Elle s’occuperait de son cas plus tard. Berthe s'essuie les mains sur son tablier et vient peigner grossièrement les cheveux de l’Ange en arrière pour libérer son visage – comme une mère –, avant de lui claquer les fesses et de la pousser vers la sortie. “File ! Et fais attention.”
Siame avait cherché Mortifère quelques instants, jetant des regards de droite à gauche, avant de l'apercevoir à l’angle du pâté de maison. Son visage s’était illuminé, comme un navire perdu qui venait de trouver la direction d’un phare. Elle l’avait rejoint sans se presser, arborant un air faussement grave. Ils s’étaient enfoncés dans les rues, et bien que celles-ci ne soient pas bondées à l’occasion, les rares passants qu’ils croisèrent les dévisagèrent d’un air curieux. Ou plus tôt, dévisagèrent Mortifère d’un air étrange—comme si cette créature-là ne pouvait appartenir qu’à la nuit et n’avait rien à faire en plein jour. L'Ange, à côté, avait l’air de la parfaite petite pucelle, sage, discrète—parfaitement invisible. Elle avait le sentiment d’être le Petit Chaperon Rouge arpentant la forêt avec le loup à ses côtés.
La voix du gaillard s’était infléchie, pour se faire plus sérieuse, tandis qu’il lui expliquait une fois de plus, comment les choses fonctionnaient en République. Elle n’avait pas songé à toutes ces procédures à mettre en place dans ce genre de situations. L’attrait du garde dangereux était beaucoup moins séduisant quand il était enseveli de tout un tas de complications, formalités et paperasserie.
Elle s’était arrêtée pour le regarder, tandis qu’il déroulait encore le fil de sa réflexion. Il avait l’air un peu plus diligent que la veille, les effets de la drogue désormais calmés et après une nuit de sommeil. Siame sonda son visage, et songea à nouveau à la frénésie qui l’avait pris hier, alors qu’il était prêt à perforer la gamine sans plus de cérémonie pour récupérer ses fameux “inhibiteurs”. Tandis qu’il parlait, l’Ange s’était subrepticement rapprochée, laissant courir ses doigts sous le tissu de sa cape, à l’aveugle, cherchant les lanières de cuir dans lesquelles les multiples fioles étaient agrafées.
— Et si… Ah. Un léger sourire de satisfaction étira ses lèvres quand elle trouva enfin ce qu’elle cherchait. S’il possédait des inhibiteurs, il devait également posséder des stimulants. Admettons, par exemple, que l’une de tes “potions” soit malencontreusement tombée entre les mains d’une civile, et qu’elle en ait pris une petite – juste toute petite – goutte. Elle le murmurait, comme on lançait des baisers—ne pouvait définitivement pas s’empêcher de courir après la moindre miette de pouvoir : c’était plus fort qu’elle. Un accident est si vite arrivé… Tu n’aurais qu’à détourner les yeux, rien qu’une seconde. Pouf, envolée la civile, et le cabaret, lui réduit au néant. Aucune responsabilité à endosser pour toi, personne n’en saura rien.
Sa main s’était retirée en un éclair, aussi vite qu’il avait prononcé le mot “ailes”, et sa jolie frimousse s’était renfrognée. Elle plissait des yeux au fur et à mesure où il progressait (en faisant preuve du plus grand soin) dans ses explications.
— Ou alors j’imagine que je peux jouer la “victime innocente par excellence”, ouais. Il en arrivait finalement à sa conclusion. Elle scruta son visage, plongea ses yeux dans la prunelle arcanique qui venait de s’éveiller, avant de faire volte-face. T’as des miettes sur le coin de la bouche. C’est grotesque, ajouta-t-elle froidement, dans un battement de cils insensible, avant de continuer : Tu baratines. T’es mignon toi, avec tes questions. C’est pas justement monsieur hier qui me disait de me mêler de mes affaires, que je n'avais pas besoin d’en savoir plus ?
Mais il avait raison. Il connaissait tout ça bien mieux qu’elle. Après tout, le Reike, La République, le Shoumei n’existaient même pas à l’époque de sa chute. Que connaissait-elle de leur manière de fonctionner ? On l’avait dit, si elle voulait survivre, il lui fallait s’adapter à ce nouveau Monde et affronter le terrible obstacle qu’était alors la bureaucratie moderne. Si ce n’était que ça… De quoi pouvait-elle sérieusement se plaindre ? De sa petite chambre, et de Berthe qui la muselait comme une gamine ? Risible. Elle n’avait jamais été aussi à l'abri de tout danger qu’à ce jour précis. Elle songea à tout le mal que lui avait valu ses malheureuses ailes ; à sa soeur—perdue à tout jamais, aux sévices —qu’il lui avait fallu endurer lors de sa capture, aux premières nuits passées sans ses ailes—au vide immense, incomblable que cela avait laissé en elle. À cette vie à laquelle elle avait été privée pendant toutes ces années. Et aujourd’hui, elle était là, vivante ; la peau frémissante sous la fraîcheur de cette matinée, jamais plus consciente d’elle-même—de son cœur qui battait tranquillement dans le creux de sa poitrine, de son ventre qui se soulevait doucement à chaque respiration, qui se crispait lorsqu’elle soufflait des narines, frustrée des questions qu’il lui posait. Des cicatrices, qui pulsaient dans son dos, refusant de se refermer. Elle se retourna pour le regarder. Lui aussi semblait avoir essuyé son lot de malheurs—inédits, probablement. Siame aurait peut-être dû éprouver quelconque peine à son encontre, mais l’idée même lui semblait parfaitement absurde. Non, en vérité, voir les cicatrices d’un autre lui était, d’une manière, réconfortant : de savoir que, ni lui, ni elle ne se débarrasseraient jamais de l'empreinte délétère que leur bourreau respectif avait un jour imprimé sur leur peau. C’était là, de toute manière, l’histoire de toute créature en ces lieux : un fleuve immense, plein de sang, de tragédies et de carnage. Ils étaient tous, à leur manière, des écorchés vifs.
Et cette nouvelle vie commençait peut-être par apprendre à faire de nouveau confiance : quand bien même ce monde l’avait suffisamment mis en garde.
— Ce sont les miennes. Je veux les récupérer.
Peut-être aurait-elle dû flairer le danger qu’il pouvait potentiellement représenter pour elle.
— Je ne pense pas qu’ils les ont, mais je pense qu’ils savent qui les a. Tout du moins, c’est ce que cette raclure a laissé entendre, hier, pendant que tu t’occupais de charcuter sa gamine… T’es vraiment un gros dégénéré, tu sais, elle l’avait dit, dans un petit sourire de connasse, moqueur, comme si ce n’était pas elle qui avait vicieusement foutu le “couteau” sous la gorge de la malheureuse.
CENDRES
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Le passage des doigts effilés de la demoiselle sous sa cape avaient manqué d'arracher à Mortifère une grimace désapprobatrice. Peu amateur de ces contacts, il venait tout juste de se remémorer réellement l'appartenance de son vis-à-vis à la gent féminine et sentait venir le début d'une montée d'angoisse. Honteux à l'idée d'être impressionné tant par la beauté que par l'attitude subitement langoureuse de l'angélique demoiselle, le soldat s'était braqué net et en était presque venu à retenir intégralement son souffle jusqu'à ce que s'achève enfin le supplice de cette intrusion dans son uniforme. "Tu pourrais demander." avait-il manqué de dire avant d'être interrompu par une reprise du discours de Siame.
Décidée à le détrousser de toute forme d'élégance, elle avait ensuite procédé -non contente qu'elle était de l'avoir moqué pour ses vomissements du jour passé- à se gausser en pointant du doigts les quelques miettes de gâteau qui traînaient aux commissures de ses lèvres. Bien plus décontenancé par cette affirmation qu'il ne voulait bien l'admettre, il avait aussitôt porté un assortiment de griffes à sa bouche et s'était débarrassé des morceaux indésirables avec empressement puis avait baissé la tête pour s'assurer que ceux-ci aient bien achevé leur course au sol et non sur son veston.
Malgré la provocation, Siame consentit enfin à parler de la fameuse paire d'ailes faisant l'objet de tant de convoitises. Comme il l'avait escompté; elles lui appartenaient et s'il était curieux, Mortifère se gardait bien toutefois d'enfoncer le couteau dans la plaie en demandant à savoir par quel procédé -ou par qui- elles lui avaient été subtilisées. Déjà satisfait d'en apprendre un peu plus sur cette mystérieuse étrangère, il commençait à voir jaillir en lui de toutes nouvelles interrogations. Une Ange, donc une engeance titanesque, paumée en plein milieu du territoire républicain et créchant dans un foyer de jeunes filles en détresse ? Un tableau peu courant, doublé d'un profil qui suscitait lourdement la curiosité...
Un sourire aux lèvres, il ricana brièvement pour chasser son propre malaise et rétorqua :
"Tu m'as eu, je bluffais un peu sur ce coup là. T'es pas bête."
Passant globalement sur l'injure qu'elle venait de proférer quant au traitement qu'il avait réservé à la "pauvre" enfant du mafieux, probablement un esclavagiste notoire ainsi qu'un proxénète dont les filles ne devaient pas chérir leur fonction ni leurs conditions de travail... Se sentait il désolé d'avoir ainsi blessé cette demoiselle ? Pas le moins du monde. Mortifère ne vivait que pour le résultat et voyait dans cette manifestation de sadisme qu'un attrait en matière de communication. Fier avec les citoyens, impitoyable avec les criminels. Un crédo simple, dans l'idée.
"On m'a pas mis dans cet état pour me présenter aux présidentielles, pas vrai ?"
Conscient de l'horreur de sa condition, il ajouta sans sourciller :
"C'est aussi ça, le sale boulot. Il faut savoir montrer que la justice ne flanche pas face aux malfrats."
En causant, il réalisa qu'il avait un discours assez typique d'un type comme Pancrace. Loin de s'en offusquer particulièrement, il en rit intérieurement puis tâcha de se recentrer sur la conversation et d'offrir, dans la mesure du raisonnable, une maigre explication pour justifier son absence de contrepartie aux vérités énoncées par la jeune femme :
"La probable différence entre mes secrets et les tiens, c'est que ma survie dépend intégralement de mon aptitude à tenir ma langue. T'imagines bien qu'un matériel aussi atypique que le mien ne vient ni sans responsabilité, ni sans conséquence en cas d'incapacité à les assumer. Je t'ai dit que je bossais pour la République, que j'avais du galon et que je pouvais probablement t'aider à retrouver ce qu'on t'a volé. C'est déjà pas mal, non ?"
Puis il leva ses serres, qu'il fit claquer en émettant sciemment des arcs électriques émettant une lueur malsaine. Toujours relativement souriant, il ajouta presque narquoisement :
"Etre un dégénéré présente quelques avantages. Quand j'aurai chopé le porc qui t'a piqué tes ailes, je pourrai le faire chanter comme pas deux."
La foudre se tut et Mortifère tendit sa paume de métal encore chauffée à Siame, avant de conclure :
"Alors, t'es partante ?"
Décidée à le détrousser de toute forme d'élégance, elle avait ensuite procédé -non contente qu'elle était de l'avoir moqué pour ses vomissements du jour passé- à se gausser en pointant du doigts les quelques miettes de gâteau qui traînaient aux commissures de ses lèvres. Bien plus décontenancé par cette affirmation qu'il ne voulait bien l'admettre, il avait aussitôt porté un assortiment de griffes à sa bouche et s'était débarrassé des morceaux indésirables avec empressement puis avait baissé la tête pour s'assurer que ceux-ci aient bien achevé leur course au sol et non sur son veston.
Malgré la provocation, Siame consentit enfin à parler de la fameuse paire d'ailes faisant l'objet de tant de convoitises. Comme il l'avait escompté; elles lui appartenaient et s'il était curieux, Mortifère se gardait bien toutefois d'enfoncer le couteau dans la plaie en demandant à savoir par quel procédé -ou par qui- elles lui avaient été subtilisées. Déjà satisfait d'en apprendre un peu plus sur cette mystérieuse étrangère, il commençait à voir jaillir en lui de toutes nouvelles interrogations. Une Ange, donc une engeance titanesque, paumée en plein milieu du territoire républicain et créchant dans un foyer de jeunes filles en détresse ? Un tableau peu courant, doublé d'un profil qui suscitait lourdement la curiosité...
Un sourire aux lèvres, il ricana brièvement pour chasser son propre malaise et rétorqua :
"Tu m'as eu, je bluffais un peu sur ce coup là. T'es pas bête."
Passant globalement sur l'injure qu'elle venait de proférer quant au traitement qu'il avait réservé à la "pauvre" enfant du mafieux, probablement un esclavagiste notoire ainsi qu'un proxénète dont les filles ne devaient pas chérir leur fonction ni leurs conditions de travail... Se sentait il désolé d'avoir ainsi blessé cette demoiselle ? Pas le moins du monde. Mortifère ne vivait que pour le résultat et voyait dans cette manifestation de sadisme qu'un attrait en matière de communication. Fier avec les citoyens, impitoyable avec les criminels. Un crédo simple, dans l'idée.
"On m'a pas mis dans cet état pour me présenter aux présidentielles, pas vrai ?"
Conscient de l'horreur de sa condition, il ajouta sans sourciller :
"C'est aussi ça, le sale boulot. Il faut savoir montrer que la justice ne flanche pas face aux malfrats."
En causant, il réalisa qu'il avait un discours assez typique d'un type comme Pancrace. Loin de s'en offusquer particulièrement, il en rit intérieurement puis tâcha de se recentrer sur la conversation et d'offrir, dans la mesure du raisonnable, une maigre explication pour justifier son absence de contrepartie aux vérités énoncées par la jeune femme :
"La probable différence entre mes secrets et les tiens, c'est que ma survie dépend intégralement de mon aptitude à tenir ma langue. T'imagines bien qu'un matériel aussi atypique que le mien ne vient ni sans responsabilité, ni sans conséquence en cas d'incapacité à les assumer. Je t'ai dit que je bossais pour la République, que j'avais du galon et que je pouvais probablement t'aider à retrouver ce qu'on t'a volé. C'est déjà pas mal, non ?"
Puis il leva ses serres, qu'il fit claquer en émettant sciemment des arcs électriques émettant une lueur malsaine. Toujours relativement souriant, il ajouta presque narquoisement :
"Etre un dégénéré présente quelques avantages. Quand j'aurai chopé le porc qui t'a piqué tes ailes, je pourrai le faire chanter comme pas deux."
La foudre se tut et Mortifère tendit sa paume de métal encore chauffée à Siame, avant de conclure :
"Alors, t'es partante ?"
Prophétesse
Siame
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Ses deux pupilles en silex avaient considéré la main tendue l’espace d’une seconde, sans ciller. Ils étaient restés là, l’espace d’un instant, figés face à l’autre—lui, curieusement souriant ; elle, comme une biche prise dans les phares d’une bagnole. Quelque chose clochait. Il était trop avenant, n’avait pas émis la moindre mise en garde par rapport à ce qu’elle venait de lui révéler—pas la moindre mise en garde par rapport à sa condition, qu’il la plaçait pourtant comme ennemi numéro un du Sekaï. Il ne faisait que justifier ses propres secrets. Trop de blabla, pas assez de fond. En somme : un vrai politicien, malgré sa sale gueule, malgré ce qu’il se plaisait à dire. Une vague de perplexité s’était emparée d’elle. Oui. Il lui tendait cette main, et Siame ne pouvait que se remémorer le regard désapprobateur qu’il lui avait adressé quelques instants plus tôt, tandis qu’elle avait forcé leur proximité. Oh, il fallait certainement imaginer qu’à cette occasion, l’Ange s’était mise à sourire plus vicieusement, impérieusement, à la manière des enfants pas sages qui n’avaient aucunement l’intention de jouer selon les règles. Elle avait perçu la débandade générale, le désordre mécontent que cela avait provoqué chez lui. La crispation de sa mâchoire et le regard noir n’avaient certainement servi qu’à lui donner l’envie de débusquer les autres leviers de ses résistances—sans qu’elle n’ait alors la moindre idée qu’elle était en train de remuer le couteau dans un passé douloureux. C’était là une petite confidence – muette – qu’il venait de lui offrir… Car ce court échange lui avait surtout révélé une information essentielle : c’était la première fois depuis qu’ils s’étaient rencontrés que le gaillard manifestait véritablement son dégoût face au moindre contact.
Pourtant, il lui tendait désormais sa “main” avec une quiétude insolente dans le corps. Et tout ça éveillait chez elle de drôles d’instincts… Son corps à elle, s’était tendu tout entier, tandis qu’un frisson de mauvais augure hérissa sa nuque. Siame avait rétorqué par un sourire trompeusement innocent, qui s’était vite transformé… Ses yeux croisèrent les siens, une pointe de déception au fond du regard, sa confiance entièrement envolée et les portes de sa paranoïa désormais grandes ouvertes. Il lui semblait – depuis qu’elle l’avait rencontré – que leur entente s’était formée d’une facilité assez singulière, déconcertante presque. Et tout à coup, alors que la foudre pulsait encore à travers le métal de cette main dangereusement offerte, elle eut le sentiment que tout ça ne fut alors qu’une supercherie. Ses pensées furent alors balayées par un soufflement de narines.
— Quel dommage. Je commençais à bien t’aimer, tu sais ?
Elle avait haussé brièvement les épaules, dans une bravade nonchalante, avant qu’un fracas à leur droite ne vienne attirer leur attention. Un potier transportant sa marchandise venait de faire tomber son magot, et accompagnait son malheur d’un chapelet de jurons. Juste le temps pour Siame de faire un pas en arrière. Un second. Le temps a paru se dilater… Et il était fort plausible que l’Ange ait profité de cette occasion pour s’envoler—un ultime regard adressé à Mortifère avant de disparaître à l’intersection d’une rue. Il était tout aussi probable que la connasse en ait profité pour lui subtiliser l’une ou l’autre de ses précieuses fioles…
Elle s’était mise à courir, jusqu’à arriver sur une vaste place sur laquelle un petit marché s’annonçait—sur laquelle une petite foule commençait à se former. Un type à la bedaine généreuse, bouffie d’orgueil, traversa sur son passage et Siame le bouscula sans s’émouvoir plus que ça. Elle lui marche sur le pied ; Il l’insulte copieusement ; elle lui rend la politesse. Des grappes de républicains se confondaient désormais devant les étales, et l’Ange finit par s’arrêter pour se retourner en direction de la petite ruelle sombre d’où elle avait déboulé. Son regard croisa celui du cerbère, le cajolant d’un sourire moqueusement victorieux, tirant autant d’amusement que de vanité de la situation. Tant qu’elle est dans la foule, tant qu’elle est entourée, il ne lui fera rien. Elle lève une main dans sa direction, replie tous ses doigts… sauf un. Sa seconde main jouait autour de la petite fiole, avec laquelle elle jongla un instant, avant de se laisser engloutir par la foule. Évidemment, elle aurait pu s’enfuir en toute discrétion, mais quel manque de réjouissance cela aurait été ? À l’ombre d’une fontaine, au centre de la place, elle s’arrêta, reprenant un peu de contenance. Son regard se posa sur la fiole.
— Bon, comment ça fonctionne, mumura-t-elle pour elle-même.
Quel genre de risques prenait-elle ? Elle n’en avait, à l'occasion, pas la moindre idée. À vrai dire, elle aurait probablement dû se questionner davantage sur les répercussions de sa petite incartade auprès de Mortifère. Un vent vint lui caresser fugacement les joues, comme le prélude d’une claque offerte à son sens absolument désastreux des conséquences. Mais maintenant qu’elle en était là, la seule chose que l’on aurait pu lui reprocher, c’est de ne pas aller au bout de ses idées, n’est-ce pas ?..
Pourtant, il lui tendait désormais sa “main” avec une quiétude insolente dans le corps. Et tout ça éveillait chez elle de drôles d’instincts… Son corps à elle, s’était tendu tout entier, tandis qu’un frisson de mauvais augure hérissa sa nuque. Siame avait rétorqué par un sourire trompeusement innocent, qui s’était vite transformé… Ses yeux croisèrent les siens, une pointe de déception au fond du regard, sa confiance entièrement envolée et les portes de sa paranoïa désormais grandes ouvertes. Il lui semblait – depuis qu’elle l’avait rencontré – que leur entente s’était formée d’une facilité assez singulière, déconcertante presque. Et tout à coup, alors que la foudre pulsait encore à travers le métal de cette main dangereusement offerte, elle eut le sentiment que tout ça ne fut alors qu’une supercherie. Ses pensées furent alors balayées par un soufflement de narines.
— Quel dommage. Je commençais à bien t’aimer, tu sais ?
Elle avait haussé brièvement les épaules, dans une bravade nonchalante, avant qu’un fracas à leur droite ne vienne attirer leur attention. Un potier transportant sa marchandise venait de faire tomber son magot, et accompagnait son malheur d’un chapelet de jurons. Juste le temps pour Siame de faire un pas en arrière. Un second. Le temps a paru se dilater… Et il était fort plausible que l’Ange ait profité de cette occasion pour s’envoler—un ultime regard adressé à Mortifère avant de disparaître à l’intersection d’une rue. Il était tout aussi probable que la connasse en ait profité pour lui subtiliser l’une ou l’autre de ses précieuses fioles…
Elle s’était mise à courir, jusqu’à arriver sur une vaste place sur laquelle un petit marché s’annonçait—sur laquelle une petite foule commençait à se former. Un type à la bedaine généreuse, bouffie d’orgueil, traversa sur son passage et Siame le bouscula sans s’émouvoir plus que ça. Elle lui marche sur le pied ; Il l’insulte copieusement ; elle lui rend la politesse. Des grappes de républicains se confondaient désormais devant les étales, et l’Ange finit par s’arrêter pour se retourner en direction de la petite ruelle sombre d’où elle avait déboulé. Son regard croisa celui du cerbère, le cajolant d’un sourire moqueusement victorieux, tirant autant d’amusement que de vanité de la situation. Tant qu’elle est dans la foule, tant qu’elle est entourée, il ne lui fera rien. Elle lève une main dans sa direction, replie tous ses doigts… sauf un. Sa seconde main jouait autour de la petite fiole, avec laquelle elle jongla un instant, avant de se laisser engloutir par la foule. Évidemment, elle aurait pu s’enfuir en toute discrétion, mais quel manque de réjouissance cela aurait été ? À l’ombre d’une fontaine, au centre de la place, elle s’arrêta, reprenant un peu de contenance. Son regard se posa sur la fiole.
— Bon, comment ça fonctionne, mumura-t-elle pour elle-même.
Quel genre de risques prenait-elle ? Elle n’en avait, à l'occasion, pas la moindre idée. À vrai dire, elle aurait probablement dû se questionner davantage sur les répercussions de sa petite incartade auprès de Mortifère. Un vent vint lui caresser fugacement les joues, comme le prélude d’une claque offerte à son sens absolument désastreux des conséquences. Mais maintenant qu’elle en était là, la seule chose que l’on aurait pu lui reprocher, c’est de ne pas aller au bout de ses idées, n’est-ce pas ?..
CENDRES
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
Messages : 208
crédits : 591
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
"Mais que..."
Après le fracas du pot de fleur rencontrant inopinément les pavés, Mortifère lâcha la demoiselle du regard et ce fut une opportunité qu'elle vint saisir, contre toute attente, pour se carapater à toute allure. Profondément confus, le soldat tenta de recoller les morceaux afin d'établir les éventuelles motivations d'une telle escapade et s'il en fit l'effort un bref instant tout en restant planté là comme une andouille, il réalisa bien vite que rattraper l'ange -sans ailes- était probablement bien plus simple que d'essayer de démêler le cheminement mental d'une femme qu'il ne connaissait qu'à peine et qui, de surcroît, était d'ascendance céleste et donc ô combien éloignée de sa pauvre psyché humaine.
Plus agacé que réellement en proie à un quelconque élan de rage, Mortifère s'élança sans conviction à la poursuite de Siame; découvrant à son plus grand désarroi que s'ils avaient profité dans la ruelle où ils avaient conservé d'une relative tranquillité, les allées suivantes étaient bien plus lourdement fréquentées. Dépassant d'une tête ou deux la plupart des badauds, le Cerbère fendit la foule en écartant de par sa simple aura la plupart des obstacles humains mais quelques gaillards moins dégourdis que la moyenne restèrent tout de même sur sa route, le contraignant à les repousser avec une politesse discutable.
Contrairement à Siame, il n'essuya dans la manœuvre que bien peu d'injures; sa stature couplée à son attirail cauchemardesque lui conférant au moins pour atout d'effrayer les plus grincheux à défaut de mieux. Voilà qu'il retrouvait la fuyarde qui, visiblement, s'amusait comme une petite folle en manipulant un produit alchimique dont l'importance -et surtout le prix- ne paraissaient pas l'inquiéter le moins du monde. Non loin d'une fontaine, à la vue de tous, elle se savait protégée par la foule.
Tendant timidement une main en avant tout en maintenant avec la demoiselle une distance respectable afin d'éviter de l'encourager à faire une ânerie; Mortifère tâcha d'exprimer le sérieux de la situation sans causer trop fort afin de ne pas attirer inutilement l'attention d'un trop grand nombre de curieux :
"Siame, je sais pas ce que tu fous mais..."
Un type passa entre eux avec une caisse de victuailles, interrompant le discours du militaire tout en le forçant à reculer d'un pas. Ne détournant son regard de la jeune femme qu'une poignée de secondes, il lui accorda à nouveau une œillade pour le moins patibulaire avant de reprendre tout en serrant instinctivement la mâchoire :
"...ce que tu tiens dans tes doigts est une solution stable, mais dont l'ingestion par quiconque pourrait avoir des conséquences désastreuses. J'en maîtrise le pouvoir uniquement parce que j'y ai été longuement entraîné alors s'il-te-plait, arrête des bêtises et..."
Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche. Ses facultés d'analyse lui revenaient, malgré la frustration et la tension ambiante. Mauvais angle d'attaque, ton inadapté au contexte ainsi qu'à son interlocutrice... Du genre audacieuse, sans-gêne, pas polie pour un sou; elle avait l'air d'avoir un compte à régler avec le concept d'autorité. Remettre ses choix en causes aussi ouvertement en la traitant indirectement d'imbécile risquait d'alimenter un brasier insoupçonné plutôt que de l'apaiser. D'un autre côté, elle donnait également l'air de prendre l'ascendant sur tout individu commettant l'erreur du lui laisser du mou et lorsqu'elle trouvait une corde à tirer quelque part, elle l'agrippait à pleines mains. Peut-être valait il mieux se montrer ferme plutôt que docile.
C'était cornélien, alors l'instinct allait parler :
"Je sais pas ce que j'ai fait pour te vexer, mais si j'ai fait ou dit une connerie, je m'excuse. Je te dois une fière chandelle et je veux t'aider à retrouver ce qui t'appartient pour honorer ma dette envers toi, rien de plus. Si tu préfères que je te lâche la grappe et que je t'oublie, c'est d'accord, mais rend moi ma fiole."
Il avait tout de même un bien vilain pressentiment.
Après le fracas du pot de fleur rencontrant inopinément les pavés, Mortifère lâcha la demoiselle du regard et ce fut une opportunité qu'elle vint saisir, contre toute attente, pour se carapater à toute allure. Profondément confus, le soldat tenta de recoller les morceaux afin d'établir les éventuelles motivations d'une telle escapade et s'il en fit l'effort un bref instant tout en restant planté là comme une andouille, il réalisa bien vite que rattraper l'ange -sans ailes- était probablement bien plus simple que d'essayer de démêler le cheminement mental d'une femme qu'il ne connaissait qu'à peine et qui, de surcroît, était d'ascendance céleste et donc ô combien éloignée de sa pauvre psyché humaine.
Plus agacé que réellement en proie à un quelconque élan de rage, Mortifère s'élança sans conviction à la poursuite de Siame; découvrant à son plus grand désarroi que s'ils avaient profité dans la ruelle où ils avaient conservé d'une relative tranquillité, les allées suivantes étaient bien plus lourdement fréquentées. Dépassant d'une tête ou deux la plupart des badauds, le Cerbère fendit la foule en écartant de par sa simple aura la plupart des obstacles humains mais quelques gaillards moins dégourdis que la moyenne restèrent tout de même sur sa route, le contraignant à les repousser avec une politesse discutable.
Contrairement à Siame, il n'essuya dans la manœuvre que bien peu d'injures; sa stature couplée à son attirail cauchemardesque lui conférant au moins pour atout d'effrayer les plus grincheux à défaut de mieux. Voilà qu'il retrouvait la fuyarde qui, visiblement, s'amusait comme une petite folle en manipulant un produit alchimique dont l'importance -et surtout le prix- ne paraissaient pas l'inquiéter le moins du monde. Non loin d'une fontaine, à la vue de tous, elle se savait protégée par la foule.
Tendant timidement une main en avant tout en maintenant avec la demoiselle une distance respectable afin d'éviter de l'encourager à faire une ânerie; Mortifère tâcha d'exprimer le sérieux de la situation sans causer trop fort afin de ne pas attirer inutilement l'attention d'un trop grand nombre de curieux :
"Siame, je sais pas ce que tu fous mais..."
Un type passa entre eux avec une caisse de victuailles, interrompant le discours du militaire tout en le forçant à reculer d'un pas. Ne détournant son regard de la jeune femme qu'une poignée de secondes, il lui accorda à nouveau une œillade pour le moins patibulaire avant de reprendre tout en serrant instinctivement la mâchoire :
"...ce que tu tiens dans tes doigts est une solution stable, mais dont l'ingestion par quiconque pourrait avoir des conséquences désastreuses. J'en maîtrise le pouvoir uniquement parce que j'y ai été longuement entraîné alors s'il-te-plait, arrête des bêtises et..."
Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche. Ses facultés d'analyse lui revenaient, malgré la frustration et la tension ambiante. Mauvais angle d'attaque, ton inadapté au contexte ainsi qu'à son interlocutrice... Du genre audacieuse, sans-gêne, pas polie pour un sou; elle avait l'air d'avoir un compte à régler avec le concept d'autorité. Remettre ses choix en causes aussi ouvertement en la traitant indirectement d'imbécile risquait d'alimenter un brasier insoupçonné plutôt que de l'apaiser. D'un autre côté, elle donnait également l'air de prendre l'ascendant sur tout individu commettant l'erreur du lui laisser du mou et lorsqu'elle trouvait une corde à tirer quelque part, elle l'agrippait à pleines mains. Peut-être valait il mieux se montrer ferme plutôt que docile.
C'était cornélien, alors l'instinct allait parler :
"Je sais pas ce que j'ai fait pour te vexer, mais si j'ai fait ou dit une connerie, je m'excuse. Je te dois une fière chandelle et je veux t'aider à retrouver ce qui t'appartient pour honorer ma dette envers toi, rien de plus. Si tu préfères que je te lâche la grappe et que je t'oublie, c'est d'accord, mais rend moi ma fiole."
Il avait tout de même un bien vilain pressentiment.
Prophétesse
Siame
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
Elle ne répond pas. Pas immédiatement, mais ses yeux scrutent avidement les moindres détails du visage de Mortifère, de son œil artificiel à la crispation de sa mâchoire. Sur les malheureux traits du Cerbère, rien de plus, rien de moins que de la frustration—et curieusement, la chose semble apaiser l’Ange, pour un temps. Il campe sur ses appuis, et elle y trouve une forme de soulagement. Ses yeux se baissent sur la fiole dérobée qu’elle tient encore entre ses mains, avant de les relever et d’accrocher le regard de son vis-à-vis. Comme si elle cherchait à y déceler quelconque trace de tromperie ou de mensonge. L’importance qu’il accorde à ce pouvoir liquide n’est pas feinte, pour ça, elle en est certaine. Elle aussi crève de l’envie de s’en injecter les veines, pour peu qu’elle retrouve un semblant de celle qu’elle a un jour été…
Parce que, parfois, la chose n’était pas beaucoup plus compliquée que ça. Siame est une Ange, la plupart du temps. Mais des fois, comme là, elle est juste une femme. Une calamité qu’il faudrait certainement mieux enfermer pour le bien de ce Monde—ou qui devrait se souvenir qu’il existe des situations où le cran, l’arrogance ne servent pas à grand-chose. Que parfois, cela vous mène tout droit dans une petite cellule sombre dans laquelle on vous enferme jusqu'à ce qu'on en ait assez de voir votre gueule ou que vous perdiez l’habitude de vous rebeller.
— On m’a vendu la République comme le berceau d’une nouvelle vie, pour peu que j’adopte une nouvelle identité… Il paraît que les commissionnaires de la lutte contre les Titans sont partout, qu’ils poussent comme du chardon dans tout le Sekaï depuis la guerre. Maintenant que tu sais, je n’avais pas d’autres choix que de me méfier. Elle s’humecte les lèvres pour le dire. Mais c’est ma faute. J'aurais dû la fermer.
Autour d’eux, les passants traversent sans vraiment les voir et si Mortifère ne semble pas perturbé par la foule—Siame vit cette agitation étouffante comme une fourmi écrasée sous le poids d’un fardeau trop gros pour elle. Tout comme l’ordre établi – dont on a un jour matraqué le soldat qui se tient devant elle pour faire fuir de lui toute forme de volonté propre – lui semble affreusement oppressant.
— Je ne sais pas comment tu fais. Je déteste ce Monde de fous.
Qu’elle dit, comme si elle avait été la plus saine de tous, dans cette histoire. Siame conserverait toujours un léger esprit d’indiscipline, parce que sa Mère avait bien dû oublier de tout bien verrouiller à sa Création. C’était comme si elle s’était trompée, dans la recette. L’Ange avait appris à cracher dès ses premiers jours sur le Sekaï—elle flirtait mieux l’hostilité et les choix hasardeux que la docilité et l’obéissance. Ses doigts pianotent sur la fiole.
— Mais t’as raison : la vérité, c'est que j’y comprends rien.
L’Ange connaissait le pouvoir divin, plus vieux que le silence des tombes—un pouvoir qui se terre dans l’ombre de légendes lointaines, qui se manifeste en éclat de lumière et en tonnerre de rage. Une forme de sorcellerie qui se faufile dans les plis du temps, qu’on incante en prononçant des vers ou au détour de sacrifices sanglants, de serments prêtés en se piquant le doigt et en se signant le cœur. De ce pouvoir, n’en restait que le vestige des jours où les Titans étaient encore jeunes, sauvages et stupides : des jours où ils se disputaient encore avec vanité des miettes de cet univers. Mais l’Ange ne connaissait rien à cette puissance née de l’esprit torturé des Hommes, enfantée dans des laboratoires froids où leur effrayante ambition se mêlait à l’arrogance. Pas de mythes, pas de sortilèges, pas de forces invisibles qui faisaient autrefois trembler l’Homme. Juste du pouvoir en conserve, juste des Hommes pour le manier : comme un tient un scalpel. Précisément. Chirurgicalement. Loin des raz-de-marée de rage et de destruction dans lesquels elle se sentait si parfaitement à sa place. L’ironie tragique de leur propre humanité—de tout ce pourquoi elle les enviait en secret.
Un écho métallique la ramène à Mortifère. À lui et sa vie changée en cauchemar. À ce con et merde—merde parce qu’elle a envie de lui faire confiance, après tout. Il a raison. De ce pouvoir-là, elle n’en voulait pas. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle avait été chiée de la rage et de la violence des tempêtes—avait été dessinée pour guider et punir ce Monde ingrat. Pas pour jouer les victimes éplorées, pas pour suivre les consignes de sécurité, les procédures étouffantes… hein ? Elle ravale malgré elle sa propre frustration et la honte poisseuse de devoir se faire petite et moins.
— Adeline Montrose. Traductrice réfugiée de Shoumei. C’est l’identité que j’ai donnée à Berthe pour louer la chambre. C’est l’identité que je donne, normalement, depuis que je suis ici. C'est celle qu'elle aurait dû lui donner, manque-t-elle de dire. Elle hausse brièvement les épaules. J’imagine qu’Adeline pourrait bien avoir besoin d’un petit complément de salaire pour arrondir les fins de mois. Ça ne devrait pas être trop compliqué de se faire embaucher comme serveuse au cabaret...
Il lui suffirait de se teindre les cheveux, ou un truc comme ça, pour éviter de se faire reconnaître. Cette gueule de raie de Marie pourrait probablement l’aider, pour avoir cafté.
— Qu’est-ce que t’en penses ?
Elle mange la distance entre eux, vient replacer tranquillement la fiole dans le support en cuir de son uniforme. En gage de paix et en toute innocence, par-dessus le marché.
— Me laisse pas tomber, Mortifère. Ou je brûlerais moi-même ce foutu cabaret et il te faudra venir m’foutre en taule pour l’avoir fait.
On ne sait pas trop s’il s’agit alors d’une menace, d’une supplication ou la confidence pénible de s'avouer perdue. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne croise pas vraiment son regard en le disant.
Parce que, parfois, la chose n’était pas beaucoup plus compliquée que ça. Siame est une Ange, la plupart du temps. Mais des fois, comme là, elle est juste une femme. Une calamité qu’il faudrait certainement mieux enfermer pour le bien de ce Monde—ou qui devrait se souvenir qu’il existe des situations où le cran, l’arrogance ne servent pas à grand-chose. Que parfois, cela vous mène tout droit dans une petite cellule sombre dans laquelle on vous enferme jusqu'à ce qu'on en ait assez de voir votre gueule ou que vous perdiez l’habitude de vous rebeller.
— On m’a vendu la République comme le berceau d’une nouvelle vie, pour peu que j’adopte une nouvelle identité… Il paraît que les commissionnaires de la lutte contre les Titans sont partout, qu’ils poussent comme du chardon dans tout le Sekaï depuis la guerre. Maintenant que tu sais, je n’avais pas d’autres choix que de me méfier. Elle s’humecte les lèvres pour le dire. Mais c’est ma faute. J'aurais dû la fermer.
Autour d’eux, les passants traversent sans vraiment les voir et si Mortifère ne semble pas perturbé par la foule—Siame vit cette agitation étouffante comme une fourmi écrasée sous le poids d’un fardeau trop gros pour elle. Tout comme l’ordre établi – dont on a un jour matraqué le soldat qui se tient devant elle pour faire fuir de lui toute forme de volonté propre – lui semble affreusement oppressant.
— Je ne sais pas comment tu fais. Je déteste ce Monde de fous.
Qu’elle dit, comme si elle avait été la plus saine de tous, dans cette histoire. Siame conserverait toujours un léger esprit d’indiscipline, parce que sa Mère avait bien dû oublier de tout bien verrouiller à sa Création. C’était comme si elle s’était trompée, dans la recette. L’Ange avait appris à cracher dès ses premiers jours sur le Sekaï—elle flirtait mieux l’hostilité et les choix hasardeux que la docilité et l’obéissance. Ses doigts pianotent sur la fiole.
— Mais t’as raison : la vérité, c'est que j’y comprends rien.
L’Ange connaissait le pouvoir divin, plus vieux que le silence des tombes—un pouvoir qui se terre dans l’ombre de légendes lointaines, qui se manifeste en éclat de lumière et en tonnerre de rage. Une forme de sorcellerie qui se faufile dans les plis du temps, qu’on incante en prononçant des vers ou au détour de sacrifices sanglants, de serments prêtés en se piquant le doigt et en se signant le cœur. De ce pouvoir, n’en restait que le vestige des jours où les Titans étaient encore jeunes, sauvages et stupides : des jours où ils se disputaient encore avec vanité des miettes de cet univers. Mais l’Ange ne connaissait rien à cette puissance née de l’esprit torturé des Hommes, enfantée dans des laboratoires froids où leur effrayante ambition se mêlait à l’arrogance. Pas de mythes, pas de sortilèges, pas de forces invisibles qui faisaient autrefois trembler l’Homme. Juste du pouvoir en conserve, juste des Hommes pour le manier : comme un tient un scalpel. Précisément. Chirurgicalement. Loin des raz-de-marée de rage et de destruction dans lesquels elle se sentait si parfaitement à sa place. L’ironie tragique de leur propre humanité—de tout ce pourquoi elle les enviait en secret.
Un écho métallique la ramène à Mortifère. À lui et sa vie changée en cauchemar. À ce con et merde—merde parce qu’elle a envie de lui faire confiance, après tout. Il a raison. De ce pouvoir-là, elle n’en voulait pas. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle avait été chiée de la rage et de la violence des tempêtes—avait été dessinée pour guider et punir ce Monde ingrat. Pas pour jouer les victimes éplorées, pas pour suivre les consignes de sécurité, les procédures étouffantes… hein ? Elle ravale malgré elle sa propre frustration et la honte poisseuse de devoir se faire petite et moins.
— Adeline Montrose. Traductrice réfugiée de Shoumei. C’est l’identité que j’ai donnée à Berthe pour louer la chambre. C’est l’identité que je donne, normalement, depuis que je suis ici. C'est celle qu'elle aurait dû lui donner, manque-t-elle de dire. Elle hausse brièvement les épaules. J’imagine qu’Adeline pourrait bien avoir besoin d’un petit complément de salaire pour arrondir les fins de mois. Ça ne devrait pas être trop compliqué de se faire embaucher comme serveuse au cabaret...
Il lui suffirait de se teindre les cheveux, ou un truc comme ça, pour éviter de se faire reconnaître. Cette gueule de raie de Marie pourrait probablement l’aider, pour avoir cafté.
— Qu’est-ce que t’en penses ?
Elle mange la distance entre eux, vient replacer tranquillement la fiole dans le support en cuir de son uniforme. En gage de paix et en toute innocence, par-dessus le marché.
— Me laisse pas tomber, Mortifère. Ou je brûlerais moi-même ce foutu cabaret et il te faudra venir m’foutre en taule pour l’avoir fait.
On ne sait pas trop s’il s’agit alors d’une menace, d’une supplication ou la confidence pénible de s'avouer perdue. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne croise pas vraiment son regard en le disant.
- Spoiler:
CENDRES
Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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crédits : 591
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Le soldat laissa l'Ange redéposer la fiole là où elle devait se trouver et s'il n'en laissa rien paraître, il fut grandement soulagé de la voir retrouver la raison bien qu'il n'apprécie que peu le contact encore une fois non sollicité. Les badauds, trop occupés sans doute à se concentrer sur leurs vies de fourmis pour en avoir quelque chose à faire; n'adressèrent au duo que d'occasionnels regards et s'en désintéressèrent plus vite qu'on ne s'y serait attendu. Passablement indifférent aux anecdotiques œillades qu'il essuyait, Mortifère répondit donc avec un calme retrouvé :
"J'en pense que bosser avec moi, c'est l'alternative idéale pour toi."
Ils se remirent en route, choisissant par un silencieux accord de faire un brin de chemin ensemble. Le soldat marchait en regardant droit devant lui et tâchait au mieux d'éviter d'aborder maladroitement le sujet du coup de sang que venait de lui faire subir la demoiselle. Il était évident qu'une telle tendance à l'explosion était révélatrice d'aspects fondamentaux de ce qui la constituait en tant que personne. Lui aussi avait connu, dans ses nombreux instants de perdition, l'étreinte de cet insidieux venin qu'était le doute.
"J'imagine que t'as vraiment dû en baver."
Le silence s'était fait relativement longuet et Mortifère sentit immédiatement qu'il l'avait rompu d'une manière un poil abrupte, sans compter qu'il venait de bafouiller pour ne rien dire de neuf. Passablement mal à l'aise, il fit mine de s'intéresser à une patrouille d'officiers républicains qui flânait tranquillement en donnant l'impression de bosser au peuple. Son regard porté sur ses confrères, il enchaîna pour ne pas laisser la conversation en suspens inutilement :
"Je n'ai pas eu le privilège d'une existence tranquille, mais j'ai pas besoin de cacher ce que je suis au monde entier. J'sais pas si je ferais long feu, à ta place."
Pas de réponse immédiate. Logique, c'était fichtrement mal formulé. Il se ravisa et corrigea le tir au mieux, en détournant cette fois-ci ses yeux des Hommes de loi pour venir reporter son attention sur la demoiselle à ses côtés :
"J'essaie pas de t'abîmer le moral hein, je veux juste dire que j'te trouve... courageuse. Je suppose."
Il implorait les cieux pour que quelqu'un lui décoche un bon crochet dans la mâchoire et qu'il retombe dans l'inconscience. Il y avait bien cinquante plats dans lesquels il pouvait coller ses pieds, mais il avait l'impression de le faire exprès. Siame ne donnait pas l'impression de vouloir qu'on la plaigne, encore moins qu'on la prenne en pitié. Il n'était plus maladroit à ce stade, mais complètement débile. Se maudissant intérieurement, il se racla la gorge pour écarter le potentiel malaise et retourna en terrain conquis :
"Le coup de l'identité d'emprunt, ça fonctionnera. Les shoumeïens arrivent de partout et les registres sont tenus quand on a le temps et l'envie; donc pas souvent. On en arrive à un point où quelqu'un peut facilement se construire un personnage pour se glisser dans sa peau, à condition d'avoir un coup de pouce. Ca, je peux faire."
Loin de la prendre pour une idiote, il savait que les procédures républicaines pouvaient échapper aux étrangers. Siame ayant laissé sous-entendre qu'elle comprenait à peine le monde qui l'entourait, le militaire devinait qu'elle allait avoir bien du mal à se planquer convenablement et comptait bien jouer de ses relations pour éviter de la laisser en plan :
"Tu peux trouver un boulot médiocre sans t'emmerder avec la paperasse mais si tu veux travailler ailleurs que dans un coin pourri un jour, il va falloir qu'on fasse de toi une républicaine à part entière. Les enclos à jeunes pouliches, ça va cinq minutes; mais j'imagine que tu cracherais pas sur un peu plus de confort. Tu pourrais avoir un truc à toi, quelque chose qui te permettrait de... te sentir à ta place, tu vois ?"
Le regard qu'il lui accordait se fit plus chaleureux et surtout, bienveillant :
"Je suis pas du genre à faire des promesses en l'air, Siame. Le cabaret va pas brûler, mais ce sera tout comme. On grattera les murs, les bords, le plancher et le fond du fion du propriétaire. Si tes ailes sont dans le coin, on les trouvera. 'Faut juste que tu me fasses confiance, que tu me laisses un peu de temps et tu verras que je vais tout arranger."
"J'en pense que bosser avec moi, c'est l'alternative idéale pour toi."
Ils se remirent en route, choisissant par un silencieux accord de faire un brin de chemin ensemble. Le soldat marchait en regardant droit devant lui et tâchait au mieux d'éviter d'aborder maladroitement le sujet du coup de sang que venait de lui faire subir la demoiselle. Il était évident qu'une telle tendance à l'explosion était révélatrice d'aspects fondamentaux de ce qui la constituait en tant que personne. Lui aussi avait connu, dans ses nombreux instants de perdition, l'étreinte de cet insidieux venin qu'était le doute.
"J'imagine que t'as vraiment dû en baver."
Le silence s'était fait relativement longuet et Mortifère sentit immédiatement qu'il l'avait rompu d'une manière un poil abrupte, sans compter qu'il venait de bafouiller pour ne rien dire de neuf. Passablement mal à l'aise, il fit mine de s'intéresser à une patrouille d'officiers républicains qui flânait tranquillement en donnant l'impression de bosser au peuple. Son regard porté sur ses confrères, il enchaîna pour ne pas laisser la conversation en suspens inutilement :
"Je n'ai pas eu le privilège d'une existence tranquille, mais j'ai pas besoin de cacher ce que je suis au monde entier. J'sais pas si je ferais long feu, à ta place."
Pas de réponse immédiate. Logique, c'était fichtrement mal formulé. Il se ravisa et corrigea le tir au mieux, en détournant cette fois-ci ses yeux des Hommes de loi pour venir reporter son attention sur la demoiselle à ses côtés :
"J'essaie pas de t'abîmer le moral hein, je veux juste dire que j'te trouve... courageuse. Je suppose."
Il implorait les cieux pour que quelqu'un lui décoche un bon crochet dans la mâchoire et qu'il retombe dans l'inconscience. Il y avait bien cinquante plats dans lesquels il pouvait coller ses pieds, mais il avait l'impression de le faire exprès. Siame ne donnait pas l'impression de vouloir qu'on la plaigne, encore moins qu'on la prenne en pitié. Il n'était plus maladroit à ce stade, mais complètement débile. Se maudissant intérieurement, il se racla la gorge pour écarter le potentiel malaise et retourna en terrain conquis :
"Le coup de l'identité d'emprunt, ça fonctionnera. Les shoumeïens arrivent de partout et les registres sont tenus quand on a le temps et l'envie; donc pas souvent. On en arrive à un point où quelqu'un peut facilement se construire un personnage pour se glisser dans sa peau, à condition d'avoir un coup de pouce. Ca, je peux faire."
Loin de la prendre pour une idiote, il savait que les procédures républicaines pouvaient échapper aux étrangers. Siame ayant laissé sous-entendre qu'elle comprenait à peine le monde qui l'entourait, le militaire devinait qu'elle allait avoir bien du mal à se planquer convenablement et comptait bien jouer de ses relations pour éviter de la laisser en plan :
"Tu peux trouver un boulot médiocre sans t'emmerder avec la paperasse mais si tu veux travailler ailleurs que dans un coin pourri un jour, il va falloir qu'on fasse de toi une républicaine à part entière. Les enclos à jeunes pouliches, ça va cinq minutes; mais j'imagine que tu cracherais pas sur un peu plus de confort. Tu pourrais avoir un truc à toi, quelque chose qui te permettrait de... te sentir à ta place, tu vois ?"
Le regard qu'il lui accordait se fit plus chaleureux et surtout, bienveillant :
"Je suis pas du genre à faire des promesses en l'air, Siame. Le cabaret va pas brûler, mais ce sera tout comme. On grattera les murs, les bords, le plancher et le fond du fion du propriétaire. Si tes ailes sont dans le coin, on les trouvera. 'Faut juste que tu me fasses confiance, que tu me laisses un peu de temps et tu verras que je vais tout arranger."
Prophétesse
Siame
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crédits : 1365
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Info personnage
Race: Ange
Vocation: Mage soutien
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Cardinal
Siame y avait cru. Elle y avait cru.
Pourquoi ? Elle n’était pas certaine. Peut-être simplement car elle n’avait pas eu d’autres choix que d’accorder sa confiance à quelqu’un qui connaissait mieux ce nouveau Monde. Et puis, elle avait certainement espéré…
Alors, après sa conversation avec Mortifère, elle avait attendu. Un jour, puis deux, puis trois. Elle avait compté jusqu’au septième. Parce que rien n’est jamais vraiment complet sans le sept. On l’avait vu patienter, assise près de la fenêtre, les genoux repliés contre sa poitrine, et l’absence cruelle du poids de ses ailes dans son dos. Sa tête se relevait au moindre bruit dans la rue, au claquement métallique de la plaque d'égout mal installée, ou lorsqu’elle pensait apercevoir la silhouette imposante du Cerbère au coin de la rue.
“Je suis pas du genre à faire des promesses en l’air, Siame.” L’Ange l’avait regardé dans le fond des yeux, ce jour-là, méfiante, à son habitude. Puis, elle avait hésité, un moment, et son regard avait fini par s’adoucir. “Faut juste que tu me fasses confiance, que tu me laisses un peu de temps et tu verras que je vais tout arranger.” Et aussi simplement que ça, comme la Première des Idiotes, elle était tombée dans le piège. Parce qu’il parlait avec une certitude dénuée de pédanterie, qu’il connaissait ce Monde et ses travers certainement mieux que personne et Siame avait fini par mettre de côté sa méfiance. Après tout, il l’avait sauvé, elle l’avait sauvé… Elle lui avait révélé son secret ; et il n’avait pas changé. Sans vraiment qu’elle puisse l’expliquer, il lui avait fait oublier de se tenir sur ses gardes, et surtout, de ne jamais accorder sa confiance à un autre. Quelle fabuleuse mystification. Inutile de le nier : elle avait été affreusement naïve.
Par les Titans, elle se serait claquée si elle avait pu revenir quelques jours en arrière. Simplement pour avoir osé le dire, simplement pour avoir osé y croire. Elle revoit la fébrilité avec laquelle elle avait accueilli le regard bienveillant du Cerbère, et peut-être que si il avait eu l’air plus Homme que Chose, elle n’y aurait jamais accordé la moindre crédibilité. Peut-être même s’était-elle vu trouver sa place ici, en République – on lui avait dit qu’ici, le gouvernement et la population était plus tolérante –, s’adapter à cet univers, peut-être avec l’aide de Mortifère, en dépit du fossé métaphysique qui les séparait. Elle oublierait ses désirs idiots de retrouver le Monde tel qu’elle l’avait connu : les Cieux à perte de vue ; la vénération des mortels qu’elle n’avait de toute manière jamais voulue ; ses Maîtres un vieux souvenir disparu. Siame s’était prise à croire à un avenir un peu plus radieux : à croire au tableau que lui dressait alors Mortifère. Peut-être s’était-elle vu croire à une forme de connivence entre eux—un écho strident de toutes les épreuves et horreurs qu’ils avaient tous deux traversés. Ils n’en avaient pas parlé – on n'avait jamais vraiment envie de parler de ses désastres personnels – mais la chose était évidente. Se sentir prise au piège dans ce Monde fait de paperasses et de procédures n’avait fait qu’ajouter un poids à son ego déjà cabossé par son vécu. Autrement dit, il lui avait suffi de quelques belles promesses offertes avec assurance, et Siame s’était fait avoir jusqu’au trognon.
Ça n'avait pas duré bien longtemps. La réalisation lui avait fait l’effet d’un verre d’eau glacé jeté au visage. Ses espoirs avaient vite laissé place à une forme d’amertume. Même les biscuits en forme de bonhommes de Berthe n’avaient plus la même saveur réconfortante lorsqu’elle leur arrachait la tête à coup de dents.
Deux semaines plus tard, on annonçait dans les journaux que le cabaret du quartier avait brûlé. Un malheureux accident, semblait-il. Ce genre de choses arrivaient, pas vrai ? Siame, elle, était déjà partie depuis longtemps, quand la nouvelle avait fait la Une. Un mercredi soir, l’Ange avait regardé son propre reflet dans la vitre de sa fenêtre. Un sourire vaguement adouci était venu cueillir ses lèvres. La minute suivante, elle avait rassemblé ses maigres possessions et avait rendu les clés de sa chambre à Berthe. Adeline Montrose était morte ce jour-là.
L'Ange reprit sa route—convaincue que la République n’était définitivement pas le lieu pour elle. Et que si elle recroisait cet enfoiré de première force, elle avait la ferme intention de l’accueillir avec une gifle bien sentie.
Pourquoi ? Elle n’était pas certaine. Peut-être simplement car elle n’avait pas eu d’autres choix que d’accorder sa confiance à quelqu’un qui connaissait mieux ce nouveau Monde. Et puis, elle avait certainement espéré…
Alors, après sa conversation avec Mortifère, elle avait attendu. Un jour, puis deux, puis trois. Elle avait compté jusqu’au septième. Parce que rien n’est jamais vraiment complet sans le sept. On l’avait vu patienter, assise près de la fenêtre, les genoux repliés contre sa poitrine, et l’absence cruelle du poids de ses ailes dans son dos. Sa tête se relevait au moindre bruit dans la rue, au claquement métallique de la plaque d'égout mal installée, ou lorsqu’elle pensait apercevoir la silhouette imposante du Cerbère au coin de la rue.
“Je suis pas du genre à faire des promesses en l’air, Siame.” L’Ange l’avait regardé dans le fond des yeux, ce jour-là, méfiante, à son habitude. Puis, elle avait hésité, un moment, et son regard avait fini par s’adoucir. “Faut juste que tu me fasses confiance, que tu me laisses un peu de temps et tu verras que je vais tout arranger.” Et aussi simplement que ça, comme la Première des Idiotes, elle était tombée dans le piège. Parce qu’il parlait avec une certitude dénuée de pédanterie, qu’il connaissait ce Monde et ses travers certainement mieux que personne et Siame avait fini par mettre de côté sa méfiance. Après tout, il l’avait sauvé, elle l’avait sauvé… Elle lui avait révélé son secret ; et il n’avait pas changé. Sans vraiment qu’elle puisse l’expliquer, il lui avait fait oublier de se tenir sur ses gardes, et surtout, de ne jamais accorder sa confiance à un autre. Quelle fabuleuse mystification. Inutile de le nier : elle avait été affreusement naïve.
Par les Titans, elle se serait claquée si elle avait pu revenir quelques jours en arrière. Simplement pour avoir osé le dire, simplement pour avoir osé y croire. Elle revoit la fébrilité avec laquelle elle avait accueilli le regard bienveillant du Cerbère, et peut-être que si il avait eu l’air plus Homme que Chose, elle n’y aurait jamais accordé la moindre crédibilité. Peut-être même s’était-elle vu trouver sa place ici, en République – on lui avait dit qu’ici, le gouvernement et la population était plus tolérante –, s’adapter à cet univers, peut-être avec l’aide de Mortifère, en dépit du fossé métaphysique qui les séparait. Elle oublierait ses désirs idiots de retrouver le Monde tel qu’elle l’avait connu : les Cieux à perte de vue ; la vénération des mortels qu’elle n’avait de toute manière jamais voulue ; ses Maîtres un vieux souvenir disparu. Siame s’était prise à croire à un avenir un peu plus radieux : à croire au tableau que lui dressait alors Mortifère. Peut-être s’était-elle vu croire à une forme de connivence entre eux—un écho strident de toutes les épreuves et horreurs qu’ils avaient tous deux traversés. Ils n’en avaient pas parlé – on n'avait jamais vraiment envie de parler de ses désastres personnels – mais la chose était évidente. Se sentir prise au piège dans ce Monde fait de paperasses et de procédures n’avait fait qu’ajouter un poids à son ego déjà cabossé par son vécu. Autrement dit, il lui avait suffi de quelques belles promesses offertes avec assurance, et Siame s’était fait avoir jusqu’au trognon.
Ça n'avait pas duré bien longtemps. La réalisation lui avait fait l’effet d’un verre d’eau glacé jeté au visage. Ses espoirs avaient vite laissé place à une forme d’amertume. Même les biscuits en forme de bonhommes de Berthe n’avaient plus la même saveur réconfortante lorsqu’elle leur arrachait la tête à coup de dents.
Deux semaines plus tard, on annonçait dans les journaux que le cabaret du quartier avait brûlé. Un malheureux accident, semblait-il. Ce genre de choses arrivaient, pas vrai ? Siame, elle, était déjà partie depuis longtemps, quand la nouvelle avait fait la Une. Un mercredi soir, l’Ange avait regardé son propre reflet dans la vitre de sa fenêtre. Un sourire vaguement adouci était venu cueillir ses lèvres. La minute suivante, elle avait rassemblé ses maigres possessions et avait rendu les clés de sa chambre à Berthe. Adeline Montrose était morte ce jour-là.
L'Ange reprit sa route—convaincue que la République n’était définitivement pas le lieu pour elle. Et que si elle recroisait cet enfoiré de première force, elle avait la ferme intention de l’accueillir avec une gifle bien sentie.
CENDRES
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