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  • Jeu 22 Fév - 23:34
    La nuit était en train de tomber sur la cité impériale d’Ikusa dont les derniers rayons de soleil soulignaient l'intensité de l’ocre. D’ici quelques minutes, l’astre disparaîtrait à l’horizon pour ne laisser plus qu’un camaïeu enflammé sur les nuages hivernaux. Alors que les ombres étaient en train de faire de la cité leur royaume, l’une d’elle était plus vivace que les autres. Le visage dissimulé sous une légère cape d’un noir d’encre, elle se déplaçait avec une légèreté toute particulière. Mince et frêle, elle dénotait souvent avec ceux de son peuple. Hélas elle n’avait jamais été faite pour le combat, dans cette vie comme dans l’autre. Elle en avait appris les rudiments comme tous Reikois, mais ce en quoi elle excellait était bien différent. La magie avait toujours trouvé grâce aux yeux d’Eris comme à ceux de Phèdre et l’une et l’autre la maniait avec une dextérité épatante. A la différence que la première le faisait pour l’intérêt de sa culture et son plaisir, tandis que la seconde avait un but bien plus obscur.

    Eris hoqueta de surprise quand sa chaussure s’embroncha dans un pavé mal encastré et qu’elle manqua de perdre l’équilibre. Heureusement, sa main tendue se rattrapa in-extrémis à une draperie et elle échappa au naufrage. Si quelques regards étonnés s’étaient attardés dans sa direction, ils s’en désintéressèrent bien vite et la jeune fae pu poursuivre son chemin en relevant plus précautionneusement ses jupes. Il lui sembla entendre son propre rire, railleur, dans un coin de son esprit mais elle pinça les lèvres et força l’allure.

    Elle n’était pas certaine de ce qu’elle était en train de faire. Elle n’était plus certaine de grand-chose depuis quelques mois. Ses convictions les plus profondes avaient été ébranlées avec la violence d’un séisme. Au début, cela s’était apparenté à un grain de sable dans un océan, une pensée fugace au cours d’une journée, un songe lors d’une nuit paisible. Peu à peu, sans qu’elle ne s’en rende compte, c'était devenu autre chose. Quelque chose d’insidieux, de perfide et de mesquin qui s’était caché quelque part loin de sa perception. Quand elle avait pleinement prit conscience de son existence, il était déjà trop tard ;  sa dépendance aux opiacés était installée, sa peur du sommeil marquée en elle au fer rouge et Phèdre avait déjà commencé à murmurer des choses impies à son oreille. Elle l’avait repoussée de toute ses forces mais faire taire Phèdre était comme lui demander de se taire à elle-même. Evidemment Eris réfutait férocement cette simple hypothèse. Elle n’était pas Phèdre et Phèdre n’était pas elle. Pourtant c’était bien sa voix, sa bouche et ses lèvres qui parlaient lorsqu’elle le faisait et c’était leur voix qu’elle entendait quand elle pensait. Eris était à Phèdre ce que le soleil est à la lune pourtant, elle savait qu’elles étaient les deux faces d’une même pièce aussi sûrement qu’elle savait que sa perte était plus proche que jamais. Les mois défilant, c’était la peur qui avait envahi Eris puis lorsque son autre s’était manifesté, c’était la sienne qui avait prit le dessus et Eris avait cru devenir folle. Tiraillée entre la terreur que lui inspirait sa propre maison et celle qu'elle ressentait à l'idée d'être morcelé contre son gré.

    Après des semaines de réclusion, de lutte intérieur, de secret et de crainte, elle avait décidé de sortir de sa bibliothèque. Non pas pour livrer le lourd secret qui était dorénavant le sien et dont elle ne connaissait même pas la nature, mais simplement pour s’arracher à la morosité de ses pensées sordides, pour essayer d’éteindre le feu qui faisait bouillir son sang à la simple idée de se trouver en territoire Reikois. Sa patrie, le pays qui l’avait vu naître était maintenant l’une de ses angoisses et elle devait lutter chaque jour contre l’envie de la fuir sans se retourner.

    “Je dois m’en aller, je dois retourner à la maison. Mais où est la maison ?” Soufflait sa voix dans son esprit dont le timbre était terriblement plus enivrant que le sien. Ainsi elle se répondait : “La maison est ici, au Reike. Je suis chez moi à Ikusa.” Mais son malaise ne cessait de persister, s’intensifiant jour après jour. Alors, elle avait décidé de prendre le problème sous un angle différent.

    Aylan était une personne qui partageait son existence depuis tellement longtemps qu’elle était incapable de se souvenir quand il y était entré. D’une nature optimiste, il était l’interlocuteur parfait. Peut-être serait-il en mesure de voir le positif là où elle n’était pas capable de le voir. Sinon elle se serait offerte la compagnie d’un ami le temps d’une soirée, ce qui n’était pas non plus une mauvaise chose.

    Peut-être aurait-elle dû prendre rendez-vous, lui faire parvenir une missive à son domaine, c’eut sans doute été plus courtois. Mais face à l’urgence, la courtoisie était bien peu importante et c’était ainsi qu’elle s’était retrouvée à foulée les pavés de la capitale Reikoise alors qu’elle aurait dû se trouver chez elle depuis bien longtemps. Elle bifurqua à droite dans un carrefour, longea la grand rue pendant de longues minutes puis se faufila dans une venelle qui la fit déboucher sur une rue passante où elle trouva ce qu’elle était venue chercher, l’atelier de tatouage d’Aylan. Malgré l’heure tardive, les lueurs qu’elle percevait par la fenêtre lui indiquèrent qu’elle n’était pas venue jusqu’ici pour rien.

    - Quel endroit délicieux… Le velours de sa voix la surprit tandis qu’elle franchissait la porte et que son visage se fendait d’un sourire bien plus enjôleur qu’elle n’en avait jamais arboré.

    Phèdre semblait être de la partie.
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  • Ven 23 Fév - 22:00
    Le client observait la pièce maîtresse qui complétait son dos. Un grand sourire illumina le visage du baraqué.

    “Sacré t’vail l’artiste ! Jamais-vu ces finitions ! Et puis, original votre façon de… Vous savez, votre fumée-là…

    Un léger rire s’échappa de l’élémentaire.

    “Content que vous appréciez mon boulot. Bon, il se fait tard, mais je vous connais, donc le paiement demain, sinon le retrait…”
    “Je connais la chanson, Kaviani, on peut pas vous entuber !”
    “Pas longtemps en tout cas. Jamais de dettes, que des payeurs honnêtes.”

    Un éclat de rire gras fut la réponse aux mots du noble, avant que ce dernier quitte l’endroit et part pour s’engouffrer dans la ruelle dénue d’âmes vivantes.
    S’étirant de tout son être, il regarda un peu autour de lui : la journée fut des plus qualitatives. Malgré tout, quelques personnes avaient perdu leur tatouage reikois. Des noms qu’il allait partir en chasse de renseignements. La possibilité des rebelles était encore un souci connu mais insaisissable. Telle une hydre, il pouvait coincer autant de chefs d'organisation, trois à quatre opportuns reprenaient de plus belle les affaires sombres de la Pègre. Même si sa préoccupation était focalisée sur les menaces territoriales du Reike, il ne pouvait s’empêcher de penser aux autres menaces pouvant faire pencher les nombreuses forces de ce monde. Mais le Vent et l’Eau étaient aussi des maîtres dans leur art. Aylan avait une loyauté et confiance aveugle envers ses collègues de rang, encore plus envers l’Oreille, et la Couronne.

    Réunissant de façon méthodique et ordonnée ses affaires dans son sac en tissu, c’était en se retournant qu’il s’aperçut d’un visage qu’il ne pensait pas revoir aussi vite. La femme s’était avancée dans l’atelier, sa main caressant le bois noble du lieu. Sa voix s’était même faite glissante comme la plus exquise et raffinée des soies de Sekai. Le tatoueur, le sourcil arqué, l’observait dans son entièreté. Sa tenue, sa posture, ses gestes, son visage, sa bouche, ses lèvres… Avant de reprendre sur la globalité de la scène. Il s’adressa à l’arrivante, un ton calme et doux, et son timbre grave habituel.

    “Ma Chère Eris. Je ne vais pas tarder à fermer l’atelier. Votre venue est des plus... Surprenantes.”

    Il s’avança vers elle, tout en préparant de quoi pouvoir s’asseoir. Entre-temps, il se dirigea vers la grande fenêtre donnant la vue extérieure, côté ruelle. Il attrapa les battants, avant de complètement les verrouiller de l’intérieur. Il tourna son regard vers son auditrice.

    “Ce n’est pas encore l’instant du renouvellement. À moins que… Vous vouliez me parler de quelque chose ? Ou simplement me rendre visite ? Si j’avais su, j’aurais préparé une légère mondanité.”

    Continuant toujours à se déplacer parmi la pièce principale de son métier, il gardait l’oreille tendue pour entendre les paroles de la noble présence. Sa tenue ? À force de travailler, il avait seulement l’unique protection de sa tenue de TOCR. En dessous était un torse-nu, parsemé de ses nombreux tatouages.
    Baissant la luminosité de sa lampe à huile, il fit signe de s’asseoir à sa convive, avant de la suivre dans la foulée.

    Aylan:
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  • Dim 25 Fév - 21:33
    - Je suis désolée… Murmura Eris tout en sentant que ses joues étaient sur le point de s’enflammer. - De ne pas être venu plus tôt. Surenchérit Phèdre dont l’inflexion de la voix donnait une tonalité décousue au discours contrit d’une Eris parfaitement mortifiée. Heureusement Aylan semblait suffisamment accaparé par ses volets pour ne pas remarquer la lutte interne qui était en train de se jouer dans l’esprit de la jeune fae. D’une certaine façon ce n’était pas une mauvaise chose car si elle craignait l’existence de Phèdre, elle avait plus peur encore que quelqu’un d’autre ne la remarque. “Tu as peur de ton propre peuple.” Songea-t-elle avant de se figer à cette pensée. “Je n’ai pas peur de mon peuple.” Cracha-t-elle toujours dans son esprit. “Si, tu sais ô combien il est cruel avec les païens et tu as peur parce que je le suis et tu l’es.” Le rire pervers de Phèdre raisonna bruyamment dans sa tête, si bien qu’elle dû se tenir la tempe pour ne pas vaciller. “Tu commences à comprendre que tu es une intruse parmi les tiens et tu as peur.”

    - Je n’ai pas peur… Souffla-t-elle à voix basse.

    Le couinement des battant en bois fut si strident qu’il fit taire les deux consciences qui levèrent les yeux vers le tatoueur. Ce ne fut qu’à cet instant qu’Eris remarqua que ce qu’elle avait pris pour une chemise noire était une peau recouverte de tatouage. Ses yeux remontèrent immédiatement vers le visage du jeune homme dont elle se surprit à apprécier les angles ciselés. Eris l’avait toujours trouvé beau garçon que ce fut aujourd’hui ou cent ans auparavant mais c’était un secret qu’elle avait jalousement gardé rien que pour elle. Il n’était pas dans sa nature de folâtrer. Encore moins avec Aylan qu’elle connaissait depuis toujours. Phèdre cependant n’était guère de cet avis elle pouvait sentir le désir qui l’avait prise aux tripes comme s’il était le sien, parce qu’il l’était.

    - Je… Euh… Bredouilla-t-elle, ses pensées s’affolant et se mélangeant alors que celles de Phèdre se superposaient aux siennes, la rendant presque incapable de réfléchir. - Non, je… Je n’ai pas besoin de renouveler mon tatouage. D’un pas raide, elle vint prendre place.

    Avant qu’elle ne s’en rende compte, sa main s’était posée, caressante, sur l’avant-bras musculeux de son compagnon.

    - Aylan, son nom était vibrant sur sa langue où plutôt celle de Phèdre, nous sommes amis, vous n’avez pas besoin de vous donner tant de mal. Votre présence suffit à mon plaisir après tout. Et comme si sa peau était aussi brûlante que des braises, Eris en arracha sa main. - Je voulais dire, vous n’avez pas besoin de vous donner du mal. Je viens pour parler à mon ami, c’est tout. Plus strident qu’elle ne l’aurait voulu, son timbre trahissait son malaise et la façon dont elle se leva de son siège comme un ressort, pour mettre une distance significative entre eux, l’était plus encore.

    Elle sentait la désapprobation de Phèdre ainsi que son mécontentement lorsqu’elle fit mine de déambuler dans l’atelier, aussi loin qu’il lui était possible de l’élémentaire. Cependant aucun commentaire ne vint, ni même l’ombre d’un rire.

    - Ces derniers temps sont assez compliqués… Finit-elle par avouer. - J’avais besoin de prendre un peu l’air, la bibliothèque n’est propice qu’à l’introspection et c’est exactement ce que je souhaite éviter. De plus vous êtes probablement mon plus vieil ami. Ainsi je me suis laissé dire que vous accepteriez peut-être de m'accompagner le temps d’une soirée ? D’un mouvement gracieux elle se tourna vers lui, ses yeux bleus se plantant dans les siens. - Peut-être était-ce cavalier de ma part de ne pas vous prévenir. Elle était sur le point de se confondre en excuse quand elle sentit la présence de Phèdre s’agiter à nouveau et avant qu’elle n’eut le temps de s’en empêcher ses lèvres articulèrent une phrase : - Mais ce qui le serait encore plus, serait de me refuser votre compagnie. Et un sourire charmant étira ses traits.
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    Zéphyr Zoldyck
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  • Jeu 7 Mar - 21:27
    Il était peu probable qu’Aylan ait des visiteurs en une heure si tardive. Etant un tatoueur officiel pour le Reike, celui-ci recevait souvent les personnes qu’il devait régulariser en journée, quand il n’allait pas lui-même au domicile d’un compatriote, parce que ce dernier ne savait – ou ne voulait pas – se déplacer. Quand la nuit tombait sur Ikusa, les choses se calmaient pour le Feu : il voyait moins de monde, était moins dérangé, et par conséquent, c’était l’opportunité parfaite pour lui donner une petite visite. Aux dernières nouvelles, son ami s’était rendu à Maël, et Zéphyr était curieux de savoir comment cela s’était passé. L’homme à la peau mâte avait eu vent de quelques braises de résistance à la Cité Blanche, et si Lucifer faisait généralement un excellent travail, il valait cependant mieux veiller à ce que les braises ne crée pas un brasier trop incandescent. Depuis, Aylan était rentré, mais ni l’un ni l’autre ne s’était encore rencontré. En toute logique, l’Oreille aurait pu attendre que son chef de cellule le contacte, mais il était courant que le maître-espion fasse lui-même le déplacement, soit qu’ils discutent autour d’un bon verre d’alcool, soit qu’ils s’entrainent ensemble, ou ne fassent ni l’un ni l’autre, si le sujet de conversation était trop grave.

    S’il y avait eu urgence, néanmoins, Aylan n’aurait pas mis longtemps à le contacter ou à prendre des mesures par lui-même, ce qui faisait que le bretteur n’était guère inquiet. Que la fenêtre fût fermée ne l’intrigua pas non plus, vu que les températures encore chaudes allaient chuter rapidement, maintenant que le soleil s’était caché. Manifestement, le tatoueur était dans la pièce, puisque ce dernier avait fermé les volets au moment-même où Zéphyr s’aventurait dans la rue qui menait jusqu’à sa demeure. Un indice de plus qu’il était présent, et d’un pas leste, le membre de la Main s’approcha de l’atelier d’Aylan. Il s’apprêta à toquer, lorsqu’il crut entendre des paroles à l’intérieur et un brève utilisation de ses sens augmentés lui confirma que son bras droit n’était pas seul. Bon. Soit. Il pouvait toujours passer par derrière, alors : ceux ou celles qui étaient à dans la pièce pourrait toujours croire que c’était un nouveau client, et Aylan n’avait aucune raison de lui ouvrir, dans cet dernier cas de figure. Bien décidé à ne pas poireauter là, l’homme longea les murs de la maison, et pénétra à l’intérieur de la demeure en utilisant un double des clés que son frère d’arme lui avait confié. Au départ décidé à ne pas interférer avec les affaires du Feu, Zéphyr attendit un instant à l’arrière de la propriété, jusqu’à ce qu’il crût discerner l’origine de la voix cristalline. Ce timbre. Il le connaissait bien. C’était celle d’une des bibliothécaires d’Ikusa, une de leur amie commune, Eris. Un sourire vint dès lors orner les lèvres du maître-espion, tandis que ses pupilles s’animaient d’une lueur de curiosité. Décidant de se laisser aller, pour une fois, l’homme s’enveloppa de son invisibilité pour entrer dans l’atelier à l’avant de la maison, où se trouvaient manifestement Aylan et son interlocutrice. Une fois sur le seuil, il eut davantage un aperçu de la scène. Son second était le plus éloigné de lui, tandis que la belle était relativement proche, mais lui tournait les dos. Se pensant certainement seule en sa compagnie, elle ne prenait guère attention à la pièce d’où venait Zéphyr et, désireux de rester discret au départ, l’intéressé s’assit légèrement sur le coin d’une table en laissant la demoiselle parler. Est-ce que le chef de cellule serait alerté de sa présence, probablement. Les espions avaient appris à être vigilants, après tout. Eris, par contre… ne se doutait pas d’une seule seconde de sa présence, et un sourire mesquin, un peu espiègle certainement, apparut sur ses lèvres, alors qu’il défaisait son invisibilité et lançait un regard un peu complice à son subalterne.

    - Effectivement, Aylan est un très bon camarade de soirée, lâcha posément l’Oreille, comme s’il était présent depuis le début de leur conversation. D’un air amusé – il ne s’en cachait même pas – il vit la réaction d’Eris, et son sourire s’accentua. Bien que je sois déçu que tu ne sois pas venu me faire la proposition d’abord, rajouta-t-il d’un ton dramatique et théâtral. Voyant sans doute la déconvenue d’Eris, que ce soit par un sursaut légitime ou par son regard interdit, il lui lança une œillade malicieuse et devinant la question qui lui brûlait les lèvres, il anticipa. Je suis là depuis que tu es arrivée. Ou presque. J’étais à l’arrière de la boutique, j’attendais qu’Aylan finisse sa journée. Nous avions décidé d’aller boire un verre après qu’il ait terminé. Cela, pour que le Feu pût s’aligner ou développer sa version comme il en avait envie. Cela dit, tu peux très bien nous accompagner, naturellement. Je ne crois pas que tu seras contre ? demanda l’Oreille en posant ses pupilles dorées sur Aryan.

    Son regard amical scruterait son second, mais celui-ci ne découvrirait ni aménité, ni une quelconque intention cachée, juste une expression remplie de connivence. Pour une fois, c’était l’ami qui parlait, bien que quand on s’adressait à Zéphyr, le maître-espion n’était jamais bien loin, et ça, Aylan le savait bien.
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  • Dim 7 Avr - 11:28
    Le temps semblait s’être suspendu dans le petit studio de tatouage. Eris était figée, bouche bée et parfaitement incapable d’articuler le moindre mot. Ses yeux, grands ouverts, fixaient la silhouette qui venait de se dessiner sur le coin de la table juste à côté d’elle. Elle ne l’avait pas vu, même pas deviné pour être honnête. Cet homme n’aurait jamais dû se trouver à cet endroit. C’était précisément pour cette raison qu’elle n’était pas venue le trouver en premier ; elle ne souhaitait pas le voir. En vérité, la chose était bien plus compliquée. Eris mourrait d’envie de le voir mais elle savait ô combien son existence était devenue instable. Preuve en était, son échange avec Aylan. Et pour rien au monde, elle n’aurait voulu voir Zephyr entraîné dans cet engrenage. Surtout pas au prix de son affection.  Un maelstrom d’émotion finit par traverser son visage qui, brusquement, était devenu aussi blanc qu’un lys. D’abord la surprise, ensuite la colère et enfin la honte. Les joues de la jeune femme s’empourprèrent en un instant.

    - Zéphyr… Articula-t-elle d’un souffle alors qu’elle avait l’impression que quelqu’un venait de vider ses poumons de leur air avec une paille. Elle le regardait toujours avec cet air éberluée lorsqu’il lui infligea le coup de grâce. Son visage perdit encore plus de couleur. “Un fourbe et un menteur.” Persifla Phèdre, véhémente. Eris l’ignora et tenta, avec grande peine, de reprendre contenance. - Pourquoi… Pourquoi tu ne t’es pas montré dès mon arrivée ? Au-delà de toutes les questions qui avaient pu lui traverser l’esprit c’était celle-ci, poussée par les réflexions de Phèdre, qui lui avait brûlé les lèvres. Sans savoir si il s’agissait ou pas de ses propres sentiments, Eris avait l’impression d’avoir été quelques peu trahis que ce soit par celui qui l’écoutait en silence depuis une dizaine de minutes ou par celui qui avait soupçonné la présence du premier - à l’air serein qu’il affichait, elle était convaincu qu’il savait et qu’il ne l’avait pas interrompu-. Où l’aurait-il laissé aller avant de lui révéler la présence de Zephyr ? “Si j’avais su… Souffla l’obscure conscience, je me serais donnée plus de mal…” Et cela, Eris voulait bien le croire. Phèdre prenait toujours un malin plaisir à détruire toutes les belles choses de son existence. Parmi elle, ses sentiments pour cet humain était sans doute l’une des plus pures et des plus sincères. Dès qu’elle en prendrait la pleine conscience, elle en ferait de la charpie ; d’elle, de lui, de ce qu’elle ressentait. C’est pour cette raison qu’elle s’en était tenue éloignée autant que faire se pouvait. Jusqu’à aujourd’hui.

    - Non je vous suis. Ce n’était pas Eris qui avait parlé, le ton trop assuré de la voix était révélateur.

    Mais personne ne sembla y prêter une quelconque attention car en quelques minutes ils se retrouvèrent tous dans la rue, attendant qu’Aylan ne ferme boutique.

    - Où voulez-vous vous rendre ? Demanda la fae à Zéphyr pour lui faire la conversation et peut-être, dans l’espoir naïf de se débarrasser de cette gêne qu’elle sentait peser sur ses épaules encore et encore. - Tu sais, je peux revenir une prochaine fois, Aylan ne m’a pas prévenu qu’il avait déjà rendez-vous. Elle ne lui en avait pas vraiment laissé le temps.
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  • Jeu 20 Juin - 18:31
    Assis sur le coin de la table, Zéphyr avait une jambe qui se balançait négligemment dans le vide, pendant que l’autre était légèrement pliée, et s’appuyait sur le meuble en bois, afin de stabiliser sa posture. Un sourire un peu espiègle illuminait son visage pendant qu’il regardait alternativement son second et leur amie commune. Cette dernière, en particulier, suscitait son amusement, puisqu’elle le regardait la bouche grande ouverte, comme si elle avait vu un fantôme. Bon, il fallait être honnête, il le lui avait un peu mise à l’envers en pénétrant dans la pièce avec son invisibilité, mais il ne s’attendait quand même pas à ce qu’Eris devienne blanche comme un linge, et puis que ses joues s’empourprent, comme s’il l’avait surprise en train de faire une grande bêtise.

    Finalement, elle articula un mot – son nom – et son expression devint un peu plus indulgente, alors que le guerrier revenait au sol pour définitivement se mettre debout.

    - Respire, Eris. On dirait que tu as vu un mort. Tu ne cherches pas à m’enterrer, non ? lui jeta-t-il avec un ton léger et désinvolte, preuve, s’il en était, qu’il ne se méfiait pas du tout de la demi-fae, que du contraire. Ecoutant d’ailleurs sa question, l’homme aux yeux ambrés lui répondit sans détour.  Je ne m’attendais pas à ce que tu sois là, fait-il honnêtement. J’ai failli toquer, j’ai entendu qu’Aylan discutait avec quelqu’un, et j’ai cru qu’il était avec un client, comme bien d’autres. Pour ne pas poireauter à l’extérieur, j’ai été voir s’il avait laissé la porte de derrière ouverte, puisque nous devions aller prendre un verre, et c’était le cas. Mais puisque tu es là, pourquoi ne pas venir avec nous ?

    Le pauvre était totalement inconscient du combat que menait Eris à l’intérieur d’elle-même, mais au moins, celle-ci accepta et Zéphyr marqua son approbation par un bref hochement de tête.

    - On t’attend dehors le temps que tu fermes boutique, Aylan.

    La Reikoise sur ses talons, le duo se retrouva dehors, dans un air tempéré malgré la fin d’après-midi qui pointait largement le bout de son nez. Ecoutant les paroles de son binôme, Zéphyr répondit tranquillement :

    - Je comptais improviser sur le tas, voir s’il avait des envies particulières. Aller dans une taverne ou l’autre, peu m’importait, tant qu’ils pouvaient boire un bon verre tout en étant tranquilles pour à certains moments parler affaires. Mais ça, la miss ne pouvait pas le savoir, idéalement, elle ne le saurait même jamais. En tout cas, cela suffit pour que Zéphyr se retournât face à Eris, afin de continuer la conversation de manière plus agréable. En somme, donc, on n’avait rien prévu ni réservé d’endroits en particulier. Mais ça ne te surprendra peut-être pas, nous sommes des hommes, après tout, et les hommes ne sont pas toujours prévoyants, ricana-t-il avec une pointe d’autodérision. Puis, quand la belle osa essayer de se défiler, l’Oreille lui répondit du tac au tac. Non, tu viens avec nous. Je ne vois pas du tout pourquoi tu nous gênerais.
    - Excusez-moi…
    Phèdre comme Zéphyr se retournèrent légèrement, pour tomber sur une femme avec une fratrie de trois enfants.
    - Est-ce que l’atelier de messire Kaviani est toujours ouvert… ? C’est pour mes enfants… Nous devions passer refaire leur tatouage, mais mon mari a eu un accident lors de son travail et… Un soupir. Il a fallu appeler un médecin en urgence… Nous sommes donc en retard à notre rendez-vous…
    Le maître-espion dévisagea un instant les trois gosses, avant de justement croiser le regard du Feu, qui était arrivé au seuil de son établissement. Zéphyr lui envoya un regard lourd d’interrogation – est-ce qu’il les prenait en charge ou pas ? – et finalement, l’élémentaire sembla avoir un sourire contrit face à la petite famille.

    Hum, quelque chose lui disait que son ami allait faire quelques heures supplémentaires, et que cela allait durer, vu la présence des enfants en bas âge. Evidemment, son subordonné s’excusa auprès de ses deux camarades, et Zéphyr se permit de répondre pour Eris et lui. Qu’il prenne son temps, ils reporteraient ça à plus tard.

    La porte se referma derrière ces nouveaux clients, et l’Oreille reprit alors la parole plus librement.

    - Bon, finalement, il semble que ce soit entre toi et moi. Le sourire qui naquit sur les lèvres de Zéphyr montra bien qu’il ne semblait pas particulièrement dérangé à cette idée, et c’est d’un ton relativement détendu qu’il poursuivit sa tirade. Alors, tu as envie d’aller quelque part, Princesse ? Pour ce soir, je suis ton humble serviteur.

    Son ton reste un peu malicieux, pourtant, Eris percevra que son compagnon ne se moque pas d’elle et qu’il lui laisse la main pour le début de cette soirée. A dire quels seront ses desiderata, il ne les a pas encore devinés.
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  • Mer 3 Juil - 20:50
    Pour une fois Phèdre et Eris étaient du même avis : cette soirée partait à vau-l’eau. L’une voyait sa proie lui échapper alors qu’une tripotée de marmots puants et bavants lui passait sous le nez tandis que l’autre se voyait contrainte de passer la soirée en compagnie de la seule personne qu’elle aurait préférée ne pas côtoyer. Il fallut à Eris toute sa retenue pour ne pas se précipiter, retenir toute la petite famille et les inviter à revenir plus tard. Le mal était, de toute façon, déjà fait puisqu’ils avaient obtenu l’accord direct de Zephyr qui n’était pas n’importe qui. Même ceux qui ne le connaissait pas pouvait le deviner au port altier de sa tête, à la manière assurée dont il se mouvait ou tout simplement à ses vêtements dont le tissu, bien que de couleur discrète, était de très bonne qualité. Et au cas où Eris ou Phèdre auraient été tenté de s’interposer quand même, Aylan apparut sur le pas de la porte. Elles faillirent geindre à l’unisson pour des raisons complètement différentes. A la place, les yeux bleus de la demi-fae restèrent longuement rivés sur la porte qui, déjà, se refermait sur son ami pour la laisser seule dans la ruelle aux lueurs vacillantes en compagnie de Zéphyr.

    Eris ne le craignait pas, elle avait toute confiance en cet homme et l’idée de se retrouver seule avec lui en pleine nuit ne la dérangeait aucunement, au contraire. Néanmoins, la présence de cette Autre, de cette partie d’elle parfaitement dérangée et dotée de sentiments si véhément qu’ils semblaient capables de dénaturer sa propre essence la terrifiait et elle n’était pas certaine de vouloir en faire profiter Zéphyr. Après tout, elle avait ressenti ce qu’Elle avait ambitionnée. Cette manière tordue qu’elle avait eut de désirer Aylan dès qu’elle l’avait vu et la façon dont elle s’était servi de la détresse d’Eris pour espérer parvenir à ses fins. Peut être que Zéphyr, en fin de compte, était arrivé avant qu’elle ne perde complètement le contrôle et ne fasse une erreur irréparable. Ce n’était cependant jamais arrivé. Depuis l’éveil de cette conscience, Eris avait peiné à la maîtriser pleinement mais elle y était tout de même parvenue. Seuls ses rêves et ses pensées avaient été parasités par son existence. Mais ce soir aurait pu être différent sans l’intervention de son ami. Pourtant elle ne voulait pas le voir ici.

    - Je t’ai toujours connu prévoyant. Répondit-elle tout en se rendant compte que cela faisait trop longtemps que Zéphyr avait parlé et que la porte s’était fermée. C’en était presque suspect. Ses pensées -celles de Phèdre- abandonnèrent à contre-coeur Aylan pour se tourner vers Zéphyr et presque immédiatement, elle eut un sentiment profond d'aversion. C’était comme si, brusquement, Phèdre le voyait vraiment et visiblement ça ne lui plaisait pas. “Faiblesse.” Cracha-t-elle dans sa tête en serrant le poing. Son visage demeura glacial, le toisant malgré leur différence de taille. - Mon humble serviteur ? Railla la voix doucereuse de Phèdre. - L’on fait faire bien des choses à ses serviteurs… Le sous entendu était explicite, suffisamment pour qu’Eris se révulse en son for intérieur et que la voix de velours ne redevienne chevrotante. - Je veux dire par là… Euh… Tu ne pourrais pas être comparé à un serviteur. Par quelqu’un comme… Toi… Voilà, c’était exactement pour cela qu’elle ne voulait pas approcher Zéphyr parce que cette chose qui la dévorait de l’intérieur était perfide, avide et avait la langue -et pas que- trop bien pendue.

    - Nous devrions commencer par manger. Ou par boire. Mais Eris ne s’était mise à boire que très récemment dans l’espoir de trouver le sommeil, aussi elle préférait le faire le ventre plein. - Je connais une taverne pas très loin. Suis moi. Dit-elle en lui passant sous le nez sans oser le regarder de peur de ressentir à nouveau cette répugnance à son égard qu’elle savait ne pas être la sienne. Ils marchèrent un moment en silence avant qu’elle ne daigne enfin lui adresser quelques mots -quand elle fut certaine que ce ne serait pas ceux de Phèdre. - Je suis contente de te voir. Et bien vivant tant qu’à faire. Une pointe d’humour perça dans sa voix alors qu’elle répondait enfin à la première question qu’il lui avait posé, lorsqu’ils étaient encore dans l’atelier. Ils bifurquèrent à droite puis à gauche avant d’emprunter la rue principale et de la remonter à contre courant. Enfin, Eris s’arrêta à l’entrée d’une taverne dont quelques chants grivois s’échappaient déjà ; il en allait toujours ainsi au Reike.

    - Ça te convient ? Je t’accorde que ce n’est pas la plus raffinée de la ville mais on y mange divinement bien ! Même Phèdre était d’accord là-dessus. - Et ils importent un vin doré tout droit venu de Melorn qui est a tomber par terre. Littéralement, elle en avait fait les frais avant de le vomir dans ses toilettes à peine deux jours avant.
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  • Mer 10 Juil - 22:23
    Les voilà donc tous les deux, dans les rues d’Ikusa, avec leurs plans bousculés par des imprévus. Pour Eris, qui ne souhaite pas le voir, et pour Phèdre, qui voit s’échapper sa cible, cette soirée n’a rien de plaisant, mais Zéphyr, lui, est plus souple à ce sujet. S’il aurait certes aimé s’entretenir avec son second, il sait aussi que le temps lui a manqué avec la Reikoise, dernièrement, et il n’est pas contraire à rattraper les occasions perdues quand cela lui est possible. Peut-être parce que le danger constant, auquel ils sont tous exposés, les encourage à se saisir des opportunités comme celles-ci.

    Quand Eris lui signale d'ailleurs qu’elle l’a connu plus prévoyant, le concerné hausse des épaules. Il n'a pas décidé quelle taverne choisir avec Aylan, et alors ?

    - Tout prévoir n’est pas forcément bon, répond le ministre d’un ton honnête, mais détaché. Et tout contrôler relève de l’impossible. Parfois, il est bon de se donner du mou, au moins pour certaines choses. Et franchement, dans Ikusa, trouver un bon coin à boire ou à manger relève du détail.

    L’homme tourne la tête, pour croiser le regard quasiment hautain et glacial de Phèdre, et l’espace d’un instant, il a l’impression qu’elle est furieuse contre lui. Pourquoi, il l’ignore, et il n’a pas le temps d’investiguer qu’elle rebondit sur ses derniers propos. “On fait bien des choses à des serviteurs”. Une répartie naît bien aussitôt dans son esprit mais, bizarrement, la voix de la belle devient alors chevrotante, presqu’hésitante. Pour la première fois, l’Oreille assiste à une transition flagrante entre les deux filles qui se disputent un même corps, et il l’observe d’un air scrutateur, mais également indécis. Qu’est-ce qu’il se passe, là, exactement ? Elle a des sautes d’humeur... étranges.

    - Tu m’estimes trop, finit-il par répondre, un léger sourire aux lèvres, alors qu’il se met en marche. Mais si “serviteur” n’est pas le bon mot, considère que “chevalier servant” aurait pu faire l’affaire pour ce soir, ricane-t-il. Encore que je suis loin d’être comme l’image des romans, malheureusement, fait-il d’un air réaliste. Si Zéphyr peut être un modèle de délicatesse et de courtoisie, son caractère d’assassin, précis et implacable, rajoute naturellement une ombre au tableau, ombre qu’il n’a jamais réellement montrée à la belle qui l’accompagne. Tout comme celle-ci ne lui a jamais révélée cette seconde part d’elle qui aspire à retrouver la liberté qu’elle avait lors de sa vie antérieure. Mais là n’est pas le coeur du sujet, et il laisse son binôme prendre les devants. Elle sait où les conduire pour aller se restaurer, et le Reikois ne demande pas mieux. Je te suis. Peu de mots sont échangés, au début, et ce n’est pas Zéphyr qui brise le silence, car bien qu’il l’observe par derrière, il ne sait pas dire de quoi elle se chauffe, présentement. Alors quand elle reprend la parole, cela l’arrange, et il répond de manière spontanée. C’est partagé. Cela dit, je ne compte pas mourir de si tôt, si ça peut te rassurer. Un léger éclair de malice traverse sa voix, alors que tous deux s’arrêtent devant une taverne bien typique de la capitale. Oui, ça me va très bien. C’était un établissement comme un autre, ni chic, ni miteux, mais qui était parfait pour simplement passer du bon temps avec ses hommes ou d’autres amis. Si la nourriture y est divinement bonne, comme tu dis, je serais d’autant plus curieux de découvrir leurs plats. Entrons, suggère-t-il, et de fait, le conseiller royal franchir en premier le seuil de l’établissement.

    Il ne faut naturellement pas beaucoup de temps pour qu’ils trouvent une table et qu’ils s’y installent. Zéphyr choisit une table près d’un mur de l’auberge, et il attend que la belle se soit installée pour relancer la conversation.

    - Du coup, qu’est-ce qui t’a tapé dans l’oeil en venant ici ? Je prendrais bien un plat sur tes conseils, fait-il. De toute façon, on viendra bientôt leur demander leur commande, alors ce ne serait pas si mal que cette affaire-là soit pliée. Et que ne serait pas un repas digne de ce nom sans quelque chose pour le faire passer ? Je vais partir sur un cidre, songe pensivement Zéphyr, afin d’écouter les choix de son vis-à-vis. Quand enfin, tous ces menus détails sont réglés, et qu’ils ont délivré leurs choix à un commis, l’homme s’intéresse davantage à sa dulcinée.

    - Comment est-ce que tu te sens en ce moment ? On t’a encore demandé de transmettre des livres ou des documents dans le territoire du Reike ou au-delà ? Une légère moue apparaît sur ses lèvres à cette mention. Il n’aime pas – sang barbare oblige – qu'elle aille sur les terres de la Nation Bleue, mais il se crisperait encore bien davantage s’il savait que, quelques mois plus tard, elle irait de sa pleine volonté à la capitale du Shoumeï.  J’ai pensé que le cas pourrait se reproduire, fait-il avec un léger soupir, et il étend sa main au-dessus de la table. Main dans laquelle apparaît un parchemin enroulé d’une ficelle grâce à son invocation d'objet. Tu peux l’avoir si tu veux. C’est une carte récente du Reike, avec les routes les plus sécurisées par les garnisons militaires, les lieux les plus dangereux, la typographie mise à jour... Cette carte a pour particularité d’être vierge, mais si tu y injectes très légèrement ton mana, tous les contours de la carte se dessineront. Un léger silence, alors qu’il la laisse accepter son présent ou non. Naturellement, ce parchemin ne présente aucun élément militaire  : c'est un bout de papier qui permet de voyager sur les terres comme n'importe qui, sauf qu'il y a toutes les dernières informations les plus pertinentes qui y sont reprises. Observant Phèdre, Zéphyr reprend : Après, je ne mentirai pas, je serais sans doute plus rassuré si tu restais quelques temps à Ikusa, fait-il sur un ton plus détendu. Même si, il y a bien des événements qui valent le coup, comme le Jour de la Force ou le bal des âmes, qui aura lieu dans quelques mois. J’y irai certainement, avec le couple royal. Tu veux m'accompagner ?
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  • Mer 17 Juil - 22:59
    Eris était crispée malgré tous ses efforts pour paraître détendue. Elle sentait avec une acuité presque douloureuse la présence de Phèdre roder à l’orée de sa conscience, si ses mots cinglants avaient jusque là été retenus en respect par un rempart de volonté, c’était désormais la curiosité qui l’empêchait d’intervenir. C’était un peu comme avoir un prédateur sournoisement caché dans les ombres de son esprit, guettant le moindre de ses faits et gestes, prêt à bondir de manière parfaitement inattendu. Son Autre était ainsi de toute façon. Elle était imprévisible et extrêmement douée pour ce qui était de faire oublier sa présence en attendant le moment opportun. Au moins avait-elle le mérite de se taire, pour l’instant. Ce qui pouvait s’avérer terriblement inquiétant dans un sens.  Eris avait malheureusement conscience que ce silence ne durerait qu’un temps.

    La chaleur à l’intérieur de l'établissement était étouffante. Les fenêtres étaient couvertes de buée où des gouttes creusaient des sillons larmoyants sur le verre avant de terminer leur route le long du mur. De l’extérieur on pouvait deviner que des silhouettes qui ne tarderaient pas à se fondre complètement dans l’obscurité de la nuit qui était en train de tomber sur la ville.  Les voix autour d’eux s’élevaient dans un chao propre au début de soirée mais où personne ne fait attention à leur existence, trop occupés par leurs propres discussions pour s’intéresser à la leur, c’était pour cela qu’Eris avait choisit cet endroit en premier lieu. Il était grand et suffisamment fréquenté pour que personnes -ou presque- n’accorde quelconque intérêt à sa personne. D’ailleurs, Zéphyr ne tarda pas à leur dégoter une table de l’autre côté de la pièce près du manteau de la cheminée.

    - Euh… Oui, tiens, qu’est-ce qui lui avait tapé dans l'œil ici ? S’interrogea-t-elle en parcourant la salle d’un regard inquiet et pressé, cherchant une réponse urgente. - Euh… Continua-t-elle alors que sa mâchoire se contractait de plus belle. Eris n’était pas douée pour mentir. Phèdre, heureusement, l’était. - Leur tourte de blettes et leurs filets de harengs qu’ils font tout droit importer de République. Répondit cette dernière d’une voix agacée,  écho aux mots que venait de prononcer un vieil homme de la table d’à côté. Eris quant à elle avait envie de se recroqueviller sur sa chaise. Phèdre avait plus de pouvoir sur elle qu’elle ne l’imaginait. “Ou bien c’est que tu aimes te servir de moi au moins autant que moi de toi…” Susurra la voix dans sa tête avant d’à nouveau se tenir à la périphérie de ses pensées. Eris déglutit bruyamment avant de commander, pour sa part, une liqueur de framboise. Après quoi, elle écouta Zéphyr religieusement. Ses sourcils se haussèrent tout de même lorsqu’elle reçu le parchemin et montèrent encore plus haut lorsqu’elle y découvrir une carte.

    - Je me sens… “Horriblement mal, cette chose dans mon esprit porte un nom, je crois. Elle ronge ma santé mentale, prend possession de moi et déchire chaque fibre de mon corps. Chacune de mes pensées lui est offerte et chacune des siennes me l’est en retour. Elle est terrible Zéphyr, je ne sais pas qui elle est ni ce qu’elle a fait, mais je sens jusque dans mon âme que cette chose est mauvaise. Aide moi, je t’en prie.” était sans nul doute ce qu’Eris aurait dû répondre. Zéphyr l’aiderait, elle en était certaine mais elle était incapable de prononcer ces quelques mots. Par honte, par peur, parce que Phèdre l’en empêcherait. - Je me porte comme un charme. Répondit-elle dans un sourire légèrement vacillant. - Et mieux encore depuis que la Grande Bibliothèque n’a plus besoin de moi pour acheminer des documents en République. Finalement, peut-être mentait-elle un peu mieux qu’elle ne l’imaginait. Ce mensonge avait été répété à tellement de reprises, qu’elle était presque convaincue qu’il s’agissait de la vérité. Que Phèdre n’avait pas prit le dessus sur elle au point de l’arracher à sa patrie, au sien, à lui. Eris ne se souvenait que partiellement de ce voyage, sa mémoire était par endroit manquante, certains jours n’étaient qu’un flou total où elle ne percevait rien d’autre que la voix d’une femme qui murmurait son prénom comme s’il s’agissait du plus doux des nectars.

    - Et puis il y a bien d’autres bibliothécaires, archivistes et scribes qui seront sans doute plus indiqués que moi pour voyager. Rassure toi, je ne suis pas prête à retenter ma chance. Je n’ai jamais eut l’âme d’une voyageuse après tout. Ca au moins, c’était la vérité. - Mais je vais tout de même garder ta carte, des fois qu’il me prendrait des envies de voyager. Ses doigts coururent sur le papier et elle y infusa assez de mana pour faire apparaître les contours dont il avait parlé. C’était une carte simple, néanmoins elle était précise et récente. Si Phèdre venait à reprendre le contrôle et la traîner au fin fond du Sekaï, elle aurait la chance de pouvoir rentrer par ses propres moyens. Machinalement, son regard se posa sur les terres dévastées du Shoumeï. Maël et ses tours d’un blanc éclatant. Célestia et son temple au cœur de la montagne. Le petit village d’Auren aux pieds des monts où elle aimait tant… Le cours de ses pensées s’interrompit brusquement, semblable à une gifle. Ses pensées n’étaient pas les siennes, Eris n’avait jamais quitté le Reike. C’était celles de Phèdre. L’angoisse lui tordit l’estomac violemment, ses mains se mirent à trembler et son visage devint aussi pâle que celui d’un mort. De la sueur, froide et collante se mit à dévaler le long de sa colonne vertébrale pendant que l’air se raréfiait dans ses poumons jusqu’à disparaître complètement. Par la Lune, qu’était donc cette chose qui vivait dans sa tête ?  

    - Le bal des âmes, voilà un nom tout à fait charmant… Susurra Phèdre qui, profitant de la terreur qui sidérait Eris, imposa sa présence. - Je t’accompagnerai volontiers. Répondit-elle en reposant son dos contre le dossier de la chaise. Ce fut ce moment que choisit le tavernier pour venir leur déposer leur commande. - Dis moi, Zéphyr. Depuis que je te connais, je me suis toujours posée une question. Elle huma son verre, eut un petit sourire satisfait et avala une lampée qui vida la moitié de sa boisson sans chercher à raccourcir l’attente qui devait saisir Zéphyr. - Qui suis-je pour toi ? Et un sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’Eris ne manque de s’étrangler avec sa propre salive. Cette question était la sienne, celle qu’elle s’était posée dès qu’elle avait découvert que ses sentiments envers lui allaient au-delà de l'amitié. Mais elle ne l’avait jamais posé, n’avait jamais osé et n’avait même jamais voulu en connaître la réponse. Eris était patiente et résolue. Résolue à être son amie, résolue à l’aimer sans rien attendre en retour car sa race et la sienne n’avait rien de compatible mais surtout parce que leur amitié était bien trop précieuse pour être gâchée par des sentiments aussi égoïste que ceux qu’elle lui portait. Mais Phèdre, cette garce, était tout ce qu’Eris n’était pas. Depuis sa première manifestation dans son esprit, elle n’avait eut de cesse de lui gâcher la vie. Détruire le lien ténu entre elle et Zéphyr était sans nul doute sous nouveau passe temps en favoris. Pourtant, et contre toute attente, Eris ressentit tout l’intérêt de Phèdre pour cette question et cela la glaça plus encore.

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  • Mer 24 Juil - 0:16

    Zéphyr est clairvoyant pour beaucoup de choses, mais certains détails peuvent toujours lui échapper. Après tout, il n’est qu’un homme, imparfait de surcroît, et il ouvre la route jusqu’à la table de taverne. Phèdre est donc derrière lui, et ce n’est que quand ils sont enfin assis que le guerrier remarque alors qu’elle cherche ses mots. Sans compter qu’elle est plus crispée qu’à l’ordinaire.

    - Alors je testerai bien leurs tourtes, lâche-t-il d’un ton posé, incapable de savoir que c’est un mensonge totalement improvisé de la « compagne » d’Eris. C’est quand même un comble d’être le maître-espion en personne et de ne pas se douter que la belle vient de lui mentir avec brio. A dire vrai, il ne songe même pas à cette possibilité, preuve, s’il en est, de la confiance presqu’aveugle que le bretteur lui porte. D’un ton tranquille, le ministre reprend la parole en lui offrant la carte ; après quoi il prend de ses nouvelles de son interlocutrice. Le sourire vacillant de la jeune femme ne le convainc cependant pas qu’elle se porte au mieux, quoiqu’elle lui prétende, et si les choses continuent comme cela, le conseiller royal se demandera plus tard si Orion n’en est pas déjà la cause, en redoutant d’avouer son mal-être à son ami. Les quiproquos peuvent aller loin, parfois, surtout quand on a le temps de réinterpréter les choses de mille et une façons.

    - Ménage-toi quand même, lui répond-il. C'est effectivement une bonne chose que tu n’aies plus à aller en République et c’est vrai aussi que bien d’autres peuvent s’occuper de cette tâche, mais tu n’as pas l’air la plus reposée pour autant, observe l’Oreille avec une certaine acuité, sans vraiment savoir qu’il vise dans le mille. Tu sais que s’il y a le moindre problème, tu peux m'en parler, n’est-ce pas ?

    Zéphyr n’est certes pas mécontent d’apprendre que la bibliothécaire ne va plus aller dans la Nation de l’Est, mais il est très peu probable qu’elle ne voyage plus du tout dans le futur. L'homme aux yeux dorés a suffisamment d’éthique pour la laisser libre, sans la faire suivre ou protéger par son réseau, mais il n’en reste pas moins que ce monde est sauvage, cruel, et que la personnalité de la demi-elfe est bien plus complexe que l'assassin ne le pense. Avoir un bout de papier ne révolutionnera pas sa vie, mais cela peut toujours être utile, et ce cadeau lui rappellera par ailleurs constamment Zéphyr. A  chaque fois qu’elle dépliera le rouleau, elle aura soit un pincement au cœur, avec un sentiment de nostalgie, ou elle le détestera allègrement, ça dépendra sans doute de ses humeurs et de la personnalité qui sera aux commandes de ce beau corps frêle.

    Mais pour l’heure, Eris ne fuit pas, elle pâlit juste et devient blanche comme une morte. Cela n’échappe pas à Zéphyr, qui vient tout juste de l’inviter au bal de la mi-avril, et il a donc l’impression que c’est sa proposition de l’accompagner qui la met dans un tel état. Un sourire un peu taquin – mais aussi un peu inquiet – apparaît sur ses lèvres : « Je ne savais pas que t’inviter au bal te paraîtrait si terrible. On dirait que tu vas t’évanouir. Y a-t-il quelque chose que j’ignore et que je devrais savoir ? » demande-t-il avec un rictus. Il avait connu un étudiant,  par exemple, qui se croyait parfaitement normal jusqu’à ce qu’il découvre qu’il émettait des odeurs après autour de lui et que cela faisait fuir les demoiselles de leur cursus. Naturellement, Zéphyr savait que ce n’était pas son cas, mais on n’était jamais à l’abri d’une surprise. La sœur de Siame se reprit toutefois adroitement et accepta même de l’accompagner. Une réponse qui ne put que plaire au bellâtre, qui ouvrit la bouche pour répondre. Parfait. Un sourire, qui trahissait sa satisfaction aussi bien que ses sentiments, apparut ses lèvres. Tu le sais peut-être mais cette festivité a pour particularité de montrer l’âme de son porteur et de lui associer, pour la soirée, une autre apparence. On sera donc anonyme, si on veut, mais je pense que ca ne dérangera ni toi ni moi.

    L’homme attend comme il se doit sa réaction, puis, les tourtereaux sont interrompus par l’arrivée du serveur, ce qui permet à Phèdre de reprendre la main sur la conversation. Quand elle lui déclare qu’elle souhaite lui poser une question, le maître-espion laisse échapper un « dis-moi » distrait, pendant qu’il observe son assiette, et quand il l’entend prendre la parole, ses couverts s’immobilisent alors qu’il a commencé à les planter dans  sa tourte.

    - Ce que tu es… pour moi ?

    Voilà un Zéphyr bien surpris devant le charmant minois de Phèdre. Il est rare qu’elle fasse preuve d’une telle audace, mais il est encore plus rare qu’ils parlent de facto de leurs relations ou de ce que l’un représente pour l’autre. Et lui renvoyer la balle n’est pas possible, du moins, pas sans avoir tenté une ébauche de réponse.

    Le maître-assassin, qui sait pourtant improviser avec finesse et mentir avec autant d’aisance qu’il ne respire, laisse échapper un blanc. C’est qu’il ne met pas Eris dans la même catégorie que les autres, ces autres qui sont des inconnus ou qui sont juste des connaissances. Ceux-là, il lui est facile de les embobiner. Mais, à partir du moment où Zéphyr considère quelqu’un comme un véritable ami, il essaie autant que possible d’éviter la douce arme du mensonge, si facile, oui, mais ô combien perfide et étouffante, en réalité. Il s’agit toujours d’une toile d’araignée qui nous piège de plus en plus, dont on se retrouve dépendant sans s’en rendre compte. C’est cet écueil que l’ami de la Griffe évite donc avec son entourage le plus proche. Seulement… classer Phèdre en tant qu’amie, c’est un peu trop facile.

    - Et si je te le disais lors du bal des âmes… ?

    Une étincelle à la fois malicieuse et non dénuée d’intérêt s’est allumée dans son regard, mais il voit au regard de la belle que cela ne lui plaît pas, qu’elle veut avoir sa réponse maintenant et un léger rire s’échappe des lèvres du conseiller royal. Il peut accéder à son caprice, mais au moins, cette répartie lui a redonné sa contenance.

    - C’est une question complexe… commence l’éphèbe. Tu es sûre que tu veux l’entendre ? Tout en parlant, l’homme a déposé ses couverts – on ne parle de choses si sérieuses en mangeant – et il continue. Tu es à la fois une amie, une confidente, et quelqu’un qui m’est très chère. Ca, c’est la vérité brute. Je ne pense pas que j’accepterai de te perdre, – non, disons même que le « je pense » est de trop et il rectifie : – c’est même une certitude, je n’accepterais pas de te perdre. Encore moins une nouvelle fois, songe-t-il, mais cette pensée lui paraît saugrenue, et il la garde pour lui.  Tu es à la fois celle qui me permet d’oublier les aléas de la Cour et le poids de mes responsabilités, et en même temps, tu es aussi celle que je désire ardemment protéger, sans vouloir non plus t’étouffer. Quelque chose de difficile, quand on a du pouvoir et qu’on refuse de l’utiliser pour que sa chère et tendre puisse encore avoir de la liberté. Quand bien même, le rôle de l’Oreille et des membres de la Main ne doit pas être utilisé à des fins personnelles. C’est quelque chose qu’ils savent tous très bien. Bref, tu es à la fois… plus qu’une amie, bien plus qu’une sœur, ou qu’une confidente, fait-il en manipulant distraitement son couteau. D’ailleurs, tu es celle que je veux toujours revoir en première lors de mes retours à la capitale, lui confesse-t-il. Parce qu’avec toi, je sais pouvoir être moi-même, sans devoir porter un masque ou sans même devoir te mentir. Quand bien même le guerrier ne lui parlerait jamais de son rôle en tant que maître-espion. Mais il y avait toujours moyen de dire les choses sans que ce soit complètement un mensonge. Pour le reste… Un sourire plus léger, plus espiègle revient sur ses lèvres. Je te le dirai au bal.

    Il faut dire qu’ils sont dans une taverne, et qu’une déclaration d’amour dans un tel endroit, vraiment, ça ne le ferait pas.

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  • Mer 31 Juil - 18:16
    “Le bal des âmes ? LE BAL DES  MES… ?!” Eris aurait mieux fait de se couper la langue plutôt que de laisser Phèdre répondre par l’affirmative. Encore que ce ne fut rien à côté du coup de grâce que fut la question qu’elle lui posa. Eris était comme paralysée, incapable d’empêcher ses lèvres de se mouvoir, ses cordes vocales de former des mots, son -leur- esprit de créer une phrase. Celle qu’elle s’était posée depuis longtemps mais qu’elle n’avait jamais osé lui poser à lui. Ce qui était proprement idiot étant donné qu’il était le seul à pouvoir y offrir une réponse. Si tant est qu’Eris en aient voulu une. Au plus profond d’elle-même, enfouie sous des couches et des couches de culpabilité, d’hésitation, de doute et de méfiance, elle voulait savoir et si elle le voulait, Phèdre pouvait aussi le percevoir. La différence résidait dans la manière de faire. Eris s’était entêté à ne jamais divulguer quoi que ce fût en ce sens. Elle entendait le laisser vivre sa vie, le regarder vieillir puis mourir sans jamais interférer. C’était un choix douloureux mais c’était celui de la raison ; elle ne risquait pas de perdre son amitié ou pire, son compagnon si ses sentiments étaient venus à être réciproque. Hélas, la présence de Phèdre redistribuait complètement les cartes.

    A peine la question eut-elle échapper à ses lèvres qu’Eris reprit le contrôle comme si, son méfait accompli, Phèdre se retirait pour la regarder patauger dans la merde dans laquelle elle l’avait collée. Ô la lune lui en soit témoin, elle se débarrassait de cette présence indésirable quoi qu’il lui en coûte ! “Prie au moins les bons dieux, pour ça.” La railla Phèdre dans un recoin de sa tête.  “Connasse.” répondit Eris dont la vulgarité était aussi rare qu’un coquelicot en plein hiver.

    Néanmoins le bal des âmes, si tant est qu’elle finissait par se résoudre à s’y présenter - a quoi pouvait bien ressembler son âme, ainsi scindé en deux ?- était horriblement loin et cette réponse… La lune lui en soit témoin, elle ne tiendrait pas aussi longtemps sans un brin de réponse. Autant lui demander de danser la gigue sur un parterre d'aiguilles.

    - J’en suis sûre. S’il existait un jour où Eris n’avait pas été sûre d’elle, c’était bien celui-là. Et s’il existait un jour où elle avait à la fois faillit mourir de bonheur et de gêne, c’était également celui là.

    Son verre d’alcool descendit aussi vite que les mots de Zéphyr affluaient ; avant qu’il n’ait terminé de lui répondre, elle avait complètement terminé son verre et en réclamait déjà un second d’un geste discret. La réponse du jeune homme était cryptique, à son image, mais pas complètement dénuée d’espoir. Il l’avait qualifié d’amie mais pas de “soeur”. Ce qui, d’expérience de débutante, était une très bonne chose. Pour autant, cela ne voulait pas dire qu’il l’envisageait en tant qu’amante. Eris admit silencieusement qu’elle ne se serait pas envisagée non plus, son expérience pour les arts du lit était proche du néant ; elle n’en savait que ce qu’on lui en avait dit, ce qu’elle en avait lu et ce que Juliette -une drakyn complètement dévergondée qui travaillait avec elle de temps en temps- aimait lui raconter. Mais Eris doutait fortement que les pratiques sexuelles de Juliette soient aussi conventionnelle qu’elle voulait bien le laisser entendre.

    “Tu sais faire.” Souffla la voix de Phèdre, plus une brise qu’un murmure. Eris se contracta. Elle ne savait pas faire parce qu’elle ne l’avait jamais fait. C’était un fait, pas forcément une fierté, ni une honte. “Tu es sûre ?” Continua l’Autre. Evidemment qu’elle était sûre ! Et elle chassa cette pensée saugrenue que son corps ne lui appartenait pas.

    - Je suis contente, avoua-t-elle quand il se tut. - De savoir que tu trouves au moins une épaule pour te reposer. Même si je ne doute pas qu’il y en a d’autres. Et par là, elle entendait parler d’autres de ses amis. Comme Orion. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu. Depuis cette fois, où il l’avait surpris un soir à la bibliothèque. Juste après qu’elle ne se soit inoculé une dose particulièrement corsée de drogue. Et puis… Elle ne l’avait pas revu. En vérité, elle s’était réveillée le matin suivant assoiffée, une barre en plein milieu du front et presque aucun souvenir de sa soirée. Elle n’arrivait pas à se rappeler de ce qu’il s’était passé après qu’elle ait quitté la bibliothèque. Orion était partie le premier, elle avait d’ailleurs dû faire des pieds et des mains pour se débarrasser de lui et puis il avait brisé sa dernière dose alors elle avait probablement dû se rendre dans les bas quartiers pour en récupérer une nouvelle… Ce qui s’était passé ensuite était un néant étrange de flash, d’images kaléidoscopique et de mots aléatoirement disséminés dans son esprit.

    Au même moment, un nouveau verre apparut sous son nez. Sans se faire prier, Eris en avala une gorgée après avoir fait tournoyer le liquide tout en se demandant si elle devait retourner la pareille à Zéphyr. Devait-elle lui avouer que chacune de ses absences était aussi longue que dix années ? Que le rang d’ami avait été dépassé depuis bien longtemps pour elle ? Eris aurait pu révélé milles choses qu’elle gardait secrètement pour elle, derrière un caractère taiseux, discret dont les grands yeux bleus étaient sans nul doute la porte vers tous ses secrets.

    Dans son esprit, les souvenirs de l'autre nuit, celle où Orion l'avait surprise n’avaient de cesse de défiler. Comme si le simple fait d’avoir repensé à cette soirée, de s’être souvenu qu’elle en avait oublié une partie avait désactivé un mécanisme, remettant les rouages de sa mémoire en route.

    - Mais tu sais… Une violente douleur à l’arrière du crâne la fit vaciller. - Je n’ai… Je n’ai… Pas besoin de protection. Il fait chaud, bons dieux. Marmonna-t-elle tout en terminant la moitié de son verre.

    “J’ai dis tu que tu savais faire. “ Murmura la voix rampante de Phèdre. Et dans l’esprit d’Eris, le souvenir d’Orion, son corps pressé contre le sien, sa bouche engloutissant la sienne et sa langue venant jouer avec sa jumelle explosa comme un feu d’artifice. Une nouvelle vague de douleur la fit haleter avant que trois mots ne vienne lui vriller l’estomac. “Je t’aime” et le reste de la phrase disparu avec le reste de la nuit.  

    - Non… Non, non, non, non. Une fine pellicule de sueur commençait à se former le long du front de la demi-fae lorsqu’elle se leva d’un bond, renversant sa chaise au passage. - Je dois… Je suis désolée. Son regard était une supplique ; qu’il l’a pardonne pour tout. Même s’il ignorait quoi. Et Eris tourna les talons, le pas vacillant. Le laissant là, planté comme un imbécile avec un repas à peine entamé.
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  • Sam 10 Aoû - 18:58
    L’expression d’Eris lui confirme qu’elle n’est pas ravie à l’idée d’attendre le bal des âmes. Il y a dès fois où c’est facile de deviner ce qu’elle désire et ce qu’elle pense, et Zéphyr est assez perspicace (et assez galant) pour ne la faire poireauter jusque-là. Alors le guerrier reprend la parole, il tente de mettre lui-même des mots sur ses sentiments. De façon très maladroite, certainement – ce n’est pas tous les jours facile de faire une introspection de soi-même– mais il tente de le faire de façon sincère, sans aucun mensonge dans ses paroles. C’es déjà pas mal, pour un premier essai, pas totalement satisfaisant (et ici, c’est la joueuse qui parle), mais c’est toujours mieux que rien.

    Concentré sur ses propos, le maître-espion ne remarque pas que sa dulcinée boit en un trait son dernier verre, puis qu’elle s’en commande un second qui descend tout aussi sec. Un homme ne peut parfois pas tout faire, fut-on l’Oreille en personne, et c’est quand il se tait enfin qu’il se dit qu’elle avait plus soif qu’il ne le pensait au départ. A moins que ce ne soit ce qu’il ait dit qui ait causé cette réaction ? Mais ce qu’elle lui déclare ne le satisfait pas vraiment, et Zéphyr se permet donc de souligner un point qui lui paraît important.

    - C’est vrai, j’ai des amis sur qui je peux compter. Mais ce n’est pas la même chose.

    Deydreus, qu’il côtoyait depuis quelques années déjà, était un frère d’arme. Ayshara était une confidente qui lui était chère et précieuse, mais qui était aussi sa supérieure. Rachelle, enfin, comme Orion, Stadzank, Shahana et Vraden, le connaissaient avant tout en tant que collègues et maître-espion. Il y avait naturellement une touche de familiarité et de complicité plus le temps passait, de sorte que les collègues devenaient des amis pour lesquels on était prêt à tout sacrifier pour les protéger. Mais Eris ne correspondait pas vraiment à ces diverses catégories. Elle… c’était autre chose. Et il fallait qu’il le lui signale.

    Le plus simple aurait été de lui dire : « Avec toi, je suis simplement Zéphyr, sans être également l’Oreille », mais ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait se permettre de lui révéler, d’autant que la concernée ne s’en remettrait sans doute pas.

    - Avec la plupart des gens que je connais, il y a une part d’amitié, de complicité, de familiarité qui est sincère, reprend-il. Mais d’une certaine manière, ils voient en moi aussi quelqu’un qui a des responsabilités et sur qui ils peuvent pouvoir compter. Un sourire, qui montre sa franchise autant que le poids de ce rôle gratifiant mais ingrat, apparaît sur ses lèvres. Travailler pour la royauté et pour la Couronne n’est pas toujours facile. D’ailleurs, il s’attendrait à ce qu’elle l’injurie si la jeune femme connaissait son rôle dans le massacre de Célestia. Tout comme on s’attend à ce que le roi porte un certain fardeau, il en va de même pour ceux qui travaillent à leurs côtés. Et quoi qu’on dise, on a toujours une certaine attente vis-à-vis de certains postes. Cela nous influence, sans même qu’on s’en rende compte, et c’est aussi le cas aussi pour le poste de conseiller royal. D’une certaine manière, il se félicitait presque que sa couverture reprenne certaines particularités de son rôle d’Oreille. C’était très pratique pour être proche de la vérité de temps en temps. Bref, je sais que toi, tu ne m’apposes pas ce filtre de conseiller royal. Tu t’en moques comme d’une guigne – quoique tu le respectes, évidemment, mais tu me regarderas toujours comme ce que je suis réellement, Zéphyr, et tu n’attends pas autre chose de ma part. Tu ne peux savoir comme ça me fait du bien, conclut-il.


    Cela dit, la belle aux yeux saphirs tente de reprendre la parole et l’éphèbe a bien l’intention de la laisser faire. Sauf qu’elle commence à bégayer, au moins à avoir mal de parler, apparemment, et cela fait hausser un sourcil au maître-espion. L’espace d’un instant, il croit même qu’elle a mal quelque part, et L’assassin est un peu interdit, encore plus quand la jeune femme commence à répéter le même mot. « Non ». Non quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qui l’a fait réagir de cette façon ? Son regard est un peu perdu – il ne s’en cache même pas – mais cela ne l’empêche pas d’ouvrir la bouche.

    - Qu’y a-t-il ? Il y a un problème ? Qu’est-ce qu…

    Mais la demi-fae se lève d’un bond, renversant sa chaise au passage, et elle finit par croiser son regard. Celui de la Reikoise est rempli d’une détresse intérieure, il semble être une supplique, comme si elle avait fait quelque chose d’atroce, mais Zéphyr ne voit pas les raisons de ce comportement si soudain, alors que l’instant d’avant, ils discutaient calmement, en venant même à des confessions qui, peut-être, auraient encore pu aller plus loin.

    Et elle tourne les talons.

    C’est peut-être ce qui le tétanise le plus, tant le bellâtre ne comprend rien, lui qui pourtant a toujours quelques coups d’avance quand il s’agit de veiller à la défense de l’Empire. Zéphyr ne comprend pas non, mais ce qu’il sait, c’est qu’elle vient de le planter là, avec un repas à peine entamé. Il est tellement pris de court qu’Eris a même le temps d’atteindre la sortie de la taverne avant qu’il ne fasse un geste, le temps que l’information arrive au cerveau, qu’il essaie de trouver un sens à ce qu’il s’est passé – mais tiens, il a beau chercher, il n’y a rien qui va. L’air un instant ahuri, il regarde sa tourte encore intacte, mais sa stupéfaction ne dure pas longtemps. L’homme aux yeux dorés a toujours été comme ça : à agir quand il était face à une énigme, à être disponible pour son entourage le plus proche quand cela était nécessaire. Alors, comme Phèdre avant lui, il laisse tout. C’est tout juste s’il entend les sommations du tavernier, à qui il lance distraitement une bourse : il y a certainement bien plus qu’un repas pour deux, mais l’Oreille n’a pas le temps de regarder à la dépense. Il est même tellement préoccupé par la sœur de Siame qu’il ne pense pas à faire un clone qui gérera la colère du commerçant. D’un pas leste, il s’aventure dehors. Le temps encore chaud de la capitale lui heurte le visage, mais il n’en fait aucun cas, ses yeux parcourant au contraire la rue dans laquelle il se trouve. Par où est-elle allée ? A droite ? A gauche ? Il n’a pas vu la direction qu’elle prenait, la porte s’est refermée derrière la jeune femme avant qu’elle ne bifurque pour aller il ne savait où. Mais ce n’est pas comme si elle pouvait avoir été bien loin. Elle n’est pas aussi rapide et vive que lui, et pour une fois, cela arrange bien le beau brun.

    Inspirant calmement, le Reikois active son odorat et aussitôt, le guerrier ressent plusieurs effluves aussi différentes les unes des autres. Il y a celles propres à la nourriture d’abord : après tout, ils sont dans une rue commerçante. Puis, il y a celles des autres habitants de la cité car la soirée apporte désormais un air plus frais et cela encourage les habitants à sortir de chez eux. Cela lui complique la tâche pour mettre la main sur la mage noire, mais il ne va pas renoncer pour autant. En se concentrant, il finira bien par trouver où elle est allée. Quitte à se dédoubler si nécessaire. L’odeur de Phèdre lui parvient cependant avant qu’il n’en arrive à cette extrémité, et c’est donc d’un pas rapide qu’il marche à sa suite. Mais il y a foule, ce n’est pas bon pour lui, et ça donnera un avantage à la demoiselle. Zéphyr fait un pas sur le côté pour éviter un chariot rempli de victuailles, qui le coupe un instant de la vue des autres passants, et l’instant d’après, il a disparu. Il a besoin de prendre de la hauteur pour repérer Eris plus aisément, et le mieux, c’est d’être discret dans ce genre de situations. Profitant de quelques caisses posées contre un mur, près de ce qui doit être un petit entrepôt d’un magasin, l’Oreille atteint rapidement les toits des maisons environnantes, et cela lui permet déjà d’avoir une vue plus dégagée de la progression des habitants. Sa vue ne peut excéder les cent mètres, mais ça fera aisément l’affaire. D’ailleurs… elle est là, il voit la belle aux cheveux bicolores s’aventurer dans une rue perpendiculaire moins fréquentée, sans doute pour rejoindre des quartiers résidentiels un peu plus calmes. L’homme la laisse faire, il n’est pas question de lui sauter dessus non plus, et il en profite pour trouver un endroit où ils se croiseront facilement.

    Quelques instants plus tard, Zéphyr est redescendu au sol, et Phèdre a le temps de l’apercevoir, puisqu’il est à quelques mètres devant elle. Mais même si elle s’arrête, ou pire, si elle se détourne pour aller ailleurs, il s’avancera dans sa direction et lui prendra le poignet avec fermeté pour la forcer à croiser son regard et à la faire se tourner dans sa direction.

    - Eris, tu n’as rien à te faire pardonner, tu n’as pas à me fuir. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, parle-moi, lui demande-t-il, alors qu’il cherche à planter son regard dans le sien. Si elle pleure, si elle a le regard déchiré, son regard deviendra encore plus confus et plus préoccupé, alors qu’il desserrera son poignet, lui permet donc de récupérer sa liberté. L’idée n’avait été que d’arrêter sa fuite, après tout, pas de la maintenir prisonnière, et la demoiselle peut autant prendre de la distance que de rester plantée là, à quelques centimètres seulement du maître-espion. Ce dernier se tient en face d’elle, et il ne semble d’ailleurs pas troublé par leurs proximité physique. Ce qu’il ne cache pas, par contre, c’est l’inquiétude qui transparaît dans son visage alors qu’il l’observe et qu’il guette n’importe laquelle de ses réactions.

    [Note HRP : ne sachant pas comment est Eris / Phèdre à ce moment du RP (j’ignore qui est aux commandes, si elle pleure, si elle a un mouvement de recul, etc. etc). j’ai préféré rester assez vague, j’affinerai sans doute les réactions de Zéphyr à ma prochaine réponse !]
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  • Mar 13 Aoû - 16:37
    Eris jurait, les dents serrées, les mains moites. Elle aurait voulu courir mais ses pas étaient trop chancelants pour qu’elle ne s’y risque. Un coup d'œil par-dessus son épaule lorsqu’elle bifurqua sur la droite lui assura que Zéphyr ne l’avait pas suivi. C’était mieux ainsi. Si l’idée de la poursuivre pouvait même ne pas lui traverser l’esprit, ça n’en serait que mieux encore. Hélas, elle le connaissait suffisamment bien pour deviner qu’il ne tarderait pas à s’y essayer. Alors elle pressa le pas, soulevant ses jupes légères pour éviter de marcher dessus, esquivant à peine les épaules des gens qui venaient à contre-sens et récoltant quelques regards désobligeant de temps à autre. En d’autres circonstances, elle se serait excusé platement mais pas ce soir. Arrivée à un carrefour, elle s’arrêta. Devait-elle rentrer chez elle ? Fuir à la bibliothèque ? Où Zéphyr irait-il la chercher en premier ? Après une brève hésitation, Eris décida d’emprunter le chemin de sa maison. Même si le jeune homme connaissait parfaitement le trajet, il n’oserait jamais entrer sans son autorisation. Il était bien trop respectueux pour cela. L’idée de retourner les principes de Zéphyr contre lui, lui était insupportable mais s’il fallait cela pour l’éloigner alors qu’il en soit ainsi.

    Tandis qu’elle avançait aux travers des rues qu’elle connaissait par cœur pour les avoir parcourus chaque jour depuis sa plus tendre enfance, Eris sentait la présence de Phèdre avec plus de justesse que jamais. C’était comme marcher épaule contre épaule avec une vieille connaissance.

    - Pourquoi maintenant ? Grogna Eris tout en prenant appuie sur l’un des murs en pierre ocre qui jalonnait la rue.

    “Pourquoi pas.” Susurra la voix de Phèdre.

    - Tu me gâches la vie ! Sort de ma tête ! Va t’en ! Explosa la jeune fae en ravalant à peine le sanglot qui lui serrait la gorge.

    “C’est impossible.” Répondit doucement la voix.  

    - Tu n’es pas à ta place ! C’est mon corps, mon esprit, ma vie ! Les passants sursautèrent et lui lancèrent quelques coup d’œil désabusés.

    Eris avait envie de se déchirer la peau, de se fracturer les os du crâne pour décortiquer son propre cerveau afin d'aller chercher la source de cette voix si similaire à la sienne. Elle voulait arracher sa conscience à la sienne pour redevenir entière, pour ne plus être qu’à moitié Eris et à moitié cette Autre, cette variable inconnue qui s’était immiscée dans son existence et qui faisait de sa vie un enfer. A nouveau, le visage d’Orion s’imposa à son esprit. Il avait le souffle court, les joues légèrement rouges malgré la pénombre et il l’a regardait avec une émotion qu’elle n’arrivait pas à déchiffrer. De l’admiration ? De l’inquiétude ? Du désir ? Eris manqua de vomir lorsqu’elle comprit que c’était de l’amour. Orion l’aimait, il le lui avait dit. Pourtant il l’avait toujours tus, même ce fameux jour où elle lui avait avoué les sentiments qu’elle ressentait à l’égard de leur ami en commun. L’aimait-il déjà à ce moment ? Lui avait-elle brisé le cœur sans même s’en rendre compte ? Était-elle une si mauvaise amie ? Son regard cilla tandis qu’un nerf se mit à pulser dans sa mâchoire. La lune lui en soit témoin, elle se détestait. Et ce ne fut que pire lorsqu’elle se souvint de la manière dont ses mains avaient prit le visage de l’humain en coupe, la manière délicate dont elle l’avait embrassé. Dont Phèdre, l’avait embrassé.

    Eris tourna et vira dans les rues jusqu’à presque en oublier où elle se rendait. Sa main agrippée au tissu recouvrant sa poitrine comme si cela pouvait lui permettre de respirer plus aisément.

    “Tu es à moi et je suis à toi.” Un fait, énoncé aussi platement que l’on parlerait du mauvais temps, presque avec ennui.

    - Tu mens… Chuchota Eris. - Tu mens toujours.

    “Je mens quand tu mens, je dis la vérité quand tu la  dis, j’aime quand tu aimes et je déteste quand tu détestes. Je fais partie de toi autant que tu fais partie de moi. Tu refuses juste de l’accepter.”

    - Ça suffit ! Gémit Eris en passant une main dans ses cheveux. - Je ne suis pas une créature vile et corrompue ! Cracha-t-elle alors qu’elle tournait dans une ruelle peu fréquentée, un raccourci qui la mènerait jusqu’aux dédales des allées résidentielles, là où se trouvait son Riad.

    “Tu es infiniment plus.” Lui souffla Phèdre avant que la surprise de sentir une main se refermer autour de son poignet ne balaye sa présence.

    - Zéphyr ? Hoqueta Eris en ouvrant de grands yeux, l’air ahurit. Elle ne l’avait pas entendu, ni même vu, sans doute trop accaparé par la voix dans sa tête. A moins que ce ne soit lui qui soit particulièrement doué dans ce domaine. La voix de Zéphyr était posée, elle l’était toujours, rien ne semblait pouvoir l’émouvoir. Mais son regard, lui, était atterré. Au moins autant qu’Eris qui ne rêvait que de lui révéler la vérité. Elle aurait voulu tout lui confier de la pire des horreurs à la plus insignifiante de ses pensées, elle aurait voulu lui parler de Phèdre et de ses cauchemars, d’Orion, de ce qu’elle avait provoqué entre eux. Elle aurait voulu se blottir dans ses bras, lui demander de la serrer aussi fort qu’il le pouvait. Mais elle ne le pouvait pas, tout comme elle ne pouvait pas lui confier ses secrets et tout comme, elle le comprit à cet instant, elle ne pouvait pas rester ici.

    Le Reike ne pouvait rien pour elle. Malgré tout l’amour qu’elle portait à sa patrie, Eris savait mieux que personne ce que l’on infligeait à ceux que l’on considérait comme des traîtres. Même si elle ne comprenait pas exactement la nature de l’existence de Phèdre, elle savait qu’elle disait vrai ; sa destinée et la sienne étaient intimement liées. Les deux faces d’une même pièce, deux consciences pour un seul corps. Une union étrange s’il en est mais à laquelle Eris ne pouvait renoncer sans renoncer à elle-même. Cela faisait plusieurs jours qu’elle l’avait compris, qu’elle savait que se débarrasser de Phèdre sans en faire de même avec elle était impossible. Tout comme elle savait que le Reike ne lui pardonnerait pas l’affront de frayer avec une créature comme elle. Eris avait lutté de toutes ses forces et avait choisi de s’enfermer dans une bulle de déni pendant des mois. Des mois durant lesquels elle avait eu le temps de côtoyer cette chose, cette prescience qui vivotait à travers elle. Elle l’avait détestée et c’était toujours le cas. Tout en Phèdre était mauvais, elle était moqueuse, méchante, insensible et manipulatrice, elle faisait de sa vie un enfer et pire que tout ; elle priait les faux dieux, les titans. Elle ne l’avait jamais dit ouvertement mais tout comme Phèdre pouvait voir à travers ses songes et ses pensées, elle le pouvait aussi. Eris avait revu le visage de cette femme, celle qu’elle avait rencontré en république, Siame. Mais aussi les esquisses d’une église, les hautes statues de marbres dont l'un des visages lui était familier pour l’avoir rencontré dans les vieux livres des archives. Aurya. La parfaite titanide, mère de beauté et destructrice d’imperfection. C’était à elle que la dévotion de Phèdre allait. Elle le savait, elle l’avait senti lorsque Phèdre avait commencé à se souvenir ; cette ferveur qui transcendait les âges, cet amour inconditionnel qu’elle-même avait voué aux astres mais qui était désormais galvaudé.

    Si Eris ne partait pas, si quelqu’un s’apercevait de ce qui était en train de se passer, elle mourait aussi sûrement qu’ils tâcheraient de la faire souffrir pour son affront.  Qu’y avait-il de pire pour un Reikois que de porter en son sein l’ennemi de sa nation. Elle le savait depuis longtemps mais c’était la première fois qu’elle en prenait la pleine conscience.

    - Je ne peux pas… Sa voix n’était qu’un murmure tout juste audible lorsqu’elle laissa son front retomber contre la poitrine de Zéphyr. Elle était lasse de ce petit jeu. Épuisée d’être tiraillée par la peur d’être découverte, par la peur d’être ce que Phèdre était, par la peur de blesser plus profondément ceux qu’elle aimait. Elle l’avait déjà fait avec Orion et c’était sans doute pour cette raison qu’elle ne l’avait pas revu depuis tout ce temps. L’évitait-il ? La méprisait-il ? Tant mieux. Plus il se tenait loin d’elle, mieux il se porterait.

    La chaleur du jeune homme infusait sa peau à travers ses vêtements. Durant un instant, elle se cru incapable de s’en arracher. Mais elle le fit pour relever le visage vers le sien. Ses yeux mordorés étaient inquiets et curieux, ils cherchaient à comprendre sans oser le lui demander. Il attendait qu’elle se livre, comprit-elle. Sa gorge se serra et des larmes ourlèrent ses paupières.

    - Je te rejoindrais lors du bal des âmes. “Je te rejoindrais lors du bal des âmes” Mentirent-elles en venant poser son front contre le sien, sa main venant caresser le dos de celle de Zéphyr. - Tu me donneras ta réponse comme convenu et je t'expliquerai tout.Tu me donneras ta réponse comme convenu et je t'expliquerai tout”. Continuèrent-elles d'une même voix. Un réponse qu’elles n’entendraient jamais. Une trahison dont il se souviendrait.

    Eris aurait voulu sourire pour lui donner le change, être une meilleure menteuse mais il ne faisait aucun doute que Phèdre et elle lui offrait leur plus belle prestation. Lui qui lui avait pourtant dit qu’elle ne savait pas mentir. Elle allait le décevoir de la pire des manières.

    - Je t’aime. “Je t’aime.” Lui soufflèrent-elles sur ses lèvres alors qu’elle se penchait légèrement pour venir les embrasser. Il avait le goût des épices, de la nostalgie et l’amertume des remords. Sa main libre glissa le long de sa joue puis dans ses cheveux tandis qu’elle l’embrassait plus profondément, plus désespérément. Pour la première mais aussi pour la dernière fois. Puis elle libéra ses lippes ainsi que sa main avant de se reculer, le regard humide.  Un sourire pitoyable sur ses lèvres rougies. - Ne te présente plus devant moi avant le bal, sinon je ne tiendrais pas ma promesse. “Ne te présente plus devant moi avant le bal, sinon je ne tiendrais pas ma promesse.” Une promesse que ni l’une, ni l’autre n’entendait tenir, hélas. Mais une condition qui leur permettait de le tenir loin de leurs plans.

    Au moins Phèdre lui avait-elle fait l'aumône d'un dernier présent avant de le priver de lui pour toujours. A moins que ce soit autre chose...

    - Aurevoir. “Adieu.”  Et Eris lui tourna le dos avant de disparaître dans les ombres de la nuit.
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  • Mar 20 Aoû - 20:51
    Elle a fui, c’est d’une évidence absolue. Ca l'est tellement que Zéphyr en est un instant perdu. Et voilà qu’il se met à la suivre. Ce n’est pas toujours la meilleure chose à faire, avec les filles : parfois, il vaut mieux leur laisser suffisamment d’espace pour les rencontrer plus tard, dans d’autres circonstances, peut-être meilleures, ou parfois bien pires. Mais ici, les choses sont tellement précipitées que le beau ténébreux ne réfléchit pas : il se contente de suivre sa trace, et puis... et puis, il improvisera. S’adapter, c’est un modus operandi chez les espions, bien que pour l’heure, l’homme n’agit point en tant qu’Oreille. Ses capacités sensorielles lui sont cependant utiles, car sans ces dernières, il aurait été plus difficile pour de retrouver la fuyarde. Heureusement, Eris n’est pas loin, dans une rue annexe moins fréquentée tout au plus, et il peut donc la rejoindre, sans comprendre toutefois à quel point son âme est fragmentée en deux entités distinctes. Ce que l'assassin sait, par contre, c’est qu’elle est presque pliée en deux, comme en proie à une lutte intérieure ; sa main agrippée à son vêtement semble presque vouloir le déchirer, note-t-il, et c’est sur cette dernière remarque intérieure que le guerrier franchit la distance qui les sépare. Il agrippe son poignet afin d’interrompre sa marche, pour l’en libérer l’instant d’après lorsqu’elle se rend compte de sa présence. L’idée n'est pas de l’emprisonner, mais cela ne l’empêche pas de stopper sa progression en posant ses deux mains sur les épaules de la demoiselle. Puis, il la regarde et une ride plisse son front : impossible pour lui de dissimuler son inquiétude. Son expression, pour une fois, ne cherche pas à être opaque, impénétrable : que du contraire. Phèdre comme Eris n’auront qu’à plonger ses yeux dans les siens pour comprendre que l’éphèbe s’en fait bien plus qu’à l’accoutumée, qu’il cherche des explications à tout ce qu’il se passe. Quand le conseiller royal voit les prunelles tourmentées de son amie, son expression se trouble encore davantage et lorsqu’enfin, elle lui accorde une première réponse, en lui avouant son impuissance, Zéphyr connait la douloureuse expérience de ne savoir que dire. Alors il se tait et la laisse faire quand elle vient appuyer son front contre sa poitrine. La mage noire n’a pas besoin d’un interrogatoire ici, juste d’une présence patiente et attentive. Dans un geste doux, il enserre avec tendresse la demi-fae et il caresse doucement son dos dans un geste apaisant. L’endroit n’est pas le plus propre pour les confidences, pour tout comprendre, mais il restera là des heures à la serrer dans ses bras s’il le faut. En fait de patience, le bretteur est doué, et il peut l’être encore plus quand son entourage le plus proche est concerné.

    Les secondes puis les minutes passent, ponctuées uniquement par le bruit de leur respiration, par la brise tiède du soir. Le couple ainsi enlacé ne bouge pas. Zéphyr attend et Eris essaie de se reprendre. Une seconde, l’homme est tenté de prendre la parole. Il pèse ses paroles, hésite. Est-ce que cela lui fera du tort ou est-ce que cela lui fera du mal ? Viens avec moi., aimerait-il dire. Ne reste pas seule. Je ne te demanderai rien, tu me parleras quand tu le voudras. Et si tu ne veux pas supporter ma présence, nous pouvons trouver quelqu’un qui te convienne. Une amie... une collègue... qu’importe, tant que tu te sentes bien. Tant que tu vas mieux. Tant que tu redeviens heureuse. Car tu ne l’es pas... et tu ne te sens pas bien.  

    Comme un imbécile, le guerrier ne s’en est jamais rendu compte. Comme un imbécile, il n’a rien vu venir. Sa dulcinée est brisée, cela est sous ses yeux depuis des jours, des semaines, peut-être des mois, et le Reikois ne s’est rendu compte de rien. Depuis quand cela a-t-il même commencé ? Le maître-espion cherche la réponse sans la trouver, et il ne peut qu’en vouloir à sa propre ignorance. Enfin, pense-t-il, qu’importe. Il la tient là, dans ses bras, et il ne la laissera pas tomber. La résolution que Zéphyr prend en ce moment-même est aussi forte que sincère, et quand enfin, la miss se redresse pour faire un pas en arrière, en croisant ainsi son regard avec le sien, il la laisse agir comme elle le souhaite. Leurs yeux se croisent, se disent sans doute plus que mille mots en un instant, et la belle comprend qu’il attend qu’elle parle, tout comme l’éphèbe comprend aussitôt la douleur qui transperce son regard. Elle a mal. Pourquoi ? Comment ?

    Qu’est-ce qu’il ne comprend pas ?

    - Te voir ainsi me fend plus le cœur que tout ce que j’ai déjà traversé ces dernières années, souffle-t-il d’une voix basse, alors qu’un triste sourire apparaît sur ses lèvres. Ne pleure pas, Eris. Je suis là, je ne te laisserai pas, dit-il en venant caresser ses cheveux bicolores, dans un geste d’affection qui en dit long. De son index, il vient essuyer une larme qui s’apprête à descendre le long de sa peau pâle, et c’est à cet instant que la belle semble se ressaisir. Peut-être pense-t-elle que si elle se permet un autre instant de faiblesse, elle ne saura pas partir. Et Zéphyr, malheureusement, n’est pas quelqu’un qui entrave la liberté de sa dulcinée, ni de son cercle le plus proche. Alors il l’écoute simplement, il l’écoute lui faire une promesse. Le bal des âmes. Elle viendra. Eris viendra. C’est à la fois court, et terriblement long, mais la jeune femme lui déclare qu’elle lui expliquera tout. Et que lui-même lui donnera sa réponse. Une réponse qui, toutefois, est amorcée par la demoiselle lorsqu’elle se dresse et que ses lèvres viennent se poser contre les siennes. Ce qu’elle lui murmure alors, l’espion l’entend, il ne peut que le saisir, être surpris par son audace, mais aussi par les sentiments clairs qu’elle lui dévoile. Ses yeux s’agrandissent légèrement, son cœur rate un battement, puis accélère, alors qu’il la sent tout contre lui. Leurs respirations se mêlent, leurs lèvres se rencontrent, le cœur d’Eris se déchire. Cependant, la sœur de Siame le remarquera sûrement, le bellâtre ne se dérobe pas, pas même quand la mage noire vient prolonger leur baiser en passant sa main contre sa joue, puis dans ses cheveux noirs ébènes. Il est étourdi par les événements oui, mais au fond de lui-même, Zéphyr ressent cette petite chaleur, cette petite flamme au fin fond de son cœur. Il est satisfait, soulagé, étonné ; l’évidence le frappe un instant, et en vérité, ce feu en lui ne souhaite que grandir et s’embraser encore davantage.

    Il y a cependant quelque chose d’amer à ce premier embrassement, trop vite rompu et surtout bien trop mêlé de regrets, de douleur, et de larmes. Naturellement, ces dernières sont d’un tout autre ordre que le doux liquide qui perle au coin de ses yeux de la diviniste. Cela saute désormais aux yeux que Eris est ravagée, dévastée, en n’étant plus que l’ombre d’elle-même. C’est peut-être ce constat qui empêche pleinement l’assassin de profiter de cet instant et d’aller plus loin également. Si bien que, quand la belle rompt le contact, elle réussit bel et bien à faire quelques pas en arrière sans pour autant que Zéphyr ne lâche l’une de ses mains. Ce dernier devrait dire quelque chose, évidemment, mais une fois n’est pas coutume, la belle le devance, elle lui demande de ne plus se présenter à elle avant le bal des âmes. L’Oreille ne peut s’empêcher d’avoir un regard qui en dit long, qui proteste et s’apprête à émettre dix arguments pour la convaincre du contraire : déjà ses lèvres s’entrouvrent, mais la protégée de Malazach coupe court et elle a raison. Impossible que le Reikois la laisse partir si elle lui permet d’en placer une : alors, elle lâche sa main, se détourne, s’évanouit rapidement en tournant en un coin de rue. Le conseiller royal reste bêtement immobile en fixant l’endroit où elle a disparu alors que tout en lui lui hurle de la suivre. Il regrettera de ne pas le faire, il maudira son hésitation, mais ses derniers propos le bloque, le font douter sur la bonne marche à suivre, l’empêche de saisir cette opportunité pour encore la rattraper et la saisir dans ses bras, mais de sa propre initiative cette fois.

    Il ne comprendra donc pas sa disparition soudaine à la fin du bal des âmes, alors que l’inquiétude et le doute à la fin de la cérémonie le submergeront quelque peu. Cela expliquera aussi sa colère froide face aux péripéties de Corvus – qui ne pouvaient pas plus mal tomber – ainsi que sa fureur contre Orion, à la fois transformé en lycan par Rix, mais aussi « responsable » de la disparition de la jeune femme.

    Mais le temps panse les cœurs… et permet au moins d’avoir de nouvelles opportunités pour se rencontrer. La prochaine fois, Eris ne sera sans doute plus à la manœuvre, et Phèdre mènera sans doute sa nouvelle enveloppe corporelle à la baguette. Une situation ambiguë qui sera à tous les coups douloureuse et intéressante pour les deux protagonistes. Qui, cette fois-là, auront beaucoup de choses à se dire.
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