Le Baron, en plein milieu de la nuit, se rendait discrètement dans la Grand-Place souterraine, dans ce qu’il pouvait appeler, très grossièrement, un bureau. Une pièce assez lugubre, mais, arborant une immense table en bois noble. Des fauteuils, eux aussi, en bois noble, recouverts d’une couche de velours. De quoi avoir le plein confort. La pièce était éclairée par quelques bougies et les armes les plus prestigieuses du Baron y était exposé. C’était dans cette pièce même qu’il recevait les chefs de Cellule. En ce jour, il était vêtu d’une longue tunique noire, possédant quelques traits argentés, faisant penser aux anciennes tuniques des mages impériaux, mais en bien plus sombre. Ce soir, il tenait à garder son masque, après tout, il savait qui il recevrait, et ce n’était en rien des personnes anodines.

Effectivement, il s’apprêtait à recevoir une ancienne « connaissance », enfin, une connaissance de loin. En effet, l’ancien chef de la Cellule d’esclavage, Caravage, était un elfe qui manipulait d’une main de maître le réseau d’esclavage du Baron. Enfin, non, ce n’était pas lui, c’était une démone du nom d’Athéris. Mais pourquoi le Baron laissait faire une telle chose au sein même de son propre réseau ? Tout simplement parce que la démone était bien plus efficace que l’elfe. Elfe usurpateur d’identité qui plus est. Il se prenait pour le Baron, quelle vaste blague. Aujourd’hui il n’était plus, et le remplaçant de Caravage n’était pas plus utile que son prédécesseur.

Naturellement, le Baron souhaitait recevoir la démone qui avait manipulé son propre réseau dans la discrétion et le silence. Pas en tant que chef de Cellule, non, c’était trop dangereux. Simplement, elle serait dans l’ombre à chuchoter les ordres au véritable chef. Le regard intense du Baron vint se poster sur Wulfric, qui attendait bien sagement à l’entrée du bureau de son maître. Toujours assis de manière noble sur son fauteuil de soie, il jaugeait le lycanthrope, qui était toujours de marbre, quelle qu’en soit la situation.

« Wulfric, Athéris devrait bientôt arriver à la porte sud. Contente-toi de l’accueillir sans dire un mot. D’après ce que je sais, elle est très maligne et usera certainement de ses pouvoirs pour te contrôler. Enfin, comme je l’invite, elle ne le fera certainement pas, mais bon. Contente-toi de la conduire dans le noir complet, qu’elle ne puisse pas revenir si jamais les choses tournent mal. Oh, et, sois prudent, Wulfric. Je ne tolérerai aucun écart, c’est bien clair ? » ordonna-t-il à son bras droit.

« Bien, Baron. Je m’occupe d’acheminer votre invité jusqu’à vous. SI vous me le permettez. » rétorqua-t-il, s’inclinant légèrement avant de quitter les lieux. Le lycanthrope se dirigea donc vers la porte sud de la Grand-Salle, puis, il usa de son odorat de loup-garou pour se repérer dans la nuit. Après plusieurs minutes de marches, il arriva devant une porte en pierre, enfin, un mur en pierre plutôt. Il brandit un petit réceptacle magique qui s’illumina avant de laisser s’ouvrir la porte.

Une fois le mur dissipé, ce n’étaient pas une, mais deux silhouettes qui se dessinèrent face à lui. L’une d’elles était très féminine, et l’autre, ressemblait fortement à une personne que le lycanthrope avait déjà vue par le passé. Était-ce lui ? Peu importe, les ordres étaient les ordres. « Bonsoir, dame Athéris je présume ? Cet individu est-il avec vous ? Je ne suis pas certain que notre contact commun soit en mesure d’accepter la présence de ce personnage. Mais, si c’est bien la personne que je pense, je devrais pouvoir faire une entorse à cet ordre. » demanda-t-il, restant de marbre face à ces deux personnes qui lui paraissaient inconnues.