Les souffrances infligées par le vampire à l’ange, désormais sans ailes, ne semblaient pas suffire à cette dernière qui, malgré tout, trouva encore la force de se battre, de se défendre face à la cruauté de son bureau. Une cruauté qui, rien qu’en mirant attentivement le regard de Corvus Sanariel premier du nom, semblait sans fin, semblait le faire vivre. Cette cruauté dont il faisait preuve, elle était son essence, c’était elle qui l’avait, il y a fort longtemps, créée. Il n’est finalement que le produit d’abominable torture, bien pire que celle qu’il infligeât à l’ange.

Elle était peut-être ici, toute la frustration que le vampire millénaire ressentît. Il n’y arrivait pas. Il avait beau essayer, il n’y avait rien à faire. Il n’arrivait pas à infliger pire souffrance qu’il eût ressentie ce jour-là. Ce jour qui, marqua un véritable tournant dans sa misérable vie. Au final, avait-il réellement envie de connaître l’éternité ? Non. Parce que, au fond de lui, il le savait. Le jour où il parviendrait à atteindre son ultime but, alors il quitterait ce misérable monde, empli de souffrance. Mais, ce jour ne semblait pas être encore arrivé. Siame n’était donc que son échec.

Siame parvint à fracasser de l’acier contre son crâne, puis à l’assommer, en le frappant à multiples reprises. Même si, il fallait bien avouer, un seul coup aurait amplement suffi pour mettre à terre le vampire, vu la violence de ceux-ci. Mais, ce n’était que partie remise, après les souffrances qu’il lui avait infligées, sans aucun remord. Même si, la scène qui suivit semblait être d’une violence inouïe, l’esprit malade du vampire ne pouvait qu’en être ravi. Des hurlements ? Non, des rires sadiques, des rires de plaisirs. Il avait poussé l’ange dans ses derniers retranchements et, malgré toutes les souffrances qu’elle tentât de lui infliger, il riait. De toute façon, ses blessures guériraient tôt ou tard. Il s’était fait violer et, ça lui faisait plaisir.

Du plaisir, il en ressentit davantage lorsque la créature, autrefois ailée, tomba misérablement sur son corps, lourdement et, à bout de souffles. D’un simple mouvement de bras, il la balaya sur le côté, cette dernière tomba sur le dos, puis il se releva. Il était souillé. Oui, il avait pris un certain plaisir sur le coup, mais cette fois-ci, c’était la colère qui prenait le dessus. Son visage se fendit d’un nouveau sourire sadique, alors qu’il grognait de colère. Le mélange d’émotion que ressentait le vampire était tellement contradictoire, qu’il n’avait qu’une envie : tuer l’ange.

Seulement, la mise à mort de cette femme ne valait pas le coup, non. Elle était immortelle ? Très bien. Alors, pourquoi ne pas transformer ce don qu’est l’immortalité, en une condamnation. Il n’avait plus envie de jouer avec elle, ça n’avait plus aucun sens de lui infliger de la souffrance, maintenant qu’elle fût poussée dans ces derniers retranchements.

S’approchant d’elle, d’un pas lourd et, la saisissant par le cou, d’une poigne amusement trop forte, le vampire la traîna sur le sol, comme un vulgaire déchet, laissant derrière lui, un sillon de sang. Le sien, mais aussi celui du dos de l’ange. Il la lança au centre de la pièce, puis la laissa là. Disparaissant ensuite à l’aide de sa téléportation, le vampire revint quelques minutes plus tard, avec tout ce dont il avait besoin pour un nouveau rituel magique.

Habituellement, il aimait transformer ses victimes en vampires pour les dévorer. Mais, non, Siame ne méritait pas de connaître le bonheur d’être un véritable vampire. Au lieu de cela, il allait lui faire la plus horrible des choses. Disposant toute une panoplie de bougies spécifiques autour de l’ange, comportant bon nombre de runes Divina, le vampire sortit de son dos, ses majestueuses ailes de jais. Puis, il s’envola, prenant de la hauteur sur la scène, sur cette œuvre qu’il s’apprêtât à créer.

Il se mit à réciter une formule, dans une langue étrangère, de l’elfique, certainement. En faisant cela, il concentrait sa magie du sang tout autour de l’enveloppe corporelle de Siame, la recouvrant de toute part. Cette magie sanguine recouvrait parfaitement le corps de l’ange déchu, épousant à la perfection chacune de ses formes. Puis, doucement, cette magie sanguine se transforma en une solide roche qui, imbrisable. La pétrification, voici ce que venait de faire le vampire. Transformer la violeuse en une œuvre d’art, qui viendrait, bien évidemment, décorer le hall de son entrée.

Laissant pour l’instant sa tête libre, le vampire descendit jusqu’à elle, puis doucement, se pencha au-dessus de sa tête. Son visage se fendit alors d’un large sourire, tandis que sa main caressait celui de son œuvre.

« Puisque tu te vantes d’être une immortelle, Siame. J’ai transformé ce merveilleux don, en un véritable supplice. J’espère que tu ne m’en voudras pas. » Pesta-t-il, le sourire aux lèvres. « Oh et, sache que, je ne suis pas un mortel. Je pourrai te garder avec moi, pour l’éternité. Tu en as de la chance, non ? Personnellement, je trouve cela poétique. Tu pensais, un instant, pouvoir me vaincre mais, tu n’as fait que me donner du plaisir. Désormais, nous nous verrons chaque jour, jusqu’à ce que le monde s’effondre. » Cracha-t-il, maintenant ce sourire vicieux sur son visage pâle.