Il se redressa lentement, sentant sa poitrine se soulever à chaque bouffée d’air. Malgré le temps, il avait toujours du mal à se faire à cette capacité. Sans faire un bruit, discret comme une ombre, il s'extirpe des draps qui ont connu une nuitée passionnée. Sans jeter un regard en arrière, n’ayant aucune idée que l’amante fausse son sommeil, pour pouvoir admirer encore un peu la carrure de l’homme. La soie glisse dans un bruissement délicat, comme une plume sur sa peau. C’est sans doute ce qu’on remarque en premier chez lui, cette peau de pêche qu’on aimerait toucher du bout des doigts, pâle avec cette aura scintillante qu’on le croirait saupoudré d’or. Comme si sa chevelure dorée, presque ivoire, partageait son éclat pour que le corps ne fasse pas pâle figure. Elle a aimé glisser ses doigts dans ses derniers durant toute la soirée, d’un toucher rappelant le poil d’un félin, sans jamais tomber sur un nœud qui bloquerait le geste. De dos, il était un bel éphèbe, une posture droite, noble, sans pourtant être dans la théâtralisation d’un rôle, c’était inné. De la nuque à sa chute de reins, on peut tracer ses muscles discrets et pourtant présents. Des épaules légèrement plus larges, comme s’il devait porter quelque chose d’invisible, le genre qui instaure une aura de confiance, quelque chose qui vous dit qu’il est l'homme de la situation. Ses jambes ne sont pas en reste, capable de porter l’homme et de le faire marcher durant des heures avant de sentir la fatigue. De ses mains grandes et fines, le triton ramasse ses vêtements délaissés sauvagement sur le sol. Des tissus nobles qu’il aime tant porter, ce sentant un peu monarque et puissant homme.

L’habit ne fait pas le moine, mais en crée l’illusion. C’est ce qu’il aime penser. Il se retourne, laissant à la belle le temps d’admirer et de convoiter ce qu’elle n'aura bientôt plus. Laissant naître un sourire dévastateur sur le visage de l’amant qui passe une main dans ses cheveux. La nature a doté le jeune homme d’une génétique plutôt avantageuse. Aussi bien de son corps, de sa gestuelle que de la prestance naturelle. Il était en tout point séduisant. Hypnotique lorsqu’on plonge un peu trop dans son regard. D’une nuance magnétique de gris et de bleu. Comme l'océan par ciel grisâtre. Laissant voir des éclats d’émotions rendre l’accroche plus intense encore. Ils deviennent légèrement rosés, quand la cupidité et la colère s'entichent de son cœur. Un minois aux traits légèrement féminin, hérité de sa mère. Il était temps pour lui de partir, de rejoindre ce pourquoi il était venu au monde. Laissant glisser la matière sur son corps nu, vérifiant au reflet d’un miroir son aspect. C’est d’une voix mélodieuse mais suave, rauque mais sensuelle qu’il souhaite la bonne journée au passe-temps de sa nuitée. D’un geste presque délaissé, il secoue vainement ses doigts par-dessus son épaule. Quittant la chambre, observant une fois en dehors de l’auberge, la mer au loin. Laissant entendre le champ marin et les premières lueurs de l’aube réchauffer sa poitrine.

L’embrun l’attire, comme le chant d’une tout autre sirène, rêveur, il se voit nager dans les profondeurs océaniques sous sa forme natale. Laissant ses écailles noires recouvrir sa peau. Elles étaient localisées sur son corps, couvrant ses bras, l’arrière de sa nuque et s’éparpillant sur ses flancs. Une magnifique couleur charbon qui parfois était ponctué de reflets d’or et de nacre. Il prend une grande respiration, un peu impatient de sentir ses ailerons danser et onduler avec élégance, sa longue queue noire dont la nageoire caudale se termine en homocerque, d’une symétrie parfaite, qu’on pourrait comparer à un tissu noble, translucide qui laisse passer les rayons du soleil lorsqu’il nage en surface et de la même couleur que le reste. Il était fier de son apparence, prenant grand soin de chaque écaille. Conservant précieusement celles qui tombent parfois. Mais voilà qu’une voix agaçante le fait sortir de ses songes. Poussant un petit soupir par le nez, il rejoint cet autre triton, que le destin a eu l’audace de lui mettre entre ses nageoires.

Il est difficile d’expliquer ce que l'océan inspire. Autant la confiance que la crainte. L’apaisement que la colère. Elros est fait de la même vague. Il est difficile de lire en lui, de deviner le fond de sa pensée. Il a ce charme naturel qui inspire la confiance et amène à la confidence. Son calme permet même de gérer des tensions critiques. On le décrit souvent comme un leader, par son sang-froid, sa capacité à prendre des décisions, il était visionnaire et homme cultivé. Il n’a jamais élevé la voix, sachant parfaitement se faire entendre sans avoir besoin de hurler à tout-va. D’ailleurs, il déteste ça, crier, c’était un manque total d’élégance. Coquet et égocentrique, il aime entendre les compliments à son égard. Mais il n’en montre jamais rien, préférant jouer les hommes humbles, simples même. Sociale et toujours d’humeur au beau fixe, Elros est du genre patient et toujours à l’écoute.

D’apparence, il est l’homme parfait.
Mais comme l’eau, il est parfois traître.

L'océan est toujours intéressant, on pense pouvoir la dompter, l'homme n’a jamais eu de cesse que d’essayer de la soumettre. Pourtant, il suffit d’un instant pour manquer d’air. D’être noyé et de n’avoir rien d’autre qu’une prière pour s’en sortir indemne. Car si l'océan peut être d’un bleu idyllique au fond, l’abysse n'attend qu’un faux pas pour engloutir tout sur son passage. Malgré le coté communautaire qui laisse prétendre, le triton est une de ces âme qui se plait dans la solitude. Cupide, jaloux, possessif, Elros aime avoir ce qu’il convoite, ce qu’il désire. Qu’importe la méthode, seul compte le résultat. Ainsi, il n’a aucune hésitation à manipuler, à charmer, à envoûter pour dérober. Pour le moment, il n’a jamais eu besoin de se salir les mains, il préfère laisser cette basse besogne à d'autres. Il accorde sa confiance à peu de monde, se comptant sans doute sur les doigts d’une seule main. Méfiant, il préfère parfois faire tout lui-même, plutôt que de déléguer, après tout, n’est-on pas mieux servi que par soi-même ? Sarcastique, un penchant pour l’humour noir, il n’a pas sa langue dans sa poche quand il sait que son charme n’a plus lieu d’être. S'il ne se contrôle pas, il peut même se laisser séduire par ses penchants sadiques et malsains. L'alcool est d'ailleurs un des déclencheurs de cette partie sombre qu'il fait taire précieusement. Même si pousser dans ses retranchements, il lui arrive d’en perdre son latin. Ambitieux, il ne perd pas de vue son désir le plus profond, celui d'être un jour, le seul souverain des mers.

L’eau est d’une température agréable en ce jour. Assis sur une falaise qui surplombe la ville. D’ici il peut admirer ses semblables nagé, rire, et reconstruire cette cité qu’il a toujours connue dans un état de torpeur. Malgré les efforts, l’entraide et la solidarité, Aquaria n’a plus sa splendeur d’antan. Elle n’était que ce lieu léthargique qui a été balayé par la colère du titan des mers. Cela lui brise le cœur, lui qui a connu à travers des archives la magnificence de son pays avant tout ça. Cette guerre sans fin qui pourrait à nouveau emporter son peuple dans l’oubli.

Cette sauvagerie qui a laissé le triton devenir orphelin. Elros n’était qu’un petit têtard quand ses parents ont perdu la vie. Il paraît qu’ils étaient tous deux de redoutables guerriers, s’opposant avec vigueur à cette cruauté qui prive les femmes de leurs maris et des enfants de leurs parents. Leur bravoure n’a pas réussi à stopper cet engrenage cruel. Il est devenu ce à quoi ils s'opposaient. Étrange coup du hasard. Il a alors grandi seul, avec les autres comme lui, dans des lieux qui se chargeaient d’apporter une éducation à ses pauvres malheureux. Il n’a jamais parlé de ce moment-là, de la solitude et de la tristesse qu’il n'a jamais su à qui confier les maux. Il a toujours été d’un naturel curieux, enfant déjà, il préférait rester dans son coin ou bien découvrir les eaux de lui-même. Se faire son propre avis et découvrir la beauté de ce qui l’entoure. Écouter les chants, les histoires, se montrer parfois trop curieux en remontant à la surface. Tout était prétexte à la découverte. Les gens étaient pour lui une énigme, un mystère. Très vite, il a compris qu’il avait un don pour comprendre quand les gens pouvaient mentir. C’était utile, surtout pour savoir comment obtenir ce qu’il souhaite auprès des autres. Bien sûr, il n’a pas acquis son éloquence en une nuit. Il l'a forgée au gré des courants.

Sa soif, de savoir l’a menée jusqu'à une vieille sirène, qui faisait semblant de ne pas voir le jeune homme rentré en douce chez elle pour lire tout ce qu’il pouvait lire. Lui laissant parfois, un peu trop en évidence, des archives qui pourraient l'intéresser. Jusqu’au jour où elle le prit par surprise, lui racontant les légendes qui n'étaient pas retranscrites. Elle lui expliqua beaucoup de choses, comme la magie, le monde sur terre, la faune et la flore. De quoi remplir le jeune cœur palpitant sous la poitrine de rêve et de curiosité. Jusqu’au jour où elle aussi, le laissa face à la solitude. Le temps était long pour eux, mais pas éternel. Elle lui offrit un collier qui encore aujourd’hui, est autour de son cou. Une valeur inestimable, un trésor sentimental qu’il ne céderait à personne.

L’autre héritage que lui a laissé la vieille sorcière était son savoir, qui lui ouvrit les portes à des choses plus importantes. Sa mémoire, sa facilité, à comprendre les choses et son sens analytique lui ont permis de devenir le second d’un scribe qui devait retranscrire les textes d’un des tritons importants pour la cité, les membres du conseil. Lorsqu’il visita le palais, pour la première fois, il compris alors où était sa place. Et pour cela, il dut faire d'énormes efforts. Crée alors cette image de lui d’un homme savant mais sage, juste et d’une droiture parfaite. Il apprend la base de la magie avec de grands érudits, parcourt la surface allant même sur terre pour comprendre la nature même de la sienne. Découvrant alors son penchant pour la magie des ombres. Peu étonnant d’après lui, préférant nager dans les recoins sombres d’Aquaria plutôt que sa surface lumineuse. Les autres dons se sont développés petit à petit. Il comprit rapidement qu’il attirait les regards, les convoitises, il devenait plus aisé de manipuler, surtout les esprits les plus imbéciles. Développant alors cette noirceur qui l’attire tant, qui guide chaque coup de nageoire. Trouvant même un plaisir coupable de faire souffrir les autres.

De coquillage en coquillage, de messe basse en rumeurs, Elros s'était forgé une réputation. Suffisamment, pour qu’on le désigne successeur d’un des membres du conseil. Celui-là même pour lequel il travaille d’arrache-pied, le conseillant sur ses décisions. Apportant son avis sincère sur les idées, les décisions ou bien les conflits internes. Quel honneur pour lui d’avoir fait la première nage dans ce monde politique. Il était enfin devenu important, a une place qui vaut de l’or, une place stratégique qui pouvait le conduire alors à ce rêve qu’il caresse du bout des doigts. Celui d’un jour devenir le seul décisionnaire de ce peuple. Car pour lui, il y a neuf décisionnaires de trop. Mais pour le moment, il n’a pas les capacités de soumettre les autres et de poser la couronne sur la tête. Alors il fait de son mieux pour se rendre indispensable. Sans jamais perdre de vue, que cette nation est à porter vers le haut, à anoblir, à rendre puissante. Il voudrait faire qu’Aquaria soit une terre aussi puissante que la République.

Mais alors qu’il rêve de grandeur, on lui annonce un jour qu’il doit se rendre comme ambassadeur sur la terre ferme, pas seul car cela reste dangereux. On le met donc en binôme avec un autre membre du conseil qu’il avait décidé d'ignorer en dehors des réunions. Un triton qui se pense meilleur que tout le monde, manquant de grâce et exposant son racisme sans la moindre pudeur. Noringa Keox, est à partir de ce jour-là, l’ancre qu’il traîne à sa nageoire. Autant l’avouer, leur première sortie n’était pas sous de meilleurs auspices. Une véritable catastrophe. Ils ont mis du temps avant de trouver l’équilibre dans leur tandem. Préférant tous deux rester chacun dans son coin, n’était en duo qu’aux moments cruciaux. Jusqu'à ce jour ou lors d’un affrontement non prévu, Elros décide de sauver la vie de son partenaire. Sans jamais pouvoir expliquer ce geste-là. Il aurait pu le laisser mourir ! Cela ferait un membre en moins ! Mais… Il avait risqué sa propre vie pour le sauver. Et en remerciement de sa vie pour lui avoir sauvé les miches, Keox a eu l’audace de voler un de ses objets les plus précieux, sa perle. Dérobé ou plutôt laisser obtenir, la nuance entre les deux est subtile. Elros grogne de voir l’homme se pavaner avec cet objet d’une grande valeur, mais au fond, tout au fond, il était heureux qu’elle soit à ses côtés. Mais il était hors de question que cela se sache ! Depuis l’entente entre les deux est plus amicale, enfin, si on peut dire que cracher son venin l’un sur l’autre est une forme d’amitié. Même si Elros se montre nonchalant dès qu’on leur impose de partir en mission politique ailleurs. Les autres membres trouvent qu’ils font un magnifique duo sur qui ils peuvent compter.

Fermant alors ses doigts, qu’il avait laissé ouvert en posant par l’effet d’optique le palais dans la paume de sa main, comme pour dire qu’un jour, il obtiendrait ce lieu pour lui tout seul, il entend cette voix grossière, poussant un soupir.

- Vous êtes lassant, Cher Ami.

Quittant la falaise pour rejoindre l’homme qui s’impatiente. Baillant d’un air princier, avec lui, il n’avait plus besoin de se montrer parfait en tout point, préférant rire des autres, faisant des blagues salaces dès que l’occasion se présentait.

Aquaria :
Citée mère qu'il veut absolument conduire vers une nation puissante. Il met tout son savoir et son cœur a sa reconstruction.

Titans :
Leur voue une haine profonde, il aimerait que la guerre ne soit plus qu'un lointain souvenir. Pour lui, c'est un peu uniquement de leurs fautes que le monde se trouve dans cet état.

Le Reike et la République :
Des alliés, ni plus ni moins. Même s'il apprécie grandement leurs générosités, il a bien saisi qu'ils l'ont fait par intérêt. Mais puisque cela permet la reconstruction de la citée, il fait en sorte de maintenir l'alliance entre eux. Veillant tout de même, a ce que cela reste équitable. Pas question de finir enchaîne a une autre nation sous prétexte d'avoir tendu la main le premier.

Tout ce qui brille :
Oui, il convoite avidement les trésors de ce monde, même les reliques qu'il ne peut utiliser lui-même ! Grand collectionneur ! Après tout, tout peut se troquer non ?